Robina Erwolf, était dans le cuirassé le plus défendu en partance de Dead End, comment s’était-elle retrouvée là, me demanderez-vous ? Eh ben pour cela, il fallait revenir plusieurs jours en arrière dans le temps, quelque chose qui plairait à certaines personnes dans le monde. Elle se trouvait à ce moment-là sur l’Archipel aux Éveillés, la première île de la cinquième voie de la route de tous les périls, son affrontement avec Mayaku Miso l’avait amené jusqu’à destination en un seul morceau, certes pas en pleine forme, mais elle était tout de même vivante et malgré les blessures et douleurs qu’elle avait reçues, elle était maintenant sur la route pour atteindre son but, devenir la meilleure cuisinière du monde !
Il allait cependant falloir refroidir ses ardeurs, la marine avait demandé ses services en tant que chasseuse de primes pour les aider pendant un convoi de prisonniers sur une autre voie de Grand Line. Elle avait d’abord refusé, elle n’avait toujours pas été payée pour la capture de « Maya » et on lui demandait un service, autant demander le beurre et l’argent du beurre dans ce cas-là !
La Sanderrienne n’était pas cupide, néanmoins, elle voulait être payée pour son travail, elle n’aurait pas pour autant relâché une telle pirate sanguinaire dans la nature sans rétribution, la situation allait devoir s’arranger et vite, elle se voyait très mal garder une utilisatrice de fruit du démon dans l’eau de mer très longtemps. Il avait fallu attendre presque trois jours de plus pour recevoir les différentes primes dûment payées qui avaient alourdi la cale de l’Iceberg.
On lui avait de nouveau proposé de venir aider la marine, contre une rétribution, la manne pécuniaire qu’elle pouvait en retirer ne la motivait pas plus que cela, après ce qu’elle venait de récupérer avec la capture de l’équipage de Maya, toutefois, voir à quoi ressemblait un convoi de prisonnier piquait la curiosité de la cuisinière. Elle avait toujours rêvé de voir la prison dans laquelle travaillait sa mère, si elle pouvait voir une partie qui était liée à sa vie au quotidien, elle en serait plus qu’heureuse.
Elle se retrouvait donc maintenant en tant que mercenaire dans un vaisseau de la marine gigantesque, l’Iceberg, qui était un galion de soixante-dix mètres de long et vingt mètres de large, aurait semblé être un nain à côté de ce dernier. Le Guns and Banana ne portait pas vraiment bien son nom, mis à part le commandant qui mangeait des bananes de temps en temps, il n’y avait pas de réels liens, mais c’était peut-être là le piège qui ferait glisser les pirates dans un piège mortel ! Elle avait rencontré beaucoup de monde, mais elle s’était vite retrouvée dans les messes, à l’endroit où elle se trouvait à l’aise, au moins, personne ne venait l’embêter ici.
En ce moment, elle se trouvait dans la cuisine, les auters membres étaient surpris, par son utilisation en cuisine, de son meitou pour couper les petits légumes et la viande dont elle s’occupait. Le plat était presque fini, il ne restait qu’un tout petit peu de cuisson, l’affaire de quelques minutes dans le pire des cas, elle plongea une cuillère et goutta la sauce, légèrement relevé, le goût du bœuf ressortait bien avec les arômes fruités du vin qui avait cuit avec la viande alors qu’elle avait été braisée. Des morceaux de carottes ainsi que d’oignon flottaient de temps à autre à la surface, caramélisé juste ce qu’il avait fallu avant de saisir la viande.
Elle venait de finir de tailler ses pommes de terre, qu’elle réservait dans l’eau claire pour ne pas les faire noircir à l’air libre. Elle n’avait plus qu’à tout ramener dans la salle principale pour qu’elle puisse faire le service, il était l’heure de se remplir l’estomac pour les matelots. Plusieurs secousses avaient bien failli lui faire perdre son plat en sauce et quand le navire se retrouva presque à quatre-vingt-dix degrés sur le côté, elle eut toutes les peines du monde pour ne pas se retrouver avec son énorme fait-tout sur la tête et sa préparation sur le plancher. Mais c’était sans compter l’esprit professionnel jusqu’à l’excès de notre native de Sanderr qui retrouva assise la tête, les jambes en l’air alors que l’énorme cocotte se retrouvait à un angle de quarante-cinq degrés pour ne rien renverser.
Eh bien, si j’avais su, je ne serais pas sorti tout de suite. Enfin bon, vous pourriez m’aider s’il vous plaît ? Me retrouver les quatre fers en l’air, n’est pas franchement ma tasse de thé. Vous alliez manger non ? Non ? Mais il faut manger voyons, en plus votre compagnon semble être de mauvaise humeur, il doit avoir faim.
Elle donna son fait-tout à Jeska et l’énorme cul de poule remplit d’eau et de pommes de terre à Red, elle les regarda, fière d’elle.
Bon, vous restez là un instant, je vais chercher la graisse de bœuf et de quoi faire la friture. J’en ai pour un instant, j’aurai dû faire un deuxième voyage, mais vu que vous me donnez un coup de main, ça sera plus rapide. En plus bonus, vous aurez du rab et vous passerez en premier, un sacré bonus, non ?
Les deux pirates se regardèrent incrédules en voyant partir la petite femme aux cheveux bleus qui réapparut quelques minutes plus tard, les bras chargés d’un chinois, une énorme casserole et de la graisse de bœuf.
Voilà, toujours de quoi faire la cuisson des frites, et c’est toujours meilleur fait en deux fois, c’est pour ça que je la fais minute, les marins adorent toujours pouvoir bien manger. Je suis sûr que vous êtes pareils. Allez, venez on a qu’un pont à remonter.
Ils croisèrent un homme-poisson un peu perdu, il laissait de la vase et de la boue partout sur son passage.
Eh oh, vous auriez pu au moins, vous nettoyez les pieds avant de rentrer ! Ce n’est pas possible ça, je sens que ça va être un de ses pauvres marins qui va devoir nettoyer, vous n’avez vraiment aucune considération pour le travail des autres, monsieur. Vous serez servis en dernier si c’est comme ça.
Je suis Doppio, garagiste des âmes et j’amène mon cric.
Et bien vous allez surtout arrêter de raconter des bêtises et me suivre pour vous remplir l’estomac, on a du boulot qui nous attend après, on doit défendre ce convoi contre les pirates et les révolutionnaires qui pourraient l’attaquer, alors il faut être en forme. Non, mais je t’en ficherai du garagiste des âmes moi !
Elle mit une petite tape derrière le crâne de Doppio, sans ressentir de résistance, la main pleine de vase. Le regard dégouté, elle essuya cette dernière sur son tablier de travail et se promit de se laver les mains dès qu’elle aurait accès à de l’eau. Elle mena sa petite troupe de pirates dans la grande salle commune, juste sous le pont supérieur et installa le fait-tout au-dessus d’une flamme pour garder le tout bien chaud. Elle mit à chauffer la graisse de bœuf et invita tous les mercenaires, qui ressemblaient étrangement à des pirates à première vue à s’installer autour des tables.
Faites-vous plaisir, tenez, voilà des petits pains !
Elle distribua des petits pains qui étaient sortis, il y a une dizaine de minutes des fours de la cuisine, ils étaient encore tièdes.
Ne vous brûlez pas surtout, c’est pour patienter de pouvoir manger. Et on enlève son chapeau quand on mange s’il vous plaît monsieur avec l’air patibulaire, oui, c’est bien à vous que je parle, monsieur ronchon ! C’est malpoli ! Et c’est pareil pour mademoiselle, vous devriez enlever vos lunettes. Bon, je vous laisse, en attendant que ça chauffe, je vais chercher ceux qui sont sur le pont. Et on se lave les mains avant de manger monsieur le garagiste des âmes !
Elle tourna à gauche, puis deux fois à droite pour retrouver l’escalier qui donnait sur le pont supérieur, là où se trouvaient les marins. Sur le pont, le calme plat, enfin pas un bruit de marins, dans ce sens-là, parce que sinon la tempête ne s’améliorait pas, elle vit au loin un jeune homme d’à peu près son âge. Elle lui fit de grand signe et courut sous la pluie en se mettant à couvert du mieux qu’elle pouvait en utilisant sa blouse de cuisinière pour ne pas finir trempée.
Vous êtes de nouveaux mercenaires ? Eh bien, ils en font venir un sacré paquet ! Bon, sinon, quand vous les verrez, prévenez les marines que le repas est prêt. Et oui vous êtes invités aussi, espèce de gros balourd, mais vous devriez vous raser la barbe, ça ne vous va pas du tout, je trouve, vous feriez plus jeune sans, enfin ça n’est que mon avis. Allez ! Venez maintenant !
Elle prit Azerios par la main et le mena vers la porte vers les niveaux inférieurs. Quelques mètres plus loin, un corps de marine tomba dans l’océan, les pirates de l’Exsangue et des SandStorm Pirates se débarrassaient des corps, néanmoins, avec les chaînes d’éclairs qui explosaient partout autour d’elle, le bruit de la pluie, le vent et le tangage, la petite Robina n’entendit et ne vit rien. Quelques mètres plus loin, une grande jeune femme aux cheveux blancs se mit sur son chemin, un poignard dans chaque main.
Pardon, mais je voudrais aller à la cantine, je dois servir tout le monde. Vous savez, vous seriez beaucoup plus jolie avec un léger sourire sur le visage. Non, là, comme ça, vous faites peur. Plus léger, voilà, comme ça, c’est beaucoup mieux.
La capitaine de l’Exsangue suivit du regard Azerios qui suivait encore la chasseuse de primes et s’engouffra par la suite dans le bâtiment.
Ah, parfait, ma graisse est prête ! Tout le monde est installé, c’est l’heure de manger !
Elle plongea une grosse quantité de frites dans la graisse et commença la première cuisson en regardant toutes ses nouvelles têtes. Elle avait une drôle d’impression comme si quelque chose n’allait pas.