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Médaille Alakys

Au beau milieu d'une ruelle, aux alentours de midi, Mitsu qui vient de se réveiller a les larmes aux yeux. La cause est un éternument qui ne veut pas sortir et qui le dérange et le démange depuis quelques minutes. De plus, ayant prit froid à avoir dormi entre deux ruelles puisque l'auberge à proximité était curieusement pleine, il a passé une mauvaise nuit à se tourner et retourner entre la poussière et les cailloux sachant que le manque de sommeil, chez Mitsu, ça se répercute immédiatement sur son humeur, qui est donc en ce moment plutôt mauvaise. "Aaaah... Aaatcha ! Putain enfin, c'est pas trop tôt !". Le jeune caporal d'élite se lève alors et constate que dans son sommeil quelqu'un lui a fourni un oreiller d'infortune puisqu'il s'agit ni plus ni moins d'un coussin fait de foin. Curieux avec une idée derrière la tête il prend cette espèce de coussin et se le plaque contre son masque de sanglier et le renifle à plein poumons. La réaction ne se fait "Aaahatcha !" pas attendre. Curieux toujours, il recommence une deuxième fois, éternue, réessaye une troisième fois et éternue à nouveau. "Ok c'est sûr, je suis allergique à ce foutu foin. On en apprend tout les jours pas vrai ?" se dit-il à lui même.


Soudain, sursautant, une autre voix titille les oreilles de l'homme à tête de sanglier. "Oui, ma maman me dit souvent ça aussi." Un jeune garçon maigrichon à la longue chevelure rouge est assis non loin de lui, sur une poubelle d'acier, en train de patienter en donnant des coups de pieds d'impatience sur son siège métallique. "PUTAIIIIN tu m'as fait une de ces frayeurs ! T'es qui morveux ?!", "C'est moi qui t'a fait ce cadeau pour que ta nuit soit un minimum agréabl--" continue t-il en souriant à pleine dents alors que le caporal vient de lui couper la parole "Ma parole, c'est un cadeau empoisonné ouais ! Pourquoi tu m'as pas donné une couverture plutôt ?!" proteste Mitsu avec un air énervé dans la voix. Pas du tout intimidé le garçon répond "Tu te rappelles sans doute pas de moi. Je t'ai suivi et je t'ai vu t'effondrer ici, puant l'alcool, alors je t'ai donné le coussin de Vanille." Il m'a suivi ? Vanille ? Mais de quoi il me parle ? se demande t-il intérieurement. A dire vrai ce n'est pas faux que la soirée a été bien arrosée et pour conséquence sa mémoire lui joue des tours. Heureusement il n'a pas la gueule de bois, c'est déjà ça. Mais curieux il continue la conversation évoquant le point qui l'intéresse le plus. "C'est qui Vanille ?" dit-il en s'adossant a la ruelle, la jambe droite a moitié repliée sur le mur. "C'est ma chatte ! Elle adore dormir ici sur cette poubelle" dit-il en pointant du doigt une autre poubelle "Alors je lui ai confectionné un coussin d'herbe à chat et depuis elle adore cet endroit !". L'illumination se fait en une fraction de seconde dans le stupide cerveau du caporal, ce n'est donc pas du foin. L'enfant, ne pouvant voir les expressions faciales de son interlocuteur comprend que l'autre abruti a comprit aussi quelque chose puisqu'il prend un air sérieux en croisant les bras. "Je vois que tu savais pas, mais ce qui est drôle c'est que moi aussi j'en suis allergi---"Tout à coup, pas le temps de finir, le sanglier comprend la faiblesse à exploiter pour se venger et se baisse en attrapant l'objet en question et puis le balançe à la figure du môme. "AAAH-Aaatchouum !" "HAHAHA mange ça gamin !"


S'ensuit un échange de coussin qui vole entre les deux interlocuteurs, les faisant éternuer de nombreuses fois. Au bout de la cinquième fois le caporal trouve alors une idée, se demandant qui des deux est le plus vulnérable à ce foutu coussin. Une stupide idée. Pour lui cela est devenu un duel où il ne veut absolument pas perdre, même face à un gamin. "Gamin ! Je te défie ! Dis-moi ton nom !" L'enfant saute de la poubelle, enfin prit au sérieux, et décline son identité. "Je suis Kelthur Medalia, un ninja facteur, et toi cher ennemi, tu t'appelles Mitsuke Takoyaki, caporal d'élite au sein de la marine. Je me trompe ?" Sur le cul face à cette révélation carrément vraie, Mitsu enlève son masque en révélant ainsi son vrai visage dont une longue chevelure inattendue, bleue, et il tend la main droite au petit car la gauche tient l'arme du duel. Baissant sa garde Kelthur s'approche et serre la main tendue mais à cet instant, sans perdre une seconde, le fourbe colonel le tire vers lui et enchaine en foutant le coussin dans la gueule du facteur qui dans la seconde "Aaatchoum !" éternue. "Traitre !" proteste le petit en attrapant le coussin et le jetant à la gueule à découvert du soldat "Aaatcha ! Sniiirf !" fit Mitsu en reniflant, le nez complètement ravagé et coulant. "C'est bien tu sais te défendre. Maintenant que les présentations son faites, bien que j'ignore comment tu me connais, mais on verra ça plus tard, je te défie dans un duel !" Son plan est tout fait, les règles sont simples. "On va voir celui qui résiste le mieux à cette herbe à chat, celui qui perd n'aura qu'à abandonner !".


C'est ainsi que pendant une demi heure, les deux idiots s'échangent cordialement le coussin, respirant profondément de toute la capacité pulmonaire qu'ils peuvent et lâchent chacun à leur tour les éternuements les plus conséquents de leurs vies, attirant une foule constituée de trois gamins qui se mettent à parier des bonbons sur le vainqueur.




    "Ma parole, c'est indéchiffrable !" conteste le caporal qui détient entre ses mains son premier ordre de mission depuis sa promotion. Sous l'émotion négative il froisse le papier d'une main pleine de rage et le jette ni plus ni moins au sol, puis il le piétine. "Tu sais pas lire ou quoi ?" dit le facteur en ramassant la boule de papier pour lire son contenu. "Ah oui, effectivement, ton supérieur a une écriture illisible. Mais je sais peut-être qui pourra réussir à lire ce torchon." Surprit, le colonel rageux récupère le papier et réessaie de le lire calmement. "Mmmh... Et qui pourrai selon toi ?" Kelthur lui répond dans la seconde, convaincu d'avoir raison. "Un docteur tiens ! C'est bien connu qu'ils écrivent mal !" L'homme sanglier remet alors son masque d'animal et s'apprête à partir. "Tu as raison, je file en trouver un !" Le colonel se met alors à quitter la ruelle sans dire ni aurevoir ni merci, part sur sa droite, fait une cinquantaine de mètres, fait demi-tour, et fait une centaine de mètres sur la gauche avant de revenir à son point de départ en s'arrêtant devant un facteur ninja médusé. "Avoues, t'es pas d'ici." C'est vrai, pense Mitsu "La preuve, t'aurai pu tenter d'autres auberges pour la nuit dernière mais tu croyais qu'il y en avait qu'une, je me trompe ?" Mitsu acquiesce, il était surtout archi bourré mais ce jeune facteur dit encore la vérité. "Tu sais où on peut trouver un docteur, non ?" Kelthur se met à réfléchir et au bout d'une minute il reprend la conversation d'une voix calme et évasive "Oui... Mais un dimanche..." Mitsu répond aussitôt "La providence t'a mit sur mon chemin pour que tu me donnes ce courrier, alors maintenant aide moi à trouver un docteur !" C'est hors de question pour le facteur, il vient de réussir sa mission, de plus il n'est pas payé pour être guide touristique "Débrouilles toi, j'ai à faire. T'as qu'à retourner à la taverne d'où tu viens, tu trouveras bien des renseignements là-bas." "Pas bête." termine le colonel en prenant le pas de course vers sa droite "C'EST A GAUUUCHE !" crie le facteur, étonné qu'il soit possible qu'un militaire se perde à ce point.


      "Hé là ! Toi !" Qui ? Moi ? se demande Mitsu, interpellé par un groupe de trois hommes dont un qui est cagoulé et à l'allure suspecte. Se retournant il voit un mec qui le pointe du doigt puis lui fait un signe de la main pour qu'il s'approche. Tout à coup une bourrasque de vent balaye la rue, faisant tomber la capuche de l'homme sur ses épaules, révélant par ailleurs son manque notable de cheveux, ce qui ne manque pas de faire rire le colonel. "Hahaha quoi ? Tu m'veux quoi crâne d'œuf ?" Ça, Mitsu l'ignore mais ce n'est pas le meilleur moyen d'entamer les présentations car le type concerné devient fou de rage, l'engueulant aussitôt "Quoi ? T'as dit quoi là ?" Immédiatement l'homme dégaine son katana qui était nonchalamment posé sur son épaule. En une demi seconde l'ennemi fait un geste préventif et le colonel se retrouve avec la pointe de l'arme placée entre les deux yeux. "T'es sourd, j'ai dit crâne d'œuf" réitère le sanglier "Et toi tu t'es vu avec ta tête de bœuf, sombre crétin ?" "Ah non-non-non, c'est une tête de sanglier ! Parce qu'il te faut des lunettes en plus de ça ?" dit le colonel en dégainant ses deux katanas amochés, les pointant chacun à la gorge des deux autres hommes qui jusque-là admirent le spectacle. "Tu m'veux quoi le bœuf, tu cherches les problèmes ?" "C'est toi qui m'a interpellé j'te rappelle ! T'as une mémoire de poisson rouge ou quoi ?" "C'est toi qui n'a pas de mémoire, ça fait trois fois que tu passes devant nous, t'es qui ?" "Range ton arme et on pourra peut-être discuter, boule de bowling !" En réaction le chauve se met à soupirer longuement, calmant ses nerfs, tandis que Mitsuke souffle du nez si fort qu'on le croit prêt à charger. "Bon... Bon. Arrêtons ces singeries et décline ton identité." "Je suis ton pire cauchemar, boule de billard !" J'ai toujours rêvé de sortir cette phrase, se dit Mitsu, intérieurement amusé par la situation. "C'est bon, j'en ai marre, amenez-le au GQ !" Ordonne l'homme à ses deux sbires, qui attrapèrent chacun le sabre prêt à leur empaler la gorge avant de se jeter chacun sur les bras du colonel pour l'épauler, ou plutôt, le traîner comme une carcasse inerte étant donné que l'espèce de prisonnier se laisse porter, ses pieds laissant de longues traces sur le chemin poussiéreux. "On va vérifier son identité" "Ouais ouais, vérifi--" BAM, voulut continuer le gradé avant de perdre connaissance, assommé, et doublement déçu. Déçu d'avoir comprit qu'il s'agit là de vrais soldats qui visiblement sont tout trois en civil, et aussi qu'il n'aura pas sa dose de combat journalière.



        Seul dans la salle d'attente de l'infirmerie du QG en tapotant du doigt le verre de l'aquarium, se demandant si le pléco collé à la vitre réagit à cette distraction extérieure, ce qui n'a pas l'air de déranger le poisson, le caporal Kinley rumine à voix haute ses pensées tout en mâchouillant un onigiri. "J'en reviens pas que cet abruti de sanglier touche cinq fois mon salaire". Effectivement l'enquête étant faite, le dossier de Mitsuke Takoyaki était sorti des archives, prouvant par ailleurs son identité. Vu la dégaine du caporal d'élite, Kinham Kinley croyait qu'il avait à faire à un pirate perdu sur l'île, mais non, son altercation qui remonte à une trentaine de minutes était bel et bien face à un soldat de l'élite. Tout à coup, un chien aboie. Puis deux, puis trois, et s'organise alors un concert d'aboiements qui tirent Kinham de ses pensées dont le regard se perd entre les quatre murs de la salle d'attente. C'est une pièce rectangulaire, blanche, avec de nombreux sièges et dont les murs sont décorés de trois tableaux et un cadre. Ce n'est pas le tableau du volcan qui attire l'attention de l'homme, ni la forêt, ni la vue d'un voilier naviguant sur une calme mer, mais bel et bien le cadre aux bordures dorées. Celui-ci est constitué de cinq médailles que le sinistre docteur Kanigou a gagné pendant ses premières années d'intégration dans la marine avant de se spécialiser et de devenir docteur et dentiste basé au QG de Shell Town.


        "J'entre." fait une voix grave, d'un homme qui pousse la porte sans frapper, comme chez lui. Celui-ci transpire de douleur, et pour cause, car il a le corps intégralement bandé. Il ressemble à ces momies que l'on lit des des bouquins fantastiques, mais lui est bel et bien réel et ce n'est pas un déguisement d'halloween. Kinham qui patiente se retrouve donc accompagné de cet homme tout droit sorti de l'enfer de la douleur, et le reconnaît aussitôt, son histoire récente ayant fait le tour de toutes les bouches et oreilles du Quartier Général , cela remonte à deux semaines, jour pour jour. Alors qu'il porte le même grade que lui, il lui dit familièrement "Salut Graham, comment tu te portes ?" "Salut Kinley, bof, on fait aller et toi ?" "Bien bien, j'ai mis une pèche à un stupide caporal d'élite et j'attend qu'il s'en remette. Kanigou en profite pour examiner ses dents. Et toi mon vieux, quoi de beau ?" continue le caporal en jetant d'une main sure son emballage d'onigiri droit dans la poubelle qui se situe dans le coin opposé de la pièce. "Panier ! Bien joué collègue. Ben moi rien de beau, comme tu peux le voir je suis venu faire changer mes bandages mais je vais retourner à ma paperasse en attendant que Kanigou soit libre." dit la momie en passant à nouveau la porte, puis il fait deux pas en arrière et Kinham voit dans ses yeux que quelque chose lui titille la langue. "Oui ?" Percé à jour Graham demande alors "Comment il s'appelle ce gars de l'élite ?" "Mitsuke Takoyaki, pourquoi ?" Le caporal brûlé sur tout le corps demande alors, certain d'avoir fait le lien entre deux choses "Par hasard il a pas un masque de sanglier ton type ?" "Si, pourquoi ?" répond t-il, conscient qu'il lui manque une pièce du puzzle pour comprendre où son collègue veut en venir. "Ah bah voilà, tu lui diras qu'on l'attend à l'accueil. C'est le zoo là-bas, y'a cinq chiens et autant de maîtres" "C'est vrai que j'ai entendu aboyer tout à l'heure, qu'est-ce qui se passe ?" Le saluant de la main, reprenant son chemin, le caporal ajoute, incertain. "J'en sais pas plus mais c'est pour lui." "D'accord d'accord, je lui dirai à son réveil" termine le chauve, en reprenant une position assise. Une fois parti le caporal se remet à observer le grand aquarium, suivant la trajectoire en zigzag et incertaine d'un poisson comme si celui-ci est bourré, se croyant peut-être baigner dans de l'eau de vie.


        La porte de la salle de soin s'ouvre alors et le docteur Kanigou fait son apparition "J'ai tout entendu !" "Et donc ?" repris le caporal, "Et donc va me chercher un seau d'eau glacé, l'autre abruti ronfle et se tape la meilleure sieste de sa vie sur mon siège" "Ça marche docteur, je vais vous chercher ça."

          Sa longue crinière bleue mouillée Mitsu quitte la salle de soin en baillant. "Ouaah, j'suis requinqué ! Et merci docteur pour la traduction" dit-il, tout joyeux malgré un réveil arrosé. "Je vous en prie Caporal d'élite Takoyaki, la prochaine fois demandez à votre supérieur d'écrire mieux, j'ai pas que ça à faire de jouer les traducteurs". Le caporal Kinley se lève alors et observe le résultat de sa brève alliance faite avec Kanigou, à sa place ça l'aurai bien mit en rogne mais Mitsu est pensif, les yeux rivés sur l'aquarium qu'il découvre pour la première fois. "Caporal d'élite Takoyaki ?" demande t-il, lui qui l'attend ici depuis un moment. Mais ça n'a pas l'air de déranger l'intéressé, passant pour un sourd, qui pointe du doigt un poisson chirurgien un peu spécial. D'habitude ils sont tout bleus ou blancs striés de jaune, mais celui là est un zèbre aquatique rouge et blanc. Rouge... et blanc... remarque intérieurement le sanglier... Perdu dans ses pensées... En suivant de l'index la trajectoire de l'étrange poisson...

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          La veille au soir au bar Bar'Acouba
          Rouge et blanc, non cela ne fait pas référence du vin, mais plutôt à ce lait fraise que tenait entre ses mains une gamine à la chevelure rouge, petite, et avoisinant la quinzaine d'années, qui venait de s'asseoir à côté de lui. Curieuse elle avait commencé les présentations de cette manière "Eh ! T'es marrant toi avec ta tête de sanglier ! J't'aime bien !". C'est vrai qu'à le voir Mitsu n'a pas du tout la dégaine d'un soldat de la marine car il est généralement torse nu et pour une raison que les autres ignorent il porte un masque de sanglier. Ce sanglier était le premier ennemi qui a croisé la route du caporal, dès son enfance, et pour ne jamais oublier d'où il vient il a fait travailler un taxidermiste afin de pouvoir porter la tête de cet animal féroce vaincu à mains nues. Sans qu'il sache pourquoi, Mitsu n'était pas dans son état normal et cela ne pouvait pas se voir mais il bavait sur la boisson dénuée d'alcool de la fillette. Celle-ci s'adressa alors au tavernier "Il est muet ?" L'homme répondit alors par la négative "Non non Shana, il est arrivé, il m'a commandé cinq verres de pastaga coupés à l'eau et depuis il ne bouge plus, on dirait que son âme l'a quitté." "Je crois qu'il observe ma boisson" fit remarquer la petite Shana, qui tout à coup la pris en main et la faisant bouger dans le sens des quatre points cardinaux, et effectivement la tête du sanglier se mit magiquement à suivre le geste, obnubilé par le potentiel goût d'une boisson sans alcool si jolie. "T'en veux ?" demanda Shana, toute ravie de voir que quelqu'un s'intéressait à sa boisson favorite. Ces deux mots suffirent à le sortir de son obsession visuelle, il parla alors au barman sans le regarder dans les yeux "Je vais prendre cinq verres de cette boisson" dit-il en pointant le verre coloré du doigt, en suivant ses multiples directions car Shana n'avait pas arrêté, ce qui l'amusait. Bien que la soirée ait été arrosée Mitsu devint rapidement ami avec l'adolescente car celle-ci adorait sa tête et son caractère, ils passèrent ensuite un long moment à jouer à un jeu de cartes aux règles simples, la bataille.

          Mais l'heure tournait, la nuit était devenue noire et Shana se souvint qu'il était temps de rentrer car vivant seule depuis la mort récente de son père elle avait encore son repas à préparer. Elle commanda cinq bouteilles de vodka avant de partir, ce qui sur le coup avait surprit le sanglier car elle avait bu uniquement du lait à la fraise. Voici la soirée qu'il avait passé, et oublié, avant de s'effondrer de fatigue dans une étroite ruelle ornée de poubelles. Rien n'avait changé, à un détail près, il se souvenait de tout maintenant.

          Retour au Présent


          Dans la salle d'attente du Docteur Kanigou, au QG
          Face à l'aquarium Mitsuke sort de sa torpeur émotionnelle et sans faire attention il se questionne à voix haute "Et si tout était lié ? Ce serait elle la criminelle ?" "Quelle criminelle ?" repris Kinham, intrigué "Celle que l'on recherche depuis deux semaines ? C'est pour ça que tu es là ?" Deux questions. Tout à coup, de manière presque effrayante, la tête de sanglier se tourne vers le caporal de la régulière et s'approche de lui en lui posant les mains sur les épaules. Un long frisson glacé lui parcours l'échine en hérissant ses poils au passage avec la chair de poule. Certes c'est une tête de sanglier mort, mais de si près, à portée de visage, c'est pas rassurant. Le museau du sanglier touchant le nez de Kinham il lui dit précipitamment "C'est elle, c'est elle ! Je suis sûr que c'est elle !" dit le sanglier en secouant son interlocuteur "Pourquoi une gamine solitaire de quinze piges commanderait cinq bouteilles de vodka alors qu'elle n'en boit pas ?" "Attends attends, de quoi tu me parles là ?" "Kanigou m'a tout raconté ! C'est pour ça que tu étais en civil tout à l'heure, vous traquiez la personne qui a lancé des cocktails molotov sur deux de vos soldats !" "Oui, c'est vrai, et donc, où tu veux en venir ? Tu penses savoir qui est la criminelle ?" "Oui ! J'en suis presque sûr ! Sinon la providence n'aurait pas mit ce poisson dans ce bocal !" ajoute Mitsuke, nerveux et excité, en pointant un poisson rouge et blanc. "Collègue, j'ai du mal à te suivre mais t'as l'air convaincu, ça doit être pour cette raison que t'as cinq maîtres-chiens qui t'attendent à l'accueil, pour la traquer !" "Oui oui voilà, c'est mes larbins. Attends quoi ? Ils sont déjà arrivés !? Merde ! Vite, fais moi sortir d'ici incognito, je dois retourner au bar en solo pour la piéger ! Si elle apprend que je suis un soldat elle va s'enfuir !" "D'accord d'accord ça marche, met ton masque et on y va."

          Sortant ensemble de la salle d'attente qui jouxte l'accueil, en longeant les murs, une soudaine voix les interpelle "MIII-TSUUU-KEEE !" crie de joie une soldat, attirant toute l'attention sur elle. "Te voilààà !" repris-t-elle en courant bras tendus vers le concerné pour lui faire un câlin "T'as toujours ce maudit masque mais il te va si bieeeeen !"


          Les deux caporaux se mettent à chuchoter, comme deux amis de longue date, en espérant que Feraëlle Fawkes ne les entende pas.

          - Eh meeerde.
          - C'est qui c'te greluche ?
          - Elle est sous mes ordres et elle dirige mes larbins.
          - Ah merde. On est grillés alors ?
          - Et pas qu'un peu mon pote.


            "C'est maintenant que les choses sérieuses commencent, chers lar-bins, je me contrefiche de votre prénom, vous êtes ma chair à canon, mes lar-bins" dit le caporal d'élite en insistant bien sur le mot larbin, il faut que ses hommes comprennent qui est leur supérieur et qu'ils aient une confiance aveugle en lui et ses ordres. "Dans la marine d'élite il n'y a pas de place pour l'affection, ce qu'on veut, ce que JE veux, c'est de l'action et de l'efficacité. Aujourd'hui on va capturer une fillette qui a tout l'air inoffensive mais c'est une criminelle, elle a jeté des cocktails molotov sur des soldats en patrouille dont deux on été sévèrement brulé de la tête au pieds. J'en ai rien à foutre de ses motivations. J'en ai rien à cirer que ce soit une fillette aux portes de la puberté, vous m'avez comprit ?" Tous répondirent positivement, brièvement, en cœur. "Bon, puisque vous êtes quand même des êtres humains uniques et que je suis pas un connard je veux que vous me décliniez votre identité car malgré tout je vous respecte, alors faisons les choses bien."

            - Je suis Lidross mon caporal, et mon chien s'app---
            - Je m'en branle de ton chien, coupe son supérieur, pour moi c'est juste un chien, et sûrement pas le mien. C'est TON chien, TON arme, TON atout. Tu m'as bien comprit ?
            - Oui mon caporal ! J'ai bien compris.
            - Suivant ? dit Mitsuke en pointant du doigt l'autre larbin aligné, au garde à vous. Toi.
            - Je suis Altaïr mon caporal.
            - Bien. Suivant.
            - Je m'appelle Ikkaku mon caporal.
            - Bien, et toi, le dernier, tu es ?
            - Moi c'est Raku mon caporal.
            - Super. Enchanté les gars. Je suppose que vous connaissez déjà la personne qui servira d'intermédiaire entre vous et moi, celle qui vous a formé, Feraëlle.
            - Enchantée de te retrouver mon mignon. Tu m'avais manqué depuis le BAN !
            - Qu'est-ce que j'ai dit ? Pas d'affection, et surtout pas quand on est en mission.
            - Bien bien MON caporal, je me plie à votre volonté et je vais bouder dans mon coin.
            - Mais nooon, reviens ! Bon, toi tu seras l'exception, ça te va ?
            - Avec plaisir mon sanglier.
            - Bien, bien. Maintenant que les présentations sont faites on passe sur les détails de notre mission.


            "Vous allez me boucler le quartier" commence Mitsuke "TOUT le quartier autour du bar Bar'Acouba je veux un maître-chien à chaque rue, à cinq vous devriez être assez. La criminelle qu'on recherche s'appelle Shana, elle à une chevelure longue et rouge comme ses yeux. La dernière fois que je l'ai vue elle portait un manteau noir avec un katana à la ceinture. Surtout faites bien attention, il est possible qu'elle possède également des projectiles incendiaires alors pour aujourd'hui vous allez laisser vos uniformes à l'accueil. Je ne veut surtout pas, et j'insiste, qu'elle devine que vous êtes des soldats d'élite. Vous m'avez bien comprit ?" Tous dirent oui et commencèrent à se déshabiller, se mettant torse nu comme leur caporal d'élite. "Maintenant je vais l'attendre au bar, on s'est bien amusés hier soir donc il est fortement probable qu'elle revienne me voir." "Mon caporal ?" demande Feraëlle "Je vais quand même pas me balader en soutien gorge, c'est rabaissant pour une femme" "Qu'est-ce que je t'ai dit Feraëlle ?" reprend le caporal "Tu es l'exception, alors évite juste de te faire repérer, c'est tout c'que j'te demande. Allez les gars, on y va, on met en place l'opération Toile d'Araignée. Dernier détail, si vous la voyez évitez de la tuer, ramenez là à Feraëlle où à moi-même, on se chargera des finitions."

              Point de vue de Shana Kariya fille de Djinn Kariya, soldat tombé au combat.


              Affamée et la bouche encore pleine de ma dernière bouchée de mon plaisir du jour, ma main, hâtive, se dirige à l'avance vers le dernier bout de galette des rois. J'ai pas encore eu la fève, c'est maintenant ou jamais, me dis-je en hésitant toutefois d'attraper cette part qui n'attend que d'être mangée, j'hésite car je vois ma main trembler, je suis perturbée. Perturbée par les récents évènement, j'ai perdu mon père, soldat, qui s'est sacrifié pour laisser vivre ses larbins et maintenant... Et maintenant... Je me retrouve seule, avec cette rage au ventre, une rage qui finalement coupe mon appétit, ma gloutonnerie. J'ai cru le venger, mon père, alors je suis passé du côté obscur de la force, aux actes aveuglés par une folie meurtrière qui s'appelle la Vengeance. Mais, tremblante, je me rends compte que la vengeance c'est comme de l'eau en plein désert, c'est vital et nécessaire, ça fait revivre, ça inonde le corps et l'âme, et c'est addictif comme si je suis devenue une putain d'alcoolique. J'ai l'impression qu'il n'y a que ça qui compte pour moi, qui me fait vivre, car je met enfin à profit les années de labeurs et d'entrainements que mon père insistait à m'inculquer. J'ai appris la débrouille puis le combat, il voulait faire de moi une soldate au fort caractère, mais à présent je me retrouve à utiliser tout ce que j'ai appris pour nuire, pour tuer. Ca me fout la trouille, et ça fait deux semaines que ça dure, je ne suis plus moi-même, j'ai l'impression d'être devenue un monstre, une bête blessée que la haine endurcit de plus en plus.

              Finalement, je me rends compte que ma main s'est arrêtée à mi chemin, et pourtant il n'y a qu'une trentaine de centimètres entre moi et la galette, mais c'est trop, c'est tout con, mais je ne peux pas faire cet effort. Mon cœur et mon esprit n'auront pas cet espèce de joie d'avoir le trésor de cette pâtisserie, alors bêtement, nerveusement, je ris. Je ris. Tellement fort que ça part en fou rire, juste comme ça, comme si celui-ci se nourrit de toutes les calories que j'ai mangé et qu'il attend de ne plus avoir d'énergie, mais malheureusement pour lui j'ai de la rage à revendre, et ça, ça remplace mon manque d'énergie et ça me redonne la motivation de vivre et de me battre jusqu'au bout. J'ai dépassé les limites, j'en suis consciente, je sais que ce sentier est jonché de douleur et que le sang appelle le sang, je l'ai appris, il est maintenant trop tard pour moi de reculer, essayer c'est voir derrière soi un brouillard trop épais. Je ne veux pas aller dans cette direction car comme je l'ai dit, c'est trop tard, désormais je ne peux qu'avancer en assumant mes actes qui impliquent des choix difficiles.

              Lorsque j'ai jeté cette première bombe incendiaire je me sentais apaisée d'avoir touché ma cible, puis est venue l'adrénaline, alors j'ai recommencé et je me suis plu à voir discrètement, cachée, ces hommes partir en flammes comme des torches. Mais ils l'ont tous mérité, on n'abandonne pas un soldat au combat, larbin ou pas. Pour moi je reste une justicière, j'ai ça dans le sang, et bien que je sois passée criminelle, pour moi, je reste plus adulte qu'eux, que ces soldats de bas étage. Car face à moi ils voudront se serrer les coudes, ne pas lâcher leur attention et serrer les poings. Serrer les poings, je serre alors le mien, reprenant courage. Aujourd'hui est une nouvelle journée, je ne peux pas m'empêcher de sortir alors je vais aller retrouver cet homme à la tête de sanglier car je me suis bien amusée hier à ses côtés, et rire ça fait du bien, même si c'est le rire du diable.

              Je me lève alors, et pour faire passer cette dernière bouchée qui se coince dans ma gorge je fais quelque chose d'exceptionnel, je bois trois verres de vodka et je sens mon sang chaud couler en moi et mes artères le digèrent. Je sais pas pourquoi je fais ça, mais plus les jours passent plus je me familiarise à cette notion d'instinct animal, il devient mon ami, un précieux ami. Ca brûle la gorge cette merde, me dis-je, alors je prend un verre d'eau que je tue en même pas trois secondes, d'un coup ça va mieux. Je prépare quatre cocktails, attrape mon katana et m'habille de mon manteau noir, cachant ma chevelure sous la capuche puis je sors, consciente que plus les jours passent, plus je suis en danger. Curieusement ça me fait pas peur, est-ce là l'effet tant recherché après avoir ingéré de l'alcool, peut-être, je me sens forte. C'est alors que je claque la porte d'une main féroce, comme si je lui disais adieu.
                Shana, criminelle.
                J'ai l'impression que la ville est en pause, du moins ce quartier, il n'y a pas âme qui vive par ma faute. Forcément ma présence fait peur puisque j'ai attaqué deux patrouilles de représentants de la loi. Si eux n'ont pas pu assurer leur propre sécurité, qui peux donc protéger des civils. Je comprends qu'ils restent enfermés et tant mieux, ça ne fera pas de témoins en cas de combat, ça me va. Me dirigeant vers le bar, j'arrive dans une ruelle mais un peu trop sûre de moi je me fais presque repérer, je vois un homme avec un chien dos à moi, à une centaine de mètres en contrebas. Le chien tourne ses oreilles vers l'arrière, il m'a entendue, mais avant qu'il ne tourne la tête dans ma direction je me suis déjà cachée dans le coin de la rue, patientant nerveusement.

                Lidross, maître-chien.
                Lidross n'est pas con, il connaît son chien par cœur, le moindre geste, le moindre grognement, le moindre reniflement, il lit en lui comme dans un livre ouvert. C'est pourquoi il lui dit, étonné. "Tu as entendu quelque chose ?" Le chien le comprenant, il hésite toutefois à lui répondre d'un geste de la tête, mais son instinct est formel, il a entendu du bruit. Il lui fit donc un oui de la tête et aboie une seule fois. Dans leur langage un seul aboiement est un oui et deux est un non. "Va voir, je dois surveiller ce croisement" lui dit son maître. Le chien se retire alors, remontant la ruelle, se dirigeant dangereusement vers Shana.

                Shana.
                Mon stress est monté d'un cran lorsque le vent m'a rapporté l'aboiement du chien. Est-ce qu'il m'a repérée ? Je dois m'en assurer, mais si je regarde il va me voir. Tant pis, je prends le risque. Dois-je me coucher au sol, collée au mur et passer ma tête ? Non, j'ai mieux, j'utilise un petit miroir et dans le reflet je le vois, le chien. Il marche tranquillement vers moi, je retire mon objet et le pose au sol, ouf, il ne m'a pas vue. J'en suis désormais convaincue, aujourd'hui je me retrouve traquée par un maître-chien. Je vais devoir faire attention et l'éliminer discrètement, lui et son chien. J'utilise à nouveau le miroir et je cherche le chien mais je trouve le soleil. Cela fait un reflet lumineux et après quelques secondes de maniement je vois le chien à une cinquantaine de mètres, qui s'est assis. Il a vu le reflet, pour sûr. Merde. Je décide de monter à la gouttière pour me cacher en hauteur et de dégainer tant bien que mal mon katana, prête à lui tomber dessus.

                Lidross.
                Son chien s'est arrêté à mi-chemin, car maintenant qu'il est sûr qu'une personne essaie de se cacher il attend un nouvel ordre de son maître. Lidross tourne la tête et le remarque. Ils se regardent longuement, comme se parlant par télépathie puis il lui fait signe d'y aller, tout en mettant l'index devant sa bouche comme pour lui dire de ne pas faire de bruit et d'avancer prudemment. Le chien s'exécute, Lidross le regarde, mais dès qu'il disparaît dans la ruelle d'à-côté il entends un bruit qui lui glace le sang. Son chien pousse un long râle d'agonie, avec un katana planté dans le cou, miraculeusement celui-ci parvient à aboyer une fois. Une fois, c'est un oui. Son maître comprend que quelqu'un est là et que cet enfoiré vient d'éliminer son admirable chien qui vient de réussir sa mission jusqu'au bout, malgré la douleur. Lidross à une poussée de rage, son cœur se brise, il s'imagine déjà étrangler et broyer les cervicales du tueur, mais il et un soldat d'élite et il sait que succomber à ses pulsions c'est une espèce de connerie qui fait prendre des risques inutiles et peut mener trop facilement à la mort. Il faut agir avec stratégie, bien qu'il vient de perdre son compagnon qui l'accompagnait depuis de longues années. Sans dire un mot il cours alors prévenir les autres qui ne sont pas bien loin, il faut se concerter et établir une nouvelle stratégie.

                Shana.
                Elle a réussi mais elle se sens idiote, car ayant agi sans réfléchir. L'homme s'est enfui, il a eu peur, la criminelle croit qu'elle vient tout simplement de tuer le chien d'un civil. "JE SUIS TROP COOOONNE !" gueule-t-elle en direction du ciel, comme criant à l'aide. Puis elle soupire, regardant le chien inerte à ses pieds. "Je crois que je deviens paranoïaque." rajoute-t-elle. Elle retire alors son katana de l'animal et le range sans en essuyer le sang et a du mal à le quitter des yeux. Elle s'assit alors à côté de lui, le recouvre de son manteau et décide de prendre cinq minutes pour faire une prière pour que son âme innocente trouve la paix. Puis elle reprend la direction du bar en se disant qu'elle allait peut-être se prendre un verre de pastaga, pour voir quel goût ça a, cette boisson que le sanglier avait bue le soir dernier. Elle se mit à croiser les doigts, espérant qu'il soit là, elle devait parler à quelqu'un.
                  Mitsuke est assis au bar, une choppe d'eau à la main, attendant patiemment que la criminelle arrive. J'espère qu'elle va se pointer avant ce soir, se dit-il. Soudain il perd la vue, deux mains cachent ses yeux et une voix amusée lui dit "Deviiiine qui c'eeeest !" "Non de non Feraëlle, qu'est-ce que tu fous là !" "Je voulais pas louper l'occasion de boire un verre avec toi, c'est tout." Le caporal d'élite soupire alors car cette femme est aussi imprévisible que la météo, c'est déconcertant. "Tu finiras par m'épuiser Feraëlle" dit le soldat mal à l'aise avec la gente féminine trop proche. Jusqu'ici l'ambiance est bonne enfant et il n'y a que trois client et le tavernier qui pourraient potentiellement gêner ce moment où ils se retrouvent à deux. "Vous désirez une boisson madame ?" demande le patron, ne manquant pas l'occasion de vendre quelque chose "Oui, la même que lui s'il vous plaît !" dit elle en désignant la choppe, l'homme en conclut donc "De l'eau donc, très bien." Surprise la soldate fait une remarque "Comment ça de l'eau ?" puis elle se tourne vers l'homme à tête de sanglier "Comment ça se fait que tu bois de l'eau toi ?" Dans ses pensées Mitsuke lui répond d'un air las, "Je trinquerai à l'alcool quand la mission sera un succès, pas avant." "Oh, je vois..." répondit-t-elle en attrapant son verre avant de trinquer avec son supérieur.

                  Tout à coup la porte s'ouvrit brutalement, laissant apparaître une fille à bout de souffle, dont le regard louche sur les deux personnages accoudés au bar, en train de trinquer à leur future victoire. "TU M'AS TRAHIE !" gueule Shana, comprenant la véritable identité de son désormais ancien ami, passant immédiatement du côté des ennemis. Mitsuke a juste le temps de tourner la tête vers elle lorsqu'un projectile enflammé lui frôle le masque et vient s'écraser sur l'étagère du barman, faisant exploser de nombreuses bouteilles d'alcool en créant un départ d'incendie. Des débris de verre volent dans tout les sens et une dizaine se plante dans le torse et les bras du caporal, qui ne dit pas un mot, encaissant la douleur. A vrai dire il n'a pas le temps de se plaindre, observant la pyromane qui dégaine sans attendre un deuxième cocktail molotov.

                  Soudain, alertés, quatre maîtres-chiens arrivent dans la taverne qui prend feu, et parmi les chiens encore vivant un seul se jette férocement sur la criminelle. Shana dégaine son katana et tombe au sol sous le poids de l'animal, et parvient de justesse à placer son arme entre les crocs du chien qui ne parviens plus à la mordre, maintenant sa tête à distance. De la main gauche elle attrape sa bouteille de vodka préparée et l'écrase contre l'animal dont la fourrure s'embrase immédiatement. Sa main a été partiellement brulée mais ce n'est qu'un détail puisqu'elle vient de se libérer de l'animal. Se relevant elle attrape ses deux dernières munitions incendiaires et en jette une contre le mur le plus proche. Retournant sur ses pas, battant en retraite en sortant de cet endroit maudit, elle jette la seconde contre le portail de l'entrée qui immédiatement s'embrase, piégeant donc six soldat, cinq chiens, trois clients et le patron à l'intérieur. Ici tout est en bois et l'incendie devient en quelques secondes complètement ingérable, les maîtres-chiens ne pensent pas à leur propre survie, ils sont occupés à gueuler ensemble des ordres à ce qui a plus d'importance pour eux, leurs chiens. Ceux-ci, voyant leur collègue canin complètement rongé par les flammes, qui se débat dans tout les sens, faisant tomber des tables et des chaises qui prennent aussitôt feu, sont complètement tétanisés à l'idée de finir comme lui. Mitsuke, qui a eu le temps de retirer ses échardes de verre de son corps gueule aussitôt un ordre au beau milieu de cet enfer embrasé. "ÉVACUEZ LES CIVILS !" C'est la priorité, pense le caporal, pour une seule et bonne raison, si tout les civils meurent sur place il ne restera aucun témoin habitant l'île pour identifier la criminelle une fois capturée, et s'ils la tuent par mégarde ça pourrait se retourner contre eux. Meurtre avec préméditation sur une civile, ça les ferait passer pour des pirates à coup sûr.

                  Au milieu des flammes grandissantes, dont déjà certaines commencent à grignoter le plafond, c'est la cohue générale. Personne ne se décide à passer le portail enflammé qu'est devenue l'entrée. Les maîtres-chiens n'écoutent pas l'ordre, ils sont trop occupés à courir derrière leur toutous respectifs pour les attraper. Mitsuke gueule à nouveau "MAIS BORDEL, ABANDONNEZ LES CHIENS, ÉVACUEZ LES CIVILS ! SINON JE VOUS FAIT LA PEAU A QUATRE CONTRE UN !" Les quatre larbins regardent leur supérieur et se regardent entre eux, puis ils hochent la tête et se dirigent ensemble entre les flammes pour aller encercler le caporal. Lidross étant le plus crédible après la mort de son compagnon, il dit alors, calmement, alors que leur temps à tous est compté. "On n'abandonnera pas les chiens, si vous voulez vous battre c'est mainte----" Pas le temps de discuter, tout va s'effondrer, Mitsuke ayant comprit que ses larbins se retournent contre lui il réagit aussitôt en dégainant ses sabres. Les soldats pensaient s'en tirer pacifiquement mais Mitsuke n'est pas de cet avis.

                  Tout à coup une grosse poutre enflammée tombe du plafond et défait le cercle autour du caporal, laissant en face à face un de ses larbins, Lidross, et lui-même. Sans attendre une seconde il profite de cet imprévu qui sème la panique pour planter son katana dans le pied de Lidross, celui-ci hurle de douleur mais ce n'est pas fini, le caporal lui met son second katana à la gorge, prêt à l'éliminer sur-le-champ. "VOUS AVEZ OUBLIÉ QUI DONNE LES ORDRES ICI ?" Ne pensant pas que leur caporal d'élite irait si loin, jusqu'à blesser un des leurs, il reprennent confiance et crient tous en cœur qu'ils sont à ses ordres. Trois d'entre eux se dirigent alors vers les civils, Lidross en boitant se faisant aider par Feraëlle, et les portent comme des sacs à patates et se jettent au travers du portail enflammé qui se brise sous leur passage. L'entrée est désormais libre, quand tout à coup une nouvelle poutre tombe et barre le passage. Il ne reste plus que Mitsuke et le barman à l'intérieur de cette taverne ou chaque centimètre carré de bois s'est transformé en flammes, se heurtant aux obstacles que sont les deux constructions voisines. Heureusement elles sont en pierre alors l'incendie grandissant sera contenu à cette seule taverne. Mitsuke se retourne vers le barman et celui-ci est en train de sourire comme un con, n'ayant pas bougé depuis le début de l'incident. "MAIS BORDEL VOUS ATTENDEZ QUOI ?!" "Il est hors de question que je sorte d'ici, le Bar'Acouba est tout ce que j'ai." Non mais il se fout de moi ? "OUAIS BEN UN COUP BAS JE VAIS T'EN SORTIR UN CONNARD !" gueule le caporal en attrapant une chaise qu'il éclate à la gueule du patron, qui s'évanouit sur le coup. Mitsu s'adresse alors de nouveau à lui, bien que l'homme est momentanément sourd "Putain mais que t'es con, je m'en branle de payer la reconstruction, c'est pas un problème." Il fait alors le tour du bar et se démerde comme il peut pour tirer l'homme qui évanoui pèse un certain poids. Le chemin à parcourir est jonché de flammes et tout deux ne s'en sortiront pas sans blessures, mais Mitsuke parvient à le porter sur ses épaules, réveillant ses blessures, et s'approchant de la sortie il le jette carrément sur la poutre qui se brise sous le poids de l'homme qui finit son vol par une roulade dans la poussière à l'extérieur. Le chemin est maintenant dégagé et Mitsuke sort de cet enfer, avec de multiples blessures, où la chaleur est telle qu'il a l'impression de respirer du feu. Il ne reste plus qu'à retrouver cette garce de gamine, se dit le caporal, sans s'inquiéter du moral ou des brûlures corporelles de chacun, ni même de sa propre santé. La mission avant tout, telle est la devise de l'élite.
                    La tension générale a baissé, tout le monde a été évacué, dans le feu de l'action cela aurait pu finir de manière bien plus grave. Mitsuke a intimé l'ordre de retrouver Shana, qui n'a pas pu partir bien loin, et les maîtres chiens se sont mit à l'œuvre quand soudain Lidross, toujours boiteux, revient vers son supérieur après avoir mené une courte recherche. "Mon caporal, j'ai retrouvé le manteau de la criminelle, il était sur mon défunt chien" "Parfait Lidross, donne le moi, je vais retrouver les autres. Pendant ce temps retourne au QG et va soigner ta blessure au pied avant qu'elle ne s'infecte." Le maître chien fait la moue, il souhaite faire parti de ceux qui trouveront Shana car il n'a toujours pas digéré la mort de son chien. Le voyant hésiter Mitsu reprend "C'est un ordre." Le soldat s'exécute alors et s'éclipse pendant que Mitsuke court vers la ruelle la plus proche et y trouve Altaïr, un autre larbin, qui se laisse guider par son chien. Il lui donne alors le manteau et l'animal au flair aiguisé réagit aussitôt, il est capable de remonter l'odeur jusqu'à la planque de la criminelle.

                    La traque dure à peine cinq minutes et tous les maîtres-chiens se sont retrouvés, ils sont désormais devant une petite maison qui ne paie pas de mine. Soudain un ancien ami du caporal fait son apparition, c'est le facteur ninja Kelthur Medalia. "Qu'est-ce que vous faites ici ?" dit le facteur, sachant exactement qui habite cette maison. Mitsuke lui répond d'une voix sûre et forte, comme s'il s'adresse à un de ses soldat pour que le petit bonhomme comprenne bien la situation "Shana est en état d'arrestation, c'est la criminelle pyromane qui a tant fait parler d'elle." "Très bien." repris le ninja, sans même être étonné. Il est au courant que Shana est fragile et que suite à la mort de son père elle est du type à vriller. "Laissez moi aller lui parler, je vous la ramène. Si dans cinq minutes je ne suis pas revenu entrez de force." "Comme tu voudras, nous ne sommes pas à cinq minutes près."

                    Moins de cinq minutes plus tard Kelthur ressort avec Shana, qui est en pleurs dans ses bras, elle a compris que pour elle c'est désormais un séjour en prison, privée de liberté, qui l'attend. Nul besoin de menottes pour la ramener au quartier général car elle s'est rendue sans difficulté et toute animosité l'a quittée. Le chemin paraît long car il se fait dans le silence le plus total, personne n'a envie de demander à Shana pourquoi elle a agi de cette façon et c'est tant mieux, elle leur a causé assez de difficulté et tous la méprisent à présent. Une fois arrivés Mitsuke n'a même pas besoin de dire ce qu'il est venu faire ni d'expliquer le piteux état de la taverne car Shana prenant la parole, sanglotant, dit de manière succincte. "Je me rends... Je suis la pyromane et j'ai récidivé aujourd'hui..." Les civils pouvant confirmer ses dires, ainsi que le patron qui est revenu à lui, la mission est à présent terminée. Le soldat de l'accueil ouvre alors un tiroir, y sort une médaille qui n'a pas grande valeur et la donne à Mitsuke. C'est la médaille Alakys que l'on remet lorsqu'on ramène un pirate, un révolutionnaire ou un criminel, c'est pour cette raison qu'il n'y a pas de remise officielle, c'est l'une des médailles les plus répandues. Bien que ce soit sa première médaille le caporal d'élite s'en fiche un peu, ce qu'il demande plutôt c'est de retirer un mois de son salaire pour aider le tavernier à la reconstruction. Chose qui prit seulement quelques minutes après avoir consulté le comptable de la base. Le patron, pour quelques temps sans emploi, remercie Mitsuke et décide de ne rien dire au sujet de l'agression surprise qu'il a vécue. Puis ils se séparèrent, les civils retournant à leurs occupations et Mitsuke et ses larbins vont rendre visite à l'infirmerie pour savoir pour combien de temps Lidross en a pour se remettre sur pieds.