La Traque des Avengers commence

Changement de décor pour cette nouvelle mission, confiée une fois encore par "La Légende" en personne. Cook à offert une jolie récompense pour la capture du tristement célèbre équipage des Avengers. Parait qu'ils sont en plein recrutement depuis deux bonnes années et qu'ils projettent de reprendre la mer pour retourner la Route de Tous les Périls. L'objectif ? Rien de bien compliqué, il faut les arrêter, ou à défaut les éliminer et c'est avec plaisir que je mènerai à bien cette mission. Deux jours qu'on se gèle les miches sur Boréa, ni Yuzu ni moi même n'avons l'habitude de ce genre de climat et plus vite on aura terminé ici, mieux ce sera. Il parait que Tor’du aurait été aperçu en compagnie de Joh’Kanto et Poi’son dans le secteur. Ce que j'en pense, c'est qu'il y a moyen de frapper fort, trois pour le prix d'un, ça ne se refuse pas. Bien entendu, ils sont potentiellement accompagnés de nouvelles recrues donc va falloir être vigilants. Nous voilà rendus dans ce petit bar miteux, parce qu'en plus d'avoir été repérés, ces idiots font passer leurs offres de recrutement à qui voudra bien l'entendre. Ce n'est pas tant de les trouver qui risque d'être compliqué, mais surtout de les arrêter et je ne vois qu'une seule solution viable, puisqu'à trois ils risquent d'être bien trop coriaces pour Yuzu et moi, il va donc nous falloir trouver le moyen de les isoler et de les éliminer un par un.


- "Et si on recrutait nous aussi ? On doit pas être les seuls sur ce coup, regarde autour de toi... Je suis certaine que dans le tas de poivrots se planquent d'autres chasseurs de prime, non ?" chuchota Yuzu en toisant la clientèle.

- "Ouais surement qu'il y a du chasseur de prime à Lavalliere, c'est pas comme si ces abrutis se cachaient de quoique ce soit... Mais Cook nous a bien confirmé qu'au Sein du Baroque Works on était solos sur le coup."

- "T'as juste pas envie de partager la récompense avoue..." pouffa Yuzu.


Et elle était dans le vrai, hors de question de partager notre récompense avec qui que ce soit, même si l'objectif principal de ce contrat est de faire mes preuves en tant que Copper de l'organisation, les Berrys sont à moi. Un type entre alors dans la taverne, et ce type difficile de ne pas le reconnaitre : Joh'Kanto. Ce bonze ne doute de rien, se pavanant sans aucune retenue sur un territoire ou la marine est aussi présente, c'est réellement indécent. Ses deux équipiers ne sont pas là, le type s’assoit avec d'autres gaillards, descend une pinte de mousse locale et se met à causer tout doucement à son auditoire. Heureusement, j'ai une ouïe plutôt fine et j'entends qu'il s'agit bel et bien d'un speech de recrutement. Cet abruti va même jusqu'à dire ouvertement que ses deux potes sont aussi ici à Lavalliere, m'est d'avis que cette mission devrait pas trop mal se dérouler. Rien de bien intéressant sinon, le type finit par se lever, imité par ses nouvelles recrues, et tous les cinq quittent le bar en silence. Je me lève à mon tour, et sors en compagnie de Yuzu pour apercevoir notre cible qui s'éloigne un peu plus loin. Pas question de les perdre de vue, j'active le pas, suivi de près par mon ombre et c'est parti pour la filature. La neige tombe à gros flocons et réduit la visibilité, mais je parviens à les voir tourner dans une petite ruelle. Il ne serait surement pas suffisamment idiot pour mener de parfaits inconnus directement dans leur planque, j'ai donc dans l'idée qu'ils savent qu'on les suit et qu'ils vont nous tendre une embuscade.


- "Tu passes par les toits Yuzu, et tu me couvres."

- "Compris !" dit elle en disparaissant par une échelle de service non loin.


Je m'avance donc avec hâte dans la ruelle, quantité de bennes à ordure et de caisses parmi lesquelles les petites frappes se cachaient. Bien vite, les types m'encerclent et c'est Joh'Kanto en personne qui vient m'accueillir. J'espère juste que Yuzu est en position, sans quoi je risque de passer un mauvais moment.


- "Ok... T'es qui toi ? Qu'est ce que tu m'veux ?" me dit-il avec assurance.

- "Je suis là pour t'arrêter. Bien que misérable, c'est ta prime que je veux..."


Le type sourit, il se permet même de me rire au nez. Il ordonne à ses sbires fraichement acquis se s'occuper de moi, l'un d'eux s'approche, dégaine un couteau et s'élance vers moi. Plutôt maladroit et même un peu lent, je parviens à éviter son attaque sans trop de difficulté, saisissant son bras au passage que je brise sur le coup. Le pauvre diable se met à hurler de douleur avant de se prendre un bourre pif qui l'envoi tout droit dans les bras de Morphée. Les trois autres gars se ruent alors sur moi, mais Yuzu intervient et balance ses étoiles métalliques qui viennent se loger dans le dos de deux d'entre eux avant de les frapper l'un après l'autre. Je m'occupe alors du dernier gaillard, lui collant un rapide coup de genou dans la mâchoire. Quand le type touche le sol enneigé, Joh'Kanto se met à rire et dégaine ses deux lames. Je vais lui faire passer l'envie de rigoler, sans attendre je m'élance sur lui et un duel au sabre commence. Le pirate est rapide, et vif, il parvient à contrer ou esquiver chacune de mes manœuvres, mais ma maîtrise du sabre n'est pas non plus en reste, je parvient à faire jeu égal avec lui. J'apprécie même notre échange, rencontrant rarement des adversaires qui ont choisit de manier deux lames comme moi.


- "Pas mal. Tu ferais une recrue de choix, et si c'est l'argent qui t’intéresse, Furry te rendra bien plus riche crois moi..." raille Joh'Kanto avec un sourire comme si ce n'était qu'un jeu.

- "Je ne fraye pas avec les rats de ton espèce."


Poursuivant notre échange, la neige continue de tomber, sa chute s'intensifie même, réduisant mon champ de vision. Maudit climat qui rend la tache difficile, d'autant qu'il ne faut surtout pas que cette raclure ne parvienne à fuir ou ne meure dans notre duel. Je serais presque en train d’espérer que Yuzu intervienne pour interrompre ce combat et assommer Joh'Kanto.

William était tranquillement installé dans une taverne. Depuis qu’il n’avait plus de mécène sa vie était devenue morne. Aussi insipide que le bouillon de légumes qui trempait devant lui. L’eau était fade, comme ses perspectives. Il n’avait pour ainsi dire aucune idée de ce qu’il était sensé faire. Il avait bien un objectif oui, mais par où commencer ? Pour l’instant la moindre once d’énergie et de temps libre était consacrée à survivre. En tant qu’ancien esclave il se retrouvait catapulté dans un monde si étrange, si inconnu, presque hostile. Non pas que la population ou ses interactions fussent compliquées, c’était tout l’inverse, personne ne lui cherchait des noises, personne ne l’embêtait car il était tout bonnement invisible. William n’avait ni ami, ni famille, ni épaule sur laquelle se reposait. Il était passé du statut d’esclave à celui d’homme libre mais à quel prix. La liberté valait elle le fait de vivre en marge de la société ? L’idée avait fait on chemin dans sa tête, il devait trouver un moyen de gagner sa vie, de bien la gagner. Exit les petites mains, jardiniers, agriculteurs, vendeur sur un étal. Ces occupations bien que rémunératrices ne lui permettraient jamais de s’émanciper. Plus que de devenir libre, ce qu’il voulait à cet instant précis c’était se sentir vivre.

Le jeune homme à la peau mate soupira, qu’était-il sensé faire pour vivre, qu’est-ce que la vie ? Il n’en n’avait aucune idée à vrai dire. Touillant la mixture âpre dans son bol il l’engloutit d’un coup avant de scruter la taverne. Il n’y avait pas foule aujourd’hui. Un homme un certain prénommé Joh’Kanto faisait l’animation du jour. Il tentait de recruter des hommes pour une quelconque sordide promesse d’aventures. De toute évidence, si l’aventure en valait la chandelle, elle ne démarrerait sûrement pas dans un bar songea le jeune homme tout en repoussant sa chaise pour aller régler sa note. Du coin de l’œil il remarqua deux individus qui avaient changé de comportements. Ils scrutaient le beau parleur d’un air bien intéressé. De par son entrainement militaire, William avait l’œil pour repérer ce genre de choses. Quoiqu’ils préparaient, ces deux-là ne présageaient rien de bon. Et comme pour lui donner raison, à peine Joh quitta-t-il l’établissement qu’ils lui emboitèrent le pas d’une façon plus ou moins discrète. « Ils n’ont jamais pisté du gibier *pensa-t-il* ’C'est bien trop tôt pour engager une filature » William poussa lui-même la porte de la taverne pour partir. La journée était enneigée, devant lui se mêlait des empreintes de pas. Regardant nonchalamment à droite puis à gauche pour s’assurer que la voie était libre, il se pencha et déposa sa main dans la neige. Lentement il pressa les empreintes afin de déterminer leur profondeur, légère au début, elles se faisaient plus profondes après, indiquant que le rythme avait été accéléré. Qui que fusse ce Joh’Kanto, il était en danger.

William n’était ni du genre sauveur au grand cœur, ni du genre Dom Juan. Tout comme il était invisible pour la société, il ne se mêlait pas des histoires d’un tout un chacun. Il n’avait aucune raison particulière de vouloir intervenir dans quelconques embrouilles saugrenues qui pouvaient bien lier ces personnes. Cependant, une idée germa dans son idée. Aussi bourru et malotru que pouvait sembler être Joh’Kanto, il semblait jouir d’un semblant de notoriété, ou au moins d’un vécu, pour venir se pavaner avec assurance dans la taverne du coin. Peut-être que lui porter renfort pourrait se révéler être utile dans le futur. Pesant encore le pour et le contre quelques instants, il décida d’emboiter le pas et de prendre les suiveurs en filature. Ramassant une bouteille en verre dans une poubelle trainant devant l’enseigne il l’éclata contre un mur afin d’en faire un poignard grossier et hâta le pas.

Le petit groupe avait visiblement décidé de se donner rendez-vous dans une ruelle. Il le savait car l’espacement entre les empreintes était plus court, montrant que la cadence avait ralenti. William s’arrêta lui-même à l’entrée de la ruelle afin de ne pas être vu. Une empreinte disparaissait de la colonne de pas montrant qu’un individu avait emprunté un chemin différent. Gardant cette information en tête il tendit l’oreille.

William en avait entendu assez pour capter la situation. Il avait donc affaire à un chasseur de primes et à un primé. Restait à savoir qui était qui. Cependant, beaucoup de noms avaient été évoqués, indiquant que de toute évidence, tous les protagonistes de la scène n’étaient pas présents. Il fallait agir intelligemment. Il s’avança dans la ruelle. Il faisait dos à l’inconnu qui avait entamé la filature et face à Joh. Le doigt sur les lèvres, il intima à la starlette locale en herbe de garder le silence. Puis lorsqu’il ne fut plus qu’à quelques mètres, il banda ses muscles et entrechoqua violemment ses mains les unes contre les autres. « Air Pressure »Se propageant rapidement jusqu’à son adversaire l’onde de choc l’étourdit légèrement, juste le temps nécessaire à William pour se précipiter derrière lui et l’attraper dans une clé de bras. Profitant du Momentum,  il fit mine de violemment écraser la tête de celui-ci contre la benne qui se trouvait devant eux. Au moment de l’impact il envoya à la place un coup de pied dans celle-ci pour simuler le bruit. Laissant l’homme au sol comme s’il était étourdit il s’adressa directement à Joh’Kanto.

« On est suivis, et j’ai entendu dire que vous cherchiez des hommes ? Je suis un très bon garde du corps et je n’ai plus d’employeur si tu vois ce que je veux dire »

Le jeune esclave fraîchement affranchi se pencha au sol, il s’écarta de la benne afin de rester visible de Joh, seules ses mains échappaient à la vision de celui-ci. Il déposa le poignard de fortune précédemment fabriqué dans le col de l’individu tout en le fixant intensément du regard. Il ne pouvait communiquer que par les yeux, c’était pile ou face. Ainsi fais, il le releva en veillant à pencher sa tête sur son épaule afin d’enfouir le visage de l’homme dans ses vêtements.

« Il est encore étourdi. On ferait mieux de déguerpir avant que le reste de sa bande rapplique. T’as un endroit ou crécher ? Je m’y connais bien en interrogatoire, on va lui faire cracher ce qu’il a à nous dire"

Hésitant un instant, Joh' bougonna quelque chose dans sa barbe avant d'intimer au jeune d'un geste du menton de le suivre.

Tout se passe très vite, grâce a mon boost des sens, j’entends quelqu’un approcher de la ruelle, un pas léger, presque furtif. Il ralentit, puis tourne dans notre direction en accélérant le pas. Ce nouveau venu m’attaque dans le dos et en vient même à me ceinturer. J’aurais mal compté ? Il y avait un autre laquais dans le lot ? Impossible. En quelques instants je me retrouve contre une benne à ordure mais le type fait clairement semblant de m’assommer en frappant sur la benne, ce qui me motive à ne pas me débattre. Pire encore, il me glisse un objet dans le col, l’impression que c’est un petit surin. Petit regard lancé à Yuzu qui s’apprête à intervenir, pourvu qu’elle comprenne. Je fais donc mine d’être assommé et entends mon ombre prendre ses jambes à son cou.


- "Quoi ? C’est tout ?! Reviens ma minette hunhunhun…"


Ce connard s’approche, je peux entendre sa respiration, il me donne un coup de pied dans les côtes. J’ai du mal à rester impassible et pourtant il me faut si je veux jouer le rôle du mec endormi à la perfection. Si ce type n’est pas du côté des Avengers, alors c’est potentiellement un autre chasseur de prime. Un concurrent ? Peu probable, sans quoi il aurait sûrement essayé de m’éliminer pour avoir le champs libre. Habile de sa part en tous cas de compter sur la crédulité de Joh’Kanto, moi qui comptais le cuisiner, voilà que c’est moi qui serai en fin de compte cuisiné.


- "Amène-toi mon gars.. Faut pas traîner ici, l’autre garce risque de revenir avec du renfort."


Cet enfoiré ramasse mes sabres et je sens que mon « ravisseur » me traine dans la neige, il suit le recruteur sans un mot. Sans doute que Yuzu est en filature, et j’espère que je ne me trompe pas en me laissant balader par ce gars, mais surtout qu’elle se tiendra prête à intervenir si ça tourne mal. On arrive à un bâtiment, la porte grince, nous voilà à l’intérieur, Joh’Kanto dit à l’autre gars de m’asseoir et lui envoie quelque chose pour m’attacher. C’est la qu’on va pouvoir savoir si cet inconnu est avec ou contre moi. Soulagement, il fait mine de m’attacher avec ce qui semble être une corde, mais ne serre absolument pas le noeud. Je reçois alors des claques de la part du recruteur et ouvre les yeux pour jouer mon rôle.


- "Allé on s’reveille ! Tu fais moins le malin là… T’as d’la chance que ce gaillard là nous ait interrompu, sinon tu serais déjà mort… Enfin je pense que d’ici quelques minutes, tu préféreras l’être." fanfaronne Joh’Kanto en récupérant une sorte de tournevis sur une table à proximité.


Je scrute la pièce, un établi sur lequel sont posés quelques outils, ainsi que les sabres, on se trouve dans une sorte d’entrepôt miteux, plusieurs portes pourraient me permettre de quitter les lieux, il y a également plusieurs fenêtres en hauteur, le plafond est très haut d’ailleurs. C’est noté pour les issues, mais il se pourrait bien que ce crétin de pirate nous ait carrément mené à leur planque, ce qui faciliterait grandement cette traque. D’ailleurs je peux enfin voir le visage de l’autre gars, celui qui m’a mené ici, un jeune homme, peau mate, plutôt athlétique, qui se tient à quelques mètres, l’air impassible. Trop tôt pour dire s’il s’agit vraiment d’un allié, mais pour le moment, tout me porte à croire que c’est le cas. Petite mise en scène, je fais semblant d’essayer de me dégager sans succès, histoire de faire croire que je suis totalement à sa merci.


- "Libère moi et on verra qui préfère être mort…"


Faut jouer les durs, pour donner l’impression que cet idiot est en position de force. Et comme prévu, il se sent obliger de me frapper au visage. Classique. L’autre gars reste dans l’inaction, j’imagine que Yuzu est déjà quelque part dans le coin, sans doute sur le toit à chercher un accès. Et c’est partit pour un pur moment de plaisir à me faire dérouiller par le grand Joh’Kanto. Profite, parce qu’une fois tes camarades vendus, je m’occuperai de toi.

Joh’Kanto était à n’en pas douter un être bourru. Alors même qu’il aurait pu renifler une entourloupe au loin, ou se méfier de ce sauveur providentiel sorti de nulle part, il se contenta de s’avancer vers l’homme faussement appréhendé pour le rouer de coups. La manœuvre n’avait aucun intérêt, sûrement quelque chose à compenser songea le jeune chasseur de primes. Une fois satisfait, l’homme les mena vers ce qui à défaut d’être un repère de luxe semblait au moins être une planque régulièrement utilisée par l’homme primé. C’était un entrepôt tout ce qu’il y a de plus sommaire. Quelques portes ici et là et un établi avec des outils. Bien qu’il soit doté d’une bonne ouïe et d’un entrainement militaire sur-mesure William n’était pas parvenu à déterminer si l’acolyte du jeune homme qu’il avait capturé les avait suivis. Le crissement des pas dans la neige mêlait au vent qui venait de face masquait les bruis qui lui faisait dos. Ce n’était pas si mal pensa-t-il, au moins, cela la couvrirait. Une fois la pièce analysée du regard, l’homme à la peau mate déposa sa victime sur une chaise. Il s’attela à l’attacher avec un nœud lâche. L’entrave était juste assez serrée pour ne pas paraître inutile, mais pas assez pour retenir quelqu’un qui voudrait réellement s’en échapper avec un peu de technique. Il ne connaissait rien à son partenaire de fortune aussi se félicita-t-il de lui avoir glissé la bouteille de verre dans ses vêtements. Elle pourrait servir au choix d’armes tranchantes … Ou d’assommoir. Bien que visiblement limité au niveau intellectuel, même le dernier des imbéciles aurait été suspicieux si William avait laissé trainer « par hasard » les sabres du jeune bretteur non loin de leurs propriétaires.

"Allé on s’reveille ! Tu fais moins le malin là… T’as d’la chance que ce gaillard là nous ait interrompu, sinon tu serais déjà mort… Enfin je pense que d’ici quelques minutes, tu préféreras l’être."

Déclama le hors la loi en assénant une gifle pleine d’arrogance. Il alla chercher un tournevis dans le but d’assouvir de vil dessein.

« Je suis plutôt doué pour tout ce qui est interrogatoire et torture. J’peux m’en occuper si tu veux. Va chercher tes acolytes on parlera business en l’écoutant gémir pour sa vie. J’adore les gémissements. *  Lâcha William d’une voix froide, et trainante * Et pis y’a l’autre garce, tes gars de tout à l’heure m’ont pas l’air doués. Y’a que toi qui sais tenir une arme ici ? » Le jeune homme avait volontairement appuyé sur le TOI afin de flatter l’égo du malotru.

« Ouais t’as raison, j’taime bien toi petit AHAHA. J’vais chercher Poi’son, ce petit compte et recompte notre prise d’hier il est obsédé par l’argent. Thor devrait pas tarder, il est sûrement encore fourré dans une gueuse attrapée avec son gros marteau » pesta-t-il en s’en allant vers une porte située au fond de l’entrepôt. William attendit patiemment quelques instants qu’ils quittent la pièce. L’homme était moins bête qu’il ne l’imaginait. Ou plutôt pas autant ? Il laissa tout de même un de ses hommes de main dans la pièce. William fit craquer ses doigts avant d’envoyer une violente claque dans le visage du jeune homme. Suivit d’une deuxième, puis d’une troisième avant d’envoyer valser la chaise violemment au sol. Tandis que le prisonnier s’étalait au sol avec fracas, le chasseur de prime priait pour que les liens tiennent. Si, dehors il lui avait été impossible d’entendre le moindre bruit à cause de la neige et du vent, ce n’était pas le cas ici. Bien qu’il ne s’était pas retourné pour vérifier, il n’avait entendu ni la porte de l’entrepôt se fermer, ni un quelconque bruit de marche, trappe ou quoique ce soit. Cela voulait dire que Jon était potentiellement dans les parages à observer.

Le jeune homme s’avança vers l’établi où étaient déposé les sabres de sa prise du jour. Il fit mine de les examiner avant d’en attraper un qu’il rangea dans sa ceinture puis d'en saisir un second « Celui-là c'est le plus beau * dit-il tout en portant le sabre à la lumière. Grace à la lame de celle-ci, il pouvait observer derrière lui sans se tourner et pu constater dans l’ombre de la pièce Jon qui, se croyant discret observait la scène. Visiblement il avait été satisfait de la tournure des évènements, un sourire gras se dessinait sur son visage. A côté de lui se tenait un nouvel homme entouré de quelques sbires * Et si on faisait joujou avec tout ça maintenant ? »

William respira lentement, il ne devait pas rater son coup. Il haussa volontairement la voix.

« Je vais compter jusqu’à 3. A 3, je vais me retourner et jeter ce sabre, si t’as bonne étoile te protège, tu seras en vie pour assister à un second lancer. Sinon, j’imagine qu’on devra te passer au bistouri.
-T’es du genre sadique toi dis donc. J’aime bien ça. Je te présente Poi’son. Mon acolyte et associé
-Oh, vous revoilà ? Enchanté » Dit-il tout en s’avançant pour relever la chaise du prisonnier à l’aide de son pied. Il avait spontanément tendu la main vers Poi’son. Celui-ci s’avança pour la saisir. William s’était volontairement arrêté à la hauteur du captif, il s’était placé à sa droite, il ne pouvait que le supposer mais, la plupart des êtres humains étaient droitiers après tout. Son cœur battait la chamade. C’était une occasion parfaite de sévir mais il n’avait toujours pas repéré l’acolyte de son potentiel allié. Pourraient-ils à eux deux se défaire de toute la bande ? Ils n’avaient clairement pas l’avantage numérique.

Mon nouvel allié de circonstance se débrouille pour essayer d’en savoir plus sur les alliés de Joh’Kanto. Il propose même de s’occuper lui même de mon interrogatoire "musclé", me malmenant quelque peu. Le pirate sort de la pièce, prétextant qu’il va aller chercher l’un de ses acolytes, mais laisse un homme de main en notre compagnie. Impossible de causer et de toute manière j’ai peine à croire que ce pirate soit si stupide pour avoir confiance en n’importe qui. Non ce doit être un test. Je mange quelques coups, l’autre gars n’y va pas de main morte, je chute en priant pour que les liens ne cèdent pas. Mon allié tripote mes sabres et revient vers moi avec eux, mais il est interrompu par l’arrivée de Poi’son. Du pain béni, nous voilà avec deux cibles sur trois dans la même pièce.

Reste à savoir si les deux alliés de circonstances sauront composer en infériorité numérique, de plus, aucun moyen de savoir combien de nouvelles recrues sont dans le bâtiment. Le jeune tend alors sa main au nouvel arrivant qui la saisit, la serrant allègrement. Il n’y aura pas de meilleur moment pour agir, je me libère de mes liens, attrape mon sabre qui se trouve à la ceinture de mon tortionnaire, et tranche la main de Poi’son. Ce dernier se met à hurler et se saisit de son épée. Épée qu’il tente d’abattre sur mon nouvel allié, mais je parviens à la parer à l’aide de mon sabre.


- "Que la fête commence !"


Je vois l’homme de main de Joh’Kanto qui se rue vers nous, mais mon allié lui balance la main de Poi’son au visage, ce qui le déstabilise suffisamment pour que je puisse le taillader et sceller son sort au passage. Je penche ma tête, ce qui lui permet de récupérer le surin qu’il avait planqué lors de ma « capture » mais je lui laisse de toute manière mon second sabre, il en aura sûrement besoin pour affronter Joh’Kanto. Je m’engage donc dans un duel contre l’homme poisson. Il pisse le sang et ça finir par s’écrouler, faut juste que je joue la montre. Et c’est ce que je fais, lui assénant une série de coups rapides qu’il a du mal à parer. Le colosse de la mer recule et se met à hurler.


- "On est attaqué ! Debout.. bande de chiens galeux !!"


Hors de question que je le laisse filer, je lance un regard à mon allié qui semble déterminé à s’occuper de Joh’Kanto, et moi, je m’élance à la poursuite de Poi’son qui tente de remonter un escalier. Saisissant ma cible par l’arrière de son pagne, je le tire vers moi de toutes mes forces pour l’empêcher de fuir et voilà qu’il dégringole pour mordre la poussière. D’autres gaillards font irruption dans le couloir pour prêter main forte à l’Avenger. Ce dernier se sent en confiance et prend même le risque de revenir au combat. J’élimine un premier sbire en le tranchant dans la longueur et par chance, c’est Yuzu qui fait irruption dans le couloir, décochant de nouveaux shurikens pour s’occuper du menu fretin pendant que je m’attaque au gros poisson.


- "J’ai manqué quelque chose ?"

- "Trois fois rien, on est à deux sur trois !"


Pendant que mon ombre s’occupe des différentes petites frappes qui affluent, l’échange au sabre se poursuit, Poi’son est un adversaire redoutable et c’est une chance d’avoir pu lui couper une main, ce qui permet d’équilibrer les forces. Sans ça, ce type, vraie force de la nature aurait sans doute eu l’ascendant. Le gaillard finit par fatiguer au bout de quelques minutes, faut dire qu’il perd beaucoup de sang, c’est déjà un exploit qu’il ait tenu si longtemps. Hors de question de le tuer, s’il peut nous apporter des infos sur ses petits copains Avengers c’est tout benef pour Cook. Je profite d’un instant de faiblesse pour lui asséner un violent coup de pied dans les côtes, il en lâche son épée et j’enfonce le clou en lui décrochant un uppercut. Poi’son neutralisé, reste ce salaud de Joh’Kanto. Je laisse notre cible défaite aux bons soins de Yuzu et reviens sur mes pas pour me rendre dans la pièce de ma pseudo torture avec un petit espoir que Joh’Kanto soit encore en vie, au moins pour assister à sa chute.

Comme il l’avait espéré, son acolyte du jour avait saisi l’idée. A l’instant où le bruit de la poignée de main de William et Poi’son résonna dans l’entrepôt, il défit ses liens récupéra son sabre qui pendait précédemment à la ceinture de son ravisseur et trancha d’un coup net et précis la main du bandit. La découpe avait été à la fois rapide et chirurgicale. Le membre resta dans les mains du jeune homme à la peau mate tandis qu’un court instant de torpeur sembla saisir la bâtisse précédemment si calme. C’était le moment d’agir. William avait l’habitude de la violence, il avait combattu de nombreuses années durant en tant qu’esclave, aussi bien dans des combats illégaux que lors de missions pour son mécène. Il n’était pas déboussolé un instant par la scène d’effroi qui venait de se dérouler, il la trouvait à vrai dire presque comique. Alors que les criminels semblaient lentement comprendre ce qui était en train de se dérouler, le jeune affranchi en profita pour garder l’initiative. Il se débarrassa prestement de la main encore pendouillante de Poi’son en l’envoyant au visage du premier venu alors que dans le même temps l’inconnu assurait ses arrières en parant un coup de sabre venant droit vers lui. Il avait l’air d’être plutôt habile au sabre, il était bon de savoir qu’il ne comptait pas se retourner contre lui. Ils étaient donc potentiellement deux, voire trois, contre la troupe. Le combat semblait pouvoir être gagné dans ces conditions.

Les festivités étaient désormais entamées, d’un geste rapide, l’homme se penche afin de rendre le poignard-matraque de verre improvisé à son créateur, charmante attention songea William en le récupérant par politesse. Plusieurs sbires se jetèrent grossièrement à l’assaut du jeune homme à la peau mate. L’attaque était balbutiante et non réfléchie, ils étaient encore transis par la peur. Tant mieux. « Low Morrision » Le justicier d’un jour balaya tout ce beau monde d’un coup de pied fauché rotatif au niveau des chevilles. Il termina son ballet pédestre en envoyant le poignard de verre directement à la gorge du premier sbire fraîchement fauché. Le second cria d’effroi avant de se faire embrocher par un sabre. William n’avait pas pris la peine de sortir l’arme de son fourreau. Il l’avait enfoncé, violement à travers le corps de son adversaire, broyant os et tissus au passage dans un bruit mat. Le dernier sbire qui s’était lancé à l’assaut sans réfléchir tenta de se relever en trébuchant pour s’enfuir. D’un bond, William s’éleva dans les airs et retomba sur sa cheville, la réduisant net en poussière. Un cri de douleur déchira l’entrepôt, suivis d’un deuxième (il venait de lui broyer le poignet cette fois-ci).

Le chasseur de primes s’arrêta un temps pour se recoiffer, il ne restait plus que 3 personnes en état de combattre dans la pièce. Joh’Kanto, un sbire, et lui-même. Le reste du menu fretin avait dû se scinder afin de partir avec Poi’son. Vu la normalité avec laquelle l’autre homme avait découpé, trucidé, et estropié les hommes sur sa route, il ne s’inquiétait pas réellement de son sort.

« Casse-toi » lâcha-t-il à voix haute sur un ton froid tout en récupérant le sabre de l’abdomen du sbire où il l’avait planté. Naïvement Joh esquissa un mouvement.

« Joh Joh voyons, tu te doutes bien que ce n’est pas à toi que je M’ADRESSE * acheva-t-il tout en envoyant le sabre se planter dans le dos du sbire qui avait pris ses jambes à son cou * Toi et moi on a encore des choses à se dire. Allez, assieds-toi »
Joh avait beau ne pas avoir énormément de neurones, il avait l’instinct de survie. Il avait compris que les cartes n’étaient pas en sa faveur. Il s’assit donc sans opposer de résistance.

« Bien, avant que l’interrogatoire commence, quelques règles. Premièrement, c’est moi qui pose les questions »

Joh ne répondit rien, aussi le poing de William se dirigea-t-il instantanément vers le visage de celui-ci comme pour lui apprendre la politesse. C’était visiblement, l’instant qu’il semblait attendre. Bondissant sur ses jambes il para le coup du jeune homme. William recula d’un pas par réflexe afin de maintenir une distance de sécurité. Malheureusement, alors qu'il s'exécutait, il réalisa trop tard que l’entrepôt ressemblait actuellement plus à l’arrière-cour d’une boucherie qu’à un atelier. En réalisant sa manœuvre, il glissa malencontreusement dans une flaque de sang. Voyant cela comme un signe du destin, le criminel se jeta à l’assaut en négligeant les risques.

Il tenta d’atteindre vainement le jeune homme avec une série de coups de poings cependant, étant un pratiquant du Taekwondo, William avait l’habitude de se battre dans toutes sortes de positions avec un centre de gravité en déséquilibre. Le martialiste ne fit rien pour ralentir sa chute au contraire il s’en servit. Envoyant également sa deuxième jambe en l’air, il enroula ses pieds autour du bras de son assaillant dans une clé de jambe et tira un coup sec dans le sens inverse. L’inertie de sa chute combinée à l’élan du coup de son adversaire acheva de faire le reste. Dans un bruit sec il venait de briser le coude de celui-ci. Poussant un grognement et des jurons, Joh’Kanto se roula en boule au sol avant de se relever. Il tenait désormais un sabre en main. La manœuvre bien que ridicule lui avait permis de se repositionner.

Sûrement shooté à l’adrénaline et à la peur il ne semblait pas ressentir de suite la douleur de ses différentes blessures, qu’à cela ne tienne. William resta immobile sur place, les sens en alerte alors que le bretteur tournait lentement autour de lui, semblant attendre le bon moment pour attaquer. Le jeune esclave lui ne bougeait pas, il attendait de voir quel moment allait choisir son ennemi pour frapper. Sans surprise, dès que Joh entra dans l’angle mort du jeune homme il se rua à l’assaut en poussant un cri hargneux. En plus de lui indiquer très clairement quand contre-attaquer, il lui révélait même sa position. C’était pitoyable pensa le jeune homme en bandant les muscles de ses bras « Air Pressure »

L’onde de choc parcouru l'entrepôt dans bruit bruit tonitruant. Elle déstabilisa le primé quelques instants, instants qui suffirent à William pour faire volteface. Il s’était accroupi par précaution et se retrouvait maintenant en parfaite position pour se ruer vers son adversaire. Se propulsant à l’aide de ses jambes il arriva en une traite devant celui-ci qui se mit aussitôt en garde avec le seul bras valide qui lui restait « Guard hooker » Se servant de sa jambe comme d’une faucille il décala le sabre devant Joh au lieu de le viser directement lui au corps. Ainsi à sa merci, garde découverte William acheva son enchaînement en projetant sa deuxième jambe dans les airs « Baekdu » Son genou envoyé à toute allure vint s’écraser sur la tempe de Joh. Du sang afflua directement dans ses yeux globuleux tant le coup fut violent. Il s’effondra en lâchant un dernier soupir, le coup l’avait frappé avec fulgurance et précision c’était un K.O en bonne et due forme.

Arrivé dans la pièce où s’était produit mon pseudo-interrogatoire, je découvre avec déception que Joh’Kanto pique un roupillon. Mon allié de circonstance est victorieux et ce n’est en réalité pas plus mal. Le type essuie mon sabre sur les fringues d’un des macabés et me le tend après un petit instant d’hésitation. C’est censé, si j’avais été le plus cupide des chasseurs de prime, j’aurais certainement cherché à l’éliminer histoire de ne pas avoir à partager les primes. Mais j’estime que tout travail mérite salaire et ce type a fait sa part. Je tends alors la main pour récupérer ma lame en hochant la tête.


- "William. Vous en avez après leurs primes n’est ce pas ?"

- "Appelle-moi Wes, juste Wes. On s’attaque au morceau oui. Merci pour le coup de pouce d’ailleurs."


Était-ce une preuve de faiblesse de donner son nom au premier venu ? Pas vraiment, dans ce genre de milieu on avait bien vite fait d’oublier ou de liquider la concurrence si ça venait à poser problème. Je récupère mon sabre et le rengaine à ma ceinture, sans doute n’en aurai-je pas besoin tout de suite. Ce William était plutôt efficace, Joh’Kanto était en vie, Poi’son également, un résultat plutôt correct en sachant que le troisième lascar ne tarderait pas à rappliquer. Yuzu arriva alors, m’expliquant qu’elle n’avait pas eu d’autre choix que de cautériser le moignon de l’homme poisson une fois ligoté. Un prisonnier mort n’était effectivement d’aucune utilité.

Bordel nettoyé, corps des sbires et nouvelles recrues des Avengers planqués, Joh’Kanto et son comparse étaient désormais ligotés et à notre merci. Et c’est le crâne lisse qui se réveilla en premier, manifestement dégoûté de voir que les rôles étaient désormais inversés. Le gaillard essaya de se libérer, se débattant comme un forcené mais les liens étaient beaucoup trop serrés.


- "Tiens tiens tiens… Bien dormi ?"

- "Enfoiré tu t’es bien foutu d’ma gueule…" pesta le prisonnier en lançant un regard noir à William.

- "On va attendre l’arrivée de votre petit pote. Et en attendant on va causer. Tu vas donc devoir nous dire tout ce que tu sais sur le reste de la bande…"

- "Allez vous faire foutre ! J’vous dirai que dalle."

- "Comme tu le sens… Mais j’ai dans l’idée que ce gars-là sait délier les langues. À toi de voir…"


Je recule de quelques pas pour me poser juste à côté de Yuzu en espérant que ce tocard se mette à table rapidement. Si le troisième gus venait à se pointer entre temps on aurait sûrement rapidement du pain sur la planche. Et j’ai l’intuition que William est du genre à connaître son sujet concernant les interrogatoires. Reste à savoir si on aura besoin de le cogner pour obtenir des réponses ou si le gars va se mettre à table par peur de dérouiller trop sévèrement. Yuzu me jette un regard, le genre de regard qui désapprouve la méthode et qui interroge sur notre nouvel allié de circonstance. Nous ne savons effectivement pas encore si il est digne de confiance, mais jusqu’à présent, William nous a prouvé que c’était le cas. Reste à espérer que Joh’Kanto donnera des noms avant l’arrivée du dernier élément de ce trio de crapules. Parce que d’après sa réputation, il risque de foutre un beau bordel dans cet entrepôt si on ne le maîtrise pas rapidement.

Son acolyte du jour revint dans la salle de l’entrepôt. Comme il l’avait présumé, il avait fini d’accomplir sa besogne avec succès. L’état déplorable dans lequel était Pois’on était suffisant pour deviner qu’il avait dû passer un sale quart d’heure. William essuya le sabre de son allié sur lequel il restait diverses taches de sang, cartilages et autres joyeusetés des corps humains qu’il avait joyeusement charcuté avant de le tendre à son possesseur.

- "William. Vous en avez après leurs primes n’est ce pas ?"

- "Appelle-moi Wes, juste Wes. On s’attaque au morceau oui. Merci pour le coup de pouce d’ailleurs."

Ils furent bientôt rejoints par son alliée. Visiblement, ces chasseurs de primes opéraient en duo. C’était plutôt logique. Peu de gens évoluaient en cavalier solitaire sur ces mers, William devait bien être l’un des seuls. En même temps, on ne pouvait pas réellement dire qu’il avait commencé à voguer sur le désert bleu de ce monde. Il se cantonnait jusqu’à présent à la même vie monotone qu’il connaissait bien. Il avait pour ainsi dire pris part à cette chasse à la prime par pur hasard. Contre toute attente, il avait trouvé l’entreprise plutôt ludique, se battre, éliminer des criminels et être rémunérés pour cela. C’était vraiment le pied. Pendant que la jeune femme faisait son rapport à celui qui semblait être le leader de leur groupe, ils s’attelèrent à remettre un peu d’ordre sur cette scène d’effroi. Nettoyage, rangement, et ligotage des prisonniers. Une fois la chose faite, Wes s’avança vers Joh’Kanto qui venait de retrouver ses esprits.

- "Tiens tiens tiens… Bien dormi ?"

- "Enfoiré tu t’es bien foutu d’ma gueule…" Pesta le prisonnier en lançant un regard noir à William.

- "On va attendre l’arrivée de votre petit pote. Et en attendant, on va causer. Tu vas donc devoir nous dire tout ce que tu sais sur le reste de la bande…"

- "Allez vous faire foutre ! J’vous dirai que dalle."

- "Comme tu le sens… Mais j’ai dans l’idée que ce gars-là sait délier les langues. À toi de voir…"

-Je suppose que tu ne vas pas parler facilement alors, que le spectacle commence.

William alla chercher un seau dans l’entrepôt qu’ils avaient précédemment utilisé pour nettoyer l’entrepôt du mieux qu’il pouvait. Il le jeta devant Joh, à un peu près 1 mètre de lui. Son contenu déborda légèrement, une jolie mixture brunâtre qui tirait légèrement sur le rouge. Un mélange de crasse, de sang et d’eau. Le jeune affranchis sortis un poignard de sa poche (il l’avait précédemment récupéré sur un des sbires morts). Tout en faisant mine de se curer les ongles il alla réveiller Poi’son d’un violent coup de pied dans la poitrine. L’homme poisson poussa un cri de douleur tout en se réveillant en sueur. Il déblatéra toute une série de jurons mêlés à un discours grandiloquent sur toutes les horreurs qu’il allait faire subir à la bande de raclure que nous étions pour avoir osé appréhender des criminels. Le jeune homme à la peau mate attendit patiemment que l’homme poisson eu fini pour reprendre la parole. Une fois le silence revenu dans la pièce. Il poussa du pied le seau au contenu ragoûtant devant Poi-son tout en plantant le poignard dans la cuisse de l’homme qui s’était montré un peu trop loquace à son goût.

« Le seau, c’est pour le vomi. Le poignard, c’est … Parce que j’en avais envie. Voilà comment ça fonctionne ici. Vous êtes attachés, je suis armé. C’est donc moi qui pose les questions, et c’est moi qui décide quand est-ce qu’on parle c’est clair ? *Aucune réponse* C’est clair ? *répéta calmement le jeune homme d’une voix calme.

-Je garderais la bouche fermée aussi longtemps que j’en ai envie, c’est pas une sous-merde prépubère dans ton genre qui va me forcer à l’ouvrir t’as compris ? Imprime bien ça dans ton crâne d’imbécile.

-C’est vraiment ce que tu penses ? Que je ne peux pas te délier la langue ? »

William asséna une violente claque à l’homme poisson. La violence du coup lui releva la tête, tête qu’il en profita par saisir par les cheveux fermement. Il tira sur les cheveux du malfrat, lentement, d’une poigne de fer, pour lui incliner la tête en arrière. Il ne voulait pas que Joh’Kanto rate une seule seconde du spectacle.

« Joh, je veux que tu regardes bien ce qui va se passer. Visiblement, ton ami se prend pour un dur mais il semble avoir oublier une chose. Si la volonté et la détermination sont des qualités, la violence est une solution qui résout tout. Il suffit juste de l’employer de la bonne façon. Par exemple, ton acolyte ici présent pense qu’il va pouvoir garder sa bouche close mais si je plante le poignard que j’ai entre les mains dans sa joue *Joins le geste à la parole* Et que je tire d’une geste précis *Lui sectionne la bouche d’un geste sec* Qu’est-ce qu’on obtient ? On obtient une bouche ouverte. C’est fou ce qu’on peut faire non ? »

La guelue de Poi’son pissait littéralement le sang. Une cascade continue de liquide rougeâtre et poisseux s’écoulait dans le sang qui était devant lui. William donna un violent coup dans la chaise de Joh’Kanto. Brisant un pied de celle-ci, le malotru s’écrasa tête la première juste à côté du sol. A en juger par le bruit, son nez avait été fracturé dans la chute mais, on était plus à ca près.

« Mmh, c’est mieux t’es aux premières loges maintenant. Qu’est-ce qu’il avait dit d’autre comme conneries déjà ? Ah oui, que je ne pourrais pas lui délier la langue. Je pourrais facilement l’attraper et la lui sectionner mais vois-tu je suis contre la violence gratuite. Et puis, tu m’as l’air un peu plus malin que lui non.
Alors comme t’es un peu palot ce qu’on va faire c’est que je vais te rafraichir les idées. Juste pour être sûr que t’essayes pas de nous raconter de conneries toi non plus et puis tu vas gentiment répondre à nos questions »

Sans laisser le temps à Joh d’acquiescer ou de déblatérer plus d’âneries il attrapa l’homme par le col et lui plongea la tête dans le seau. Ligoté, affaiblis par le combat et sûrement transis par la peur, il ne pouvait que se débattre du mieux qu’il pouvait. William laissait volontairement la tête de l’homme sortir du seau de temps en temps, juste quelques secondes pour être sûr qu’il ne se noie pas dans le mélange de crasse, d’eau et de sang qu’il y avait dans le récipient. Il continua ce petit manège quelques instants avant de sortir définitivement la tête de l’homme du seau.

« Wes, il est tout à toi maintenant » Lâcha joyeusement le jeune homme tout en essuyant ses mains.

On peut dire que le petit William ne fait pas dans la dentelle. Tant mieux, même si la torture n’est vraiment pas ma méthode, c’est tout ce qu’ils méritent. Après avoir malmené les deux gus, il me laisse poursuivre la « discussion » et c’est un Joh’Kanto visage couvert d’un liquide crasseux et sanguinolent qu’il me laisse. Le type est haletant, il à du mal à respirer, sûrement que son pif est rempli de ce liquide degueu. Je me relève légèrement par le col pour pouvoir le regarder dans les yeux. Le voilà beaucoup moins fanfaron que tout à l’heure et j’ai une petite voix dans ma tête qui commence à me dire qu’il est temps de lui rendre la monnaie de sa pièce. Rien de plus simple pour moi, il me suffirait de dégainer l’une de mes lames et de lui enfoncer tout doucement dans la bouche. Mais je n’en ferai rien, il nous faut des infos sur les Avengers.


- "Bien. Je pense que tu sais à présent que mon camarade ici présent ne s’encombrera d’aucun remords. Je vais donc te le demander de nouveau. Lâche nous les infos que tu as sur la localisation de tes potes. Furax, Beruko.."

- "Je sais rien… Y’a que.. Thor qui pourrait.. vous dire ce genre de trucs… putain j’en sais rien…" s’etouffe-t-il.

- "Pourtant t’as dit aux types dans la taverne que tu obéissait aux ordres directs de Furax… C’est drôle, mais j’ai encore l’impression que tu te fous de ma gueule…"

- "Je sais pas.. je sais pas ou est Furax.. je le jure.."


Je soupire, déçu de l’absence de coopération du lascars. Rapide coup d’œil à son compère, qui s’est évanouit. Il a perdu pas mal de sang donc je dirais qu’il a besoin de repos. Va falloir continuer à interroger Kanto… Il a pourtant l’air plutôt sincère, j’ai presque des remords mais le boulot c’est le boulot. Je pourrais le laisser à William, mais j’ai la sensation qu’il risque de le tuer. Et j’ai encore des comptes à régler avec lui mine de rien. Je lui donne un violent coup de pied dans les côtes, juste retour des choses, avant de le saisir par le col et de le traîner jusqu’au sceau. Le type se débat mais je sens qu’il est en train de flancher, il est déjà à bout de souffle. Je plonge sa tête dans le liquide poisseux pendant quelques secondes avant de la relever, le type tousse.


- "Toujours rien ? Bien… On prend une grande inspiration allé…"

- "Attends.. Att.. ATTENDS.. !" me hurle Joh’Kanto.

- "Quoi ? La mémoire te revient ?"

- "Furax me tuera…"

- "Hé j’crois bien que nous aussi… Parle et tu vivras. Tu as ma parole."


Le gars hésite, je vois qu’il est prêt à causer mais on est interrompu par une arrivée fracassante. Une vitre explose et un type entre dans la pièce dans un flash de lumière. Un gars musclé, bouclier et marteau foudroyant en main, pas de doute possible, voilà le troisième membre du trio. Je lâche Joh’Kanto et dégaine mes sabres rapidement, prêt à luter pour neutraliser le nouvel arrivant.


- "Personne.. Ne s’en prend.. À ma famille !!"

- "Regardez qui vient se joindre à la fête… Yuzu, embarque Kanto."


La jeune femme s’exécute, dégage notre prisonnier affaiblit de sa chaise et lui colle une lame sous la gorge au cas où il lui viendrait l’envie de tenter quelque chose. Tous deux quittent la pièce, nous laissant William et moi face à Thor. On ne va pas se mentir, le type a l’air en rogne et pas qu’un peu. Il fend l’air de son marteau, projette une arc électrique dans la direction que je parviens (je ne sais par quel miracle) à dévier avec mes lames, prenant au passage une bonne châtaigne qui me projète en arrière. Il est temps de passer au suivant et de mettre un terme à cette mission. Dans l’idéal il nous le faudra vivant, mais j’ai l’intuition que ce sera plus compliqué que pour les deux autres.

Alors que l’interrogatoire allait bon train, la joyeuse troupe fut interrompue par une entrée fracassante. Déboulant à travers la vitre le dernier larron tant attendu se joignit enfin à la fête. Armé d’un bouclier et d’un marteau l’homme se voulait imposant.

- "Personne.. Ne s’en prend.. À ma famille !!"

Son arme crépitait d’un bleu électrique, c’était la première fois que William voyait une telle chose. Était-ce un utilisateur de fruit du démon ? Un cyborg ? Il faut dire que sur son île, et, en tant qu’esclave de surcroît, il n’avait pas eu le luxe de croiser beaucoup de diversité en termes d’autochtones. Il avait bien croisé le fer 2 3 fois durant ses missions avec des maudits des flots mais jamais rien de comparable. Comme pour confirmer ses craintes la réplique carbone d’un guerrier nordique fendit d’un geste de marteau vindicateur tandis qu’un arc bleuté émanait de l’extrémité pour venir cibler directement Wes. L’attaque fusa à toute allure et fut parée de justesse par le jeune bretteur à l’aide de ses 2 sabres. William ne bougea pas d’un cil. Il ressentait un mélange de fascination et de peur. C’est la première fois qu’il voyait la foudre de si près et elle avait un aspect pour le moins …. Fascinant.

Alors que les minutes s’égrainaient, le jeune affranchi restait là silencieux sans bouger au milieu de la pièce. Les arcs de foudres fusaient de toute parts claquant dans le silence dans l’entrepôt tandis qu’il voyait la scène presque hors de son corps. Finalement, ce qui devait arriver arriva. S’étant lassé de faire étalage de sa puissance et de son simili-affrontement avec Wes, l’homme au marteau de foudre se décida à viser l’homme à la peau mate. L’éclair fusa et frappa le chasseur de primes dans l’épaule. La secousse le projeta au sol sans autre forme de jugement, laissant apparaître là où se trouvait précédemment ses vêtements une trace d’impactante encore fumante. A défaut de s’être révélé mortelle, la secousse avait au moins eu le mérite de réveiller William. Il se releva péniblement et recoiffa ses cheveux qui étaient tout ébouriffés.

« Ok c’était … Fascinant. Et maintenant, laisse moi te montrer de quoi je suis également capable »

Le chasseur se rua vers son adversaire à peine sa phrase terminée, il avait jeté toutes ses forces dans cet assaut, bandant les muscles de son corps au maximum il ne lui fallut que quelques secondes pour atteindre son adversaire. « Guard Hooker » Utilisant son pied comme une faucille, William avait fait mine de viser la tête de son adversaire avant de décaler son pied sur le marteau pour ouvrir sa garde. Thor était vulnérable. Le chasseur de primes envoya sa main droite vers la gorge du criminel avant de l’arrêter « Ok, 1 partout »

« Ah ouais, t’es un marrant toi. Goutes ça, tu m’en diras des nouvelles »

Thor relâcha de la foudre de son marteau, William fut à la fois pris de vitesse et de surprise. Sa jambe fut éjectée du marteau tandis que Thor se replaça en arrière d’un bond. William étira une grimace de douleur, sa jambe était tétanisée par le choc. L’heure de la plaisanterie était terminée, les arts martiaux pratiqués par le jeune esclave reposaient en grande partie sur son jeu de jambes et il ne pourrait pas continuer de fanfaronner bien longtemps une fois estropié. Sa jambe était d’ailleurs, encore parcoure de tremblements. Il se releva et déchira son tee-shirt, laissant apparaître son corps à la fois athlétique et maqué des diverses cicatrices reçues lors de sa vie d’esclave. Il était temps de passer aux choses sérieuses.

« Wes. Tu te souviens de la technique que j’ai utilisée dans la ruelle ? Il va falloir être réactif. Mort toi la joue au moment où tu l’entendras. Aussi fort que tu le pourras, jusqu’au sang s’il le faut. Le seul moyen de la contrer et de produire un contre-choc d’un degré similaire »

Une fois le secret de sa technique révélé à son allié, William effectua un garrot autour de sa jambe afin d’en calmer les tremblements.

« Je vais avoir besoin de quelques minutes pour récupérer, je te couvre. Si je vois la moindre ouverture, je déclencherai ma technique pour te laisser l’opportunité de frapper. Attention, tu n’auras qu’une seule chance »

Q’une seule chance hein.. ? Le pirate ne compte manifestement pas nous laisser nous organiser correctement. Il fend l’air de son marteau pour projeter un nouvel arc de foudre, que j’esquive avec difficulté puis il me fonce dessus. Je lui décroche une première attaque rapide, qu’il contre d’un violent coup de bouclier avant de surenchérir en frappant à l’aide de son marteau. La masse passe à quelques centimètres de mon visage et je n’ose imaginer les dégâts si je n’étais pas parvenu à l’éviter in extremis. L’objectif ? Gagner suffisamment de temps pour que William puisse répliquer. Je repars donc à l’assaut, multipliant les attaques tailladantes mais rien n’y fait, mon adversaire sait manier le bouclier. L’une de mes lames finit par se tanquer dans le pavois de bois bloquant ce dernier sur le coup.


- "Maintenant !" hurla William.


Le jeune homme plaque ses deux mains, l’une contre l’autre, afin de déclencher une onde de choc similaire à celle qui m’a perturbé un peu plus tôt dans la ruelle. Aussitôt, je me mordille l’intérieur de la lèvre et comme annoncé, ça m’aide à résister à la technique du bronzé. Mais la chose ne se passe pas forcément comme prévu et Thor fend l’air en direction du jeune homme qui vient de l’attaquer par surprise afin de projeter la foudre dans sa direction. Le jeune homme esquive de justesse, mais son assaillant ne laisse pas tomber sa contre attaque, il me repousse et lâche son pavois avant de fondre sur William.


- "Vous m’prenez pour un demeuré ?! Tu crois que j’tai pas entendu ? Tu crois que je l’ai pas v’nu venir ?! Crève !!" hurla Thor avec rage.


Il lève son marteau au dessus de sa cible et l’abat, fendant l’air avec force. Sans doute a t il lui aussi fait en sorte de se mordiller l’intérieur de la lèvre pour résister à l’attaque déstabilisante. Mais contre toute attente, le marteau ne produit rien du tout, aucune étincelle, pas même un son. Je saisis ma chance et bondit derrière lui, afin de frapper de mes deux lames et de lui taillader le dos violemment en forme de croix.


- "Celle là tu l’avais pas vu venir hein.. ?"


Déstabilisé par mon attaque et surpris de se retrouver soudain à court de jus, il n’anticipe pas la réaction de William, qui se remet sur pied en un clin d’œil et lui décroche un uppercut d’anthologie. Thor vacille en arrière et j’en profite pour lui coller un violet coup de pied dans le cotes, le balayant sur le côté pour l’envoyer contre la table où étaient disposés les instruments de torture plus tôt. Troisième adversaire hors d’état de nuire et le meilleur, dans tout ça, c’est qu’ils sont tous vivants. Pour l’instant…

Reste plus qu’à les livrer sur un plateau à « La Légende ». Quoique… Je me retourne en direction de William, même si son attaque n’a pas fait mouche comme on s’y attendait, l’effet de diversion était au rendez-vous. Là encore, sa participation fut vraiment appréciable. Ce qui signifie qu’un partage de la récompense serait sans doute judicieux.


- "Bien joué… on va ramener ces types à une antenne du Baroque Works… J’imagine que tu veux ta part ?"

- "Ça ira." dit le jeune homme les yeux rivés sur le marteau au sol.

- "Me dis pas que tu fais ça bénévolement… Tout travail mérite salaire William. Viens avec nous."


William ramassa le marteau et quitta la pièce en silence, se contentant de lancer un "on se recroisera peut être Wes." en passant, puis sortit, me laissant tout seul au milieu de ce taudis.




Prisonniers solidement ligotés, bâillonnés et chargés sur le navire de Cook, ce dernier vint nous féliciter et m’informa que Joh’Kanto avait finit par se mettre à table, donnant la localisation de Beruko, par crainte de retomber entre les mains des chasseurs de prime pour un second interrogatoire musclé. Une fois que les infos données auraient été vérifiées, Cook me recontacterait très afin de poursuivre la traque des Avengers. Sans doute allait il s’affairer à faire cracher les infos que le trio ne souhaitent pas dévoiler. Je lui fais confiance, je sais que Thor et ses deux potes sont entre de très bonnes mains. « La Légende » déposa notre récompense sur le sol dans un gros sac noir et grimpa sur son navire pour mettre rapidement les voiles vers sa prochaine destination. Quand à moi, je ramassai le sac et reprit la route de Lavallière en compagnie de Yuzu pour prolonger notre séjour sûr Boréa. Après tout, on peut bien s’octroyer un peu de détente entre deux chasses.

Le combat faisait rage entre Wes et Thor. Échangeant moult coups et parades, les éclairs volaient dans tous les sens donnant un aspect presque fantastique à la scène. La décharge qui avait frappé William s’était estompée, mais il ne s’en n’était pas rendu compte tant il était absorbé par le ballet des deux protagonistes. Usant de son bouclier autant qu’il pouvait, le jeteur de foudre tentait tant bien que mal de tenir la cadence et pourtant, c’était imperceptible mais petit à petit, échange après échange, un œil avisé pouvait se rendre compte que le chasseur de primes grignotait lentement mais sûrement du terrain. C’était presque imperceptible tant la scène était chaotique et pourtant. Continuant à enchaîner esquive et coups de sabre avec hargne, Wes finit par enfoncer son épée dans le pavois de son adversaire. C’était le moment,le moment pour le jeune esclave d’agir. Il banda encore une fois les muscles de ses bras et sentit un tiraillement. Il avait trop utilisé cette technique aujourd’hui et le choc de l’éclair ayant tétanisé ses muscles n’arrangeait pas les choses. Tant pis songea-t-il, il fallait tout de même essayer. Rassemblant ses forces, il frappa une fois encore dans ses mains pour produire une onde de choc. La vague sonore partit en direction des combattants mais, elle était bien moins puissante que les précédentes, trahissant la fatigue accumulée de William durant cette longue journée. L’effet produit ne fut pas celui escompté.

Fier de lui, mais un peu trop sûr, Thor envoya une énième décharge électrique en direction de William. Comprenant au vu de son état de fatigue avancé que sa vie était cette fois ci en jeu, il esquiva de justesse, réussissant à s’arracher de la torpeur presque hypnotisante des éclairs pour contre attaquer immédiatement. Il envoya son pied rebondir contre le bouclier de son adversaire afin de briser l’échange et créer de la distance. Levant encore une fois son marteau pour sévir, le malotru semblant de retrouver à court de jus. William soupira en pensant qu’il était bien triste de placer un tel outil de destruction entre les mains d’un tel fainéant. « C’était ta dernière erreur l’ami » lâcha-t-il avant de le frapper violemment. Titubant en arrière Wes acheva de le mettre hors-jeu leur adversaire qui ne savait visiblement rien faire d’autre qu’agiter son arme dans tous les sens.

- "Bien joué… on va ramener ces types à une antenne du Baroque Works… J’imagine que tu veux ta part ?"
- "Ça ira." Répondit-il en se dirigeant pour ramasser le marteau de Thor « Hop, confisqué »
- "Me dis pas que tu fais ça bénévolement… Tout travail mérite salaire William. Viens avec nous."
« Baroque Works hein *Chuchota-t-il pour lui-même* on se recroisera peut être Wes.


Le jeune homme quitta les lieux, il en avait eu pour son lot d’aventures. Bien qu’il avait fortement contribué à la traque de ces individus, il ne pouvait nier que c’était avant tout la mission de Wes. Il ne connaissait rien au monde des chasseurs de primes, mais la dernière chose qu’il souhaitait était de se chamailler pour la récompense. Peut-être aurait-il dû l’évoquer plutôt ? Quoiqu’il en soit, ce prodigieux marteau ferait office de salaire. Nul doute qu’il pourrait le revendre à bon prix. La technologie le composant était tout bonnement époustouflantes pensait-il alors qu’il reprenait le chemin de la ville. Repos bien mérité !