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Le Nerf de la Bière



Le Nerf de la Bière


Flashback Proche
✘ Quête Cambriolage




Des heures que j’étais là, à tourner mon bourbon dans son verre en le faisant couler dans ma gorge par intermittence, toujours régulier. Je réfléchissais, enfin c’était ma façon à moi de le faire lorsque la question s’avérait importante et qu’elle trottait trop longuement dans mon esprit. Que faire à présent. Je voyageais à bord d’une maison juchée sur le dos d’un cochon géant de vingt cinq mètres de haut, certes. Cependant, je n’avais aucun but précis, atteignable dans l’immédiat tout du moins. Aucune perspective, mis à part la vision floue d’un futur empli de richesse. Mais, bastonner des types et voler quelques bourses de nobliaux n’est pas un business durable, je valais mieux que ça. C’était si clair dans ma tête, et pourtant.

« J’vé t’dir, si j’vais un tri-hic-pot comme le ti..tiens, j’en fe-ferais une merveille ! » m’exclamais-je en posant mon torse sur le bar, quasiment debout sur mon tabouret, pour m’approcher d’un barman qui semblait légèrement exaspéré.

« Ouais, ouais. » répondit-il, évasif, occupé à servir les autres clients et à s’occuper de son bar.

Ce n’était pas le propriétaire, un simple barman un peu trop jeune, un air hautain et désintéressé, dans le début de vingtaine, un écart bien suffisant pour que je le prenne de haut.

« Hic, ‘vé t’dir c’qu’y faut à c’monde. » commençais-je en buvant dans mon verre à la fin de ma phrase. « Une taverne ambulante, mon pote ! » m’exclamais-je, droit sur mon tabouret en ouvrant les bras. « Oué j’sé, oué j’sé, idée de génie, mais chuuuut. » finis-je en plaçant mon doigt droit sur mes lèvres.

Le barman me regardait peu convaincu, avant de jeter un œil à sa montre et de quitter son bar. Trouvant l’occasion un peu trop belle, j’attrapais la bouteille de bourbon de l’autre côté pour remplir mon verre, avant de la replacer pile au même endroit, jetant des regards furtifs autour de moi pour m’assurer que personne n’avait remarqué la manœuvre.

« Eh toi ! C’est quoi ces manières ?! » s’écria une voix grave et puissante.

Un homme plutôt grand, large d’épaule avec un visage patibulaire et une cigarette fumante entre les dents apparut derrière le bar, soulevant le battant de passage. Je m’étais figé après qu’il ait parlé, pensant que cela m’était adressé. Il était vêtu d’un tablier noir sur une chemise blanche simple.

« Eh Gamin, c’est à toi que j’cause ! » s’exclama l’homme, tourné vers quelqu’un qui devait se trouver derrière moi. « Tu quittes ton service sans rien dire, sérieux ? Ça sert à rien de revenir demain, parce que t’es viré pauv’ merde ! » reprit-il plus fort, sourcils froncés et une veine battant dangereusement sur sa tempe en pointant le jeune gars d’un doigt menaçant.

Je me tournais sur mon tabouret pour voir le jeune barman quitter l’établissement, rouge comme une pivoine et à présent sans emploi. L’homme qui avait prit sa place devait être le propriétaire vu comment il avait réagit, il attrapa une bouteille et commença à se servir un shot.




« Putain, c’est si difficile de trouver quelqu’un qui sait faire son boulot ? » grommela-t-il dans sa fine barbe châtain en buvant son shooter aussi sec.

« Des blems, chef ? » lui demandais-je alors en tapotant le bar à côté de mon verre vide.

Le patron sortit aussitôt la bouteille de bourbon sans que je ne l’ai vu faire le moindre geste, mais vu comment j’étais saoul ce n’était pas si étonnant. Il me servit d’un geste expert et reposa la bouteille derrière le comptoir.

« Ouais, les galères de la Basse Ville habituelles. » souffla-t-il avec tristesse, tirant une longue latte sur sa clope avant de recracher un épais nuage de fumée au-dessus de sa tête. « Depuis la révolution de Goa, tout le monde délaisse ces lieux et va emménager dans le Centre Ville. Y a plus qu’là-bas qu’il y a assez de monde pour faire des profits pour un tripot comme le mien. »

Je bus une rasade de bourbon, sentant le liquide chaud descendre mon œsophage. Je ne connaissais pas vraiment l’histoire de la République de Goa, seulement les grandes lignes, mais je hochais la tête en écoutant parler le patron du bar qui en avait apparemment gros sur la patate.

« Maintenant y a des tavernes qui ouvrent partout dans le Centre Ville, les bâtards. » grogna-t-il en se resservant un shot qu’il but aussitôt. « Rah ! Ça vole et ça bute du bourgeois mais, quand la Marine intervient pour remettre de l’ordre, ça fait comme tout le monde et ça rentre dans le rang. » continua-t-il en frappant le comptoir d’un poing rageur. « Ce petit bâtard de Geoffroy Theodorius, c’était un gars de chez nous, de la Basse-Ville, et quand tout a pété dans le coin il s’est frayé un chemin comme une petite fouine pour monter un business dans le centre. Il bossait pour moi ce p’tit enfoiré, et de la reconnaissance pour la bonne poire qui l’a sortit du caniveau ? Non Monsieur ! Certainement pas ! »

J’avais du mal à suivre, et un sacré mal de crâne avec ça. J’encaissais bien l’alcool, mais cela faisait déjà plusieurs heures que j’étais là à picoler, autant dire que je n’étais pas au mieux de ma forme et de ma concentration.

« Et..et pourquoi vous lui niq-hic niquez pas son coup ? » hoquetais-je maladroitement en levant un doigt interrogateur.

« Hm, j’y ai pensé figures-toi. » commença-t-il en remplissant mon verre et le sien. « Mais le salopard s’est acoquiné avec un noble qui souhaite faire profil bas, ça se comprend en même temps. Mais voilà, il a de l’oseille à disposition, le coin est bien gardé par la 236e... » énuméra-t-il comme s’il avait déjà bien réfléchit en détails à un plan pour voler dans les plumes de son ancien employé. « En plus de ça il passe par mon ancien fournisseur...quelle belle bande d’enfoirés. T’sais quoi ? »

« Queuwa ? » buggais-je en arquant un sourcil, en essayant tout du moins.

« J’vais l’faire, j’connais son itinéraire et les heures de livraison, faut juste que j’trouve des gars prêts à se salir les mains. » fit-il, pas inquiet pour un sou que je sois témoin de cette conversation qu’il avait plus avec lui-même qu’avec moi.

« B’soin d’un coup d’main ? » demandais-je, sentant la bonne affaire poindre son nez.

« Qu’est-ce que t’y connais en cambriole toi ? » répondit-il perplexe.

« Z’avez d’vant vous un fier voleur professionnel, mon bon monsieur. » fis-je alors en mimant une révérence, manquant de tomber de mon tabouret lorsque celui-ci pencha d’un côté. « Et si c’est d’la picole qu’ça livre, j’s’rais pas désintéressé, j’ai...j’ai aussi des zidées de buzzzsiness. » racontais-je en affichant un grand sourire avant de voir le regard renfrogné que me lançait le barman. « Razzures-toi, j’vais pas la poser dans le coin ma taverne, j’s’rai pas concurrent calmos. » finis-je en plaçant mes mains entre nous en geste pour calmer les choses.

Le patron se frotta la barbe de manière perplexe, semblant réellement envisager de m’embaucher pour cette mission. Après tout, il m’avait plus ou moins exposé tout son plan, les grandes lignes en tout cas.

« Ouais, y a d’l’idée. » réfléchit-il en posant ses coudes sur le comptoir, sa tête posée dans ses mains. « J’espère que ça pourra sauver ce tripot. » fit-il alors en jetant un coup d’œil circulaire à la salle qui s’était peu à peu vidée au cours de la soirée, n’accueillant déjà pas tant de monde lorsque j’étais arrivé. « Ces rues se meurent, j’sais pas où est l’avenir pour moi... » se remit-il en question avant de tendre une main vers moi. « Tu sais quoi ? »

« Queuwa ? » réitérais-je dans cette tentative ratée d’articulation.

« Je marche. On fait 50/50 et je t’expliques tout les détails, deal ? »

J’hésitais un instant puis tendis aussitôt ma main pour attraper la sienne, serrant en affichant un grand sourire ravi, et bourré.

« Putain de deal, ouais ! »




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Le Nerf de la Bière


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✘ Quête Cambriolage




J’étais partis du bar tard dans la nuit, titubant à droite puis à gauche, hoquetant de petits sauts et chantonnant des chansons paillardes. Les rues de la basse-ville de Goa faisaient peine à voir, même en étant saoul, quelques bâtiments encore intacts entourés de ruines et de maisons démontées pour les matériaux. Plus on s’approchait des remparts et moins il y avait de bâtiments toujours debout. Je n’osais imaginer la violence des combats qui avaient eus lieu, en plus de ça ils se servaient des maisons encore intactes pour reconstruire dans le centre-ville. Une zone qui avait apparemment été privilégiée par la plupart des habitants de la ville, au vu des rues désertes. En même temps, il était tard et l’œil lunaire m’observait entre deux nuages.

Je passais les murailles sans trop d’encombres, faisant profil bas en rabattant la visière de ma casquette au-dessus de mes yeux. Quelques gardes faisaient plus ou moins leur boulot, discutant surtout entre eux en jetant de brefs coups d’œil aux passants. Surtout dans le sens de la sortie, ils ne semblaient pas trop s’en soucier.

Grey Terminal était encore plus triste à voir que la basse-ville, des collines de tôles, de bois et multiples déchets calcinés occupaient le paysage alentours. Apparemment, même avant le soulèvement des anciens habitants de ces lieux, cet endroit ressemblait déjà plus ou moins à ce qu’il était en ce jour. L’aspect calciné en moins. Ça me rappelait le taudis dans lequel j’avais été livré à moi-même enfant, avec un peu plus de bâtiments dans la frange de Saint-Uréa, mais l’odeur était la même. Le désespoir, la crasse et la souffrance.

Des ombres traversaient le paysage par moments, à bonne distance et en toute discrétion. Tels des fantômes qui erraient sans but, vestiges d’une époque passée. Probablement des personnes qui avaient vécues ici depuis longtemps et refusaient de quitter les lieux malgré leur état. Décidément, cette île avait du mal à se remettre de la Révolte de Goa et, même après trois ans, les stigmates étaient toujours là.

L’île était immense et Borat était caché loin de la ville, enterré comme à son habitude lorsque l’on s’arrêtait sur la terre-ferme. À la faveur de l’épaisse forêt du Mont Corbo, nous avions trouvé une petite clairière bien cachée et assez difficile d’accès pour éviter les visites impromptues. Cependant, le coin était habité, de créatures meurtrières aussi bien humaines qu’animales et d’anciens habitants du Grey Terminal qui s’étaient établis là. Autant dire que, malgré l’immensité du Mont Corbo, la forêt était pleine d’activité. Heureusement pour Borat, son système de camouflage était particulièrement efficace, le rendant invisible aux yeux d’éventuels prédateurs. La seule chose qui pouvait attirer l’attention, c’était la maison façon chapeau pointu qui trônait fièrement sur la petite butte verte du dos du cochon géant.

Après un long moment à faire le chemin, je regagnais ladite clairière où se trouvait ma maison, deux grosses ombres tournant autour de l’édifice. Les formes, allongées et hautes comme des chevaux, se mirent à grogner en me voyant, ou m’entendant, approcher. Dans l’obscurité de la nuit dans cette forêt, je n’y voyais pas grand-chose, ne devinant ces formes qu’à la faveur de la lune. Une trouée dans le plafond végétal au-dessus de ma tête formait comme une arène dans la clairière, étalant un large cercle de lumière juste devant les marches de la maison. Je m’avançais tandis que les grosses bêtes faisaient de même, chacune d’un côté de la bâtisse. Grognant, nous entrions tous en même temps dans la lumière, dévoilant l’apparence de mes adversaires.

« Ça c’est du gros chien ! » soufflais-je, surpris et impressionné.

Une épaisse fourrure grise, des yeux jaunes brillants, des crocs aussi longs qu’une main, les loups géants qui me faisaient face n’étaient pas là pour déconner. Ils dévoilaient leurs crocs, comme une promesse de baisers mortels. Chacun d’un côté, ils s’approchaient en arc de cercle, suivant la bordure extérieure de l’arène lumineuse. J’avançais jusqu’au milieu du cercle, jetant de vifs coups d’œil à l’un puis l’autre. L’affrontement était inévitable et, à l’image de mes adversaires, mon sourire était bestial, révélant mes propres dents. Ils étaient à présent chacun d’un côté, à une extrémité l’un de l’autre. Et, alors qu’eux-mêmes s’y apprêtaient, je m’élançais à toute vitesse en direction de l’un d’eux.

Le loup plus gros qu’un bœuf raclait le sol de ses longues griffes dans sa course, laissant des sillons inquiétant sur son passage. Derrière moi, j’entendais la seconde bête s’approcher également, plus lointaine c’était déjà ça. J’arrivais face au premier, celui-ci penchant sa tête de côté en ouvrant grand sa gueule armée de crocs-couteaux. Je plongeais alors au sol, pieds en avant en m’allongeant complètement lors de ma glissade. Au-dessus de moi, je sentis le souffle chaud de la bête carnivore, quelques grosses gouttes de bave maculant mon sweat-shirt. Il claqua sa mâchoire alors que je passais sous lui, me relevant brusquement en le frappant violemment au ventre avec mon poing. L’animal géant fut soulevé à un mètre du sol, exécutant un léger vol plané dans la trajectoire du second. Les deux entrèrent en collision, glapissant à l’impact alors qu’ils tombaient au sol l’un sur l’autre.

« Bouffez ça les caniches ! » m’exclamais-je en levant un poing rageur.

Les deux loups se relevèrent, me jaugeant un instant avant de se mettre à reculer en grognant. Ils finirent par disparaître dans l’obscurité de la forêt, leurs grognements disparaissant peu à peu. Je soufflais, soulagé que le combat n’ait pas continué plus longtemps. Cependant, quelque chose me disait que ce n'était pas la dernière fois que je croiserais leur chemin. Je baillais alors en m’étirant avant d’entrer dans la maison. L’endroit était calme et étrangement froid, j’arpentais le rez-de-chaussée jusqu’à monter l’escalier qui menait à ma chambre au premier étage. J’y arrivais finalement, bien décidé à retrouver le confort de mon lit. Sans même me déshabiller, je m’y affalais en tombant en arrière. J’avais une longue journée qui m’attendait le lendemain, et beaucoup de préparations. La tête enfoncée dans l’oreiller, mes paupières commençaient à se fermer lorsque je sentis quelque chose grimper sur mon ventre. Cependant, le sommeil trop insistant prit l’avantage et je n’y fis pas plus attention.

~ Meoow ? ~




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Le Nerf de la Bière


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✘ Quête Cambriolage




Je me réveillais difficilement, la lumière du soleil perçant mes paupières en me tirant un grognement de mécontentement. En ces bois, le réveil se faisait souvent ainsi, ou au chant des rossignols. Je clignais des yeux pour mettre ma vision au point, baillant à m’en décrocher la mâchoire. Je m’apprêtais alors à me lever mais, une petite masse pesait paisiblement au niveau de mon nombril.

« Qu’est-ce que.. ? » fis-je surpris en découvrant la petite boule.

Là, enroulé sur mon ventre se trouvait un petit chat noir qui dormait tranquillement en émettant de petits grognements mignons dû à mon mouvement. Ses petites pattes patonnèrent dans le vide avant qu’il ne les place devant ses yeux et se roule plus encore en boule dans cette position. Tout d’abord surpris, je n’osa bouger de peur de déranger le petit animal. L’attrapant alors doucement, je le soulevais pour le poser sur le lit à côté de moi. Apparemment, je ne fus pas assez discret, car le chat noir poussa de nouveaux petits grognements avant d’ouvrir lentement les yeux. De petites prunelles jaunes, brillantes et m’inspirant étonnamment une certaine vivacité. Il me fixa un instant dans les yeux avant de cligner des siens très calmement, un léger ronronnement se faisant entendre comme un moteur qui démarre tout doucement.

~ Meooow ? ~

« Ouais, salut mon pote. » lui répondis-je gentiment en grattant son flanc exposé.

L’animal se roula sur la couverture en mettant son ventre en évidence. Chez certains animaux, ce geste dénotait d’une certaine confiance, exposant une partie sensible. J’acceptais l’invitation et me mis à le grattouiller pendant de longues minutes.

« Qui t’es toi, et comment t’es arrivé là, hein ? » lui parlais-je, espérant secrètement qu’il se mette à me parler comme par magie.

J’avais bien rencontré une officière de la Marine qui en était capable, ayant conversée avec Borat lors de notre arrivée à Sirup. Mais, je ne possédais hélas pas ce genre de capacité, un pouvoir apparemment hérité d’un de ces fruits du démon. J’espérais un jour tomber par hasard sur un de ces aliments donneur de pouvoir surnaturel.

Me levant finalement de mon lit, je retournais à ma petite routine matinale, bien que le midi n’était pas bien loin. Je me servis un café et m’apprêtais à gagner la terrasse au second étage lorsque, derrière moi, le petit chat noir me suivait en m’observant, grimpant sur les plans de travail ou les tables pour m’observer de plus près. Il venait parfois se frotter contre mes bras ou mes jambes comme s’il désirait quelque chose.

« T’as faim, hein ? »

Fouillant dans ma cuisine, je finis par sortir un poisson pêché la veille dans un petit étang proche de la clairière. Je le trancha dans le sens de la longueur pour l’ouvrir en deux parties et le placer dans une assiette. Les animaux savaient généralement se débrouiller comme des grands pour gérer les arêtes ou petits os et le poisson avait déjà été vidé la veille. Le chat se lécha les babines et bondit sur l’assiette tout crocs dehors. Il se mit à dévorer voracement le poisson, déchirant la chair goulûment.

J’en revenais à mon plan initial et gagnais le balcon en attrapant un paquet de clope qui traînait sur le bar. Une fois sur place, je m’allongeais confortablement dans une chaise longue en bord de balustrade. Je buvais tranquillement mon café en fumant une cigarette et en observant la forêt, les animaux qui s’y baladaient, les flaques de lumière qui perçaient au travers des cimes pour venir s’étaler au sol en parsemant les ombres. Le petit chat vint me rejoindre et fit le tour du balcon comme s’il visitait. Il finit par grimper sur la rambarde jusqu’à venir se coucher à côté de ma tête.

À l’orée de la forêt, derrière de larges buissons, je vis de petites lueurs jaunes. Des yeux pour être précis, ressemblant à s’y méprendre à ceux des loups qui m’avaient attaqués devant la maison la veille. Sauf que, cette fois-ci, il y avait trois paires d’yeux. Conscients d’avoir été repérés, les loups quittèrent leur cachette pour entrer dans la clairière éclairée. Trois grands loups grognants qui avançaient avec prudence en direction de la maison.




« Encore ces gros toutous, jamais tranquille j’te jure. » m’exclamais-je, un air renfrogné sur le visage en observant les loups qui me défiaient du regard.

Apparemment, leur petite raclée de la veille ne leur avait pas suffit. Je m’y attendais, mais je pensais avoir un peu de temps avant qu’ils ne reviennent me chercher des noises. Tirant une longue taffe, je me relevais en m’appuyant à la balustrade pour les regarder de haut, avec autant de dédain dont j’étais capable. Les trois bêtes s’étaient écartées les unes des autres, ne me quittant pas du regard. Le plus proche était au milieu, pas loin des marches qui menaient à l’entrée de la maison, à quelques mètres en-dessous de moi et à l'orée du dos dissimulé de Borat. Je grimpais alors sur la rambarde aux côtés d’un chat noir minus qui s’était également relevé en regardant les gros canidés, curieux. Le petit animal noir ne semblait pas se sentir menacé le moins du monde, tournant sa tête d’un côté puis de l’autre en les observant.

« Vous voulez pas me laisser tranquille par hasard ? » m’exclamais-je en recrachant un gros nuage de fumée.

Pour seule réponse, les loups se mirent à hurler en chœur, me poignardant de leurs yeux jaunes, dévoilant leurs crocs de façon menaçante. À mon tour, je leur rendis leur sourire et m’élançais dans le vide d’un bond. Je me mis à tournoyer dans mon vol plané, prenant de plus en plus de vitesse à mesure que je m’approchais du sol. Sous moi se trouvait l’un des loups qui écarquilla les yeux de façon particulièrement expressive à mon approche. Mais, poussé par ses réflexes animaux, il bondit vers l’arrière et je vins écraser mon pied dégainé dans ma chute au sol. Accéléré par ma chute acrobatique, mon coup enfonça le sol en un petit cratère, faisant japper le loup qui l’avait évité.

Les deux autres, plus éloignés, se lancèrent à toute vitesse alors que celui face à moi reprenait confiance. Cependant, je m’étais moi-même déjà élancé sur lui, feintant d’un côté pour éviter ses longues griffes avant d’envoyer un coup de genou sur le côté de sa mâchoire, le repoussant en jappant. Ses deux comparses m’arrivaient dessus, l’un tournant sa gueule de côté pour frapper d’un coup de mâchoire et l’autre frappant de ses griffes dans un coup horizontal. Je bondissais en avant dans un salto, jusqu’à ce que mon pied se pose sur la grosse truffe du chien qui avait tenté de me dévorer. Les griffes du second passèrent à quelques centimètres, le bout de l’une d’elles m’éraflant au torse. Prenant appui sur le museau noir avec force, je me propulsais une nouvelle fois dans les airs, le loup sous mes pieds vint mordre le sol en glapissant. Mon saut me souleva au-dessus du second, commençant à tourner sur moi-même lorsque je retomba. La vrille se termina par un coup de pied prodigieux sur le haut du crâne du loup géant qui couina en s’écrasant au sol alors que je me retrouvais debout sur sa tête. Sous moi, la bête tentait de se débarrasser de moi en commençant à se secouer. Je sautais au sol alors que le premier s’approchait de moi, plus prudemment à présent en me tournant autour à quelques mètres de distance.

« Alors, on hésite mon pote ? » ricanais-je en me penchant vers le loup.

Je n’étais pas du genre patient, et je savais pertinemment qu’attendre ne serait pas la solution dans cet affrontement. Déjà, les deux autres loups se relevaient, l’un titubant et l’autre crachant la terre que je l’avais forcé à manger. Leur tirant la langue et le bas d’une paupière comme un gamin qui en nargue un autre, je les invitais à me suivre en partant dans la direction opposée. Courant aussi vite que j’en étais capable, je m’élançais droit sur un arbre imposant au tronc large. J’entendais les deux bêtes qui grognaient dans mon dos en martelant le sol de leurs grosses pattes. Ils se rapprochaient, peu à peu et ils me rattrapèrent. Je sentis leur haleine chaude et fétide, mélange de viandes en tout genre macérées dans ses sucs gastrique, appétissant quoi. Les deux grandes mâchoires s’ouvrirent afin de me dévorer dans leur course. Mais déjà, j’avais atteins le tronc d’arbre en bondissant pied en avant, marchant de quelques pas à la verticale avant de pousser sur ma jambe et me propulser en arrière. Ainsi monté à plusieurs mètres, la tête à l’envers, je vis les deux loups se briser les dents sur le tronc et les racines, poussant un long râle de douleur. Je retombais alors au sol, ou plus exactement sur leurs queues, ce qui eut pour effet de les faire japper comme de vulgaires chiens.

« Allez, cassez-vous maintenant ! » m’écriais-je en relevant mes pieds.

Les deux canidés géants partirent la queue entre les jambes en poussant de petits gémissements plaintifs, apparemment calmés ce coup-ci. Cependant, il en restait un qui ne nous avait pas suivit jusqu’à l’extrémité de la clairière à l’opposé de la maison. Non, il était resté proche de la porte et, en y regardant de plus près je remarquais quelque chose de posé sur le perron. Le petit chat noir était descendu jusque là, se faisant sa toilette comme si de rien n’était. Face à lui, à près d’une dizaine de mètres, le loup qui grognait en le fixant intensément de sa pupille jaune brillante. Les babines de la bête géante se rétractaient pour dévoiler ses crocs, bavant intensément en voyant le petit animal. Pourtant, ce dernier ne réagissait pas, se léchant calmement la patte avec les yeux fermés, ignorant complètement l’animal trente fois plus haut que lui juste en face. En voyant cette scène, mon sang ne fit qu’un tour. Quel sentimental, une seule mâtinée et voilà que je m’étais déjà attaché au petit félin. Il devait bien avoir un maître ce chat.

Je m’élançais comme un dératé, poussant sur mes muscles jusqu’à ce qu’il me fassent mal, allant même au-delà de ça en voyant l’énorme loup s’approcher du pauvre petit chat noir. Celui-ci avait finit sa toilette et faisait simplement face au loup en tournant la tête de côté, clignant des yeux de façon innocente. Je m’approchais de plus en plus tandis que le loup faisait de même, mètre après mètre comme pour faire durer le plaisir, et ça m’arrangeait bien. Le félin leva un patte devant lui, clignant des yeux en fixant toujours le gros chien sauvage.

~ Meoooooow ~

Le chat miaula assez fort pour être audible dans toute la plaine, stoppant net un loup géant qui s’arrêta à un mètre à peine, la gueule à moitié ouverte. Il clignait des yeux à son tour, étonné de la réaction de l’animal qui lui faisait face. Mais, il n’eut pas le temps de reprendre sa constance que je vins le frapper en pleine mâchoire d’un coup de pied sauté magnifique. Porté par ma course et l’adrénaline de voir ce petit être menacé, mon attaque projeta l’animal géant à quelques mètres en tournant sur lui-même. J’atterris au sol dans un dérapage devant un animal calme, pas paniqué pour un sou.

« Ça va petite bête ? » lui lançais-je en me tournant vers lui.

~ Meoow ! ~ me répondit-il en plaçant une patte sur une oreille, faisant une tête que j’estimais être heureuse.

« Nickel mon petit gars ! » m’exclamais-je avant de me tourner vers un loup qui se relevait péniblement. « Et toi, jartes ton cul avant que j’en fasse mon repas ! » m’écriais-je en m’approchant dangereusement de l’animal.

Ce dernier ne demanda pas son reste, me jetant d’abord un regard mauvais avant de reculer prudemment puis de se retourner et disparaître dans l’épaisse forêt. Je me retournais pour m’approcher du petit chat qui n’avait toujours pas bougé et continuait de faire sa toilette. Je m’étirais, un tel affrontement étant un peu brutal comme entraînement matinal. Je sentis alors le chat noir commencer à me grimper sur la jambe, s’agrippant dans mes vêtements de ses petites griffes jusqu’à monter sur mon épaule. Il me gratifia d’un coup de tête content avant de se poser dans la capuche de mon sweat-shirt, son petit corps se lovant parfaitement. Il n’était pas lourd et, au moins, je pouvais ainsi le surveiller et savoir où il se trouvait. Proche de mon oreille, je l’entendais ronronner dans son sommeil.

Je passais le reste de la journée à préparer ce qui serait nécessaire au vol prévu le soir, ou plutôt à ma fuite. J’avais déjà tout un plan en tête et le matériel pour le mettre en œuvre. Il me fallut un peu d’huile de coude et de patience pour arriver au résultat que je désirais, je n’avais pas besoin de plus pour accomplir ce que j’avais prévu. Le chat était resté dans ma capuche tout du long, ne sortant qu’une fois pour boire un coup alors que je m’affairais près d’un ruisseau. De retour à la maison pour les derniers préparatifs, le petit chat descendit de son hamacapuche et grimpa sur les meubles pour m’accompagner à ma hauteur. Je le grattais derrière les oreilles en buvant une bière alors qu’il était posé sur le bar.

« Si tu restes dans mes pattes, va falloir que je te trouve un nom. » réfléchis-je en le fixant dans ses petits yeux jaunes.

~ Meoow Meow ~

« Méo méo ? » fis-je amusé en me grattant le menton. « Et que dis-tu de Momo ? »




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✘ Quête Cambriolage





La nuit était fraîche, un ciel dégagé, idéal pour préparer un sale coup. Enfin, pour le réaliser plus précisément, les préparations avaient déjà été faites. La veille au soir, je m’étais rendus dans un bar pour ne rien changer à mes bonnes habitudes, où j’avais eus une grande conversation avec le barman. Ce dernier, propriétaire d’un tripot insalubre de la Basse Ville de Goa qui était un véritable vivier à criminels, m’avait fournit des informations intéressantes concernant une grosse livraison d’alcool destinée à un établissement concurrent au sein des quartiers riches du centre ville. Le genre de cargaison que le barman avait estimé à près de douze millions de berrys. Une autre habitude malsaine qui ne me quittait pas depuis des années, mes yeux s’étaient illuminés à la mention d’une telle somme. Après une longue négociation pour obtenir les informations, convenant de lui donner cinquante pourcent de la cargaison en échange, j’étais partis pour me préparer et, à présent, le temps était venu pour le casse en ces lieux.

Et quels lieux ! Aucune comparaison avec les quartiers crades de la basse-ville, deux quartiers deux ambiances. Ici, les rues étaient propres avec une architecture plus travaillée et riche, même les passants dénotaient complètement avec le reste de la ville. Alors que le soleil tombait sur ce quartier surréaliste en comparaison au reste, les habitants quittaient les rues ou partaient boire un coup après une grosse journée de travail dans l’établissement qui illuminait la place. Une belle place ouverte, éclairée de haut lampadaires sécurisants. La Marine était plus présente que dans les quartiers plus pauvres ou délaissés par la population, probablement que les bourgeois du coin savaient se montrer généreux avec la garnison. Quelques groupes de soldats faisaient des rondes fréquentes, toujours au moins une se trouvait sur la grande place.

Moi, j’observais toute cette scène depuis un toit, me cachant dans l’ombre d’une cheminée, accroupi. La livraison était censée se faire à la faveur de la nuit, avec une belle escorte qui saurait probablement me donner du fil à retordre. Enfin, pour une si grande quantité d’alcool, j’étais bien prêt à casser quelques gueules. Passant de toits en toits tel un chat agile et silencieux, je gagnais celui d’une maison de l’autre côté de la rue où se trouvait la taverne. Depuis le haut du toit, j’avais un point de vue idéal sur la rue et sur l’entrée de l’établissement festif d’où provenaient rires et chants. Des hommes richement pourvus au bras de très belles jeunes filles, des caricatures de mafieux mordillant des cigares, même des officiers de la Marine en permission, la taverne semblait accueillir tout le monde tant qu’ils avaient de l’argent à dépenser et n’avaient pas un look trop décadent.  

Je mettais un point d’honneur à des valeurs telle que l’égalité, une notion qui me semblait primordiale pour vivre en société. L’inverse, quant à lui, méritait bien une bonne leçon, sous la forme d’un vol de marchandises qui se passerait ici-même. Pour cette opération, je m’étais vêtus de ma tenue noire habituelle, ma casquette la visière rabattue vers l’avant, mon sweat-shirt noir mais pas celui avec la reproduction de mon tatouage ailé sur le dos, un pantalon de jogging cargo resserré  à la cheville. J’avais également revêtu et équipé des objets achetés à un marchand des plus étranges quelques jours plus tôt. Étrange, c’était le mot, un vieil encapuchonné qui avait débarqué un matin dans la clairière cachée où se trouvait ma maison. Il m’avait sortit tout un baratin sur le destin et m’avait proposé des objets forts intéressants à des prix dérisoires.

Ainsi, une grande veste supposément pare-balle me recouvrait des épaules aux chevilles, un petit coquillage à fonction de grappin était accroché à ma ceinture, un petit robot mécanique espion était rangé dans ma poche et un appeau pouvant, selon les dires du marchand, m’appeler une monture à toute heure du jour ou de la nuit. Enfin, de tels objets semblaient trop beaux pour être vrais, surtout avec la dégaine que se payait le marchand, à claudiquer aux côtés de sa monture avant de disparaître aussi mystérieusement qu’il était apparut. J’étais paré à toute éventualité, de plus je n’étais pas seul pour cette mission.

« Eh p’tit Momo, réveilles-toi. » dis-je doucement pour éviter de me griller, secouant une épaule que je plaçais sous ma capuche cachée sous mon manteau, relevant un petit poids qui, de dos, donnait l’impression que j’étais bossu. « T’as insisté pour venir, alors autant te rendre utile. »

La bosse dans mon dos se mit à bouger jusqu’à remonter sur mon épaule, les deux petites pattes noires du chat apparurent sur une de mes épaules, se tirant avant de faire apparaître sa tête. Avec le sweat-shirt et la veste, l’animal était au chaud et restait calé là confortablement, pour lui en tout cas.  Je n’avais pas réussis à quitter la maison sans qu’il ne suive, à croire que ce félin tenait plus du chien que du chat.

~ Meooow ~ répondit-il, fièrement selon mon interprétation bien personnelle.  

Soulevant légèrement le bas de mon sweat-shirt, j’attrapais la conque que le marchand avait nommé ‘Cordial’, appliquant à la lettre ses instructions. Je plaçais alors la partie ouverte vers le toit de la taverne de l’autre côté de la rue. Cette partie du coquillage ressemblait à un cor, d’où le nom peut-être, à moins que ça avait rapport à la corde, allez savoir. À l’aide de mon pouce, je pressais alors l’autre extrémité, pointue celle-ci, du cordial, j’en actionnais le mécanisme. Ainsi, une algue, assez fine et sombre pour être discrète en cette nuit, fut propulsée de l’autre côté de la rue, s’accrochant au bord de la fenêtre du dernier étage en sous-pente. Puis, automatiquement comme s’il existait un minuteur précis, le petit appareil se mit à enrouler l’algue accrochée au bâtiment en face, me tirant inéluctablement vers le bord du toit. Mes pieds lâchèrent les tuiles et je commença à chuter, avant que l’appareil rattaché à son cordon ne me tracte pour me soulever plus haut, toujours plus haut. Pas assez haut en tout cas, m’orientant dangereusement hors de la trajectoire de l’algue-grappin, je dus placer mes pieds à plat sur le mur du bâtiment, faisant tomber quelques tuiles et petits bouts de pierre alors que j’escaladais le toit jusqu’au bout de l’algue.

J’avais eus chaud, les petits débris tombés dans mon escalade-envolée acrobatique avaient attirés les regards d’une troupe de marine en patrouille mais, ne voyant rien d’autre qu’un toit, ils reprirent leur route. Soulagé, je m’appuyais sur la fenêtre avant de chercher un point d’observation plus adéquat sur la rue. L’avantage ici, c’est que le toit était plus haut et permettait de voir les allers et venues dans les grandes artères et rues du centre-ville. D’ici, je ne pourrais pas rater l’arrivée de la cargaison tant désirée. Assez d’alcool pour pourvoir à mes futurs clients, tout en étant capable de subvenir à ma propre consommation, le tout en faisant du profit sur un produit que je n’aurais pas payé. C’était un putain de plan de génie, de mon point de vue en tout cas.

Cela faisait de longues minutes que j’étais perché là, caressant machinalement la tête du chat qui dépassait de derrière mon épaule. J’observais les rues les unes après les autres, ainsi que les mouvements des patrouilles, machinales, répétés et automatiques. Il serait ainsi plus simple pour moi de décider du meilleur moment pour agir.

Enfin, j’aperçus du mouvement à l’entrée du centre-ville, à quelques pâtés de maison de là où j’étais. Une large charrette tirée par quatre chevaux avançait lentement, gardée par toute une troupe de soldats de la Marine qui entouraient la charrette à pieds. Certains tenaient des lampes pour éclairer les alentours tandis que les autres se contentaient de se tenir prêts, une main posée sur le pommeau de leurs armes. Quelques-uns étaient à cheval, pour plus de mobilité probablement si jamais les chevaux de la charrette s’emballaient et s’enfuyaient. La charrette avançait lentement dans la rue jusqu’à tourner dans une ruelle plus étroite à l’arrière de la taverne. Me déplaçant sur le toit, je m’accroupis du bon côté pour observer le petit convoi s’arrêter. Le cocher descendit et entra dans l’établissement par une petit porte, accompagné par quelques soldats.

C’était le moment idéal pour se mettre au boulot, je nouais un foulard noir pour couvrir le bas de mon visage en rabattant un peu plus la visière de la casquette vers le bas pour couvrir plus encore mon front. Seuls mes yeux rouges étaient visibles, ma pupille fendue comme le chat sur mon épaule. M’accrochant au bord du toit, je descendais sur un balcon de l’étage inférieur avec une agilité féline, allant chercher le bord de la balustrade du bout du pied. Je me déplaçais en silence, descendant d’étages en étages, passant d’un balcon à un autre pour échapper à la lumière des torches et me fondre dans la nuit. En contrebas, les soldats discutaient entre eux et riaient. L’escorte s’était dispersée dans la ruelle. Trois de ceux à cheval étaient descendus de leurs montures pour se dégourdir les pieds en tenant la bribe de l’animal. Les deux autres étaient restés monter la garde dans la rue adjacente, plus large et fréquentée que le quai de chargement où nous nous trouvions.

Morpheo, le petit chat noir que j’avais trouvé le matin même, ou l’inverse peu importe, il descendit de mon épaule en s’extirpant de mes vêtements pour descendre sur la rambarde derrière laquelle je m’étais caché.

« Qu’est-ce que tu fais ? » chuchotais-je à l’animal.

Il plongea son regard dans le mien avant de se retourner et de bondir sur la rambarde du balcon d’à côté. Je ne savais pas ce qu’il avait en tête, mais cet animal m’avait déjà prouvé plus tôt dans la journée qu’il était plus intelligent que le commun des félins. De plus, son pelage le rendait presque invisible de nuit, disparaissant à ma vue en quelques bonds. J’espérais seulement qu’il ne lui arrive rien mais, pour l’instant j’avais autre chose qui demandait mon attention.

Reprenant ma descente, je m’arrêtais au balcon du second étage, me perchant sur la rambarde accroupi. Sous moi se trouvaient deux hommes en pleine conversation, deux autres plus attentifs gardaient la charrette, les trois cavaliers à pieds étaient un peu plus loin dans la ruelle et enfin trois autres soldats qui se trouvaient dans un coin à jouer aux cartes sur un tonneau vide. En tout, dix hommes, plus les deux autres à cheval dans la ruelle et les trois autres qui étaient entrés dans la taverne avec le cocher, cela faisait quinze. C’était gérable, bien que les nombreuses patrouilles dans le coin poseraient probablement un problème également. Mais, il y avait un temps pour la réflexion et un autre pour l’action, et là nous avions atteints le second temps.

~ Meoooow ! ~

Alors que je m’apprêtais à fondre sur les deux gardes sous moi, un miaulement puissant emplit toute la ruelle, attirant l’attention des gardes qui tournèrent la tête dans sa direction dans un même mouvement. Le petit chat noir se tenait à l’entrée de la ruelle, à moitié dans l’ombre, ses petits yeux jaunes brillants dans l’obscurité.

« Qu’est-ce que… ? » commença l’un des gardes.

« C’est juste un chat. » continua un second.

« Mais regardez comme il est mignon, petit petit, viens par ici. » fit un autre, un des cavaliers qui s’approcha de l’animal en s’abaissant légèrement pour paraître moins imposant.

Curieux, les gardes sous moi ainsi que ceux qui gardaient la charrette s’avancèrent vers l’animal, dépassant le chargement qu’ils étaient supposés garder. Ils s’étaient presque tous regroupés, hormis les joueurs invétérés qui étaient retournés à leurs jeux, trop concentrés pour remarquer quoi que ce soit. Momo m’avait offert la diversion idéale et j’en profitais en descendant silencieusement dans la ruelle, m’accroupissant en m’approchant de mon objectif. Je grimpais dans la charrette, me cachant parmi les tonneaux et grosses caisses remplies de bouteilles et autres joyeusetés. J’attrapais finalement les rênes reliés aux quatre fiers destriers. Me relevant alors brusquement, je fis claquer les rênes tenus entre mes deux mains, faisant hennir quatre chevaux qui se mirent en branle.

« Descendez immédiatement de cette charrette ! » me lançait un des cavaliers qui s’était retourné, à l’entrée de la ruelle en levant un doigt menaçant dans ma direction. « Qu’est-ce que vous faites !  Non ! »

Les quatre animaux s’étaient déjà élancés sous l’ordre des rênes, martelant la terre sous leurs gros sabots tandis que la charrette avançait en direction de l’entrée de la ruelle. Sur leur chemin, les soldats qui avaient commencés à sortir leurs armes bondissaient sur les côtés pour ne pas se faire piétiner. Cependant, l’étroitesse de la ruelle fit que l’un d’eux eut la tête écrasée par une des roues du véhicule tracté. Je grimaçais, me disant que c’était là les risques du métier avant de me concentrer sur ma tâche. Le petit chat noir s’était perché sur un empilement de caisses contre un mur pour rester hors de portée des gardes qui avaient été envoûtés par ses charmes. Quand j’arrivais à sa hauteur, l’animal bondit dans la charrette en miaulant d’enthousiasme, fier de lui apparemment. Fouettant les rênes, le véhicule atteint la sortie tant attendue, ou l’entrée, tout dépend du sens. Là, les trois cavaliers s’étaient précipités sur leurs montures, mais deux ne purent les rattraper car,  soudainement agités par le galop de leurs confrères harnachés, ils avaient pris la fuite. Le seul qui avait réussit dû ressortir de la ruelle, grimpant sur son canasson en sortant son sabre.

« Je vous ai dis de vous arrêter ! » s’écria-t-il, surprit par la tournure soudaine qu’avaient pris les évènements.

La charrette quitta la ruelle sur les chapeaux de roue, une d’entre elles quittant le sol l’espace d’une seconde lorsque les chevaux empruntèrent le virage pour s’engager dans la grande rue. Un garde à cheval à ma gauche leva son sabre quand je passa à côté, mais se prit un coup de pied en plein torse de ma part qui le désarçonna de sa monture. Le véhicule s’engageait dans la rue et fonçait tout droit, tenant toujours les rênes d’une main, je tournais la tête pour voir les soldats qui se rassemblaient pour se lancer à ma poursuite, les cavaliers à leur tête. L’un des hommes à pieds sortit un cor dans lequel il souffla longuement, le son se répercutant à travers les rues. Trois secondes plus tard, une cloche retentit dans le centre-ville, ça sonnait le début des ennuis.

« Yiiiiiiihaaaaa ! En avant Momo, on est partit pour un course poursuite, accroches-toi ! » m’exclamais-je, le petit chat noir à mes pieds se tenait debout en posant ses pattes sur le bord de la charrette pour voir ce qu’il se passait.

~ Meow Meow ! ~




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Le Nerf de la Bière


Flashback Proche
✘ Quête Cambriolage




Le véhicule, tracté par ses quatre fiers destriers, était élancé au galop dans les rues du centre-ville de Goa. Derrière moi, trois cavaliers galopaient à ma poursuite, les lampes accrochées à la selle de leurs montures balançaient la lumière dans la rue au rythme des sabots. La charrette avait deux petits poteaux à l’arrière où étaient également accrochées des lampes, une troisième était posée à l’avant là où le cocher était censé s’asseoir. Cependant, je me trouvais les deux pieds entre les caisses et tonneaux à l’arrière, tenant fermement les rênes d’une main en jetant des coups d’œils réguliers à mes poursuivants.

Alors que nous passions un carrefour, une troupe de soldats y débouchait au même moment depuis une autre rue. La grosse cloche qui résonnait depuis près d’une minute avait dû les alerter et les soldats, tout d’abord surpris par l’apparition de la charrette, sortirent leurs fusils pour me braquer. Sans perdre une seconde, j’attrapais la lampe à huile devant moi pour la lancer sur le groupe de soldats. Dans son envolée, la lampe fit danser la lumière autour d’elle avant de venir s’écraser aux pieds de la première ligne. Elle se brisa à l’impact en répandant une huile épaisse qui s’embrasa aussitôt, gagnant les bas de pantalons de plusieurs soldats qui se mirent à paniquer en désordonnant les rangs. Sans autre solution, alors que le chariot à quatre roues et ses chevaux fonçaient à toute vitesse sur eux, ils bondirent de côté. Deux malchanceux aux prises aux flammes n’eurent pas cette chance et furent percutés de plein fouet par les larges équidés qui ne ralentirent pas pour autant. L’un fut propulsé contre un mur et l’autre passa sous leurs sabots en secouant le véhicule. Plusieurs soldats qui s’étaient jetés à terre me mirent en joue pour me tirer dessus. Les balles fusaient autour du chariot, perçant quelques caisses et un tonneau qui se mit à fuir à l’arrière.

« Vous avez pas honte bande de salauds ?! » m’exclamais-je en levant un poing rageur, dégoûté de la perte d’une partie de ma cargaison, aussi infime soit-elle.

Les cavaliers furent ralentis par les soldats qui se relevaient au milieu du carrefour, néanmoins cinq autres à dos de cheval les rejoignirent et la troupe montée reprit sa poursuite. Me tenant à l’arrière de la charrette, ayant lâché les rênes en faisant confiance aux chevaux pour un moment, j’observais mes poursuivants. En particulier l’un d’eux, il se tenait à l’avant, la tête penchée sur son poignet auquel était attaché un petit escargophone. Il releva son visage pour m’observer, frappant les flancs de sa monture de ses talons pour la faire accélérer. C’était un homme âgé, des cheveux grisonnants surplombants un visage marqué par le temps et les cicatrices. Il dégageait une véritable aura de chef, ce qui expliquait pourquoi il criait ses ordres, un coup sur les cavaliers qui le suivaient puis dans son escargophone. Ils étaient encore trop éloignés pour que je l’entende clairement mais, sous ses ordres, deux groupes de deux partirent de chaque côté, disparaissant dans les rues adjacentes. Les soldats avaient l’avantage de connaître le centre-ville comme leur poche là où moi je n’avais qu’une journée de repérage à mon actif. Tant que je suivais la route que j’avais prévus, tout se passerait bien.  

Passant un nouveau carrefour, je remarquais la grande porte qui marquait la délimitation entre le centre-ville et la basse-ville, à quelques pâtés de maison. Derrière moi, de nouveaux cavaliers s’étaient joints à la troupe à l’arrière des premiers qui gagnaient peu à peu du terrain. Deux soldats prirent la tête, suivis de près par leur chef dont le canasson devait être aussi âgé que lui. L’un arrivait par l’arrière tandis que l’autre se déportait pour passer sur le côté. Armés de sabre, le premier fouetta l’air à plusieurs reprises, me manquant à chaque fois. Le second fit de même alors que je m’étais reculé pour éviter le précédent. Il frappa dans ma direction et je bloqua sa lame entre mes deux mains à plat, tirant l’arme vers moi à laquelle s’agrippa le soldat. Désarçonné, il quitta son cheval pour tomber la moitié du corps sur la charrette et les jambes dans le vide, son pied passa malencontreusement sous une roue, broyant celui-ci dans un craquement sinistre. L’homme se mit à crier tandis que je l’attrapais par le col pour le lancer vers mes poursuivants. Le soldat à l’arrière se le prit de plein fouet, tombant avec son cheval sur la route. Leur chef dû freiner subitement pour aider ses hommes avant de reprendre sa course, se faisant dépasser par ses soldats qui redoublaient d’effort pour me rattraper.

Certains de mes poursuivants me tiraient dessus mais, secoués par le galop de leurs montures, ajuster leurs tirs n’était pas évident et la plupart des projectiles passaient bien loin de moi. Ceux armés de sabres s’approchaient, se mêlant aux deux chevaux sans maîtres qui suivaient à présent la charrette. Lâchant les rênes que j’avais brièvement repris en main, je fus surpris de voir Morpheo poser sa patte dessus pour les maintenir en place.

« En voilà un petit chat intelligent ! » m’exclamais-je en lui souriant, il me répondit simplement en fermant doucement les yeux.

Je regagnais l’arrière de la charrette, bondissant assez haut pour survoler un des chevaux sans cavalier, mon pied se posant sur la selle pour prendre appui avant de bondir à nouveau. Je repliais un genou pour frapper un soldat en pleine face, l’envoyant bouler hors de sa selle tandis que j’y prenais place, debout. L’équilibre était précaire mais j’étais habitué aux tours d’équilibriste et je parvins à rester debout sans tomber de ma monture empruntée. Levant une jambe, en équilibre sur un pied, je répondais aux coups de sabres par des coups de pieds bien placés. Ces échanges me valurent quelques coupures légères à la jambe, mais cela suffit à désarçonner ou mettre K.O. la plupart des cavaliers qui m’avaient rattrapés. Deux autres avaient réussis à reprendre leur chasse après avoir été repoussé, rattrapés par leur chef à présent.

Pendant ce temps, j’avais récupéré unes à unes les armes et sacoches laissées sur les chevaux par les cavaliers disparus, les jetant dans la charrette. J’étais du genre à utiliser mes poings et mes pieds pour me défendre, mais la position précaire dans le véhicule rendait la tâche plus compliquée. Une nouvelle balle fut tirée alors que j’atterrissais dans la charrette, me touchant en plein dos en me projetant en avant sur des caisses. Je sentis une vive douleur au point d’impact, la balle avait été bloquée par la veste achetée au marchand louche. Au moins, à présent, je savais que la veste était vraiment pare-balle. Cependant, la douleur était bien là et me vaudrait assurément un sacré bleu en bas du dos.

On se rapprochait de la sortie du centre-ville et de plus en plus de soldats montés s’ajoutaient à mes poursuivants. Tout d’abord éloignés, ils se rapprochaient inexorablement vers moi. Je remarquais alors la trace humide laissée par le tonneau percé un peu plus tôt. Un liquide transparent, qui sentait fortement l’alcool concentré. Ce n’était pas du rhum ni de la vodka, mais de l’alcool neutre destiné aux liqueurs et autres préparations diluées. C’était parfait, j’attrapais alors une des lampes à l’arrière, je fis rouler le tonneau percé de côté puis plaçais la pointe de mon pied en-dessous. Relevant subitement la jambe, le tonneau fit de même et s’éleva à hauteur de poitrail avant que je ne le frappe d’un coup de pied suffisamment contrôlé pour ne pas qu’il éclate sous le coup. Il fut projeté en direction d’un soldat en première ligne qui se le prit de plein fouet. Ce coup-ci, le tonneau explosa en éclaboussant la rue dans toute sa largeur. Le soldat tombé à terre, trempé d’alcool, n’eut pas le temps de se relever que la lampe à huile lui tombait dessus.

L’objet explosa en projetant de l’huile et en y mettant le feu, celui-ci se propageant au tonneau puis aux traces d’alcool. De petits feux et d’autres plus importants occupèrent rapidement quasiment toute la largeur de la rue, faisant hennir les chevaux qui se cabrèrent en freinant des sabots, jetant au sol leurs cavaliers avant de s’enfuir dans la direction opposée. Quelques cavaliers, les plus expérimentés visiblement, parvinrent à sauter ou éviter l’obstacle enflammé pour continuer leur poursuite. Leur chef en faisait partie. De plus, la fine piste ininterrompue d’alcool laissée au sol plus tôt avait également dû prendre feu à présent, effrayant les derniers chevaux qui avaient pus emprunter ce passage.

J’avais repris un peu d’avance sur mes poursuivants et regagnais l’avant de la charrette pour reprendre les rênes. Je fis accélérer les chevaux autant qu’ils le pouvaient, désirant maintenir mon avance. Mais j’avais beau avoir quatre chevaux, j’étais trop lourd comparé à eux qui n’avaient aucun chargement mis à part leur équipement. De plus, l’ennemi le plus redoutable du soir était toujours à mes trousses, encore penché sur son petit dendenmushi de poignet. Il devait probablement donner des ordres et directives à ses troupes pour tenter de m’intercepter, ce qui ne me faciliterait pas la tâche.

Et, en effet, un comité d’accueil m’attendait bel et bien sur les toits, juste avant la porte pour sortir du centre-ville. Les soldats me mirent aussitôt en joue avant de tirer. Les balles pleuvaient autour de la charrette, endommageant sommairement la cargaison et perçant des trous dans les planches du véhicule. Morpheo se tapit dans un recoin entre deux tonneaux pour se mettre à l’abri. Moi, j’évitais comme je le pouvais, m’inquiétant surtout pour les chevaux. Une balle frôla la patte d’un des animaux et je bondis aussitôt sur lui pour placer la veste pare-balle devant moi en levant un bras. Plusieurs projectiles furent arrêtés à mon grand soulagement, mais mon bras avait été martelé de plusieurs impacts comme si on m’avait frappé avec un marteau. J’encaissais en serrant les dents en jetant un coup d’oeil aux soldats sur les toits qui rechargeaient. Pour leur dernière salve nous étions éloignés mais si je les laissais faire la courte poursuite se terminerait là. Tirant très légèrement sur les rênes pour faire ralentir les chevaux, je me tournais vers le chat noir qui avait prit la place du cocher.

« Tiens Momo, tu prends les rênes ! » lui dis-je en les lui lançant alors que j’étais toujours debout sur le cheval à l’avant, le chat se contentant de poser la patte dessus quand ils tombèrent à côté de lui.

Je relevais le bas de mon sweat-shirt pour saisir le cordial du bout des doigts et pointer un toit. J’appuyais alors sur la pointe pour qu’il tire son algue visqueuse et collante qui vint s’accrocher à une cheminée avant que le fil ne rembobine et que je sois tiré dans les airs. Une nouvelle fois, la gravité était mal faite et je dus placer mes pieds contre les murs à la manière d’un alpiniste face à une paroi pour grimper jusqu’au toit. Un tireur proche abandonna le rechargement de son fusil pour sortir son sabre et s’élancer sur moi. Une esquive de côté et un coup de poing à la gorge eurent raison de lui et, sans perdre une seconde, je m’élançais sur les toits pour me débarrasser des tireurs importuns.

Heureusement pour la charrette, les chevaux et Momo, les tireurs avaient reportés leur attention sur moi. Tout comme les cavaliers poursuivants qui avaient ralentis pour laisser le champ libre aux tireurs sans risquer de tirs alliés. Je fonçais droit sur un second tireur qui rechargeait toujours son fusil, paniquant en me voyant approcher en reculant maladroitement jusqu’à tomber à la renverse. Sans ralentir ma course, je lui assénais un coup de genou en plein nez pour le renvoyer au sol. Le suivant avait finit de recharger, tout comme celui derrière lui, les deux hommes me tirant dessus alors que j’étais à quelques mètres. Je bondissais en une vrille horizontale, les bras le long du corps, ce qui ne m’empêcha pas d’être frôlé par une balle qui forma une petite coupure à l’épaule. Dépliant finalement ma jambe, je l’abattais sur la tête d’un des deux soldats avant d’envoyer une patate au second qui fut projeté au bas du toit dans la rue dans un cri interminable.

Sur les toits de l’autre côté de la rue les tireurs firent feu tandis que je tombais sur un de leurs collègues d’un nouveau saut périlleux. Retrouvant le sol à temps, je me servis du soldat frappé comme bouclier humain, sentant une balle percuter la veste au niveau du haut de la cuisse. Ne m’arrêtant pas pour autant je frappais les deux derniers tireurs de ce côté-ci, les envoyant chuter dans la rue en contrebas. Suivant leur chute des yeux, je vis la charrette sur le point de passer les portes. En face, les tireurs rechargeaient leurs fusils, c’était le moment parfait.

Repartant aussi vite que j’en étais capable, je rattrapais la hauteur de la charrette, bondissant de toits en toits puis de balcons en terrasses j’atteignis finalement un muret duquel je pus bondir directement dans le véhicule. Enfin, pas exactement, mes mains s’accrochèrent à l’arrière de la charrette, j’avais mal calculé mon coup. Mes genoux traînant tout d’abord sur le sol, je parvins à me remettre sur mes pieds qui glissaient comme si je faisais du ski nautique. Finalement, je parvins à remonter dedans et à regagner les rênes pour faire accélérer mes chevaux tandis que, derrière, les soldats de la Marine revenaient à la charge à dos de leurs canassons. Mais, enfin, nous passions la grande arche sans porte du centre-ville, pénétrant dans la basse-ville où les rues étaient plus étroites et moins bien pavées. Cette course-poursuite ne faisait que commencer.  




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Le Nerf de la Bière


Flashback Proche
✘ Quête Cambriolage




Les sabots des chevaux martelaient la route en terre battue, les volets des maisons encore illuminées se refermaient sur notre passage et l’obscurité due aux rues plus étroites se referma sur nous. Au-revoir rayons de la lune et merci à la dernière lampe à huile à l’arrière du véhicule que je ramenais devant moi. Je repérais les cavaliers à ma poursuite grâce à leurs lampes qui étaient secouées par le galop des chevaux, le bruit de leurs sabots m’indiquant qu’ils s’approchaient lorsque je ne regardais pas.

Les rues et l’ambiance avaient changées comparé au centre-ville. Même à cette heure tardive, des habitants étaient toujours affairés à leur travail, devant se coller aux murs au passage de la charrette en m’insultant. Les pavés du centre-ville avaient disparus, provoquant de multiples cahots qui faisaient trembler la charrette et sa cargaison.

« Bordel ! Ça va faire mousser la bière ! » m’exclamais-je en posant mes mains sur les gros tonneaux pour les maintenir en place.

Derrière, mes poursuivants se rapprochaient, mené par leur chef qui affichait une certaine expérience pour donner des ordres à ses hommes. Toujours penché sur son dendenmushi, il finit par raccrocher pour agripper ses rênes et accélérer. Accompagné de ses soldats, ils progressaient rapidement et gagnaient du terrain dans la rue étroite. Les voyant armer leurs fusils et craignant pour ma cargaison, je bondissais à l’arrière de la charrette en me couvrant de la veste pare-balle. Je sentis les multiples impacts des projectiles sur mon dos et mes épaules. Après ce vol à la charrette, j’aurai bien mérité de me reposer tranquillement. Cependant, le plus dur restait à faire : quitter la ville, semer mes poursuivants et rejoindre le ‘King’s Hat’, ma maison que je prévoyais d’évoluer en taverne. Le Chapeau du Roi Borat serait bientôt un succès mondial connu de tous.

Finalement, les poursuivants qui étaient en tête, au nombre de cinq, étaient sur moi. L’inconvénient pour eux, c’est que l’espace entre la charrette et les murs était si serré que c’était dangereux pour eux de galoper par là. Mais, certains avides de victoires personnelles et de réussites prennent parfois les mauvaises décisions. Ainsi, l’un des cavaliers emprunta le passage à la gauche du véhicule, levant son sabre pour l’abattre sur moi. J’esquivais et repoussais l’arme, attaqué de toutes part alors que deux soldats avaient sortis leurs fusils pour tirer, ainsi proche ils ne pouvaient pas manquer leur cible. Je me baissais pour éviter les balles, celles-ci passant juste au-dessus de ma tête. Leur chef se trouvait à l’arrière, toujours occupé à donner les ordres tout en me jetant des regards brefs. Il fronçait les sourcils, visiblement déterminé à me capturer pour venger ses hommes blessés.

Un des soldats, suffisamment audacieux, sauta à l’arrière de la charrette en fouettant l’air de son sabre. Courageux, certes, mais cela ne fut pas suffisant et en esquivant quelques coups de sa lame habilement, je le frappais d’un coup de coude qui le projeta sur le cheval d’un des cavaliers à l’arrière. L’animal trébucha et s’écroula en formant un nouvel obstacle qui contraignit des poursuivants plus lents à ralentir plus encore. En voyant la scène, je me dis que ce n’était pas une mauvaise stratégie. J’évitais un nouveau coup de sabre du cavalier à la gauche de la charrette, refermant ma main sur l’arrière de la lame, non-tranchant. En le tirant violemment, l’homme eut le bon réflexe de la lâcher pour ne pas être désarçonné. Cependant, déséquilibré et déconcentré, il ne remarqua pas l’enseigne battante d’une échoppe et se la prit en pleine tête, le projetant au sol tandis que son cheval continuait sa course.

Une nouvelle balle me frôla la joue, je lâchais alors le sabre dans mes mains avant de frapper du pied sur le côté du pommeau. L’arme fut projetée en tournoyant sur elle-même en direction du tireur, sur son passage le sabre frappa un autre soldat avant d’atteindre son objectif en le tailladant. Seul leur chef était encore derrière la charrette, à trois mètres à peine.

« Viens t’battre espèce de lâche ! » m’exclamais-je en attrapant un autre sabre d’un soldat récupéré précédemment..

Sur ces mots, le chef à l’air patibulaire accéléra le galop de son cheval, prenant appui avant de se propulser dans un court vol plané, atterrissant face à moi à l’arrière de la charrette. J’ouvris alors mes bras de chaque côté, assez hauts, comme pour provoquer le vieil homme face à moi.

« C’est bon ? T’en as eus marre de voir tes hommes se faire éclater ? » lui demandais-je, un sourire étendu sous le bandana qui entourait le bas de mon visage.

« Vous l’avez demandé, voleur. » répondit-il simplement en fronçant ses sourcils. « Je vais à présent vous arrêter au nom du Gouvernement Mondial et de la justice. » déclama-t-il comme un bon toutou de la Marine.

N’attendant pas plus, il tenta une frappe verticale à l’aide de son sabre. Du dos de ma main droite, je déviais l’arme afin qu’elle me frôle sans me toucher. Je relevais mon pied gauche sur la pointe, tendant mon bras qui tenait encore le sabre alors que j’envoyais ma jambe droite pour frapper l’officier. J’avais repéré les lieux et préparé quelques surprises pour mes poursuivants qui, certes éloignés, finiraient par me rattraper à cette allure. La pointe du sabre ainsi levée vint trancher une corde tendue là au préalable caché entre une devanture et une poutre de l’étage d’un bâtiment qui dépassait légèrement du reste. La corde claqua et un bruit d’objets qui roulent se fit entendre avant que plusieurs tonneaux vides ne tombent du toit. Assez nombreux pour que leurs débris fassent un obstacle suffisamment conséquent. Ils éclatèrent pour les premiers qui touchèrent le sol tandis que d’autres restaient quasiment intact, formant un petit muret qui saurait bloquer les cavaliers que j’apercevais au loin dans la rue.

Mon pied étrangement bloqué, je reportais alors mon attention sur l’officier, rigide et immobile, les bras croisés devant lui. Il n’avait pas bougé d’un pouce et je sentais une vive douleur au bout du pied comme si son corps avait été fait d’acier. Je ramenais ma jambe vers l’arrière, frappant du poing gauche par la même occasion, l’enchaînant ainsi d’une myriade de coups qui ne semblaient pas le faire broncher.

« T’as finis, gamin ? » me lança-t-il avant de contre-attaquer.

Tout d’abord surpris, je m’étais laissé déconcentrer un court instant, dont il profita pour frapper de son sabre. Déviant la lame trop tard, celle-ci me taillada juste sous la clavicule en faisant jaillir mon sang. Je reculais en grimaçant, ma concentration revenant tout d’un coup, l’instinct de survie probablement. L’officier continuait de frapper, je déviais et parais ses attaques bien que cela me valut de nouvelles estafilades. Puis, tandis qu’il frappait d’un nouveau coup de sabre, je déviais l’arme de la paume de la main droite vers l’intérieur plutôt que l’extérieur. Poussée vers le bas, la lame passa sous mon bras gauche que j’avais relevé. Refermant alors celui-ci sur l’arme, la maintenant entre mon bras et mon corps, je frappais d’une droite en plein visage du Marine qui, cette fois-ci, le reçut de plein fouet. Sous l’attaque, il lâcha son arme que je tirais en arrière pour la laisser tomber sur le sol de la charrette.

« Voilà ! J’aime pas les sabres, comme ça c’est mieux ! » m’exclamais-je en lui faisant signe d’approcher du bout des doigts.

Ma dernière attaque était passée, ce qui voulait dire que ce n’était pas son corps qui était aussi dur, mais que cela relevait plus vraisemblablement d’une technique. J’avais déjà rencontré de nombreux combattants qui utilisaient des capacités et pouvoirs tous plus étranges les uns que les autres depuis le début de mes aventures. Cette capacité en faisait sûrement partie.

Cependant, même désarmé de son sabre, l’officier de la Marine ne s’était pas démonté, remontant ses poings dans une posture de boxe. Il se lança alors sur moi, enchaînant des coups de poings rapides et puissants. Nous étions à l’étroit pour combattre dans la charrette, entourés de tonneaux et caisses remplies de bouteilles. Je tentais de restreindre ses mouvements le plus possible pour éviter que notre affrontement n’abîme la cargaison, ce qui réduirait mon entreprise à zéro.

Pendant que nous combattions, la charrette dévalait les rues de la basse-vile, me rapprochant inexorablement vers les remparts qui entouraient la ville délabrée. Les chevaux qui nous tractaient s’engagèrent d’eux-mêmes dans une des artères principales de la basse-ville, menant droit vers une porte que je pouvais voir au loin. Enfin, quand l’officier face à moi ne jouait pas des poings. Il continuait, imperturbable, à envoyer des gnons. Entre deux parades, je contre-attaquais mais l’homme face à moi se rigidifiait à chacun de mes assauts. Plus je l’attaquais et plus je me blessais moi-même, et plus j’étais en colère. Ce plan était parfait, et il avait fallut que ce type débarque.  

La lumière placée à l’avant du véhicule vacillait sous les cahots des sabots sur la terre battue. Dans cette semi-obscurité, nous continuions d’échanger les coups, faisant à peu près jeu égal. Enfin, mis à part pour cette technique dont il abusait pour échapper à mes attaques les plus puissantes. J’avais néanmoins réussis à lui placer plusieurs coups, et inversement, mais ni lui ni moi ne gagnions de terrain. Soudainement, l’escargophone à son poignet se mit à sonner.



~ Purupuru purupurupuru purupuru purupur...Gotcha ! ~





L’officier avait décroché d’un habile mouvement de la main entre deux attaques. Il para un énième coup de poing pour m’en décocher un sous le menton, me projetant à l’avant de la charrette à la place du cocher.

« Nous sommes prêts Colonel Jimenez, nous attendons vos ordres. » fit subitement une voix à travers la tête d’escargot.

Il remarqua alors mon attention pour le petit objet de communication à son poignet et, sans répondre, il s’avança vers moi pour tenter de m’écraser du pied. Toujours allongé, je pliais puis dépliais ma jambe pour la confronter à la sienne. Contrairement à ses poings où il semblait exceller, ses jambes étaient bien plus faibles. Ainsi, je parvins à repousser le colonel vers l’arrière de la charrette, m’octroyant un moment de répit. Le coup de fil qu’il venait de recevoir en disait long sur ce qui m’attendait, mais je m’y étais attendus. Ce type face à moi semblait chapeauter toute sa division d’une main de maître, ses hommes suivant ses ordres sans les questionner. Bien que résistant, son habileté au combat était discutable, ne possédant aucune technique particulière mis à part des bases solides qui lui permettaient de parer et contre-attaquer. Cependant, plus je le confrontais et plus je me rendais compte du schéma de ses attaques. Il bloquait de sa garde et attendait le bon timing pour contre-attaquer, utilisant sa technique de rigidification lorsqu’il me voyait préparer une attaque puissante.

Attentif, j’analysais ses réactions et ses mouvements, commençant à prévoir ses coups. Il se servait exclusivement de ses poings pour frapper, ses jambes lui octroyant un appui solide. Mais, face à un combattant polyvalent comme moi, les possibilités de le déstabiliser étaient nombreuses. L’officier envoya une droite que je déviais du dos de la main, la retournant pour agripper son poignet, tirant dessus pour le déstabiliser, puis envoyer un coup de genou dans son ventre. Une nouvelle fois, son corps se durcit et je dus serrer les dents en frappant. J’avais remarqué que cette technique ralentissait ses réactions, créant un court instant entre le moment où il désactivait sa rigidité et celui où il contre-attaquait. Ainsi, feignant de m’éloigner après un nouveau coup de poing, je guettais le moment opportun pour frapper. Enfin, je le vis relâcher ses muscles dans cet instant de flottement avant qu’il n’arme son poing. Me pliant brusquement, je ramenais mon bras vers le bas en serrant le poing. Je vis le sien passer au-dessus de moi, frôlant son bras en remontant, mes phalanges sous son menton pour le frapper d’un uppercut qui le prit de cours. D’une résistance surprenante, l’officier fut tout de même soulevé de quelques centimètres du sol. C’était plus que suffisant, tournant sur moi-même pour envoyer un coup de pied droit dans son ventre, le propulsant hors de la charrette, tombant au sol en plusieurs roulés boulés. Il finit par se relever pour poursuivre le véhicule à pieds, mais il n’était pas assez rapide et il se mit à rétrécir à mesure que la distance entre nous s’agrandissait. Je levais alors un majeur dans sa direction, un sourire satisfait caché par mon bandana.

« À plus vieux schnock ! »

J’avais ainsi réussis à me débarrasser de tous mes poursuivants à cheval et même de leur chef, mais quelque chose me disait que je le reverrais assez vite. De retour à l’avant de la charrette, les rênes en mains, j’apercevais les portes de la ville. Une fois passées, je pourrais disparaître bien plus facilement et regagner le Mont Corvo. Cependant, comme je m’y attendais, un comité d’accueil m’attendait aux portes. Des soldats en armes, montés et à pieds, des barricades et un chariot bâché pour bloquer le passage de la porte. Ils avaient bien préparés leur coup et, si je fonçais dans le tas avec le chariot, celui-ci serait arrêté net. Il fallait que je pense à une solution, et vite car seuls quelques pâtés de maisons me séparaient à présent des portes.

Au détour d’un énième carrefour que je traversais, deux groupes de cavaliers apparurent derrière moi, débarquant chacun d’une rue adjacente. Cachés par de grandes ruines, je ne les avais pas remarqués et, à présent le piège commençait à se refermer. Une quinzaine de cavaliers à l’arrière, toute une troupe en face et ma route bloquée. Et, pourtant, les rênes en mains, j’accélérais. Quelque part, je n’avais pas trop le choix, pressé par les soldats derrière la charrette qui se rapprochaient dangereusement. Les abords des remparts étaient un terrain plus propice à ma capture pour les soldats. Les ruines des maisons, démontées ou détruites formaient un terrain beaucoup plus ouvert que les ruelles étroites de la basse-ville côté centre, m’offrant peu d’échappatoires. Au loin sur les côtés, disparaissant derrière les ruines en essayant de rester discrets, d’autres cavaliers fermaient de nouvelles routes. Je comprenais à présent ce qu’avait prévu le colonel avec son escargophone, une attaque en tenaille. Réalisant ma situation, je me mis à réfléchir à un plan à mesure que le véhicule s’approchait de la zone barricadée.

« Je suis pas dans la merde... » soufflais-je désespéré.

À mes côtés, Morpheo sortit d’un petit espace entre deux piles de caisses pour se poser sur la place du cocher, il fixa brièvement la troupe qui nous attendait de pieds ferme, tourna son regard vers les toits puis les posa sur moi.

~ Meoow ! ~ fit-il avant de se lécher les babines.

« Ouais t’as raison petit monstre. » répondis-je, alors que je n’avais pas de traducteur félin intégré, mais j’avais compris l’essentiel. « On va pas se laisser démonter si proche du but. »

Déterminé de nouveau, je tins les rênes à m’en blanchir les phalanges, si cela est seulement possible pour un albinos. Le spectacle ne faisait que commencer.




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✘ Quête Cambriolage




Les portes étaient proches, quelques centaines de mètres tout au plus et ma marge de manœuvre était limitée. Plus aucun carrefour en vue, hormis des passages praticables au milieu des ruines, mais autant dire que ce serait compliqué en charrette. Ma seule option était de forcer le barrage avant que le véhicule tracté de ses quatre chevaux ne passe. L’inconvénient, c’est que pressé par les cavaliers à l’arrière, je ne pouvais pas ralentir pour me donner une fenêtre de temps suffisamment large pour dégager le passage. Mais, j’avais plus d’un tour dans mon sac, ou plutôt à ma ceinture, décidément ce petit instrument s’avérait particulièrement pratique.

Un espace vide de toute construction séparait les ruines de la basse-ville aux remparts, quelques bâtiments étaient encore debout mais manquaient de pans entiers de murs. Cependant, j’avais un plan, j’espérais simplement qu’il fonctionne car le doute était permis. Sans perdre plus de temps, j’attrapais le cordial à ma ceinture avant de tirer son grappin d’algue adhésive. L’algue fut projetée en haut d’un mur encore intact, me tirant à sa suite jusqu’à ce que j’agrippe le rebord du toit et que l’algue se détache. J’y grimpais à la force des bras, poussant dessus pour accélérer dès que je fus debout. J’avais de la force, j’étais rapide, je pouvais le faire.

Bondissant une fois au bout du toit, j’atterris sur le toit suivant, me réceptionnant en roulade avant de me remettre en mouvement et de réitérer l’action sur deux autres toits. Enfin, j’étais sur le dernier toit avant les remparts, en jetant un œil derrière je pus constater que j’avais pris de l’avance sur la charrette. Donnant tout ce que j’avais en stock, je m’élançais comme un dératé en direction du bord du toit, poussant sur mes jambes pour me donner le plus d’élan possible. Arrivé au bord, prenant un appui puissant sur le rebord du toit, je bondissais dans les airs aussi haut et aussi loin que je le pouvais. Cependant, même un tel bond ne serait pas suffisant pour atteindre les barricades, mais  j’avais une petite idée en tête.  

Tirant une nouvelle fois sur le cordial à ma ceinture, je tirais un cordon d’algue un peu vers le haut, en direction de l’arche immense où avait dû régner une porte jadis. L’algue grappin partie dans les airs pour s’accrocher en haut de la porte de la ville, à près de quinze mètres au-dessus du chariot bâché qui bouchait le passage. Je fus tiré par l’algue qui se rembobinait dans son coquillage, jusqu’à m’amener au sommet de l’arche, la tête à l’envers, les pieds posés contre la pierre. Les soldats de la Marine en bas levaient de grands yeux ronds dans ma direction, trop surpris pour réagir assez vite. Poussant alors sur mes pieds, je me propulsais droit vers le sol en donnant un effet de rotation à mon corps. Je me mis à tourner sur moi-même dans ma chute, de plus en plus vite à mesure que je tombais droit vers le chariot bâché. Des soldats plus réactifs que les autres me tiraient dessus mais, trop rapide pour eux, je parvins à les éviter.

Enfin, j’abattis ma jambe sur la bâche du véhicule, brisant l’armature qui la maintenait en place avant que mon coup ne frappe le bois en l’éclatant dans tout les sens. Le choc fut brutal, soulevant un gros nuage de poussière à l’emplacement où s’était trouvé le chariot. Sous l’impact, le véhicule avait été brisé en deux, les morceaux éjectés de chaque côté tandis que la bâche s’étendait au sol. Je n’y voyais pas à trois mètres dans le nuage de poussière, mais eux non plus. Je n’avais pas une seconde à perdre, il restait des obstacles et des soldats qui sauraient bloquer la charrette qui fonçait droit dessus.

« Trouvez-le ! Capturez-le ! » s’exclama une voix grave non loin de là où j’étais.

M’en servant comme point de repère, je m’élançais dans sa direction. Sur mon chemin, je frappais deux soldats d’une double manchette en les envoyant au sol. Le nuage de poussière se dissipait petit à petit, mais en pleine nuit la visibilité était déjà limitée, Des lampes à huile étaient tenues par des soldats à intervalles réguliers, qui donnaient une teinte orangée au nuage de poussière autour de moi. D’un coup de pied je fauchais plusieurs soldats qui disparurent de mon champ de vision en criant. Ils avaient été nombreux à s’élancer dans l’inconnu du nuage de poussière pour me mettre au fer. Mais, à chaque soldat qui venait à ma rencontre, je leur répondais à coups de poings, genoux, pieds et même des coups de boule.

Je sortis finalement du nuage, exécutant une vrille acrobatique pour frapper un énième soldat d’un coup de pied qui enfonça l’homme dans le sol comme si c’était un clou. Devant moi, des hommes armés de fusils me tenaient en joue derrière une barricade qu’ils avaient contournés. Les tirs furent multiples, sentant les quelques balles que je ne parvenais pas à esquiver s’écraser sur la veste spéciale en me tirant des petites grimaces de douleur à chaque impact. J’accélérais le plus possible, arrivant devant l’amas de sacs de sable et de tonneaux qui formaient la barricade faite à la va-vite. Armant un poing enclenché par une torsion arrière du haut du corps, je ramenais le tout en avant pour frapper d’une patate de forain magistrale. Mon poing s’écrasa sur les sacs en projetant un nuage de sable cette fois-ci et dispersant la barricade et les gars qui se cachaient derrière.

Perdu dans un nouveau nuage aveuglant, je ne voyais plus ce qui m’entourait mais je gardais mon cap en me souvenant de l’emplacement de la prochaine barricade improvisée. Je ne vis pas venir une balle qui m’érafla la joue et une autre qui se logea dans ma cuisse. La douleur était vive, mais supportable, j’avais connus bien pire par le passé et je pouvais en supporter autant. Reprenant ma course, ma cuisse douloureuse à chaque pas, je perçus finalement la barricade que je frappais d’un nouveau coup de poing qui dégagea un autre nuage de sable. Je devais garder les yeux à moitié fermé pour que mes cils puissent me protéger du nuage aveuglant et des grains de sable qui avaient la fâcheuse tendance de venir se cacher sous une paupière.

« Choppez-le les gars, il est là ! » s’écria une voix de l’autre côté du nuage de sable. « Celui qui le capture aura le droit à une prime ! »

Aussitôt, quatre ombres pénétrèrent le nuage de sable, plus motivés que jamais. Ils frappaient à gauche à droite de leurs sabres de manière dangereuse, tant pour moi que pour leurs alliés. En effet, n’y voyant rien dans cette purée de pois, les soldats se mirent à se frapper accidentellement les uns les autres. Dans cette cohue, je pus me faufiler entre eux, distribuant quelques gnons lorsque le besoin s’en faisait sentir. Jouant ainsi des coudes, je parvins à sortir du brouillard sablonneux.

La dernière barricade était mieux gardée que les précédentes, des tireurs, des sabreurs, des cavaliers.  Tous bien préparés à mon arrivée et, dès que j’apparus, les tireurs me mirent en joue avant de presser la détente. Les balles fusèrent en nombre, frappant le sol tout autour de moi. J’exécutais une nouvelle vrille de côté, sentant plusieurs balles m’érafler les côtes et les bras.




Je me réceptionnais au sol après avoir esquivé la première salve mais, déjà, les cavaliers avaient profité de la salve de tir pour s’élancer sur moi. L’un d’eux s’approcha en fouettant l’air de son sabre, j’esquivais du côté opposé en attrapant la bribe du cheval pour m’élancer dans un saut en arc de cercle qui me fit remonter vers le cavalier sur sa selle. Le frappant d’un coup de genou, l’homme fut projeté hors de sa monture et se prit un de ses camarades au passage. Réceptionné accroupi sur la selle de l’animal, je le réorientais pour le lancer au galop en direction des tireurs. Je frappa un cavalier d’un coup de pied qui le fit chuter mais, toujours attaché par un de ses étriers, il fut traîné sur le sol par sa monture. Les cavaliers s’écartèrent brusquement alors que les tireurs avaient finis de recharger. Voyant très bien où cet échange allait mener, je flattais l’encolure de l’animal sous mes pieds.

« Désolé, mon pote. » commençais-je sur un ton grave. « J’espère que ce sera rapide. »

Puis, je bondis dans les airs alors que les détonations retentissaient, suivies d’un hennissement, puis rien. Mis à part pour le coup de pied que j’envoyais, précédé d’une vrille aérienne, droit sur la barricade derrière les tireurs que j’avais survolé. Les sacs de sable éclatèrent ou furent projetés dans toutes les directions, frappant plusieurs cavaliers et tireurs. Sous la puissance de l’impact, bien qu’en partie absorbée par les sacs de sable, le sol s’affaissa légèrement, les débris de la barricade furent soufflés sur les côtés, laissant un espace suffisant pour que la charrette passe. Un soldat au sol tentait de se relever et son courage fut salué par une grosse mandale en plein front. Une fois de plus, j’avançais prestement dans un nuage de sable orangé, les yeux plissés à me repérer grâce aux ombre difformes qui passaient ça et là.

Des bruits de sabots se firent entendre, groupés et rapprochés, beaucoup trop pour que ce ne soit un groupe de cavaliers galopant côtes à côtes. Non, ce bruit venait vraisemblablement de la charrette tractée par ses quatre imposants chevaux. Le son se rapprochait de plus en plus, se perdant dans les détonations alentours mais, maintenant que j’avais repéré sa signature phonique je ne la lâchais plus. Attrapant quatre sacs de sable restés entassés là en encombrant le passage, je finis par sortir du nuage de sable pour tomber presque nez à nez avec les chevaux. Jetant préalablement les sacs en l’air, je bondis à leur suite dans une vrille horizontale qui me fit passer par-dessus les naseaux des chevaux, mes yeux se retrouvant à quelques centimètres des leurs l’espace d’un instant où nos regards se croisèrent. Finalement, mes pieds retrouvèrent l’intérieur de la charrette, attrapant au vol les quatre sacs pour éviter qu’ils n’abîment ma précieuse cargaison, les posant à côté de moi.

Momo m’accueillit par des miaulement d’enthousiasme, relâchant sa petite patte de dessus les rênes pour que je les prenne en main et fasse accélérer le véhicule en pénétrant dans le nuage de sable. Suite à la destruction des barricades, les nombreux nuages de poussière commençaient à se dissiper, mais suffisamment lentement pour me permettre d’en profiter et nous couvrir ainsi partiellement à la vue de nos poursuivants. Des tirs imprécis et arbitraires détonaient autour de moi et du véhicule, certaines me touchant dans la veste pare-balle, d’autres atteignant leurs propres alliés. Les soldats malheureusement perdus dans les nuages de sable et de poussière furent percutés puis piétinés par les équidés paniqués. Des cris et des détonations résonnaient tout autour de nous, le piétinement des sabots derrière moi m’indiquait que des cavaliers étaient toujours à ma poursuite. Je ne voyais pas à plus de trois mètres et c’était sûrement pareil pour les chevaux qui s’ébrouaient dans leur course, à lutter contre les grains de sable qui tentaient de se faufiler sous leurs paupières.

Finalement, j’aperçus les larges murs de pierre des remparts tandis que nous passions sous la grande porte de la basse-ville. Et les chevaux, puis la charrette quittèrent le brouillard aveuglant. Enfin j’atteignais les abords du Grey Terminal, un paysage chaotique et désert. Des montagnes de tôles froissées et de débris, des restes de bidonville calcinés, des stigmates d’un affrontement féroce ayant confronté les habitants des bidonvilles aux soldats et bourgeois de la ville. Même des années après, la zone n’avait toujours pas été nettoyée, laissée à l’abandon par presque tous. Seules les ombres fantomatiques de rares personnes qui erraient là même à une heure aussi tardive.

La charrette s’engageait dans ce dédale de débris et de montagnes d’ordures. J’avais un trajet que j’avais mémorisé plus tôt dans la journée afin d’atteindre au plus vite le Mont Corvo où je pourrais perdre mes poursuivant bien plus facilement. De plus, je leur avais préparé plusieurs surprises pour me débarrasser d’eux. Je fouettais les rênes pour prendre le plus de vitesse possible. Ici les chemins étaient plus larges et praticables. Cependant, mes poursuivants avaient également plus de place pour venir m’emmerder.

Ainsi, un cavalier arriva de chaque côté de la charrette en nous rattrapant, levant leurs sabres pour s’apprêter à frapper. Esquivant celle qui venait de la gauche pour bondir du côté droit en passant à côté de la lame de ce côté-ci. J’attrapais le poignet du sabreur pour le tirer dans la charrette avant de lui asséner un coup de poing et de réitérer la même action avec le cavalier de gauche, empilant les deux corps l’un sur l’autre. Puis, plaçant mon pied sous le corps du dessous, je soulevais violemment les deux qui se mirent à faire un vol plané en direction des cavaliers restés à l’arrière. Je les vis lever les yeux avant que trois hommes ne se fassent désarçonner par les corps inconscients de leurs camarades. Je me servis également des armes et sacoches récupérées plus tôt pendant la course poursuit, projetant tout ce qui pouvait me servir de projectile. Je me débarrassais ainsi d’une bonne partie de mes poursuivants avant que les survivants ne soient rejoints par d’autres cavaliers. Décidément, dès que j’en mettais un à terre deux autres apparaissaient, j’avais prévus un cambriolage pas un combat contre une hydre mythique. Cependant, je savais comment je pourrais me débarrasser d’eux plus efficacement. Un de mes pièges allait servir, j’espérais seulement que ça fonctionnerait.

Après de longues minutes de course-poursuite à lutter contre chaque soldat qui s’approchait un peu trop, la charrette s’engagea dans un passage plus étroit entre deux petits collines de débris de tôles et de déchets en tout genre. Une grosse barre de fer inclinée soutenait une large plaque de tôle, soutenant l’édifice d’art moderne de manière très précaire. Je n’avais même pas eus à créer ce piège moi-même, seulement à déblayer un peu le passage, mais tout était déjà prêt et c’était parfait, comme si le dieu des voleurs était avec moi. Je me plaçais sur le côté de la charrette, un pied à l’intérieur et l’autre à l’extérieur. Arrivé à la hauteur de la barre de fer, je la frappais d’un puissant coup de pied horizontal qui fit glisser l’épaisse barre de fer vers l’avant avant que je ne l’attrape d’une main pour l’emporter avec moi. Un gros grincement retentit tandis que de petits objets commençaient à tomber, et une partie bien plus imposante penchait dangereusement au-dessus du passage et de nos têtes. Les cavaliers levèrent des yeux hallucinés, réfléchissant probablement entre continuer de me poursuivre et faire demi-tour pour sauver leurs vies. C’était déjà trop tard et la colline artificielle s’écrasa dans un fracas. La charrette y avait échappée de peu, à croire qu’un dieu veillait vraiment sur moi. Cependant, plus aucun cavalier n’était derrière moi, malheureusement pour eux, bienheureusement pour moi.

Après plusieurs minutes à suivre un long couloir entre deux petites montagnes de détritus, j’arrivais finalement dans une zone circulaire assez grande et dégagée. Mais, comme tout ne se passe jamais comme prévu, il y avait quelque chose que je n’avais pas prévus qui me faisait à présent face. Devant la seule sortie praticable par la charrette se trouvaient des soldats à cheval, une petite dizaine, mais surtout il y avait ce vieil homme que j’avais brièvement combattu précédemment. Le Colonel Jimenez en personne, ses épais sourcils broussailleux froncés, son regard braqué sur le mien. Derrière les cavaliers, les soldats avaient bloqués le passage de plusieurs gros débris et plaques de tôles. Je pouvais essayer de foncer dans le tas comme je l’avais fais plus tôt, mais avec cet homme expérimenté en face cette opération s’avérerait presque impossible. J’avais déjà testé sa force après tout, je savais à quoi m’attendre. Tirant sur les rênes, je fis ralentir les chevaux qui s’arrêtèrent en plein milieu de l’arène de détritus.

« Reste là. » fis-je à Momo en lui caressant la tête avant de descendre du véhicule. « Alors, je te manquais trop, c’est ça vieux Colonel ? » m’exclamais-je à l’officier qui commençait à s’approcher entouré de ses hommes.

« Je vous avais prévenu. » commença-t-il, sa mine plus renfrognée que jamais. « La Justice vaincra toujours sur les petits criminels comme vous. Vous n’avez plus aucun échappatoire, seule la justice du gouvernement mondial vous attend. »




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La dizaine de cavaliers me toisaient en approchant, dégainant leurs sabres mis à part pour leur chef qui semblait déterminé à résoudre ça par les poings. De mon côté je marchais également à leur rencontre, je ne comptais pas traîner là trop longtemps, autrement je serais rattrapé par le reste de mes poursuivants. Frappant mon poing dans ma paume ouverte, quelque part j’étais ravi de pouvoir enfin m’arrêter, d’autant plus pour cogner des soldats de la Marine.

Mes yeux rouges brillaient sous un rayon de la lune, mon visage partiellement caché par ma casquette visière vers l’avant et le bandana qui couvrait ma bouche qui souriait secrètement. Les dix  soldats qui accompagnaient le colonel ne me faisaient pas peur, aucun ne semblait sortir du lot. Non, le seul qui pouvait m’inquiéter était l’officier lui-même, fort d’une expérience visible à ses traits et d’une force considérable. De plus, il y avait cette technique de renforcement qu’il utilisait, mystérieuse et redoutable.

« Eh bien, eh bien colonel. » dis-je alors en secouant la tête. « Moi qui pensais que vous étiez un honorable soldat, et voilà que vous vous cachez derrière vos hommes. » j’avais troqué mes habitudes rustres et familières pour le vouvoyer, lui accordant un minimum de respect tout en tentant de le blesser dans son égo. « Allez, ramènes-toi papy, que je te botte le cul ! »  

J’affichais un air d’assurance, bien que c’était dur à dire du point de vue des soldats tant mon visage était bien camouflé. Mais, le Colonel Jimenez était impassible, même mes tentatives pour le blesser dans son égo s’étaient montrées infructueuses. Il continuait d’avancer sur le dos de son cheval, accompagné de ses hommes. Pourtant, j’avais remarqué plus tôt pendant la course-poursuite qu’il tenait à ses hommes et s’inquiétait pour eux. C’était peut-être là ma chance, son éventuel point faible.

« Pour un colonel, tu sembles peu te soucier du bien-être de tes hommes. » lâchais-je alors en fixant l’officier dans les yeux, abandonnant le vouvoiement pour taper là où ça fait mal. « Les envoyer au casse-pipe en sachant pertinemment ce qui les attend, ça fait pas très chef à mes yeux. Tu m’as affronté, tu le sais qu’ils ne me feront rien et que seul toi saura m’arrêter, alors pourquoi insister ? »

« De quoi est-ce que tu parles espèce de sale en... » commença un soldat perché sur son canasson, apparemment piqué au vif, avant que son chef ne lève une main dans sa direction pour lui intimer le silence.

« Vous avez raison. » déclara-t-il alors, la remarque me surprenant venant d’un homme si fier.

« Mais, chef... » commencèrent ses hommes autour de lui, encore plus surpris que je pouvais l’être.

« Non, il dit vrai, je l’ai affronté plus tôt et je l’ai sentis cette différence qu’il y a entre ce garçon et vous. Je ne veux sacrifier aucun d’entre vous, surtout pour un petit voleur sans envergure. » répondit-il sur un ton autoritaire et sérieux digne d’un chef, sa dernière phrase blessant mon égo de voleur aguerri. « Retournez près de la sortie que nous avons barricadée, et si jamais je n’arrive pas à l’arrêter, n’insistez pas, il vous tuerait, ce criminel. »

Son impassibilité avait été fragilisée par mes paroles, devinant un air renfrogné à la lueur de la lampe à l’avant de la charrette. Je me déplaçais de côté pour m’en éloigner, ne souhaitant pas que notre affrontement abîme la cargaison. Je comptais bien me sortir de là, et je ne souhaitais surtout pas être arrêté par un type que je trouvais si vieux, mon égo en prendrait un coup. Mais, à présent, je m’étais fais une meilleure idée de la psyché de mon adversaire, il était de ces officiers qui considèrent leur unité comme une grande famille. De plus, lors de la course-poursuite, plusieurs de ses hommes avaient péris sous mes coups ou sous les sabots des chevaux et les roues de la charrette. Certes, la plupart de ces morts avaient été accidentelles, mais il devait à présent me percevoir comme un tueur de plus, un criminel sans foi ni loi. Enfin, quelque part il n’avait pas tort, bien que je ne me considérais pas comme un monstre, contrairement à ce qu’il semblait penser mais, après tout, quel monstre se voit comme tel ?

Le Colonel Jimenez descendit de sa monture, la confiant à ses hommes qui repartirent près des barricades, relayés à un rôle de spectateur. Il n’avait pas d’armes, laissant son fusil sur la selle de son cheval. Une question de fierté peut-être, mais l’homme âgé voulait apparemment prouver sa force et sa valeur à ses soldats. Il venait d’accepter mes conditions après tout, il devait garder la face et montrer que sa vision de la justice était juste.

Nous arrêtant de marcher, nous nous stoppions à quelques mètres l’un de l’autre, face à face à nous fixer l’un l’autre intensément. J’avais déjà décortiqué son style de combat, partiellement tout du moins. Contrairement à notre affrontement précédent à l’arrière de la charrette, ici nous avions de l’espace pour nous déchaîner et, cette fois-ci, je pourrais être totalement offensif au lieu de défendre les marchandises du véhicule, autant dire que ce combat serait bien différent.

« Pourquoi voler cette charrette ? » me demanda-t-il alors, sorti de nul part en arborant toujours cette mine renfrognée, sourcils froncés. « Pourquoi tendre vers le crime ? Avec vos capacités, vous feriez un très bon soldat, vous pourriez même obtenir un grade important. »

« Est-ce là la seule solution que tu proposes ? Périr dans la misère ou aider à la répandre sous le joug du Gouvernement Mondial ? » demandais-je moqueur, choqué par la vision que l’homme pouvait avoir. « Aveuglé par ton fanatisme tu t’es mis des oeillères en regardant le peuple du Royaume de Goa. C’est sûr que le centre-ville a l’air sympa, des gens fortunés, bien vêtus avec de bonnes manières, de vrais bourgeois convertis qui sont devenus ce qu'ils avaient combattus. Mais, penses-tu à aller voir la misère dans laquelle les gens de la basse-ville vivent ? Le sais-tu seulement ou fais-tu exprès de ne rien voir ? »

J’avais déballé tout mon argumentaire, bien que je ne comptais pas lancer un débat sur qui avait raison ou qui avait tort. Tout ce que je souhaitais, c’était écraser mon poing droit sur son nez, bien plus à présent qu’il avait parlé ainsi. Moi, un soldat ? Quelle idée ridicule pour quelqu’un qui exècre les ordres et les injonctions. J’avais toujours trouvé que la hiérarchie sociale était une belle connerie, et des institutions comme la Marine en était remplie. De gradés prenant de haut leurs soldats sous couvert de hiérarchie, des ordres auxquels les bleus-bites étaient obligés de répondre sous peine de court martiale. Le Gouvernement Mondial s’était posé en objecteur de conscience mondial, décidant de ce qui était bien et ce qui était mal, guidé par sa propre morale, à la manière d’une secte ou d’un gouvernement fasciste. S’il y avait bien une idéologie à laquelle je n’adhérais pas, c’était celle-là.

« Trêve de bavardages inutiles, quoi que tu dises je ne serai pas convaincu. » lâchais-je alors, prenant une posture de combat en levant mes poings devant moi. « Cette affaire ne se réglera que d’une façon : ma victoire. »  

Sur ces mots et sans lui laisser l’occasion de répondre, je m’élançais sur lui, bien décidé à finir cela rapidement. Il fit de même, quittant son immobilité austère pour également lever ses poings et me fondre dessus avec la même intention. Arrivés au corps à corps, nous échangions des coups, envoyant une pluie de coups de poings, parés, bloqués, frappés. En terme de force, nous faisions jeu égal, mais en termes de technique j’avais le dessus, j’en étais certain. Évitant un énième coup de poing, le laissant approcher mon visage avant de tourner sur moi-même comme un pas de danse, passant le long de son bras, je dépliais violemment mon bras en partant de l’épaule pour lui décocher un droite qui le cueillit en pleine joue.




Mon poing fut bloqué net, comme si je venais de frapper un mur trop épais pour être brisé. Une fois de plus, Jimenez avait rigidifié son corps grâce à sa technique favorite. Je me demandais comment ça fonctionnait, cette technique devait nécessiter un entraînement intensif pour être capable de contracter autant ses muscles au point de se rendre aussi résistant que le métal. Moi qui considérais mon propre corps comme une arme, je trouvais cette technique particulièrement intéressante, et dérangeante dans ce cas précis, n’arrivant pas à placer un seul coup efficient.

Le poing toujours contre sa joue, le colonel en profita pour quitter sa posture défensive et me frapper d’un puissant coup de poing aux côtes, me coupant la respiration l’espace d’un instant tandis que je glissais sur le sol, ancré sur mes appuis. Cette technique était décidément redoutable, parfaite pour la contre-attaque après avoir encaissé sans dommages le coup adverse. Mais ce n’était pas la première fois qu’il utilisait cette méthode et à présent je m’en méfierais. Contre un combattant au corps à corps, j’avais toujours tendance à analyser les mouvements de mon adversaire, ses déplacements, ses placements.

Remontant sa garde façon boxeur, il me fonça dessus ainsi plié derrière ses avants-bras devant lui. Il était temps de lui montrer ce qu’étais la mobilité et, alors qu’il m’arrivait dessus, j’évitais son coup de poing en me baissant en arrière, les jambes légèrement pliées, le torse presque à la perpendiculaire du bas du corps. D’un geste vif de deux doigts, j’attrapais la visière de ma casquette pour la tourner vers l’arrière, ramenant dans le même temps mon corps vers l’avant. J’attrapais son col une fois assez près, passant à côté de son poing, avant de lui asséner un rapide et puissant coup de boule. Trop surpris par la contre-attaque pour avoir le temps d’utiliser sa technique, l’homme se mit à tituber vers l’arrière, une goutte de sang coulant de son front où je venais de frapper. Cependant, je ne souhaitais pas lui laisser le temps de se reprendre et j’avais déjà bondis en avant, l’épaule poussant vers le bas pour me faire prendre un effet de rotation qui me fit tourner sur moi-même, finissant le tour par un coup de pied à la clavicule. Les pieds de Jimenez s’enfoncèrent légèrement dans le sol, celui-ci s’affaissant en un cratère autour de lui.

« C’est tout ce que vous avez, voleur ? » fit-il en relevant son visage vers moi.

À nouveau rigide, le Marine encaissait l’attaque sans broncher. Poussant alors sur mon pied toujours sur son épaule, je me propulsais dans les airs derrière lui avant qu’un poing ne me cueille dans les airs, exécutant un salto avant de retomber au sol. Je me retournais directement pour lui foncer à nouveau dessus, envoyant des coups de poings les uns après les autres. La garde remontée, l’homme utilisait à nouveau sa mystérieuse technique mais je venais de penser à quelque chose que je voulais vérifier. Chacun avait ses limites et il en était de même pour les techniques, l’attaque ou la défense ultime n’étaient qu’illusion car rien n’est jamais parfait. Ainsi, je voulais tester son endurance en l’attaquant en continu jusqu’à ce qu’il se relâche. Cependant, c’était également éprouvant pour moi tant son corps était dur, sentant mes propres coups se réverbérer dans mes os. C’était là un combat d’endurance, tant pour lui que pour moi.

« Flanches, enfoiré ! » m’exclamais-je sans discontinuer à distribuer les mandales.

Je continuais de frapper, me déplaçant autour de lui dans le même temps, variant les attaques de coups de pieds et genoux, de vrilles rapides se finissant en coups de coudes dans des endroits sensibles tels que le cou ou le plexus. Frappant d’une balayette puissante pour le déstabiliser, mais bloqué par sa jambe aussi rigide qu’une barre d’acier. Mon corps était de plus en plus endolorit à mesure que je frappais, mes phalanges aussi rouges que mes yeux.

« La défense est la meilleure des attaques. » murmura-t-il, concentré avec les muscles ainsi contractés à l’extrême.

Si une telle prouesse ne lui valait pas de crampes ce serait un miracle. Et pourtant, au détour d’un double coup de poing au plexus, le colonel me saisit les poignets fermement, me maintenant en place. Agrippé à mes bras, il tira dessus pour me soulever de terre et me faire passer au-dessus de sa tête afin de m’écraser de l’autre côté. Mais, me servant de l’inertie qu’il me conférait, et du fait qu’il s’était momentanément relâché, j’envoyais ma jambe dans le mouvement pour venir le frapper puissamment en plein visage tandis que mon corps rencontrait violemment le sol. Un cratère se forma sous moi à l’impact, une gerbe de sang quittant ma bouche. De son côté, Jimenez avait été projeté en arrière à quelques mètres, le nez saignant abondamment.

« Kuh kuf...quelle saloperie celui-là, j’te jure. » soufflais-je, allongé au sol, grimaçant sous la douleur qui habitait mon dos.

Me relevant en titubant, je me stabilisais enfin pour observer l’officier un peu plus loin. Il faisait de même, un long filet de sang partant de son nez jusqu’à son menton, un goutte à goutte sanguinolent s’écrasant à terre à chacun de ses pas. Déterminés, nous nous élancions de concert l’un vers l’autre, les poings levés pour repartir dans un échange de coups puissants, destinés à écraser l’autre. Parant un coup du dos de la main, poussant son poing vers l’extérieur, je profitais de l’ouverture pour envoyer un uppercut droit sous son menton, l’officier y répondant automatiquement de sa rigidification, bloquant le coup. Ne me laissant pas berner cette fois-ci, j’enchaînais directement avec un coup de pied retourné droit dans son ventre puis d’un coup de pied sauté au visage avant de me servir de sa joue comme appui du pied pour passer derrière lui en tournant sur moi-même dans les airs. Assénant quelques coups de poing au passage, je frappais d’un coup de genou entre les omoplates, toujours à mi-hauteur, derrière lui à présent. Regagnant le sol, je frappais d’un fauchage horizontal de la jambe derrière ses genoux. Je sentis la résistance se faire, mais ses genoux se plièrent légèrement vers l’avant malgré tout. J’étais sur la bonne voie. Continuant de tourner comme si je dansais autour de lui, je frappais du pied dans sur le haut de la cuisse, sa jambe poussée vers l’intérieur en le déstabilisant encore un peu plus. Puis d’un coup droit du plat du pied dans sa cheville, la poussant vers l’arrière puis dans l’intérieur de la cuisse en regagnant le sol, le voyant brièvement grimacer. Tournant toujours, j’envoyais un coup de coude droit dans sa pomme d’adam. Et, enfin, son armure fut brisée et sa posture par la même occasion. Son corps se relâcha de la tension qu’il avait exercé tout ce temps dessus, crachant un petit filet de sang sous mon attaque brutale. Il titubait en arrière, les yeux exorbités en se tenant la gorge comme s’il étouffait.

« Crois pas que j’en ai finis avec toi. »

M’élançant à sa suite, je bondis en avant, lui attrapant les épaules en envoyant un coup de genou en plein plexus. Cela eut pour effet de débloquer son air crispé de l’étouffement, mué en grimace de douleur. Regagnant le sol, je tournais sur moi-même en me baissant, plaçant une main au sol pour envoyer ma jambe verticalement droit sous son menton. Propulsé dans les airs, je bondis de nouveau à mi-hauteur en exécutant une vrille, terminant par un coup de pied rotatif en plein dans son ventre, le cueillant alors qu’il retombait. Dans un filet de sang interminable suivant son nez, Jimenez fut projeté à une dizaine de mètres dans une montagne de déchets et de gravats. Des piles de tôles en équilibre précaire s’écrasèrent sur lui dans un fracas, l’enterrant temporairement dans une tombe métallique.

« Ça te fera peut-être réfléchir à ta prétendue justice, fanatique. » lâchais-je en me détournant de la scène.

Je n’avais pas le temps de vérifier ma victoire, je devais fuir d’ici au plus vite. Déjà, je commençais à entendre les voix des cavaliers au loin qui nous rejoindraient d’une minute à l’autre. Crachant le sang qui habitait ma bouche, je serrais les poings et m’élançais vers la sortie barricadée, claquant sur la croupe des chevaux lorsque je passa à côté de la charrette. Les équidés hennirent en chœur avant de frapper le sol de leurs sabots, s’élançant dans la même direction que moi. Le temps qu’ils accélèrent, j’aurais peut-être suffisamment de temps pour détruire la barricade. Les soldats semblaient choqués par ce dont ils avaient été témoins, voir leur chef défait ainsi sous leurs yeux. De plus, les dernières paroles que leur avait lâché leur colonel devaient tourner dans leurs têtes. Je les voyais douter et j’en profitais, je comptais bien creuser ce doute. Bondissant alors assez haut pour atteindre un cavalier perché sur sa monture, je le désarçonnais d’un coup de genou, l’homme rebondissant sur le sol sur plusieurs mètres en criant. Blêmes, les cavaliers s’écartèrent sur mon passage par réflexe. Ainsi, je pus traverser leurs lignes en un temps record, les soldats se retournant sur mon passage en hésitant toujours à attaquer ou non. Mais, c’était déjà trop tard et mon poing, porté par mon élan, s’enfonçait dans la barricade en projetant des éclats de bois et en pliant la tôle en la projetant hors du chemin. Derrière moi, les soldats s’étaient écartés plus encore sur le passage de la charrette qui s’engagea dans le passage. D’un salto arrière acrobatique de toute beauté, je passais par-dessus les chevaux portés à présent au galop pour retrouver des pieds les planches de l’arrière du véhicule. Me retournant, je fis un doigt d’honneur aux soldats restés en retrait, pile au moment où il y eut de l’activité en plusieurs endroits de la large arène de déchets.

Du côté de Jimenez, il sortait de son cercueil de fer en soulevant la tôle, couvert de son sang et plus remonté que jamais. D’un autre côté, en haut de la colline de détritus dans un passage qui aurait été trop étroit pour la charrette, de nouveaux cavaliers apparaissaient en levant leurs sabres, souhaitant probablement venger leurs frères et leur chef. Cependant pour eux, j’avais déjà pris une grande avance et la charrette filait à toute allure tandis qu’une partie des cavaliers se dirigeaient vers leur chef qui se relevait difficilement.

« Attrapez-moi si vous le pouvez les mouettes ! » leur criais-je, tirant la langue en me tirant sur le bas d’une paupière.




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Le Nerf de la Bière


Flashback Proche
✘ Quête Cambriolage




La charrette tractée par les quatre chevaux filait au milieu des monceaux et montagnes d’ordures, de nombreux passages ayant été creusés là au fil des années. Loin derrière moi, disparaissant par intermittence au détour de virages, des soldats de la Marine montés me poursuivaient toujours pour ne rien changer. Cependant, j’avais pris une avance considérable sur eux et les chances qu’ils me rattrapent étaient minces. Assis confortablement à la place du cocher à l’avant de la charrette, je profitais de ce moment pour me reposer de mon combat contre le colonel. J’avais tout donné et mon corps était endolorit des pieds à la tête, principalement à cause de mes propres coups contre le corps d’acier de l’officier. Tout ce à quoi je pensais à présent, c’était me prélasser dans un bon bain bien mérité après tout ce remue-ménage.

« On l’a fait Momo ! » m’exclamais-je au chat à mes côtés, roulé en boule contre ma cuisse. « Ça aura été une soirée mouvementé, enfin c’est pas finit. »

En effet, je m’avançais un peu en disant que le casse était un succès. Après tout, j’avais toujours une bande de cavaliers bien déterminés à ne pas me lâcher qui me poursuivaient à quelques centaines de mètres. La grande forêt du Mont Corvo serait idéale pour les semer pour de bon avant de rejoindre la maison. Dans le doute, il me restait quelques pièges en stock et autres préparations pour berner mes poursuivants. Le pire scénario serait qu’ils retrouvent ma cabane, ce qui m’obligerait à fuir les lieux particulièrement bien cachés. Ce qui serait un sacré gâchis, j’avais encore des choses à faire sur cette île.

De longues minutes passèrent, maintenant ce rythme soutenu qui épuisait peu à peu les quatre chevaux imposants. Ils haletaient bruyamment, leur course ralentissant. Je savais où les arrêter pour les faire boire mais ils devraient tenir le coup jusque là.

« Courage les p’tits potes ! » m’exclamais-je pour encourager les équidés. « Vous allez pouvoir faire une pause dans pas trop longtemps. »

Mes encouragements avaient beau être sincères, ils ne se voulaient pas concluants tant les chevaux continuaient de ralentir. Grommelant, je me tournais dans la charrette pour voir s’il n’y aurait pas quelque chose pour les motiver, ne serait-ce qu’un peu. Enfin, je trouvais un sac de toile dans lequel je trouva des carottes en bottes. En saisissant une, garnie d’une bonne douzaine de légumes oranges, je me mis à grimper sur le dos d’un cheval en remontant jusqu’à pouvoir atteindre sa tête. Je lui tendis une des carottes qu’il croqua aussitôt, manquant de peu de me faire trancher les doigts par un cheval. Je fis de même avec le reste des animaux tracteurs qui, revigorés par l’en-cas, se remirent à accélérer.

À leur grand bonheur, nous arrivâmes finalement à un petit cours d’eau où je permis aux chevaux de se désaltérer une fois de l’autre côté. Pendant ce temps, je réarmais quelques pièges placés là plus tôt dans la journée, ou était-ce la veille à présent ? La nuit était passée à toute vitesse dans tout ce tumulte et le ciel marine avait finit par s’éclaircir à l’approche du lever du soleil. Il me restait encore un peu de temps au couvert de la nuit, mais ce serait bientôt le couvert de la forêt dont j’aurais besoin.

Et, ladite forêt s’étendait un peu plus loin, déjà en vue à quelques centaines de mètres. Une fois que les chevaux eurent suffisamment bus, je repris ma route. En regardant en arrière, j’aperçus les soldats qui avaient gagnés du terrain le temps de ma pause. Fouettant les rênes, les chevaux hennirent avant de partir au galop. J’avais encore assez d’avance sur eux pour que mon plan soit un succès. De plus, les pièges que je leur avais laissé sauraient les ralentir, au moins un peu. Et, alors que la charrette atteignait l’orée de la forêt, je pus assister au spectacle.

Alors que les cavaliers commençaient à traverser au grand galop les petits ruisseaux qui les séparaient de la forêt. Les pattes de leurs montures se prirent alors dans des cordes tendues entre deux piquets juste sous le niveau de l’eau. Les cavaliers aux malheureuses montures furent projetés en avant sur plusieurs mètres tandis que leurs chevaux tombaient dans le ruisseau. Ceux qui n’avaient pas subis ma fourberie aidèrent leurs camarades à se remettre en selle, mais sans quelques difficultés, certains chevaux empêtrés dans la corde. Ne souhaitant pas perdre l’avance octroyée par ces pièges, je pénétrais alors dans une forêt dense où je disparus aux yeux des soldats. J’avais placé suffisamment de ces pièges à corde pour qu’ils aient à tâter le terrain prudemment avant d’avancer, ce qui les ralentirait bien assez.

Le changement était drastique entre le Grey Terminal et le Mont Corvo, passant d’un océan de déchets et de débris à un monde de verdure et de petits animaux. Je savais pertinemment qu’il existait des bestioles plus imposantes en ces lieux mais, fort heureusement pour moi, il n’y en avait aucun en vue. Les passages étaient rarement assez larges pour que la charrette puisse passer et je dus ainsi emprunter un des chemins taillés au milieu de la forêt. De toute façon, quel qu’ait été le chemin, les soldats en analysant les traces de sabots auraient finis par me retrouver, hors j’avais une autre idée en tête.

Après plusieurs dizaines de minutes au bas mot, alors que les premiers rayons du soleil perçaient la cime des arbres, je ralentis la charrette en entrant dans une clairière. Finalement, les chevaux s’arrêtèrent en s’ébrouant légèrement, les gratifiant d’une carotte à chacun pour les remercier de leurs bons services. La clairière s’ouvrait en plusieurs endroits, fermée d’un côté par une petite falaise de pierre abrupte. Mais, à son pied, il y avait une plateforme de bois assez large, rattachée par des cordes qui remontaient jusqu’à une large branche d’un arbre en haut de la falaise d’une dizaine de mètres de haut.

Je contournais le véhicule après en être descendus, observant le châssis de la charrette, sous le plateau dans lequel se trouvait toute la marchandise. La course-poursuite sur des terrains différents, à une telle vitesse et sur une telle distance avait tant fait trembler la charrette à tel point que les gros clous qui maintenaient le plateau accroché au châssis étaient en partie sortis. C’était parfait pour mon plan. Ainsi, j’attrapais le dessous du plateau pour le soulever jusqu’à ce que les clous aient quittés le châssis. J’avais fais gaffe à ne pas trop le pencher pour éviter que les tonneaux et bouteilles se fracassent dans un déluge d’alcool. Je réitérais alors la même action, toujours aussi prudemment, de l’autre côté afin de séparer les deux parties de la charrette. Tirant alors de toutes mes forces, je tirais le plateau jusqu’à la plateforme qui grinça légèrement sous le poids. Momo était resté dedans, pas perturbé pour un sou, toujours roulé en boule à l’avant de la plateforme, là où le cocher s’asseyait généralement.

« Il est temps de se quitter mes petits potes. » dis-je aux chevaux en m’approchant d’eux.

D’une tape sur le flanc, les quatre chevaux hennirent en chœur avant de repartir en tirant le châssis derrière eux. Je m’étais dis que ce serait là le meilleur moyen de brouiller les pistes et de faire croire aux soldats de la Marine que j’avais continué ma route dans la forêt. Tout ce que j’espérais, c’est qu’ils ne fassent pas appel à un traqueur professionnel qui se rendrait bien vite compte des traces laissées par le plateau tiré jusqu’à la plateforme d’élévation.

Ainsi, sans perdre une minute, je grimpais sur le plateau, attrapant la grosse corde reliée à mon système de poulie improvisé. La cargaison était lourde, mais je m’étais entraîné ces derniers temps et j’avais sentis une nette amélioration dans ma force brute. Tirant alors en contractant les muscles de mes bras à mon torse, jusqu’à mes jambes en appui ferme sur la plateforme. Une dizaine de centimètres furent grimpées, puis un mètre, puis deux. Je sentais les cordes rouler par moments entre mes mains qui devenaient de plus en plus moites, refermant ma prise avec force. Au bout de quelques mètres, la corde se mit à me lacérer les mains à chaque fois que je tirais, faisant couler mon sang le long de la corde. Cependant, je ne m’arrêtais pas et continuais de tirer, encore et encore, à fermer les yeux sous l’effort conséquent sur un corps déjà bien malmené aujourd’hui. En retirant ma veste d’une main, je m’aperçus des nombreux hématomes qui marquaient mes bras, mes jambes, mon torse de traces violines. Les courbatures et les douleurs le lendemain seraient brutales.

Alors qu’il ne restait plus que quelques mètres de grimpette, j’entendis des grognements en contrebas. D’un coup d’œil, je les aperçus alors, cinq loups aussi haut que des vaches, qui tournaient en rond dans la clairière que je venais de quitter, leurs têtes relevées m’observant de leurs yeux jaunes sauvages. Décidément, j’étais en veine, je n’aurais pas pus espérer mieux pour retenir plus longtemps les soldats à ma poursuite. D’ailleurs, les sabots de leurs chevaux au galop se firent entendre, ils étaient tout proche.

Je gagnais enfin le sommet de la petite falaise, sautant au sol en tirant la plateforme à ma suite. Je l’y déposais, assez loin du bord pour qu’elle ne soit pas visible depuis la clairière en bas. J’eus tout juste le temps de défaire la corde entremêlée sur la branche que les cavaliers arrivaient dans la clairière.

« Halte ! » fit l’homme à la tête de la troupe composée d’une vingtaine de soldats montés. « Bordel de... »

Face à eux, les cinq loups quasiment aussi haut que leurs montures, dévoilant leurs crocs en grognant, de la bave se mettant à couler de leurs babines retroussées. Il y avait de quoi paniquer, ces grosses bêtes valaient facilement dix de leurs hommes, et il y en avait cinq. En meute, les loups sont bien plus redoutables que seuls et le soldat à la tête de la troupe devait le savoir. Cependant, la distance qui les séparaient des bêtes était bien trop maigre pour espérer pouvoir fuir sans pertes. Les cerveaux des soldats devaient être en pleine ébullition, à réfléchir à un moyen de s’en sortir vivant.

En tout cas, pour moi, c’était parfait. Et, n’observant pas plus longtemps la scène je me remis à mon travail. Il n’y avait plus grand-chose à faire, juste à tirer la plateforme jusqu’à ma maison un peu plus loin dans une clairière. Avoir élu domicile au cœur du territoire des loups avait ses avantages, bien que leurs visites matinales sur le perron de ma maison étaient rarement appréciées. Sans plus tergiverser, j’accrochais les cordes à la plateforme avant de les enrouler autour de mes épaules et ma taille puis de me mettre à tirer en avançant. Derrière moi, en bas dans la clairière, des coups de feu se mirent à détoner, répondus par des grognements et des bruits d’affrontement. Les soldats avaient apparemment été trop lents à se décider entre le combat et la fuite, il leur fallait désormais survivre à la dangerosité de la nature.

« Enfin de retour à la maison. » soufflais-je à Morpheo, toujours roulé en boule dans la charrette qui ouvrit un œil pour me fixer.

~ Meooow ~ me répondit-il, enthousiaste.

Nous entrions dans la clairière dans laquelle j’avais élu domicile temporairement. Au bout de cette clairière se dressait fièrement la maisonnée, perchée sur cette zone arrondie qui était le dos de Borat. À notre approche, la terre sous la maison fut légèrement secouée, s’ouvrant devant les marches de l’entrée pour révéler de plus en plus la tête du cochon géant. La tête à moitié sortie, il nous observa de ses deux grands yeux ronds et noirs. Se réveillant soudainement, Momo bondit hors de la charrette à la rencontre du gros pachyderme vert. Il s’approcha de sa grosse truffe et les deux animaux se reniflèrent calmement. Pour une fois que Borat n’était pas paniqué, il faut dire que Morpheo était petit pour un chat adulte, à peine plus grand qu’un chaton.

« Gruik Gruik ? »

~ Meoow Meow ! ~

Je me sentais un peu mis à l’écart pour le coup, les deux animaux semblant se comprendre mieux que je le faisais. Si jamais je recroisais cette officière blonde de la Marine, je lui demanderais une traduction. Je me mis alors à bailler, flattant le groin de Borat et la tête de Momo. Le gros pachyderme renfonça suffisamment son dos dans le sol, la tête toujours à demi sortie, pour que je puisse atteindre la maison sans avoir à grimper. J’avais laissé le plateau remplit de l’alcool qui avait survécut à la course-poursuite dans la plaine et je le recouvris d’une bâche que je sortais de la maison. Enfonçant la bâche avec de gros piques dans le sol pour ne pas qu’on m’en vole le contenu, je rentrais finalement dans ma maison pour un repos bien mérité, espérant que les soldats ne finiraient pas par découvrir cet endroit.




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