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Les voies de la Guerre

Des glaciers, de toutes tailles, à perte de vue. Leurs pics acérés, ciselés par le vent et le froid, dardent vers les cieux nuageux. Sur un de ces immuables pachydermes glacés, un pingouin, solitaire coureur des glaces fasciné par les énormes navires aux voiles déchirés qui manœuvrent sous ses yeux. ventrus, noirauds, puissants, hérissés d'armes et de symboles macabres, hétéroclite arrangement de vaisseaux de guerre tous unis par un même objectif, tous unis sous un même pavillon...

En tête de ces treize navires d'où fusent chants de guerre et cris hargneux, un titanesque bâtiment, voiles rouges trouées, bois noir comme le charbon, aura de mort et de ténèbres ; Le Coutelas, fleuron de la flotte la plus crainte au monde, gigantesque trois-mâts ayant parcouru Grand Line d'un bout à l'autre, repère du mal incarné. Sur le pont, des hommes au regard fou, l'écume aux lèvres, ajustent cordages et voiles en faisant défiler le Coutelas à travers les icebergs, ils sont les pires rebuts de Grand Line, les pirates les plus horribles auxquels ont donné naissance Dead End et Jaya. Chacun à leur façon, ils incarnent les pires symptômes gangrénant le Nouveau Monde, racailles sans pitiés, ne craignant rien sur les mers, pas même la mort…

…Sauf peut-être un démon.

Ploc… Ploc… Ploc…

Silence. Le Coutelas se paralyse durant un instant qui semble durer des millénaires alors qu'on perçoit, sur le pont supérieur, le son d'une prothèse de bois heurtant le sol du navire. Un frisson parcourt la vaisseau, alors qu'une ombre s'étend sur le gouvernail. Baissant les yeux, l'homme à la barre se retire rapidement, murmurant de respectueux et effrayés "Capitaine" à peine audibles. Un crochet effilé se pose sur le gouvernail, alors que plus de deux cents paires d'yeux de criminels et de meurtriers se rivent vers son propriétaire.

Mannfred D. Teach, Le Malvoulant. Le cancer des mers, la Terreur du Nouveau Monde, le démon de la piraterie, l'homme le plus primé de la flibuste, l'engeance la plus haïe sur mer, l'empereur de la flotte la plus crainte des trois grandes puissances, le messager du Chaos et du Déséquilibre. Les titres s'accumulent lorsqu'on cherche à parler de cette légende vivante innommable, mais certains ne survivraient à même le contempler de leurs yeux. Ce privilège est celui des hommes qui ont été assez fous pour survivre à son courroux de maniaque zélé. Sa main valide se pose à son tour sur le gouvernail, massive poigne aux longs doigts osseux.

Bon, c'est pas qu'on s'ennuie mais j'ai l'impression d'avoir déjà joué cette scène moi...

À l'ombre du tricorne décrépit du Malvoulant, un sourire édenté et carnassier s'étire, faisant retomber la terrifiante tension qui s'était saisie de ses hommes. Ils se hèlent, rient et se gaussent, avec un air sanguinaire à leur tour, en découvrant l'énorme palais de glace qui apparaît au milieu de ce champ d'icebergs. Ce terrain de jeu familier, ou, depuis la mort du seigneur d'ivoire ils sont revenus à sept reprises, à chaque fois qu'on capturait un des anciens commandant de feu l'empereur et que Teach s'offrait une réédition du duel gâché il y a trois ans par la mort de son ennemi, décédé dans son lit comme un vieillard plutôt que l'arme à la main et se vidant de son sang comme un vrai pirate.

Et si certains étaient présents à la bataille de Thriller Bark, ou tombèrent certains des plus anciens compagnons du Malvoulant, et sentent bien que cette huitième bataille pourrait être différente des sept autres, il leur suffit de se rappeler la devise qui de tout temps à guidé les pas du Malvoulant.

Nul n'a jamais survécu qui m'ait défié.

Allons, pas de temps à perdre pour le spectacle ! Entrez en scène les enfants ! Allez donc voir si ça vaut la peine que je me déplace cette fois ci !

Et suivant les ordres de son capitaine, la meute s'élance à l'assaut de l'iceberg.

[...]


A bord de son navire, Apache a l'humeur sombre, après la défaite de Winter Island elle se sait sous le regard du Malvoulant, et au lieu de se battre pour la place de première commandante, c'est maintenant pour sa survie qu'elle doit lutter. Et pour survivre, beaucoup d'autres doivent mourir. A commencer par le révo qui se prend pour l'incarnation de la guerre alors qu'il n'a survécu que grâce à ce maudit rouge.

-Tous le monde est prêt ? Alors en avant !


Autour de la terreur en rogne, les hommes ont revêtu un équipement probablement volés à la sous marine, et se retrouvent lourdement harnachés, a contempler d'un air songeur les eaux sombres et visiblement glacés autour du navire. L'hésitation est visible, et l'un des officiers finit par oser évoquer à haute voix la gène ambiante.

-Capitaine. Dans la flotte nos armes ne marcheront pas. Vous êtes sur que c'est une bonne idée ?


-Et ton sabre ? Tu crois qu'on te l'a donné pour faire joli ? Franchement vous me faites vomir. Ça veut jouer dans la cour des grand et ça a peur de laisser son fusil pour se battre au corps à corps, Pauvre chéri... Dites vous qu'on va passer par les tunnels et leur tomber dessus depuis l'intérieur, dans le dos. On aura pas le temps de leur tirer dessus avant de les saigner... Ou alors vous préférez mourir ici ?!




Un argument qui finit de convaincre les pirates qui enfilent rapidement leurs casques, et l'un après l'autre s'empressent de passer par dessus bord. s'organisant par groupe avant de se mettre à nager vers les profondeurs, visant des tunnels servant à évacuer déchets et corps, et qui vont permettre aux hommes de la troisième flotte d'engager l'ennemi au plus vite..


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Quelques heures avant la bataille.


Dans les quartiers de l’Atout se déroulait une réunion de crise. L’assemblée n’était composée que de Ragnar, Suelto et Yumi. Le rouquin déroula une carte fraîchement dessinée après de brèves observations. Ils observèrent tous l’énorme navire, sa composition, assez bien détaillé grâce aux précisions obtenues grâce à Elize. Ragnar plaça son doigt sur la zone où se trouverait leur affrontement. Ils ignoraient qui serait leur adversaire, mais Ragnar supposa qu’il s’agirait d’Apache qui devra se racheter auprès de son mentor.

« Par où nous attaqueront-ils ? demanda le commandant révolutionnaire. »

Yumi montra la mer.

« De face, bien sûr ! Elle va vouloir nous prouver sa domination, affirma l’épéiste. »

Suelto resta silencieux quelques instants, se tenant le menton, puis reprit après l’intervention de son camarade.

« Tu pourrais avoir raison, Yumi. Cependant, je pense qu’elle a trop à perdre pour refaire la même erreur. À mon humble avis, elle nous fera croire qu’elle attaquera de front mais tentera autre chose. C’est un bourrin, sauf qu’elle a aussi prouvé dans sa carrière qu’elle était tout à fait capable d’user de stratégies quand cela était nécessaire. Contre un autre bourrin tel que Ragnar, c’est une nécessité. »

D’un côté, Yumi pouvait avoir raison. Apache pourrait bien vouloir prendre sa revanche en attaquant son rival de face, afin d’asseoir sa puissance et assurer sa supériorité. Mais d’un autre côté, Apache avait, comme l’a dit Suelto, à cœur de se réconcilier avec son chef. Pour cela, elle devait bien évidemment emprunter d’autres chemins. L’Atout scruta les plans plus attentivement. Il s’agissait d’un navire. Les navires avaient des cales, des soubassements auxquels les bâtisseurs avaient accès. Ici, ces souterrains représentaient des tunnels, étroits et froids, mais accessibles pour des personnes déterminées.

« Ici, fit le général des armées révolutionnaires en pointant du doigt une zone de la carte. Ils passeront ici. Je n’ai aucune certitude de cela, seulement mon instinct. Elle et moi avons de nombreux en points en commun. Elle tapera fort de face et voudra nous taper fort de derrière. Rogers et Malon seront avec moi. Yumi, tu dirigeras la troupe qui nous défendra sous terre… disons sous la glace. Suelto t’épaulera avec l’escargophone. »

Les deux hommes acquiescèrent.

« Botte-lui vraiment l’cul, dit Yumi en tapotant l’épaule de son chef, flasque à la main. »

***

La bataille allait commencer. Les troupes du Malvoulant, plus précisément l’équipage d’Apache, approchait alors que les deux capitaines se toisèrent d’un regard empli de détermination. Le combat se déroulera à bord de ce navire, Ragnar le présageait, et ce, même s’il avait réactivé les canons de ce même navire et qu’il avait ordonné de tirer sur l’ennemi. Cela réduira le nombre, mais ne les empêchera de poser pied. Les deux capitaines continuèrent de s’échanger des regards au milieu de cette pluie de canons.

« Ragnar, les premiers infiltrés sont actuellement en train d’être accueillis, signala Suelto via l’escargophone. »

Contre la volonté de Yumi, Suelto organisa la réception de l’ennemie différemment de ce qu’il avait imaginé. Dissimulés dans la pénombre des profondeurs du navire, l’armée révolutionnaire attaqua par petits raids express, tels des assassins, surprenant les infiltrés dans cette obscurité. Cette manœuvre ne pouvait durer éternellement, l’effet de surprise étant limité. Yumi pourra d’ici peu de temps faire parler sa puissance, comme il le désirait initialement. L’objectif de Suelto étant toujours de réduire le nombre de l’adversaire.

« Ragnar, hurla un soldat. Les premiers navires accostent ! Faut-il les prévenir ? »

Sans bouger un cil, les bras croisés, l’Atout ne pipa mot pendant un certain temps.

« Inutile, répondit calmement l’Empereur. Dois-tu prévenir un prédateur de l’arrivée de son gibier?Là encore, inutile de répondre tant la réponse est évidente, camarade. »

Le clan Locksley se positionna à différents endroits de cet entonnoir, laissant les forces d’Apache avancer sans crainte vers leur cible. Quand le chef de famille jugea leur avancement suffisant, il ordonna les tirs. Une multitude d’archers fit leur apparition et tira silencieusement. Pas le moindre bruit. Plus bas, les hommes tombèrent comme des mouches, la plupart sans réellement savoir ce qui les avait tués. Ces tireurs d’élite avaient cette capacité à se mouvoir relativement rapidement, furtivement, changeant de position et tirant une nouvelle salve. Impossible pour les victimes d’identifier le provenance des tirs. Quand un archer était démasqué, il changeait aussitôt de position.

Apache continua d’envoyer ses hommes sans se soucier de leur perte. Quand elle posa enfin le pied à terre, tous les révolutionnaires tressaillirent. Sa seule présence produisit de la crainte chez ses adversaires. Du haki royal se dégageait d’elle de manière presque permanente, inconsciente. Le clan Locksley disparut pour de bon. Les pirates commencèrent leur ascension. En effet, Ragnar les attendait au sommet du rampe ressemblant tout simplement à une pente montagneuse et enneigée. L’Atout recula et disparut du champ de vision de ses adversaires qui, impatients, gravirent à toute vitesse. Hélas pour eux, une énorme boule de pierre fit son apparition, roula, prit de la vitesse et écrasa tout sur son passage.

« Suelto, dit Ragnar à son escargophone. Quelle est la situation en-bas ? Apache me semble trop sereine.
- La bataille est engagée. Pas de nouvelle de Yumi, bonne nouvelle ?
- Dans d’autres circonstances, je t’aurais bien dit que oui, mais là…
- Donne-moi dix minutes, je file jeter un coup…
- Ne bouge surtout pas, souffla l’Atout. Tu dois rester caché du monde jusqu’à ce jour fatidique. Même si Yumi, Kardelya ou moi venions à mourir, ton rôle demeurera essentiel. Ta mission passe avant ma vie et celle de l’équipage. Faisons simplement confiance à cet ivrogneYumi. »

Les pierres eurent un effet certain et diminua encore l’ennemi. Cependant, ils étaient venus si nombreux, que l’Atout n’avait pas d’autre choix que de réduire leur nombre avant d’entamer la bataille de front. Il était également accompagné d’une armée conséquente, mais il ne pouvait pas se permettre de sacrifier des vies inutilement. D’un coup un seul, les boulets de pierre furent éclatés. Une silhouette féline, élégante, sensuelle, athlétique et envoûtante, fit son apparition. Apache était tout aussi attirante qu’une Boa Hancock, à sa glorieuse époque. Malheuruesement, ils étaient aujourd’hui ennemis.

« RAGNAR ! LÂCHE ! COMPTES-TU TE BATTRE OU USER D’ARTIFICES? »

Connasse, pensa le révolutionnaire. Elle serait venue seule, j’en aurais fait de même.

« Dit celle qui tente une percée dans les bas-fonds pour me poignarder dans le dos. Tu es aussi habile que dangereuse, Apache. Dans un autre monde, je t’aurais aimé, éperdument. Hélas, le destin nous a réservé un sort bien moins glorieux. L’un d’entre nous mourra aujourd’hui. »
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Sur son navire, Teach observe le spectacle qu'on joue pour lui sur la glace tachée de sang, les trous jaunes qui lui servent de regard brillant d'un intérêt soudain plus vif, comme tout le monde il voit la déferlante d'éclairs qui frappe les navires et la zone ou se bat Ludiwg, les vents anormaux qui se lèvent et se transforment en tornades, la silhouette doré et métallique de Richards, utilisant le pouvoir de son fruit pour se défaire de ses adversaires, le Ludwig géant qui se dresse au dessus de l'iceberg, constitué de milliers de corps agrippés les uns aux autres et qu'une double déflagration de haki royal pulvérise et rejette à la mer... Et bien au delà de la vue, Teach, comme l'autre la bas sur l'iceberg, l'autre dont il sent la présence et la main derrière cet échiquier, Teach ressent tout. Goutant aux sentiments exacerbées des hommes qui se battent et meurent pour lui, leur peurs, leurs douleurs, leur mort, il sent la rage d'Apache insultant Ragnar, il sent l'étreinte glacé de la mort qui gagne le Glouton, la surprise incrédule de Manson qui voit tourner un combat joué d'avance, la rage de Henry pris dans les vents contraire de Kardelya, il boit la haine froide qui brule dans le cœur de la reine de Glace...

-ARH ARH ARH !

Le croassement sinistre et grinçant du rire de l'empereur est aussi fort et distinct que si le monstre se tenait sur l'épaule de chacun des participants au combat. Il fige de peur certains pendant que d'autres se retournent d'un bond, il accompagne les râles des blessés, étouffe le dernier soupir des mourants qui jonchent le sol.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Teach s'amuse.

Et comme son rire, sa voix se répand comme le fiel sur le champ de bataille quand il s'adresse à chacun, laissant a tous ceux qui l'entendent l'horrible sensation de la respiration rauque et brulante d'un monstre vous susurrant à l'oreille tout en se préparant à vous la croquer d'un grand coup de dents.

-ALLEZ APACHE ! PLUS VITE ! PLUS FORT ! ARH ARH ARH !

Du trône sur lequel est assis l'empereur jaillissent des lianes de bois qui se dressent vers le ciel en un tissage complexe. Au dessus du trône se déploient de nouvelles tiges, branches, feuilles, fruits, esquissant la silhouette dérangeante d'un arbre difforme, torturé, dont le centre n'est pas un amas de feuilles mais une vaste poche membraneuse parcourues de veines sylvestre et qui, a la manière d'un organe vivant, se met à pulser a mesure qu'elle se construit, enfle, gonfle, jusqu'a former un étrange ballon qui arrache le trône du pont du navire avant de se mettre à flotter en direction de l'iceberg.

Teach arrive.


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Malon était resté au côté de Ragnar. Il était fou de rage. Pour lui c'est une perte de temps d'affronter des pirates. Les pirates ça se s'affrontent pour protéger des civils, pas pour faire des batailles d'envergure. Des questions d'ego et uniquement des questions d'ego entre grands chefs qui veulent la gloire et l'honneur. Il n'y a rien de révolutionnaire la dedans. Malon était inquiet. Tout ce qu'il connaissait de leur adversaire, c'est qu'il est particulièrement dangereux et que l'ennemi est nombreux. Le zaunien allait devoir se battre sur une grande île de glace, vide de toute vie et de tout intérêt. Tout ça pourquoi? Vaincre un seigneur pirate. Tout révolutionnaire conséquent s'attaque au concept de piraterie, pas aux pirates. Le problème c'est le jeu, pas les joueurs. Il faisait des allers retours le long du pont du navire la tête baissée sans même faire attention aux navires pirates qui approchaient de manière menaçante. Quoi qu'il en soit, la Révolution fait bloc, il faut donc obéir et gagner. Il jette un coup d'œil vers ses camarades anxieux face aux combats à venir. C'est alors qu'il vient à Malon une idée.

Il se dirige vers les quartiers de Ragnar. Il y avait du bruit à l'intérieur, il prends donc la décision d'attendre que la réunion s'achève. Au bout d'une demi-heure d'attente, la porte s'ouvre et les officiers de Ragnar sorte. Avant que le dernier ne referme la porte, il rentre sans toquer dans la pièce. Il voit Ragnar les yeux fixés sur une carte.

- Je t'en prie Malon. Installe toi. Tu as visiblement quelque chose à me dire.

Malon est surpris de son ton calme. C'est comme si son chef savait qu'il allait venir. Il s'agit d'un être surnaturel, pensa Malon.
Le cornu s'approche de la table autour de laquelle s'est décidé le plan de bataille et s'adresse obséquieusement à Ragnar:

- J'ai une requête à présenter à l'Atout.

Ragnar lève les yeux et paraît inquiet par le ton de sa recrue.

- Il y a parmi nos hommes, des anciens prisonniers. Ces gens sont, pour la majorité d'entre eux, peu fiables car pas acquis aux idéaux révolutionnaires. Ils nous suivent car nous les avons libéré.

L'Atout l'interrompt:

- J'ai confiance en nos hommes et nos officiers pour les encadrer.

- Et je me propose, au vue de la difficulté de la situation, de prendre temporairement le rôle d'officier.

- Oui pourquoi pas. La situation le justifie. Tu as sans doute une idée en tête.

- Absolument. Je me propose de mener une cinquantaine de soldats parmi les plus brutaux des anciens prisonniers. Ces hommes forment une mauvaise ligne et auront tendance à fuir si le combat devient trop intense. Je pense qu'il faudrait en faire une unité d'harcèlement des troupes ennemis.

- Qu'entends tu par là précisément?

- Il faudrait dissimuler ses brutes avant la bataille, puis les faire foncer sur des groupes de tireurs ou d'artilleurs à l'arrière et de perturber des formations. Certains de nos hommes sont taillés pour frapper fort et se replier.


- En effet, cela pourrait être intéressant... Je te fais confiance. Cependant ce sera à toi de choisir les hommes que tu estimes taillés pour cette mission. Je te fais une lettre qui fera gage de ton autorité le temps de la bataille. Va rejoindre les troupes au sol.

- Merci, je ne vous décevrai pas.

Malon s'estime suffisamment stratège pour mener des hommes. Il veut prouver qu'il en est capable à l'Atout. Si son action est décisive dans la bataille, alors il montera en grade. Il aura ainsi plus de marge pour mener des actions révolutionnaires conséquentes. Il montera à Ragnar qu'il est capable d'apporter de grandes choses à la cause.

***


Cachés derrière une petite colline. Malon motive une dernière fois ses hommes. Ils n'auront pas à se battre jusqu'à la mort, uniquement à agir par opportunité. Bien que les hommes sous ses ordres sont tous de grands gaillards musclés, Malon reste le plus imposant et le plus effrayant. Il garde précieusement la lettre de Ragnar dans sa main. Il veut montrer qu'il est un représentant temporaire de l'autorité de l'Atout pour discipliner ses soldats. Ils ne sont que très peu armés. En effet, ils n'ont aucune arme à feu ou à distance. Il n'ont que des massues, des haches ou des barres de fer. La Révolution n'a pas eu le temps de les équiper. Ce sont tous des recrues très récentes. Ils ont l'air soulager de ne pas être directement au front.

- Camarades! Restez silencieux! Nous ne devons pas nous faire repérer! Nous allons attendre que le front se stabilise pour repérer les canonniers. Si nos camarades se font tirer dessus à coup de boulet je ne donne pas cher de notre peau. Alors c'est simple: on les repère, on leur fonce dessus et on les massacre.

- On tire avec? Demande un soldat devant lui.

- Non! Nous n'aurons pas le temps. On s'empare de la poudre et on casse tout ce qui peut permettre de tirer. Ensuite, on retourne se cacher. Nous ne sommes pas assez nombreux pour les affronter à la loyal. Vous me comprenez j'en suis certain.

Le groupe ricane bêtement. Ils sont soulagés de ne pas avoir à sacrifier leur vie pour une cause. D'autant plus que la voix rauque de Malon et la vision de l'intérieur de sa bouche fétide les ont décourager à contester. Le zaunien se retourne et observe la plage. Les pirates débarquent...

Que la partie commence!
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Après tout, aussi bien dans la révolution que dans n'importe quel autre camp, il y avait des lâches et des types prêts à changer de camp s'il le fallait. Malon l'avait parfaitement compris et avait pris la décision de sélectionner des hommes ayant ce profil si détestable soit-il. Donnez-leur une garantie, une assurance, et ces mêmes hommes seront de véritables poisons. Ainsi, l'Atout laissa son soldat libre de servir dans son armée et de gérer son escouade. Dans une situation aussi urgente que celle-ci, certaines manœuvres imprévues et insolites étaient nécessaires.

De son côté, Ragnar ne pourra pas contenir ce flux de pirates affamés. Ils voulaient du sang et ses frères devront leur servir. Apache en tête, les rochers faisaient mouche. Sa puissance était telle que ces rochers ne représentaient que des cailloux à écarter d'un revers de main. Aussi, il se rappela que sans l'aide de ses camarades, Apache n'aurait fait qu'une seule bouchée de sa personne. Mais l'idée de pouvoir d'auto-évaluer une nouvelle fois l'excitait pleinement. La peur n'existait pas chez le révolutionnaire, sauf quand il s'agissait de perdre des proches, mais ce risque était constant dans une bataille d'envergure. 

« Si tu as peur, mon beau Ragnar, sache que ce n'est pas mon cas. Reste donc sur ton trône. J'arrive et te réserve une belle surprise. »

Elle y croit vraiment la bougresse, pensa le révolutionnaire. Il était hors de question que son armée atteigne le sommet, sans quoi la défaite serait presque totale pour la coalition. Prendre possession d'un tel lieu était un avantage certain pour l'ensemble de la bataille. L'Atout le savait. Il devait descendre et affronter sa rivale du moment. Depuis leur dernière rencontre, il s'était durement entraîné sur Winter Island. Leur puissance devait être à peu près équivalente, peut-être un léger avantage pour la demoiselle. Il n'était pas favori et s'en moquait éperdument. Un combat n'était jamais joué d'avance. 

« Ne t'embête pas, Princesse. Je me ramène à toi. »

Ragnar attendit simplement quelques instants. Juste un signal de l'arrière-garde, signalant que la situation était quasiment sous contrôle dans les souterrains. Vêtu d'une cape noire recouvrant l'entièreté et d'une capuche dissimulant son visage, Suelto Visconti apparut derrière l'Empereur. Il s'était résolu à le faire sortir de sa tanière pour prendre le commandement. À l'instar de Winter Island, impossible de diriger les troupes en combattant Apache. Le rouquin sera largement à la hauteur, voire même meilleur que lui. 

« Empêchez l'ennemi d'accéder au sommet. Cet homme vêtu de noir, dit-il en le pointant du doigt, prend immédiatement le commandement. Certains reconnaîtront son parler et son timbre mélodique, les autres devront me faire confiance. Nous fêterons la victoire à la tombée de la nuit. Infanterie, avec moi ! »

Aussitôt, Ragnar dévala la pente avec toute son infanterie. Du fait de leur position, ils arrivaient plus vite et plus fort. Les pirates les attendaient, mais la première ligne se fit immanquablement manger. Mais le plus impressionnant ne fut autre que le choc entre les deux capitaines. Un son strident et une onde de choc enveloppèrent tout le champ de bataille. Apache et son guando, Ragnar et ses deux dagues. Bloqués, ils ne purent s'empêcher de se sourire, comme heureux de se retrouver. 

« Toujours avec tes cure-dents ? balança la demoiselle.
- Rappelle-toi qu'il m'a fallu la moitié d'un pour te botter le derrière, rétorqua le révolutionnaire. »

S'en suivit une valse élégante mais brutale entre ces deux personnages animés par les combats. Les coups fusèrent vite. Trop vite pour être décrits par l'assemblée. Chaque coup se faisait entendre et brillait de mille éclats. La zone était rythmé par cet affrontement. Les hurlements, les cris, les tirs, tous camouflés par ces deux armes qui ne cessaient de s'entrechoquer. L'Atout faisait tout son possible pour maintenir sa position, en hauteur, afin de dominer son adversaire qui, elle, tentait de renverser la situation. D'un puissant coup chargé en divers hakis, l'une des plus grandes puissances du Malvoulant, envoya Ragnar valser, écrasant ses propres hommes au passage. Plutôt que de tenter de prendre une position plus haute, elle décida finalement d'emmener son adversaire au sommet. 

Pas question pour ce dernier de se laisser faire. Il chargea de nouveau et fit en sorte de réduire la distance entre les deux afin de l'empêcher de gagner du terrain. Tout autour, les divers affrontements battaient leur plein. Le révolutionnaire ne pouvait absolument pas évaluer les dégâts et le camp qui prenait l'avantage. Obnubilé par son affrontement, l’Empereur ne pouvait malheureusement pas assurer ses fonctions de commandant. Seuls sa détermination et son combat pouvaient aider ses hommes à mener l’assaut. De nouveau, les deux valeureux guerriers recommencèrent leur danse. Cette fois-ci, Ragnar y met davantage d’intensité. Lorsqu’Apache bloqua ses coups, leurs visages étaient presque collés l’un contre l’autre.

« Toujours aussi faible, fit-elle avec un large sourire aux lèvres. Dommage qu’un si bel homme doive mourir dans un tel endroit.
- Je pourrais te retourner le compliment, répondit le révolutionnaire avec le même sourire. Pourquoi est-ce qu’une si belle femme, élancée, intelligente et dont l’avenir pourrait plus grandiose que l’ensemble des individus ici présents, se rabaisse à servir les intérêts d’un vieux dégueulasse ?
- Ça ne te regarde pas. D’ailleurs, même si je te le disais, ça ne te servira à rien étant donné que ta fin est imminente.
- Quoi ? Déjà ? Je ne suis pas assez important pour que ton boss me garde comme jouet? Quelle tristesse, dit l’Atout en faisant la moue.
- T’es complètement inconscient, toi. Ça m’plait.
- Disons apaisé de nature. Ma mort n’engendrera rien. D’autres prendront ma place et l’issue de cette guerre ne tient pas que de moi. Même en l’emportant contre moi, ta flotte sera bien trop affaiblie pour poursuivre les desseins du gros sac. D’ailleurs, c’est pas lui qui arrive ? »

Apache leva la tête. Étonnamment, ce fut Teach qui lui ouvrit la voie. Ce bref moment d’inattention lui permit d’achever ses préparatifs. En effet, tout le long de leur discussion, Ragnar laissa couler de l’encre de son pied qui, une fois suffisamment proche, se transforma en une aiguille qui piqua la jambe de la pirate. Celle-ci se retourna avec des yeux féroces. Elle sembla prendre de la hauteur et sa force s’accentua. L’Atout ne put faire autre chose que subir sa force et s’affaisser progressivement.

« Espèce de lâche, beugla-t-elle. Je vais t’exploser la tronche. Tu penses réellement m’avoir avec tes aiguilles mal aiguisées ? »

Sans un mot, le révolutionnaire se volatilisa à toute vitesse vers son flanc droit, d’où il avait piqué la demoiselle. Quand celle-ci voulut rabattre sa jambe en retrait, elle en fut tout bonnement incapable. Une fois encore, le détenteur du Sumi Sumi profita de l’occasion pour passer sous la garde de son adversaire et d’envoyer l’une des dagues en uppercut, en direction du visage. Apache esquiva in extremis, encore sous le choc. Le révolutionnaire planta l’autre dague sur son flanc gauche, laissant une traînée d’encre s’introduire à l’endroit de la perforation. La robuste femme tenta de l’écraser contre sa poitrine, pour le plus grand bonheur du jeune homme, mais celui-ci se liquéfia pour échapper à son emprise.

En résumé, Apache semblait souffrir d’une légère perforation au niveau des côtes qui ne l’empêchera pas de poursuivre son affrontement. Sans pour autant avoir pris l’avantage, Ragnar semblait assez fier de lui, ce qui fit enrager son adversaire qui ignorait la raison de ce sourire provocateur. Lorsqu’elle voulut s’élancer dans sa direction, elle en fut tout bonnement incapable, comme paralysée. Elle se démena en vain. Ragnar apparut face à elle et lui envoya un puissant direct du droit, qui l’envoya violemment s’écraser contre l’un des flancs de la pente. Elle se dégagea et essuya la petite traînée de sang sur son visage.

« Qu’est-ce que tu m’as fait, chien ?
- Ah ! Je passe du bel homme au chien ? Même en difficulté, jamais l’idée de traiter de la sorte m’a traversé l’esprit. J’avoue être blessé, rétorqua le révolutionnaire, presque en poésie. Je ne t’ai rien fait ma belle, tu es simplement perturbé par ma beauté. »

Cette fois-ci, il poussait le bouchon trop loin. Apache était maintenant complètement en éruption.
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Et tandis qu’Apache s’élança plus rapidement et puissamment qu’avant, la provocation lui faisant oublier ses blessures, sa lame n’atteignit pas Ragnar. Entre les deux rivaux, une nouvelle tête avait fait son apparition : moi. Et tout en retenant Apache, mes deux mains tenant fermement Shusui, je m’exclamais :

« Où est Izya ? »

~~~

Un peu plutôt, alors que je rentrais après avoir entièrement récupéré de ma dernière altercation avec Izya et Red, j’appris qu’ils avaient lancé l’assaut contre l’Empereur Teach sans m’en informer ni m’attendre. Probablement par crainte de mes actions ? Que j’en profite encore pour me débarrasser de Red ? Une idée tentante, je devais l’avouer. Mais Teach ne devrait pas avoir besoin d’aide pour vaincre Red, il l’avait déjà fait. S’il survivait cette fois, il prouverait ainsi ne pas être le vrai Red. Par contre le risque qu’Izya périsse dans cette bataille était bien trop grand. Pourquoi devait-elle toujours n’en faire qu’à sa tête ?

Heureusement, les pirates du Lac ne s’étaient pas encore joints à la bataille et j’avais donc un moyen de locomotion à base d’hypocampe des mers. J’eus d’abord pour idée d’en réquisitionner un, avant de me faire à l’évidence qu’un pilote m’était également nécessaire. Leur dire où aller ne suffisait pas…

« Où est la rousse ? »

Les cavaliers se concertèrent avant que l’un me réponde :

« Sur la pente menant au sommet. »
« Parfait. Toi, emmènes moi jusqu’à Izya. »
Et tandis que nous nous mettions en route par la voie sous-marine, les cavaliers qui allaient de leur côté s’exclamèrent :
« Il a dit Izya ? »
« Bah oui, à quelle autre rousse peut il faire référence sinon ? »
« Je pensais au timonier d’Apache… »
« … »


~~~

Et me voilà après être passé par les tunnels et descendu par le sommet. Mais avant d’avoir droit à une réponse de Ragnar, la jambe pourtant blessée d’Apache vint me faucher et m’envoyer sur l’autre flan de pente. Le Haki atténua le choc mais il me manquait mes hormones pour me battre efficacement. J’allais donc devoir me concentrer sur mes autres capacités.

« Ragnar ! Je t’aide pour cette dame et tu m’aides ensuite pour la mienne, marché conclus ? »

Vu la puissance de celle-ci, Ragnar ne sera pas de trop pour m'aider à protéger Izya. Surtout que la connaissant, elle fait sûrement face à un danger plus grand encore.
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Malon observe attentivement la scène. Les pirates débarquent petit à petit pour former une masse grouillante. L'armée révolutionnaire tient une position surélevée sur une colline. Ragnar mène les troupes. Lorsque les pirates s'élancent à l'assaut, les hommes en hauteur font rouler de grosses roches sur leurs adversaires, causant la pagaille et infligeant de lourds dégâts à la masse. Le zaunien apprécie cette stratégie, la bataille débute bien. Les pirates parviennent tout de même à avancer, Ragnar ordonne la charge pour profiter de la pente. C'est une excellente idée. Malon voit surgir de la masse grouillante une femme armée jusqu'aux dents. Elle fonce défier le chef des armées révolutionnaires. Malon ne s'intéresse pas à un tel combat. Ils ne font pas les batailles. Il se met à chercher des cibles pour son groupe d'assaut. Scrutant la plage, il voit débarquer ce qu'il espérait: des pirates débarquent des barils. Certaines ont des grenades à leur ceinture. Ils commencent à mettre en place leur munition et à se rassembler. C'est le moment, il ne faut pas qu'ils parviennent à jeter leurs grenades sur les forces de la Révolution. Le chef de groupe estime à 25 mètres la distance à parcourir pour les atteindre. Il se retourne et fait signe à ses hommes. Pour éviter que leur moral ne leur fasse défaut, il prend un de ces grouillots par le bras et le projette par dessus la cachette en hurlant d'une voix tonitruante:


- A l'assaut!  


Ses camardes, effrayés davantage par le colosse que par l'ennemi, sorte de leur cachette et courent droit sur les pirates.  Malon les suit. Le mélange de rage et de peur les font charger à tout allure. Ils ne font pas un bloc uni, les pirates ne peuvent pas leur tirer dessus. Certains reculent et d'autres sortent leurs armes. Dans un élan de courage, le zaunien saute sur le premier adversaire venu et lui fend le crâne de sa hache rouillée. Il est le premier à tuer.


Ses camarades le suivent. Dès les premiers instants du combat, les pirates sont désemparés et les révolutionnaires ont l'avantage. Les grosses brutes suivant Malon frappent vite et fort. Le combat se déroulait sur la plage derrière la force principale des brigands. Le zaunien semblait enragé par la bataille, mais il n'en était rien car il veille les moindres mouvements de l'armée adverse. Malon faisait de grands mouvements circulaires avec sa hache pour toucher plusieurs ennemis et les repousser. Ces derniers, paniqués et débordés, fuient vers leurs alliés en abandonnant le matériel. Malon crie alors à ses compagnons de jetés la poudre et les grenades dans l'eau. Tout se passe comme prévu, mais à présent il faut vite retourner se cacher avant qu'un détachement plus importants de pirates viennent les charger sur la plage.


Dès que le dernier baril est jeté, les révolutionnaires courent vers la colline derrière laquelle ils veillaient. Le zaunien s'assure d'être le dernier à partir, mais les pirates se rassemblent. Des hommes de la dernière ligne se détachent de la masse et courent vers le petit groupe. Les révolutionnaires parviennent à atteindre la colline avant de se faire charger, mais ils sont suivis de près. Ils sont une centaine environ, soit deux fois plus nombreux que le groupe de Malon. C'est pas mal, ce sont des guerriers qui ne seront pas face aux hommes de Ragnar se dit Malon.


Les pirates approche dangereusement de la colline où se tient Malon. Ils courent comme des dératés. Quel erreur, ils vont être épuisés. Ses camarades ont eu le temps de reprendre leur souffle. Le colosse d'adresse à eux:


- C'est l'occasion les gars! On les attaque!


L'horrible voix de Malon résonne sur le glacier. Il se retourne vers ses adversaires et plante sa lame dans la carotide du premier venu. Le zaunien n'est pas un excellent combattant, mais il est puissant et endurant. Ses camarades le rejoignent. L'homme de main de Ragnar se démène autant qu'il peut dans la masse d'ennemis, frappant à la tête avec sa main libre et brisant les membres avec le dos de sa hache. Ce combat est visible par tous, ils font partie de la bataille.

- Frapper plus fort! Mort à l'ennemi!


Ce hurlement ignoble, teinté de folie furieuse, provenant des entrailles putrides d'un colosse malade, tombe dans les oreilles de Ragnar.
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« Reyson ? Je pensais que Red t’avait fait la peau, dit le révolutionnaire en arquant un sourcil. »

Par où est-il passé, se demanda l’Atout. Probablement pas les tunnels. Si tel était le cas, il avait alors nettoyé la zone au passage, ou peut-être Yumi avait-il réussi. Ragnar était embêté car Izya semblait être bien passée à autre chose, puis Apache était son adversaire. L’attaquer à deux, ce n’était pas vraiment dans ses intentions initiales. Cependant, c’était la guerre totale, gagner était le seul objectif, et ce en oubliant tous les principes chevaleresques. Le cri de Malon lui rappela cet esprit prêt à tout pour gagner. Il était le chef de cette armée et sa priorité était de mener ses hommes à la victoire. Quelque chose avait changé chez Reyson et le révolutionnaire ignorait quoi encore.

En effet, l’épéiste semblait physiquement moins fort et avoir pris un petit coup de vieux. Ses hormones ne faisaient-elles plus effet ? Ragnar cessa toute tergiversions quand son emprise sur Apache fut presque anéantie. Celle-ci disposait d’une force incommensurable et la faible quantité d’encre injectée, à cause de ses mouvements vifs, ne permettait pas une prise ferme sur cette dernière. Pour être tout à fait franc, il n’était même pas sûr de pouvoir complètement la bloquer, même avec une quantité d’encre suffisante. Elle était beaucoup trop forte. Il ignorait si Teach se rendait comptait de la puissance de cette femme, ni si celle-ci se rendait compte du danger qu’elle pouvait être pour son employeur.

« Bon, je ne sais pas de quoi tu me causes, Reyson, commença le Révolutionnaire. Izya est avec Red, en train de se foutre sur la gueule avec qui sais-je, mais ils sont visiblement toujours en vie. Ça m’emmerde un peu mais cette garce en-face de nous est plus forte que moi, j’ai une armée à gérer, alors ton aide est finalement la bienvenue. On retrouvera ta rousse ensuite, mais ne t’attends pas à de chaudes retrouvailles. »

Une voix stridente vint mettre fin à cette merveilleuse conversation. La voix d’une tueuse. D’un monstre sorti des abysses. Apacha hurla, déploya une vague foudroyante d’haki des rois, brisa complètement l’étreinte faite d’encre et fit violemment abattre son guando au sol. Le sol se coupa en deux, les parois alentours se fissurèrent et une palanquée de soldats tomba inconsciente. Elle a, avec un simple rugissement de rage, démontré qu’elle pouvait complètement changer l’issue de cette bataille. Ragnar en frissonna d’excitation. Néanmoins, quand il croisa le regard apeuré de son ami Suelto Visconti, il comprit que cette bataille pouvait potentiellement lui échapper.

« Ravi pour vos retrouvailles, les mecs, dit la diablesse, essoufflée. Mais elles ne dureront pas longtemps.
- Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, cela n’a guère d’importance, mais tu me plais beaucoup, rétorqua l’Atout d’un air amusé.
- La ferme, insecte. Un type comme toi ne m’intéresse pas. Pas assez viril. Pas assez puissant. À la limite, tu pourrais me servir d’encrier pour écrire des biographies de mes aventures, quand j’aurais décidé d’arrêter tout ça.
- Eh toi, le Reyson, je ne te permets de rigoler. Je te rappelle qu’Izya t’a largué pour un autre et qu’elle se bat aux côtés de cet « autre ». Et toi, la râleuse qui se donne des airs supérieurs, je t’invite à regarder autour de toi. »

Tous les trois prirent le temps de regarder autour d’eux, de ressentir l’environnement qui les entourait.

« Tu sens ? Moi, je sens la victoire de notre alliance. Le Malvoulant, je ne sais pas ce qu’il devient, mais ça pue pour lui. Et pour toi. Même si tu venais à nous battre, les autres te feront la peau et je partirai dans l’autre monde l’esprit tranquille.
- Tu es aveugle en plus d’être abruti. Tes sens ne sont pas assez affûtés, le révolutionnaire de pacotille.
- Ta timonière, la rouquine, se bat contre l’un de mes meilleurs combattants - également un rouquin, elle perdra. Tu es peut-être plus forte, plus rapide, mais tes sens ne rivalisent pas avec les miens. Ton escouade dans les tunnels, comme si nous allions les laisser faire, est complètement éradiquée. Tu vois le type qui, pour le coup, a vraiment une tête d’abruti et qui brandit sa lame ? Il me signale que les sous-sols sont clean. J’ai d’autres équipes qui prennent ton armée à revers de l’autre côté. »

Une nouvelle fois, elle hurla en dégageant une puissante de vague du fluide royal, chargeant Ragnar avec son guando. Sans hurler, l’Atout dégagea également une vague de haki qui rivalisa avec son adversaire, du moins au début. Il para le guando à l’aide de ses deux dagues, au-dessus de sa tête.

« C’est ta seule chance de t’échapper, Apache. Une fois que mon armée aura complètement encerclé tes forces, ni moi ni Reyson ne te laisserons t’échapper. »

Les deux auras s’entrechoquèrent, le sol, les parois glacées, les soldats alentours, tout se dégringolait. Reyson, se trouvant non loin, subissait cette pression mais semblait tenir le coup. D’ailleurs, il profita de cette ouverture pour attaquer la pirate, qui bloqua son coup, laissant une ouverture à Ragnar qui attaqua à son tour. C’était sans fin. Mais la finalité fut la dague du révolutionnaire plantée dans les cotes de cette jolie femme métissée. De son côté, l’ex-copain d’Izya infligea une profonde entaille sur la jambe de la capitaine.

« C’est ta dernière chance, Apache. Laisse-moi t’affronter à la loyale. Juste toi et moi, sans personne d’autre. Mais pour cela, tu dois ordonner la retraite. Nous sommes des révolutionnaires, notre cible étant le Malvoulant, nous ne te poursuivrons pas si tu le quittes et que tu t’en vas. »

Elle cracha au sol. Aussi forte soit-elle, elle ne pouvait pas lutter contre la quatrième plus grande prime de ce monde et l’un des meilleurs épéistes de ce monde. Son armée se réduisait à vue d’œil. Ragnar était relativement satisfait de la situation militaire, la simple arrivée de Reyson avait changeait l’issue de cet affrontement, pourtant mal engagé au départ. Une arme de dissuasion efficace. L’Empereur sentit le doute, l’hésitation chez sa rivale, qui n’envisageait pas de prendre la fuite. Pourtant, elle observa le champ de bataille, puis ferma les yeux quelques instants. Elle entendait les divers affrontements, les hydres, les canons, les énormes bourrasques de Kardelya… Mais elle entendit le souffle haletant de cet homme hideux qu’elle servait, qui tentait de gagner du temps pour récupérer.

« On se casse. Illya, ordonne le repli de nos troupes. »

Apache ne l’avouera sans doute des années plus tard, mais elle espérait un tel scénario. Teach mort, elle serait enfin libérée de ses chaînes. Elle, qui paraissait plus libre que n’importe qui, était en réalité prisonnier de cet homme qui la faisait chanter. Elle ne subissait pas les sévices des autres, trop forte, trop dangereuse pour s’en approcher, mais il la tenait pour une raison bien particulière.

« Et toi, Ragnar, deviens un adversaire digne de ce nom. Et surtout, allez au bout de ce que vous venez d’entreprendre. »

Elle conclut en balançant une subite frappe au guando. Le révolutionnaire eut à peine le temps de se protéger, il fut projeté contre une paroi de glace déjà bien endommagée. Un léger filet de sang coulait de ses lèvres, mais il souriait.

« Sale garce… La prochaine fois, je t’exploserai. »

La bataille fut relativement courte en durée, mais intense dans les affrontements. Beaucoup de pertes. La Révolution avait eu l’avantage de s’être appropriée le terrain et de l’avoir exploité à son avantage. Mais sans l’arrivée de Reyson, Ragnar aurait perdu son duel et dieu seul savait quel aurait été le sort de cette armée. Alors, quand il vit l’armée d’Apache quitter les lieux, il souffla un bon coup avant de retrouver son sérieux. Il se tourna vers son « sauveur » et appela les différents officiers présents. Suelto, Yumi et Malon répondirent présents.

« Bravo pour cette victoire, camarades. Je préfère vous le dire, sans vous, j’étais foutu. Maintenant, on doit avancer et soutenir les autres. Nous avons pris un peu de retard. »

Ses l’interpellèrent aussitôt.

« Quoi que, j’ai la sensation que l’ennemi vient à nous, fit-il en se tenant le menton. »
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Et tu ne crois pas si bien dire...

Dans les tunnels de la forteresse de Toreshky, la glace craque, les murs tremblent, des bruits d'effondrements et de rupture résonnent dans les corridors, puis des hurlements, d'alarme, de surprise, de peur, la bas dans les profondeurs de la glace quelque chose se déplace, avance, creuse, et ce quelque chose est loin d’être seul !

Alors que vos regards cherchent l'origine de ce qui arrive, une des rares statues de glace épargné par les combats, et qui constituent la décoration principale du coin, s'anime soudain, se mettant à bouger et a prendre des couleurs pour révéler la sorcière des glaces, arme à la main, et visiblement sévèrement éprouvée par une blessure au flanc.

-Teach est gravement blessé mais il s'est emparé du cœur de la forteresse et tente de se soigner ! Il faut aller le déloger et le combattre la bas ! Il a laché son hydre ! Tuez les et avancez au centre, je préviens les autres !

Et aussi vite qu'elle est apparue, la sorcière disparait, se couvrant de glace et ne laissant a la place qu'elle occupait il y a une seconde, qu'une statue translucide à son effigie, et d'ou coule encore un mince filet de sang.

Derrière elle, les murs et le sol de la forteresse explose, laissant jaillir cinq monstres serpentiformes, qui semblent tenir autant de la liane que du léviathan, aux corps aussi gros qu'un homme, couverts d'une carapace d'écorce et parcourus de lianes et de ronces, mais au dents et aux yeux indubitablement animaux.

Les survivants de Thriller Bark ont évoqués par le passé ce monstre étrange apparu a la fin du précédent combat et qui a dévasté l'ile navire lors du premier affrontement contre Teach, obligeant les adversaires à vider les lieux et laissant la victoire à l'empereur. L'hydre du Malvoulant est la, et les cinq têtes qui vous font face ont clairement l'intention de vous engloutir, et vous foncent dessus sans perdre un instant dés qu'elles vous repèrent.

Les voies de la Guerre Unknown
    « Soutenir LES autres ? On avait un deal Ragnar ! »
    « Je te l’ai dit, elle est avec Red. Et qui est la cible de Red ? »
    « … Teach. »
    « Voilà, alors on écoute la dame de glace et on retrouvera ta dame à toi. »
    « Alors filons au centre directement ! »

    Et alors que j’initie le mouvement, le révolutionnaire reste immobile. Il ne peut pas simplement foncer : il a une armée sous sa responsabilité. Armée qui sera à la merci des têtes d’hydres s’il s’en va. Alors il réfléchit à toute allure et tente un coup de bluff :

    « L’hydre nous suivra et elle pourra alors s’en prendre à ta rousse ! Il faut les éliminer pour la protéger ! »

    Bien essayé, mais il ne m’aura pas. Je fonce à toute vive et dépasse l’une de ces gigantesque tiges… qui se retourne pour me foncer dessus, gueule béante. Je bloque à temps sa mâchoire en interposant ma lame entre ses deux lèvres, mais cette tête à une force gigantesque et je sens mes pieds s’enfoncer peu à peu dans la glace qui se craquelle sous moi. Je tiens tant bien que mal mais l’ile supporte moins.

    Pourquoi il a fallu qu’elle donne raison à Ragnar ? A croire qu’elle l’a entendu. Je suis sûr qu’il est en train de sourire ! Ou d’attirer l’attention de deux têtes à lui tout seul pour protéger ses hommes… Mais avec un sourire malgré tout !

    J’essaie de repousser la gueule sur le côté pour qu’elle poursuive sa route dans l’ile sans mon corps sur sa trajectoire. Et alors que le long serpent fait marche arrière, je grimpe dès que surgissent ses oreilles : je vais pas me fatiguer avec eux, je dois m’économiser pour protéger Izya ! Et ça tombe bien, l’anatomie de ces hydres ont un gros point faible. Comment une tête peut elle m’atteindre si je suis sûr elle ? Pas de bras, pas de chocolat… Elles n’ont que deux moyens : aller se percuter contre un obstacle, et je n’aurais qu’à sauter avant pour qu’elle se percute toute seule. Ou qu’une autre tête m’attaque, mais là encore, soit elle va délicatement, soit son inertie fera attaquer ma monture lorsque je bondirais au bon moment.

    Un minimum d’effort, combattre une hydre relève davantage du rodéo que de la lutte. Un sacré rodéo où je dois planter Shusui dans l’écorce solide de la bête pour tenir en place, mais c’est probablement moins épuisant qu’une bataille frontale.

    « Si je te fais sentir une odeur, tu peux m’amener à sa propriétaire ? »

    Ma monture rugit et bouge dans tous les sens, attirant une deuxième tête vers nous. Je vais devoir revoir son dressage…. Mais quid de la gueule qui charge l’armée révolutionnaire ?
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    Le rodéo de Reyson, qui, juché sur le dos d'un des serpents qui se débat follement pour s'en débarrasser en s'agitant comme un poisson jeté hors de l'eau et en se frappant sur la glace et en attirant tous les regards, vous fais presque manquer les actions de la plus petite des têtes, qui resté en retrait, se contente d'ouvrir une bouche qui va jusqu’à sembler se démantibuler pour laisser place à la silhouette du plus tristement célèbre pirate du monde. Le Malvoulant en personne. Le corps dégoulinant d'une substance translucide noirâtre qui ressemble à de la sève.

    Le Malvoulant dont le pas inégal résonne sur la banquise comme un glas funeste, le Malvoulant qui semble sortir d'un combat difficile et dont le corps porte les stigmates de blessures et de coups qui seraient mortels chez n'importe quel homme, le Malvoulant dont le sabre est brisé, l'un des yeux crevé et coulant de son orbite, la poitrine enfoncée mais qui pourtant boitille à votre rencontre comme si de rien n'était, son horrible sourire vissé sur le visage.

    -Je sais suivre les odeurs oui. Et ici ça empeste la sorcière !

    Son sabre brisé fend l'air, expédiant autour de lui une lame d'air circulaire qui fauche tout ceux qui se tiennent à proximité, révolutionnaires et Blugories encore dans le coin. Son regard mort glisse sur la scène de combat, et sur les cadavres laissés par les troupes d'Apache qui ont finis de déserte le champ de bataille.

    -Dire que même Apache à préféré s'enfuir. Il n'y a donc plus personne qui ait l'étoffe de Maria ? La piraterie est morte ! Et vous aussi ! MORTS MORTS MORTS ! TOUS MORTS ET POURRIS !



    TORESHKYYY !! P’TIT ZIZIIII !!

    Les voies de la Guerre Yz81
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    - La bataille à deux contre un est particulièrement intense. Les révolutionnaires sont galvanisés, mais épuisés. Seul Malon est assez endurant pour se battre à un tel rythme. Il met hors de combat de nombreux pirates en les blessant. Sa lame vise les membres. N'étant pas affuté, elle déchire plus qu'elle ne coupe. Les hémorragies causées par ses blessures forcent les adversaires du zaunien à la retraite. Petit à petit, les forces pirates se délitent. L'armée de Ragnar remporte la victoire. Les pirates face à Malon et ses brutes se fuient en voyant leurs camarade se retirer. Le colosse n'ordonne pas la poursuite, ses camarades sont blessés et à bout de souffle. Il est soulagé, c'est terminé. Il rejoint Ragnar pour recevoir ses ordres. Quelle n'est pas sa surprise de voir un mystérieux pirate à ses côtés. Il décide de ne pas écouter leur conversation. Il fait confiance à Ragnar, malgré ses alliés douteux.


    - D'un coup d'un seul, une explosion se produit. On aurait cru entendre les enfers rugirent. Des entrailles d'une forteresse glacée, surgirent cinq monstres serpentiformes. Malon observe des lianes et de l'écorce sur ces monstres. Il est paralysé, il n'avait jamais eu à faire à tels créatures de sa vie. Le seul monstre qu'il a toujours connu, c'était lui. Le pirate s'élance courageusement sur une des têtes. Cela ne suffit pas, une autre attaque directement l'armée révolutionnaire. Tous les maux qui ont affecté le zaunien dans sa vie l'ont rendu plus fort, mais ça, c'était un maux d'une tout autre nature.



    -  Malon passe de la stupeur à la colère. Il se sentait menacer, non pas seulement physiquement, mais dans son intégrité morale. Il perçoit ce monstre comme une manifestation divine. Les dieux doivent disparaître. Ils conduisent l'humanité à sa perte. Il doit agir, pour la Révolution. Le zaunien prend les devants et se dirige vers la créature. Une fois devant la gueule béante, il saute dedans. La créature faite de bois ne peut l'avaler, il est trop grand. Malon se relève en prenant appui avec ses pieds entre deux dents. Il plante sa corne dans la gencive supérieure de la bête. C'est un combat d'endurance qui commence. Le révolutionnaire en est le maître, il ne perdra pas. Il se saisit de son pistolet et le colle dans la bouche du monstre. Il tire. Le choc du tire fissure la gueule du monstre. Il va devoir finir le travail à la hache. Il jette son arme à feu et prend sa lame ensanglantée. D'une main, il saisit un croc, de l'autre, il frappe frénétiquement le monstre. La bataille durera jusqu'à l'épuisement.
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      « Après les hydres, Teach en personne. Si tu es là, c’est certainement que les autres ont échoué, je les sens pourtant toujours, marmonna le révolutionnaire. »

      Cette enflure me fait mentir auprès de Reyson, pensa Ragnar en serrant le point. D’un seul regard, l’Atout fit comprendre au pirate que tout était sous contrôle. Le Malvoulant ne semblait pas en très grande forme et le révolutionnaire comprit qu’il tentait de gagner du temps. Une hydre s’attaqua directement à Ragnar, mais ce dernier ne daigna pas bouger et laissa la bête lui passer au travers, s’écrasant violemment au sol enneigé. Les propriétés du logia avaient quelques avantages. Il se décala d’un pas vif, dégaina ses deux dagues et les planta sur l’hydre qui se redressait. La chose hurla et se redressa, emportant dans sa lancée le révolutionnaire, fermement attaché à lui. Ses bras se liquéfièrent et de l’encre, en bien plus grande quantité, s’introduisirent dans cette abomination.

      La lame d’air de l’empereur, avec une lame brisée, fut d’une exceptionnelle puissance. Il n’avait pas usurpé son titre. Ragnar ne voulait pas perdre une partie de ses hommes à cause d’une seule attaque. Ainsi, il utilisa l’hydre, qu’il contrôlait en partie après l’avoir gorgée d’encre, pour encaisser l’attaque. Il dut s’en défaire rapidement, car l’attaque déchira la bête en de multiples morceaux. Ça, c’est fait, pensa-t-il. Malon en avait tué un, Reyson tentait d’en domestiquer un autre, il n’en restait plus que deux. Cependant, le Malvoulant n’allait pas les laisser agir. L’Atout leva la tête vers les recoins les plus élevés où le clan ses archers se trouvaient encore. D’un hochement de tête, ils comprirent.

      « Suelto, ordonne le repli des armées, puis prépare l’avancée au centre. Yumi, coordonne-toi avec Malon et les archers.
      - Et toi ? demanda l’épéiste.
      - Moi, dit-il, je vais vérifier si la mort m’attend aujourd’hui. »

      Suite à ces mots, il disparut et se retrouva derrière l’empereur, sous forme liquide. On aurait dit un serpent d’encre se déplaçant à grande vitesse. Teach se retourna aussitôt et envoya de puissantes lames d’air que le reptile d’encre esquiva. Il se rapprochait dangereusement, prêt à lancer une offensive, quand il fut surpris par une plante carnivore qui sortit du sol pour l’avaler d’un coup. Rapidement, le Malvoulant pu observer sa plante gonfler d’un seul coup, dégueulant une grande quantité d’encre, comme le ferait une fontaine, sauf que celle-ci périt. Ragnar comprit que ce serait assez difficile de l’approcher seul.

      Des racines tentèrent de s’emparer du révolutionnaire, tandis que des plantes l’attaquèrent simultanément. Il projeta son tour de puissantes lames d’air pour s’en défaire. Il ne perdit pas une seconde et s’avança pour porter une attaque directe sur sa cible. Mais l’empereur para efficace la dague de l’Atout d’un revers de lame, avant de riposter aussitôt. Ragnar bondit en arrière et Teach fut écrasé par une pluie de piques d’encre. Un peu plus tôt, quand l’une de ses plantes fit office de fontaine, un nuage d’encre s’était formé au-dessus. Le révolutionnaire attendit patiemment le bon moment pour lancer son attaque.

      Cela ne suffirait pas. Il le savait.

      Un hurlement de rage accompagné d’une vague de haki envahi toute la zone. S’en suivit une violente apparition de végétation mouvante, prête à se saisir de quiconque se trouvant à proximité. Ragnar avait peur pour ses compagnons restants. Il intensifia la pluie et balança de nombreuses lames d’air pour attirer l’attention. Une nuage de fumée se forma quelques instants avant de se dissiper progressivement. Le calme revenait petit à petit, l’occupant du siège de la Guerre parvenait déjà à découvrir l’horrible sourire de son adversaire.

      « Et il est gravement blessé, hein, fit l’Atout en se tenant le flanc. »

      Teach était manifestement parvenu à l’atteindre.
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    Je n’aime pas ça. Il a beau sembler blessé, il est ici avec sa soif de combat et de sang. Lorsqu’un guerrier touché enchaîne sur une nouvelle lutte c’est qu’il a emporté la précédente. Et pour en écoper pareils souvenirs, son adversaire devait être de la trempe de Red, voire meilleur. Son usurpateur probablement. Et comme le disait Ragnar : qui dit Red dit Izya. Alors… Si Teach est ici à combattre… et qu’eux non…

    Ma respiration se bloque, mon cœur saute un battement. Mes pensées n’osent pas formuler la suite. Suis-je arrivé trop tard ? Mes doigts serrent plus fort ma lame, mes pieds s’enfoncent presque dans l’écorce de l’hydre que je chevauche tandis qu’une couleur noire tapisse lentement ma peau. Teach n’a pas… ? Red était là, il l’a sûrement protégé… ? Mais même Red a déjà failli face à l’Empereur… Plus rien n’existe, je n’entends plus ce qui m’entoure. Mes yeux fixent Teach à la recherche d’une brûlure, du moindre signe trahissant sa rencontre avec un dragon, avec Izya. Une écaille, une griffe, un cheveux… N'importe quoi !

    La dernière hydre libre en profite pour fendre sur moi. Immobile, je disparais dans sa gueule et Teach de mon regard alors que j’avais un doute sur ce que je voyais. Mon cerveau, et ma peur, font leur conclusion.

    Un trou se forme dans le corps de l’hydre et j’en sors, Shusui à la main et un croc de la bête plantée dans l’épaule. Je fonce droit en direction de Teach, faisant fi de ma blessure, de la bête qui s’effondre, de l’hydre que je chevauchais qui me poursuit, de Ragnar qui fait face à l’Empereur, des plantes qui me lacèrent les jambes,… Il n’y a plus rien que ma cible et cette boule qui me dévore de l’intérieur. Mon aura royale s’exprime de concert avec ma rage, elle attaque allié comme ennemi. Je ne réfléchis pas, je ne calcule pas. Je ne peux pas. Tout ce qui me fait tenir c’est cet élan destructeur qui me pousse vers cet homme et qui m’empêche de raisonner. Qui m’empêche de terminer mes pensées, de songer au sort d’Izya et à ce que ça implique. Les conséquences de sa disparition, la présence de ce vide insondable qu’elle comblait en moi. Je n’ai plus rien à perdre et surtout je ne peux ni m’arrêter ni ralentir. Je ne dois pas réaliser tout ça. Je ne le peux pas. Je préfère plonger corps et âme dans cette rage dirigée à l’extérieur que d’écouter mon abîme intérieur.

    Alors je fonce droit vers Teach, poursuivi d’une hydre, et Ragnar est de l’autre côté. Aucune prudence, tout dans l’offensive. Je n’ai plus rien à perdre. Mon corps et ma lame sont teintés de noir. Tout est concentré dans cette unique frappe. Tout. Car après il n’y aura plus rien, que le vide.
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    Nous déboulons sur un nouveau champ de bataille pour trouver Teach aux prises avec une forte partie. L'empereur, toujours blessé est coincé entre le déluge d'attaque de Ragnar et la charge de Reyson. Reyson ? Toujours adepte de la surprise visiblement, au point de se remettre assez vite de notre dernier affrontement pour se glisser en douce jusqu'ici sans qu'on le remarque.

    En tout cas sans ses pouvoirs le danger que tout dégénére une fois de plus à cause de lui est quand même nettement moindre. Et puis pour l'instant il se bat dans le bon camp non ? Alors pendant un instant je me prends même à espérer qu'il va mieux, après tout, avec Reyson les explications musclées ont toujours étés salutaire. Alors pourquoi pas ?

    Mon flanc toujours suintant de ténèbres pour éviter que la plaie laissé par le crochet ne me vide de mon sang, je me glisse dans le rythme de l'attaque qui se produit au sol, d'une pluie de pichenettes dans le vide je cible l'empereur d'une volée de shigan. Une attaque que le monstre voit évidemment venir, mais qui le place dans le dilemme classique de celui qui possède l'empathie et qui reçoit soudain beaucoup trop de signaux de dangers simultanés.

    Mais Teach n'est pas n'importe qui, et placé devant trop d'attaques pour qu'il puisse se défendre il se contente d'ignorer l'assaut pour attaquer. D'un geste il expédie sa lame encore gainée de noir droit vers le cœur d'encre de Ragnar, libérant sa main pour empoigner Reyson, comme si le pirate ne venait pas de lui planter une lame en travers du corps mais était plutôt un vieil ami venu lui donne l'accolade. Et pendant que le sabreur lui fouille la poitrine, le bras valide de Teach l'enserre, le colle contre lui, assez prés pour que l'empereur le morde sauvagement au cou, indifférent aux balles d'airs venant des cieux qui secouent son corps massacré mais toujours vivant...


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    Une nouvelle fois, le Malvoulant est là, vivace, continuant ses ravages sur nos alliés.

    Nos alliés ? Mais que fou donc Reyson ici ?! Se serait-il réveillé de sa folie ? J'espère pour lui, parce que vu l'environnement, il pourrait très bien nous refaire une Jotunheim à se retourner contre ses alliés... Mais cette fois, ce ne sera pas moi qui le gèrera. Je préfère largement le laisser à d'autres. Et le plus drôle, c'est qu'il se bat aux côtés de Ragnar... L'espace d'une seconde, je me demande si je ne ferai pas mieux de les laisser se démerder avec l'effigie de l'empereur...

    Mais cela ne dure pas avant que je ne plonge vers ma cible que Red attaque déjà depuis mon dos. Pour ma part, cette fois, je me dis que cette mauvaise herbe doit être enfin arrachée jusqu'à la racine. Alors, toute griffes dehors, je m'écrase sur ses épaules sans prendre le temps de faire attention à la position de l'ancien métamorphe au corps à corps. Sous mon poids draconnique, le corps de Teach s'affaisse et se brise telle des brindilles sous une botte. Puis mon corps change, devenant légèrement plus petit mais se parant de deux ailes de plumes géantes me conférant une puissance de décollage dont j'ai grandement besoin pour arracher cette plante qui s'entortille déjà entre mes doigts de dragon.

    La sève corrosive à beau couler sur mes écailles, dévorant ma peau, je serre les dents et garde bien enfoncer mes griffes devenues noires de haki dans le corps végétal avant de battre des ailes, remuant vigoureusement l'air sous moi et m'élevant avec mon fardeau. Et comme je l'avais imaginée, les racines profondes du clone le retiennent un temps tandis qu'un râle de douleur sort de sa bouche couverte du sang de Reyson. Un nouveau battement d'ailes et les racines les plus faibles se brisent. Un de plus et cette fois le monstre se détache entièrement de la glace tout en resserrant son emprise sur mes pattes qui se recouvre de lacération tant sa constriction est grande.

    Mais une fois libéré de son attache à l'iceberg, je reprends très vite de l'altitude et, l'instant d'après, mon cou se contorsionne jusqu'à sa tête pour venir le croquer sans plus aucune retenue. Et alors que mes dents se referment sur son cou en englobant sa tête dans ma gueule, je lui délivre mon souffle de feu, rôtissant son crâne végétal à point avant que le reste de son corps et de la sève ne suivent dans mes pattes.

    Et une fois n'est pas coutume, le clone disparait.
    Mais cette fois, nous sommes les derniers hors du château de la fin de Toreshky.

    Les pattes douloureuses, je redescends vers le sol pour finir le travail ici et inviter les survivants à poursuivre vers le centre. Mais avant que je ne fasse quoi que ce soit contre l'hydre, celle ci explose sous les coups de la Sorcière des Glaces qui est bien amochée, mais toujours vivante.

    - Ce salaud a bien failli m'avoir ! Il est au centre, on doit l'achevé avant qu'il reprenne ses forces !
    - Alors qu'est ce qu'on attend ?!
    - Plus rien. Allons y.

    Mes pattes me font tellement mal que je n'ose plus toucher le sol. Heureusement il me reste encore mes ailes et mes nuages, mais il ne faudrait pas que ce combat s'éternise où clairement, je risque de ne plus être bonne à rien.


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      « Tu vois, Reyson, je t’avais bien dit de ne pas t’inquiéter. Elle est en forme ta rousse. Enfin, ton ex-rousse, conclut-il en chuchotant. »

      Pour une fois, retrouver les pirates fut plutôt une bonne nouvelle. Épuisé de son combat contre Apache, puis tout simplement en-dessous du Malvoulant, l’arrivée de la sardine volante et de son amant n’était pas de trop. Certes un peu déçu d'avoir en quelque sorte échoué, il se remobilisa et admit que la réussite collective restait prioritaire. Quant à Reyson, il devait être heureux maintenant, non ? Non. Ou peut-être que oui. Complètement tétanisé, immobile, tremblant. Il sentit la détresse avec mon mantra, mais pas question d’aller lui adresser un mot, le révolutionnaire avait le tour des fous pour la journée. Ce qu’il pensait être Teach n’était en réalité qu’un clone maintenant neutralisé. Les trois pirates se regroupèrent pour discuter. L’Atout n’eut même pas l’envie de savoir ce qu’il se tramait, les histoires de cœur ne l’intéressaient pas.

      Ils n’étaient pas du même monde et ne défendaient pas les mêmes choses. Red était peut-être celui qui se rapprochait de l’idéologie révolutionnaire, mais les autres servaient leurs intérêts. Ragnar ne leur reprochait pas ce fait. Chacun choisissait son combat. Il avait choisi le sien et le défendrait jusqu’au bout. Ce n’était ni la seule idéologie à défendre, ni forcément la plus juste. Ainsi, il ne portait aucun jugement sur les priorités des uns et des autres, mais n’acceptaient donc pas que l’on puisse affirmer que son combat n’est pas juste. Alors qu’il s’éloignait en continuant de songer à l’avenir des pirates, Suelto, toujours vêtu de sa cape noire, interpella Ragnar.

      « Te souviens-tu des chemins souterrains étudiés avant la bataille ?
      - Suelto, je sais que j’ai une mémoire de poisson rouge... sauf quand il s’agit d’une bataille.
      - C’est ce qu’on appelle une mémoire sélective, rétorqua le rouquin.
      - Oui, oui, fit-il en balayant cette réponse de la main. Cela dit, je réalise ce que tu venais me suggérer. On peut accéder au centre de ce glacier, là où nous avons effectué notre réunion, par quelques passages souterrains. Notre armée pourrait ainsi prendre l’ennemi par surprise, investir les lieux, ouvrir la porte aux alliés.
      - T’es peut-être moins idiot que je ne le pensais.
      - Gnagnagnagna… Aïe ! J’ai mal, fit-il en se caressant la côte. »

      Il ordonna aussitôt la marche à suivre. Les premiers entrèrent avec Ragnar et Malon, tandis que Yumi et Suelto se chargeaient de récupérer les retardataires. Toutes les armées allaient se diriger vers le centre, créant des embouteillages et pas forcément un avantage pour l’alliance. En passant par en-dessous, même si le Malvoulant détectait l’apparition, il devra tout de même gérer plusieurs fronts. Et Ragnar en première ligne, il ne comptait pas se laisser faire par des racines et quelques mort-vivants. L’idée d’intégrer cette armée, si l’on venait à le tuer, le révulsait plus que tout. Quelle mort indigne, pensa-t-il.

      Comment l’âme pouvait-elle reposer en paix ?

      Le révolutionnaire attrapa Malon par l'épaule, comme le feraient de bons copains.

      « Mon cher Malon, t'as été génial. J'espère que l'on ressortira tous d'ici vivants pour fêter cette réussite. »
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