Ces derniers temps, la chance avait souri à Mama. La beau temps chassant la pluie, ces quelques mois de captivité ne pouvaient qu’annoncer de meilleurs jours.
Sasha était revenue de ses emplettes toute heureuse. Elle voulait faire un cadeau à sa capitaine officieuse mais sa liesse la trahissait : elle avait déniché non pas un, mais deux tickets dorés pour le Cuisino, la nouvelle acquisition de la Dragonne Céleste Sainte Adela Otero Nibal y Milcar, un luxueux navire-hôtel-casino.
L’intéressée avait donc distribué dans le monde entier des tickets dorés trouvables dans n’importe quel produit. Et Sasha en avait dégoté deux !
Aussitôt, pour se changer les idées et les siennes, elle avait crû bon contacter l’équipage qui les allaient dépêcher un bateau-taxi pour les transporter jusqu’à destination.
Le départ était imminent, mais Mama n’était toujours pas d’accord.
— Mais allez Mama ! J’ai fait ça pour être sympa …
— Oui, mais non. Ça pue le piège à plein nez ! Pourquoi une Tenryubito ferait preuve de sympathie ?
— Pour étaler sa richesse ! Et c’est tous frais payés !
— Des vacances aux frais de la princesse ? Hm … Là, tu me donnes envie ! Mais non, le piège est de plus en plus grossier … Et puis tu ne penses même pas à Grant !
— Non mais faut bien quelqu’un pour garder les moutons …
— TU M’AIDES PAS LA !
— Ah mais j’m’en fous : quoi qu’il arrive, j’garde les moutons. Mais si tu veux que j’t’aide, alors laisse-moi t’dire que tu d’vrais y aller. Ca t’ferait du bien.
— CA M’AIDE PAS À ARGUMENTER CONTRE !
— T’as jamais dit à quoi j’devais t’aider, alors j’ai tranché intérieurement : j’t’aide à t’décider.
Mama se mit à croiser les bras et à bouder, pour clore le débat.
— J’vois pas pourquoi tu veux pas y aller … C’est une bourgeoise qui t’paye tout pour rouler des mécaniques, et tu sais qu’c’est un piège : bah profite, fais-la raquer et évite le piège.
Sasha jubilait. Et ainsi donc, elles étaient parties toutes deux.
Le voyage jusqu’au Cuisino s’était bien déroulé, si ce n’était que la timonière était intenable à cause de l’excitation. Mama regrettait d’avoir troqué la tranquillité de son homme contre l’agitation de son amie. Mais dans le fond, cela lui faisait plaisir à voir. Encore une fois, son physique masculin et ses traits durs contrastaient vivement avec sa joie enfantine.
Arrivées sur place, elles traversèrent les pièces communes luxueuses, qui ne manquaient pas d’attiser le ravissement et l’étonnement de la timonière : restaurant immense et richement décoré, casino bruyant et rutilant où l’argent coulait à flots, piscine, transats, bar … Même Mama écarquillait les yeux, même si elle ne pouvait s’empêcher de penser au coût de ce navire et de l’origine du financement. Après tout, on ne créait pas des riches sans faire trinquer les pauvres. Et là, c’était le summum de l’opulence. Pour autant, ses yeux n’avaient de cesse de s’agrandir, au moins autant que sa bouche. Ce qui l’agaçait d’autant plus !
Mais elle mit immédiatement Sasha en garde :
— Pas touche aux jeux d’argent. Tu commences par y liquider ton porte-monnaie, et dans la seconde qui suit, t’hypothèques un rein pour continuer à tout perdre.
— Promis !
Elles étaient guidées par un membre de l’équipage qui était envoyé pour les conduire à leurs chambres. Si elles rêvaient d’une cabine personnelle au mieux, ou d’une cabine à se partager à elles deux au pire, elles déchantèrent très vite. A mesure qu’elles avançaient, le stupre laissait place au vacarme assourdissant des machines. Comme un somptueux tableau qui s’écaillait pour laisser place à une toile moisie.
— C’est un raccourci que vous nous faites prendre ?
— Non, Madame.
— Ah, je vois ! Vous nous faites visiter absolument tout le bateau pour qu’on évite de se perdre, c’est ça ?
— Non non … Non plus … euh … Mademoiselle.
Mama devenait méfiante. Ils s’enfonçaient toujours plus loin dans le ventre du navire. Ils durent élever la voix pour se faire entendre.
— Et voilà ! Nous sommes arrivés !
— Vous vous êtes trompé, on est au poste d’équipage des techniciens.
— Exact ! Je vois que vous êtes connaisseuse ! Eh bien si vous aviez des doutes quant à la flottabilité de notre sublime, vous voilà rassurées ! Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles : s’il y a la moindre panne, vous savez que nos techniciens peuvent intervenir à tout moment puisqu’ils vivent juste à côté de la salle des machines ! Je vous laisse vous familiariser avec vos nouveaux voisins de chambre, ils seront les plus à même de désigner vos hamacs ainsi que votre coffre personnel.
Elles se décomposèrent. Leur rêve se transformait en cauchemar … sauf pour Sasha qui relativisait déjà.
— Comme ce sera difficile de dormir et qu’on ne voudra pas s’éterniser ici, au moins on pourra profiter à fond du bateau !
Et effectivement, une fois leurs hamacs et leurs coffres attribués, elles ne perdirent pas plus de temps pour s’éloigner de cette promiscuité, de ce confort sommaire et surtout de ce brouhaha incessant. Elles regagnèrent donc le pont principal.
En chemin, Sasha s’extasia sur un panneau sur lequel était plaqué une affiche.
— Oh ! Trop bien ! Regarde Mama ! Un Dragon Back Fight ! C’est comme un Davy Back Fight, mais contre la Dragonne Céleste ! Ça te dit qu’on participe ?
— Et risquer de perdre et de rejoindre l’équipe de la bourge ? Non merci !
— Tour du Cuisino à la nage … Beach Volley … Concours de danse … Parkour des Dragons … Concours de dressage … Pêche aux m…
— CONCOURS DE DRESSAGE ?! NON MAIS ELLE A CRU QUE LES ANIMAUX ÉTAIENT DES JOUETS ?!
— Je … euh …
— Sasha, promets-moi que quoi qu’il arrive, tu n’y participeras pas.
— Euh … non … promis.
— Promets mieux.
— Mama, je te promets que quoi qu’il arrive je n’y participerai pas !
— Bien, et maintenant, si je perds, je te demande juste de profiter du reste du voyage en faisant attention à tout, et surtout, de présenter mes excuses à Grant.
Elle ne laissa pas le temps à son amie de répondre et se dirigea vers le lieu du concours de dressage, Sasha péniblement sur ses talons, pour leur montrer que les animaux méritaient autant de considération que les humains.
Et elle avait gagné ! Un minocoffre. Sinon, elle avait perdu. Perdu le concours de dressage, et perdu sa liberté. Mais Sainte Adela était joueuse, et acceptait une tentative de libération contre une compensation. Et par deux nouvelles fois, elle avait essayé en remisant son minocoffre. Et perdu. Deux fois. Mais elle avait gagné un minocoffre !
La première tentative de libération se fit avec le concours de danse, parce que selon Mama, “Sainte Adela devait mettre la main à la pâte pour gagner son dû”, parce que “c’est ce que la vie normale t’apprend et qu’elle devait l’apprendre à son tour, riche ou pas”. Elle ne savait pas danser et avait improvisé un simulacre de danse brutale, primale, pour impressionner le jury.
La seconde tentative se fit avec le tour du Cuisino à la nage. Elle s’en était bien sortie, seulement son adversaire lui avait tendu un piège dans le bassin aux requins et aux poulpes géants. Et du fait, elle en avait oublié de toucher une des bouées qui balisaient le parcours.
Heureusement pour elle, Jeska Kamahlsson, la navigatrice des fameux Libres Pirates, avait eu la bonté de lui offrir sa liberté en guise de lot grâce à sa victoire personnelle contre la Tenryubito.
Mama l’avait retrouvée aussitôt en la remerciant chaleureusement et l’invitant à bord ainsi qu’à leur ranch sur Kage Berg pour y passer un week-end qui ne comporterait aucun piège, contrairement à ici. Elle y serait reçue comme hôte de marque, autant que Mama pouvait se le permettre !
Enfin, la croisière pouvait se dérouler sous le meilleur auspices …
Vraiment ?
Sasha était revenue de ses emplettes toute heureuse. Elle voulait faire un cadeau à sa capitaine officieuse mais sa liesse la trahissait : elle avait déniché non pas un, mais deux tickets dorés pour le Cuisino, la nouvelle acquisition de la Dragonne Céleste Sainte Adela Otero Nibal y Milcar, un luxueux navire-hôtel-casino.
L’intéressée avait donc distribué dans le monde entier des tickets dorés trouvables dans n’importe quel produit. Et Sasha en avait dégoté deux !
Aussitôt, pour se changer les idées et les siennes, elle avait crû bon contacter l’équipage qui les allaient dépêcher un bateau-taxi pour les transporter jusqu’à destination.
Le départ était imminent, mais Mama n’était toujours pas d’accord.
— Mais allez Mama ! J’ai fait ça pour être sympa …
— Oui, mais non. Ça pue le piège à plein nez ! Pourquoi une Tenryubito ferait preuve de sympathie ?
— Pour étaler sa richesse ! Et c’est tous frais payés !
— Des vacances aux frais de la princesse ? Hm … Là, tu me donnes envie ! Mais non, le piège est de plus en plus grossier … Et puis tu ne penses même pas à Grant !
— Non mais faut bien quelqu’un pour garder les moutons …
— TU M’AIDES PAS LA !
— Ah mais j’m’en fous : quoi qu’il arrive, j’garde les moutons. Mais si tu veux que j’t’aide, alors laisse-moi t’dire que tu d’vrais y aller. Ca t’ferait du bien.
— CA M’AIDE PAS À ARGUMENTER CONTRE !
— T’as jamais dit à quoi j’devais t’aider, alors j’ai tranché intérieurement : j’t’aide à t’décider.
Mama se mit à croiser les bras et à bouder, pour clore le débat.
— J’vois pas pourquoi tu veux pas y aller … C’est une bourgeoise qui t’paye tout pour rouler des mécaniques, et tu sais qu’c’est un piège : bah profite, fais-la raquer et évite le piège.
Sasha jubilait. Et ainsi donc, elles étaient parties toutes deux.
Le voyage jusqu’au Cuisino s’était bien déroulé, si ce n’était que la timonière était intenable à cause de l’excitation. Mama regrettait d’avoir troqué la tranquillité de son homme contre l’agitation de son amie. Mais dans le fond, cela lui faisait plaisir à voir. Encore une fois, son physique masculin et ses traits durs contrastaient vivement avec sa joie enfantine.
Arrivées sur place, elles traversèrent les pièces communes luxueuses, qui ne manquaient pas d’attiser le ravissement et l’étonnement de la timonière : restaurant immense et richement décoré, casino bruyant et rutilant où l’argent coulait à flots, piscine, transats, bar … Même Mama écarquillait les yeux, même si elle ne pouvait s’empêcher de penser au coût de ce navire et de l’origine du financement. Après tout, on ne créait pas des riches sans faire trinquer les pauvres. Et là, c’était le summum de l’opulence. Pour autant, ses yeux n’avaient de cesse de s’agrandir, au moins autant que sa bouche. Ce qui l’agaçait d’autant plus !
Mais elle mit immédiatement Sasha en garde :
— Pas touche aux jeux d’argent. Tu commences par y liquider ton porte-monnaie, et dans la seconde qui suit, t’hypothèques un rein pour continuer à tout perdre.
— Promis !
Elles étaient guidées par un membre de l’équipage qui était envoyé pour les conduire à leurs chambres. Si elles rêvaient d’une cabine personnelle au mieux, ou d’une cabine à se partager à elles deux au pire, elles déchantèrent très vite. A mesure qu’elles avançaient, le stupre laissait place au vacarme assourdissant des machines. Comme un somptueux tableau qui s’écaillait pour laisser place à une toile moisie.
— C’est un raccourci que vous nous faites prendre ?
— Non, Madame.
— Ah, je vois ! Vous nous faites visiter absolument tout le bateau pour qu’on évite de se perdre, c’est ça ?
— Non non … Non plus … euh … Mademoiselle.
Mama devenait méfiante. Ils s’enfonçaient toujours plus loin dans le ventre du navire. Ils durent élever la voix pour se faire entendre.
— Et voilà ! Nous sommes arrivés !
— Vous vous êtes trompé, on est au poste d’équipage des techniciens.
— Exact ! Je vois que vous êtes connaisseuse ! Eh bien si vous aviez des doutes quant à la flottabilité de notre sublime, vous voilà rassurées ! Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles : s’il y a la moindre panne, vous savez que nos techniciens peuvent intervenir à tout moment puisqu’ils vivent juste à côté de la salle des machines ! Je vous laisse vous familiariser avec vos nouveaux voisins de chambre, ils seront les plus à même de désigner vos hamacs ainsi que votre coffre personnel.
Elles se décomposèrent. Leur rêve se transformait en cauchemar … sauf pour Sasha qui relativisait déjà.
— Comme ce sera difficile de dormir et qu’on ne voudra pas s’éterniser ici, au moins on pourra profiter à fond du bateau !
Et effectivement, une fois leurs hamacs et leurs coffres attribués, elles ne perdirent pas plus de temps pour s’éloigner de cette promiscuité, de ce confort sommaire et surtout de ce brouhaha incessant. Elles regagnèrent donc le pont principal.
En chemin, Sasha s’extasia sur un panneau sur lequel était plaqué une affiche.
— Oh ! Trop bien ! Regarde Mama ! Un Dragon Back Fight ! C’est comme un Davy Back Fight, mais contre la Dragonne Céleste ! Ça te dit qu’on participe ?
— Et risquer de perdre et de rejoindre l’équipe de la bourge ? Non merci !
— Tour du Cuisino à la nage … Beach Volley … Concours de danse … Parkour des Dragons … Concours de dressage … Pêche aux m…
— CONCOURS DE DRESSAGE ?! NON MAIS ELLE A CRU QUE LES ANIMAUX ÉTAIENT DES JOUETS ?!
— Je … euh …
— Sasha, promets-moi que quoi qu’il arrive, tu n’y participeras pas.
— Euh … non … promis.
— Promets mieux.
— Mama, je te promets que quoi qu’il arrive je n’y participerai pas !
— Bien, et maintenant, si je perds, je te demande juste de profiter du reste du voyage en faisant attention à tout, et surtout, de présenter mes excuses à Grant.
Elle ne laissa pas le temps à son amie de répondre et se dirigea vers le lieu du concours de dressage, Sasha péniblement sur ses talons, pour leur montrer que les animaux méritaient autant de considération que les humains.
Et elle avait gagné ! Un minocoffre. Sinon, elle avait perdu. Perdu le concours de dressage, et perdu sa liberté. Mais Sainte Adela était joueuse, et acceptait une tentative de libération contre une compensation. Et par deux nouvelles fois, elle avait essayé en remisant son minocoffre. Et perdu. Deux fois. Mais elle avait gagné un minocoffre !
La première tentative de libération se fit avec le concours de danse, parce que selon Mama, “Sainte Adela devait mettre la main à la pâte pour gagner son dû”, parce que “c’est ce que la vie normale t’apprend et qu’elle devait l’apprendre à son tour, riche ou pas”. Elle ne savait pas danser et avait improvisé un simulacre de danse brutale, primale, pour impressionner le jury.
La seconde tentative se fit avec le tour du Cuisino à la nage. Elle s’en était bien sortie, seulement son adversaire lui avait tendu un piège dans le bassin aux requins et aux poulpes géants. Et du fait, elle en avait oublié de toucher une des bouées qui balisaient le parcours.
Heureusement pour elle, Jeska Kamahlsson, la navigatrice des fameux Libres Pirates, avait eu la bonté de lui offrir sa liberté en guise de lot grâce à sa victoire personnelle contre la Tenryubito.
Mama l’avait retrouvée aussitôt en la remerciant chaleureusement et l’invitant à bord ainsi qu’à leur ranch sur Kage Berg pour y passer un week-end qui ne comporterait aucun piège, contrairement à ici. Elle y serait reçue comme hôte de marque, autant que Mama pouvait se le permettre !
Enfin, la croisière pouvait se dérouler sous le meilleur auspices …
Vraiment ?
Dernière édition par Mama Boutanche le Lun 11 Juil 2022 - 19:17, édité 3 fois