- Aucun départ jusqu’à nouvel ordre?!
- Je suis navré, Madame, mais cette tempête de neige rend l’opération du train beaucoup trop dangereuse pour le moment. Tant qu’une accalmie ne se présentera pas, nous ne pouvons pas garantir la sécurité de votre voyage.
Helena marmonna dans sa barbe en entendant la nouvelle. Une tempête de neige assez violente pour que le Winterblade soit obligé de rester à quai, ce n’était pas arrivé depuis des années. Elle aurait pu attendre un autre jour pour arriver, cela dit !
La Marine d’élite n’avait pas volé son titre et ça se ressentait dans leur cadence de travail ; si Helena trouvait par moments le temps long quand elle était encore affectée à la 444e division, la cadence de travail de la 101e d’élite n’avait plus rien à voir. Même sans prendre en compte ses maigres tâches d’officier vu que Kuznetzov et Von Tirpitz n’avaient pas vraiment besoin d’être micromanagés, les entraînements incessants et les missions qui se suivaient à la chaîne lui faisaient se demander si 24 heures en une journée étaient suffisantes ! Et en bonus, pour ceux qui l’auraient oublié, Helena avait en plus de tout ça son fils à gérer. Alors forcément, quand une place pour poser deux semaines de permission s’était présentée, De Ruyter s’était jetée dessus. Et maintenant, on lui disait que c’était un blizzard à la noix qui l’empêchait de rentrer chez ses parents ?!?
- Maman, on le prend quand le train?
- Pas tout de suite, champion. Quand est-ce que la météo prévoit de s’améliorer ?
- C’est… C’est difficile à dire, Madame. Aux dernières nouvelles, cette tempête durerait encore au moins deux, voire trois jours.
- T’en ficherais moi trois jours de blizzard c’est pas possible de voir ça… Bon. Je suppose que je devrai attendre…
- On va pas voir Papi et Mamie ?
- Non, champion, il y a trop de vent. On risquerait d’avoir un accident avec le train. Ce qu’on va faire, c’est aller à l’hôtel et promis, dès que la neige s’arrête, on va les voir, d’accord ?
- D’accord…
La mère et le fils avaient au moins un point commun dans cette histoire, c’était de l’avoir mauvaise. Heureusement, Lavallière ne manquait pas d’hébergements temporaires, merci le port principal de l’île qui s’y trouvait. Sauf que maintenant, De Ruyter pouvait se permettre mieux que les hôtels bas de gamme ; avoir littéralement décuplé son salaire, ça vous ouvre des portes dans la vie. La Retraite Royale n’était pas le meilleur hôtel de l’île, mais il était dans le Top 3 si on ne comptait pas Bourgeoys. Et à 150,000 Berrys la nuit pour un adulte et un enfant avec vue sur la mer restaurant inclus, il y avait intérêt à ce qu’il soie bon. Quitte à attendre que la météo veuille bien se calmer, autant le faire dans des draps en soie et un fumoir, non ? Une journée passa. Puis deux. Puis trois… Si la conversation, les jeux de cartes et les parties de billard permettaient à Helena de tuer l’ennui et que l’hôtel, bondé à cause du train qui refusait de bouger, ne manquait pas de parents qui voulaient se détendre et d’enfants prêts à retourner les parties communes en jouant à chat et autres, ça commençait quand même à faire long…
Le matin du quatrième jour, la tempête avait un peu diminué en intensité, mais il y avait encore trop de neige pour que les trains démarrent. Sirotant un café au lait au restaurant de l’hôtel tandis que Carlo démolissait une gaufre aux fruits rouges, Helena remarqua dans l’entrée dudit restaurant des hommes de la Marine ; fraîchement arrivés de dehors, à en juger par leurs vêtements encore dégoulinants de neige qui fondait. Helena eut à peine le temps de se demander s’ils étaient venus pour elle qu’un des serveurs s’approchait tout penaud d’elle pour lui dire que les Marins voulaient lui parler. Sans vraiment d’autres options, Helena se leva pour aller voir ce qu’ils lui voulaient.
- Caporale De Ruyter ?
- C’est moi.
- Lieutenant Edwin Connor, 444e division. Je sais que vous êtes en vacances et que vous attendez pour partir à Jalabert, mais… Nous aurions vraiment besoin de votre aide.
- Mon aide en particulier ? En quoi ?
- Nous… Avons un gros problème de crime. Nous pensons qu’un tueur en série a fait de Lavallière son terrain de chasse. Plusieurs jeunes femmes ont été tuées avec le même mode opératoire par un individu non-identifié. Une de nos patrouilles l’aurait croisé et a été massacrée jusqu’au dernier.
- …
- Un officier du G-6 spécialisée dans les enquêtes et les traques est arrivée il y a quelques jours, mais nous craignons pour sa sécurité et que le tueur pourrait la prendre pour cible. Vous êtes de l’élite, aussi-
- Aussi, vous pensez que je pourrai protéger l’enquêtrice jusqu’à ce que nous mettions le tueur sous les verrous ou qu’elle reparte, c’est bien cela ?
- Oui, Madame.
- … Laissez-moi le temps de prendre mon manteau et de confier mon fils au personnel de l’hôtel. Et nous devrons visiter un forgeron en route, je ne suis pas armée.
- Bien sûr, caporale. Nous irons directement à la caserne après.
Les vacances semblaient d’un coup fortement compromises.
Si en temps normal, Helena aurait passé la journée chez l’armurier pour personnaliser dans les moindres détail sa nouvelle lame, cette fois-ci, elle prit juste les options de base. Options de base qui incluaient quand même la poignée en palissandre, le traitement antirouille garantie à vie, le test de résistance et de tranchant en direct, la garde engravée, etc. Certes, c’était un sabre à 300,000 Berrys, mais vu que depuis son entrée dans la Marine, Helena devait en être à son quatrième voire cinquième sabre, autant se payer de la qualité cette fois-ci ! Ou du moins une lame qui n’allait pas casser dés qu’elle la regarderait un peu trop fixement…
La caserne principale de Boréa n’était toujours pas complètement remise de l’attaque des Toréadors et du Voleur de Foudres ; si les travaux de reconstruction allaient bon train, il restait bon nombre d’impacts de balles à reboucher et de taches de sang et de suie à nettoyer ou repeindre. Le dédale de couloirs une fois à l’intérieur restait cependant le même, lui. Après bon nombre de tours et de détours, Helena et Connor arrivèrent dans un des nombreux bureaux de la caserne. Un panneau en liège orné de photos et de notes recouvrait l’un des murs tandis que les divers meubles étaient couverts de dossiers et porte-documents ouverts. L’air empestait la fumée de cigarette, chose qui ne surprenait personne vu qu’il y avait sur le bureau un cendrier rempli à plus que ras bord. Devant le panneau en liège, une femme vêtue d’un imperméable au-dessus d’un uniforme de marine balayait du regard le mur avant de se retourner.
- Caporale De Ruyter, voici l’adjudant Hipper en charge de l’enquête. Adjudant, voici la caporale d’élite De Ruyter, qui va être votre escorte pendant la durée de l’enquête.
- Hein ?
- Comment ?
Les deux femmes levèrent un sourcil en entendant leurs noms respectifs.
- Helena De Ruyter ? La fille du prof de biologie à Jalabert élue plus belle fille de l’école trois ans de suite vers 1620 ?
- Petra Hipper ? La fille du boulanger à Jalabert qui tabassait les racketteurs à la sortie de l’école ?
- Et qui était à la garderie des Petits-
- -Flocons de 1610 à 1614 ?
- … Nooooooooooooooooooon ?!
- … Sérieusement ?!
L’ambiance s’était détendue d’un coup. Le lieutenant médusé observa les deux femmes se mettre à rire à gorge déployée et discuter vivement.
- J’en… Déduis que vous vous connaissez ?
- « Connaissez » ? Lieutenant, elle et moi sommes amies depuis le jardin d’enfants !
- Et on ne s’est pas vues depuis des années ! Même si les circonstances pourraient être meilleures pour se retrouver…
Sitôt qu’Hipper finit sa phrase, la porte de son bureau s’ouvrit en catastrophe. Un matelot, le manteau encore sur le dos et de la neige à moitié fondue sur ses bottes, haletait avec les mains sur les genoux ; pas besoin d’être enquêteur pour déterminer qu’il avait couru jusqu’ici à toute vitesse.
- Lieutenant… Adjudant…
- Du calme, soldat. Que se passe-t-il ?
- On a… Retrouvé… Une nouvelle victime…
- Où ?!
- Suivez… Moi…
- Je suis navré, Madame, mais cette tempête de neige rend l’opération du train beaucoup trop dangereuse pour le moment. Tant qu’une accalmie ne se présentera pas, nous ne pouvons pas garantir la sécurité de votre voyage.
Helena marmonna dans sa barbe en entendant la nouvelle. Une tempête de neige assez violente pour que le Winterblade soit obligé de rester à quai, ce n’était pas arrivé depuis des années. Elle aurait pu attendre un autre jour pour arriver, cela dit !
La Marine d’élite n’avait pas volé son titre et ça se ressentait dans leur cadence de travail ; si Helena trouvait par moments le temps long quand elle était encore affectée à la 444e division, la cadence de travail de la 101e d’élite n’avait plus rien à voir. Même sans prendre en compte ses maigres tâches d’officier vu que Kuznetzov et Von Tirpitz n’avaient pas vraiment besoin d’être micromanagés, les entraînements incessants et les missions qui se suivaient à la chaîne lui faisaient se demander si 24 heures en une journée étaient suffisantes ! Et en bonus, pour ceux qui l’auraient oublié, Helena avait en plus de tout ça son fils à gérer. Alors forcément, quand une place pour poser deux semaines de permission s’était présentée, De Ruyter s’était jetée dessus. Et maintenant, on lui disait que c’était un blizzard à la noix qui l’empêchait de rentrer chez ses parents ?!?
- Maman, on le prend quand le train?
- Pas tout de suite, champion. Quand est-ce que la météo prévoit de s’améliorer ?
- C’est… C’est difficile à dire, Madame. Aux dernières nouvelles, cette tempête durerait encore au moins deux, voire trois jours.
- T’en ficherais moi trois jours de blizzard c’est pas possible de voir ça… Bon. Je suppose que je devrai attendre…
- On va pas voir Papi et Mamie ?
- Non, champion, il y a trop de vent. On risquerait d’avoir un accident avec le train. Ce qu’on va faire, c’est aller à l’hôtel et promis, dès que la neige s’arrête, on va les voir, d’accord ?
- D’accord…
La mère et le fils avaient au moins un point commun dans cette histoire, c’était de l’avoir mauvaise. Heureusement, Lavallière ne manquait pas d’hébergements temporaires, merci le port principal de l’île qui s’y trouvait. Sauf que maintenant, De Ruyter pouvait se permettre mieux que les hôtels bas de gamme ; avoir littéralement décuplé son salaire, ça vous ouvre des portes dans la vie. La Retraite Royale n’était pas le meilleur hôtel de l’île, mais il était dans le Top 3 si on ne comptait pas Bourgeoys. Et à 150,000 Berrys la nuit pour un adulte et un enfant avec vue sur la mer restaurant inclus, il y avait intérêt à ce qu’il soie bon. Quitte à attendre que la météo veuille bien se calmer, autant le faire dans des draps en soie et un fumoir, non ? Une journée passa. Puis deux. Puis trois… Si la conversation, les jeux de cartes et les parties de billard permettaient à Helena de tuer l’ennui et que l’hôtel, bondé à cause du train qui refusait de bouger, ne manquait pas de parents qui voulaient se détendre et d’enfants prêts à retourner les parties communes en jouant à chat et autres, ça commençait quand même à faire long…
Le matin du quatrième jour, la tempête avait un peu diminué en intensité, mais il y avait encore trop de neige pour que les trains démarrent. Sirotant un café au lait au restaurant de l’hôtel tandis que Carlo démolissait une gaufre aux fruits rouges, Helena remarqua dans l’entrée dudit restaurant des hommes de la Marine ; fraîchement arrivés de dehors, à en juger par leurs vêtements encore dégoulinants de neige qui fondait. Helena eut à peine le temps de se demander s’ils étaient venus pour elle qu’un des serveurs s’approchait tout penaud d’elle pour lui dire que les Marins voulaient lui parler. Sans vraiment d’autres options, Helena se leva pour aller voir ce qu’ils lui voulaient.
- Caporale De Ruyter ?
- C’est moi.
- Lieutenant Edwin Connor, 444e division. Je sais que vous êtes en vacances et que vous attendez pour partir à Jalabert, mais… Nous aurions vraiment besoin de votre aide.
- Mon aide en particulier ? En quoi ?
- Nous… Avons un gros problème de crime. Nous pensons qu’un tueur en série a fait de Lavallière son terrain de chasse. Plusieurs jeunes femmes ont été tuées avec le même mode opératoire par un individu non-identifié. Une de nos patrouilles l’aurait croisé et a été massacrée jusqu’au dernier.
- …
- Un officier du G-6 spécialisée dans les enquêtes et les traques est arrivée il y a quelques jours, mais nous craignons pour sa sécurité et que le tueur pourrait la prendre pour cible. Vous êtes de l’élite, aussi-
- Aussi, vous pensez que je pourrai protéger l’enquêtrice jusqu’à ce que nous mettions le tueur sous les verrous ou qu’elle reparte, c’est bien cela ?
- Oui, Madame.
- … Laissez-moi le temps de prendre mon manteau et de confier mon fils au personnel de l’hôtel. Et nous devrons visiter un forgeron en route, je ne suis pas armée.
- Bien sûr, caporale. Nous irons directement à la caserne après.
Les vacances semblaient d’un coup fortement compromises.
Si en temps normal, Helena aurait passé la journée chez l’armurier pour personnaliser dans les moindres détail sa nouvelle lame, cette fois-ci, elle prit juste les options de base. Options de base qui incluaient quand même la poignée en palissandre, le traitement antirouille garantie à vie, le test de résistance et de tranchant en direct, la garde engravée, etc. Certes, c’était un sabre à 300,000 Berrys, mais vu que depuis son entrée dans la Marine, Helena devait en être à son quatrième voire cinquième sabre, autant se payer de la qualité cette fois-ci ! Ou du moins une lame qui n’allait pas casser dés qu’elle la regarderait un peu trop fixement…
La caserne principale de Boréa n’était toujours pas complètement remise de l’attaque des Toréadors et du Voleur de Foudres ; si les travaux de reconstruction allaient bon train, il restait bon nombre d’impacts de balles à reboucher et de taches de sang et de suie à nettoyer ou repeindre. Le dédale de couloirs une fois à l’intérieur restait cependant le même, lui. Après bon nombre de tours et de détours, Helena et Connor arrivèrent dans un des nombreux bureaux de la caserne. Un panneau en liège orné de photos et de notes recouvrait l’un des murs tandis que les divers meubles étaient couverts de dossiers et porte-documents ouverts. L’air empestait la fumée de cigarette, chose qui ne surprenait personne vu qu’il y avait sur le bureau un cendrier rempli à plus que ras bord. Devant le panneau en liège, une femme vêtue d’un imperméable au-dessus d’un uniforme de marine balayait du regard le mur avant de se retourner.
- Caporale De Ruyter, voici l’adjudant Hipper en charge de l’enquête. Adjudant, voici la caporale d’élite De Ruyter, qui va être votre escorte pendant la durée de l’enquête.
- Hein ?
- Comment ?
Les deux femmes levèrent un sourcil en entendant leurs noms respectifs.
- Helena De Ruyter ? La fille du prof de biologie à Jalabert élue plus belle fille de l’école trois ans de suite vers 1620 ?
- Petra Hipper ? La fille du boulanger à Jalabert qui tabassait les racketteurs à la sortie de l’école ?
- Et qui était à la garderie des Petits-
- -Flocons de 1610 à 1614 ?
- … Nooooooooooooooooooon ?!
- … Sérieusement ?!
L’ambiance s’était détendue d’un coup. Le lieutenant médusé observa les deux femmes se mettre à rire à gorge déployée et discuter vivement.
- J’en… Déduis que vous vous connaissez ?
- « Connaissez » ? Lieutenant, elle et moi sommes amies depuis le jardin d’enfants !
- Et on ne s’est pas vues depuis des années ! Même si les circonstances pourraient être meilleures pour se retrouver…
Sitôt qu’Hipper finit sa phrase, la porte de son bureau s’ouvrit en catastrophe. Un matelot, le manteau encore sur le dos et de la neige à moitié fondue sur ses bottes, haletait avec les mains sur les genoux ; pas besoin d’être enquêteur pour déterminer qu’il avait couru jusqu’ici à toute vitesse.
- Lieutenant… Adjudant…
- Du calme, soldat. Que se passe-t-il ?
- On a… Retrouvé… Une nouvelle victime…
- Où ?!
- Suivez… Moi…