Les renforts sont arrivés, les derniers blessés sont en train d’être soignés et les corps commencent à être comptés, les sépultures à s’enchaîner. Nous sommes dans le calme après la tempête. Après une tempête, l’ouragan patiente encore. Simple interlude entre deux cataclysme. Grâce à l’abbé et son pouvoir, un œuf qui vous régénère complètement, et contre rémunération du grand Red, la plupart se remettent. Des soins qui tiennent du miracle pour certains, malheureusement il n’est que physique. Pour beaucoup les cicatrices demeurent dans l’esprit. J’en fais parti, et il semble que je ne sois pas le seul.
Red se tient là bas, dans cette grande pièce qui a été une salle du trône et qui ne ressemble plus guère qu’à une vaste étendue glaciale. Le toit n’est plus et de larges pans de murs sont manquants. C’est ici qu’à eu la dernière confrontation avec Teach. Ses végétaux ont disparus, tout comme lui, à travers le trou au centre que fixe Red.
Je suis là, à l’extrêmité de la salle, deux bouteilles dans une main. Ça fait plusieurs minutes déjà. Il sait que je suis là, mais seul le silence s’exprime pour le moment. Comme s’il n’était pas encore temps pour les mots ou que nous les cherchions encore. Je m’assois et pose les bouteilles à côté de moi. Mon regard fixe la glace, le sol entre nous. Étrangement elle ne me déclenche pas ma crise de folie, cette glace. Elle me rappelle l’enfer hivernale d’Impel Down, mais je suis trop fatigué pour qu’elle puisse s’exprimer comme à son habitude. Ou plutôt mon esprit a un sujet bien plus grand et lourd dont il doit s’occuper présentement. Alors, enfin, les premiers mots brisent le silence.
« Je me sens vide… »
Des mots à l’intention de Red ou de moi ? Je ne saurais dire.
« Je ne sais même pas pourquoi je suis venu. J’ai oublié ce qui m’a poussé à combattre. Ou plutôt, je commence à percevoir ce qui se cachait derrière… »
Le silence s’installe de nouveau. Un membre d’Armada rejoint la pièce avec le dernier rapport sur la situation. Ce rapport est mis à jour plusieurs fois dans la journée. Mais en remarquant les personnes présentes, il se tait et se contente de déposer le parchemin avant de prendre congé. Tous sur Armada ont eu vent de l’affrontement entre Red et moi, de ma prise de congé ensuite, mon absence aux réunions stratégiques, et pourtant me voici bien ici.
« Je t’ai suivi longtemps, comme j’ai suivi Tahar avant toi. Après ta mort j’ai suivi Izya, ainsi que le fantôme de ton héritage… Attention, je dis ton, mais ce n’est pas le cas dans mon esprit. Pas vraiment en tout cas… »
Cette fois je lève le regard sur cet homme au centre de la grande salle.
« Une partie de moi veut y croire tandis qu’une autre ne peut l’accepter. Sais-tu seulement ce qu’a provoqué la mort de Red ? Il n’était pas qu’un capitaine, un meneur, un homme puissant et ambitieux, il était… »
Le mot ne veut pas sortir. Il reste coincé dans ma gorge. Je le ravale et finis par poursuivre.
« J’ai fait beaucoup pour oublier, pour essayer d’accepter, pour surmonter. Ces dernières années ont été dictées par ça… par sa mort. Et tu me dis que tout ça a été vain ? Que je peux laisser tomber, lâcher prise ? D’abandonner ce qui m’a permis de tenir jusqu’ici ? »
Aucune larme. Elles montent lentement mais aucune ne passe le seuil des yeux. Elles ne le peuvent pas.
« J’aimerais y croire. Vraiment ! Mais je n’y arrive pas… Et je sais que j’ai perdu Izya à cause de ça, que j’ai tout perdu… mais… Y croire c’est prendre le risque de te perdre une nouvelle fois. Je ne sais pas si j’en suis capable. »
Au fond, n’est ce pas pour ça que je suis ici finalement ? Pour protéger Izya ou pour ne pas perdre une nouvelle fois cet homme devant moi ?
Red se tient là bas, dans cette grande pièce qui a été une salle du trône et qui ne ressemble plus guère qu’à une vaste étendue glaciale. Le toit n’est plus et de larges pans de murs sont manquants. C’est ici qu’à eu la dernière confrontation avec Teach. Ses végétaux ont disparus, tout comme lui, à travers le trou au centre que fixe Red.
Je suis là, à l’extrêmité de la salle, deux bouteilles dans une main. Ça fait plusieurs minutes déjà. Il sait que je suis là, mais seul le silence s’exprime pour le moment. Comme s’il n’était pas encore temps pour les mots ou que nous les cherchions encore. Je m’assois et pose les bouteilles à côté de moi. Mon regard fixe la glace, le sol entre nous. Étrangement elle ne me déclenche pas ma crise de folie, cette glace. Elle me rappelle l’enfer hivernale d’Impel Down, mais je suis trop fatigué pour qu’elle puisse s’exprimer comme à son habitude. Ou plutôt mon esprit a un sujet bien plus grand et lourd dont il doit s’occuper présentement. Alors, enfin, les premiers mots brisent le silence.
« Je me sens vide… »
Des mots à l’intention de Red ou de moi ? Je ne saurais dire.
« Je ne sais même pas pourquoi je suis venu. J’ai oublié ce qui m’a poussé à combattre. Ou plutôt, je commence à percevoir ce qui se cachait derrière… »
Le silence s’installe de nouveau. Un membre d’Armada rejoint la pièce avec le dernier rapport sur la situation. Ce rapport est mis à jour plusieurs fois dans la journée. Mais en remarquant les personnes présentes, il se tait et se contente de déposer le parchemin avant de prendre congé. Tous sur Armada ont eu vent de l’affrontement entre Red et moi, de ma prise de congé ensuite, mon absence aux réunions stratégiques, et pourtant me voici bien ici.
« Je t’ai suivi longtemps, comme j’ai suivi Tahar avant toi. Après ta mort j’ai suivi Izya, ainsi que le fantôme de ton héritage… Attention, je dis ton, mais ce n’est pas le cas dans mon esprit. Pas vraiment en tout cas… »
Cette fois je lève le regard sur cet homme au centre de la grande salle.
« Une partie de moi veut y croire tandis qu’une autre ne peut l’accepter. Sais-tu seulement ce qu’a provoqué la mort de Red ? Il n’était pas qu’un capitaine, un meneur, un homme puissant et ambitieux, il était… »
Le mot ne veut pas sortir. Il reste coincé dans ma gorge. Je le ravale et finis par poursuivre.
« J’ai fait beaucoup pour oublier, pour essayer d’accepter, pour surmonter. Ces dernières années ont été dictées par ça… par sa mort. Et tu me dis que tout ça a été vain ? Que je peux laisser tomber, lâcher prise ? D’abandonner ce qui m’a permis de tenir jusqu’ici ? »
Aucune larme. Elles montent lentement mais aucune ne passe le seuil des yeux. Elles ne le peuvent pas.
« J’aimerais y croire. Vraiment ! Mais je n’y arrive pas… Et je sais que j’ai perdu Izya à cause de ça, que j’ai tout perdu… mais… Y croire c’est prendre le risque de te perdre une nouvelle fois. Je ne sais pas si j’en suis capable. »
Au fond, n’est ce pas pour ça que je suis ici finalement ? Pour protéger Izya ou pour ne pas perdre une nouvelle fois cet homme devant moi ?