— Comme prévu : je vous laisse gérer, je vais nous annoncer ! Claire, vous venez ?
— Bien sûr, j’arrive !
Mama retroussa ses jambières et sauta par-dessus bord. Alors qu’elle gagnait la plage, l’équipage était en train de sortir la coupée pour la civile qui s’était dévouée pour accompagner la capitaine des Verts-de-Gris.
Devant eux se tenait Innocent Island, la première île de Grand Line qu’ils visitaient, réunis sous ce drapeau. Ils avaient d’ailleurs fait montre de zèle dans leur approche afin d’être voyant le plus possible, le plus longtemps possible. Les résidents devaient savoir que ce n’était pas un navire hostile qui arrivait mais une frégate de l’Armée révolutionnaire. Et visiblement, cela portait déjà ses fruits puisqu’une ombre se détachait des fourrées qui cachaient le village au loin.
Ils avaient fait cela car ils allaient proposer une demande particulière aux gens de cette île qui l’était tout autant.
— Cap’taine Mama ! J’peux venir ?
L’intéressée se retourna, même si elle avait reconnu la voix de Tempérance, la Maîtresse-Canonnière, une enfant qui s’était elle-aussi échappée de Tequila Wolf. Toutes deux s’étaient relativement vite adoptées.
— Ça dépend. T’as fini tes tâches ?
— Oui !
— T’as demandé à Niko ?
— Bien sûr ! C’est pour ça que je te demande à toi maintenant !
— Et je peux savoir pourquoi tu tiens à nous accompagner ?
— Tu peux ! Je te dirais bien que c’est pour t’aider à les faire accepter, mais en vrai, j’ai une autre idée en tête : tu sais, je t’ai dit que j’avais un amoureux dans chaque bagne ? Bah j’ai aussi des amoureux qui se sont échappés !
Un rictus aussi amusé qu’entendu déforma les lèvres de Mama.
— Allez, entendu ! Viens !
Alors que la civile rejoignait tranquillement et prudemment la capitaine, Tempérance sauta elle-aussi par-dessus bord. Mama eut peur qu’elle n’éclaboussât Claire, mais la canonnière maîtrisa sa réception tel un chat ! Elle ne manqua pas de décocher un petit rire cristallin, un mélange de malice, de plaisir et de satisfaction.
L’ombre qui se rapprochait était devenue une silhouette qui gagnait en formes et en couleurs jusqu’à dessiner un jeune homme roux aussi impeccable qu’excentrique.
Mama leva une main prévenante en l’air pour le saluer, ce à quoi il répondit d’une petite courbette, dévoilant un bras osseux par-dessus lequel il se pencha légèrement.
— Fais gaffe, Mama ! T'as vu sa main ? C’est un mort-vivant ! chuchota Tempérance entre ses dents.
— Mais non ! Ça doit être une prothèse ! fit la capitaine de la même manière.
Puis plus haut.
— Bonjour ! Je suis contente que vous nous ayez vus ! Enchantée, je m’appelle Mama Boutanche !
— De même, Mama Boutanche de l’Armée révolutionnaire. Je suis Alan Ford ! Pardonnez ma brutalité, mais … vous venez pour ?
— N’ayez crainte, je ne suis ni en mission, ni en repérage. A vrai dire, j’aimerais d’abord savoir si vous nous autorisez à mouiller à quai, parce que nous avons une immense requête à vous soumettre. C’est pour cela que je suis accompagnée de ma Maîtresse-Canonnière Tempérance et d’une civile, Claire Abott.
A nouveau, il s’inclina poliment en regardant chacune d’entre elles dans les yeux. Il était visiblement en confiance, quoi que Mama remarqua que sa bouche était très légèrement pincée et tirée sur la droite. Elle en déduisit qu’il était inquiet.
Mais cet Alan Ford s’avéra encore meilleur au petit jeu des devinettes.
— Vous appartenez à la Révolution et vous avez emmené une civile avec vous, j’en conclus qu’il y en a d’autres comme elle à bord, et qu’elle vous sert de représentante. Madame, à votre constitution, votre manière de vous tenir et à vos vêtements, je devine que vous êtes une ancienne esclave fraîchement libérée par votre hôte.
L’intéressée tituba de surprise. Le jeune homme excentrique afficha un petit sourire aussi amusé que confiant, mais pas arrogant.
— Héhé, j’ai donc raison. Alors j’imagine que vous aimeriez leur offrir une seconde vie ici ?
Mama et Tempérance étaient elles aussi soufflées, et si la Maîtresse-Canonnière se montrait expressive en applaudissant joyeusement cette prestation, sa capitaine restait bouche bée. Il lui fallut un temps pour s’en remettre.
— Eh ben … bah … Vous êtes perspicace ! Oui … c’est ça !
— Comprenez bien que je n’ai pas ce pouvoir de décision, et qu’il faut que nous nous réunissions pour décider. Cependant, j’accepte de prendre la responsabilité de votre débarquement, ne serait-ce que pour les civils. Bien sûr, votre équipage est également le bienvenue sur Innocent Island.
Ce fut au tour de Mama de s’incliner bien bas.
— Merci beaucoup ! Tempy, tu veux bien aller prévenir les autres, s’il te plaît ?
Sa joie cessa immédiatement, dominée par une moue boudeuse qui commençait à se dessiner sur son visage. Néanmoins, Mama continua de la fixer avec la même expression, sans ciller. La gamine comprit que sa capitaine ne lâcherait rien et elle se souvint du savon qu’elle lui avait passé sur Kage Berg : il fallait qu’elle arrêtât de n’en faire qu’à sa tête.
Pour autant, elle ne se laissait jamais démonter, et un éclat de malice passa dans son regard. Enfin, ce fut tout son visage qui s’illumina.
— Pour sûr, Cap’taine !
Et elle s’envola aussitôt dans un petit rire malin et cristallin. Mama redoutait le pire. Elle savait qu’elle avait déjà prévu son prochain mauvais coup et elle soupira.
— Désolée pour ça …
— Oh, ne vous excusez pas ! Comme vous le savez peut-être, Innocent Island regorge d’enfants dont une partie dirige l’île …
— Ouaip … Ça ne doit pas être facile tous les jours …
— Disons qu’on s’y habitue, de gré ou de force … Les négociations enfantines sont tout un art, qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère ! Sur ce, si vous voulez bien me suivre … Les vôtres ne pourront pas rater le Village des Parents, laissons-les prendre leurs marques. Je vous emmène devant notre … hm … intendante … Au moins pour le moment …
Devancées par un Alan avenant, Mama et Claire remontèrent le sentier avec lui. Petit à petit, une fête foraine toute entière, à moitié reconstruite et en état de fonctionnement, se dévoilait à eux, pour leur plus grand ravissement. Bien sûr, la grande roue dominait tout le panorama ! Juste à côté, mené par le chemin, le village des parents leur paraissait aussi petit que triste et trop sérieux !
— Bien sûr, j’arrive !
Mama retroussa ses jambières et sauta par-dessus bord. Alors qu’elle gagnait la plage, l’équipage était en train de sortir la coupée pour la civile qui s’était dévouée pour accompagner la capitaine des Verts-de-Gris.
Devant eux se tenait Innocent Island, la première île de Grand Line qu’ils visitaient, réunis sous ce drapeau. Ils avaient d’ailleurs fait montre de zèle dans leur approche afin d’être voyant le plus possible, le plus longtemps possible. Les résidents devaient savoir que ce n’était pas un navire hostile qui arrivait mais une frégate de l’Armée révolutionnaire. Et visiblement, cela portait déjà ses fruits puisqu’une ombre se détachait des fourrées qui cachaient le village au loin.
Ils avaient fait cela car ils allaient proposer une demande particulière aux gens de cette île qui l’était tout autant.
— Cap’taine Mama ! J’peux venir ?
L’intéressée se retourna, même si elle avait reconnu la voix de Tempérance, la Maîtresse-Canonnière, une enfant qui s’était elle-aussi échappée de Tequila Wolf. Toutes deux s’étaient relativement vite adoptées.
— Ça dépend. T’as fini tes tâches ?
— Oui !
— T’as demandé à Niko ?
— Bien sûr ! C’est pour ça que je te demande à toi maintenant !
— Et je peux savoir pourquoi tu tiens à nous accompagner ?
— Tu peux ! Je te dirais bien que c’est pour t’aider à les faire accepter, mais en vrai, j’ai une autre idée en tête : tu sais, je t’ai dit que j’avais un amoureux dans chaque bagne ? Bah j’ai aussi des amoureux qui se sont échappés !
Un rictus aussi amusé qu’entendu déforma les lèvres de Mama.
— Allez, entendu ! Viens !
Alors que la civile rejoignait tranquillement et prudemment la capitaine, Tempérance sauta elle-aussi par-dessus bord. Mama eut peur qu’elle n’éclaboussât Claire, mais la canonnière maîtrisa sa réception tel un chat ! Elle ne manqua pas de décocher un petit rire cristallin, un mélange de malice, de plaisir et de satisfaction.
L’ombre qui se rapprochait était devenue une silhouette qui gagnait en formes et en couleurs jusqu’à dessiner un jeune homme roux aussi impeccable qu’excentrique.
Mama leva une main prévenante en l’air pour le saluer, ce à quoi il répondit d’une petite courbette, dévoilant un bras osseux par-dessus lequel il se pencha légèrement.
— Fais gaffe, Mama ! T'as vu sa main ? C’est un mort-vivant ! chuchota Tempérance entre ses dents.
— Mais non ! Ça doit être une prothèse ! fit la capitaine de la même manière.
Puis plus haut.
— Bonjour ! Je suis contente que vous nous ayez vus ! Enchantée, je m’appelle Mama Boutanche !
— De même, Mama Boutanche de l’Armée révolutionnaire. Je suis Alan Ford ! Pardonnez ma brutalité, mais … vous venez pour ?
— N’ayez crainte, je ne suis ni en mission, ni en repérage. A vrai dire, j’aimerais d’abord savoir si vous nous autorisez à mouiller à quai, parce que nous avons une immense requête à vous soumettre. C’est pour cela que je suis accompagnée de ma Maîtresse-Canonnière Tempérance et d’une civile, Claire Abott.
A nouveau, il s’inclina poliment en regardant chacune d’entre elles dans les yeux. Il était visiblement en confiance, quoi que Mama remarqua que sa bouche était très légèrement pincée et tirée sur la droite. Elle en déduisit qu’il était inquiet.
Mais cet Alan Ford s’avéra encore meilleur au petit jeu des devinettes.
— Vous appartenez à la Révolution et vous avez emmené une civile avec vous, j’en conclus qu’il y en a d’autres comme elle à bord, et qu’elle vous sert de représentante. Madame, à votre constitution, votre manière de vous tenir et à vos vêtements, je devine que vous êtes une ancienne esclave fraîchement libérée par votre hôte.
L’intéressée tituba de surprise. Le jeune homme excentrique afficha un petit sourire aussi amusé que confiant, mais pas arrogant.
— Héhé, j’ai donc raison. Alors j’imagine que vous aimeriez leur offrir une seconde vie ici ?
Mama et Tempérance étaient elles aussi soufflées, et si la Maîtresse-Canonnière se montrait expressive en applaudissant joyeusement cette prestation, sa capitaine restait bouche bée. Il lui fallut un temps pour s’en remettre.
— Eh ben … bah … Vous êtes perspicace ! Oui … c’est ça !
— Comprenez bien que je n’ai pas ce pouvoir de décision, et qu’il faut que nous nous réunissions pour décider. Cependant, j’accepte de prendre la responsabilité de votre débarquement, ne serait-ce que pour les civils. Bien sûr, votre équipage est également le bienvenue sur Innocent Island.
Ce fut au tour de Mama de s’incliner bien bas.
— Merci beaucoup ! Tempy, tu veux bien aller prévenir les autres, s’il te plaît ?
Sa joie cessa immédiatement, dominée par une moue boudeuse qui commençait à se dessiner sur son visage. Néanmoins, Mama continua de la fixer avec la même expression, sans ciller. La gamine comprit que sa capitaine ne lâcherait rien et elle se souvint du savon qu’elle lui avait passé sur Kage Berg : il fallait qu’elle arrêtât de n’en faire qu’à sa tête.
Pour autant, elle ne se laissait jamais démonter, et un éclat de malice passa dans son regard. Enfin, ce fut tout son visage qui s’illumina.
— Pour sûr, Cap’taine !
Et elle s’envola aussitôt dans un petit rire malin et cristallin. Mama redoutait le pire. Elle savait qu’elle avait déjà prévu son prochain mauvais coup et elle soupira.
— Désolée pour ça …
— Oh, ne vous excusez pas ! Comme vous le savez peut-être, Innocent Island regorge d’enfants dont une partie dirige l’île …
— Ouaip … Ça ne doit pas être facile tous les jours …
— Disons qu’on s’y habitue, de gré ou de force … Les négociations enfantines sont tout un art, qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère ! Sur ce, si vous voulez bien me suivre … Les vôtres ne pourront pas rater le Village des Parents, laissons-les prendre leurs marques. Je vous emmène devant notre … hm … intendante … Au moins pour le moment …
Devancées par un Alan avenant, Mama et Claire remontèrent le sentier avec lui. Petit à petit, une fête foraine toute entière, à moitié reconstruite et en état de fonctionnement, se dévoilait à eux, pour leur plus grand ravissement. Bien sûr, la grande roue dominait tout le panorama ! Juste à côté, mené par le chemin, le village des parents leur paraissait aussi petit que triste et trop sérieux !
Dernière édition par Mama Boutanche le Jeu 15 Sep 2022 - 8:20, édité 5 fois