Rappel du premier message :
Salut vieux, "vieille" si t’es concernée. T’as l’temps pour une histoire ? Moi j’ai l’temps, prends un fauteuil, d’mande un rhum au mec là-bas et assieds-toi.
Que’qu’part au paradis des nains, un mec s’est planté d’porte au Grand Moment : Mais qu’est-ce que jfous là bordel, qu’y gueule partout, ohé, y a quelqu’un pour m’répondre ?!! Et y gueule, et y gueule comme il a jamais gueulé. Mais toujours, y a personne qu’s’occupe de lui. C’l’inconvénient d’calancher bourré. Tu t’attends à atterrir chez l’grand cornu à barbe, tu t’plantes de lourde à défoncer après avoir écouté l’Grand Passeur t’faire son baratin, et t’arrives dans un bouge miteux peuplé d’gonzes tout juste d’la bonne taille pour t’pomper l’dard si t’étais d’l’autre bord, et d’toute façon occupés à slurper en continu des kils et des kils de c’te boisson pour sissies qui contribue à les rendre aussi larges que hauts. La bière y z’appellent ça…. M’enfin bon. Y voit bien qu’y s’est planté d’endroit, l’mec, mais y sait pas comment résoudre le problème. Crever, y s’en fout, c’tait prévu d’puis qu’il est né. Mais crever pour arriver dans un endroit aussi pourri, merci bien. Pas un rhum, pas une gonzesse baisable à moins d’aimer les barbes, keud’. La grosse loose. L’trente-septième dessous. L’erreur dont on s’remet pas. Alors y tente bien d’se r’suicider une ou deux fois, pour voir si, mais y a rien qui marche : ni les haches en mousse, ni la noyade dans la cervoise, ni l’catch avec les voisins vertical’ment concentrés. ’semble bien qu’on puisse pas clamser quand on est d’jà trépassé.
C’mec c’était moi. C’rêve que j’ai fait c’te nuit-là, j’m’en souviens comme si c’tait hier et pour cause. C’tait un rêve prémonitoire de c’que j’allais vivre une des périodes les plus chiantes de ma putain d’vie. Et jpeux t’dire que des périodes où y s’passe rien, j’en ai vécues. Mais là en plus, le problème c’est même pas vraiment qu’y s’est rien passé… Loin d’là en fait. Nan, l’problème c’est qu’c’que j’ai vécu, j’l’ai vécu en présence du pire furoncle que la Marine ait jamais r’cruté. Pludbus Céldéborde, tu connais ? Bien sûr qu’tu connais, tu connais forcément. Bon, ben j’ai bourlingué avec lui. Alors, ouais, quand jdis bourlingué, ça veut pas dire qu’j’ai traîné avec lui pendant trois ans complets, et heureus’ment pacqu’j’aurais probablement fini pendu sous la hune, mais quand même. Les quelques jours qu’a duré la mission, ça m’a suffit. Quelle plaie ce type bordel. Tout c’que t’as entendu sur lui, c’est vrai. Mais c’est peanuts à côté d’la réalité. Bon, attends j’y arrive. Mais d’abord j’te r’situe l’truc.
J’te parle d’un temps qu’les moins d’quinze ans peuvent pas connaître. J’tais tout jeune à l’époque. Jeunot même. Vingt bouteilles qu’j’avais, ptêt un peu plus en fait, pour cause que j’tais d’jà lieut’nant. Ouais, disons vingt-deux. La Jenv dont j’t’ai d’jà causé, ça f’sait un bail qu’elle m’avait r’mis dans l’droit ch’min d’la carrière maritime. Oubliée la cour martiale, mes supérieurs m’kiffaient et jfilais droit vers les étoiles. Et puis un jour ça m’est tombé d’ssus, au réveil de c’rêve que j’viens d’te raconter. C’tait un tuyau chelou, un pneu comme mon pote d’alors au service des comm’ savait les tourner. J’me souviens encore du texte, ’coute bien, y s’était surpassé pour m’donner la motiv’ :
"Bon, lieut’nant, c’ton jour de chance. Marie-Joa t’envoie Sa Décrépitude Suprême, le Vice-amiral le Chieur en personne, pour t’évaluer. Bonne merde vieux. Oublie pas qu’le p’loton d’exécution c’est qu’quinze secondes de douleur. T’as cinq jours pour t’tirer. Adieu, Tahgel."
A propos d’gueule, j’avais la pire gueule de bois d’toutes mes années sur South. M’évaluer ? De quoi m’évaluer ? D’puis quand on évaluait les gens comme ça ? J’ai passé la matinée à m’poser c’te question. ’reus’ment qu’on était à terre et qu’y avait rien à glander, j’aurais rendu trois fois mon poids en fluides divers avec le roulis. Et puis j’ai eu la dalle. Sur l’coup d’trois heures jsuis sorti d’ma piaule chercher un truc à grailler à la cantine du QG. Dehors y f’sait un temps d’merde, j’aurais dû m’méfier. Mais j’ai continué. C’quand j’ai causé aux cuistots qu’j’me suis rappelé d’trois trucs super importants :
1°/ Quant tu t’réveilles packe qu’on cogne à ta porte alors qu’il est d’jà midi, s’planquer sous l’plumard d’façon à c’que l’sergent qui t’cherche te voie pas, c’pas une bonne idée.
2°/ Quand on t’dit qu’t’as un délai d’cinq jours sur un message papier qui t’est arrivé comme arrivent tous les autres messages papiers, par les navires postaux, c’pas comme avec les escargophones : le délai d’cinq jours court en général A PARTIR du moment où la dépêche a été écrite, c’qui veut dire qu’en gros il arrive à expiration l’jour où tu lis l’machin.
3°/ Quand t’es Marin ET bourré ET mal accompagné, parfois t’envoies des d’mandes de promotion.
Jsais pas si j’étais encore complèt’ment bourré ou si y avait un couillon qui jouait avec le tocsin, mais j’ai entendu trois cloches sonner, bien fort et une par une, quand l’gars qui m’tendait mon assiette spéciale "décuvage immédiat" m’a dit, dans l’ordre : qu’le vice-amiral Pludbus Céldéborde était arrivé l’matin même pour décider d’si oui ou non j’avais l’potentiel pour dev’nir commandant, qu’on m’avait cherché d’puis lors dans toute la base, qu’y avait un aut’ gars qui m’cherchait pour me r’mettre un ordre de mission.
Là, j’ai commis deux erreurs qu’ont fait que, alors qu’j’étais d’jà dans la merde jusqu’aux aisselles, j’me suis r’trouvé à plus avoir pied d’dans. D’abord, j’ai pas touché à mon assiette magique. Donc j’avais toujours la langue lourde, le crâne qui résonnait, l’ventre à sec et les yeux à côté des orbites. Ensuite, j’ai pensé qu’y valait mieux éviter d’faire attendre cinq petites minutes de plus le Viok plutôt qu’d’aller chercher direct mon affectation. Donc quand j’ai déboulé dans la suite où on logeait les sommités là-bas, jte laisse deviner l’chahut. Nan, tu d’vines pas ? Bon, j’t’explique, suis bien, jvais faire un effort mais ça risque d’être confus vu l’bordel qu’ça a été sur l’moment.
Donnée n°1 : jsuis arrivé en courant. Problème n°1 : les parquets v’naient d’être cirés. Problème n°2 : un mec qu’a pas décuvé a une oreille interne réglée sur le mode "aucun équilibre". Conséquence n°1 : j’ai glissé, j’ai défoncé la porte en essayant d’me ret’nir à la clenche, j’me suis rétamé, j’ai fini sur un dix mètres glisse droit vers l’pied d’la table du salon d’accueil, à côté d’une gerbe qu’était pas faite que des jolies fleurs qui traînaient dans l’vase qu’j’avais foutu par terre.
Donnée n°2 : jsavais pas quelle était ma mission. Problème n°3 : l’vice-amiral, soit la connaissait pas non plus, soit la connaissait et s’la jouait sadique, façon "tu m’as fait poireauter une demi-journée, j’t’enfonce autant qu’je peux". Conséquence n°2 : allongé sur l’sol, le pif en sang et les neurones en miettes, j’avais l’air du plus pitoyable des cons en désintox devant l’mec qui d’vait m’noter.
Donnée n°3 : Pludbus Céldéborde est une raclure de fumier quand y s’agit d’te mettre à l’aise et qu’y t’a dans l’nez. Problème n°4 : j’ai un tempérament. Problème n°5 : j’étais pas frais. Conséquence n°3 : jme suis rel’vé en essayant d’mettre une beigne à mon supérieur croûtonneux, qui s’trouvait bizarrement être le même mec que c’ui qui d’vait m’évaluer.
Ambiance.
Que’qu’part au paradis des nains, un mec s’est planté d’porte au Grand Moment : Mais qu’est-ce que jfous là bordel, qu’y gueule partout, ohé, y a quelqu’un pour m’répondre ?!! Et y gueule, et y gueule comme il a jamais gueulé. Mais toujours, y a personne qu’s’occupe de lui. C’l’inconvénient d’calancher bourré. Tu t’attends à atterrir chez l’grand cornu à barbe, tu t’plantes de lourde à défoncer après avoir écouté l’Grand Passeur t’faire son baratin, et t’arrives dans un bouge miteux peuplé d’gonzes tout juste d’la bonne taille pour t’pomper l’dard si t’étais d’l’autre bord, et d’toute façon occupés à slurper en continu des kils et des kils de c’te boisson pour sissies qui contribue à les rendre aussi larges que hauts. La bière y z’appellent ça…. M’enfin bon. Y voit bien qu’y s’est planté d’endroit, l’mec, mais y sait pas comment résoudre le problème. Crever, y s’en fout, c’tait prévu d’puis qu’il est né. Mais crever pour arriver dans un endroit aussi pourri, merci bien. Pas un rhum, pas une gonzesse baisable à moins d’aimer les barbes, keud’. La grosse loose. L’trente-septième dessous. L’erreur dont on s’remet pas. Alors y tente bien d’se r’suicider une ou deux fois, pour voir si, mais y a rien qui marche : ni les haches en mousse, ni la noyade dans la cervoise, ni l’catch avec les voisins vertical’ment concentrés. ’semble bien qu’on puisse pas clamser quand on est d’jà trépassé.
C’mec c’était moi. C’rêve que j’ai fait c’te nuit-là, j’m’en souviens comme si c’tait hier et pour cause. C’tait un rêve prémonitoire de c’que j’allais vivre une des périodes les plus chiantes de ma putain d’vie. Et jpeux t’dire que des périodes où y s’passe rien, j’en ai vécues. Mais là en plus, le problème c’est même pas vraiment qu’y s’est rien passé… Loin d’là en fait. Nan, l’problème c’est qu’c’que j’ai vécu, j’l’ai vécu en présence du pire furoncle que la Marine ait jamais r’cruté. Pludbus Céldéborde, tu connais ? Bien sûr qu’tu connais, tu connais forcément. Bon, ben j’ai bourlingué avec lui. Alors, ouais, quand jdis bourlingué, ça veut pas dire qu’j’ai traîné avec lui pendant trois ans complets, et heureus’ment pacqu’j’aurais probablement fini pendu sous la hune, mais quand même. Les quelques jours qu’a duré la mission, ça m’a suffit. Quelle plaie ce type bordel. Tout c’que t’as entendu sur lui, c’est vrai. Mais c’est peanuts à côté d’la réalité. Bon, attends j’y arrive. Mais d’abord j’te r’situe l’truc.
J’te parle d’un temps qu’les moins d’quinze ans peuvent pas connaître. J’tais tout jeune à l’époque. Jeunot même. Vingt bouteilles qu’j’avais, ptêt un peu plus en fait, pour cause que j’tais d’jà lieut’nant. Ouais, disons vingt-deux. La Jenv dont j’t’ai d’jà causé, ça f’sait un bail qu’elle m’avait r’mis dans l’droit ch’min d’la carrière maritime. Oubliée la cour martiale, mes supérieurs m’kiffaient et jfilais droit vers les étoiles. Et puis un jour ça m’est tombé d’ssus, au réveil de c’rêve que j’viens d’te raconter. C’tait un tuyau chelou, un pneu comme mon pote d’alors au service des comm’ savait les tourner. J’me souviens encore du texte, ’coute bien, y s’était surpassé pour m’donner la motiv’ :
"Bon, lieut’nant, c’ton jour de chance. Marie-Joa t’envoie Sa Décrépitude Suprême, le Vice-amiral le Chieur en personne, pour t’évaluer. Bonne merde vieux. Oublie pas qu’le p’loton d’exécution c’est qu’quinze secondes de douleur. T’as cinq jours pour t’tirer. Adieu, Tahgel."
A propos d’gueule, j’avais la pire gueule de bois d’toutes mes années sur South. M’évaluer ? De quoi m’évaluer ? D’puis quand on évaluait les gens comme ça ? J’ai passé la matinée à m’poser c’te question. ’reus’ment qu’on était à terre et qu’y avait rien à glander, j’aurais rendu trois fois mon poids en fluides divers avec le roulis. Et puis j’ai eu la dalle. Sur l’coup d’trois heures jsuis sorti d’ma piaule chercher un truc à grailler à la cantine du QG. Dehors y f’sait un temps d’merde, j’aurais dû m’méfier. Mais j’ai continué. C’quand j’ai causé aux cuistots qu’j’me suis rappelé d’trois trucs super importants :
1°/ Quant tu t’réveilles packe qu’on cogne à ta porte alors qu’il est d’jà midi, s’planquer sous l’plumard d’façon à c’que l’sergent qui t’cherche te voie pas, c’pas une bonne idée.
2°/ Quand on t’dit qu’t’as un délai d’cinq jours sur un message papier qui t’est arrivé comme arrivent tous les autres messages papiers, par les navires postaux, c’pas comme avec les escargophones : le délai d’cinq jours court en général A PARTIR du moment où la dépêche a été écrite, c’qui veut dire qu’en gros il arrive à expiration l’jour où tu lis l’machin.
3°/ Quand t’es Marin ET bourré ET mal accompagné, parfois t’envoies des d’mandes de promotion.
Jsais pas si j’étais encore complèt’ment bourré ou si y avait un couillon qui jouait avec le tocsin, mais j’ai entendu trois cloches sonner, bien fort et une par une, quand l’gars qui m’tendait mon assiette spéciale "décuvage immédiat" m’a dit, dans l’ordre : qu’le vice-amiral Pludbus Céldéborde était arrivé l’matin même pour décider d’si oui ou non j’avais l’potentiel pour dev’nir commandant, qu’on m’avait cherché d’puis lors dans toute la base, qu’y avait un aut’ gars qui m’cherchait pour me r’mettre un ordre de mission.
Là, j’ai commis deux erreurs qu’ont fait que, alors qu’j’étais d’jà dans la merde jusqu’aux aisselles, j’me suis r’trouvé à plus avoir pied d’dans. D’abord, j’ai pas touché à mon assiette magique. Donc j’avais toujours la langue lourde, le crâne qui résonnait, l’ventre à sec et les yeux à côté des orbites. Ensuite, j’ai pensé qu’y valait mieux éviter d’faire attendre cinq petites minutes de plus le Viok plutôt qu’d’aller chercher direct mon affectation. Donc quand j’ai déboulé dans la suite où on logeait les sommités là-bas, jte laisse deviner l’chahut. Nan, tu d’vines pas ? Bon, j’t’explique, suis bien, jvais faire un effort mais ça risque d’être confus vu l’bordel qu’ça a été sur l’moment.
Donnée n°1 : jsuis arrivé en courant. Problème n°1 : les parquets v’naient d’être cirés. Problème n°2 : un mec qu’a pas décuvé a une oreille interne réglée sur le mode "aucun équilibre". Conséquence n°1 : j’ai glissé, j’ai défoncé la porte en essayant d’me ret’nir à la clenche, j’me suis rétamé, j’ai fini sur un dix mètres glisse droit vers l’pied d’la table du salon d’accueil, à côté d’une gerbe qu’était pas faite que des jolies fleurs qui traînaient dans l’vase qu’j’avais foutu par terre.
Donnée n°2 : jsavais pas quelle était ma mission. Problème n°3 : l’vice-amiral, soit la connaissait pas non plus, soit la connaissait et s’la jouait sadique, façon "tu m’as fait poireauter une demi-journée, j’t’enfonce autant qu’je peux". Conséquence n°2 : allongé sur l’sol, le pif en sang et les neurones en miettes, j’avais l’air du plus pitoyable des cons en désintox devant l’mec qui d’vait m’noter.
Donnée n°3 : Pludbus Céldéborde est une raclure de fumier quand y s’agit d’te mettre à l’aise et qu’y t’a dans l’nez. Problème n°4 : j’ai un tempérament. Problème n°5 : j’étais pas frais. Conséquence n°3 : jme suis rel’vé en essayant d’mettre une beigne à mon supérieur croûtonneux, qui s’trouvait bizarrement être le même mec que c’ui qui d’vait m’évaluer.
Ambiance.
Dernière édition par Tahar Tahgel le Dim 11 Sep 2011 - 19:33, édité 2 fois