Lucy Emerald, tout simplement [terminée]

1m72, 126kg de chrome, de sang, de chair, de métal et de style pur étincelant. On ne dirait pas avec mon allure svelte, presque fluette, et pourtant venez tâter donc de ces abdos, vous ne trouverez pas plus solide.

A cause des évènements que vous apprendrez en poursuivant la lecture de cette fiche, j’ai encore le corps d’une jeune adulte, presque adolescente malgré mes 24 ans aujourd’hui. Le métal ne vieillit pas, il se remplace et s’améliore. Mes bras me permettent de porter des charges dépassant la centaine de kilo, mes jambes des sauts de quelques mètres ou d’absorber une chute d’un peu trop haut. Mon pouce fait même office de briquet ! C’est fou !

Une peau blanche, très pale, des cheveux blonds pratiquement argentés dont les plus longues mèches de descendent pas plus bas que mon menton. Des yeux aussi bleus et clairs que les lagunes faisant face à l’eau, avec un petit nez tout mignon et de fines lèvres que je recouvre régulièrement d’un verni aussi rouge que le phare à paupière encerclant et amplifiant mon regard.

A plusieurs endroits vous pourrez voir que ma peau se sépare, comme si elle couvrait deux espaces différents. Et c’est le cas. Par exemple dans mon cou vous pourrez autant suivre la ligne séparant la chair du métal, que les petits interstices derrière ma mâchoire qui permet de me générer en huile d’olive. Sans quoi je tombe totalement en rade, et la sensation est absolument ignoble …

Pour finir rapidement, les longues jambes fines suffisamment puissantes pour me permettre de sauter haut et loin ; et des petits pieds tout mignons dont les orteils peuvent se planter dans le béton pour m’aider à escalader le moindre bâtiment !
Tout ça sous des vêtements en général proche du corps, parce que quand c’est ample, que ça vole au vent la classe est garantit jusqu’à ce que ça se coince au mauvais endroit, au mauvais moment.

On dit de moi je suis frivole, peu attentive à ce qui m’entoure, maladroite et immensément curieuse. J’ai beaucoup de mal à garder ma concentration sur une seule chose, la nature et le monde sont si beaux, si vastes ! Mon rêve serait d’en faire le tour, de rencontrer tout le monde, de connaitre toutes les coutumes, toutes les façons de penser.

L’assiduité fait partie de mes plus importants traits de caractère. Même si l’impatience me pousse souvent à passer à autre chose, à tout voir, tout apprendre, avec tout le monde, et si possible dans le même laps de temps. Que je peux rester coller à quelqu’un toute la journée s’il y a la moindre chance d’apprendre quelques de choses de lui. Je sais faire mon travail et la tache qui m’est assignée en temps et en heure, sans trop broncher et de la façon la plus efficace possible pour rapidement pouvoir passer à autre chose.

Cependant en grandissant j’ai également appris qu’il existe certaines choses qu’il vaut mieux ne pas connaitre. Cela faisait partit de ces phrases qu’on me répétait souvent, et tout particulièrement après m’avoir prise en flagrant-délit : le savoir c’est le pouvoir, en avoir c’est bien mais trop peut également causer des ennuis tant que la jalousie et la peur domineront ce monde.

Shell Town, East Blue, premier jour du printemps. Un cri retentit dans le petit hôpital du village. Un hurlement strident qui annonçait la venue au monde d’un énième petit être. Une nouvelle bouche à nourrir, une nouvelle boule de caractère à convaincre et à satisfaire pour un instant de tranquillité.
Je ne dis pas que j’étais un monstre étant petite, mais comme tous les gamins découvrant le monde, ses merveilles et ses contradictions, j’en faisais parfois voir de toutes les couleurs à mes parents. Alors qu’eux s’étaient rencontré peu après l’arrivée du nouveau régiment du gouvernement sur l’île, lui jeune sergent fraichement promu à l’époque et elle petite boulangère du village voisin. Leur union mit au monde une gamine assoiffée de savoir, bavarde, curieuse, toujours demander pourquoi ci et pourquoi ça, à tout remettre en question sans arrêt. D’ailleurs vous saviez que si le papier-toilette est a deux épaisseurs ce n’est pas seulement pour faire joli ? Ca a été longuement étudié ! Comme tous les motifs qu’il y a dessus qui en réalité cachent la colle permettant aux feuilles de tenir entre elles ! Et oui !

Ayant grandi sur une île comme Shell Town, avec une présence militaire quasi-permanente depuis plusieurs années et un chantier naval où se croisaient génies artisans et génies scientifiques, ma curiosité n’était jamais épuisée. Quand je n’étais pas à l’école, je trainais à proximités des constructions de navire et de toutes les innovations qui y naissaient.
Par moment il y avait bien du grabuge, des malfrats – comme ma mère les appelait – qui venaient créer des problèmes là où il n’y en avait pas. Certainement pour essayer de se faire un nom … Ils étaient comme ces ados à qui la vie n’avait pas suffisamment apporter d’attention. Alors ils foutaient le bordel, juste pour qu’on les remarque.

Seulement un malheureux jour, une énième attaque de pirate sans doute. Une explosion venant de la banque du village, d’où s’échappa rapidement une épaisse fumée noire. J’étais sur le chemin pour rentrer des courses, les bras chargés de pain et de légumes frais ; quand soudainement tout s’est arrêté. Je me souviens de m’être sentie brusquement plus légère. Une brise soulevait encore mes cheveux blonds. Le temps de baisser les yeux, j’eus beau lever les bras il n’y avait plus rien. Du sang, des morceaux d’emballage papier, des légumes écrasés sur les pavés de la ruelle. Ma vue se troubla alors que je n’arrivais plus à me frotter les yeux. L’instant suivant je m’écroulais au sol alors que plus rien ne me retenait au-dessus des pavés lisses de la ruelle.

Mon réveil fut atroce. La pire douleur, dépassant tout ce que j’aurais pu imaginer, j’avais l’impression de bruler de l’intérieur, de plonger dans un volcan et y faire de la brasse au milieu des effluves de souffre et de carbone. La douleur était si monstrueuse que je ne ressentais plus rien, jusqu’à perdre à nouveau connaissance.
Mon père, refusant de perdre son enfant unique, sa fille chérie malgré son mauvais caractère, avait décidé avec ma mère utiliser ses compétences et surtout ses contacts pour faire de moi une cyborg. De la petite Lucy originale, il ne restait plus que la tête et une partie du torse. Et encore j’avais la majorité du cou mécanique à présent. Un savant mélange de chair et de métal, le tout si bien fusionné et huilé que je pouvais reprendre ma vie d’avant comme fille normale. Ou presque … Attendez, pour continuer mon histoire il faut que je descende du clocher, la vue avait beau être magnifique, les soldats en contrebas n’aimaient pas ça.
Par deux bonds bien dosés, me revoici au sol, et pas suffisamment stupide pour attendre de me faire gronder je filai si vite qu’ils rageaient en toussant du sable.

Vous l’aurez compris, j’ai fini par accepter ce corps, accepter les avantages et les inconvenants, accepter ce qu’il représentait pour mes parents. Grace à eux j’avais droit à une seconde chance. Et cette chance je voulais l’utiliser pour partir voyager, découvrir le monde, rencontrer du monde, des amis peut-être, et retrouver la bande de pirates responsables de mon état. Leur équipage s’appelait Les Ombres du Chaos. Un nom bien pompeux pour au final une simple bande de malfrats mal-aimés, bruyants et irrespectueux.
Hors à Shell Town il n’y avait pas 36 options pour cela. Devenir pirate moi-même ou faire une carrière dans la Marine en espérant pouvoir rejoindre un équipage voguant sur les mers, plutôt que rester planquer à terre comme préférerait mon père.

J’ai 24 ans maintenant, terminée mes classes, major de ma promo – mais aucun mérite, avec mes bras et mes jambes améliorées – et prête à prête à prendre le large !
A nous deux le monde !