Rencontre impromptue entre filles de l'air [Izya]

Je n'ai jamais eu autant l'impression de tanguer, surtout sur un navire aussi massif, mais non, au fond de moi je sais très bien ce qu'il se passe.
C'est rageant, parce qu'à y réfléchir, je ne sais même pas si Teach a fait exprès de m'attaquer comme ça? Avait-il prévu de m’enlever la vue? A-t-il eu un semblant de panique, lorsque toute l'alliance lui est tombé dessus et je suis devenue aveugle" sans qu'il ne le fasse exprès"?
Toute cette frustration et incompréhension se mélangeant en moi, additionnée s à ma cécité, ça ne m'aide pas à conserver l'équilibre et je m'affale régulièrement contre un mur, le souffle court.
Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi pitoyable, aussi vulnérable. Même quand la petite noble que j'étais se trouvait seule sur un bateau de la Marine, avec d'odieux soldats de la Marine, pour récupérer Malkio, mon "ex-ami d'enfance", je pouvais voir ce qu'il se passait au-moins.

- Tout va bien miss?

Mon Haki perceptif à-peine activé, tellement je peine à me concentrer dessus, je distingue une silhouette légèrement floutée s'approcher de moi et je pointe mes yeux aux iris blancs, complètement éteints:

- Tu crois que ça va?!? Vas embêter quelqu'un d'autre, j'ai pas que ça à faire de sentir la pitié des autres!

Oui "sentir", je dis bien "sentir une émotion".
J'ignore ce qu'il s'est passé depuis mon réveil, mais mon Haki de l'observation est vraiment étrange, renvoyant des couleurs et de sensations que j'ai encore du mal à cerner par moments.
Mais oui... j'arrive à sentir les émotions des gens m'entourant, ne m'aidant clairement pas à calmer la migraine me rongeant la boîte crânienne.
Je sens la hargne et la panique chez bon nombre de combattants, je sens la pitié et la sollicitude de ceux que je croise... et tout se brouille et s'arrête parfois, lorsque ma concentration fragile s'écroule.
Je suffoque... j'ai besoin d'air... non d’altitude!

LAISSEZ-MOI RESPIRER!!!

Posant la main sur un des mâts du bateau-iceberg, j'utilise Cloche-Air pour m'envoler et grimper en ligne droite vers le nid-de-pie, pour m'isoler de tout ce bazar: j'ai bien d'autres choses à gérer que mon handicap, mais pas maintenant; je veux juste souffler un peu et...

BONK

Je m'écrase tête la première contre ce qui semble être le fameux point de vigie et évidemment, le Haki perceptif que je n'arrive plus à activer ne me servait à rien sur ce coup! Non, c'est juste un nouveau signe de mon incompétence et du foutoir qui accompagne ma perte de vue!

- RAH MAIS BORDEL DE GUANO!!! MAIS LE MOBILIER VA PAS S'Y METTRE AUSSI À ME POURRIR LA VIE!!!

Je laisse exploser ma frustration en ce seul cri, avant de redescendre de quelques degrés, justement intriguée par la montée de ses derniers, alors que je m'approchai justement du mât.
C'est... si étouffant: j'ai l'impression d'avoir les mains dans un feu de cheminée, presque à deux doigts de les plonger dans la braise.

Me concentrant brièvement sur mon Haki perceptif, je distingue une silhouette au-dessus de moi et complètement perdue et surprise de la différence de température subite, je lâche:

- C'est... c'est déjà réservé?

Ouah, même si l'air est saturé de chaleur, cette femme est froide comme la glace... enfin je dirai plus sacrément remontée contre Red.
Me concentrant davantage, je finis par reconnaitre l'aura comme étant celle d'Izya, la dragonne ayant tenu tête à Teach, aux cotés de Red, lors de la précédente bataille contre l'Empereur.
C'est... très perturbant de la rencontrer, mine de rien, surtout quand elle est dans un tel état émotionnel; il y a des couleurs sentimentales que je n'aime pas trop voir chez un allié.

Je secoue la tête, avant de me faufiler sur le nid-de-pie, galérant à repérer les points d'accroche: ben oui, sans mes yeux, c'est galère d'analyser correctement mon environnement.

- Non pas du tout et franchement c'est pas mon genre de jouer les messagères, sauf quand c'est pour la cause. Accessoirement, je suis pas d'humeur à régler les problèmes entre alliés.

Une fois arrivée à sa hauteur, je désactive les balles d'air sous mes pieds, pour me laisser tomber à la droite d'Izya, soupirant longuement, perdue dans cette chaleur étouffante, qui est même assez moite, avec l'air glacé environnant galérant à passer et saturant l'air d'humidité.
Je déploie mon champ éolien, pour laisser mes vents couler le long du décor, pour essayer de me familiariser avec l'endroit. Pour déployer mes techniques à partir de cette zone de vent, j'ai appris à "situer" l’emplacement du moindre centimètre-carré de mon pouvoir et dans cette situation, je parviens un peu à quadriller la zone.
Je me sens moins vulnérable ainsi, entourée par ma malédiction et franchement, la présence d'une pirate de renom et monstre de puissance comme Izya à coté, j'ai l'impression d'avoir trouver un petit havre de paix sur cet île glacée... enfin peut-être pas.

Plus ça va et plus je distingue une émotion dominante chez elle, une profonde tristesse et son rire clairement ironique ne laisse guère de place au doute.
La réputation de cette pirate et de Red est impressionnante, autant que celle de Ragnar et en tant qu'assassin, j'ai toujours eu le réflexe de m'informer sur mes cibles et surtout mon entourage.
Cependant, hormis les territoires et la réputation de combattants de ces deux-là, j'ai aussi entendu plein de rumeurs sur des déboires sentimentaux, surtout ces derniers jours, au sein de l'alliance, mais ça a l'air d'être un sujet tabou.

Cependant... une telle tristesse pour un homme, surtout quelqu'un d'aussi froid et déterminé que Ragnar, ça me rappelle pas mal de choses chez moi...
Malkio... Avec du recul et malgré toute la haine que j'ai pour lui... l'ancien esclave de ma famille et mon ami d'enfance... il s'apparente beaucoup à mon premier amour, où j'ai joué sans le savoir mon titre de noblesse, mon père m'ayant destitué, après que j'ai fui pour récupérer Malkio, récupéré par la Marine.
Au final, si je suis ici, c'est grâce à lui... mais il y a aussi beaucoup de "à cause" de lui.

Je hausse un sourcil, en entendant une goutte tomber sur le bois, traversant ma zone de vent. Hum... ça m'étonnerait qu'une femme-dragonne soit sujette à la transpiration...
Je situe la partie du visage où coule ses larmes et je déploie un tentacule d'air assez compact, pour caresser et essuyer sa joue:

- Ah, de toute façon, de ce que j'ai compris du plan initial, il n'y aura plus grand intérêt à s'installer sur ce tas de glace, après qu'il se soit fracassé sur Treize.
Hum... et franchement, c'est pas une si bonne idée de se laisser aller ainsi, pour un type qui semble se jouer de toi et pardon de me mêler de ta vie, mais je ne peux pas laisser passer ça sur le coup. C'est trop dur de voir de nouveau une telle tristesse animer quelqu'un et de laisser faire en plus sans rien tenter.
Pourquoi se centrer ainsi sur les monstres nous pourrissant la vie, alors qu'il y a forcément dans notre entourage des gens qui méritent davantage de notre temps, notre énergie ou même nos sentiments?

Oui, clairement je m'inclues dans cette équation, à la différence que je pense avoir atteint un semblant de stabilité que Izya ne semble pas avoir.
J'ai la Révolution, j'ai Ragnar, Yukikurai, Malon, j'ai des proches et une cause en laquelle croire et qui me permet de me lever chaque matin.
Je sens aussi un grand dégoût chez elle, comme une volonté de tout envoyer bouler, comme pour se renfermer sur elle-même. Remarquez, ça va de pair avec le fait qu'elle se soit isolé sur les sommets de l'iceberg.

Me préparant à me faire envoyer valdinguer en bas du mât ou à ce que la dragonne parte, clairement saoulée par mes mots, je redeviens silencieuse, massant distraitement mes yeux aux iris blancs, creux, avant de passer la main dans mes cheveux, qui ont apparemment pas mal blanchis, après l'attaque de Teach. Hachiro ne comprend pas ce qu'il se passe avec moi, mais il met ça clairement sur le coup du parasite que l'Empereur a planté dans ma tête.

Je peste en grommelant entre mes lèvres:

- Putain, au classement des enflures de première, Teach est facilement deuxième, pour m'avoir charcuté... Je devrai faire des tests, voir si j'ai la force de projeter l'iceberg directement sur sa tronche...

Je soupire longuement:

- J'espère bien: déjà que ce type se traîne une sale réputation et que j'ai une folle envie de renverser son régime de terreur, je supporte pas les savonnettes dans son genre, qui s'acharnent à échapper à leurs assassins, ça me blesse dans ma fierté.

Je secoue la tête en souriant doucement:

- Oh non ce n'est pas de l'entraînement: j'essaie juste de reconnaitre le terrain par la génération de vents. C'est très hasardeux, mais vu que je peux contrôler chacune de mes brises, je me repère un tantinet dans l'espace.
J'ai la haine et aussi beaucoup de panique, à l'idée d'avoir perdu un de mes sens, mais vu l'agitation ambiante et le monstre que l'on chasse, je ne peux pas rester alitée, à me morfondre.

Cependant, la dragonne se renfonce encore plus dans la tristesse et le désespoir, me donnant l'impression d'être submergée par sa détresse débordant d'elle.
Que s'est-il passé pour qu'elle soit dévastée à ce point? Je ne saurai pas dire, mais une chose est sûre, je vais pas rester sans rien faire.

Je m’accroupis à coté d'elle, pour l'enlacer doucement, caressant doucement sa tête... enfin j'essaie, mais je sens une membrane étrange et des écailles sous mes mains. Je bataille un peu, mais j'arrive à me faufiler dans son cocon et tapoter légèrement sa tête.

- Et ça montre que tu as du cœur, pour que tes sentiments emplissent ainsi ton esprit.
Ce n'est pas un défaut d'aimer, mais c'en est un d'aimer celui qui ne le mérite pas ou ne te le rend pas, ce qui me semble être un combo peu appréciable dans ton cas.
C'est clair que ça mettra du temps à disparaître, parce que ce poids semble lourd à porter pour toi, mais justement, ça fera une plus grosse libération, quand tu t'en seras débarrassé.
J'ai cru entendre que tu gérais des îles en-dehors de ça. Tâches de te ressourcer au contact des tiens et en terre alliée, pour reprendre possession de ton quotidien, de ta vie.
Ce ne sera pas simple, mais surtout long et au fil du temps, comme je l'ai fait un temps, tu sauras passer à autre chose et te lancer dans des projets te tenant à cœur, donnant même un nouveau sens à ta vie, enterrant ton passé sordide sous un avenir plus serein.

C'est bizarre de parler aussi intimement à une personne que j'ai vraiment rencontré qu'il y a quelques minutes, mais je crois que je suis aussi pas mal poussée par mon Haki de l'observation et le flot d'émotions que je sens et par sa situation qui est de surprenante et troublante façon semblable à la mienne il y a quelques temps encore.

Je ne sais pas comment réagira Izya: je peux juste sentir le déferlement d'émotions en elle à l'instant présent et j'attends, j'attends...
Quand finalement la réponse arrive, je recule légèrement, avant de longuement soupirer. Elle a changé si peu subtilement de sujet, à parler ainsi de ma vue. Sérieusement meuf, tu me prends pour qui? Je vois bien que la couleur de tes sentiments ne change pas, que rien n'a changé en toi et qu'au contraire, tu t'es enfoncé encore plus au fil de notre discussion.

Je ne sais pas quoi penser sur l'instant. Peut-être qu'elle a déjà tenté de se reconstruire et que cette alliance avec Red n'aura servi qu'à rouvrir ses plaies? Avec mon habitude d'espionne, j'accorde peu de crédits aux bruits de couloirs, préférant chercher à la source directement, pour avoir la réponse la plus "vérifiée" possible. Mais si j'y accorde un semblant de crédit à ces rumeurs, Red aurait un flirt dans l'alliance et j'imagine aisément la réaction de la dragonne devant cette "vérité".

- Changes pas de sujet tu veux? Mes yeux, je gère ça de mon coté et Ragnar m'a déjà parlé de ce remède miracle, mais je suis trop terre-à-terre pour y croire sans l'avoir vu à l’œuvre.
Et j'ai pas besoin de voir pour observer ta détresse. T'es au fond de tout, mais tant que t'es pas morte tu peux vivre. Je sais que c'est une réponse clichée et niaise, mais je parle en vécu.
Moi et d'autres, ainsi que toi, on a déjà été au fond du gouffre, parce que notre monde s'effondrait, parce que des populations étaient démunies, sans le soutien de la Marine et livrés aux supplices d'un dictateur ou au milieu d'un jeu de dupes les faisant se massacrer entre eux ou simplement mourir dans le caniveau.
Alors oui on souffre, on déprime, on veut parfois penser au pire, en finir pour ne plus avoir à ressentir de douleur. Mais c'est une solution de facilité qui n'apportera rien qu'à apporter plus de souffrance dans ta mort.
Regardes-moi dans les yeux, même s'ils sont morts, et oses me dire qu'il n'y a personne auquel tu tiens? Qu'il n'y a personne qui attend ton retour de cette bataille? Qu'il n'y a personne qui t'a admiré dans ta vie et qui a dit vouloir te ressembler? Qu'il n'y a personne à qui tu as sauvé la vie et qui t'en sera éternellement reconnaissant?
S'il y a un ou plusieurs noms parmi tout ça, alors tu ne peux pas te laisser aller vers la mort et chacun d'entre eux vaut bien plus que ceux te prenant pour un paillasson ou une simple épée que l'on peut dégainer ou utiliser dans une bataille, pour ensuite la dégager.
Je le sens ton cœur, entouré de tes émotions mal dirigées, sous cette tonne d'écailles, tu vies encore en ce moment alors utilises cette vie pour ceux qui le méritent, au lieu de vouloir fuir et échapper à la douleur dans la mort. Adresses chaque battement de ton cœur à ceux qui t'admirent et t'aiment et non à ceux te rejetant et ne pensant qu'à leur tronche.

J'ignore ce qui se passe en moi, mais clairement je panique au fond de mon être, ayant l'impression de mener actuellement une bataille plus terrible encore que celle contre Teach, alors que j'ai quand même perdu mes yeux dans cette dernière.
Mais allez savoir, à force de traîner avec Ragnar et de libérer des îles entières, j'ai sans doute fini par mettre de coté mon coté froid d'assassin, pour accorder plus de crédit à la vie humaine et à aider ceux qui le méritent.

Je grimace légèrement, suite au murmure de la dragonne: c'est tellement le genre de phrases que j'aurai pu prononcer à une époque: je me sens tellement mal pour elle d'un seul coup, encore plus qu'avant même.
Même sans voir, j'imagine tellement me voir à sa place, tel un miroir, lorsque mon père m'avait renié pour une seule erreur, pour protéger sa réputation, parce qu'il voulait lécher les bottes des Tenryubito et voulait une famille "parfaite".

Et Izya déballe tellement sur ma figure et j'encaisse en restant droite, même si j'accuse le coup mentalement: on ne se ressemble pas niveau caractère (ou plutôt je ne crois pas, tellement j'ai du mal à me connaître moi-même), mais ce rejet, cette volonté de vivre pour les autres, malgré leurs réactions...

Je sens soudainement la température grimper en flèche, alors qu'elle achève sa tirade avec un ultime cri de fureur, alors que l'étuve me fouette et manque de me faire tomber. J'insuffle mon Haki de l'Armement dans mes jambes, pour rester la plus stoïque possible, gardant mon regard aveugle planté dans le sien, alors que je vois son aura embrasée comme jamais.

J'inspire et expire longuement, avant de pointer du doigt le sol que je devine sous mes pieds:

- Actuellement, le seul moyen de "me casser", c'est que ce soient mes cendres qui le fassent, après que tu m'aies incinéré.
Alors vas-y. Abaisses-toi au niveau des cons qui t'ont rejeté, en me rejetant aussi violemment? Montres-leur qu'au final tu penses comme eux, à fuir les problèmes et les gens en les insultant et en refusant leur aide. En plus, tu me ranges comme ces cons: dans des cases, à dire que je suis une "révolutionnaire comme une autre", un rouage sans visage, sans âme.
Et... oui tu as raison et c'est pour ça que l'on doit vivre et lutter constamment: je comprends complètement ce que tu vis et ta lutte constante.
Tu dis que je fais partie de la Révolution... mais en vrai je n'en ferais jamais intégralement partie... parce que j'ai du sang noble en moi. Même si j'ai été renié par mon père et que mes parents sont morts, j'ai cette malédiction d'être dans une faction haïssant les gens comme moi et de ne pas me sentir à ma place, tout en ayant plus aucune attache.
J'ai beau risquer ma vie chaque jour, prendre des décisions parfois cruelles et froides, passer pour une tarée assassinant à tout-va... j'ai beau être la seconde d'un des sièges du grand conseil révolutionnaire machin-truc... Je serai jamais une vraie révolutionnaire, parce que mon esprit restera toujours pollué par la noblesse.
Alors non, je ne partirai pas... parce que je ne veux pas que tu finisses comme mon pire cauchemar: celle que j'aurai été si j'avais refusé la Révolution après avoir été rejetée de ma famille, clairement une clocharde qui aurait rejeté le monde extérieur en bloc, parce qu'elle ne voudra jamais y avoir affaire, soit n'en connaissant rien pour moi, soit parce qu'il t'aura entièrement dégoûté pour toi.
Et... ce n'est pas ce que je veux pour toi ou n'importe qui d'autre. Même si je joue ma vie actuellement face à une Zoan Mythique pouvant me réduire en poussière d'un claquement de doigts, même si j'ai perdu la vue, même si je suis en route pour affronter encore un Empereur, même si je risque ma peau chaque seconde qui passe... je ne vais pas m'arrêter d'agir pour éviter aux autres de me ressembler.
Et toi... tu veux mourir? Vraiment? Après que tu aies lutté comme une lionne face à Teach au lieu de simplement te laisser tuer? Après que tu aies mentionné à plusieurs reprises tes peuples, ceux qui t'aiment, pour les abandonner dans la mort, ou plutôt le rejet, comme ces pourritures ne voulant rien connaître de toi?
Tu es une grande guerrière qui a manqué de chance, avec des cons t'ayant soit exploitée pour ta puissance, soit ayant fuit celle-ci par crainte et c'est une facette de la guerre, quelque chose que tu mènes sans le vouloir et moi également, même tout le monde sur ce tas de glace bientôt changé en bélier flottant. Les vaincus auront toujours une certaine crainte ou appréhension des vainqueurs et toute ta vie aura été ça: une succession de victoires, mais tu n'auras vu que le rejet de pouilleux qui n'auront pas digéré leurs défaites, t'insultant, te rejetant ou jouant même avec tes sentiments.
Tes peuples t'admirent, comptent sur toi et possiblement certains te craignent, mais savent respecter et compter sur cette force, sur ta présence. Ce n'est pas un discours idéaliste, crois donc la vision de la seconde de celui qui s’appelle la Guerre et qui a vu nombre de peuples être opprimés et libérés: les gens ont besoin de force pour se sentir bien, en sécurité. C'est malheureux, parce que des personnes encore plus bigleuses que moi ne voient pas sous tes écailles, sous ta froideur, au-delà de tes souffles enflammés, ou plutôt ne veulent pas voir la femme qui veut faire de son mieux avec ce qu'elle a.
Sérieusement... arrêtes donc d'accorder autant d'attention sur tous tes malheurs et les cons, parce que toi, moi et tous les autres, on en a eu, on en a et on en aura encore, mais on peut aussi compter sur nos victoires, nos bonheurs et quelques instants de joie, parce qu'il y en aura.
Sois un peu égoïste et penses aussi à toi, à reposer ton esprit et ton cœur, à dégager cet homme qui faisait pourtant partie de ta vie.
Ce sera dur je le sais, parce que j'ai connu ça: j'ai pleuré des nuits durant, pour constamment faire la fière malgré mes yeux embués, pour finalement me rendre compte que mon amour d'enfance n'avait plus aucune valeur à avoir à mes yeux, surtout avec les horreurs que je trouvais presque le moyen d'excuser et expliquer quelques semaines auparavant.
Mais justement, c'est une des raisons me faisant vivre et risquer ma vie aussi intensément selon mon bon-vouloir: donner tort à ce salaud et à tous ceux pourrissant ma vie ou celle de mes proches, en montrant que malgré la merde qu'ils pensent de moi, je peux réussir ma vie et aider les autres. Je ne pense plus à ce qu'ils m'ont fait subir, mais à la merde que je leur fais ravaler, chaque fois que je réussis quelque chose dans ma vie, en mode "manges ça, de la part de la ratée!"
Donc? Tu veux continuer à donner tort à ces ordures, malgré les difficultés? Ou tu vas te réfugier dans la mort, sans combat?

C'est bizarre, j'ai déjà oublié une partie de ce que je viens de dire à l'instant, tellement tout est flou dans ma tête. Je ne suis pas consciente du danger que j'encours, à titiller ainsi les nerfs d'une Zoan aussi puissante, ou alors je le sais, mais je fais avec, parce que j'estime que je dois le faire?
Après sa colère bruyante vient le silence, quelques mots à-peine prononcés de la dragonne, mais je n'ai pas besoin de davantage: son aura me crie clairement d'arrêter, si je ne veux pas être vaporisé en une fraction de seconde. Et même si une bonne partie de moi est résolue à rester, le reste de mon esprit temporise, surtout lorsque l'alarme retentit et qu'Izya me rappelle à la réalité.
Ce n'est pas qu'elle et moi, il y a d'autres gens, d'autres priorités à gérer, un plan à poursuivre... et la chute d'un Empereur à la clé.

Je soupire longuement, alors que la Zoan prend son envol, le froid reprenant bien vite possession des environs et que je pars de la vigie, pas mal abîmée par la fureur de la dragonne.
Je touche le sol avec un amorti sur une balle d'air comprimé, voyant les auras s'agiter autour de moi, mais mon regard vas plus loin encore, vers Izya qui part au loin.
C'est vraiment chiant par moment d'avoir un cœur... et je crois que j'étais aussi assez vexée qu'elle résume la Révolution comme une bande de sauvages... genre plus que des pirates?
J'ai encore du mal à comprendre ce qu'il s'est passé dans mon esprit, mais en vrai, comme je l'ai pensé plus haut, je ne dois déjà plus y penser: je suis encore coincé comme engrenage dans un plan massif et même si je participe à cette grande bataille, je reste pas mal restreinte... mais c'est ainsi.

J'ai de gros doutes sur le fait que mes paroles aient atteinte la pirate... mais je pense que j'aurai eu des regrets jusqu'à la fin de ma vie, si je n'avais pas tenté qu'un seul essai pour la sauver...