[Festival] Dragon, Ténèbres et canard laqué

- J'ai faim...
- Non mais t'es sérieuse ? Y'a des centaines de trucs à manger partout et tu as faim ?
- Mais ça pue le poisson...
- Et ?
- Et le poisson, c'est pas bon... Ça me dégoute tellement que j'ai presque la nausée...
- Le fruit du dragon, c'est pas un genre de poisson à la base ?
- Bah justement, je ne suis pas cannibale !
- Mouais... En attendant, si tu as la nausée, tu ne devrais pas avoir faim.
- J'ai dis presque.
- Tsss... Oh ! Regarde ces hommes là bas ! Ils sont pas craquants ?
- Keiko...
- Rohlala, toi et tes gouts de chiottes.
- Tu veux vraiment aller sur ce terrain là Keiko ?
- Oh ! Ils regardent dans notre direction !
- Mais arrête de les regardez ! Et ne leur fais pas coucou ! Raaah t'es chiante ! Maintenant ils viennent !
- Tu t'es améliorée avec ton Haki pour les sentir arrivé alors que tu leur tournes le dos ?
- Tu sais quoi Keiko ? Va donc les voir toute seule, moi je vais aller voir ailleurs si je trouve pas quelque chose de sympa à manger.
- A tout à l'heure ma reine ♫

Mais qu'est ce qu'elle est chiante ! Je ne lui réponds pas et file aussi vite que je peux dans ce Yukata absolument inconfortable pour la laisser en plan tandis que deux hommes la rejoigne... Tout ça parce que Madame a décidé de profité de sa liberté retrouvée depuis la mort de Teach pour séduire et manipuler un maximum d'homme sur cette terre... Et si je lui ais clairement dis que je désapprouvais ce comportement qui n'est qu'une façade pour cacher ses plaies encore ouverte des traitements de feu le Malvoulant, je l'estime assez grande et responsable pour faire ses propres erreurs.

Et puis, ça me permettra d'avoir la satisfaction de lui souffler un bon "je te l'avais bien dis" quand elle reviendra me voir, penaude. Même si la connaissant, il faudra surement que je la prenne en flagrant délit...

Toujours est-il que je me retrouve finalement seule dans ce festival. Une solitude que je n'avais pas tellement prévue à la base mais qui est finalement mon lot quotidien depuis quelques mois... Et pendant tout ce temps, j'ai tenté de me battre contre elle, mais en vain.

Cela dit, je suppose que ce festival pourrait être une bonne occasion pour me changer les idées. Et c'est finalement quand mes yeux se posent sur une annonce de l'événement de la "chasse aux canards" que je retrouve un semblant de sourire.

Au moins, je ne risque pas de mourir de faim avec ça.

C'est donc toute trottinante que je me décide à aller jusqu'au fameux stand... Je me demande quand même si je vais réussir à chasser quelque chose dans cette tenue...

- LE CANARD ! LE CANARD ! LE CANARD ! OUAAAIIIS !

Hurlements guerriers, coups de feux qui claquent en rafales, cris de joie, le vaste stand qui annonce chasse au canard a l'air d'attirer un paquet de monde. Probablement à cause de l'affiche de prime du huitième empereur qui trône en format géant au dessus, ou a cause de la banderole juste en dessous qui annonce que les armes sont offertes.

A moins qu'il y ait une invité d'honneur qui soulève les foules ? Allons jeter un œil. De toute façon je me ferais bien un canard laqué.

- Alors ? Si j'ai bien compris le principe du resto c'est qu'il faut chasser soit même son canard avant de le manger c'est ça ?
- Hein ? Ah oui, si vous voulez juste manger c'est ça. Il y a des lâchés dans la volière, on vous prête un fusil et bang, vous truffez vous même de plomb votre repas. Mais ça c'est la partie facile, juste pour ceux qui viennent manger..
- Ah ?
- Mais les vrais chasseurs ne viennent pas pour ça...
- Ah ouais ? Ils viennent pour quoi ?
- Pour la chasse au canard étranger !
- Je crois que je vais te faire mal... Fort.
- Non non ! Vous énervez pas ! Je voulais dire qu'il y a deux chasses au canard ! Et celle qui attire tout le monde c''est celle contre LE canard.
- Je te laisse encore une phrase avant de te casser en deux....
- C'est un zoan ! Un canard avec le zoan du faucon ! Super fort ! Et celui qui arrive a le toucher aura une récompense spéciale !
- Et ben tu vois, quand tu veux....

A l’intérieur de la volière, un canard géant qui vole plutôt comme un éclair que comme n'importe quoi d'autre, survole un groupe de participants qui vident leurs fusils a l'unisson sans même lui friser les plumes, avant d'étre chassé par de nouveaux participants.

Tiens... Izya ? Je ne savais pas qu'elle savait tirer.

- Une récompense spéciale ?
- Oui, il s'agit de votre poids en canard laqué !
- Oh... Et comment vous ferez si un géant de trente mètre participe... ?
- Heureusement que de tels géants n'existent pas ! Mais quoi qu'il en soit, géant ou pas, on respectera notre part du marché, parole de la Déesse.
- Fort bien fort bien...
- Vous souhaitez participer ?
- Gagner. Je meurs de faim et je compte bien gagner.

C'est donc ainsi que je me retrouve au milieu de tous ces gens, armée d'un fusil de chasse dont je ne sais absolument pas me servir, entrain de viser le maudit volatile. Bon, ça doit pas être si sorcier : je regarde un peu comment les gens autour s'en servent, a priori y'a juste à appuyer sur la gâchette en visant la bête, très bien, essayons : je porte l'arme à l'épaule, je vise et j'appu...
J'appuie ? Raaah bordel pourquoi ça veut pas bouger ce machin là !

- Qu'est ce que c'est que cette connerie encore !
- Ça m'étonnait de te voir avec ça dans les mains... Y'a une sécurité, là.
- Red ? M... Merci...

Je rougis un peu, surprise de le voir ici et seul. Pas de grognasse brune à l'horizon, ni même de Baker ou Wilson... Une coïncidence alors ? J'en sais rien, et je crois que je me préfère pas le savoir. Alors je reprends le fusils à mon épaule et vise le monstre qui nous survole.
Et évidemment, entre mon impatience et mon habileté aux armes à feu, j'ai beau tirer deux fois, je suis loin de faire mouche... Cela dit, j'ai quand même réussi à exploser une des lanternes accroché en décoration de l'endroit tandis que des débris de verre tombe sur les gens amassés en dessous.

- Raah, c'est de la merde ce truc.

Je jette alors mon fusil qui n'a plus de munition sur Red et, passant mon bras au dessus de ma tête, sort de mon dos mon fidèle Argument Décisif bien planqué entre mes ailes dans mon yukata.

Ma lame en main, je ne donne pas cher du canard.

- Si tu es là pour le canard Red, oublie, il est pour moi !

Je lui ai déjà offert le titre d'Empereur sur un plateau, alors pas question qu'il me subtilise ma viande. D'autant plus que si c'est lui qui la gagne, ce serait gaché... Parce que lui, il ne peut pas se transformer en dragon de trente mètre pour gonfler la récompense...

- Il est tout à toi princesse. Je voulais juste te voir tirer.

Et noter que la prochaine fois qu'on aura une dissension à résoudre, on la jouera au duel au pistolet.

- Euh mademoiselle ? Il vous reste encore un tir vous savez, c'est trois essais par personne.
- Vous inquiétez pas, elle est au courant.
- Ah ? Mais elle vous a donné le fusil...
- Effectivement. Mais vous avez bien dit qu'il y avait trois essais chacun ?
- Euh... Oui...
- Trois essais, pas trois coup de fusil ?
- C'est pareil non ?
- Pas vraiment non. Reculez un peu.
- Mais pourquoi ?
- Elle va faire son troisième essai.

Et je plains le pauvre canard qui va tenter de passer au travers de la lame d'air qui risque bientôt d'offrir un magnifique toit ouvrant à la volière. Je n'étais pas sur de l'habileté avec les armes à feu d'Izya, mais je sais parfaitement ce qu'elle ressent à l'idée de perdre, et ce quel que soit le jeu...

Je repousse le gérant du stand en arrière pendant que devant nous la main d'Izya se referme sur son sabre, sa posture se modifier légèrement pendant qu'elle se campe sur ses appuis, tout le corps tendue et préte à bondir pendant que ses yeux se rivent sur l'espace que le canard doit franchir pour revenir à son point de départ. Pauvre bête, ça va trancher net.

- Ne clignez pas des yeux, ça va aller très vite.

- LE CANARD ! LE CANARD !

Autour de moi, la foule scande pour la pauvre bête qui fait désespérément des ronds sous le dôme de verre, poussant des "kwak" frénétique, cherchant une échappatoire...

Et tandis qu'une certaine pression s'appuie sur mes épaules... Après tout, je suis la grande Izya Tahgel ! Si je me veux être l'égale des empereurs, je ne peux clairement pas me faire mettre à mal par un putain de canard, aussi fourbe et zigzaguant soit-il ! Ce maudit stress me fait hésiter.

Et si...? Et si je le loupais ?

Non, non... Impossible.

Mais... Et si ?

RAAAAAH

- LE CANARD ! LE CANARD !
- Bah alors, vous tirez ?
- Elle va le faire. Ça va aller très vite...

Quand perdre n'est pas une option, tous les coups sont permis.

- Très vite, très vite... On a pas toute. AH !

La bête tombe au sol alors que je viens de dégainer ma lame et que l'attaque lui a tranché la tête.

- C'est marrant, j'ai eu l'impression qu'il a arrêté de voler juste avant de se faire trancher...
- Il a du voir sa vie défiler, ça lui aura fait peur...
- Félicitation Princesse.
- Bon, bon... Alors c'est par ici pour la pesée. Ah et vous avez le droit de gardez vos armes et vos vêtements pour si vous voulez garder votre poids secret... Enfin... Vous comprenez.
- Oh oui oui, le poids d'une dame ne se demande pas après tout.
- Bien. Elle est là, vous pouvez monter dessus.
- Hm... Vous avez que ça comme balance? Comment vous auriez fait pour un géant ?
- Euh... On s'en fiche non ? Vous n'en êtes...

Sous son regard ébahi, je me change soudainement en dragon de trente mètre, toisant tout le festival de ma hauteur avant de descendre ma tête près de l'organisateur.

- Alors ? Vous me pensez comment ?
- *Gloups* Je... Je reviens... Je dois... Bougez pas.

Et tandis que le mec part en panique pour savoir comment gérer la crise, je me tourne alors vers Red, un petit sourire moqueur au coin de ma bouche de dragon.

- Héhéhé. J'espère que tu as faim, ce soir c'est moi qui régale !

- Il va falloir inviter tout l'équipage si tu veux manger tout ça. Ou alors tu restes sous ta forme de dragon ?

J'avoue que je ne me suis jamais penché sur les implications alimentaires des pouvoirs des zoans. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu Izya engloutir chaque jour des tonnes de barbaques saignante, donc je suppose qu'il suffit qu'elle soit rassasié sous une de ses formes pour l’être aussi sous les autres. Ce qui veut dire qu'au delà de la satisfaction d'avoir délaissé le pauvre organisateur de beaucoup plus de lots que prévus elle n'a clairement pas l'intention de tout manger.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

Enfin de tout. Sauf si le chargé de la fête ne joue pas le jeu.

D'ailleurs, le voila qui revient.

- Je suis désolé mais il va nous falloir un peu de temps pour mettre en place un dispositif de pesée adaptée...
- Vous avez une balance géante ?
- On a une grue de chantier qui nous servi a installer les statues. On se disait que ça pouvait marcher...Sinon...
- Sinon ?
- Nous voudrions vous proposer de considérer que vous avez un accès illimité a notre stock de canards pour le reste du festival !
- Hum... Bon deal. Ton avis princesse?

- Ça me va... A condition que C'est drôle, le visage du gérant blêmit en attendant la fameuse condition, heureusement pour lui, je ne compte pas lui demander l'impossible ! A condition que cet accès soit aussi valable pour Ume Keiko, Wilson, Baker, Damien Dalton Désiré, Marvin mais je crois qu'il ne mange pas de canard...

Je dévisage un moment Red, continuant de réfléchir pendant que mon interlocuteur note les noms.

- Et le Capitaine Red.
- Ce sera tout ?
- Oui... Et je veux trente kilos de canard à emporter à la fin du festival... pour le trajet de retour chez nous.
- Alors c'est entendu. Bon festival à vous !
- Merci bien ! Cela dit, j'en veux un maintenant quand même !
- Ah oui, bien sûr, je vous sers ça tout de suite ! Il y a des tables en terrasses de la serre qui offre une vu panoramique de Medelin, vous pouvez vous installer où vous voulez.
- Parfait !

Et sans plus attendre je me déplace vers l'endroit indiqué, trottinant sous ce yukata absolument pas pratique pour bouger malgré la grande élégance qu'il confère. Et malgré ma faible aisance à avancer, je note grâce à mon Haki que le rouge hésite à me suivre...

- Tu veux manger avec moi ou tu préfères repartir ?
- A toi de me le dire non ? Est ce que tu veux bien de moi ?
- Je te l'ai dit : c'est moi qui régale.

Soufflant, le rouge se décide a venir, ne sachant trop sur quel pied danser avec moi. Il faut dire que depuis qu'on a vaincu Teach, depuis que j'avais prévu de me barrer seule à l'autre bout du monde pour ne plus jamais le revoir, lui ou sa peste empoisonnée, on a pas vraiment eu le temps de discuter.

Et même si mes plans ont été contrecarré par ce fameux festival où Keiko voulait absolument aller avec tout le monde, je suis toujours plus ou moins décidé à sortir de la vie de Red dès l'instant où la fête sera terminé. Alors, peut être parce que se quitter sur la mort d'un empereur est trop triste, je préfère faire au mieux pour oublier l'espace de ces quelques jours les différentes histoires qui me brisent le cœur pour profiter légèrement de la fête.
Et me créer de beaux et précieux souvenir avec cet homme que j'aime même si il me le rend si mal.

Mais c'est étrange tout de même comme le simple fait de lui avoir avouer mes sentiments semble m'avoir soulager d'un poids. Et même s'il n'y a eu aucune réponse de sa part à ce moment là, la douleur que je ressentais semble s'être apaisée.
Ou peut être est-ce simplement que je l'ai acceptée ?

- Sinon tu m'as pas dit ce que tu faisais là tout seul. Baker et les autres t'ont abandonné ou c'est toi qui les a lâché ?

- Bah, ils cherchent Kiyori qui n'est pas fichu de se montrer un peu plus dans son propre festival. Si ça continue je vais bientôt laisser tomber les déguisements mais j'ai peur qu'elle prenne ça pour un défi et que la tension n'escalade très fort un peu vite. Je m'en voudrais de gâcher la fête..

Et probablement qu'elle aussi.

J'espérais aussi renifler des traces du Gila, tant je suis convaincu que le vieux reptile chassé de North Blue doit maintenant jouer les poissons pilotes dans l'ombre de sa nièce préférée. Et c'est le genre de types avec lequel je sais parfaitement m'entendre.... Alors qu’avec Kiyori, va savoir ce qu'il va se passer.

Mais tant pis rien en vue, et je doute que ça intéresse Izya.

D'ailleurs non, je n'en doute pas, je le sais. Et c'est aussi pour ça que je ne suis pas en train de continuer à chercher Kiyori.

- J'ai toujours trouvé étrange les gens qui ne vivent que pour un but précis, devenir le meilleur truc, atteindre l'ile machin... Je les vois un peu comme ces chiens qui courent après une charrette sans se demander une seconde ce qu'ils vont faire si jamais ils la rattrapent, alors que la réponse est évidente, un chien qui attrape une charrette se fait rouler dessus. Je ne crois pas avoir jamais poursuivi autre chose que de vagues idées, en me contentant simplement de bouger les choses pour qu'elles avancent globalement dans la bonne direction. Je me suis toujours dit que je voyais plus loin, que j'étais plus malin, plus lucide...

Et tu vois, au final je m'aperçois que depuis que je suis revenu je n'ai pas pensé un seul instant a ce qui passerait après Teach. Il n'y avait plus que lui et moi, et ça faisait un de trop.

Je crois que jusqu'au bout je me suis demandé si je n'étais pas encore coincé dans un rêve ou il se moquerait de moi.

- Personne ne se moque de toi Red. Et c'est d'autant plus vrai depuis que tu as été nommé empereur, et que tu as tué Teach.

Puis, je le détaille un peu tandis que nous attendons les plats qui ne devraient pas tarder à arriver.

- Enfin, si, moi je me moque, je l'avoue. Et je pense que Kiyori aussi doit bien se moquer. Tu sais, comme elle sait que je suis là, qu'elle a l'empathie surement mieux que nous deux, elle doit clairement être au courant de ta présence alors tu ferais mieux d'avaler ce bonbon qui te rend vraiment ridicule.

Un petit sourire en coin, je lui laisse le temps d'intégrer mes dires tandis que le serveur choisi ce moment pour débarquer et nous apporter nos fameuses assiettes remplis à ras bord avec la consigne de simplement faire signe si nous voulons être resservis. J'attends alors qu'il reparte, repensant aux mots de Red sans vraiment osé le regarder, fixant plutôt le contenu de mon assiette de viande dont le fumet me ravie déjà les papilles. Et pourtant, ma fourchette repousse un morceau de viande, hésitante. Même si le sourire au coin de mes lèvres est toujours là, je dois avouée que la situation me laisse un goût doux amer...

- Tu sais, il n'y a pas qu'une fin possible pour un chien courant après une charrette. Plutôt que de se faire renverser, il peut aussi décider de sauter à l'intérieur afin de commencer un nouveau voyage. C'est ça qu'il y a de bien avec les objectifs : une fois qu'on en accomplis un, une myriade de nouveau s'offrent alors à nous.

Toi, tu as enfin réussi à tuer Teach, tu as réussi à t'élever au sommet de la piraterie, à rassembler des pirates de renoms sous ta coupe pour d'imposer sur les mers et prouver alors au gouvernement mondial qu'il a peut être fait une belle connerie le jour où il a décidé de te virer. Et finalement, aujourd'hui tu pourrais choisir d'entreprendre n'importe quoi que ce ne te serait pas impossible, car l'impossible, tu l'as déjà réalisé en tuant Teach. Alors que demander de plus ?

La réponse est simplement : ce que tu veux Red. Tu es puissant, brillant, aimé et fiable. Tes hommes te suivront ou que tu souhaiteras aller, quoi que tu décides de faire. Que ce soit pour couler des jours heureux en profitant de cette famille que tu as choisi, ou pour partir à l'aventure sur d'autres îles, tu n'as que l'embarra du choix.

Je plante enfin ma fourchette dans un morceau de viande et le porte à mes lèvres. Durant tout mon discours, mon regard n'a pas quitté mon assiette... Car au fond, je le sais : quoi qu'il choisisse, ce ne pourra pas être fait avec moi. Après tout, il me l'a dis lui même la dernière fois qu'on s'est retrouvé en face à face autour d'une table de restaurant : qu'importe le lien qui nous unis, cela ne change rien à ce qu'il vit avec Jeska.

Et malheureusement, je sais pertinemment que ce qu'il vit avec elle, je ne le supporterai jamais. Alors la seule solution que j'ai est de partir. Partir loin de lui, de Baker, Wilson, Damien et tous les autres. Partir, et commencer à vivre plus que pour moi et mon peuple. Et peut être devenir enfin assez forte pour aller affronter le regard de mon père qui a choisi de naviguer avec un autre que moi.

Décidément, il faut croire que je suis vraiment abonnée à être le deuxième choix.

- Qui êtes vous et qu'avez vous fait d'Izya ?

Non mais vraiment, moi je ne comprends plus rien à ces soirées restaux, un coup je passe à deux doigts de me faire planter une fourchette dans l’œil par une dragonne en furie, et maintenant voila qu'on veut me faire éclater les chevilles a coup de superlatifs flatteurs. Ou alors c'est une ruse pour me faire quitter mon costume de momie?

Non, elle pense vraiment ce qu'elle dit. Ou alors elle est très douée pour me cacher ce qu'elle pense, ce qui marche aussi. Mais bon, je croque dans mon dernier bonbon, et très vite les effets du bonbon maudit disparaissent, les bandelettes qui m’enserrent et pendent autour de moi se rétractent, et je redeviens le dernier pirate a avoir rejoint le club des quatre

Enfin, des sept ? C'était pas le nom d'un de mes bouquins de môme ça ?

- Mais ce n'est pas du tout ce que je voulais dire, c'était une... figure de style d'introduction tu vois ? Pour amener le sujet comme si j'y avais longuement réfléchi...

Et comme d'habitude, ça tombe a coté. Je me demande ce qui ne me va pas dans ma façon de parler. Le syndrome Reyson ? Est ce que c'est pour ça que Tahar a choisi de ne s'exprimer qu'en phrases courtes et en regards noirs et mystérieux ?

- Je t'épargne la partie sur le mur, mais ce que je je voulais dire c'est que la mort de Teach m'a dégagé la vue. Tant qu'il était en vie il n'y avait rien d'autre que la mort inévitable de l'un de nous deux. Mais ce n'est plus le cas. Et c'est pour ça que je te cherchais.

Je me gratte la tête, gênée par sa dernière phrase. Rahlala... Il veut surement me parler de ses projets d'équipages, voire même peut être me demander les miens pour m'aider dedans, ça lui ressemblerait bien, le temps qu'il trouve sa propre voix...
Va savoir... Entre ça et sa pique comme quoi les déclarations que je viens de faire ne me ressemblent pas, ça devient de plus en plus compliqué de garder mon sang froid face à lui...

La situation ne serait pas ce qu'elle est : à savoir que c'est certainement la dernière fois que je passe du temps avec lui, je me serais très certainement énervée. Mais là...
Là je n'arrive qu'à lui offrir un demi sourire tout en continuant de fixer mon assiette.

De toute façon, avec ce que je lui ai dis dans le cauchemars de Teach, je n'ai plus grand chose à cacher, ou à espérer venant de lui, alors autant cesser ce petit jeu de dupe en attente du pas de l'autre et juste lui dire ce que je pense, tout simplement.

De la même manière que je l'ai fait juste avant.

- Tu sais, ce que je t'ai avoué face à Teach, dans son rêve qu'il nous a imposé, je le pense et l'ai toujours pensé. Jouant du bout de ma fourchette avec un morceau de canard, je n'arrive pas à trouver la force de le regarder, faisant déjà de gros effort pour ne pas fondre en larme une nouvelle fois. Mais... Peut être à cause de ton amour pour Rachel à l'époque, je me suis jamais vraiment projetée dans ces sentiments, et puis il y a eu Reyson qui me tournait autour, puis le retour de Léo... Et finalement ta mort. Cette fois, je pose ma fourchette bien que mon regard ne démorde pas de ce plat. Je n'ai jamais rien vécu de plus douloureux que ta mort Red. Je me suis sentie coupable, désemparée, abandonnée, seule, faible et honteuse. Si honteuse de n'avoir pas tenu mes engagements. De n'avoir pas été là le moment final. Je... Je reste convaincue que si... Je me laisse alors tomber sur mon dossier, sans pour autant lever les yeux vers mon interlocuteur. Mais finalement, après tous ces mois à tenter de me reconstruire, de t'honorer, d'expier aussi, tu es revenu. Et une nouvelle fois, tu m'as aidée alors que moi... Moi je n'ai rien fait pour toi. Si j'avais su... Si j'avais eu le moindre doute quant au fait que tu ais survécu... Mais non. Du début à la fin, j'ai été nulle, absente, distraite. Et je me déteste tellement pour ça !

Je me frotte les yeux, plus pour cacher mes émotions que par réel gêne ou fatigue.

- Je n'accepterai jamais ta relation avec Jeska. C'est plus fort que moi, je la hais. Je la hais parce qu'elle a réussi à être tout ce que j'aurai voulu que tu vois en moi : une pirate sanguinaire, une épaule sur laquelle t'appuyer, une ange extravertie qui se moque de ce que peut dire les autres. Mais surtout, elle a été là pour toi alors que moi, j'étais ailleurs. Elle a été là et t'a soutenu là où je n'ai su prendre les choses en mains qu'après de long mois après ta mort sur Armada.
Et je sais que même avec toute la meilleure volonté du monde, je ne pourrais jamais être ça pour toi. Je suis une pirate, mais avant tout une reine avec des valeurs morales totalement incapable de m'imposer par la force, avec des rêves d'amour sincère, des envies de bonheurs simples comme... partager un repas avec l'homme que j'aime sans devoir souffrir de son amour pour une autre...

Cette fois, j'essuie largement mes larmes qui ont fuité de mes yeux de mes deux mains avant d'enfin levé mon regard vers Red.

- J'ai fait tout ce que je pouvais contre Teach pour qu'il me tue... Mais il faut croire qu'il n'a pas voulu m'emporter avec lui. Alors je vais faire ce que j'avais prévu : je vais partir, et tenter de me reconstruire ailleurs. C'est finalement la seule chose que je peux t'offrir : partir pour que tu puisses vivre heureux avec celle que tu as choisi. Alors ne t'en veux pas Red... Ne t'en veux pas...
Je suis sûre qu'avec le temps, ça ira.

Est ce que ça ira vraiment ? Est ce que j'arriverai à me remettre de cette douleur ? Je me suis bien remise de la soit disant mort de Léo, mon premier amour de jeunesse alors je devrai pouvoir survivre au rejet de Red, non ? Car c'est bien cela qu'il s'apprêtait à me dire, n'est ce pas ?

Au moins avec ce que je lui ai dit, ce devrait être plus facile pour lui... Le connaissant, peut être même qu'il choisira de changer de sujet pour qu'on partage ce dernier moment sans se prendre plus la tête.
Oui, ça lui ressemblerai bien ça. Et ça m'irai aussi, plutôt que de continuer de verser des larmes devant tous ces gens...

Et oui, les dragons pleurent aussi.

Je n’ai jamais aimé Roméo et Juliette. L’histoire est belle mais les tragédies où la blague finale ne repose que sur une bête erreur de timing ont toujours terriblement frustrés mon sens de l’ordre et de l’organisation. Et pourtant combien d’histoires reposent sur ce genre de faiblesses ? De types qui se trompent dans un horaire, dans la couleur d’une voile. Des gens qui après avoir accompli le plan loupent en fait le plus important.

Et voilà qu’il ne m’a manqué finalement que quelques jours pour que toute ma vie ne prenne un tout autre chemin.

Quelques jours pour retrouver Izya avant de rencontrer Jeska.

Quelques jours pour éviter un dilemme douloureux et insoluble.

La dernière fois que j’ai eu à trancher un cas comme ça j’ai envoyé les deux prétendants d’izya affronter teach en espérant qu’avec un peu de chance un seul des deux aurait le bon goût de se faire buter. Et une fois de plus ce plan ne marche pas. Le destin ne veux pas choisir pour nous, et le meilleur choix est clairement le plus douloureux, le plus dur, le plus cruel.

Elle en vaut la peine.

Mais qu’est ce que ce choix dit de moi ? Quel mérite a le faire quand je le fais pour moi, quand ce choix va m’offrir ce que je veux, ce que je désire, tout en piétinant une autre personne qui m’a faite confiance, qui m’a aidée, qui m’a tout offert.

Elle en vaut la peine.

Mais moi ? Qu’est ce que je vaux ?

Qu’est ce qu’il restera de moi après ça ?

- Reste avec moi Izya.

Mes mains se referment sur celle de l’ange en pleurs pendant que mon regard cherche le sien et que je met des mots sur le malaise que je méprise, sur ma lâcheté.

- Je peux imaginer un avenir où Jeska ne m’accompagne pas. Mais pas un instant un futur où je continuerai à avancer sans toi.

Mes yeux le fixent, tentant de comprendre.

Il me l’a dit sur Armada juste avant que nous partions affronté Teach. Il m’a dit que j’étais la personne la plus importante à ces yeux. Mais il m’a aussi dit que cela ne changeait rien à ce qu’il vivait avec Jeska.

Était-ce cela qu’il voulait dire ?

Maintenant que mon empathie s’est développé, je la ressens, sa douleur. Mais surtout ce sentiment de lâcheté.
Et je n’ai jamais voulu qu’il ressente cela à cause de moi.

- Red je…

Je quoi ? Je suis désolée ? Je regrette ?

- Tu…

Tu ne devrais pas avoir à souffrir d’un tel choix ? Tu devrais assumer tes sentiments au lieu de te morfondre !

- Je ne veux pas que tu souffres par ma faute, je ne l’ai jamais voulu. C’est pour ça que j’ai décidé de partir… Red… Si tu aimes Jeska, si tu ne vois en moi qu’une nièce ou une amie, alors tu ne devrais pas te morfondre ainsi…
- Tu ne comprends pas…
- Je le sens Red, je sens que ce que tu me demandes te rend fou. Moi aussi je maîtrise l’empathie maintenant alors…
- Non non, tu te méprends Izya.
- Dans ce cas, dis moi…

Dis moi avant que je ne puisse répondre à ta demande. Dis moi Red.

- Pourquoi je devrais rester si quitter Jeska te fait te sentir aussi mal ?
- Parce que je lui suis redevable ! Elle m’a aidé à surmonter ma colère et ma souffrance, elle a été là quand je me demandais si je serais capable de reprendre pieds. Mais je préfère être un lâche que de te perdre Izya. J’apprécie Jeska, et j’aimerai pouvoir être celui qu’elle veut que je sois pour elle. Mais si ça signifie te perdre toi, alors ça ne le vaut vraiment pas.

Je fronce alors les sourcils tout en le fixant. Tout ça pour une histoire de dette, réellement ? Non… Il doit y avoir autre chose…

- Red… Tu aimes encore Rachel ?
- Sans doute oui, de manière nostalgique.
- C’est sa tête qui a failli te faire perdre contre Teach.
- Je sais… Mais c’est surtout ce qu’elle représente qui m’a fait douter.
- Ce qu’elle représente ?
- Tu sais… Une jeune femme que j’ai pris sous mon aile et que je mets un point d’orgue à protéger.
- …

Je ne réponds pas, le fixant toujours avec un air d’incompréhension mécontente. La situation m’échappe tellement et si au fond je devrais me réjouir, le fait que je n’arrive pas du tout à comprendre Red me rend méfiante. Est ce une mauvaise blague qu’il me fait ? Une ruse pour tenter de me retenir ?

- Et moi, je représente quoi pour toi ?

Une question que j’ai déjà posé plusieurs fois par le passé. Et dont la réponse ne me satisfait qu’à moitié.

Aujourd’hui, Red sait très bien ce que je ressens, il sait que je ne supporte plus de le voir avec une autre telle que Jeska, mais ça vaudrait aussi pour Johanna.

Parce que si les dragons pleurent, ils sont aussi bien peu partageur…

- Ce que tu veux. Il me semble qu'on a déjà eu cette discussion non ?

Et que ce n'était pas très concluant au niveau de mes explications, alors si on pouvait éviter une seconde manche d'incompréhension ce serait pas mal. d'autant que je vois mal comment je peux être plus clair que ce que j'ai déjà dit.

- Si tu veux de moi, je suis tout à toi.

Parfois, ce type est vraiment agaçant.

- Parce que c'est à moi de choisir ?! Tu te fous de moi en fait !

Tellement que je retire mes mains des siennes en me relevant brusquement en face de lui et frappe brusquement la table, assez pour soulever les assiettes de canard de quelques centimètres tout en continuant de dévisager Red avec une fureur non dissimulée.

- DEPUIS TON RETOUR JE NE VEUX QUE TOI, JE MEURS A PETIT FEU EN TE VOYANT M'IGNORER POUR TA PETASSE AUX AILES NOIRES ET MAINTENANT C'EST A MOI DE CHOISIR ?! ES TU LÂCHE A CE POINT ?!

Lâche oui. Un putain de lâche qui n'assume tellement pas ses émotions qu'il préfère laisser les autres choisir pour lui ! Qui préfère se maquer avec une pirate qu'il n'aime même pas juste pour la remercier ! Qui n'ose pas la quitter par peur qu'elle lui en veuille et qui préfère se contenter de vivoter sa vie tranquille sans prendre le moindre risque quitte à faire crever l'amour avec un grand A de peur de passer pour le méchant de l'histoire !

- Oui ! On a déjà eu cette putain de conversation, et tu te souviens de ce que tu m'as dit ?! Que tes sentiments n'avaient aucune valeur ! Que peu importe ce que tu éprouvais pour moi tu choisissais Jeska ! Et alors quoi ?! Maintenant que tu te rends compte que je vais partir, maintenant que je te dis clairement que ton choix me fait du mal tu me dis que c'est à moi de choisir ?! MAIS MOI LE CHOIX JE L'AI FAIT EN T'AYANT OUVERT MON PUTAIN DE COEUR RED ! ET JE L'AI FAIT DEPUIS TON RETOUR D'ENTRE LES MORTS !

Autour de nous, c'est le silence complet. Et les gens qui étaient entrain de manger décident soudainement de partir tandis que comme à l'accoutumée quand je perds mon sang froid, des nuages noirs se forment dans le ciel au dessus de moi pendant que je baisse ma tête et mon visage couvert de larme en direction du sol, frappant une nouvelle fois de mon poing sur la table tant ma frustration est grande, tant je maudis ce putain de cœur entouré de pierre qu'est devenu celui du Capitaine Red, du Sous Amiral Red, de l'agent Corbeau. Pour ça, pour avoir forgé en lui cette carapace l'obligeant à enterrer ses sentiments derrière un putain de mur, je hais le Gouvernement Mondial. Je les hais tellement.

Mais d'un autre côté, sans cela, jamais je n'aurai rencontré Red.

Alors, finalement, les nuages noirs restent tels quels dans le ciel au dessus de nos têtes. Pas de pluie, pas d'orage et même mes larmes cessent de couler malgré que je n'ose bouger, toujours debout appuyée les deux bras sur la table et les yeux fixés dans le vide de mon assiette.

- Bien sûr que je te veux toi tout entier. Je t'aime, je te l'ai déjà dit, et je ne supporte plus de te voir avec une autre. Je suis jalouse, possessive, colérique mais aussi loyale, dévouée, aimante et chaleureuse. Je suis prête à rester avec toi et t'aimer de toute mon âme... A condition que tu en fasses autant Red. Si tu te forces à rester avec moi juste pour me faire plaisir comme tu sembles l'avoir fait avec Jeska, alors je préfère partir.

Les yeux embuées de larmes, je trouve enfin la force de planter une nouvelle fois mon regard sur celui que j'aime.

- Tu veux savoir ce que je veux ? C'est simple : je veux que tu m'aimes Red, que tu m'aimes plus que tu n'as aimé Rachel, que tu m'aimes au point de ne plus jamais en regarder d'autres, en toucher d'autres.

Tu m'as demandé de rester avec toi, voilà mes conditions : si je suis la seule et unique femme à tes yeux et dans ton cœur, alors je ne partirai pas. Et ne pense même pas à me mentir : moi aussi j'ai l'empathie maintenant.

Quoi que tu en penses, ce choix a toujours été le tiens Red. Le miens, je l’ai fait en quittant Reyson, et en rejetant Léo, pour toi.

Alors, que feras-tu ?

Je tremble, un peu, par à-coups. Des frissons incontrôlables et saccadés qui se calquent sur les battements de mon cœur soudainement désorganisés.

"Je t'aime."

Je pensais... Je pensais qu'il comprendrait mes exigences et qu'il reculerait devant elles. Je pensais... J'étais préparée, résolue au pire, à la solitude de mon cœur, à l'abandon de mes rêves.
Et finalement ?

"Je t'aime."


Ma rage amplifie en même temps que ma joie. Deux sentiments contraires qui me poussent à rester là, immobile, tremblante, fébrile alors qu'une larme roule sur ma joue, que mon regard fixe toujours Red mais sans plus le voir.
Est ce que je rêve ? Est ce que c'est la réalité ? Je ne sais même plus mais d'un autre côté, dans mes rêves, je n'ai que la joie, alors que là... Là je ressens tout de même cette rage. Cette colère d'avoir tant souffert pour rien ?
J'ai envie de hurler, encore. Lui hurler toute cette colère à la figure, lui hurler que cette putain d'attente qu'il m'a imposée a bien failli me tuer, que cette douleur ne s'effacera peut être jamais, qu'à cause d'elle j'ai peur d'avoir changée, de ne plus pouvoir lui faire simplement confiance.

Mais je ne dis rien. Parce qu'en même temps, je veux l'embrasser, le prendre dans mes bras et pleurer. Pleurer une nouvelle fois toutes les larmes que mon corps a déjà versé pour lui, mais dans ses bras cette fois, pour qu'il éponge mon mal. Et surtout, pour qu'il sache, pour qu'il sache à quel point mon amour est vrai, puissant et infini.

Et alors que je reste sans bouger, la lumière autour de nous diminue soudainement tandis qu'un dôme de ténèbres nous entoure, ne laissant qu'un faible trait nous éclairant sur le dessus. Cette obscurité soudaine me fait cligner des yeux alors que Red se lève, touche la table d'une main et la fait disparaitre dans son pouvoir, m'obligeant à me redresser d'un coup avant de perdre mon appui.

- Izya...

Sa main se pose alors sur ma joue, repoussant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant d'essuyer une larme de mon visage. Par réflexe je ferme les yeux, toujours perdue dans mes sentiments et honteuse d'être dans un tel état de détresse, croisant mes bras sur mon torse en tentant de me replier sur moi même tant la peur de dire ou faire une bêtise et de briser ce rêve est grande. Red s'approche encore un peu, soufflant longuement alors que la situation lui échappe. Je le sais grâce à l'empathie maintenant, je sens qu'il ne m'a pas menti, qu'il m'aime vraiment et qu'il s'en veut, qu'il s'en veut pour toute cette souffrance qu'il a provoqué, et pour celle qu'il va encore provoquer. Et même si cela le dégoute de lui même, il le fera quand même. Pour moi.
Pas parce que je lui ai demandé. Non, je n'ai pas un tel pouvoir sur lui. Mais il sait que sans ça, il ne pourra pas être avec moi.

Parce que c'est ce qu'il veut, que je reste avec lui. Qu’on avance ensemble, tous les deux.

Ses bras m'enlacent tandis que je ne bouge toujours pas, ses lèvres embrassent alors mon front avant de me serrer fort contre lui qui ne tremble pas.

- Je suis désolé Izya. Vraiment. Désolé.

Évidemment, il a senti mon désarroi comme j'ai senti le siens. Et ses bras autour de moi, je sens la force de sa décision, la force de ses sentiments trop longtemps réfréné. Alors je me recule juste assez pour l'obliger à me regarder et cueillir ses lèvres dans les miennes dans un baiser d’amour tant attendu, le premier d'une longue, très longue série alors que les ténèbres nous engloutissent et nous amènent dans un endroit sans vision, mais sans personne d'autres.

Un endroit rien qu'à nous. Rien que pour nous.