Opération Valkyrie Partie 1/2
Un Buster Call peut en cacher un autre.
La guerre entre les Tempiestas et les Corsandres fait rage. Les deux familles sont prêtes à tout pour le contrôle de Manshon. Une information fuite et permet à Farore de monter une opération sous faux-drapeaux pour mettre la main sur ce qu'elle croit être un Escargophone doré lui permettant de déclencher un Buster Call. Il s'avère ici qu'il s'agit d'un faux, mais les témoins qui connaissent la vérité repose tous parmi les poissons. Elle est plus que jamais déterminée à prendre parti de cet avantage majeur.
Tout le monde sait, disons deux jours à l’avance, qu’une tempête se rapproche de Manshon. La question pour chaque tempête reste toujours de savoir combien de centimètres vont tomber. En somme, s’agit-il d’une tempête habituelle ou d’une méga tempête ? C’est que… ça change la donne de savoir ça à l’avance! Les plus mordus scrutent la météo toutes les deux heures, et tout le monde se prépare psychologiquement. Une certaine fébrilité s’empare de la ville la veille d’une tempête, quand chacun sait qu’au réveil, une épaisseur non-négligeable de neige sera déjà là, et sera là pour durer tout l’hiver. Et quand il s’agit de la première, c’est la course aux docks pour ranger, mettre à l'abri, pour ceux qui ne s’y prennent jamais en avance. Elle est à nos portes, elle s’en vient, et déjà, l’excitation monte, les grognements grondent et les amoureux de l’hiver ont grande hâte. La nuit tombe, les volets se ferment.
Le réveil sonne, et 1629 avec lui. La première chose que l’on fait une fois levé un jour de tempête n’est pas de se rendre à la salle de bain ni de se faire un café. Non. La première chose que l’on fait un jour de tempête est de regarder par la fenêtre pour constater l’”étendue des dégâts”, autrement dit, la quantité de neige au sol.
En règle générale, une journée de tempête, on laisse les moyens de locomotion là où ils se trouvent et on se débrouille autrement, sauf si on ne peut justement pas faire autrement. C’est aussi à ça que sert le coup d’œil par la fenêtre du matin : une évaluation rapide de la dangerosité ou non. Farore ne déroge pas à cette règle en se préparant, la journée sera longue, intense.
C'est là toute l'horreur de la neige. On n'est pas encore sorti de chez soi que l’on mesure déjà à quel point la journée sera éprouvante.
Ce qui frappe inévitablement un jour de tempête de neige, c’est avant tout ce calme, qu’un incroyable silence favorise pleinement. En ville, tous les bruits sont étouffés par la neige, et parfois aussi par la capuche ou la tuque qu’on se met sur la tête pour se protéger de la poudrerie, phénomène ô combien déplaisant quand de forts vents accompagnent la tempête.
Manshon après une tempête est une ville pour le moins folklorique, en fonction de l’accumulation de neige du jour précédent.
Le déneigement des rues a commencé relativement, rapidement, il devrait prendre entre 4 et 5 jours. On assiste alors à un véritable défilé de travailleurs assidus, suivies de près par deux ou trois calèches à neige qui emmènent cette dernière hors des routes et qui se relaient régulièrement dès que l’un deux est plein. Manshon se transforme en fait en un gigantesque chantier ou les cols bleus s’affairent pour rendre la vie plus facile.
Les routes de la ville sont évidemment déblayées les premières, puis suivent les trottoirs qui se vident les uns après les autres, progressivement. Restent les petites rues qui sont laissées pour compte et sur lesquelles circuler à pied, relève parfois du défi.
Il faut plusieurs heures à Farore pour se rendre depuis le manoir familial en ruine, à l'incroyable syndicat du Récif noir. Surplombant avec fierté le port, le syndicat de travailleurs avait prit au cours des derniers mois, une ampleur qu'on aurait pu ne pas prendre au sérieux. Et pourtant, rien n'entre ni de sort du port sans le précieux sceau des lieutenants du Récif Noir. La patronne des lieux n'est autre que Corsandre elle-même et lorsqu'elle approche des lieux, c'est une farandole de remerciements et de salutations ; par signe de respect la plupart du temps. Il faut dire qu'en prenant le contrôle du territoire des Venici, elle avait augmenté la qualité de vie de bons nombres de résidents de Manshon. Mais tout ne s'arrête pas ici, car elle compte lancer dès aujourd'hui son plus grand plan, l'apogée de son travail ici sur Manshon. Un coup extrêmement risqué qui pourrait la conduire à la mort, en prison, ou réussir...
Pour ce faire, elle avait fait mander Don Martico, l'un des grands pontes des sept familles mafieuses qui règnent sur Manshon. La famille Martico fait partie des personnes qui se sont rapidement alliées à Farore et sa nouvelle famille... Pour mieux pouvoir la trahir, mais la belle entrepreneuse préfère faire fi de la situation pour pouvoir utiliser Don Martico à sa guise. Elle entre dans son bureau et l'homme est déjà présent, deux autres personnes emboîtent le pas de Farore avant de mettre en joue avec des armes de poing.
"Je vous en prie, inutile de vous levez. Mes hommes sont tendus. Je serai brève. Je suis rentrée de Koneashima, j'y étais pour affaire. Voyez ma surprise, lorsque je reviens ici et que j'apprends que le majordome qui sert ma famille depuis 50 ans, est retrouvé mort avec une balle dans la nuque. Lors de la dernière réunion de famille que vous avez organisé, j'ai été claire. Je ne déclencherai aucune guerre de familles en première. Les Tempiestas ont fauté, il est temps d'assumer."
En réalité, Alfred avait été congédié par Farore afin que ce dernier puisse passer paisiblement sa retraite sur South Blue. Alfred n'était donc qu'un prétexte. Martico agite ses mains avant que Farore ne lève un doigt pour lui intimer de bien vouloir faire silence encore un instant, pour parler, il lui fallait tout savoir. Farore fouille dans sa poche et dépose avec les précautions les plus absolues un escargophone doré sur le bureau.
"Je crois qu'il est inutile d'expliquer à quoi sert ce gastéropode. Vous avez l'oreille des Tempiestas. Voici ma dernière offre, je veux la reddition complète et sans conditions de l'ensemble de la famille Tempiestas. Je veux qu'ils me cèdent la totalité de leurs affaires et qu'ils se fassent oublier. Faute de quoi, j'appuie sur ce bouton dans 48h. Vous vous souvenez sûrement du blocus de 1627 ? Revisualiser le en vingt fois pire. Si je ne peux pas avoir Manshon, je détruirai Manshon. Vous pouvez partir, je n'ai que faire de vos propos désormais."
Une perle de sueur goutte le long de la tempe de Don Martico; un millier de questions l'assaillent et lui tortures les viscères. Il se lève et récupère son chapeau avant de l'apposer sur son chef tout en dodelinant de ce dernier.
"Vous faites une erreur sans précédent Mademoiselle Corsandre."
Sans en dire davantage, il quitte les lieux, libre. Les deux hommes de main de Farore l'observent avec intérêt ; attendant de cette manière les prochains ordres. Elle fait un simple signe de la tête pour que ses hommes laissent entrer un officier de la Marine, pas n'importe qui... Alec Kaloupalekis, Sous-Lieutenant et vice-commandant de la garnison de Manshon, ni plus ni moins le bras droite de l'incorruptible Colonel Corazon. Les deux protagonistes se saluent mutuellement avant que l'officier ne prenne la parole.
"Tout d'abord, je suis fan de votre plan, si toute se passe bien, je serai le chef de la garnison sous peu. Aussi, j'ai fait ce que vous m'avez demandé. J'ai pu, par le biais de mes contacts, attirer le Cipher Pol sur Manshon. Ils sont dans le couloir, je vais sortir un moment pour que le subterfuge soit parfait ! Bon courage Farore."
Promettre monts et merveilles à un officier corrompu est une chose aisée, ne pas lui donner ce qu'ils demandent peut rapidement vous faire tomber de haut. La première phase, et la plus simple, du plan de Farore s'était ainsi déroulé sans accrocs, la suite serait bien plus complexe, surtout si elle ne passe pas la phase du Cipher Pol. Un moment de grande tension s'annonce d'ores et déjà. Les hommes invitent les agents du Cipher Pol a prendre place, tandis que Farore laisse bien en évidence l'escargophone.