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Le Paradis Blanc

Le Paradis Blanc

Alors qu’Hitoshi tout juste âgé de 5 ans riait aux éclats, d’imposantes baleines nacrées semblaient flotter tout autour de lui. Loin d’être effrayé, le petit garçon regardait ces imposants mammifères voler gracieusement dans le ciel et le fixer de leurs yeux ronds et protecteurs.

« - Encore ! Encore ! »

Comme l’ordre d’un chef d’orchestre, les baleines s’exécutèrent et dessinèrent de grands cercles dans le ciel, traversant les nuages comme s’il ne s’agissait que de mirages. Ce ballet volant était parfaitement exécuté. L’ange, début sur un ponton en bois clair, semblait perché une couche de nuages infinie. Il n’y avait rien derrière lui, mais rien non plus ne l’attendait devant. Pour autant Hitoshi ne perdait pas une miette du spectacle qui s’offrait à lui. Le chant des baleines, aussi mystérieux qu’envoutant, apaisa le jeune garçon qui s’assit, les pieds dans le vide. Il passa ainsi de longues secondes, de longues minutes, de longues heures, de longues journées avant qu’un grain de sable ne vienne perturber les rouages de cette féerie. Les baleines commençaient à se désaccorder et avant qu’Hitoshi ne comprenne ce qu’il se passait, les baleines s’envolèrent avec précipitation vers le petit garçon. Avant qu’elles ne puissent l’atteindre elles s’évaporèrent en silence, laissant l’ange complètement seul et désemparé. Alors qu’il était toujours assis sur le rebord du ponton il les sentit : les vagues. Une fumée dense s’élevait tout autour de lui tandis que les nuages immaculés s’agitèrent et devinrent gris. Comme une mer terrible, une tempête s’annonça. Hitoshi se releva maladroitement et commença à courir sur ce ponton qui ne finissait pas. Comme un tapis infini, le petit garçon n’en voyait jamais la fin. Les vagues de leur côté ne cessaient de gagner du terrain, les nuages ne voulaient plus de lui ici. Le blanc devint gris puis le gris devint noir. Partout autour de lui l’obscurité gagnait du terrain. Il avait renoncé à voir où il mettait les pieds et espérait de tout cœur courir dans la bonne direction, celle de la lumière.

Hitoshi n’avait jamais couru de sa courte vie : c’était la première fois. Et pour une première fois, le petit ange se débrouillait plutôt bien. L’énergie procurée par la crainte de se faire engloutir lui donnait assez de force pour se battre et ne pas ralentir. Comprenant qu’elles n’auraient pas gain de cause, les vagues devinrent plus grosses, plus hautes, plus noires, plus bruyantes. Pourtant l’ange ne s’arrêta pas pour autant et il l’atteignit finalement : la lumière. Les vagues se fracassèrent sur des rochers invisibles en émettant le son curieux d’un escargophone que l’on décroche. Le petit garçon ne s’attarda pas, il souhaitait s’éloigner au plus vite de ces vagues dangereuses. Les bruits de ses pas s’effacèrent soudain, laissant place à un silence lourd et épais. Toujours perché dans les nuages, la nuit tomba doucement et entoura Hitoshi de ses bras étoilés. Une brise lunaire lui caressa la peau, signalant le début de cette belle nuit éternelle. Les astres éclairaient son chemin tandis que le bambin se remit à courir et rire, brisant ainsi le silence. Le temps passa mais rien ne changea, la lune brillait toujours autant et Hitoshi continuait d’explorer son environnement. Dans certains coins il trouva des yeux haineux, et dans d’autres des poings serrés, prêts à se battre. Le petit garçon s’enfuit bien vite et apprit rapidement à déterminer dans quels recoins sombres ces étrangetés se cachaient. La nuit quant à elle, éternelle le temps d’un soir, laissa peu à peu place au jour. Dès que les premiers rayons du soleil zébrèrent Hitoshi l’entendit de nouveau : le chant des baleines.

« - Ouiiii ! »

Courant en leur direction, l’ange les dénicha bien aisément. Les gigantesques baleines flottantes n’étaient plus seules, elles étaient accompagnées de poissons argentés qui chantaient à tue-tête.

« - Comme, comme, comme avant.
- Comme.
- Comme avant ! »


Porté par une douce vague blanche, Hitoshi atterrit sur le dos nacré comme une perle de l’un des mammifères. Il y courra sans crainte jusqu’à utiliser la queue comme un plongeoir, atterrissant sur le dos d’une nouvelle baleine. Cette dernière tordit sa queue pour en faire un tobogan qui amusa énormément le petit garçon. Si certaines baleines n’étaient qu’un mirage, Hitoshi fut assez chanceux pour ne pas leur atterrir dessus.

Les baleines le déposèrent en haut d’une petite colline où l’herbe blanche sentait l’odeur de sa maison. Cette impression familière faisait battre son petit cœur, il y était parvenu : au commencement. Hitoshi ne savait pas vraiment pourquoi mais il était certain d’y être arrivé. L’air était si pur que l’ange avait l’impression de se baigner dans le vide. L’oxygène et tout ce qui lui fallait pénétraient aisément les pores de sa peau déjà hâlée pour son jeune âge. Il était ici, chez lui, accompagné de ces baleines, de ces poissons, et de ces rêves d’enfant.

Un peu plus loin dans la réalité, loin des animaux volants et loin des vagues nuageuses, Azumi caressait tendrement les cheveux châtains de son fils endormi.
KoalaVolant
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