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Au neuvième jour du Festival en l’honneur de Kiyori.
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Au neuvième jour du Festival en l’honneur de Kiyori.
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Le soleil venait à peine de se lever que ses premiers rayons surplombaient déjà la montagne de l’île où nous avons accostés depuis maintenant neuf jours. L’archipel aux Éveillés, un endroit que je ne connaissais absolument pas, mais que la Déesse Kiyori a su coloniser pour y bâtir un véritable petit empire. Dans les rues, ses hommes font le tour une vingtaine de fois pour y maintenir l’ordre. Les habitants natifs d’ici semblent prit au dépourvu avec toute la nouveauté et tout le tourisme que cet évènement a apporté. Voilà maintenant une petite heure que je traverse toutes les ruelles de la ville pour profiter du calme du jour qui se lève. Les commerçants mettent en place leurs stands, les plus courageux sont déjà aux fourneaux pour préparer de bons petits plats qui raviront les papilles des festivaliers.
« Hé ma petite demoiselle, approchez approchez ! »
Un vieil homme muni de son plus grand sourire me fit signe pour approcher, en même temps il pouvait difficilement s’adresser à quelqu’un d’autre, vue l’heure, peu de gens se promènent dans les rues. C’est vêtue d’un espèce de kimono que j’ai obtenu en gain d’un stand de jeu hier, et de mon indémodable cape rouge que je m’approche alors du stand du joyeux papy qui m’accueille en se frottant les mains.
« Je vous vois venir monsieur. »
Dis-je d’un ton amusé.
« Vous ne m’extorquerez pas le moindre Berry avec vos belles préparations culinaires. »
« Allons allons ma grande. Restez tranquille, il est encore trop tôt pour faire marcher le commerce. Installez vous donc, je vous offre le repas. »
« Eh bien ? Que me vaux ce chaleureux accueil ? »
« Vous ne savez pas ce que vous portez sur le dos ? »
J’observe un instant mon kimono l’air légèrement perdue.
« Euh pas vraiment, j’ai trouvé ça dans ma chambre d’hôtel. »
« Il s’agit d’une tunique de festival de notre déesse Kiyori. Avec ça, ça vous offre un bon passe-droit pour pas mal d’évènements ici. Alors cependant, avec votre cape ça … dénote assez et ce n’est pas très accordé. »
« Oh vous savez ? Je me fiche bien d’accorder un simple kimono avec ma cape. Cela dit, je veux bien manger s’il vous plaît. »
« Ahah ! En voilà une qui ne perd pas le nord, je vous sers l’un de nos petits pains maison avec gelée royale et une boisson chaude ? »
« S’il vous plaît, merci d’avance. »
Le vieil homme se met alors rapidement aux fourneaux pour me préparer un bon petit déjeuner. Je reste donc là, assise à le regarder sans rien faire d’autre. Profiter de l’instant présent sans craindre rien ni personne, qu’est-ce que c’est agréable comme sensation. Une petite brise matinale vient me caresser les épaules et les joues, me faisant rosir légèrement. Personne à l’horizon à part les prêtres du culte de Kiyori qui font leur tour matinal, d’autres sont en train de faire le ménage des rues pour l’accueil des premiers touristes qui ne devraient pas tarder. Tout est si calme, les oiseaux chantent, il doit être à peu près six heures du matin. J’ai laissé Jyll et Meira se reposer, la veille nous avons bien profité dans l’un des restaurants du coin avec des locaux qui nous ont parlés longuement du culte de Kiyori. Décidément cette femme est aux lèvres de tout le monde ici, c’est une véritable secte.
Au moins, cette atmosphère semble avoir fait du bien à mon acolyte, Jyll. Notre premier jour ici fut assez mouvementé avec les retrouvailles entre Hitoshi et lui, puis l’arrivée des parents et l’ex petit-ami de son ange favori. Disons qu’il a été assez bouleversé par tout ça et me l’a assez rabâché pour que je comprenne bien qu’il n’a pas aimé la situation dans laquelle il s’était retrouvé. J’ai bien dû avouer que ce sentiment m’échappait, n’ayant jamais été réellement attirée de manière amoureuse envers quelqu’un, je n’ai pu que le soutenir sans vraiment servir de conseillère. Ce moment m’a d’ailleurs bien fait réfléchir sur moi-même, sur ma vie et mes sentiments. Je n’ai jamais connu cet amour, l’amour si puissant qu’il nous fait parfois plus de mal qu’autre chose, cet amour si puissant qui nous donne envie de rester avec cette personne toute notre vie sans craindre le moindre adversaire. J’ai pu sentir ce sentiment au travers de ce que Jyll me racontait, et ça m’a fait me remettre en question.
« Tenez ma grande, votre petit-déjeuner est servi. »
« Merci. »
« Dites-moi, vous semblez assez préoccupée. Vous voulez discuter ? »
Discuter ? Avec un inconnu ? Un léger rire manqua de sortir de ma bouche avant que je réalise que ce parfait inconnu venait de se fatiguer en cuisine pour moi, de manière tout à fait gratuite et qu’il venait de se préoccuper de mon état. Qui suis-je pour me moquer de l’intérêt qu’un vieil homme porte à mon égard ? La piraterie m’est montée à la tête, et j’ai perdu ce lien qui me rattachait aux personnes, aux civils, aux pauvres gens qui ne demandent qu’à vivre leur vie sans subir tous les maléfices que renferme ce monde.
Dernière édition par Elisabeth L. Gray le Sam 28 Jan 2023 - 10:19, édité 2 fois