L'Archipel des Pirates.

- Les Précieuses sont en vue Capitaine. Quasiment à l'heure. J'ai fais préparer mes meilleurs hommes pour aider à la manœuvre mais on ne voudrait pas débarquer la bas avant vous...

Sur le quai ou se tiennent les vedettes des nochers, une bonne partie des pilotes de la guilde sont visiblement sur le pied de guerre et prêts à partir dés que Judas leur en donnera l'ordre. Une bonne chose, après tout ce bordel pour en arriver la il serait sacrément fâcheux que les Précieuses et Armada se fracassent l'une contre l'autre au lieu de s'amarrer à nouveau ensemble.

- Marvin ? Bout de bois ? Rien à redire ?

- La mer est calme. Et le temps devrait se maintenir comme ça au moins deux jours, largement assez pour s'occuper de l'accostage et des travaux d'ammarage, c'est le bon moment si on ne traine pas.  



- T'inquiéte Patron, ça va rentrer comme papa dans maman. De toute façon c'est sorti alors ça peut revenir. On a bien reçu les plans des gars d'Aoi, et la place est prête pour son cadran. Par contre il faut l'amarrer, la brèche qu'on a faite dans la cité nous fragilise vachement, si le temps change on sera salement vulnérable.


Mes deux meilleurs ingénieurs, un vieil architecte dont la jambe de bois a arpenté plus de ponts que n'importe quelle jambe de marins, et Marvin, le plus calculateur des cyborgs de sa génération.

- Alors en avant.

Dédaignant d'un geste l'invitation de Judas a rejoindre une vedette, je frappe le pont du pied, envoyant une vibration parcourir la jetée et se perdre dans la flotte en dessous de nous. Une vibration dont le destinataire réagit aussitôt. son gigantesque casque a cornes émergeant lentement à la surface pendant qu'une tentacule vient se tendre vers moi pour m'inviter à le rejoindre.

- MOUUUH !


D'un geppou je bondis sur le casque du kraken, avant d'indiquer à l’œil géant qui se tourne vers moi la direction de l'autre cité mouvante qui se rapproche.

- Baker ? Wilson ? Vous êtes en position ?  


- Les cuirassés chauffent et on est prêts à venir jouer les remorqueurs.





- Pareil pour le Kraken. Suffit de donner le signal.





Brassant l'eau de ses tentacules, Ymiron génère une puissante vague sur laquelle il se met à surfer avec une habileté improbable pour un monstre de cette taille, filant comme une torpille viking droit sur les Précieuses, pendant que de mon coté j'appelle la dernière personne à contacter.

- Aoi ? Je débarque dans quelques minutes.

- Elle n'est pas la ?
- Elle a reçu l'ordre de conquérir une ile pour la divine Kiyori. Elle s'est mise en route immédiatement mais regrette de ne pas pouvoir assister au retour.

Mouais. Aoi qui pose un lapin, c'est pas vraiment nouveau. En tout cas elle a l'air d'avoir a cœur de ne pas reproduire avec sa nouvelle maitresse les erreurs de la précédente. Et je suppose que l'accord sur le retour des Précieuses s'étant fait un peu sur son dos, se trouver ailleurs au moment ou Armada retrouve son cadran lui permet probablement de garde la tête haute auprès de ses pirates, ou en tout cas de ne pas se faire chambrer trop fort par ceux d'Armada.

Du moment que ses sous fifres font ce qu'on leur dit le tout m'ira quand même. Et au moins avant de partir finir de m'installer sur Treize, je ne laisserais pas derrière moi une paire de cité pirates prêtes à se tirer dans les pattes sur de vieilles rancunes, mais un amas qui devrait au moins s'unir contre les menaces qui pèserait dessus.

C'est encore mon coté obsessionnel qui ressort, j'aime les trucs bien rangés.

- Et quels ordres elles vous a laissés ?
- Refaire des Précieuses un des cadrans d'Armada.
- Bon, au moins on est d'accord. Alors au boulot.

La sureté du terrain assuré, c'est aux équipes d'Armada d'aborder sur les précieuses, les Nochers, les gars du chantier, Marvin. Dans un premier temps il s'agit de vérifier la cartographie des Précieuses, voir ce qui a changé depuis que le cadran a fait sécession du reste d'Armada, évaluer la taille des ajouts qu'Aoi a fait de son coté. Il s'agit d'arpenter, de mesurer, d'inventorier les navires qui servent de support à la cité et qu'il va falloir relier aux cadrans rivaux.

Il nous faut une heure pour la première bonne nouvelle. Les sept goélettes qui ont données le nom de Précieuses au cadran n'ont évidemment pas bougés et sont toujours le cœur et les bases de la structure. Et depuis la séparation, si Aoi a agrandi l'endroit en l'enrichissant par l'ajout de prises, elle n'a pas touché au plan de base, ce qui rend la plupart des mesures du cadran encore valables. Ou du moins en partie. Et en juxtaposant les mesures et les plans d'Armada post scission, Marvin a tôt fait de nous donner la nouvelle forme et la nouvelle taille du cadran. Et peut alors commencer le jeu de patience qui consiste a savoir quels sont les bouts qu'on doit sabrer du coté d'Armada et du coté des Précieuses, pour que les deux formes coïncident et puissent s'amarrer l'une dans l'autre sans trop de heurts.

Du boulot d'architecte que le cyborg et Bout de bois adorent. Et qu'ils mènent sans que j'ai autre chose a faire que contempler tout ça d'un œil sombre, histoire de garder tout le monde motivé et concentré. La routine

Une fois les plans posés, place aux traceurs. Sur les plans, tracer une coupe, enlever et tailler des bouts de navires et de cadran, redessiner un quartier ne nécessite qu'une règle et un bout de crayon. Mais quand il s'agit de mettre ça en pratique sur place, l'affaire se corse. une armée de gars des nochers se répand sur les Précieuses en brandissant les plans que Marvin a dupliqué à la vitesse de l'éclair. Armés de pots de peintures ils entreprennent de dessiner sur site tous les traits de crayons des deux architectes. Il s'agit de repérer les navires qu'on va déplacer, ceux dont on va se séparer. Et comme Armada comme les Précieuses sont d'abord des pontons marins formés de tout ce qu'on a pu trouver de navires ou de plate formes flottantes, raccordés de façon plus ou moins anarchiques a grand coups de cordages et de chaines d'abord, puis de constructions en durs. jetées et coupées de bois et d'acier, planchers, étages, renforts. Au fil des années les bateaux d'origines disparaissent sous les constructions, on rajoute des pièces, on ouvre de nouveaux passages, on en ferme d'autres, on construit des portes, des murs. Sous le poids les navires s'enfoncent, alors on les condamne, les étanchéisant pour en faire non plus des navires mais des flotteurs passant sous le niveau de la mer pendant qu'au dessus les étages progressent...

Alors sur place il s'agit de lister a tâtons tous les points d'attaches. Une fois qu'on a délimité grossièrement les limites du navire que l'on veut détacher, on le parcourt dans tous les sens a la recherche de tous ce qui le relie aux navires qui l'entourent, les nochers longent les coques en chaloupe, des hommes poissons parcourent le dessous coques et les ancrages sous marins. Et évidemment, on se dispute avec les locaux qui ne veulent pas déplacer..

Puis vient l'heure de la manœuvre. Dans un ordre que les ingénieurs ont soigneusement étudiés, des équipes se lancent dans le démantèlement. Des gabiers agiles grimpent dans les matures, haches entre les dents pour trancher les cordages et abattre les mats les plus haut qui pourraient entrainer un basculement et un renversement des structures, puis on s'attaque au dur. Un à un les ponts qui se jettent d'un navire a l'autre sont attaqués à la scie découpés et récupérés. C'est un travail risqué, glissant. Pour stable que soit une structure de la taille des Précieuses, elle reste un navire, mouvant, glissant, ou chaque pas peut vous précipiter dans une chute mortelle.

Depuis un plancher confortable j'observe les types perchés en haut d'un mat donner de grands coups de hache sur des cordes entre leurs pieds. Rien à dire, le gabier est vraiment le roi des marins. Je me souviens de la première fois ou je suis monté la haut, à la vigie, de la recommandation du vieux bosco qui m'envoyait prendre mon tour la haut. "Souviens toi gamin, dans la mature c'est une main pour toi et une main pour le bateau. Mais si le bateau souffre, donne lui encore trois doigts !"

Soudain libéré un peu trop vite sur un seul de ses flancs, un navire bascule soudain en précipitant dans les airs et dans les flottes une demi douzaines de calfats. Au programme, membres brisés, fractures, pas de morts pour cette fois. Déjà Marvin reprend les choses en main en prenant le commandement de la manœuvre. Au laser, au sens propre. Un rayon de lumière aveuglant cisaille d'un seul coup toute les chaines amarrant encore le navire qui se libère soudain, oscille, s'équilibre, et se retrouve a flotter à quelques mètres du cadran; immédiatement alpagué par les navires des nochers qui l'arraisonnent pour le remorquer à l'écart avant de le guider vers sa nouvelle place.

- Il y en beaucoup des comme ça ?
- Quelques uns. Nous avançons bien, ce sera fini à la nuit.

La journée file, et comme prévu par Marvin, elle avance bien. On hésite un moment a passer par le fond a coups de canons certaines structures surnuméraires une fois détaché, mais évidemment les gars des Précieuses voient d'un mauvais œil une entreprise de démolition a l'artillerie aussi prés de leurs cotes. Et objectivement on ne peut pas vraiment leur donner tort. Je mets tout le monde d'accord en déballant mes pouvoirs, et au lieu de se voir disperser et expédier au fond de l'eau a coups d'obus, les épaves en trop se voient avalés par le pouvoir des ténèbres. Place nette...

Laissant cet aspect la aux petites mains, Marvin et Bout de bois se lancent ensuite dans une autre partie réservé aux spécialistes. Pour mettre en place les Précieuses et les amarrer à nouveau au sein d'Armada, il va falloir déplacer la cité de façon précise, ce qui, pour un structure énorme vaguement mue à la voile est parfaitement impossible a moins de ne vouloir que se faire fracasser l'une contre l'autre les deux masses. Heureusement, Armada ne manque pas de moteurs. Rassemblés pour cette occasion, mes six cuirassés ont rejoint le chantier, et se préparent à devenir le plus gros remorqueurs du monde grâce a leurs moteurs et leurs roues a aubes. Sur le papier, le poids ne pose aucun soucis. Les cuirassés de classe Sengoku sont des vestiges des premiers essais de la marine à vapeur, et leur puissance est parfaitement surdimensionné pour leur poids, ce qui les rend parfaitement capable de déplacer Armada ou les Précieuses sans aucun souci. Mais la aussi, ça, c'est ce que disent les chiffres. Mais une fois cette conclusion posée, mettons que vous accrochiez les cuirassés aux Précieuses et que vous tiriez, vous aurez plus de chance d'obtenir l'écartèlement le plus impressionnant et le plus couteux du monde qu'un remorquage utile.

Pour pousser et tirer de façon efficace sans tout arracher, il faut des points d'accroches solides, des forces qui s'équilibrent et des navires qui manœuvrent au quart de poil et parfaitement à l'unisson.

Pour les points d'accroches, Marvin et Bout de bois ont vu large. Les chantiers d'Armada ont fondus six chaines d'acier, avec a leurs extrémités de vaste crochets destinés à tenir les navires les plus coriaces, le cœur des Précieuses d'un coté, les cuirassés de l'autre. Pour la phase de poussée, ils ont aussi préparés des berceaux métalliques, destinés à servir de tampon entre la proue des cuirassés et les coques des Précieuses, et il s'agit maintenant de savoir ou tout installer pour optimiser le déplacement.

Quand la nuit finit par tomber, des équipes continuent de bosser sur le déploiement des chaines, mais le gros de la mise en place des bordures des Précieuses sont terminées, nous sommes toujours dans les temps.

L'aube se lève sur les deux villes flottantes encalminés a quelques encablures l'une de l'autre. Et qu'il est maintenant temps de rapprocher de façon concrète. Le gros des calfats à fini de bosser, et c'est maintenant aux pilotes des Nochers d'entrer en jeu. Autour des cuirassés, une nuée des chaloupes de la guilde surveillent et coordonnent les mouvements de chacun. Et sur chacun des points d'amarrage, une tour équipés de drapeaux et de den den coordonnent les directives venus du centre ou officie Marvin, seule type assez malin pour prendre en compte instantanément tous les paramètres de navigation.

L'un après l'autre, les cuirassés se rapprochent de la structure, deux s'installent a l'avant, deux a l'arrière, pendant que les deux derniers viennent jouer les guides a bâbord et à tribord. On vérifie une dernière fois toutes les accroches, et la manœuvre commence. Les chaines se tendent, le bois craque, l'acier grince, les soutes a charbon virent au rouge pendant que des torrents de fumée s'échappent des cheminées des cuirassés, et peu a peu, les Précieuses se mettent en marche. L'écume apparait sur les quais, les mats d'Armada se rapprochent, l'heure est enfin à la réunion.

Guidée de main de maitre par Marvin, les Précieuses entrent à petites vitesse dans l'espace ménagés sur Armada. Autour du cadran les manœuvres s'inversent. Les cuirassés d'avant pivotent pour freiner la cité, ceux de la proue cessent de pousser pour naviguer à rebours, ralentissant la vitesse du cadran avant le contact. Sous la surface, un poulpe géant et son clone mécanique saisissent les précieuses pour jouer les ancres et faciliter les manœuvres.

D'armada on déploie une armée de treuils, installés en retrait des points ou l'ont a décidé que se ferait le noueux points de jonction des deux cités. On amarre, on tend, et suivant les ordres de Marvin, on commence l'accostage pas à pas des deux ensembles. Le plus gros est fait, il ne reste maintenant qu'a remettre les charpentiers au boulot pour tout raccrocher en dur.

- Je vais prévenir Aoi que tout s'est bien passé.
- Faites donc ça. Et dites lui que la fête est a ses frais.
- Elle ne sera pas contente...
- Ouais, mais elle n'est pas la, alors que moi si.

Et puis, mettre une soirée de beuverie sur son compte contribuera a apaiser les esprits encore un peu chafouin de voir revenir comme une fleur une libre pirate qui a tiré le sabre contre ses pairs dés que la situation lui a parue tendue. Les dangers de l'opportunisme à la Minaro, à force d'être le premier a trahir on se retrouve vite tout seul. Et je me demande a quel point Aoi se tient loyalement dans l'ombre de Kiyori...

Enfin, aucune importance pour l'instant. De mon coté la situation avec Kiyori est enfin réglée, et ce détail réglé j'ai en main les cartes adéquates pour m'installer à la table des grands sur le nouveau monde.

- Capitaine.
- Marvin ?
- L'amarrage du chantier à Thriller Bark est terminé. Il n'y a plus qu'a trouver un chantier capable de l'enrober à Shabondy.
- Jouable ?
- Difficile à dire, je ne suis pas un spécialiste de la discipline.
- Pas de problèmes pour le déplacement du chantier ?
- Aucun. Il a dés le début été conçu pour être modulable. Nous n'avons eu qu'a choisir les modules qui seraient les plus faciles à adapter à la base de la Fumante et a les transférer dans le bassin intérieur de Thriller.
- Parfait. Alors on finit les formalités diplomatiques, et on s'arrache.


Pour réintégrer les Précieuses au sein des Cadrans il a fallu faire un peu de place. Les Précieuses ne pouvant pas reprendre leur place au sein des cadrans intérieurs, c'est parmi ceux du second cercle qu'il fallait déplacer des choses, et ça tombait bien, depuis que Damien a fini de remettre en état la base de la fumante, il me tanne pour qu'on y agrandisse le chantier. Alors profitant du passage sur Grand line de Thriller Bark, le chantier d'Armada va se séparer d'une partie de ses installations au profit de celui de Treize...

Thriller Bark. Faut vraiment que je lui trouve un autre nom...