La gare est bondée, nous nous fondons dans la foule assez habilement afin de quitter cet endroit le plus rapidement possible. Je ne sais pas les informations dont dispose la Commodore ni même si elle dispose d’un plan. Nous continuons innocemment notre chemin jusqu’à franchir le seuil de la grande gare de Bighorn. Soudain, un tir résonne, et vient transpercer l’épaule de mon acolyte qui s’effondre dans la neige. Je reste une demi-seconde immobile et déconcertée face à cet instant, tous mes sens s’affolent alors. Qui a tiré ? D’où ? Et comment nous ont-ils repérés. Le coup de feu a au moins eu pour effet d’alerter toute la population qui a daigné évacuer les lieux. Dans la panique je relâche le bras du jeune Marc pour me précipiter sur Jyll et commencer à faire tournoyer mon arme climatique pour nous nimber dans un voile d’invisibilité.
« Inutile. Soru ! Shigan ! »
Quelle rapidité ! Sans me laisser un instant pour réagir, la Commodore apparaît subitement devant moi, m’assénant un violent coup d’index gun au poignet droit, me faisant lâcher mon bâton climatique. Elle doit disposer d’hommes cachés dans les moindres recoins. Jyll … je ne vais pas pouvoir t’aider en l’espèce. D’une roulade plutôt bien exécuté je m’écarte suffisamment de la Commodore pour rattraper mon arme climatique et rapidement nous nimber d’une légère couche de brouillard.
« Fog Tempo ! Le temps sera partiellement brumeux, mais nul doute que des intempéries d’un tout autre niveau devraient faire leurs apparitions. »
« Cessez de jouer Elisabeth Gray. Vous êtes une menace pour le Gouvernement. Ma mission est de vous arrêter. Et de vous tuer si le cœur m’en dit. Vous et votre acolyte. »
Ok … là ça commence à me stresser à un tout autre niveau. Ce n’est pas une petite garnison d’une île des Blues. Il s’agit là d’une Commodore dépêchée directement par le CP9 pour nous arrêter Jyll et moi. Notre sortie en trombe de Little Garden n’a sûrement pas dû leur plaire et ça peut se comprendre. Mais qu’ils soient prêts à nous tuer sur place pour limiter les chances que nous leur échappions à nouveau, je trouve ça extrême. Je n’ai plus le choix, il va falloir se battre sérieusement.
Mon arme climatique tournoie rapidement autour de moi, la chaleur qui s’en extirpe est immense et commence à recouvrir toute la zone que nous occupons. Pendant ce temps, le voile de brouillard qui me protégeait est en train de se lever, et devant moi, une véritable garnison de cinquante hommes et femmes armés se tiennent debout. Malgré cela, je ne suis pas celle qui a la mine la plus déconfite. Il n’y a qu’à regarder la Commodore en ne voyant plus Jyll et faisant maintenant face à cinq copies parfaites de moi. En effet, j’ai accentué la portée et les effets de mes mirages pour nimber Jyll dans un mirage qui l’a rendu invisible. Et me suis servie de la chaleur ambiante pour créer quatre réflexions parfaites de ma personne, qui s’expriment en même temps pour ne pas définir laquelle est la vraie moi.
« Mirage Tempo … Fata Morgana … »
Il faut profiter de l’incompréhension générale.
« Thunder Ball ! »
D’un geste commun, mes copies et moi, nous saisissons notre arme climatique foudroyante que nous faisons tournoyer vivement dans notre main droite. Ainsi, une véritable nuée de bulles foudroyantes s’échappe de nos armes pour fondre sur la garnison entière présente devant nous. Certains grands courageux, voyant la nuée foudroyante venir vers eux, vont s’abriter derrière les maisons les plus proches. D’autres comprennent que seulement les vraies bulles foudroyantes leur feront du mal et préfère tenter le tout pour le tout. Et pour certains ça ne fonctionne pas comme ils le voudraient, ces derniers se prennent donc la nuée foudroyante de plein fouet, et c’est une bonne dizaine d’hommes qui s’effondrent, laissant derrière eux une fumée noire et une odeur nauséabonde de chair cramoisie.
« Profitons de la panique générale. »
« Rankyaku ! »
Ma copie directement à ma gauche se fait trancher d’un coup net par un pied ouragan si violent et si décisif de la part de la Commodore que je m’arrête une demi-seconde dans ma course. Elle est vraiment déterminée à me tuer … un peu plus et s’en aurait été finie de moi. Je ne dois pas me laisser distraire, la fuite doit me permettre de me replacer et d’avoir un certain avantage. J’ai la capacité d’adapter le climat ambiant, toute la ville est mon terrain de jeu. Je parviens alors à rejoindre Jyll à l’axe d’une maison.
« La Commodore nous suis ! Cours ! Je crois qu’il y a du grabuge au port. »
En effet, tout le monde est en train de s’activer au loin, et à bien tendre l’oreille, des coups de canons résonnent.
« Geppou ! Shigan ! »
Subitement, une forme se profile dans mon angle mort gauche. Je tourne assez rapidement la tête pour voir qu’il s’agit de la Commodore. Son index voulant initialement venir se planter à ma gorge, vient rencontrer mon arme climatique qui vibre de manière désagréable entre mes mains à cause du choc.
« Tu es pire qu’une sangsue toi. »
D’un geste précis je relève mon arme climatique pour venir frapper au visage mon adversaire qui parvient à éviter ce coup basique avant de s’abaisser encore pour s’élancer et m’asséner un violent Index Gun en plein thorax. Le choc est violent et manque de me faire perdre connaissance, un coup subit à cet endroit me fait rater un battement et m’empêche de reprendre convenablement ma respiration. Jyll s’élance à son tour sur la Commodore pour la frapper au niveau des tempes, cette dernière est légèrement désorientée mais ça ne nous fait pas gagner de temps, je suis trop lente à me remettre de mes émotions.
« Allez Lise ! Cours ! »
« Elle me gonfle elle. »
« Tu vas rester ici, sale pirate ! Shigan ! »
« Assez ! Swing Arm, Dark Cloud Shield ! »
D’un geste rapide je me retourne sur mon opposante, abattant mon climat-tact foudroyant devant moi. Un nuage noir compact se forme entre nous, son index vient se loger à l’intérieur, dans un bloup si représentatif, le nuage se disperse, relâchant un choc foudroyant aussi violent qu’un éclair sortant tout droit d’un orage. La Commodore se raidit immédiatement, le choc fait éclater une onde de choc qui nous repousse tous les trois à des extrémités bien différentes. Le tonnerre continue de gronder quelques secondes, ses troupes ne vont pas tarder à revenir, alors que le corps de mon adversaire est allongé un peu plus loin, libérant une fumée et une odeur cramoisie à deux doigts de me faire vomir. Je me relève péniblement avant de courir vers Jyll qui peine à se redresser.
« C’était quoi ça ? Un orage si proche ? T’es un danger public. »
Malgré son ton amusé, je dois bien reconnaître que le choc à portée était bien violent, cette attaque n’est pas à réitérer aussi proche de mes alliés, se serait trop dangereux pour eux. Nous nous relevons toutes les deux, et là, un enchaînement de coups s’exécute entre elle et moi. Jyll s’est relevé également, il combat à son tour des larbins de la Commodore. Une bonne partie de sa garnison est arrivée pour la soutenir, le gros de notre bataille est en train de se jouer, en plein centre de Bighorn. Les civils les plus proches hurlent à s’en arracher la voix, de gros flocons de neige nous tombent dessus. Et l’échange de coups est violent.
Cette femme est un véritable mur, je fais tomber mon bâton climatique à plusieurs reprises sur ses côtés, mais ses bras sont aussi durs que du fer, ils parent mes assauts si facilement que s’en est rageant. En plus de cela, cette soldate bien formée au combat au corps à corps ne fait pas que bloquer mes assauts, elle frappe. Et elle frappe fort. Ses nombreux Shigan m’effleurent la peau avec une telle violence que le froid de la neige vient m’arracher des jurons de douleurs. Je dois sortir mon épingle du jeu, d’un geste habile je détache l’un de mes bâtons climatiques pour l’apposer directement sur le bras de la Commodore avec un sourire jubilatoire. Immédiatement, son corps est pris de spasme et se révulse en arrière. Mes bulles climatiques sont mon arme, je dois les user de cette manière. Sans attendre qu’elle se remette je rassemble mon bâton du froid sur celui de la chaleur pour le lancer en direction de sa garnison. Ses hommes s’envolent au loin, pris dans un véritable cyclone qui les fait atterrir sur les toits des maisons, brisant des murs, des fenêtres sur leur passage. Je n’ai à présent que faire des dégâts matériels de mon passage. Jyll m’appelle, sa voix me parvient à travers ce brouhaha chaotique tandis qu’une autre vague de larbin se profile à l’horizon.
« Regarde ! C’est Vaillant ! Et … merde Lise. »
Face à nous, l’océan au loin. Et sur cet océan, Vaillant ! Notre navire, avec à son bord, notre navigatrice Meira qui s’évertue à manœuvrer les voiles pour attraper le meilleur vent et s’élancer jusqu’au port de Bighorn à une vitesse folle, pourquoi donc ? Parce que derrière elle, deux navires de guerres de la Marine sont à ses trousses, et à son bord, une troupe de géant. Des voix derrière moi sont en train de scander leur nom. La garnison de géants, prête à défendre Drum est déjà là ? Le soleil n’est même pas encore à son zénith, ils ont de l’avance et Meira est dans une sacrée situation tendue.
« Pas le choix, faut se barrer. On court au port et on grimpe à bord. »
« Oh je ne pense pas non ! »
« T’es encore vivante toi ? Jyll … prend de l’avance. Je m’occupe d’elle, ne reste pas ici, le climat risque d’être très capricieux. »
« Je reste, elle dispose de trop d’hom… »
« NON ! Tu t’en vas. »
Jyll a rejoint mes côtés, et face à moi à présent, une vague de cinquante larbins de la Marine et la Commodore. Je prends un petit instant pour réajuster ma cape avant de passer un revers de main dans mes longs cheveux argentés. Fermant les yeux quelques secondes, je concentre cette puissance qui m’impressionne et me fascine avant de déverser autour de moi, une vague de cette force, appelée Fluide Royal. Ce fluide coule instinctivement dans mes veines avant de s’échapper de mon regard fier et supérieur.
« Je suis la Reine Climatique ! Rien ni personne, ne pourra m’arrêter. »
Cette phrase sonne comme un coup de cloche, une onde de puissance quitte sa base depuis mon regard. Les larbins de la Commodore s’arrêtent un instant avant de s’écrouler, la bave aux lèvres et totalement incapable de se relever. Cette dernière quant à elle, est prise d’intenses frissons avant de reprendre conscience de ce qui vient de se passer. Sa rage d’avoir perdu si rapidement ses hommes la fait se relever et s’élancer vers moi. Jyll ne cherche plus à s’opposer, quelque peu hésitant, sa conscience le rappelle soudain et il prend ses jambes à son cou jusqu’au port.
« Noooon ! Arrêteeeez ! »
« Inconscient ! Pars ! »
Marc merci … tu me fais gagner du temps. Ce gamin inconscient sortit de je ne sais où vient de s’aligner entre la Commodore et moi, me laissant le temps de faire tournoyer mon arme pour créer une multitude de nuages dans le ciel. Cette attaque sera ma dernière ! Et j’espère qu’elle sera la dernière que cette espèce de forme de justice du Royaume, sera capable d’encaisser. Je lance finalement mon arme foudroyante dans ce nuage qui gronde et fait hurler ses éclairs sur la place centrale de la ville, les éclairs et le tonnerre font exploser les fenêtres les plus proches, certains murs sont frappés par des éclairs.
« Ce n’est pas fini ? Où es… »
« Shigan ! Rankyaku ! Vous êtes lente, James avait raison ! »
Elle a réussit à se frayer un chemin dans cet orage ? Comment ?! Sa vitesse est folle, elle est parvenue à emmener Marc hors du champ d’action de mon attaque avant de s’élancer sur moi, je suis forcée d’encaisser un index gun en pleine épaule avant de devoir parer un pied ouragan au corps à corps. Le coup est violent et m’envoie en arrière, je dois réagir. Mon arme tournoie dans ma main gauche, hésitante je décide de jouer le tout pour le tout.
« Fog Tempo … »
Je me laisse tomber dans la neige tout en libérant une brume épaisse de mon bâton climatique. En l’espace de quelques secondes, la place centrale devient embrumée. Et j’entends derrière moi, des coups de canons, je ne sais pas ce qui se passe au port, mais je vais devoir me dépêcher de mettre cette idiote au tapis rapidement, je ne ferais pas les mêmes erreurs que contre James Larson. Je suis entraînée, et capable de manipuler le climat de l’île pour gagner. En l’espèce, tout ce qui entoure la Commodore devient floue. Je me relève tant bien que mal avant de faire tournoyer mon arme pour adapter la chaleur et la température qui nous entoure afin de créer des clones de ma personne. Ainsi, je peux remarquer que la Commodore s’affaire déjà à attaquer l’un de mes clones.
« Eh non … pas cette fois. »
Suis-je en train de faire la maligne ? Oui ! Alors que mon état est assez pitoyable. Je suis haletante, pleine de sueur, tailladée à divers endroits, fatiguée mais encore debout. Tant que je reste encore debout c’est que je suis capable de m’en sortir, plus jamais je ne referais les mêmes erreurs. La place de Bighorn devient un lieu hors du temps, cinq copies conformes de moi sont visibles à travers la brume qui s’est installé. Je profite de ce moment de doute général pour charger des nuages d’électricité que je dispose à plusieurs endroits, un Rankyaku manque de me toucher. Finalement la Commodore s’affirme devant moi en m’attrapant par la cape et en me jetant dans la neige sur la fontaine centrale de la ville. L’eau est gelée c’est désagréable mais je m’efforce de me redresser, encaissant un coup de talon en plein visage, ma lèvre inférieure s’ouvre légèrement sous le choc.
« T’es vraiment une chienne prête à tout. »
« Le gouvernement n’a pas d’autres mots à la bouche ? Vous êtes d’un ridicule. »
Accroupis aux pieds de la commodore, je brandis mon arme climatique alors que pas moins de cinq mini nuages noirs se mettent immédiatement à gronder. La femme qui me tient en joug avec son index va pour s’élancer en arrière, je vais devoir jouer avec elle. Mon premier nuage rejoint l’extrémité de mon arme à une vitesse folle, fendant l’air si rapidement qu’un bruit de tonnerre résonne violemment. Un d’esquivé, puis deux, j’essaie de me relever pour adapter la pointe de mon arme à la trajectoire que prends la Commodore, je n’arrive pas à la suivre. Pas le choix, je dois me rapprocher. Maintenant à quelques centimètres d’elle, je la prends de cours en m’approchant, la responsable des troupes de la Marine s’arrête de bouger, je lui assène une balayette qui la cloue au sol et d’un geste vif, j’appelle mon dernier nuage noir jusqu’à l’extrémité de mon arme. Prise par surprise, la Commodore n’a pas le temps de se relever, que le petit nuage traverse son corps de part et d’autre, en passant par son dos, pour ressortir par sa poitrine, la foudroyant littéralement de l’intérieur.
« ThunderLance … TEMPO ! »
Arme braquée vers le ciel, la foudre fusille la Commodore qui, tétanisée, s’effondre face contre terre. Je reste un instant immobile, haletante avant de tituber un peu en rangeant mon arme climatique encore légèrement électrisée, à ma ceinture. Plus aucun de ces hommes n’est dans le coin, les alarmes d’une intrusion résonnent dans la ville. Je me tourne vers le port, là où des coups de canons résonnent depuis maintenant près de dix minutes. Derrière moi, certaines maisons de la place centrale sont en ruines à cause des orages générés par mon arme, le climat est en train de se gâter dans le ciel. Ce ne sont plus des flocons qui sont en train de tomber mais de la pluie, rendant la neige friable et molle lorsque mon talon se plante dedans. Je regarde ce même ciel qui se nimbe de nuages plus ou moins sombres, cachant le soleil et couvrant une chaleur globale par un vent plutôt frais.
« Eli… Elisabeth. »
« T’es encore vivant toi ? »
Mon regard se déporte sur cet empoté de Marc, allongé un peu plus loin dans la neige, complètement éreinté et perdu, il n’ose plus se relever.
« Vous ne faites que dégrader votre image. Vous vous êtes débarrasser de la Commodore de Drum. Et maintenant ? »
J’ai éliminé une Commodore … une haute gradée de la Marine. Ma dernière étape est devant moi, et je ne compte certainement pas m’arrêter là. Je me suis montrée capable de maîtriser un climat nouveau, de réaliser des exploits avec la maitrise de ce climat. Je dois continuer à me perfectionner, et ce n’est certainement pas en me limitant à un pauvre Royaume de Grand Line que je pourrais y arriver. Je relève alors la tête pour regarder ce ciel qui pleure sur nous.
« Tu vois cette pluie ? C’est magnifique n’est-ce pas ? Là est la puissance de la météo, et cette météo, je souhaite en devenir la reine. Le Gouvernement m’a classé dans une case de personnes à abattre, à cause de mes connaissances archéologiques. J’ai affronté et été laminé par le Cipher Pole, j’ai pris ma revanche sur la garnison d’un Royaume protégé par ce même gouvernement afin de leur montrer qui je suis et quelle menace je serais pour eux. Ils m’ont tout prit, ma liberté, ma joie, ma mère ! »
Mon ton est plus incisif, le ciel gronde.
« Puis j’ai décidé de me lancer dans la piraterie, en tant que Ponéglotte, je dois assumer le fait que des chiens du gouvernement en auront après moi. À moi et mes compagnons de leur faire regretter de s’attaquer à nous. On a encore beaucoup de route à faire pour parvenir à nos objectifs, mais on va y arriver. Malgré le fait que tu n’es qu’un gamin décalé, tu restes un médecin hors du commun pour ton âge, Marc. On se retrouvera peut-être sur Grand Line, ou le Nouveau Monde. »
Lâchais-je au jeune homme avant de me mettre en route vers le port, pour retrouver Vaillant, Meira et Jyll. Le sol tremble soudainement … comme si des géants venaient d’accoster. Des géants ? Oh merde … des géants …