Un Wok à Las Atlantik.Prologue
« Au voleur ! » s’écrit un vieil homme habillé d’une tenue extrêmement chic. Il pointe du doigt une rue du centre-ville à deux soldats de la Marine qui effectuaient une patrouille pédestre. « Il est parti par-là ! Dépêchez-vous de le rattraper » dit-il d’un ton assez énervé.
Les bleus s’empressent d’entrer dans la venelle sans prendre un minimum d’informations à propos de la description du voleur. Une erreur de débutant qui permet au bandit de s’échapper sans risque. Pendant que les poursuivant tournent en rond, tout en se dispersant sans le vouloir, un petit ourson détenant un visage de singe sort d’un tonneau en bois. Il pivote en direction de l’endroit où les jeunes recrues de la Marine viennent d’emprunter, reniflent plusieurs fois et ricane machiavéliquement dans un ton beaucoup trop mignon.
Le Wok porteur du prénom de Pickett regarde avec admiration une bague en or tenue entre ses deux petites griffes poilues. Le bijou se reflète dans les orbes noirs du voleur. Après une petite minute à contempler son trésor, il referme ses mains pour emprisonner son bien, regarde furtivement à droite et à gauche pour s’assurer que personne ne se rapproche de sa position de peur qu’on lui retire sa chevalière.
Minutieusement, le voleur ajoute son trophée dans une poche intérieure de sa capuche noisette. Elle commence à peser lourd car la bague n’est pas la seule petite chose que le Wok vient de dérober. À l’intérieur s’y trouvent d’autres bijoux dont un diamètre suffisamment petit pour être dissimulé dans le vêtement du bandit.
Soudainement, son regard de prédateur qui ne fait aucunement peur se focalise sur un rouquin porteur d’une tenue presque identique à un sorcier ou à un magicien. Plusieurs bijoux sont accrochés à son chapeau et à son manteau. De quoi faire rêver l’amoureux des petites choses brillantes.
Gonflant son torse puis tapotant dessus pour imiter un gorille pour affirmer sa supériorité d’avoir volé beaucoup de choses aujourd’hui, Pickett fonce sur sa proie dans un rugissement totalement adorable. Le rouquin qui entend le gémissement, se retourne avec curiosité puis esquive (par un pas vers la droite) son agresseur qui vient de sauter. Le Wok s’étale comme une crêpe sur le sol pavé.
« Mais je te reconnais toi, tu es le Wok d’Endaur qui n’arrêtait pas de câliner mon capitaine. » annonce Morgan Moreau qui se penche sur la petite créature en se massant le menton. « Ton nom déjà… ? » demande-t-il en tentant de trouver lui-même la réponse. Le roux claque des doigts lorsque son palais mental élucide le mystère. « Euréka ! Tu es Pickett. »
« Halte ! » gueule un soldat de la marine en pointant son index pourvu de quelques poils sur le sorcier et le Wok. « Ne bougez pas ! »
Le gardien de la justice -qui a littéralement perdu son collègue- arrive aux côtés de Morgan et fronce ses sourcils en se demandant qui est la créature poilue qui se cache derrière les genoux du médecin.
« Plusieurs personnes ont été victimes de vol. Je vais devoir contrôler vos identités et savoir ce que vous faites précisément en ville, ainsi qu’à vous aussi petite créature. » explique le soldat aux deux étrangers de Las Atlantik.
« Mais je n’ai rien fait. » proteste le roux en haussant ses épaules.
« Vous mentez, je peux sentir à des kilomètres que vous ne me dites pas la vérité. »
Jetant un rapide coup d’œil à Pickett, Morgan sort de son manteau sa petite pipe en bois. Il l’allume et après quelques bouffées de sa drogue, il rejette la fumée prisonnière de ses poumons sur le visage du militaire. Au moment où l’homme de la loi désire exprimer son mécontentement, le roux se met à ricaner. Le gentil petit soldat désirait obtenir la vérité ? Eh bien il était tombé sur la bonne personne.
« Tchéhé ! Est-ce vraiment nécessaire monsieur l’agent ? Bien, je vais vous énoncer des vérités. » annonce d’une grande prétention Morgan qui dévisage de la tête aux pieds le soldat. Le médecin réajuste soigneusement le col du soldat et découvre déjà plusieurs petits détails à propos de l’homme en face de lui. « Vous êtes dans la Marine depuis peu n’est-ce pas ? Car votre uniforme n’est absolument pas usé avec le temps. De plus, vous devriez cacher le bas de votre cou. Je crois qu’une femme vous a laissé sa petite signature. »
Morgan sourit lorsque le bleu se met à rougir d’embarras. « Votre femme ? Ou peut-être votre maitresse ? » À sa dernière question, l’homme représentant la loi se met à paniquer. Le sorcier reprend une latte de son tabac, lève son regard au ciel, plisse ses mirettes comme-s’il cherchait des réponses à ses propres questions. « Vous avez retiré votre alliance autour de votre annulaire gauche à plusieurs reprises. Sinon le bijou ne comporterait pas de petites rayures aux extrémités. Sûrement pour cacher à votre maitresse que vous êtes marié… Peut-être est-elle blonde à cause du cheveu encore accroché à votre uniforme. »
Minutieusement, le roux attrape la brindille blonde, la montre au soldat et la laisse tomber sur le sol. « J’ai entendu un couple se plaindre que le voleur est parti dans cette direction. » indique Morgan en pointant le bec de sa pipe dans une rue quelconque de la ville.
Attrapant la petite main du Wok, Morgan s’éloigne du soldat en faisant la sourde oreille sur le mécontentement de l’homme de la loi qui reprend sa chasse. Parfois, Moreau devrait fermer sa bouche au lieu de cracher des vérités. Peut-être est-ce dû à sa manie de toujours vouloir avoir raison.
« Je vais t’amener à Loki et Abigail, au moins les deux sauront quoi faire. Tout cela devient follement intéressant. »
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Plus loin à Las Atlantik, dans un des casinos de cette ville encore en construction, Sherry Whitemane lance plusieurs dés sur une table de jeu en espérant obtenir le jackpot. Son jet de dés s’arrête en plein milieu du terrain et affiche un résultat extrêmement intéressant. Seulement, les tricheurs sont de sortie aujourd’hui. Un homme se trouvant sous la table, bien caché entre la nappe rouge fait bouger un des cubes de la renarde à l’aide d’une fine aiguille. Sherry ne remarque pas l’entourloupe car un autre homme travaillant main dans la main avec celui sous la table, détourne l’attention de la Mink en lui tapant la causette...
Après s’être fait avoir, la renarde désespère en perdant l’intégralité de ses jetons. On ose ensuite se moquer de la Mink qui est bien trop naïve aux jeux d’argent. Pour taire les rires malhonnêtes des tricheurs, Loki dépose tous ses jetons sur la table et mise un chiffre pair. S’il gagne, sa sœur n’aura aucune dette envers le casino. Attrapant un gobelet, déposant les carrés à l’intérieur, l’artiste qui cache sa réelle identité ainsi que son apparence à cause de sa prime secoue son verre et effectue un geste de bras pour ressortir les dés de leur cachette.
Son chiffre s’arrête sur un nombre pair. Avant que le tricheur sous la table n’ait eu le temps d’agir, Loki avance son pied sous la nappe tout en armant la lame rétractable se trouvant au-dessous de sa botte. Par son geste, ses dés ne bougent aucunement sur le tapis de jeu.
« Vous…vous avez gagné monsieur. Félicitations. » s’étonne l’arbitre tricheur qui se demande ce que fout son collègue.
Souriant malicieusement, Loki récupère les gains de sa frangine puis lance un regard furieux à Sherry. Ses cordes vocales ne vibrent aucun son. Pourquoi s’embêter à parler alors que son regard communique déjà les intentions de ce dernier à sa sœur qui est de ne plus jouer à des jeux en solitaire pour éviter les problèmes.
Mais bon, Loki a du mal à se faire obéir lorsque le canidé qui allait jurer de ne plus recommencer, découvre l’existence d’un autre petit jeu vraiment sympathique, surtout pour piéger les naïfs comme Sherry. Alors pour contrer ce gros problème, Loki Whitemane tire sa sœur par l’oreille à l’extérieur du bâtiment.
Tous deux finirent par rejoindre Abigail Drake, la cornue et nouvelle membre de la troupe. Cette resplendissante demoiselle faisait la manche en jouant de son luth tout en chantant ses plus belles musiques. Sa tirelire qui est un simple gobelet, déborde de pièces de Berrys. Une fois son chant terminé, la cornue oriente ses saphirs sur les billes annonciatrices de grêles de Loki et les émeraudes de Sherry.
« Vos mines font peur à voir. » annonce Abigail qui passe la sangle de son luth autour de son épaule.
« Nous n’avons rien gagné et c’est littéralement suicidaire avec Sherry qui perd sans arrêt aux jeux d’argent. » soupire Loki qui se frotte en même temps l’arrière de sa nuque. « À ce rythme-là nous n’arriverons jamais à acheter un bateau. »
« Nous sommes pirates, nous pouvons voler un navire. » chuchote la renarde qui croise ses bras sous sa poitrine généreuse et souffle sur une mèche rebelle qui titillait son museau.
« Oui, mais nous sommes sur une île affiliée au Gouvernement Mondial. Je suis même obligé de me déguiser pour éviter les problèmes. » proteste le pirate primé qui tapote le crâne de sa sœur pour qu’elle évite de sortir d’autres âneries. « Voler un bateau c’est impossible. »
Soudainement, un rugissement reconnaissable surprend le groupe de pirates. Il s’agit de Pickett, le petit Wok qui vient de reconnaître Loki Whitemane. Il se précipite dans une course vraiment comique, drôle et absolument pas crédible, surtout lorsque l’ourson-singe trébuche sur un pavé en milieu de chemin. Rancunier, l’indigène donne un coup de pied sur le pavé et gémit de douleur en se faisant mal aux orteils. Mais après tant d’effort, Pickett saute sur Loki afin de l’enlacer, comme un enfant retrouvant son père.
Il est tellement heureux de revoir le pirate, que le voleur ne lâche aucunement sa prise. Abigail est obligée de retirer l’aimant vivant pour permettre à Loki de se sortir de cet amour imprévu. Pendant ce temps, Morgan -qui vient de rejoindre le groupe- et Sherry sont pliés de rire, ce qui n’enchante pas vraiment le chef de la troupe.
Après quelques explications, Abigail fait comprendre au groupe que l’ourson ne souhaitait plus rester dans sa tribu après l’assaut de la famille Durwin. Il est donc monté dans la même barge qui a conduit l’équipage de Loki au royaume de Bliss. Ce dernier désire suivre le Clown Couronné, sans lui laisser le moindre choix. Loki comprend bien vite que le petit indigène est très têtu. Il doit être le genre d’individu à ne jamais revenir sur sa décision.
« Bien…si ton choix est de me suivre, je me plie à ta volonté. » capitule rapidement Loki qui comprend très vite qu’il n’aura jamais le dessus sur Pickett. « Bienvenue dans mon équipage. » dit-il en caressant tendrement le crâne du petit être.
« Oh j’allais oublier. » reprend Morgan qui ouvre son sac à main détenant divers composants louches et douteux ainsi que de plusieurs fournitures pour les premiers soins. « Ah, te voilà ! » continue le roux en sortant une affiche publicitaire enroulée soigneusement. « J’ai trouvé ça en ville. Si nous sommes toujours en manque d’argent, nous pouvons postuler pour ce cabaret. »
L’affiche publicitaire mentionne qu’un certain Patrick Gold Sebastián ouvrira demain soir pour la première fois son cabaret. Ce dernier est à la recherche d’artistes en tous genres pour animer sa salle de spectacle. De plus, l’homme qui est représenté sur sa propre affiche, détient dans ses mains un trésor inestimable aux yeux de Loki. Le Fruit du Démon de la Vie. Celui que Xander Whitemane cherchait depuis des années…avant d’être arrêté par la Marine.
️ Jawilsia sur Never Utopia
Dernière édition par Loki Whitemane le Ven 5 Mai 2023 - 8:02, édité 1 fois