Présentation de Dakeyras

Dakeyras est un homme d'âge mûr aux traits durs. Son visage est le parfait témoin d'une longue vie remplie d'épreuves qui ne l'ont pas épargné. Ne souriant presque jamais, il donne l'impression d'être perpétuellement pensif et son côté placide n'aide en rien de ce côté là. Se souciant assez peu de son apparence, il a décidé il y a longtemps de se laisser pousser les cheveux et la barbe. Les entretenant à peine, ils se contente généralement de les couper l'un ou l'autre quand ils poussent trop. Dans sa jeunesse, ses cheveux étaient noirs de jais, mais aujourd'hui, le temps ayant fait son œuvre, l'homme est grisonnant. Ses tempes sont presque blanches tandis que les reste de ses mèches sont de plus en plus grises. Sa barbe n'est pas non plus épargnée et témoigne plus encore de son âge. Dakeyras n'a aucun problème avec cela. Il ne considère pas les affres du temps comme une honte mais comme une étape normale de la vie qu'il a accepté depuis longtemps.

Pas spécialement musclé, le quinquagénaire est pourtant un homme robuste. Ayant longtemps subsisté à la sueur de son front, il a connu la peine du travail manuel et les affres du combat. Son corps est le miroir de sa longue expérience et ses nombreuses cicatrices sont d'une grande éloquence. Les mains du père de famille sont également particulièrement rugueuses. Lorsqu'il salue quelqu'un, la personne peut aisément se dire qu'elle fait face à un artisan ou un ouvrier. Ni trop grand, ni trop petit, Dakeyras ne se démarque pas spécialement par sa taille. Ni par quoi que ce soit à vrai dire. Bien que cela ne soit heureusement pas encore régulier, l'homme commence par ailleurs à ressentir les effets des rhumatismes. De prime abord, il s'agit d'un quinquagénaire assez banal.

La démarche de l'homme est assurée mais lente. Il avance à la façon d'une personne qui sait où elle va mais ne se presse pas. Sa voix rauque témoigne quant à elle de son passé de fumeur. Bien qu'il ne touche plus à la cigarette depuis longtemps, cela s'entend toujours. On peut également se douter de cela en observant le bout de doigts, toujours légèrement jaunis.

En temps normal, le vieil homme s'habille avec des vêtements sombres. Il aime le noir mais n'a rien non plus contre le bleu très foncé. Dans ces teintes, il porte généralement de longs manteaux en dessous desquels se trouvent des habits dignes de la classe moyenne victorienne. Pas spécialement coquet, il a pris pour habitude de soigner un minimum son apparence pour sa femme, mais n'est en rien un féru de mode.

Ce n'est que lorsqu'il cherche à se faire discret que Dakeyras se démarque. Enfilant une capuche, il dissimule alors son visage derrière un masque qu'il a lui même conçu. Semblable à une tête de mort en acier, l'objet ne permet pas de discerner le moindre trait distinctif de son porteur. Les yeux sont masqués et la voix habilement transformée pour devenir crépitante et métallique. Vêtu de la sorte, il est totalement impossible de découvrir qui se trouve derrière le masque, du moins par des moyens conventionnels.

Le vieux Dakeyras est un idéaliste, c'est le terme qui le définit le mieux. Homme têtu et déterminé, il vit selon ses propres principes et n'y déroge jamais. Le plus important de tous, celui qui a conduit ses pas durant les dernières décennies, est qu'il s'interdit catégoriquement de prendre la vie de qui que ce soit. S'agirait-il du pire des tyrans qu'il se refuserait malgré tout de le tuer. Cette façon de penser est absolue et il n'y dérogera jamais. Ce n'est pas pour se plier à la loi, après tout il lui arrive fréquemment de la violer. La vérité est qu'il est persuadé que le meurtre ne peut qu'apporter de mauvaises choses. Persuadé en cela par son expérience personnelle, il se fait un devoir de prêcher cette croyance à qui veut bien l'entendre. Selon lui, il y a toujours une autre façon de se débarrasser de quelqu'un que de le tuer. La mort est ne devrait jamais être donnée, qu'importe la justification. Pour Dakeyras, tuer son prochain ne peut que conduire à un cycle vicieux de haine perpétuel qui gangrène le monde depuis la nuit des temps.

Convaincu que le monde doit être purifié, le quinquagénaire estime que cela ne peut passer que par une évolution des mœurs en profondeur. Pour lutter contre la violence, la cruauté et la haine, il faut selon lui briser la roue vicieuse qui tourne sans cesse pour les alimenter. Le Gouvernement Mondial est pour lui un tyran qui opprime nombre de personnes de part le monde, mais également une structure qui permet à une large majorité de vivre plus ou moins bien. Ce n'est pas le système dans son intégralité qui doit disparaître mais ses meneurs qui doivent être remplacés. Telle est la façon de voir du vieil homme, mais bien qu'il soit idéaliste, il reste lucide et se doute bien qu'une telle chose ne sera jamais possible. Au lieu de cela, il s'efforce de faire évoluer les choses comme il le peut, à son petit niveau, de la façon qu'il estime être la plus saine.

Longtemps sympathisant des idées révolutionnaires, il n'est cependant pas toujours d'accord avec leur méthodes. Goa est pour lui le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Le nom même de l'organisation lui pose problème. Armée est un terme qui le dérange au plus haut point car il implique de manière claire une confrontation militaire, ce qui ne peut conduire qu'à toujours plus de morts. De plus, même en renversant le pouvoir sur une île affiliée au gouvernement mondial, les terribles représailles représentées par le buster call font qu'il est persuadé que l'opposition directe n'est pas souhaitable. Totalement indépendant, Dakeyras se tient donc loin de l'armée révolutionnaire.

En aucun cas bêtement dogmatique, le quinquagénaire n'est pas non plus un homme manichéen. Il estime que l’appartenance à un camp ne veut rien dire. Persuadé que l'environnement est un moule pour la psyché des individus, il pense qu'en le faisant évoluer, il peut aider les gens à s'améliorer. Selon lui, si une personne est mauvaise ou se conduit mal, c'est souvent le fruit de l'environnement dans lequel elle évolue et assez peu souvent en raison de sa nature inexorablement mauvaise.

En bon père de famille, Dakeyras se fait un point d'honneur de protéger les siens. Il a longtemps travaillé dur pour leur offrir le meilleur qu'il pouvait avoir. Sa femme lui a permis de s'améliorer et en cela il lui est extrêmement reconnaissant. Longtemps fou amoureux, il est aujourd'hui plus mesuré, son amour s'étant mué en une profonde affection teinté d'un respect à toute épreuve. Fidèle à sa femme, il ne l'a jamais trompé et n'a de toute façon jamais été très intéressé par la chair.

Malheureusement, le vieil homme n'a pas que des qualités. Sans être totalement alcoolique, il est vrai qu'il a un penchant prononcé pour la boisson. Fort heureusement pour ses proches, il a l'alcool triste et ne se montre jamais violent une fois ivre. Le jeu est également une profonde addiction dont il ne s'est jamais débarrassé et qui le hante encore aujourd'hui. Ne pas succomber à son envie de flamber est pour lui un combat de tous les jours qu'il ne gagne malheureusement pas toujours. Peu loquace, Dakeyras n'est pas non plus quelqu'un de très drôle. Grand taiseux dans l'âme, il est austère et parfois difficile à vivre.

Dakeyras est né sur Las Camp il y a de cela un bon demi-siècle. Ses parents étaient pauvres et subsistaient misérablement. Tous deux travaillaient comme ouvriers au chantier naval de l'île. La vie était particulièrement difficile pour eux, mais ils s'aimaient. Sots qu'ils étaient, ils pensaient que leur amour serait suffisant pour élever convenablement un enfant. Comme ils se trompaient. Depuis sa plus tendre enfance, le garçon connut la faim, le froid et l'insécurité. Rien de bon n'arrivait jamais à cette petite famille largement exploitée par les puissants de l'île. Se tuant à la tâche jours après jours, sa mère attrapa la tuberculose quand il n'avait que six ans. La maladie la laissa terriblement affaiblie et son agonie dura de longs mois avant que la mort ne vienne la libérer. Le père de Dakeyras ne fut plus jamais le même après cela. Pour ne rien arranger aux clichés habituels, il sombra dans l'alcool, dilapidant irraisonnablement ses faibles revenus dans la boisson. Par chance, il épargna à son fils la violence qui accompagnait souvent l'alcoolisme dans ce genre de cas. Malheureusement, la vie n'en devint que plus dure pour l'enfant. Délaissé par un père ayant sombré dans une profonde dépression et ne subsistant plus que partiellement à ses besoins, il fut contraint de se mettre à voler. Gosse des rues comme tant d'autre à Las Camp, il évoluait avec une petite bande qui chapardait du mieux qu'elle le pouvait. Souvent, le garçon se faisait attraper et rosser violemment, mais par chance, avec le temps, il arrivait à s'améliorer. Grandissant ainsi, dans un monde hostile où rien ne semblait chercher à lui rendre service, il se transforma petit à petit en petite frappe puis en voyou des bas quartiers. Son père tenta de le ramener dans le droit chemin et l'obligea à prendre un poste d’ouvrier au chantier naval. Dakeyras accepta de faire cet effort pendant quelques mois, mais il n'y trouvait pas son compte. Le travail y était trop difficile et ne rapportait pas assez.

Retournant naturellement vers la voie de la criminalité, l'adolescent se fit recruter par une mafia locale. Il n'était alors qu'un sbire sans la moindre importance, rien de plus qu'un larbin destiné aux tâches les plus indignes. Pour le compte de son riche parrain, il extorquait, menaçait ou passait à tabac des membres de groupes rivaux. Plusieurs fois il manqua de perdre la vie lors d'une bataille mal engagée, mais sa bonne étoile le protégea à chaque fois. Pour lui, la vie n'était pas vraiment plus facile, mais au moins il gagnait un peu mieux sa croûte qu'au chantier. Très lentement, il commença à faire ses preuves et se fit remarquer par un proche du chef. Ce dernier souhaitait faire de lui un de ses gros-bras. La perspective était alléchante, évidemment, une meilleur position étant synonyme de plus d'argent et de plus de respect de la part de ses pères. Pour faire ses preuves, on lui demanda d'aller assassiner un lieutenant d'une mafia concurrente, ce qu'il accepta sans la moindre hésitation. Prenant sa cible par surprise, il lui trancha la gorge avant de jeter son cadavre au beau milieu des rues de Last End. Ce dont il ne se rendit pas compte, c'était qu'un jeune sbire de ladite mafia l'avait vu, et ce dernier décider de le suivre. Apprenant où il vivait, il fit son rapport à ses supérieurs. Le lendemain, en revenant chez lui, Dakeyras trouva son père allongé dans une marte de sang, la gorge tranchée lui aussi. Le message passé était clair: une vie pour une vie. L'adolescent ne comprit pas de suite cette leçon, au lieu de cela, il décida bêtement de succomber à la haine qui l'assaillait. Mettant à son tour ses supérieurs au courant, il en résultat rapidement une guerre ouverte entre les deux groupes qui se termina dans le sang. Dakeyras manqua de peu de se faire éviscérer tandis que la mafia pour laquelle il se battait fut décimée. En danger sur son île, il décida donc de la quitter incognito en montant sur un navire marchand.

Sans le sous, traumatisé par les récents événement et dorénavant orphelin, l'adolescent se retrouva sans trop savoir comment sur Poiscaille. N'ayant pas la moindre envie de se mettre de nouveau en danger, il se trouva un travail dans une conserverie locale. Une fois encore, la tâche était difficile, mais elle avait le mérite d'être un peu plus lucrative qu'au chantier naval de Las Camp. Ce qui l'embêtait le plus, c'était l'odeur de poisson perpétuelle qui lui collait à la peau. Tout n'était pas rose, c'était évident, mais il faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Malheureusement après plusieurs années, l'appât du gain le fit mettre sur pied un trafic de conserves volées. L'entreprise fut profitable pendant plusieurs mois, jusqu'à ce qu'il se fasse découvrir. Dénoncé par son employeur, Dakeyras fut mis aux fers et envoyé à Tequila Wolf après un procès éclair.

La vie sur le bagne s'avéra particulièrement difficile pour le jeune homme, même après tout ce part quoi il était déjà passé. Le froid était terrible et il avait le plus grand mal du monde à s'y habituer. Durant près de cinq ans, il travailla comme bagnard, se tuant à la tâche tous les jours. Plusieurs fois, il tomba malade et ne dut sa survie qu'à une chance immense. Le temps passé là bas l'endurcit plus encore qu'il ne l'était déjà, mais jamais il n'y vit pour autant une bonne expérience.

Tequila Wolf étant le symbole de l’autoritarisme et de l'injustice du Gouvernement Mondial sur les blues, il arrivait parfois que l'Armée révolutionnaire vienne y faire quelques coups d'éclat. Ce fut lors de l'un d'eux que le pauvre Dakeyras fut libéré. Comptant parmi la centaine de prisonniers chanceux libérés, il quitta le bagne sans se retourner. Son passage en prison le marqua profondément et il se jura de ne plus jamais y retourner.

Vagabondant sur les mers pendant plusieurs mois en enchaînant les petits boulots, l'homme arriva finalement sur Zaun. L'endroit était évidemment idéal pour un homme comme lui et il se débrouilla bien en dépit du fait qu'il n'était qu'un étranger. Retournant dans ses travers, il usa un temps de la force avant de se rendre compte qu'il avait un certain intérêt pour l’ingénierie et les innovations technologiques locales. Apprenant sur le tas, il resta quelques longues années sur place avant de se mettre à dos quelqu'un de trop puissant pour lui. Contraint de quitter l'île, il erra une fois encore sans réellement savoir où aller.

Afin de tirer au mieux parti de ses talents, Dakeyras décida de se devenir chasseur de primes. Tuer pour de l'argent n'était pas très glorieux, mais la chose était plus facile qu'elle n'en avait l'air quand on s'attaquait à de petits poissons. Les primes n'étaient certes pas grandes, mais elle avaient le mérite de lui permettre de vivre correctement. Privilégiant la traque et l'assassinat aux assauts frontaux, il évoluait plus comme un tueur à gage mandaté par la marine que comme un chasseur de primes classique.

Durant un temps, l'homme continua cette vie, jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre de la femme qui changerait sa vie à jamais. De passage sur Kage Berg, il fit connaissance avec une jeune fermière dénommée Miranda. Ils tombèrent rapidement amoureux et ne purent plus se séparer l'un de l'autre. Bien qu'elle ne soit qu'une paysanne, Miranda était une femme très intelligente et cultivée. Elle passait le plus clair de son temps à libre à lire et était une véritable mine de connaissances. Son esprit séduisit Dakeyras plus que tout le reste et il ne tarda pas à demander sa main. La jeune femme accepta et ils s'installèrent dans une ferme rien qu'à eux que le chasseur de primes paya avec ses économies. Ensemble, ils se mirent à élever des vaches et faire du fromage. Cette vie était simple et agréable et elle convint tant à Dakeyras qu'il décida finalement de se débarrasser de sa licence après quelques mois. Bien vite, le couple eut des jumelles, la prunelle des yeux de leurs parents. Finalement heureux, l'ancien voyou changea d'années en années pour devenir un tout autre homme.

La petite famille eut droit à près de deux décennies de bonheur et de tranquillité sur la paisible île agricole. La vie y était belle, simple et tranquille. Malheureusement, le passé de Dakeyras le rattrapa quand un équipage pirate accosta sur l'île. Les forbans se firent d’abord discrets, mais leur capitaine ne manqua pas de reconnaître le fermier. En effet, vingt ans plus tôt, c'était lui qui avait tué son père avec qui il naviguait et qui l’avait livré à la Marine qui l'avait envoyé à tequila Wolf. Fou de rage, le pirate fit suivre Dakeyras. Découvrant où il vivait, il le suivit et attendit la nuit pour attaquer. Avec ses hommes, il prit la ferme d'assaut et y déclara un incendie. Fou de rage, le père de famille sortit pour se débarrasser des forbans. Après un combat difficile, il emporta la victoire. Sur le point d'achever le capitaine, il entendit les hurlements de sa femme qui le suppliait de venir l'aider. Délaissant sa cible, Dakeyras brava les flammes et vit avec effroi que ses filles étaient en grand danger. L'une était face contre terre et l'autre coincée sous une poutre. En compagnie de sa femme il aida celle coincée avant de prendre la seconde sur son épaule. Quand ils quittèrent la bâtisse en feu, l'homme se rendit malheureusement compte que la plus jeune avait été intoxiquée par les fumées.

Traumatisé par la mort d'une de ses filles et la destruction de son havre de paix, le vieil homme comprit réellement à quel point la haine, la vengeance et le meurtre étaient des fléaux pour ce monde. Sa femme se retint de l'accabler directement, mais leur amour prit un grand coup suite à cet événement. Après avoir livré les pirates aux marins sur place, à qui il en voulait de ne pas les avoir protégé lui et sa famille, il se promit de ne plus jamais tuer personne. La famille tâcha au mieux de rebâtir la ferme, mais ce n'était plus pareil. Terriblement affectée par la mort de sa sœur, Marie, décida de s'engager dans la marine et quitta le domicile familiale quelques mois plus tard. Seul avec son épouse, Dakeyras sentait qu'il ne pouvait plus se contenter de cette vie. Il avait besoin de faire quelque chose de plus grand. Pour lutter contre la tristesse liée à la mort de sa fille, il voulait faire changer le monde en profondeur. Cela n'était qu'un doux rêve, mais il en avait terriblement envie. Après en avoir longuement parlé à sa femme, il décida de retourner sur son île natale. Il se rendit rapidement compte que la situation était différente de celle qu'il avait connu lors de son enfance, mais que les choses étaient encore très loin d'être parfaites. Faisant la navette pendant quelques temps entre Las Camp et Kage Berg, il décida finalement d'agir, laissant à Miranda le soin de s'occuper de la ferme. Embarquant avec lui le masque qu'il avait créé sur Zaun, il décida de ne jamais révéler son identité quand il agirait sur place afin de ne plus mettre sa famille en danger.