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Tarentule, l'idolâtre d'Arachné

La vie en mer est pleine de compromis pour l’agent Tarentule. Chacun doit se montrer utile, et donc travailler, nettoyer ou réparer. Abigaël coud avec son amie la Fée Maya. Elles brassent beaucoup de travail à deux. Les demandes de raccommodage de draperies, de voilure ou de vêtements sont leur spécialité. Parfois, on demande à la blonde d’aider pour les cordages. Elle s’est intégré au petit univers de ce navire nommé l’Indompté.

Seuls les besoins de base sont pourvues, donc Aiyana, la cuisinière, leur fait une soupe de pommes de terre fade avec du pain, parfois. Autant dire que les sucreries et les bonnes tasses de thé vont devenir un souvenir lointain. Tout surplus doit être payé de sa poche. N’ayant pas accès à sa paye d’agent pour des raisons évidentes, la bourgeoise essaie de se contenter avec peine.

Elle décharge toute sa frustration sur le mousse dont elle tourmente de farces en tout genre pour se divertir. Dans ces conditions assez éprouvantes, Tarentule a naturellement développé une angoisse. Ayant vu les ravages du scorbut au plus proche, la blonde est effrayée d’en être victime. Elle a donc commencé une quête de multiples fruits en tout genre avec Maya pour pallier la moindre carence.

Le bateau qu’est l'Indompté est un des éléments de la flotte du Grand Corsaire. Les autres navires qui l’entourent suivent tous le Boréa, Cochon vert géant de Ren, en tête de file. Cet homme semble avoir gagné la confiance du Capitaine. Il est à présent son second. Le Sablonneux étant lui-même absent de sa propre flotte, avec quelques hommes pour une histoire de vengeance, Ren a pris les commandes. Tarentule a d’abord trouvé cela étrange qu’un Capitaine parte sans son équipage même pour bouter d’autres pirates en vitesse.  La flotte attendra le retour des hommes de main du Capitaine qui l'ont aidé à atteindre son objectif, lors de la prochaine escale. Tout ceci est un peu flou mais, il semble qu’Azeglio a une grande confiance en ses capacités. Les Sandstorms se dirigent, donc, vers Myriapolis pour amarrer sur son port un temps.

Une véritable aubaine pour cette fan des araignées ! Cette île, elle a toujours eu le désir de pouvoir la visiter autrement qu’à travers des rapports. Tarentule connaît les coutumes et la situation politique, au bout des doigts. Cela fait quelques années que les tentatives gouvernementales ont cessé sur ce domaine des insectes. L’assassinat d’un agent prometteur par le traître Red a sonné le glas de tous projets de main mise. D’autres priorités ont supplanté ceux-ci, car, même si le revanchisme du CP9 poussent à de nouvelles tentatives, les gains sont trop relatifs et l’effort trop important. La jeune blonde avait abandonné l’espoir d’avoir des missions à ce sujet.

Aujourd’hui, un de ses rêves se réalise. Dès qu'elle a eu la nouvelle, l’agent s’est enfermé dans sa cabine avec son amie pour se préparer un costume typique nourrissant tous ses fantasmes. Déjà qu’elle était souriante, maintenant, ces rires ne s’arrêtent plus.

Maya, Maya! Comment tu me trouves ?!
-Euh… ce n’est pas vraiment mon style.
-Allons, tu peux être franche. Je ne vais pas te croquer. Hihi!
-Honnêtement, cela me dégoûte un peu…
-Gnihihihi! Parfait!
-Sur ce coup, je ne comprends pas tes goûts.
-Rares sont ceux touchés par la grâce de l’Araignée, ma chère. Hihi !
-Que la Fée de Noël m’en préserve.
-Que tu es médisante, aujourd’hui. Que t’arrive t’il?
-Rien, rien.
-Voyons, cela s’entend que tu meurs d’envie de te plaindre.
-Djaymily est venue me voir, ce matin.
-Oh? tu intéresses les grandes pontes. Etonnant. Ahah!
-Pff… c’est plutôt le contraire. Je me sens inutile. Elle m’a dit : c’est bien beau de refaire des gardes robes, mais dans la grande famille Sandstorms, il faut aussi savoir prendre des risques. Je crois qu’elle pense à me virer.
-Tiens donc. Elle semble plus alerte en ce moment. Hihi!
-Mais je sais pas me battre moi !
-Hum, probablement, devrais-tu flatter un peu son égo?
-Comment ? Je ne suis vraiment pas doué pour ça.
-Fais lui des cadeaux. Essaie de lui offrir des nouvelles chemises et des peluches à son effigie. On ne sait jamais.
-Ah, oui ! Quelle merveilleuse idée ! Je vais faire ça pendant ton escapade, dans ce cas.
-Pas si fort.
-Oui, oui.


Suite à ces échanges, Abigaël se change à nouveau pour son style de pirate, mettant sa combinaison dans son coffret à lanières. Il y a de l’animation sur le pont. Djaymily, le quartier maître, semble crier des ordres. La jeune pirate rejoint donc la majorité des Oubliés sur le pont. Des drapeaux blancs sont hissés à la vue des navires de Myriapolis. La flotte du Grand stratège de l’île aux insectes, Santiago, approche et encercle prudemment les nouveaux arrivants. Il aborde le Boréa où il semble négocier avec Ren.

Les discussions semblent interminables pour la Tarentule. Son impatience ne fait que grandir sous ce ciel dégagé. Djaymily se met soudainement à appeler une ralliement sur le pont.

Ren a enfin terminé le blabla diplomatique! On va pouvoir rentrer au port mais, ils nous auront à l'œil. Le premier qui provoque le moindre problème sera jeté dans la fosse aux Gigamenthes Religieuses et on ne viendra pas le sauver. Comme me l’a dit Ren, on profite de ses jours pour vendre nos butins. Si vous trainez, tant pis pour vos gueules ! Vous allez trimbaler vos babioles immondes de Karantane encore longtemps.

Une des Oubliés lève le bras pour prendre la parole.

“Du coup, c’est quartier libre?
-Ah ah, c’est tout ce qui vous intéresse, comme d’hab. Oui, ce sera quartier libre pour tous, une fois arrivé au port de la Ruche !
-Wouuuuhh!”
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Escortés par Santiago et son armée, les Sandstorms approchent le port de Myriapolis. A peine le Borat accosté, qu'un essaim de gardes royaux chevauchant des abeilles géantes l'encerclent. La Reine Maya est fidèle à sa réputation. Une telle créature exotique a certainement attisé sa curiosité maladive. L'animation commence déjà dans le port, et Abigaël plaint Ren qui doit gérer sa Majesté déjà perchée sur le groin du Cochon géant.

L'Indompté et les autres navires bénéficient d'une plus grande tranquillité pour le moment. Cependant, au vue de l'extravagance de certains, ce n'est qu'une question de temps avant que La Reine des abeilles finisse de jouer avec le Borat pour visiter les autres navires. La blonde est l'une des premières à prendre ses affaires pour quitter le bateau. Les yeux brillants, son tourisme commence, enfin.

Entrant dans cet immense bloc de roche creusé, Abigaël découvre sous ses yeux ébahis une cité où la circulation aérienne est abondante, où l'allure des locaux feront pleurer de peur le moindre enfant des Blues et où la profondeur de la galerie centrale fait sentir bien insignifiant. Mieux que les rapports froids des archives ! La population grouille de partout. Elle semble tellement agitée. En progressant, Tarentule pose son regard sur une sorte de stand. Il y est entreposé de multiples sculptures de bestioles en tout genre, notamment une araignée, et même un buste de la Reine Maya. L'homme bourdon lui sourit.

"Bienvenue à la Ruche, étrangère ! Mes œuvres vous intéressent? Je n'ai plus qu'un buste de notre Reine, le dernier, cela se vend très bien. Ce serait un superbe souvenir, non?
-Je vous remercie, mon cher. Cependant, cette sculpture m'intrigue. Elles se vendent bien aussi."


La pirate pointe du doigt l'unique représentation d'araignée du stand. Le sculpteur passe sa main derrière la tête avec un sourire gêné.

"Hé hé… eh bien, comme chaque année, sa Majesté invite la Reine des araignées au festival. Elle demande donc de ne pas les oublier. Comme toujours, aucune habitante de la forêt ne vient, et ces choses ne se vendent pas vraiment.
-Le festival ?
-Vous n'êtes pas ici pour cela? Quelle chance d'y être au bon moment. Nous sommes en plein Festival du Miel.
-Oh! Cela explique toute cette agitation.
-C'est la coutume après les récoltes. Le festival est déclaré par sa Majesté, puis des stands, des jeux et des représentations diverses s'enchaînent.
-Je vois. Vous dites donc que cette petite chose ne se vend pas. Je peux vous en débarrasser en échange d'autres curiosités."


Clairement, les festivités des bouffeurs de pollens n'intéressent pas le moins du monde la pirate. Seule cette sculpture arrive à capter son attention. Décrochant la lanière de son coffre, elle fouille à l'intérieur pour y sortir une idole de serpent en or. Le regard du bourdon s'écarquille. Sentant la joie du vendeur monté, la Tarentule préfère couper ses appréhensions.

"Ce n'est que du plaqué or, l'essentiel semble être du bronze ou un alliage.
-Ah. Cela reste tout de même intéressant, je peux vous faire un lot de trois. Une fourmi, une abeille et l'araignée.
-L'araignée suffira. Hihi !
-Comme vous voudrez.
-Parfait !"


L'échange est effectué. L'homme bourdon contemple cette idole avec l'oeil d'un artiste inspiré. La pirate range sa nouvelle acquisition avec le sourire.

"Oh! Une dernière chose. Savez-vous où puis-je trouver une carte de l'île ?
-Une carte de toute l'île? Hum. Aller donc voir le service postier peut-être, pourront-ils vous aider."

Le bourbon se penche en dehors de son stand pour pointer une direction du doigt.

"Vous voyez, ce grand rassemblement, là-bas?
-Tout à fait.
-Pas loin, il y a une station Beillebus. Demandez d'aller à l'Antenne, c'est sur sa ligne.
-Parfait, merci!"

Abigaël s'engouffre pleinement dans cette immense galerie pour se mêler à une foule en prolifération. Elle lève les yeux et remarque une estrade. Forcément, il y a un spectacle pile au moment de son arrivée, pour lui encombrer son passage. Toutes sortes d'insectes sont utilisés comme instruments et amplificateurs. Sans plus s'en intéresser, la blonde fend au travers de la masse pour trouver ma fameuse station. Pendant de son labeur, la musique commence et les spectateurs s'agitent.




Abigaël réussit à s'extirper de la foule et repère en effet un panneau indiquant la ligne 1 Beillebus. Elle y voit des libellules déposés des personnes en nombres mais aussi des abeilles transportant des duos. La ligne descendante semble saturée, alors que la montante est pratiquement déserte. Elle s'approche d'un monteur d'abeille, un peu bougon, et lui tend une sorte de bracelet en argent parsemé de rubis.

"Bonjour, mon cher. Pourriez-vous m'emmener à l'Antenne? Je paye avec ce bijou.
-Attends une seconde. Qu'est-ce qui me dit que c'est pas de la camelot, votre truc?
-Hum, mon beau sourire? Hihi!
-Bien essayé. Mais je ne marche pas.
-Bon, et avec ceci?"

La pirate sort cette fois de son une petite pierre de jade dont la valeur est grandement inférieure au lourd bracelet. Le chauffeur plissé les yeux en approchant cette pierre de son visage.

"Du jade ! C'est bien trop pour un simple trajet !
-Ah ! Vous avez l'air de connaître. Prenez le.
-Évidemment, c'est la pierre préférée de notre Reine! Vous n'avez pas d'argent sur vous. Très bien, j'accepte. Montez!"


L'homme bougon devient en instant extrêmement enjoué et souriant. Abigaël grimpé avec un peu d'hésitation sur l'abeille. Elle n'a jamais fait cela auparavant.

"Alors, vous avez une lettre à poster, c'est ça ?
-Non, je voudrais une carte de Myriapolis.
-Ah mais vous savez, ce sont principalement des cartes olfactives. Vous savez les lire?
-Comment ça ?
-Elles fonctionnent aux phéromones. Nous apprenons dès notre enfance à comprendre ce langage, mais, pour les étrangers, cela peut être compliqué.
-Voilà qui est embêtant.
-D'habitude, rares sont les étrangers voulant quitter le canyon. Le désert est rempli de danger. Si vous voulez aller à la Fourmilière, il y a des convois souterrains organisés quelques fois. Avec un peu de chance…
-Et pour la forêt des Toiles?
-Quoi? Vous êtes pas sérieuse ?
-Hihi! On ne peut plus sérieuse.
-Vous voulez mourir?
-Mais non, j'aime braver les dangers.
-Vous ne réalisez pas ce que la forêt réserve aux aventuriers. Mais je vous aurais prévenu. Si ce n'est pas la forêt qui vous tue,  les araignées vous termineront.
-Oh oh! Vous n'avez pas besoin de me vendre l'endroit, je compte déjà mis rendre.
-C'est votre choix."

Sans prévenir, le chevaucheur d'abeille s'envole dans les airs. Quittant la Ruche par une des fentes prévues à cet effet, Abigaël est ébloui par la lumière naturelle du jour..

"Qu'est ce que vous faites?
-Je vous conduis à la lisière de la forêt.
-Mais vous suivez pas seulement la ligne.
-C'est pour les Libellules, ça. Nous, la destination nous suffit et le prix est négocié. Vous avez largement payé pour ce trajet.
-N'est ce pas trop loin?
-Un peu, mais je ne suis pas d'humeur à la fête. Envoyer une étrangère au suicide me changera les idées.
-Hihi! Que vous êtes aimable."
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Quelques temps passent. Le trajet à travers l’air chaud du désert est silencieux. L’homme insecte n’est pas très bavard. Il est d'ailleurs difficile de déterminer à quelle espèce il se rapproche. Peut-être une mouche sans ailes? Abigaël ne cherche pas à faire connaissance plus que cela et s'émerveille devant les bestioles visibles à la surface. Leur gigantisme permet de contempler des détails qu’elle n’aurait pu voir autrement. Dire qu’au retour, elle va devoir essayer de toute leur échapper. Parfois, le duo croise des patrouilles sur le chemin. Le chauffeur effectue un simple salut à l’occasion. Les soldats, ici, sont bien peu intrusifs. Il faut dire qu’une paix est instaurée sur l’île par l’équilibre des puissances. La forêt d’arbres géants se pointe enfin sur leur champ de vision. Dès cet instant, le pilote atterrit, soulevant un nuage de poussière. La blonde fait la moue.

N’aviez-vous pas dit que nous atteindrons la lisière de la forêt?
-Oui, on y est.
-A 500 mètres près, tout de même. Hihi!
-Estimez vous heureuse. D'habitude aucun BeilleTaxi n'accepte d’entrer dans la zone à risque.
-La zone à risque?
-Tous les alentours de la forêt sur une longue distance sont considérés comme dangereux. Des bestioles traînent et certaines très agressives. Les plus menaçantes pour les abeilles sont chassées par des patrouilles comme vous venez d’en croiser. Heureusement, le festival renforce la sécurité dans cette zone. D’habitude, cela grouille.
-Je vois. Plus qu’à continuer à pied. Avez-vous d’autres informations utiles?
-Je suis chauffeur, pas aventurier suicidaire. Donc à part écrire votre testament, je ne vois pas.
-Hihi! Que vous êtes amusant.
-Plus sérieusement, ne mangez rien qui pousse dans cette forêt, préférez la chasse. Et surtout, ne provoquer aucune habitante! Ne leur adresser même pas la parole. Si vous avez besoin d’un contact, les mâles sont à privilégier. C'est ce qu'on dit.
-C’est noté! Merci pour tout, monsieur. A la prochaine.
-Oui, s’il y a une prochaine fois…


Sur ses mots d’adieu, le BeilleTaxi reprend rapidement son envole vers la Ruche. La jeune femme le regarde s’éloigner. Elle vérifie les alentours désertiques, puis se décide à changer de costume grâce au relooking instantanée ! Fini, Abigaël la pirate, place à Tarentule l’araignée. Le cœur qui bats à la chamade, un grand sourire aux lèvres, la blonde laisse le coffret sur place pour n’emporter que le nécessaire. Ses fils et une sacoche dorsale assortis au noir profond de sa combinaison.

Après une longue marche, l’agent du Cp s’engouffre dans la forêt de tous les dangers, peinant à contenir son excitation.

Son expertise de cette île est mise à l’épreuve dès ses premiers pas. Par deux fois, des champignons vénéneux ont failli être écrasés sous son pied. Ce ne sont pas des champignons classiques, le simple contact pour faire pourrir la peau comme une lèpre. Tarentule monte déjà d’arbres en arbres à la manière d’une araignée pour éviter ce genre de désagrément. Elle a beau avec quelques connaissances, la jeune femme peut tout à fait finir ses jours dans cette horrible forêt. En couverture, les coordinateurs ne sont pas là pour la contenir. D’où cette aventure inconsidérée dont, si jamais cela venait à ce savoir, on lui passerait un bon gros savon.

Les arbres sont aussi le domaine de chasse de certaines bestioles. En se réceptionnant sur une branche à découvert juste au-dessus d’un étang, elle a malencontreusement attiré l’attention d’un moustique géant. La créature fonce sur la blonde avec une vitesse fulgurante. Tarentule ploie son corps en arrière pour s'agripper sous la branche esquivant la trompe de l’animal. Un deuxième moustique géant surgit des feuillages pour l'acculer. Plaqué à cette branche géante, les pattes de la bestiole limitent les mouvements de la proie. Le monstre tente de piquer le crâne, puis le torse et le bassin, mais la souplesse de la blonde rend toutes ses tentatives infructueuses. Pendant ce temps, ses fils ont déjà pris les pattes de son assaillant. Elle le repousse violemment avec ses jambes. L’autre ne tarde pas à tenter sa chance. Frôlant les cheveux de sa victime, son pic se plante dans le bois. Les fils qui accrochent les pattes du premier s’enroulent autour du cou du second. Tarentule se met à rire avant de sauter sur une nouvelle branche. Le vol des moustiques est gêné par leurs liens, mais leur vitesse est toujours aussi élevée. Fonçant de part et d’autre de la branche, les fils se prennent dedans. Une tête et quatre pattes s’arrachent en plein vol. Les corps lourds des moustiques s’écrasent pitoyablement au sol. La tête et les pattes pendent, sous la Tarentule perchée. Elle ricane fort malgré son souffle. Cette expérience l'a beaucoup amusé. S’emparant d’une des pattes, la faim commence à chatouiller son estomac.

Gnihihi! Je n’ai jamais goûté de moustique. Cela ne doit pas être aussi fade que la soupe d’Aiyana.

En réalité, cela l’est bien plus. Surtout cru. La jeune n’a pas eu le courage de continuer sa bouchée. La bourgeoise veut jouer les dures, mais son palet lui refuse. L’instinct de la jeune femme l’alerte soudain. Elle entend des feuillages frémir. Elle est observée. Ses rires ont dû attirer d’autres créatures. Une ombre sort soudainement des hauteurs pour frapper la blonde. De justesse, celle-ci parvient à s’éloigner de l'attaque.

Tarentule se met en garde en déployant ses fils. Identifiant son adversaire, elle observe une femme avec les mêmes attributs que les siens. Des mandibules sur la tête, des pattes d’araignée dans le dos, des cheveux bleus et les poings parsemés de piques, sûrement induit de poisons. Enfin une membre du peuple araignée ! Cependant, il semble que la blonde ait fait sa première erreur.

Qu'est ce que tu fout sur notre terrain de chasse ! La rivière, c’est pour les Atrax !
-Oh! C’est donc ton clan. Toutes mes excuses…
-Ta gueule! Je t’ai jamais vu, tu sais pourtant ce qu'il en coûte de tuer nos proies!
-Calmons nous, voyons. Je vous laisse…
-Non! Je vais écraser ton petit visage pour remettre ta lignée à sa place.


La Tarentule est sur le point de commencer une guerre de clans. L’outrage de profaner le terrain de chasse d’un autre clan peut aisément créer un litige et des affrontements. Cependant, la réaction de cette jeune araignée semble exagérer. Une nouvelle personne s’interpose avant que le duel recommence. Une femme araignée, d'âge mure, au teint très pâle et aux petits yeux. Des cicatrices parcourent la plupart de son corps. Elle est rapidement suivie par un groupe de cinq autres Atrax. D’une voix très calme, la médiatrice semble rabrouer l’araignée aux cheveux bleus.

Tu es bien trop énergique pour ta première chasse. Autant de témérité te mettra avec les nôtres en péril.
-Mais Mère…
-Tache de te faire petite, notre rixe contre les Heteropoda ne t’a pas suffit.
-... hum.

Tarentule comprend rapidement qu’il s’agit de la cheffe du clan Atrax. Son regard sévère change pour devenir assez neutre en face de la blonde.

Je n'ai pas besoin de te dire que les produits de ta chasse sont à nous.
-B…Bien entendu! Je ne voulais vraiment pas créer le moindre problème. Hihi!
-Obusta, du clan Atrax. La rivière nous a toujours appartenu. Que fais-tu, ici?


Le souci avec les rapports, c’est qu’ils ne disent pas tout. Surtout qu’aucun agent n’est allé aussi loin dans la forêt des araignées. Le stress de la blonde est rapidement monté d’un cran. Elle pensait à une rencontre facile et sans soucis, et qu’une fois en ville, on rirait aux éclats avec elle. Les choses sont bien plus délicates, sans ajouter qu’elle est bien peu renseigner sur la diplomatie locale. Il lui faut de la finesse pour s’en sortir.

Désolé. Je reviens d’un long voyage. Tarentule… sans clan.
-Un long voyage? Tu es une exilée?


Les armes du groupe se lèvent soudainement montrant clairement à la jeune femme qu’il vaut mieux éviter de répondre par la positive.

Oh oh! Pas du tout. J’ai quitté la forêt dans mon jeune âge. Comme une idiote, je pensais la forêt trop petite pour moi. Mais on est jamais mieux que chez soi.
-Parfois, certaines ont besoin de le voir pour s’en rendre compte.
-L’extérieur est fait de faibles et d'irrespectueux. Le désordre règne partout, si ce n’est pas la lacheté ou l’immondice. Revoir une telle démonstration de vertus de mes semblables m’emplit de joie.
-Hu hu. Tes mots sont justes. Pour occire deux moustiques seule, ta force ne doit pas en être moins admirable.
-Hihi! Je suis bien loin de vos chasseuses.
-Evidemment, la sans-clan!
-Silence. Tarentule, nous passons sur l’outrage, cependant, nous devons t’escorter auprès de sa Majesté. Ton cas intéressera sûrement.

La première pensée de la blonde est de se dire que son histoire n’a pas convaincu la cheffe des Atrax. Pourquoi l'amener devant la Reine dans ce cas? Pour se faire bien voir, probablement. Ses sens sont tellement en alerte que la paranoïa a failli lui gâcher son enthousiasme. Elle avait si peur d’être rejetée par celles qu’elle admire. Tarentule va, enfin, voir la Reine Arachnée en chair et en os ! Tout cela va si vite. Son grand sourire réapparaît pour illuminer son visage. Obustra, la posture toujours droite, ne lève que son bras gauche.

Faites venir les montures. Nous rentrons.

La déception de la jeune araignée aux cheveux bleus se lit clairement dans son expression. Les autres disparaissent dans les feuilles. Des Géantes Araignées se réunissent sur la branche. Les yeux de Tarentule ne peuvent qu’être admiratif d’un tel spectacle. L’araignée pâle la fixe avec un léger sourire.

La forêt t’a manqué. Ton regard me rappelle ceux de nos petites filles.
-Hihi! J’ai beaucoup de choses à rattraper !
-Hum.


Les mots d’Obustra provoquent des murmures. Est ce qu’elle agit différemment, habituellement? La cheffe Atrax monte sur sa monture araignée blanche, puis tend la main à Tarentule. Les regards jaloux des autres lui font comprendre très vite qu’elle bénéficie d’un traitement de faveur. La blonde a, elle-même, du mal à comprendre ce qui a pu charmer Obustra. Ses allures d’enfant perdue, sa façon de se battre ou son rire? Quoiqu’il en soit, Capulina va pour la première fois monter une araignée géante, et pour rien au monde, elle louperait l’occasion. Tarentule monte derrière Obustra et les chasseuses prennent le chemin retour, en embarquant les cadavres des moustiques. Elles circulent au travers des arbres, des rochers et les feuillages. La blonde ne tient clairement plus en place, riant aux éclats. Pour elle, cette expérience est une véritable attraction.
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S'engouffrant dans les profondeurs de cette immense forêt, le groupe de chasse atteint les premiers nids. Certaines les regardent traverser l'air interrogatif. Obusta fait un signe de halte. Pour la première fois dans cette forêt, Tarentule voit un homme araignée s'inclinant devant l'araignée blanche. Il est accompagné d'autres personnes aux attributs différents des arachnides.

"Obusta. Toutes mes excuses, nous nous sommes laissé surprendre par votre vitesse. Peu d'esclaves ont été réunis pour dépecer, mais nous…
-Diego. La chasse a été interrompue. Tu ne sera pas puni."


L'homme en âge laisse échapper un soupir de soulagement avant de se précipiter vers les cadavres des moustiques géants. La cheffe de clan descend de sa mouture, la laissant au soin des serviteurs, puis s'adresse à présent à sa garde.

"Je vais demander audience à la Reine. Que celles qui veulent, m'accompagnent."

Toutes acquiescent et même d'autres se rajoutent dans l'équation. Qu'une bonne quinzaine s'agglutine autour de cette femme et Tarentule. La nouvelle venue sent des regards hostiles et intrigués. Pourtant, son sourire ne quitte pas son visage. Son attention est aux prises de ses habitations étranges faites de toiles et de matériaux locaux. La blonde meurt d'envi d'en visiter l'intérieur. Obusta l'intérêt dans sa contemplation.

"Tu souris beaucoup.
-Hihi! Je suis né, ainsi.
-Hum."

Un simple hochement de tête suivi d'un très mince sourire lui est accordé en réponse. D'un geste, la femme aux cicatrices l'invite à la suivre. Un large groupe progresse dans ce lieu parsemé de rassemblement de nids. Le groupe parvient à une sorte de grande tour de toile. Les yeux de Tarentule s'écarquillent de fascination. L'entrée est gardée par des hommes araignées. Obusta croise ses avant-bras devant eux. Leurs réactions sont à la fois pleines de panique et de surprise. L'un d'eux entre dans la tour.

Malgré les attentes de Tarentule, les Atrax ne pénètrent pas dans cette tour de toile. Elles rebroussent simplement le chemin vers une grande place encadrée de racine, avec en son centre, un trône. Toutes attendent accoudé, assises ou à proximité de ses racines. Les murmures foisonnent. Tarentule a étrangement l'impression d'en être la cible. Cependant, les regards hostiles se sont transformés en pitié. Obusta, placide, touche soudainement les cheveux blonds.

"Tu as du cran."

La jeune femme n'a aucune idée de ce qui est en train de ce dérouler, mais cache son ignorance par une expression joviale. La cheffe Atrax cesse sa caresse dès l'arrivée sur cette place d'un autre groupe. Celle qui semble le diriger à de très longues jambes comme ses suiveuses. Elle paraît aussi âgée mais, est mutilé du bras droit. Les regards des deux chefs se croisent avec froideur.

"Alors comme ça, c'est toi qui est à l'origine de cet appel.
-Oui.
-Hum. J'espère que cela ne réveillera pas de veilles rancœurs.
-Est-ce une menace, Maxima?"


La tension monte visiblement d'un cran dans l'atmosphère. Ces deux clans ont clairement un passif difficile. Heureusement, un troisième groupe d'araignée intervient. Leur cheffe semble très jeune et n'hésite pas à s'immiscer.

"Vos disputes agacent son Altesse.
-Toujours aussi orgueilleuse.
-Le sang de sa Majesté a beau couler dans tes veines, tu devrais rester humble, Phosa.
-Je suis la route de ma Mère. A vous de vous pliez. "


Il y a de toute évidence une tension entre la jeune et les âgées. Il y a d'autres groupes qui se réunissent dans cette place bondée mais personne n'ose calmer la situation.

"Tant que tu n'es pas reconnue Reine, ton rang vaut le nôtre.
-Vos clans sont ridicules. A vous tirez dans les pattes, nous, les Théra, feront qu'une bouchée de vous.
-Tu oublies que l'ancienne Reine était une Atrax.
-Je vois surtout l'état de tes filles.
-Ne va pas trop loin.
-Tu n'as qu'à rester à ta place…
-Il suffit !"


Ce cri retentit dans toute la place laissant tomber un grand silence. Des hauteurs surgit une femme dont l'autorité naturelle se voit dans l'attitude. Elle se laisse tomber grâce à un fil tendu sur le trône pour s'y installer. La Reine des Araignées, Arachné en personne ! Toute l'assemblée s'agenouille. Tarentule s'empresse de les imiter. Malgré son admiration, Tarentule ressent une certaine anxiété à ignorer les raisons de cet événement. Son Altesse soupire.

"J'en attends beaucoup de cet appel. J'ai écourté ma dégustation d'un beau mâle rien que pour ça."

Obustra s'avance en tirant le bras de Tarentule. Elle la pousse devant la Reine. La blonde ne peut que s'émerveiller encore plus d'être aussi proche de cette femme d'exception. Son air supérieur mêlé d'interrogation touche Tarentule en plein cœur. Quel style ! Quelle grâce terrifiante !

"Obusta, il est rare que tu demandes l'audience publique. Cette jeune en est l'objet?
-Exact. Cette fille se fait nommer Tarentule. Une sans clan coupable d'outrage du domaine de chasse des Atrax."


Le visage de la blonde se fige. Obusta l'a dupé. Comment une experte des pièges a pu se faire avoir ainsi? Quelle proie facile, elle a dû être. Paniquée, elle baisse la tête sans prononcer un mot. Son cerveau lance des réflexions en urgence pour trouver un échappatoire.

"Si ce n'est que ça, tu aurais pu l'exécuter toi-même.
-Elle a tué seule deux moustiques de la rivière.
-Hum. Un élément prometteur sortit de nulle part.
-Elle n'a pas la marque des exilées mais prétend avoir voyagé dès son jeune âge.
-Moi qui commençait à devenir indulgente."


Tarentule sent bien que le jugement va tomber en sa défaveur. Il lui faut intervenir pour pencher la balance. Elle s'effondre sur les genoux.

"Sa Majesté, j'ai conscience de ma faute! Je n'avais plus de mère, ni de tante. Sans repère, j'ai cru pouvoir satisfaire mes désirs hors de mon île natale. Je regrette de tout mon cœur.
-Hum. Malgré tout, il faut montrer l'exemple. Tu as porté tes désirs loin de chez nous. Tu as insulté nos origines en cherchant des fils plus blancs ailleurs. C’est très irritant. Quel châtiment voudrais-tu, Obustra?
-Qu'elle subisse cent coups de fouet et l'épreuve de la Terreur, dans un premier temps.
-Très bien. Divertis moi donc avec les deux cents coups de fouet. Apportez le breuvage.
-En même temps?
-J'aime quand c'est intense.
-Mère, autant la tuer qu’on en finisse.
-Phosa, remets-tu en doute le jugement de la Reine?
-Non… Pardon, votre Altesse.
-Ma fille semble bien impatiente. Qu’elle accompagne cette Tarentule dans ce châtiment.
-Mais je… Majesté… votre propre fille...
-Je n’ai pas bien entendu. Tu préfères le double?
-...
-En effet, cela allongerait inutilement l’appel des clans. Si tu oses mourir pour si peu, des filles j'en ai d'autres. Que les bourreaux se préparent !"


Les spectatrices s’agitent. L’assemblée paraît se satisfaire de cette animation. Deux mâles s’agenouillent, immobiles, devant la Reine avec des fouets tendus. Phosa est trainée par ses congénères aux côtés de Tarentule. Les épaules tombantes, Tarentule se sent acculée. Elle pensait tout savoir de cette île, que son jeu d’acteur sera suffisant. Résultat, son imprudence la rend à cet instant impuissante. Si elle tente de s’échapper, les vacances en forêt seront définitivement terminées. La blonde se souvient de son désir ardent de découvrir et côtoyer ses araignées. Elle n’est pas n’importe qui. L’agent du Cipher Pol qui a encore tout à prouver. Elle ne mourra pas pitoyablement fâce à une Reine extraordinaire, si ce n’est la plus sublime. Sa meilleure chance est de subir en silence.

Des esclaves aux attributs de mouches apportent deux bols avec un liquide étrange, bleuâtre et visqueux. Des liens sont attachés aux mains. La docilité de Tarentule fait contraste à la résistance de Phosa. Obusta s’empare d’un bol. Elle tire les cheveux de la blonde avec un léger sourire. Son sadisme se révèle aux yeux de la blonde. Le liquide portée à sa bouche, la jeune femme est forcé de l’ingérer. Elle toussote, ne sachant quelle drogue on a pu bien lui donner. Mais en quelques instants, sa vision s’embrume et son souffle devient difficile. L’Atrax s’avance et s’incline devant Arachné.

Je tiens à châtier Tarentule, personnellement.
-Embarrassant. Tu risques de faire honte à ma fille fouettée par un mâle. Je n’ai pas envie de m’infliger cet effort. Qui, du même rang, vaudrait appliquer mon châtiment?

Un sourire hautain, la femme, aux longues jambes, s’avance puis s’incline devant le trône. La Reine n’est pas surprise. Tarentule préserve encore une certaine lucidité, et comprend bien que cette grande dame sait composer avec ses clans qui fondent le socle de son peuple. D’un geste las de la main. Elle permet à Maxima de prendre un fouet. Quelque chose commence à brûler dans le ventre de Tarentule. Haletante, son regard fixe le sol. Des gouttes de sueurs froides coulent sur son visage. Les couleurs se mélangent. Les voix se superposent. Les sensations s’entremêlent. Comme un mirage, un visage apparaît. Celui qu'elle attendait le moins dans cette situation. Celui de sa mère.


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Le premier coup de fouet lacère son dos. La douleur la pique presque trop intensément. Les dents se serrent. Elle a l'impression qu'une plaie vive s'est déchirée sur cette attaque. Les premiers gémissements de douleur retentissent dans la place du trône. Est-ce un effet de cette drogue? Si l'intensité augmente, elle risque de perdre connaissance. Dans un élan de lucidité, Tarentule réunit toute sa concentration possible pour activer le Tekkai. Une figure désagréable lui apparaît soudain dans les ombres nébuleuses voilant sa vision.

"Alors ma dévergondée de fille a perdu son sourire? Il suffisait, donc, de te fouetter pour que tes rires cessent."

Le sourire méprisant de sa génitrice lui est insupportable. Cette tête, qui lui fait face dans ce trouble visuel, ressemble en tout point à celle dont elle voue une haine viscérale. Les coups de fouet s'enchaînent malgré son armure. La brutalité d'Obusta se déchaîne sans merci. La blonde tente de toutes ses forces de maintenir sa technique.

"Regarde toi! Dire que tu serais déjà marié, te voilà misérablement martyrisé par des sauvages dégoûtants d'on ne sait d’où.
-... c'est bien mieux que votre pitoyable vie.
-Toujours aussi rebelle. Tu aurais fait une mauvaise femme, mais tu aurais pu au moins essayer d'être une bonne mère.
-Vous n'êtes qu'une hallucination…
-En effet, ma chère fille. Un pur produit de ton esprit malade. Ta folie devient hors de contrôle. Pauvre enfant, que va-t-on faire de toi?
-... illusion ridicule… sortez de ma tête !
-Capulina, tu es bien trop émotive. Aucun homme te supportera. Dire que ton avenir était déjà tout tracé par mes soins, et me voilà à me satisfaire de ta chute.
-... jamais…
-Oh que si, mon enfant. Crois tu que je n'ai jamais été jeune? Parmi tous mes enfants, tu es celle qui me ressemble le plus!
-Taisez-vous…
-De ma petite vie bourgeoise, je rêvais d'aventure. Intenable, une volonté de surpasser tout mon entourage, une certaine fascination pour les étrangetés. Jusqu'au jour où, contemplant mes échecs, j'ai accepté mon destin.
-...tais toi…
-Tu auras beau me fuir. Je serai toujours en toi, Capulina. L'ingrate que tu es, refuse une vérité si limpide. Même en matière d'hommes, nos goûts sont similaires. Ahah!
-Lâche-moi !
-Tu as toujours apprécié ce que j'appréciais. Tous tes faits et gestes me rappellent ma jeunesse avec amertume. Tu as été, pour moi, une rivale à briser. Mais, finalement, je ne peux pas aller contre ta nature.
-...lâche moi…
-Ne pleure pas, voyons. Il est temps de grandir. Être comme ta mère n'est pas si mal. Tu t'y feras, comme je m'y suis faite. Hihihi!"


Son Tekkai s'affaiblit. Les coups de fouet parviennent à la blesser. Mais son regard semble vide. D'une rare inexpressivité, des larmes coulent le long de son visage. Tarentule maudit, dans cet instant de faiblesse, son existence. Une part d'elle sait que cette voix a raison. Et tous ses échecs dans le chemin qu'elle a voulu se tracer, la rapproche, de plus en plus, de la vie morose que vivait sa mère. Tu parles d'un agent de légende. Stagner en catégorie III depuis tant d'années. Peut-être devrait-elle abandonner ? Le visage souriant de sa mère se dissipe peu à peu dans ses ombres informes. Sa figure maternelle a accompli le pire de ses cauchemars, la perte de la passion.
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Devant ses yeux, un paysage plus léger éclaircie l’obscurité. Une douce prairie printanière remplie de fleurs. L'une d'entre elle brille d'une lueur violette. Une autre voix résonne à travers elle.

"Tu n'es qu'une pauvre fille insignifiante à mes yeux, mais je n'imaginais pas à ce point.
-...Alcéa…
-Capulina, cette garce, qui avait décidé de me détester parce que je suis bien plus compétente qu'elle, finit comme ça.
-...Cela t'amuse…
-Cette peste est d'une jalousie maladive qui la pousse à tenter par tous les moyens de me pourrir la vie plutôt que de se remettre en question sur sa propre incompétence à m'égaler. Autant dire que je ne lui ai absolument rien fait et que contrairement à elle, je n'ai pas besoin de m'abaisser à ses petites manigances pour lui pourrir la vie puisque ma seule existence lui rappelle à quelle point elle est insignifiante.
-...c'est faux…
-Puisque je me tue à répéter que je me contrefiche de toi. Meurs, disparais, fuit, réussi, échoue, maris-toi, fais des enfants, devient directrice, ta destinée est le dernier de mes soucis. Ta médiocrité ne m'atteindra jamais, peu importe tes efforts.
-alors laisse moi…
-Je t'ai connu plus combative. Un fouet et une mère malsaine suffisent à te défaire. C'est minable, Capulina. Je ne m'attendais à rien et je suis quand même déçu."


La voix d'Alcéa parvient à faire réagir la Tarentule. Le parterre de prairie s'enflamme brusquement autour d'elle. Elle se ressaisit. La défaite contre sa rivale est supportable, mais elle ne peut accepter de céder à sa mère. Elle se battera jusqu’au bout, ne laissera pas son âme mourir ! Elle obtiendra sa marque sur le monde, peu importe l’emprise de sa mère. Renforçant son Tekkai, sa résistance revient de plus belle. Malgré sa motivation renaissante, les hallucinations s'intensifient.
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Projetée presque dans un rêve, elle se voit devant la parfumerie familiale. Au cœur de Saint-Uréa, les rues sont aussi calmes qu'à son époque. Devant elle, une fillette souriante lui accroche la jambe.

"Mère ! Les amies d'Alphonsine sont si ennuyantes. Je ne veux pas y aller."

Tarentule se souvient de cet événement. Le temps où elle a été forcée d'accompagner sa sœur à un goûter festif avec les filles de la bourgeoisie du quartier. La petite Capulina a fait des siennes comme jamais. Depuis, sa sœur comme beaucoup ont commencé à la détester. Qu'est ce que sa mère avait répondu déjà?

"Capulina, fais un petit effort. Je suis sûr que certaines pensent comme toi. Tu pourras te faire des amies rien qu'à toi."

Un pur mensonge remplissant d'espoir les yeux d'une petite fille incomprise. Sa mère s'efforçait de réprimer les inclinaisons de sa propre progéniture. Elle veut jouer dehors, qu'elle fasse des goûters. Elle veut faire de l'escrime, qu'elle fasse du violoncelle. Elle veut voyager, qu'on limite ses déplacements. Défaire ses chaînes a été plus éprouvant que la blonde ne veut se l'avouer. Dans la peau de sa mère, Tarentule soupire.

"Non, tu as raison. Qu'aimerais tu faire ?"

Les yeux de la petite Capulina brillent d'autant plus à cette phrase. Elle prend sa main avec les siennes plus petites.

"Oh! Je veux vous montrer quelque chose, Mère ! Venez ! Hihi!"

Elle est si excitée. Tarentule se demande si elle a vraiment été aussi énergique dans son enfance. Dans tous les cas, il y a pas à dire, elle se trouve très mignonne.

"J'arrive, j'arrive."

L'enfant l'amène devant un petit muret.

"Regardez bien."

La version enfant d'elle même commence à réaliser des acrobaties qu'on pourrait voir produit par des saltimbanques. Il est vrai qu’elle avait tendance à les imiter car tout le monde les regardait avec attention qu’ils se produisaient. Malheureusement, sa mère a toujours dégradé cette pratique comme tout ce que la petite Capulina commençait à apprécier. Mais, aujourd'hui, Tarentule est sa propre mère.

"Oh oh! Quelle jolie prestation. Encore! Hihihi! "

La fierté de la fillette est presque touchante. Elle mourrait d'envi d'être enfin remarquée et encouragée par celle qu'elle admirait le plus. Sa mère. Essoufflé, l'enfant continue mais dérape du muet et tombe sur le dos. Tarentule se précipite pour la prendre dans ses bras.

"Tu n'as rien, jeune fi… Capulina?
-Hihi! Non, ça va. Vous avez aimé ?"


Tarentule était une enfant qui pleurait rarement. On disait d'elle qu'elle riait de la douleur. La petite fille se blottit contre sa mère. D'aussi loin qu'elle se souvienne, sa mère ne lui as jamais offert ce genre de geste d'affection. Sa version enfant a l’air de beaucoup en profiter.

"Bien sûr. Un jour, ta souplesse fera des miracles.
-Mère, mère ! J’ai une question. Vous savez, les bestioles que Madame Doctrovée chasse dans la maison…?"

Doctrovée était une domestique mais aussi la gouvernante de la famille. Elle est en service depuis la naissance du premier enfant Dubal. La fillette se sent pour une fois écoutée, elle veut passer plus de temps avec sa mère.

"Est-il question des araignées ?
-Oui. Elles sont si faibles, mais reviennent tout le temps. Pourquoi ?
-Elle t'intrigue déjà. Hihi! Elles reviennent car elles le peuvent, ma chère.
-Même si elles savent qu'elles vont mourir?
-La mort les attend aussi dehors. Leur but est de loger leur toile dans l'endroit le plus propice et agréable. Elles sont prêtes à n'importe quel risque pour mener cet objectif à bien. C'est cela persévérer dans son existence.
-Et vous, Mère ? Vous persévérez aussi?"


Le mirage se dissipe soudainement. Sa peau durcit est assaillie tellement fort, tellement de fois. Certains coups transpercent cette armure. La lucidité lui revient petit à petit. Elle a totalement perdu la notion du temps. Combien de coup? Les voix qu'elle discerne enfin lui rappellent. Clack !

"181! Ahahah!"

Est-ce la voix d'Obusta? L'Atrax semble aux prises d'une frénésie déroutante. En fond, il n’y a que les bruits de la foule s’abreuvant de ce spectacle. Arachné prend la parole.

Pourquoi ne réagissent-elles plus? Se sont-elles évanouies ? Secouez-les un peu.

Obusta tire les cheveux de Tarentule en arrière. Les yeux rougis par d’anciennes larmes et le visage luisant de transpiration. Elle respire fort. Maxima l'imite avec Phosa. Celle-ci a du liquide bleu qui déborde de sa bouche. La fille d’Arachnée a une respiration très faible, Elle saigne tellement du dos que ses genoux pataugent dans son propre sang. La suppliciée n’a pas le Tekkai pour atténuer les coups, mais, malgré que les portes de la mort lui sont ouvertes, elle s'accroche à la vie. Maxima la jette au sol. Tremblotante, Phosa se redresse sur ses genoux. La taille de son égo est égalé par la force de sa détermination. Tarentule est aussi jeté au sol avec un coup de pied en prime. Même avec son armure, elle a senti le coup passé. Comme la princesse avant elle, Tarentule se remet à genoux.

Les deux martyres divertissent les Araignées réunis ici. Malgré cette longue sentence, leur râle et leur souffrance délectent cette assemblée malsaine. Cette lugubre fascination est doublée d’une certaine admiration pour leur ténacité. Quelque peu essoufflées par l'effort, les bourreaux ont profité de ce temps de latence pour se reposer le bras. Obusta est la première à reprendre. La plus grosse est passée. Contre les attentes de la foule, les jeunes femmes subissent sans broncher. Le dernier coup résonne dans un silence de mort. Sanguinolente, Phosa se lève à la surprise de tous.

... maintenant, que celle qui aura survécu… au même châtiment puisse me parlait d’égale à égale…

Cette phrase crispe Maxima et Obustra. Il est indéniable qu’après une telle épreuve sa renommée s’en trouve grandie. En y résistant, Phosa légitime son attitude présomptueuse envers les autres chefs de clan. Arachné n’en paraît pas dérouté. Quelques membres du clan Thera lui viennent, car elle tient à peine débout. Mais, les murmures de la foule sont rapidement interrompus par un rire. Le rire caractéristique de la Tarentule.
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"Gnihihihi! Quel accueil ! J’en attendais pas moins de mon peuple!

Son dos la picote et la blonde est couverte d'hématomes, cependant, grâce à sa technique, elle est loin d'être aussi délabrée que Phosa. Ayant repris ses esprits, Tarentule y voit le moment propice pour marquer les esprits, tout comme la fille d’Arachné l'a fait avant elle. Ses intentions, dans cette île, ne sont qu'agir comme l'esprit vengeur du Cipher Pol. Que du zèle et sa curiosité, aucune consigne ne lui a été donnée. Si cette île ne tombe pas sous le joug du Gouvernement Mondial, elle ne sera à personne. Les Abeilles connaîtront le chaos pour leur alliance avec Red, le traître. Et Tarentule veut jubiler devant leur impuissance face à des créatures bien plus sublimes. Elle a subi ce supplice pour devenir pleinement une Araignée et poussé la Reine à briser ce statu quo. La jeune femme se lève en s'adressant à l'assemblée.

Quand je vous vois toutes ici, je ne peux que trembler de votre puissance ! Toute cette île devrait ployer devant la Grande Arachné, seule Reine digne du titre. Pourquoi y a-t-il une immature écervelée qui laisse toute la pourriture de l'extérieur s’infiltrer dans cette île? Car je suis la mieux placé pour vous dire qu'il n'y a rien de bon venant des mers. Même leurs esclaves sont moribonds et fragiles.

Les clans et la Reine semblent l'écouter curieusement. Obusta sourit avec une certaine satisfaction dans le regard, comme si elle encourageait sa prise de parole.

Nous pourrions dévorer n’importe quelle menace. Pourquoi une mâle imbus de lui-même s’est octroyé cette tâche? As t-on, aussi, pitié des Abeilles pour leur laisser l’hégémonie? Majesté, qu’est ce qui nous empêche de vous offrir les pleins pouvoir du Matriarcat entre vos trop grandes mains pour cette île?

La flatterie opère, laissant un sourire suffisant à la Reine des Araignées. Tarentule n'a pas à se forcer pour délivrer tous ces compliments. Arachné est une femme de pouvoir modèle et, la voir de plus près ne fait que renforcer cette idée. Si l'agent est amené à gouverner, elle s'en inspire sans doute beaucoup. Malgré tout, Arachné émet des réticences à entrer pleinement dans ce jeu.

J’apprécie ton énergie, Tarentule. Cependant, cette situation est un équilibre trop solide à briser.
-Rien n’est impossible, il suffit d’avoir assez de détermination. Je pourrai démolir même le plus épais des murs pour vous offrir le paysage que vos yeux méritent ! Hihi!
-Tu manies bien les mots. Et sur le terrain, qu’est ce que cela donne? Tu comptes tuer la garde de la Ruche seule?
-Nous sommes un peuple qui a su dompter des araignées féroces. Nous pouvons dompter d’autres créatures qui rêveraient autant que nous de décortiquer des abeilles.
-J’ai compris. Ce sera tellement… provocant pour cette, si naïve, Maya. Ahah."


Son rire malsain est accompagné de murmures approbateurs dans la foule qui les encerclent.

"Tarentule. Tu as expié tes fautes aux yeux des clans. Tu es libre d'agir à ton bon vouloir pour tes ambitions. Tant que cela sert notre peuple.
-Votre magnanimité me touche, votre Altesse. "


La liberté d'action est mieux que rien. Face à une fine politicienne, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle se risque en personne dans ce plan. Alors que son plaidoyer se termine convenablement, Obusta s'avance devant le trône en s'inclinant. Tarentule a un mauvais pressentiment. Une autre séance de torturé aura raison d'elle. Elle ne veut plus voir sa mère. Comment s'accepter si on devient la personne que l'on déteste? Cette question lui laisse encore des fragilités. Rien qu'y penser lui provoque à présent de l'angoisse. Elle prend conscience que la haine de sa génitrice est devenue de la peur.

"Ma Reine. J'ai une dernière requête à propos de Tarentule.
-Hum. Tu es bien gourmande aujourd'hui, Obusta. N'a-t-elle pas été assez puni selon toi?
-Je vous demande de reconnaître son adoption chez les Atrax."

L'inquiétude de la blonde s'estompe rapidement. Toutes les spectatrices sont surprises d'une telle déclaration. De même pour la jeune Tarentule qui se demande pourquoi Obusta l'a maltraitée aussi brutalement pour finalement en faire sa fille. Était-ce une manière de jauger la nouvelle venue ? Ou veut-elle la conserver comme victime pour se défouler?

"Si je m'y attendais. Après tant d'années, je n'arrive toujours pas à déceler tes intentions. Pourquoi voudrais-tu adopter cette fille prodigue?
-Son potentiel surpasse clairement la plupart d'être nous. Son allégeance n'est plus à prouver.
-Et tes filles?
-Tout le monde sait qu'elles représentent l'échec d'une mère. Des renifleuses de potions oisives et dépravées. Laissez-moi accueillir cette orpheline pour consoler mes manquements.
-Avant d'offrir ma réponse, j'aimerais connaître l'avis de l'intéressé. "


Ce dialogue montre à Tarentule que la Chef des Atrax cherche éperdument des héritières dignes de ce nom. Elle voit certainement la blonde comme un élément qui renforcera son clan, et, possiblement, une alternative si aucune des leurs ne peut rivaliser. Une chance inouï pour l'agent! Intégrer un clan fort rendra les choses tellement plus simple. C'est non sans sourire qu'elle répond à la sollicitation d'Arachné.

"Comment pourrais-je refuser ce que je n'ai jamais eu?"

La Reine paraît bien agacée par cette réponse. Elle s'attendait à d'autres mots. Prenant à parti Tarentule, la Matriarche semble commencer une négociation. Se sent-elle menacée par cette adoption? Se rappelant les mots de Phosa, il est vrai que la blonde pourrait faire de l'ombre à son héritière sur le long terme.

"Tarentule, ta condition d'araignée voyageuse me dérange. Cependant, j'admets qu'il y a des atouts. Je peux t'octroyer la pleine liberté de circulation pour mener à bien n'importe quel projet, à la condition de ne rejoindre aucun clan. Est-ce un statut qui te satisfait ?
-Pleinement, Majesté. Je comprends que mon passé continuera à me peser longtemps.
-Hum. Ne viole plus le terrain de chasse des clans et tu pourras profiter de la vie sur tes terres natales."


Obusta reste impassible en fixant la Reine. Elle ne laisse pas paraître sa déception mais Tarentule sait que le bâton que vient de lui mettre Arachné dans les roues ne la laisse pas indifférente.

"Est ce qu'une de vous à un mot à rajouter ?"

La place reste silencieuse.

"Très bien, l'appel des clans des Atrax est levé."

Les clans se dispersent et Arachné descend de son trône s'accompagnant d'esclaves et de gardes mâles. Obusta défait les liens de Tarentule. Elle contemple ce dos en piteux état, des blessures et la combinaison déchirée par endroit. Elle finit par lui caresser les cheveux avant de s'adresser à elle.

"Tu dois pas avoir de nid. Viens panser tes blessures chez nous. Le clan Atrax t'accueille."

Le femme aux multiples cicatrices préserve certainement l'espoir de faire changer d'avis Arachné. Tant mieux, cela lui épargne de chercher un abri malgré son épuisement aussi bien physique que mentale. Cette manie de lui caresser les cheveux commence, néanmoins, à déranger Tarentule. Cela lui rappelle sa mère avec ses sœurs. Elle interrompt gentiment son geste, puis hoche la tête en souriant. La jeune femme suit ainsi les Atrax dans leur quartier.


Dernière édition par Agent Tarentule le Lun 3 Avr 2023 - 1:47, édité 1 fois
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Arrivée sur les lieux, Obustra la guide dans son nid. La demeure la plus importante collée au tronc d'un arbre géant, il suffit de grimper les fils de toile solide pour fouler la plate-forme de bois supportant l'habitat. Plusieurs esclaves s'agglutinent autour du groupe d'Obusta, s'agenouillant pour l'accueillir. Le mâle, vu plutôt, s'incline en ouvrant la porte. L'intérieur paraît bien plus grand que l'extérieur avec une omniprésence du bois. Des tapisseries sur quelques murs et des bougies, sûrement importées de la Ruche, pourraient donner une ambiance presque chaleureuse dans cette pièce commune, si seulement le plafond n'était pas aussi haut. La voix d'Obusta s'élève.

"Que l'on prépare de l'onguent dans la chambre de Stabu."

Le personnel s'active. Obusta guide Tarentule dans cette chambre, pendant que les autres chasseuses semblent s'installer autour de la table au milieu attendant visiblement de la nourriture. Elles se comportent comme si cette maison était aussi la leur. La blonde se questionne sur leur lien de parenté.

Entrant dans un petit couloir menant aux chambres, la femme aux cicatrices ouvre la porte de la première. Cette pièce est assez sombre, mais le grand lit et les meubles contrastent fortement avec les comportements brutaux des chasseuses. Des bougies et de l'onguent sont apportés avant qu'Obusta ne congédie les serviteurs.

Seule à seule, elle pointe un tabouret pour que Tarentule s'y installe. L'Atrax lui demande d'exposer son dos pour le soin. La blonde accepte, malgré cette proximité étrange avec sa tortionnaire. Elle voudrait éviter le moindre soupçon et surtout, si ces blessures s'infectent, le reste du voyage risque de lui être très désagréable. La main d'Obusta applique soigneusement le médicament. Tarentule frémit à cause des picotements.

"Ne t'en fais pas. Cela deviendra de belles cicatrices."

Il y a une certaine satisfaction dans sa voix. Obusta aime marquer les corps. Tarentule trouve cela gênant pour son travail, si bien que lorsqu'elle se blesse en mission, elle prend directement rendez-vous avec un médecin de Marijoa pour les effacer. Les cicatrices sont des indices de plus pour deviner son identité, en plus d'être des marques disgracieuses. Préférant changer de sujet, Tarentule profite de ce moment d'intimité pour lui poser des questions.

"Qu'on fait vos filles pour que vous soyez encourager d'adopter une sans clan?
-Hum. Directe. J'apprécie. Elles ont abandonné la chasse pour ingérer des drogues à longueur de journée. L'aîné se rabaisse dans des plaisirs dégradants, encore moins sélective qu'Arachné, tous les minables ont pu la goûter. La plus jeune fricote avec un esclave, cette idiote croit en l'amour. Elle a toujours été la plus fragile de toute façon.
-Aucune d’entre-elles ne vous accompagne à la chasse? Il y a d'autres jeunes chasseuses dans le clan.
-Non. Elles ont cédés à la faiblesse. Il n'y a que mes nièces et mes sœurs. Mais, elles réagissent trop vivement à la douleur.
-Ont-elles aussi dû subir cette épreuve ?"


Tarentule commence à se demander si cette famille n'est pas un gigantesque complexe de maltraitées. Ce ne serait pas étonnant que ses filles se réfugient dans d'autres activités. À cette interrogation, le geste d'Obustra s'arrête. Elle fait glisser ses mains pour l'enlacer et rapproche sa bouche de l'oreille de Tarentule.

"Aucune n'a tenu aussi longtemps. Hu Hu."

De quoi donner des sueurs froides. La blonde n'a, pourtant, rien contre cette femme sadique au possible. Sa perversion ne change pas sa nature d'outils pour l'agent du Cipher Pol. Seulement, elle lui a montré que son Tekkai manque de solidité pour ce genre de situation. Sa véritable faiblesse est psychologique. Cet enlacement lui rappelle, désagréablement, une tendresse maternelle. Prétextant la fatigue, Tarentule se redresse. Obusta hoche la tête, avec un léger sourire, puis quitte la pièce.

La jeune femme se couche donc sur le ventre pour épargner son dos. La peur du cauchemar dérange son sommeil. L'épuisement parvient à la pousser au repos. Son premier cauchemar ne tarde pas. Toute fillette, elle voyait sa mère portant son propre visage la rejeter et l'humilier comme dans ses souvenirs. Le choc de cette épreuve n'est pas encore passé. Il lui faudra sûrement quelques jours avant de pouvoir, à nouveau, faire des nuits complètes.

Soudainement, en pleine nuit, la porte s'ouvre. Tarentule se redresse, préparant ses défenses. Elle prévoyait qu'Obusta ne voulait pas en rester là dans les activités sadiques. Cependant, une toute autre personne franchit le pas de la porte. Elle allume quelques bougies avec celle qu'elle portait. Son apparence est très aguicheuse et son corps est marqué de quelques cicatrices. Elle repère Tarentule dans le lit.

"Qu'est-ce que tu fais dans mon lit? Je ne t'ai pas invité, dégage."

Est ce la fameuse Stabu? Obusta n'a aucune limite à la décence. Elle aurait pu prévenir de sa présence. Le sens de l’hospitalité ne fait évidemment pas partie de leur point fort.

"Obusta m'y a invité.
-Ma mère finit par me remplacer. Haha. La vieille n'a pas apprécié que je couche avec son mâle.
-Vos histoires de famille sont… troublantes."


Tarentule espère vraiment que ce Diego n’est pas son père, mais, au vu de la désinvolture de cette femme, elle ne semble pas etre lié à cet homme par le sang. La cellule familiale chez les Araignées est assez différente, comme on peut se débarrasser d’un mâle ou en collectionner plusieurs à la fois. Il est, tout de suite, plus complexe pour Tarentule de s’y adapter pleinement. La fille d'Obusta soupire en fermant la porte. Elle traverse la pièce pour s'installer sur un tabouret à côté d'une petite table. Sortant du matériel, elle commence à préparer une substance étrange.

"Je te le fais pas dire. Toi aussi, tu as pu apprécier ses… tendances, à ce que je vois.
-Hum.
-Ma pauvre. Tu devrais fuir, loin, tant que tu le peux encore."


Stabu fait une sorte de mélange dans un récipient en verre. Elle y jette ensuite une poudre. Le liquide fumé et la jeune femme l'inhale profondément. Tarentule à l’étrange sensation que cette femme tourne autour du pot.

"Haaa. Y rien de mieux après une nuit de folie. Dis-moi, tu ne sera pas celle qui a subi le fouet avec Phosa.
-Exact.
-Tout le monde ne parle que de ça. J'étais trop occupé à m'amuser qu'à répondre à un appel. Phosa a encore marqué son coup. Elle pourrait sacrifier ses jambes pour devenir Reine, celle-ci.
-N’êtes vous pas l'héritière du clan, pourtant ? Répondre à l’appel semble être important.
-Hum. Je fais tout pour me délasser de ce rôle. Et cela réussit plutôt bien. Elle a tellement honte qu'elle t'utilise pour effacer mon existence. Haha."

Stabu enchaîne une nouvelle bouffée de sa préparation.

"Huum. Tu en veux?
-Non merci.
-Dommage, tu ne sais pas ce que tu rates. D'ailleurs, nous partageons la même chambre maintenant. Je suis Stabu, fais moi une petite place. "


Cette réaction étonne beaucoup Tarentule qui prévoyait un affrontement. Il va sans dire que cette femme n'agit pas comme la plupart des Araignées. La blonde répond avec un petit sourire, laissant un côté libre dans ce grand lit.

"Enchantée. Tarentule."


Laissant sa drogue sur la table, Stabu se déshabille pour se loger nue d'un côté du lit. Ce manque de pudeur dérange déjà Capulina, qui dévie son regard d'elle, toujours sur le ventre. La propriétaire de cette chambre éteint ensuite les bougies.

"Tu semble préoccupé, Tarentule. Je ne te toucherai pas, si cela te fait peur.
-Quelle question.
-Tu dors toute vêtue, c'est étrange."

On n'échappe jamais vraiment aux différences culturelles. Tarentule invente une excuse.

"Je n'ai pas eu la force.
-Je peux t'aider, si tu veux."


La blonde la trouve déjà agaçante. Elle ne veut pas dormir au lieu de lui faire ce genre d'avance. Tarentule laisse le silence s'installer. Stabu semble vouloir s'ouvrir.

"Tu sais, si tu es adopté, je serai soulagé.
-Avoue le. Tu as fait semblant de ne pas me connaître.
-Haha. Je ne savais pas comment t'aborder.
-Connaissant ta réputation, tu aurais pu dormir autre part. Pourquoi voulais-tu me voir ?
-Tu ne laisse rien passer, dis moi. J'étais curieuse de voir le choix de ma mère.
-De voir ce qu'est une fille idéale selon elle.
-Haha. Je vois que tu me comprends.
-Je ne veux être la fille idéale de personne. Cela m'arrive malgré moi.
-Je suis soulagé de savoir que l'on est pas si différente.
-Tout nous oppose. J'ai mon propre chemin à tracer. Une route qu'aucune mère n'a défrichée avant moi. Je me refuse à l'errance, là où tu plonge dedans pour oublier la part héritée de ta mère.
-Je sais. Je suis une fille désespérée. Tant pis.
-N'as-tu, donc, aucun amour propre ?
-Si j’en avais, je ne voudrais pas me détruire.
-Une mère malsaine suffit à te faire abdiquer. C'est minable.
-Je sais… tout le monde n'est pas aussi résilient.
-Tu ne sera jamais maîtresse de ton avenir en continuant ainsi.
-Je suis mes désirs, et je suis libre.
-C'est faux. Tu fais tout pour fuir, quitte à t'abandonner. Je me fiche de ton combat, mais ne me compare pas à toi pour te sentir mieux. C'est ridicule. Hihi!"


Stabu n'en a sûrement pas conscience mais elle a réussi à redonner le sourire à Tarentule. Elle sait qu'une part d'elle restera accroché au souvenir de sa mère, mais, voir cette femme qui échoue lui a rappelé sa valeur et sa solution. Capulina se concentre sur le chemin qu'elle se trace, et pas sur celui de sa maternelle qu'elle veut éviter. Il se peut qu’il y est des croisements, mais il ne vaut pas de se perdre pour les esquiver. Voilà toute la nuance que cette expérience a failli lui faire oublier. Un soulagement lui allège l'esprit. L'aînée d'Obusta répond avec une mine désabusée.

"Hum. Bonne nuit."

La discussion entre elles se termine ainsi. La blonde s'endort avec le sourire. Ses cauchemars ont cessé.


Dernière édition par Agent Tarentule le Lun 3 Avr 2023 - 1:54, édité 1 fois
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Le lendemain matin, Tarentule quitte en première le lit. Stabu semble s'être drogué toute la nuit. Plusieurs récipients fumants sont sur son chevet. Partant de la chambre, elle salue les esclaves. Arrivée à la salle commune, la table est prête. Il n'y a qu'une Atrax qui se repaît d'un plat. Sûrement de l'insecte géant. Tarentule s'inventent femme la regarde d'un air curieux. Elle la reconnaît. Cette fille pugnace aux cheveux bleus l'avait agressé, hier. Elle a l'air moins hostile aujourd'hui. Tarentule s'installe. Des esclaves lui servent le même plat. Elle goûte et, malheureusement, son palet n'a pas l'habitude de cette viande. Cela reste plus mangeable que la patte de moustique crue. Elle tente de finir pour calmer sa fin, mais la prochaine fois, la jeune bourgeoise évitera de rechigner la soupe de la cuisinière de bord. Pendant ce repas, la fille aux cheveux courts tente une approche directe.

"Ursula, fille d'Astoba, nièce d'Obusta.
-Enchantée. Hihi ! Où sont les autres?
-Nous sommes les premières debouts. Obusta a lancé une chasse nocturne pour remplir le garde-manger. Tu comptes monter un groupe de chasse?
-Une sans-clan peut le faire?
-C'est difficile de réunir des chasseuses, mais cela se fait.
-Je vois. Ta question n'est pas innocente. Mon plan t'intéresse?
-Je ne pense pas être la seule à trouver cette situation injuste. On voit de plus en plus d'étrangers sur notre île. Ça me dégoûte !
-Je serai ravie que l'on réunisse un groupe de chasse pour dompter des mangeurs d'abeille. Cependant, je devrais m'absenter un moment, ensuite.
-Pourquoi ? Tu ne veux pas attaquer le plus vite possible.
-Ce n'est pas un plan à prendre à la légère. Il ne faudra pas mettre notre Reine dans l'embarras. La plus grande menace après la garde de la Ruche, c'est le Corsaire Santiago.
-Ce mâle orgueilleux. Il est fort, apparemment.
-Et surtout, il est suivi. Il me faudra une solution pour le mettre hors d'état de nuire ou, au moins, l'occuper. Je suis la seule à pouvoir remplir cette part du boulot et je pense trouver la solution vers l'extérieur. Nous ne devons pas oublier qu'il nous faudra contrôler nos mers, ensuite.
-Hum. Je pense pas que c'est si important. On peut les écraser tous en même temps.
-Il vaut mieux mettre toutes les chances de notre côté.
-Hum."


Cette femme est du style à frapper avant de réfléchir. L'explication de Tarentule n'a pas l'air de la convaincre. Cependant, son engagement paraît sincère. Un nouveau pion parfait pour Tarentule. La blonde se lève.

"Dans tous les cas, ce sera long à préparer. J'espère que tu es prête pour ce plan d'action.
-Oui. Suis moi, je sais qui voudra nous rejoindre."

La visite de Tarentule commence sous couvert de recrutement. Assisté par Ursula, celle-ci se montre clairement comme guide personnelle de Tarentule. Au plus proche du quotidien d'une Araignée, Tarentule collecte toutes les informations utiles. La demeure d'Obustra est connectée par de multiples ponts donnant cette impression de centralité. Cette structure se retrouve dans d'autres quartiers de clans différents. La vie dans la Forêt des Toiles semble rythmée par les chasses et le travail domestique. Les femelles en équipe partent en chasse. Certaines s'occupent de l'élevage des araignées géantes assistées d'esclaves. D'autres semblent spécialisées dans les pièges et l'alchimie. Les femelles qui bénéficient d'une monture ne sont pas si nombreuses car leur entretien est coûteux. Ce sont en général les chefs de clan, leurs sœurs puis leurs filles, ou même des chasseuses d’importances rarement. Les mâles restent très en retrait, n'ayant que la fonction de gardien du nid, certains sont simplement là pour satisfaire les désirs des chasseuses, d'autres gèrent leur foyer, les esclaves, la construction, le commerce et le ravitaillement en eau. Les esclaves, quant à eux, sont affiliés à des espèces considérées inférieures, parfois des mouches, des scarabées ou même des termites. Ils sont souvent utilisés pour les tâches domestiques, la garde des enfants en bas âge, les travaux très pénibles, le dépeçage des produits de chasse et la gestion des déchets en tout genre.

Ursula réussit à réunir une équipe en se fiant au jugement de Tarentule. Ce sont principalement des jeunes chasseuses Atrax ou sans-clans. Mais, il y aussi quelques jeunes mâles et esclaves pour la main d'œuvre utile. Guidée par les chasseuses qui ont déjà croisé des mangeurs d'abeille, le groupe se met de suite en recherche active hors des domaines de chasse des clans. Le chemin est long, surtout à pied. Elles croisent quelques créatures comme un mille-pattes qu'elles ont ignorés, une abeille sauvage des forêts, qu'elles ont tué, et une Gigamante religieuse, qu'elles ont dû fuir. Après tous ses efforts, le groupe rencontre enfin le premier frelon géant isolé. Ursula voulait le capturer mais Tarentule l'a convaincu de le pister quelques temps pour trouver le nid.

La patience de la blonde apporte rapidement ses fruits. L'une des chasseuses repère le nid. Une discussion sur la tactique à entreprendre démarre ensuite.

"On devrait foncer et capturer la pondeuse pour la ramener vers nos nids.
-Hum. Ce ne sont pas des araignées, la déloger pourrait la stresser violemment.
-Et puis ses enfants nous seront très hostiles. "

Heureusement que certaines réfléchissent dans ce groupe. Elles discutent toutes d'égal à égal malgré qu'Ursula est une certaine influence.

"Si on approche avec quelques morceaux d'abeilles, nous pourrions nous faire accepter. C'est ce que font les éleveuses.
-Il faudra donc établir un camp."


Les regards se posent vers Tarentule. Elle a su se faire remarquer par sa force en entravant la Mante religieuse qui les poursuivait. De plus, étant l'instigation du mouvement, elle bénéficie d'une aura symbolique, différente de l'autorité naturelle de la nièce d'Obusta. Souriante, la blonde prend donc la parole.

"Cette stratégie me convient. Il vous faut partager les tâches. Une abeille ne suffira pas pour maintenir la concorde. Dans un premier temps, il faudra que quelques unes aillent chercher leurs mâles et esclaves pour construire le camp.
-Tarentule a raison. Allez y, vous deux.
-Ensuite, on aura besoin de beaucoup plus de viande et de sucre pour satisfaire ces créatures. Il faudrait un autre groupe pour négocier au marché noir de la Fourmilière, en échange de chasse que l'on trouve sur le chemin.
-Hum. Qui veut remplir ce boulot?
-J'ai parfois accès à certains surplus que mon père n'arrive pas à troquer.
-Je t'accompagne avec mon mâle, je connais un chemin rapide.
-Parfait, vous pouvez partir dès maintenant."


Le groupe de chasse se divise donc en deux. Une partie retourne dans les nids et l'autre tente leur première approche du nid. Comme prévu, la viande d'abeille attire un frelon. Ainsi, leur présence à proximité du nid ne devient pas une menace. Cependant, si elles ne peuvent tenter d'y entrer, dès maintenant. Quelques heures plus tard, les mâles et les esclaves érigent rapidement un camp de fortune avec ce qu'ils peuvent. Celles envoyées à la Fourmilière reviennent avec les ressources utiles. Et le premier domptage est tenté. C'est un échec cuisant. Principalement, car aucune d'elle ne sait monter une créature volante et que les frelons ne sont pas encore habitués aux chasseuses. Il faudra encore attendre les éclosions pour rendre la domestication plus aisée. Approcher la pondeuse reste complexe à ce stade.

Le lendemain, Tarentule et Ursulla ont dormi dans ce camp de fortune. La bourgeoise d'origine a eu de la peine à se reposer dans un tel inconfort. Cependant, le plan est en marche. Elle a tenté de créer du lien avec les autres. Ursulla n'est pas la plus futée mais son aura rassemble. Il n'y plus qu'à maintenir une lente progression et faire proliférer ces créatures. La blonde s'est beaucoup dépensé pour la chasse aux alentours du nid, afin de faire des stocks à échanger. Chacune est encourager à donner du sien, et leur jeunesse a clairement envi de s'exprimer pleinement dans ce projet. Pendant une réunion tard dans la matinée, Tarentule informe de son départ avec les mêmes raisons évoquées à Ursula la veille. Elles semblent comprendre mieux que la nièce d'Obusta le danger que représente Santiago pour leur plan. C'est ainsi que l’Araignée sans-clan, protégé de la Reine, quitte la forêt pour retrouver son coffret de pirate dans le désert.


Dernière édition par Agent Tarentule le Lun 27 Mar 2023 - 22:35, édité 1 fois
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Elle change ainsi à nouveau de costume pour adopter son style de pirate. Son dos semble aller mieux. Abigaël aimerait éviter que sa prochaine rencontre avec la chef des Atrax finissent ainsi. Regardant vers l'horizon, Tarentule visualise avec peine la longueur du chemin retour.

La chaleur écrasante, le pas pénible,  la pirate progresse dans ce désert. Miraculeusement, il y a moins de créatures hostiles sur sa route que dans les forêts. Elle parvient à apercevoir quelques patrouilles de la garde de la Ruche qui la rassure. En quelques heures de marche, Abigaël retrouve l'animation bourdonnante de la ville des Abeilles. Épuisée par son aventure, elle ignore tout pour foncer vers le port. L'Indompté y est toujours amarré. Pour Abigaël, cela fait si longtemps qu'elle était partie alors que cela n’a duré que deux jours. Elle salue certains camarades qui la reconnaissent puis file dans sa cabine. Maya, la fée, et non la Reine, est en plein travail. Son entrée la fait décrocher de sa tâche.

"Ah! Tu es enfin rentré. Je commençais à croire que tu m'avais fui."

Tarentule n'offre qu'un sourire avant de s'affaler sur sa couchette.

"Eh bien, quel genre de peluche as-tu rembourré pour être dans cet état?
-Ooh! Ma chère, tu n'as pas idée. Mais ce n'est que le début. Gnihihihi !"

La tontatta n'a, véritablement, aucune idée de quoi il s'agit. Elle commence à s'habituer aux folies de cette petite blonde. Puis, ce genre de rire ne la met pas vraiment en confiance, donc Maya pose un autre sujet sur la table.

"D'ailleurs, j'ai suivi ton conseil.
-T'es tu décidé à refaire ton nez? Hihi!
-Mais non, je parle de Djaymily.
-Oh, oui. En effet.
-Mes cadeaux lui ont fait plaisir. Elle m'a même tapoté la tête. Si ce n'est pas une grande preuve d'affection! C'est sûr, je serai pas viré.
-Tant mieux, dans ce cas. Que fais-tu là?
-Je prépare de nouveaux cadeaux,  au cas où.
-Hihi! Tu es prévoyante.
-Toujours!"


Pendant que Maya continue de coudre, Abigaël fait une sieste méritée. Elle est réveillé par les cris de Djaymily.

"Rascus et Kutcham sont de retour. Ils nous informe que le Capitaine nous rejoindra à Shabondy. D'ici là on suit le cap dicté par Ren. Ramettez les autres, on part ce soir! Aucun retardataire sera toléré."

L'agent Tarentule a été avisé de ne pas rester un jour de plus dans la Forêt des Toiles. Elle aurait pensé qu'ils mettraient un peu plus de temps. Si cela n'avait pas été aussi intense, elle aurait pu faire cette bêtise et aurait dû essayer de rattraper la flotte par ses propres moyens. Quoi qu'il en soit, sa couverture est intacte et, au fond d'une immense forêt, le glas de l'ère des Abeilles est en train de sonner.
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