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L'art du Cipher Pol [ PV Alegsis ]

L'art du Cipher Pol
Purururu, purururu

- Mmmh.... " Émergeant petit à petit d'un profond sommeil.

Purururu, purururu

- " Qu'est-ce que... "

Purururu, purururu

Allongé dans l'herbe, un mal de crâne pas croyable, j'observais l'escargophone rose qui ne cessait de sonner depuis déjà plusieurs minutes. Cette petite créature, assez mignonne dans son genre me fixait de ses petits yeux ronds dans lesquels je pu lire de l'impatience. Fait plutôt étrange venant d'un animal qui a d'ordinaire passe son temps à dormir en attendant un appel. Il faut croire que j'étais tombé sur un caractériel. Après tout, en dehors d'être un outil de communication, cela restait un être vivant comme un autre.

Purururu, purururu

Plissant de plus en plus les yeux, le petit escargot, qui semblait être une femelle, essayé de me faire comprendre qu'il était temps que je réponde. Sans plus attendre, je me redressais avant d'attraper le combiné, faisant taire la sonnerie de cette petite bête dont les traits changèrent pour imiter celui qui était au bout. Si mignonne, malgré cet air renfrogné, celle-ci portait dorénavant une paire de lunettes de soleil et une pipe à la bouche.

- " Alors, on a bien dormi la belle au bois dormant ? " Se fit soudain entendre une voix d'homme qui ne m'était pas inconnu.

La personne au bout du fil, n'était autre que l'agent de catégorie I Karl Strefe. Cet homme du Cipher Pol était en charge de mon entraînement et c'était avec lui que j'étais venu sur cette île, qu'est l'Archipel Vert. Voyant que je mettais du temps à lui répondre, l'homme qui venait de m'appeler s'énerva et se mit à me hurler dessus, donnant un air assez effrayant à ce pauvre petit escargophone.

- " Wooh ! Te rendors pas Bleubite ! Déjà qu'ça fait presque une heure qu'j'essaie de te contacter, alors si tu te rendors, ça va chier ! "

- " Pardon ? " Le questionnais-je, surprise par cet aveu.

- " Bah ouais, j'sais bien qu't'es qu'une petite biche sans défense, mais d'là à perdre connaissance aussi longtemps, t'abuses ! " Un long soupir se fit entendre sur ces mots. " Si une simple pichenette te met dans cet état, j'sais pas c'que j'vais faire de toi. "

Une pichenette ? Mais oui, ça me revient. Strefe était en train de me montrer les techniques du Rokushiki, tout en m'expliquant leur fonctionnement. Quand tout d'un coup, j'ai ressenti comme un choc à l'arrière de la nuque avant de m'évanouir. Alors c'était à cause de lui. Ce soi-disant instructeur m'avait lâchement attaqué en traître, d'où mon mal de tête. Mais pourquoi ?

Comme s'il avait anticipé ma question, l'agent du Cipher Pol m'apporta la réponse sur un plateau.

- " Bon, écoute moi bien Bambi... "

- " C'est Hayase ! " Le coupais-je sans ménagement, agacé par ces petits surnoms qu'il avait pris l'habitude de me donner.

- " Ouais, ouais c'pareil. " Lâcha celui-ci avec dédain avant de reprendre. " Comme tu l'as sûrement remarqué, tu te retrouves livré à toi-même sur cette île. Sans arme, sans nourriture ni eau. "

En l'entendant signifier que je n'avais aucune arme, mon premier réflexe fut de porter la main à ma ceinture. Tâtant cette dernière, je me rendis vite compte qu'en effet, mes précieux jouets n'étaient plus à leur place et qu'il n'y avait aucune trace d'eux à l'horizon.

- " Où sont mes yo-yos ?! " Me mis-je à hurler en fusillant l'escargophone du regard.

- " C'est moi qui les ai. " Répondit mon interlocuteur dans le plus grand calme. " Tu n'en auras pas besoin. "

- " Vous êtes sérieux ?! Et on venait à m'attaquer ? " Continuais-je de hurler, une pointe de peur faisant tressaillir légèrement ma voix.

Le silence, voilà que fut la réponse de l'homme au bout du fil. Plusieurs secondes de silence, semblant durer des heures, s'écoulèrent avant qu'il ne reprenne la parole. Des secondes durant lesquelles, je regardais avec colère ce pauvre petit animal qui n'y était absolument pour rien dans cette histoire.

- " C'est bon, t'as fini d'sonner les cloches, Esmeralda ? " Me demanda ce dernier, d'un ton sec avant de reprendre en voyant que je gardais le silence. " Bien. Tu vas rester seule sur cette île, pendant une semaine entière. Ton objectif si tu l'acceptes... Pas comme si tu avais l'choix en même temps... Est, d'ici mon retour, apprendre à maîtriser au moins une technique du Rokushiki. Peu importe laquelle, j'm'en fous. De toute façon, si tu veux survivre, tu devras obligatoirement en maîtriser une. " A ces mots, un vilain sourire étira le visage du petit escargot, reflétant à l'identique l'expression de Strefe. " Il n'y aucune population sur cette île à part des créatures plus sauvage les une que les autres. Si tu ne veux pas finir en fricassée de lapin, tu ferais mieux de te bouger le cul, Clochette. "

Alors que ce dernier riait à gorge déployée, moi, de mon côté, je déglutissais à cette idée. Imaginer me faire dévorer vivante par un animal ne me rassurait pas trop. A tel point, que je me mis soudain à regarder dans tous les sens, qu'aucune bête n'état caché, autour de moi, prête à me sauter à la gorge.

- " Oh une dernière chose. " Me faisant sursauter à cette déclaration qui me fit sortir de mes songes. " Si ta simple vie ne suffisait pas à te motiver, peut-être que celle de ton lapin en peluche, si. "

Une fois de plus, je portais la main à ma ceinture par réflexe pour vérifier ses dires. Ne sentant pas la peluche à laquelle je tenais tant, mes yeux s'exorbitèrent de peur et ma bouche s'entrouvrit.

-  " Si à la fin de cette semaine, tu es encore vivante, mais que tu ne maîtrise pas au moins une technique, tu pourras dire adieu à ton... doudou. " Fini par me dire Karl avec une pointe de dégoût dans la voix avant de raccrocher.

Gacha.

- " Attendez !!! " M'écriais-je tout en secouant l'escargophone qui avait reprit son apparence normale.

Voyant que je perdais mon temps et que je maltraitais plus qu'autre chose cette créature qui n'y était pour rien, je me repris. Cessant de torturer l'animal, je continuais de le fixer, plongeant mon regard dans le sien tout en reprenant petit à petit mes esprits.

- " Excuse-moi petit escargot... Ce n'est pas après toi que j'en ai. " Lui assurais-je d'un ton rassurant, pour qu'il comprenne que je ne lui veuille pas de mal. " C'est cet enfoiré qui m'a mis en colère ! Quand je le reverrai, je lui ferai passer l'envie de me piquer mes biens ! " Stipulais-je avec mépris, tout en serrant ma main valide, déterminée à lui faire avaler ses dents.

Quant à mon petit compagnon, celui-ci ne me lâchait pas du regard. Alors que ce dernier semblait impatient, tout à l'heure, son expression affichait maintenant de la lassitude. Ce petit animal était décidément bien étrange. C'était la première fois que je voyais un escargophone montrer une telle palette d'émotion différente en-dehors des appels. Il me plaisait bien ce petit. Même s'il ne parlait pas, ça me ferait de la compagnie. En plus, en rose, il est vraiment trop mignon.

- " Hé, ça te dit qu'on devient copine toutes les deux ? " Lui demandais-je avec engouement, un sourire radieux sur mes jolies lèvres et la tête légèrement penché sur le côté.

Pensant toujours que c'était une femelle... Même s'il est impossible de les différencier... c'est avec les yeux étincelants à l'idée de me faire une nouvelle amie, que je toise ce petit animal. Petite créature qui ne trouva rien de mieux comme réponse que de disparaître tout d'un coup dans sa coquille.... En assistant à cela, j'en restais bouche bée. La voir ainsi m'ignorer de la sorte était tellement vexant. Mais ce qui était plus dur encore, c'est de comprendre que je me retrouvais définitivement seule au monde, sur cette île hostile. Et qui sait, quel genre de créature la peuple. Un sanglier géant comme sur l'ïlot Flottant, des dinosaures ou... pire encore.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:02, édité 2 fois
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Les yo-yos, dans son arsenal à celle-ci, y étaient usuellement de bon aloi. La demoiselle, au milieu de son cursus d’apprentissage, aurait pu en faire un usage idoine à supposer qu’on l’agressa. La jupe était courte, l’esprit de ses contemporains tout autant, aussi le mal rôdait potentiellement à chaque coin d’ombre. Quoi que considérant la population locale, si ce n’est quelques belettes et autres fraises des bois un peu acides, les risques, à supposer qu'ils furent existants, étaient relativement faibles.
Mais une paire de yo-yos, quand on en faisait usage afin de se prémunir de tous les malheurs du monde, c’étaient aussi des instruments qui vous manquaient quand, par hasard, on retrouvait un « bon ami » ; un camarade encombrant qui, en tête, laissait davantage de traumatismes que de bons souvenirs. Aussi, de ses armes, qu’elle en fut privée par un instructeur décidément trop aventureux dans ses enseignements, ne joua pas en sa faveur quand quelques retrouvailles importunes furent de mise. Que ce fut toutefois équipé de yo-yos métalliques ou du nécessaire à Buster Call, on était de toute manière toujours trop démuni quand Alegsis Jubtion venait à votre rencontre.

- L’escargophone, faut lui parler quand le combiné est décroché. Qu’elle est bête cette Hayase.

Une consolation, à être ainsi abandonnée dans la verdure diaprée de l’Archipel Vert, eut précisément consisté à être seul plutôt que mal accompagnée. Dans son infortune, Hayase serait les deux à la fois, isolée loin du monde avec le pire accompagnant qui fut. Il lui sembla, à avoir entendu cette voix niaiseuse venue de derrière elle, qu’une vieille cicatrice venait de se rouvrir. Quand, après avoir hésité, une goutte  de sueur lui glissa du scalp à la nuque le temps qu’elle ne tourna la tête, l’évidence était à présent indéniable : Alegsis Jubtion se trouvait bel et bien présent avec elle sur l’île.
Sa précédente réplique assénée, celui-ci, l'air de rien était déjà reparti, tournant le dos à sa vieille complice d’antan. Puis, après une dizaine de pas – il fallait au moins ça pour qu’une idée lui fasse un tour dans la caboche – il tressaillit d’un bout et retourna à nouveau vers elle, le visage franchement effaré.

- Mais qu’est-ce que tu fais là ?!

Lui répondre, à cet idiot, c’eut été amorcer l’inépuisable engrenage à inepties qu'il avait en lui. En tacticienne avisée, Hayase préféra l’ignorer bien qu’ils ne furent présentement que deux âmes sur l’archipel. À faire comme s’il n’existait pas, peut-être ce vilain songe disparaîtrait-il. C’était humain de le penser et, plus encore de le souhaiter. Le déni était en effet une étape émotionnelle quasi-incontournable pour qui tombait en proie aux retrouvailles avec pareil énergumène.
C’est alors qu’arriva la déferlante, celle-ci vociférée à cinq centimètres à peine de son oreille droite.

- Qu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàAlorsjevaisteleredemanderencoreuneoudeuxfoisQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàJesaisplusquelleétaitlaquestionquejevoulaisteposerahouijemesouviensQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàTajupeesttropcourtegalopineQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislà ?

Son imagination ne l’avait pas trompée car plus aucun doute n'était permis ; c’était bel et bien le véritable Alegsis. Ce dernier n’avait pas haussé le ton le temps de perpétrer cette gaminerie qu’il avait préféré entonner avec sérieux. Son visage n’avait alors pris aucun trait qui se rapporta de près ou de loin à une quelconque forme de hargne ou d’espièglerie ; il était resté le même, inflexible, ce qui ne rendit son présent exploit sonore que plus perturbant.

- Moi, il ne fallait jamais trop le forcer pour qu’il ramena tout à lui, j’ai attaqué des pirates. La chose n’avait rien de singulière, il en faisait profession. J’étais sur leur bateau, j’ai castagné, castagné, castagné – pas mal dessiné de Colors Traps aussi faut bien dire – ah là, je la tenais ma prime, tu peux me croire.

Quand il était question de ses succès comme de ses déboires, la chute de ses mésaventures était toujours retentissante. Aussi, même les oreilles bouchées, Hayase ne put que l’entendre conter sa légende qui lui fut narrée la bouche grande ouverte.

- Du coup, une chose en entraînant une autre, j’ai coulé leur navire. C’était un risque sinon une quasi-certitude quand on embarquait un pareil passager à bord. Il était pas gros faut bien dire pas solide non plus. Du coup, quand je me suis réveillé  ah oui, le mât m’était tombé sur la tête… pas solide du tout, vraiment, j’étais ici. Et je te parle de ça, ça doit bien faire cinq jours déjà. Ah les histoires qui m’arrivent, je te raconte pas jeri-hi-hi-hi-hi-hi.

Ses histoires, elles étaient toutes les mêmes ; quelque part où tout se passait bien, il y faisait irruption et soudain, tout se passait beaucoup moins bien. C’était alors avec ce facteur de chaos ambulant qu’Hayase se retrouvait piégée. Le mauvais sort, parfois, s’acharnait.
Elle l’avait croisé en deux reprises. Deux fois de trop à son goût ; et il sembla que dans toute ce que le ciel avait de facéties à lui offrir, les dieux se piquèrent de lui faire tomber la foudre dessus une troisième fois.
Un silence balayé d’un vent qui faisait ondoyer la verdure s’installa entre eux deux avant qu’Alegsis, quelque part contrarié de ne pas trouver de répondant à ses bavardages incessants, prit à nouveau les devants. À sa manière ; c'est-à-dire la plus insupportable possible.

- Qu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaislàQu’est-cequetufais-làqu’est-cequetufaisl….

De guerre lasse, elle lui répondit enfin. Sans ses yo-yos, elle ne pouvait pas le tuer après tout, aussi la reddition fut préférable à la bataille. Cela, elle le savait pour s’être confrontée à lui sur l’Île de la Veine quelques mois auparavant ;  à cet homme-là, il fallait lui céder en tout pour que le bruit s’arrêta. Elle lui raconta ses mésaventures à son tour, lui répétant à cinq ou six reprises ce qu’elle venait de dire chaque fois que le bougre affichait une moue dubitative à ne jamais rien comprendre. Ses aveux étaient faits.
Ce faisant, elle lui apprit même où il se trouvait après qu’il eut échoué sur l’Archipel Vert, là où une frégate de tourisme n’y passait guère qu’une fois dans le mois. Le seul recueil d’âmes humaines qu’on y trouva, en ces lieux, on le savait de l’autre côté du massif ; celui-là même qu’ils ne franchiraient pas, restant alors invariablement seuls au milieu des prairies verdoyantes.

- Je connais bien ça, moi, le Shikishiki. Jura presque Alegsis en se pointant du pouce, un petit air fiérot sur la trogne.

- Rokushiki. Rectifia-t-on, décrédibilisant ainsi mieux sa précédente assertion.

Resté figé par le souffle de la réplique, sa bouche maintenue ridiculement ouverte et son regard rivé dans le vide, le chasseur de primes avait comme été mis sur pause. Cela, avant qu’il ne se débloqua de sa soudaine paralysie.

- … Oui... mais les experts appellent ça le Shikishiki. Il avait réponse à tout, à commencer par tout ce qui se rapportait aux sujets dont il ne maîtrisait absolument aucun élément. Aussi croisa-t-il les bras avant de fermer les yeux et, mêlant une condescendance de pitre à une pédanterie aussi grotesque qu’inappropriée venant de lui, Alegs ponctua sa bravade d’un, Ah ces amateurs je vous jure.

Elle était pas rendue celle-ci ; et des âneries de ce genre, elle s'en fanerait encore pour une semaine. Sept jours. Cent-soixante-huit heures. Dix-mille-quatre-vingts minutes. Ces six-cent-quatre-mille-huit-cents secondes qui venaient, elle les égrainerait sans doute une à une, impatiente chaque fois que la nouvelle seconde succéda à la précédente. Il parla ensuite longuement, l'animal, principalement pour ne rien dire, jusqu’à ce que, rompant la monotonie guillerette de son assommant verbiage, le maître du Shikishiki reprit avec autorité :


- Eh puis, déjà, de une et premièrement on s’entraîne pas au Shakishouki habillé comme ça.

- Je croyais que c’était le « Shikishiki ». Grogna sa disciple qui n’avait aucunement consenti à recevoir ses enseignements.


- Chut, c'est moi l'expert. Tu vas me faire le plaisir d’enlever cette jupe.

- Enlever ma…. Elle soupira, habituée qu’elle était aux outrances du personnage et sachant qu’il était finalement trop bête pour penser à mal. Alegsis, réfléchis, c'était alors lui demander l'impossible, je vais pas enl...


- Pas le temps ! La coupa vivement un vénérable maître qui, les bras croisés, prenait décidément trop à cœur un rôle dont il s’était auto-investi. Le ShankyFlobidop c’est une affaire d’instantanéitude !

Et sur ces confusions dans les termes - celles-ci préludant la confusion majeure qu’il avait en tête – Alegsis agît alors prestement, lui arrachant immédiatement sa jupe dans le cadre d’une impulsivité qui, paraît-il, relevait de l’impérieuse nécessité quand s’annonçait la présente instruction martiale.

- Ne crains rien, exhortait-il aussitôt après, le verbe haut, sa paume droite dressée devant lui, simulant ainsi le charisme dans le vacarme et les grands airs, je suis chasseur de primes.

À la plèbe, il suffisait qu’on lui évoqua un titre pour que la figure d’autorité – aussi illégitime était cette dernière – puisse faire foi dans l’instant. En maintes occasions, chaque fois que le désastre lui était venu au bout du pinceau, il avait suffi à Alegs de plastronner avec assurance qu’il était licencié par le Gouvernement Mondial pour qu’on se détourna sans sourciller de l’infamie dont il venait d’être l’auteur. Seulement, ce qui fonctionnait avec audace sur les simples d’esprit rencontra quelques résistances face à une initiée qui, pour l'heure, cachait au mieux une petite culotte où y apparut un motif coquet présenté sous la forme d’une tête de lapin.

- Mais t’es malade ?! Invectiva-t-elle son abruti de compère dont elle savait, hélas, qu’il était alors en pleine possession de ses moyens.

Presque intrigué qu’on puisse réagir ainsi après qu’il fut si secourable à son apprentie, Alegsis répondit d’une petite voix d’où émanait un fond d’incompréhension.

- Non, assura-t-il avec fraîcheur, un air si innocent sur sa trombine qu’on eut pu croire qu’il l’était, je suis chasseur de primes, je viens de le di… AïE Le coup de poing porté sur son crâne lui fit immanquablement baisser la tête pour l'amener à contempler ses œuvres de plus près. Aussi ne put-il retenir un commentaire néanmoins énoncé à voix basse Rose, je le savais.

Un entraînement, après tout, devait bien commencer de quelque manière qui fut. Ce fut alors celle-ci à défaut d'une autre. Une à la mesure de ce tandem rendu inséparable par les coups de butoirs tragicomiques opérés par le sort.

Et cela durerai encore sept jours.
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L'art du Cipher Pol
Deux jours... Deux journées interminables s'étaient écoulées depuis que j'avais été abandonné sur cette île. Quarante-huit heures de torture psychologique intensive, exercée par le pire être humain que je connaissais. Un véritable fléau, capable de plonger dans les abîmes du désespoir, ce monde. Déluge et anarchie, personne n'était à l'abri de ce cataclysme qui frappait. Et le plus sinistre dans tout ça, c'est qu'il nous était impossible de fuir. Peu importe où on se trouvait, cette calamité nous retrouverait toujours.

- " Mais tu n'écoutes vraiment rien ! Je t'ai dit que ce n'était pas comme ça qu'on faisait ! " Me réprima le chasseur de primes, qui me regardait m'exercer à l'art du Cipher Pol.

- " Je te dis que si ! C'est ainsi que me l'a expliqué mon superviseur ! " Répliquais-je avec hargne à son encontre. " Il faut frapper du talon dix fois, le plus vite possible pour parvenir à disparaître. Genre, une fraction de seconde si je me souviens bien de ce qu'il m'a dit. " Lui expliquais-je en bonne élève studieuse, en récitant ma leçon.

Son regard reflétant toujours le peu d'intelligence dont il était doté, Alegsis m'observait sans un mot, cherchant sûrement une nouvelle ânerie à sortir.

- " Ce n'est pas un vrai spécialiste du Shishibrouki, ton gars-là. Il ne t'a raconté que des conneries. Heureusement que je suis là pour t'aider " Prenant une pause théâtrale, le chasseur de primes me fixa en brandissant son index. " Il faut le faire... " Faisant une grimace, le rendant encore plus moche pendant qu'il cherchait ce qu'il allait dire. " Onze fois ! Oui c'est ça, il faut taper de la pointe des pieds, onze fois ! "

Sur ces mots, ce débile profond mit les poings sur les hanches tout en bombant le torse, fier de lui. C'était si triste de voir un homme aussi pathétique.

- " Tu viens tout juste de l'inventer... " Dis-je dans un souffle, lassé par cet énergumène.

- " Tu oserais mettre en doute, la parole de ton maître ? "

- " Mon... " Ne pouvant plus me retenir, je fus prise d'un fou-rire devant tant de stupidité. " Toi.... mon... mon maître ? Elle... elle est bien... bonne ! "

Ce qu'on ne pouvait retirer à Alegsis, c'est que c'était vraiment un clown. Un véritable bouffon du roi qui ferait sûrement fureur à la cour avant qu'on ne sépare sa tête du reste de son corps. Sa bêtise était sans limite et l'entendre dire qu'il était mon maître en est la preuve. En-tout-cas, cela eut le mérite de me faire bien rire.

Alors que je me tordais de rire, les mains sur le ventre et des larmes qui perlèrent aux coins de mes yeux, Alegsis me regardait complètement perdu.

- " Pourquoi tu rigoles ? Tu as vu un truc drôle ? " Me demanda ce simplet tout en guettant autour de nous ce qui pouvait m'avoir mis dans cet état.

- " Oui, j'ai vu un singe à la tête d'hippopotame faire une farce. " Ne puis-je me retenir de dire tout en essuyant les petites perles de mes yeux. " Il te ressemble vachement d'ailleurs, surement un cousin éloigné. Tu devrais lui courir après. "

Sachant pertinemment que ce crétin ne connaissait rien au second degré, j'espérais au fond de moi, qu'il parte à la poursuite de ce singe imaginaire. Malheureusement, malgré l'hésitation que je pouvais lire dans son regard, celui-ci ne bougea pas.

- " On a un entraînement à terminer ! La vie de ton lapin est en jeu ! " Me surpris ce dernier en se montrant si avenant.

Cela aurait presque pu m'émouvoir s'il n'était pas un handicap en lui-même. Ce n'était clairement pas avec lui dans mes pattes que je pourrais réussir à maîtriser une seule technique du Rokushiki. Il fallait que je m'en débarrasse. Quoi que... Connaissant l'animal, je perdrais bien plus mon temps à le faire. J'allais devoir faire avec. Au moins, pendant que je m'entraînais, il s'occupait d'aller chercher à manger et à boire. Certes, il ne me donnait jamais grand-chose, jouant les gros égoïste comme à son habitude. Mais cela me suffisait et me laissait plus de temps pour m'entraîner.

- " Déjà, tu vas commencer par retirer cette veste, nouée autour de ta taille ! " Lâcha soudainement celui-ci tout en se jetant sur moi.

Seulement, cette fois-ci, il était hors de question que je le laisse faire sans broncher. Je m'étais déjà retrouvé en petite culotte devant lui et c'était la fois de trop. Au moment où celui-ci frôla à peine du bout du doigt mon blazer noir, il reçut ma punition vengeresse. Mon attaque ultime anti-Alegsis ! Le brise noix.

La vilaine trogne du chasseur de primes s'étira dans une grimace de douleur pendant qu'il s'était arrêté dans son élan. La douleur qu'il devait ressentir, devait être atroce. J'avais mis beaucoup de force dans cette attaque dévastatrice, quitte à lui faire remonter ses parties intimes jusqu'au fondement de son anatomie. En même temps depuis notre combat à Veine, je m'étais rendu compte qu'il était très résistant et qu'il ne valait mieux pas retenir ses coups.

- " Tu ne toucheras pas à se blazer, ni à aucun autre de mes vêtements. " Lui signifiais-je avec une pointe de mépris dans la voix pendant que je le regardais tomber à genoux, une main sur l'entrejambe.

Oui, j'étais cruelle avec lui et j'en prenais en effet un certain plaisir. Mais à lui seul, cet homme pouvait plonger notre monde dans l'apocalypse. Alors ce n'était que justice.

Alors que je lui disais ces quelques mots, Alegsis n'en resta point-là. De la bave au coin de la bouche et les yeux sortis de leur orbite celui-ci continuait de tendre fébrilement sa main en direction de ma veste.

- " Tu n'apprendras donc jamais la leçon... " Finis-je par lui dire avant de soupirer de découragement.

Tournant rapidement sur moi-même, j'envoyais s'écraser le plat de mon pied nu, sur son affreux nez. Y impulsant toute ma force, cette attaque était capable de briser les os de mon adversaire et de causer de gros dégâts interne. Mais il n'y avait rien à craindre concernant ce spécimen. C'était Alegsis après tout... Au pire, il n'aurait aucune séquelle à part peut-être le nez cassé. He oui, il faut avoir un cerveau pour en avoir.

Pour l'heure, sous le coup de l'attaque, le visage du chasseur de primes se déforma à l'impact avant que tout son corps ne s'envole au loin. Avec fracas, celui-ci brisa plusieurs arbres sur son passage avant de s'arrêter loin de ma vue. Enfin, j'allais pouvoir souffler quelques secondes.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:03, édité 2 fois
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Quelques secondes ; une dizaine à peine, pas même de quoi recouvrer de son insanité mentale. Voilà pour le temps qui lui fut imparti, à cette médiocre élève qui, lorsqu’elle faisait montre d’une violence débridée, n’accomplissait pas même son forfait en s’en remettant au Rokushiki. De cela – et de tant d’autres choses – Alegsis le lui conta, ayant presque aussitôt rebondi de sa précédente chute pour lui revenir en plein dans la trogne.

On ne conjurait pas une malédiction à seulement remuer les bras et les jambes.

Même le tarin sanglant, celui-ci déjà aplati sans qu’il ne fut besoin de le heurter plus que de raison, l’animal était encore aussi vivace que s’il fut gorgé de stéroïdes. Il était la stéroïde, celui qui, en cataclysme, fendait l’atmosphère depuis l’outre Terre pour anéantir ceux sur qui il venait chuter. Virevoltant, plein d’allant et de vigueur, le voir – et surtout le subir – n’engageait finalement qu’au désespoir.

- Tu veux que je te dise ? Elle ne le voulait pas. Ton Shigan, là, il avait au moins retenu ce terme-ci sans l’écorcher, il est loupé. Mais alors… bâclé de chez bâclé. Nul. Par contre ça fait super mal.

Quelque peu démangé au niveau du nez, précisément là où il avait accusé un coup de pied cinglant à vous fendre le crâne, Alegs se frotta le groin afin d’apaiser les dégâts et d’en essuyer les quelques traînées sanguinolentes. Ce faisant, il se braqua soudain, palpant cette fois son pif comme s’il l’eut tamponné du bout des doigts ; de plus en plus rapidement. Il venait de réaliser ce qu’il n’aurait jamais osé considérer. Au milieu de blair bien plat où la vilaine y avait écrasé son pied, il y trouva non pas un trou, mais deux.

- T’as réussi, se surprit-il à le découvrir, fier que ses enseignements dépourvus de savoir aient par hasard abouti à un résultat probant, t’a découvert le Shig… puis, dans un de ces volte-face saisissant où il passait d’une humeur à l’autre, Alegsis se ravisa aussitôt, essuyant l’ébahissement heureux de son visage pour ne plus y laisser que son habituelle expression niaiseuse. Ah non, c’est juste mes narines. Fausse alerte. t’es toujours nulle en fait

Entre deux phases théâtrales – toujours guignolesques celles-ci – il fallait, lorsqu’on en était spectateur et donc victime d’un pareil imbécile, trouver en soi la force de ne pas le tuer. Ses forces, à Hayase, il lui fallut par ailleurs les ménager plus que de rigueur. L’archipel où elle se trouvait y était certes vert, mais outre l’herbe, les arbres, déjà rares, y étaient chiches en fruits. Avec ce qu’il fallait d’eau à disposition tant la pluie y était abondante, la novice devrait néanmoins préserver ses forces pour les cinq jours à venir faute de ressources suffisamment abondantes pour la sustenter. Et son énergie, après que ses nerfs furent si facilement excédés, elle en avait gâché une copieuse quantité. Le temps de son apprentissage, elle le passerait ainsi à lutter contre des vents contraires.

- Manifestement, le Shigan, c’est pas ton truc. Pensa démontrer Alegs par une assertion ne reposant sur rien. Mais alors pas du tout, du coup on va essayer les autres.

C’est sans prévenir que, de son pinceau de combat, cette arme longue comme un balai, l'artiste-pitre frappa en estoc à l’estomac de ce qu’il s’était assigné comme une disciple. Le coup fut alors trop soudain pour qu’il fut seulement envisageable de s’y soustraire et, Hayase, quelque peu soufflée par l’audace de son « maître » autant que le coup qu’il lui avait administré, ressortit de cette expérience pliée en deux. À constater la petite moue vaguement déçue que tira Alegsis, on put conclure que, quelle que fut la leçon qu’il chercha à lui prodiguer, les résultats ne furent pas concluants.

- Bon, annonça-t-il finalement avec une désinvolture crasse, le T’écailles, on barre aussi de la liste de ce que tu sais faire. Mais, n’étant pas homme à se stopper sur un échec – surtout quand cela concernait autrui – Alegsis, avec l’entrain qu’on lui connaissait, persista dans ses efforts inlassables à lui enseigner le Rokushiki. Le Camié peut-être ? S’interrogea-t-il avec ingénuité tout en assénant un deuxième coup identique au précédent, cette fois dans les reins de la jeune fille, afin de déterminer si celle-ci fut en mesure de les esquiver. Non plus. Fut alors son implacable conclusion tandis qu’il afficha une fois de plus une petite mine dépitée, quoi qu’au fond relativement indifférente aux sévices qu’il s’évertuait à perpétrer sur la demoiselle Qu’est-ce qu’on va faire de toi…

Hayase n’avait pas évité le premier coup du fait que celui-ci fut inattendu, elle échappa encore moins aux suivants considérant qu’elle fut encore occupée à recouvrer du premier. Sous couvert de lui venir en aide, Alegsis avait œuvré à la laminer.
Tournant le dos à la fraîche recrue du Cipher Pol, il avait ensuite croisé les bras le temps de monologuer à l’envi, sans trop qu’on ne put exactement savoir s’il lui adressait la parole à elle ou bien s’il se parlait à lui-même. L’interminable babillage qui fut le sien, alors, laissa amplement le temps à sa comparse de se remettre de ses émotions. Enragée et, finalement assez peu avare du gâchis d’énergie qui s’annonçait, elle s’avança vers lui, nourrissant comme quelques projets de revanche. Comme si son corps lui avait intimé avant d’en référer à sa cervelle, Alegsis entama immédiatement le pas de course, précédant de peu son élève.

- T’as raison, affirma-t-il fougueusement tout en se surprenant d’avoir commencé à cavaler sans trop s’en rendre compte, rien de tel que la course à pied pour s’échauffer avant un entraînement au Sans Roues.

Échauffée, Hayase l’était pourtant jusqu’aux oreilles, galvanisée qu’elle fut alors par l’énergie de la haine et du désespoir. Alegsis, entre deux facéties, exerçait en effet des vertus stimulantes sur qui s’éprouvait à lui et ce, bien que ce fut toujours indépendant de sa volonté.
Une troisième journée d’entraînement s’achevait en ce début de soirée pluvieuse et, dans les cieux rosis jusqu’aux nuages, un arc-en-ciel, étalé sur l'horizon, contrastait de sa vive lumière avec deux ombres qui, quant à elles, étaient occupées à se courir l'une après l'autre dans l’herbe mouillée.
Il ne resterait bientôt plus que quatre jour, et Hayase n'avait pas progressé d'un pouce.
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L'art du Cipher Pol
Nous étions à l'aube de ce cinquième jour de ce rude entraînement. Pour ne pas dire, séance de torture orchestrée par le pire énergumène que je connaissais. Depuis que j'étais sur cette île, aucun progrès n'était à signaler, le Rokushiki se trouvant toujours hors de ma portée. J'avais beau m'exercé, rien n'y faisait. Que ce soit, le Shigan, le Tekkai ainsi que toutes les techniques de ce noble art. Même le Soru qui me semblait pourtant la plus évidente à mettre en pratique, ne donnait aucun résulta probant. J'avais beau user encore et encore mes pauvres petits talons, en frappant le sol le plus vite possible, rien y faisait.

Il faut dire aussi que je n'étais pas aidé. Mon tortionnaire, mais néanmoins ami qu'était Alegsis ne faisait que m'embrouiller l'esprit. Celui-ci pensant... et il était bien le seul à le penser... connaître les ficelles du " Sixième Style " me bourrait le crâne d'informations plus inutiles les unes que les autres. Bien que je savais que cet idiot ne savait rien de cette capacité, je me mélangeais les pinceaux. À chaque fois que j'essayais de reproduire ce que m'avait montrer l'agent Strefe, j'en oubliais ce qu'il m'avait expliqué, incluant dans l'exercice, les conseils erronés du Chasseur.

Et puis, qu'est-ce que j'étais épuisée... Physiquement, mais mentalement également. La mise en pratique de ces compétences, n'était pas des plus aisées. Cela demandait une concentration optimum. Concentration que je n'avais pas à cause de ce débile mental qui ne faisait que m'embêter. C'est simple, je passais le plus clair de mon temps à le frapper pour le faire taire qu'autre chose. Et le pire, c'est que ça ne suffisait pas. Celui-ci revenait continuellement à la charge. A croire qu'il devait aimer ça. Heureusement, j'avais réussi à me trouver quelques petits moments de tranquillité.

D'ailleurs, il était venu le temps d'aller profiter de cette accalmie si chère à mon cœur. Le soleil n'étant pas encore levé, j'avais pris l'habitude de me lever à l'aube pour aller m'entraîner tranquillement. Comme à l'époque où j'étais encore à la garnison de Cocoyashi, le calme régnait à cette heure. Cet enfant attardé qu'était Aleg, se réveillait rarement avant que le soleil ne montre le bout de son nez. Il me restait donc, pas loin de deux heures pour en profiter. Mais avant ça, il fallait déjà que je me débarrassasse d'un enquiquineur.

Cette grosse marmotte avait pris la fâcheuse manie de se coller à moi quand il dormait. Déjà que nous dormions à même le sol... Ce qui n'était pas très confortable, on ne va pas se le cacher... cet idiot avait l'air de me prendre pour un martelât bien confortable. Et comme chaque matin, je me retrouvais à moitié écraser par lui, qui dormait sur le dos en position, étoile de mer. Pour ne rien arranger, j'avais l'impression de dormir à coté d'une fanfare. Alors que beaucoup dormaient en faisant des petits ronrons tout mignons, lui, il ronflait comme un vrai goret. A tel point, que l'île entière devait l'entendre.

- " Si seulement, il pouvait mourir dans son sommeil. Je serai enfin tranquille. " Dis-je faiblement dans un souffle pour ne pas le réveiller tout en me dégageant de sous lui.

Une fois libre et sans prendre le temps de m'attarder plus que ça, je quittais notre camp de base improvisé. Laissant sur place mes chaussures et le reste de mes affaires. Comme toujours, je préférais m'entraîner pieds nus, étant bien plus à l'aise ainsi. Et puis, sentir l'herbe fraîche et humide était des plus agréables.

Arrivé à mon endroit de prédilection... un petit bosquet à l'abri de tous les regards... je commençais à m'exercer après avoir pris le temps de bien m'étirer. Le programme du jour était simple. Ayant compris que certaines techniques étaient bien trop ardues pour que je les maîtrise en si peu de temps. Il me fallait me contenter d'apprendre les deux seuls que je pensais à ma portée. C'est-à-dire, le Soru et le Geppou.

- " Concentre-toi, Haya... Respire. Vide ton esprit. " Me conseillais-je, appliquant ce que m'avait enseigné ma meilleure amie, Sy-ven.

Sans l'autre parasite dans le coin, il était bien plus facile de ne pas me disperser et de rester focus sur mon objectif. Malheureusement, toute bonne chose à une fin.

Alors que cela faisait à peine une demi-heure que je m'appliquais avec détermination à aguerrir le Soru, une voix me sortit de ma focalisation.

- " Je t'ai déjà dit, que tu devais le faire onze fois... " S'exprima le seul autre humain vivant de cette île, d'une petite voix encore endormi.

Surprise, je sursautais légèrement avant de me retourner vers lui. A peine réveillé, le Chasseur de primes, me regardait, planté entre deux arbres.

- " Si tu ne m'écoutes pas, comment veux tu devenir une experte du Shishimaki ? " Me réprimanda ce dernier, la main dans le pantalon, à se gratter l'entrejambe, tout en baillant.

- " En même temps, qui voudrait écouter un crétin comme toi ?! " Rétorquais-je avec exaspération, en voyant sa vilaine tête et son manque de manière qui me sortait des yeux.

Moi qui étais si détendu, loin de lui, je sentais déjà la colère remonter en moi. Je ne comprenais pas comment je pouvais être amie avec un individu pareil. C'était incompréhensible, même pour moi. Tout chez lui me mettait hors de moi et pourtant, j'avais une certaine affection pour lui.

- " Et puis qu'est-ce que tu fais déjà debout ?! " Repris-je toujours aussi cinglante à son encontre. "

- " J'avais envie de faire pipi... " Me répondit-il tout simplement, en se curant son nez d'hippopotame. " Puis, vu que tu n'étais plus là, je suis venu voir ce que tu faisais. Et j'ai bien fait quand on voit que tu fais n'importe quoi... " Balança cet énervant personnage. " Écoute donc ce que je te dis et tu deviendras une véritable experte du Shishibaki... Surtout qu'il y a du travail quand on voit à quel point, tu es nulle ! " Fini par me dire Alegsis tout en poussant un long soupir.

Un ami hein... Avec lui, pas besoin d'ennemi, je vous le dis.

- " Merci pour ces encouragements... Ça fait toujours plaisir. "

- " Avec plaisir ! Tu en veux d'autres ? " Me demanda cet idiot avec engouement, affichant ce sourire qui me faisait toujours redouter le pire. " Ce n'est pas parce que tu es moche que tu ne peux pas y arriver ! " Celui-ci prit un petit temps de pause le temps de trouver une autre horreur à me sortir. " Même avec de si petits tét... "

Seulement, celui-ci n'eut pas le temps de finir sa phrase, recevant une mini branchette d'arbre, de quelques centimètres.

- " HAAAAAAAAAA ! Je vais mourir, au secours ! " Se mit-il à brailler tout en courant paniqué, la branchette, plantée dans le front. " Appelez S.O.S médecin, viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ! "

En assistant à ce spectacle ridicule, je ne pus retenir de rire de bon cœur. Amusée par la situation, je comprenais pourquoi je le considérais comme mon ami. Il était le plus idiot de tous, maladroit et insupportable, mais il savait me faire rire.

Au bout de quelques minutes à rire de son malheur, j'eus pitié de lui et je vins l'aider à retirer ce petit bout de bois.

- " Tu as essayé de tuer ton maître. C'est indigne d'un bon élève. " Bouda légèrement celui-ci pendant que je lui apportais les premiers soins.

- " Ce n'est pas moi, c'est le singe à la tête d'hippopotame de l'autre jour qui a fait ça. " Lui assurais-je honteusement pour me couvrir.

- " Mmmmh.... " Tout en les plissant, Aleg plongea son regard vide d'intelligence dans le mien pour vérifier que je ne lui mentais pas avant de continuer. " Il va voir si je le croise un jour celui-là ! Même s'il a pas de prime, je vais m'occuper de lui. " Affirma ce grand cornichon qui venait de tomber dans ma duperie.

- " Va savoir, c'est peut-être un dangereux criminel que le Gouvernement recherche ! " Rajoutais-je de plus belle, m'amusant de sa stupidité. " Si ça se trouve.... " Laissant planer le suspense. " Il vaut peut-être cent millions de Berrys ! " J'insistais bien sur la somme d'argent, le fixant avec des étoiles dans les yeux.

Pendant quelques secondes, Alegsis ne sembla pas réagir, m'observant sans rien dire. Celui-ci semblait comme plongé dans ses pensées, repensant à ce que je venais de lui annoncer. Quand tout d'un coup...

- " SERIEUX ?!!!!!!!!! " Se mit-il à hurler, les yeux grands ouverts par cette information que je venais de lui donner.

- " Hé oui ! Si tu ne veux pas qu'une telle somme t'échappes, tu ferais mieux de lui courir après. " Renchérissais-je de plus en plus amusée de la situation.

- " Il Faut que je l'attrape ! Et tu vas m'y aider ! " Me prenant par la main tout en partant dans n'importe quelle direction.

Seulement, m'attendant à une telle réaction de sa part, je ne comptais pas me laisser faire.

- " Attends, Aleg ! Il vaut mieux que je reste ici. Ça serait dommage qu'il revienne ici et qu'aucun de nous soit là pour le capturer. " Continuais-je de le faire marcher, tout en essayant de garder le plus possible mon sérieux.

En entendant mon argument, celui-ci s'arrêta, semblant une nouvelle fois de réfléchir à ce que je venais de lui dire. Le pauvre, il allait se faire un neuf au cerveau. Fin s'il en a seulement un.

- " Tu as raison, tu restes là pendant que je pars à sa recherche ! " Conclut ce dernier avant de me lâcher la main et de mettre les siennes sur mes épaules, prenant un air grave. " Surtout, si tu dois mourir, fais-le après l'avoir capturé ! "

Sur ces mots, un vent frais souffla et un corbeau se fit entendre trois fois. Quant à mon visage, il ne put se retenir d'afficher le désagrément et la lassitude que je ressentais à ce moment-là.

- " Promis... " Lui soufflais-je complètement désabusée.

Puis, Alegsis parti à la chasse au singe imaginaire. Mon plan avait marché à merveille et j'étais si heureuse d'être enfin débarrassé de lui pendant plusieurs heures.

- " Enfin la paix !!!! " M'exprimais-je avec joie, en me sentant soulagé d'un poids.

Sans tarder, je repris où j'en étais avec mon entraînement, retrouvant une parfaite concentration.

Plusieurs heures s'écoulèrent avant que je ne décide de prendre une petite pause bien méritée. Durant cette séance, j'avais commencé à choper le truc, concernant le Soru. À deux reprises, j'avais réussi à me déplacer d'un point à un autre avec une extrême vitesse que je ne soupçonnais pas chez moi. Mais il y avait encore beaucoup à faire. Déjà, je ne le maîtrisais pas et cet enchaînement se déclenchait quand il le souhaitait. Et puis, je n'avais réussi qu'à le faire sur une très courte portée.

- " On tient le bon bout... " M'encourageais-je, légèrement à bout de souffle par cet entraînement intensif.

Comme quoi, sans Alegsis dans les parages, tout était possible. D'ailleurs, je me demandais bien où il en était avec cette histoire de singe imaginaire. Cela faisait déjà un long moment qu'il était parti. Au fond de moi, j'espérais quand même que rien ne lui soit arrivé de faucheux.

- " Ça me ferait des vacances... " Lâchais-je soudainement, un sourire enjoué sur le visage en pensant à cette idée.

Enfin, on parlait d'Alegsis... Bien sûr qu'il ne pouvait qu'aller bien. Au pire, une plante carnivore aura essayé de le manger et en voyant qu'il avait un goût atroce, elle en serait morte.... En imaginant cette scène grotesque, je me mis à glousser.

- " Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? " Me questionna soudain, mon ami qui surgit comme un diable de derrière un arbre.

- " Hiiiiiiiiiiii..... " Poussais-je d'un petit cri aigue tout en sursautant. " Mais t'es complètement fou !! " Lui hurlais-je dessus, une main sur la poitrine, sentant mon pauvre petit cœur qui avait failli exploser sous la peur.

- " Viens avec moi ! J'ai trouvé quelque chose ! " Me somma ce sombre crétin sans prendre la peine de s'excuser.

- " Tu as trouvé le singe ? " Lui demandais-je sans cacher ma surprise.

- " Mieux ! "

À ce mot, il m'attrapa par le bras et me força à le suivre. Il nous fallu quasiment une bonne heure pour rejoindre l'endroit où il souhaitait m'emmener. Sur le chemin, il m'expliqua vaguement ce qu'il avait vu. Pendant qu'il recherchait le singe, il était tombé sur un nid d'oiseau. Au début, ressentant la faim, il avait pensé à ce faire un petit casse-croûte avec les oisillons. Mais à la place, il a assisté à la première envolée de l'un d'eux.

- " J'ai cru qu'il voulait se suicider au début ou que quelqu'un l'avait poussé ! " Ajouta celui-ci, horrifié alors qu'il voulait les manger à la base.

Continuant son histoire, il m'apprit que les autres petits oisillons avaient suivi son exemple. Chacun leur tour, ils se jetèrent dans le vide avant déployer leurs ailes afin de s'envoler.

- " C'est bien beau tout ça, mais en quoi ça me concerne ? " Lui demandais-je tout en haussant un sourcil, sans voir où il voulait en venir.

Au moment où je lui posais cette question, nous arrivions à destination. S'agissant du pied de la chaîne de montagne, je ne compris absolument pas ce que nous faisions ici.

- " Si les petits oiseaux se jettent dans le vide pour s'envoler, on va faire pareil avec toi afin que tu maîtrise le Giopiou ! " Déclara celui-ci tout en fixant le sommet de la montagne fier de son idée.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:03, édité 2 fois
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Les piafs, pourtant rares dans les environs, lui avaient donné des idées. Pas des bonnes. Hayase put néanmoins s’estimer heureuse qu’il ne s’inspira pas des errances d’un scarabée bousier qui passait par là.
Toutefois, des prétextes à se réjouir qu’on voulut la balancer sur haut des cimes de ces monts insolents, dressés si hauts jusqu’à en lécher les cieux, elle n’en trouva guère. Des raisons de s’en plaindre cependant, il lui vînt en bouche par centaines. L’invective fut alors substantielle dans le verbe. Mais lutter contre Alegsis, c’était chercher à triompher des éléments. Une tornade, un tsunami, un tremblement de terre entre autres orages démentiels, blizzards et éruption volcaniques, on ne leur faisait pas entendre raison en fulminant bien fort ou en faisant pleuvoir les anathèmes à verse. Le propre du cataclysme tenait en effet à son caractère irrésistible.

Et cette calamité d’homme, il fut alors bien inspiré d’avoir de pareilles idées après que les jours se soient si implacablement succédé. Aussi fraîche qu’on pouvait l’être après s’être entraînée cinq jours durant en petite culotte, Hayase accusait le coup. Le coup de barre très exactement. Un coup de barre qui fut remarquablement littéral après qu’Alegsis chercha à l’assommer sans prévenir – mais pour son bien – d’un immense coup de pinceau venu lui heurter le front.
Mais elle avait la tête dure, bien qu’elle s’y agrippa fermement durant quelques temps à ruminer sa douleur.

Avec toujours cette petite moue contrariée lorsqu’il ne parvenait pas à ses fins, presque chafouin et attendrissant en dépit de la grossièreté de son visage, Alegsis souleva légèrement son chapeau de l’envers de son pinceau de combat pour se gratter le crâne dans une démarche apparemment introspective.
Il avait eu dans l’idée qu’une fois qu’elle serait inerte, sa chère amie, il n’aurait plus eu qu’à la transporter sur son dos afin de gravir les monts et de l'y jeter. Mais il lui sembla qu’elle avait grossi, celle-ci, à se bâffrer de chenilles pendant cinq jours. Elle avait alors la peau sur les os.
Aussi, qu’elle résista si bien à son anesthésie spontanée fut finalement pour lui un mal pour un bien.

Et comme cela lui arrivait si souvent lorsqu’il se fourvoyait dans les pires desseins qui lui venaient en tête, un sens de l’ingéniosité aussi époustouflant qu’inattendu lui électrisa les méninges. À la question « Comment diable vais-je pouvoir attirer cette grosse dinde en haut de la montagne sans me fatiguer ? » la réponse se profila finalement dans son esprit. La fainéantise, chez certains spécimens dont celui-ci, contraignait à carencer sa paresse par un sens aiguisé de l’astuce.

- Mais oui ! Réalisait-il alors que, déjà, il éclata une de ses capsules de peinture – ses habituelles munitions de combat – pour y trembler le doigt dans une gouache bien rouge et, dans l’autre main, se dessiner son Colors Trap à l’envers.

De là, il s’appliqua à tamponner cette paume garnie de rouge en se frappant partout sur le corps, se claquant aussi bien le cul que la nuque, les bras ou les jambes, sans oublier le buste et le chapeau. Moucheté à présent de sigles rouges – hypnotiques ceux-ci – il scanda tout sourire le nom de sa technique comme si celle-ci avait été une évidence depuis le début.

- Brush Crush : La Vue Rouge !

Comme un fanion – rouge lui aussi – qu’on aurait agité devant un taureau excité, le Colors Trap rouge attirait vers lui tous les élans hostiles de toute créature innervée susceptible de poser les yeux dessus.
Innervée et même particulièrement énervée, Hayase, qui avait recouvré du brutal coup de pinceau de combat venu lui exploser la caboche, porta son regard noir sur le gugusse à qui elle devait une si jolie bosse. Mais pour elle, le concours de « La Vue Rouge » ne fut qu’accessoire dans l'équation en ce sens où, frappée ou non par l’hypnose, elle aurait vraisemblablement tué son partenaire d’exil après qu'ils partagèrent leur intimité seuls au monde durant plus de cinq jours.

- C’est fou comme le blanc de tes yeux révulsés s’accorde avec l’éclat des dents que tu dévoiles. Complimenta Alegsis qui, bien qu’il fut goujat au point de frapper les femmes – pour leur bien évidemment – savait aussi se montrer avenant à l’occasion.

Elle aboya presque, sa poursuivante, sans trop qu’on sache si le Colors Trap ou sa rage intrinsèque avait été en cause. Alegsis avait pour sa part galopé et, présenté à ce mur tellurique aux arpents intimidants, s’était jeté dessus sans hésitation pour, en désespoir de cause, l’escalader à mains nues. Hayase, alors, ne s’était pas trouvée bien loin derrière pour l’imiter aussitît.
Ainsi Alegsis avait-il trouvé le moyen de la traîner plus en amont sans trop avoir à se fatiguer. Le tout à présent consistait encore à ne surtout pas se faire rattraper. Furieuse comme elle était et, peinturluré comme il l’était par sa propre technique, Alegsis, de leur retrouvailles, il n’en aurait pas réchappé.

Les deux, lancés qu’ils furent durant près de trois heures dans une ascension impétueuse, s’essoufflèrent à escalader encore et encore un mont dont le sommet paraissait sans cesse plus lointain à mesure qu’on s’en rapprochait. La poursuite, intense et haletante alors que les deux perdaient leur respiration dans une buée de givre, perdait en allant désormais que les forces leur manquait à l’un et à l’autre. Sur une corniche presque aussi givrée que celle qui le traquait sans relâche, Alegsis chercha à y faire quelques pas le temps de reposer ses bras. Il avait laissé son pinceau en bas afin qu’il ne le gêna pas en main le temps de son escalade ; les moyens de défense lui manquaient alors. Et jamais loin derrière, presque la bave aux lèvres, Hayase, échevelée et en petite culotte les deux pieds nus dans la neige, n’en démordait pas de le traquer comme elle le faisait. Cela, bien qu’elle non plus, dans sa poursuite enfiévrée et encensée par les Colors Trap, n’avait trop belle tournure, épuisée qu’elle était.

À haleter tous les deux comme ils le faisaient, l’une coursant l’autre à pas lents et presque effondrés, leur cavalcade approchait de son dénouement. Alegsis, dans un dernier geste salutaire, trouva un tas de neige suffisamment fourni pour qu’il se jeta dedans afin de s’y rouler et que sa peinture, enfin, fut effacée, ne serait-ce que partiellement. Lorsqu’il en ressortit, au bout de cette corniche au bord du vide, il présenta ses mains à Hayase comme pour la calmer, s’adressant à elle comme on l’aurait fait à l’intention d’un animal indomptable afin de l’apaiser.

- Voilàààà ! C’est fini ! Y’a plus de Colors Trap. Tu peux arrêter d’être laide et méchante, c’est bon. Puis, plus méfiant alors qu’elle s'approchait lentement de lui toute dents dehors, il sentit enfin que quelque chose n’allait pas. Euh… Hayase ? Tu me reçois ? C’est moi, c’est Alegsis. La personne que tu préfères au monde.

Il sembla que ces mots provoquèrent chez elle un bond aussi inopiné qu’enragé alors qu’elle se jeta sur lui.
De tous les sceaux de son « Brush Crush » rougeoyant, il en était un qu’Alegs avait omis de laver : celui trônant fièrement au centre du chapeau qu’il avait enfoncé sur son crâne. Plongeant ainsi sur lui sans se soucier des conséquences du fait que l’hypnose autant que la rancœur obscurcissaient son jugement, Hayase s’était jetée sur lui – ou plutôt sur son chapeau – entraînant avec elle le chasseur de primes dans une chute dont l’issue, à près de mille mètres d’altitude, leur serait aussi fatale qu’inexorable.

Pourtant, l’incroyable se produisit et, ainsi délesté de son chapeau dans l’agitation du moment, s’étant immédiatement accroché à l’une des jambes de son assaillante en désespoir de cause, Alegsis crut pertinent de commenter enfin :

- Ça marche Hayase, j’avais raison ! Tu voles grâce au Gay Poux ! Regardes ! Tu vol...ah non en fait. On tombe. Fausse alerte, jeri-hi-hi-hAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

C’était une manière comme une autre de se diriger vers un trépas inéluctable. Une conséquence logique qui pouvait potentiellement atteindre toute personne ayant eu un contact prolongé avec Alegsis Jubtion.
Les deux zigotos, emportés dans leur folie mutuelle, l’une conduite par la rage tandis que l’autre avait été suggérée par l’imbécilité, dégringolaient à présent comme jetés de ces cieux vers lesquels ils s’étaient dirigés si âprement.
Peut-être le plan d'Alegsis n'avait-il pas été une si bonne idée que ça, après tout.



Techniques utilisées:
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L'art du Cipher Pol
Le vide se rapprochait de plus en plus vite. Dans cette chute aussi dangereuse que mortelle, je voyais ma vie défiler devant mes yeux. Je repensais à tout ce que j'avais vécu jusqu'à aujourd'hui. Ma rencontre avec la 89ème qui était devenue ma nouvelle famille. Naneko, cette adorable petite fille que je n'avais malheureusement pas pu sauver. Cette nuit merveilleuse où j'avais découvert pour la première fois, des plaisirs insoupçonnés avec cette personne plus âgée que moi. Et dont j'étais tombée amoureuse. Mais surtout, je repensais à mon frère. J'avais quitté mon île et rejoins le Cipher Pol en espérant un jour le retrouver.

Malheureusement, il s'avérait que cela serait finalement impossible. A cause de cet abruti d'Alegsis, nous allions bientôt voir nos vies se terminer prématurément. Et l'idée même de ne jamais atteindre mon but, me brisa le cœur. Les larmes commencèrent à perler aux coins de mes yeux, pendant que je regardais le sol sur lequel nous allions nous écraser. Tout ça ne serait pas arrivé si ce bon a rien de Chasseur de Primes n'avait pas été là. Celui-ci avait, on peut le dire, des idées plus merdiques les unes que les autres. Et même si ce malade mental était mon ami, à ce moment-là, je le haïssais !

- " Tout ça, c'est de ta faute ! " Lui hurlais-je dessus, déversant toute ma colère. " Si jamais on ne meurt pas, je te tue moi-même !!! ""

Des mots bien inutiles, je n'en doute pas moi-même. Bien sûr qu'on allait mourir. Il ne pouvait en être autrement. S'imaginer survivre d'un tel plongeon était improbable. Pour cela, il faudrait que l'un de nous ait un pouvoir qui puisse nous sauver. Par exemple, le pouvoir de créer un gros coussin d'air qui amortirait notre chute. Ou même le pouvoir de s'envoler. Seulement, aucun de nous...

- " Le Geppou... " Soufflais-je soudainement, les yeux grands ouverts à cette idée qui venait de s'imposer à moi.

Mais oui, il y avait un moyen pour qu'on s'en sorte. En pensant à cela, l'espoir refleuri. Alors que je me voyais déjà me transformer en charpie au contact du sol, le sourire me revint. Une porte de sortie s'ouvrit enfin à moi. Il ne me restait plus qu'à me saisir de cette opportunité. Et il me fallait faire vite.

Ma vie ne s'achèverait pas ici et surtout pas en la seule présence de cet énergumène. Seul problème à l'équation, c'est que je n'avais encore jamais réussi à maîtrise cette technique. Comment allais-je faire ?

- " Allez Haya ! Tu as bien réussi à utiliser le Soru ! Ça ne doit pas être plus compliqué ! " M'encourageais-je, sûre de moi.

Mais avant ça, il y avait quelque chose à régler. J'avais entendu parler de personne capable de s'en servir qu'avec une seule jambe, mais je n'en étais clairement pas encore là. Il me fallait mes deux jambes pour y arriver. Le hic, c'est que j'avais un boulet accroché à ma jambe gauche. Et pas des moindres. Continuant de hurler comme un veau, ce débile s'y cramponnait comme à une bouée de secours. Je pouvais sentir ses mains moites à travers mes bas de danseuse.

Il n'y avait qu'une seule solution. J'étais navrée pour lui, mais seule, je pouvais m'en sortir. Prenant donc la décision de me séparer de lui, je me mis à agiter ma jambe dans tous les sens pour qu'il lâche prise. Malheureusement, ce bougre y restait scotché comme une vraie sangsue.

- " Tu vas me lâcher, espèce d'ahuri !!! " Lui intimais-je, toujours folle de rage.

Je n'étais pas sûre que mes mots puissent l'atteindre. Avec ses cris de détresse et le bruit assourdissant du vent qui soufflait autour de nous. Tant pis, il n'y avait donc plus qu'une alternative. Usant de ma deuxième jambe, je lui assenais plusieurs coups sur le sommet du crâne. Je n'y allais clairement pas de main morte, y mettant toute la force que je pouvais afin de le faire décramponner.

Au bout de plusieurs tentatives, et alors qu'on devait avoir presque fait la moitié du chemin vers notre mort, celui-ci lâcha enfin. Sonnés par mes assauts, ses doigts se desserrèrent de mon mollet. Enfin, j'étais libre de mes mouvements. Il n'y avait plus une minute à perdre. Sans regarder ce qu'il en était de ce pauvre Alegsis, je frappais l'air de mes pieds. Seulement rien... Rien ne se passa. J'avais beau frapper encore et encore, cela ne suffit pas. Complètement paniqué, je ne parvins pas à recourir à cet art.

- " Allez !!! " M'écriais-je, continuant d'essayer percé le secret de cette technique qui me semblait de plus en plus impossible à acquérir.

Peut-être que je n'étais pas capable de maîtriser cette habileté. Après tout, le Soru n'avait été que des successions de chances. Le Rokushiki me resterait peut-être à jamais hors de ma portée. À cette pensée, des petites gouttes se mirent à rouler sur mes joues.

- " Je... je ne veux pas mourir... " Sanglotais-je, des larmes coulant de mes yeux aux iris en fome d'étoiles.

Les trois-quarts de la chute allaient bientôt être atteints. Il n'y avait plus aucun espoir de s'en sortir. J'allais définitivement mourir avec pour dernière compagnie, l'être le plus idiot du monde. Une fois de plus, je repensais à tous mes proches que je ne reverrais malheureusement plus jamais.

- " Je vous aime... " Confiais-je au vent ce dernier message d'amour, qu'il porterai peut-être à mes proches, tandis que je fermais les yeux pour ne pas assister à ma fin.

- " Haya... " Une voix... " Haya !! "[/i]


° ° °



- " Oh !! " S'exclama une voix d'enfant. " Tu vas m'écouter à la fin ! "

Il s'agissait d'un petit garçon de douze ans, brun et les yeux couleur ambre. Un jeune adolescent du nom de Yorha Kuro, mon ainé de quatre de plus que moi.

- " Hayase ! Si tu ne m'écoutes pas, je retourne lire et je te laisse te débrouiller toute seule ! " Me disputa celui-ci, les mains sur les hanches.

- " Ah non ! T'as pas le droit ! Je le dirai à maman et papa ! " Lui signifiais-je, les joues gonflé à cause de ma moue boudeuse.

- " Alors, soit attentive ! " Finit-il par me dire avant d'appuyer sur mes deux joues pour les faire dégonfler en riant.

Très vite, j'imitais mon frère, riant devant ce petit bruit, ressemblant à une flatulence. Innocente et naïve à cet âge, un rien me faisait rire. C'étaient les plus beaux jours de ma vie. Cocoyashi, mes parents, mes amis et surtout mon frère que j'aimais plus que tout. Tout était parfait.

- " Bon, tu regardes hein ! Je ne le ferai qu'une seule fois ! D'accord ?! " Me demanda Kuro avant d'appuyer délicatement sur le bout de mon petit nez.

- " Oui !! " Lui promis-je tout en acquiesçant de la tête, mes deux petits poings serré fermement pour lui montrer que j'étais prête.

Sans rien ajouté de plus, Kuro avec un yo-yo en bois à la main, fit un geste du poignet. Ce faisant, le jouet du jeune garçon, s'envola vers le ciel, toujours relié au doigt de celui-ci par la fine cordelette. Puis, continuant sa démonstration, devant mes yeux ébahis, il l'envoya rouler en direction du sol.

- " Woaaah !!! " Ne puis-je me retenir d'exprimer en voyant le yo-yo avancer de lui-même une fois, touché le sol.

En m'entendant, mon grand-frère eut un petit sourire attendri. Me voir ainsi, des étoiles dans les yeux le comblait toujours de joie. Il était un grand frère très avenant et mon bonheur était pour lui, la seule chose qui lui importait. Voulant m'en mettre encore plein les yeux, il continua la leçon en me montrant d'autres figures. Et cela pendant une bonne heure durant laquelle j'observais mon frère, émerveillais par tant de talents.

- " Tu es trop fort Oni-chan !!! " M'écriais-je avant de m'élancer vers lui, un sourire radieux aux lèvres.

Ravi de moi voir si heureuse, son visage afficha une joie non dissimulée. Celui-ci était content de voir que sa petite démonstration m'avait tant plus. Il ne lui en fallait pas plus.

- " Ça t'a plus ? " Me demanda celui-ci, tout en me caressant le sommet du crâne.

- " OUIIIIIIIIIIIIIi ! " M'écris-je folle de joie. " Tu crois que je peux aussi le faire ?! "

- " Bien sûr que oui. " Me répondit-il avec assurance avant de s'agenouiller pour se mettre à ma hauteur. " Tu es capable de grande chose, petite sœur. Ne l'oublie jamais. "

À ces mots, mes yeux étincelèrent encore plus de joie. Savoir que mon cher frère pensait cela de moi, me ravisait. Un sourire encore plus épanouis se dessina sur mon visage d'ange. Et tandis que je fermais mes grands yeux d'enfant, j'acquiesçais énergiquement.




° ° °



[i]- " Tu peux tout accomplir, Haya... " Me dit de nouveau l'écho de mon frère.

À ce souvenir, mes yeux s'ouvrirent brusquement, affichant une détermination sans faille. Mon frère avait raison, j'en étais capable. Je ne devais surtout pas abandonner. Le sol se rapprochait de plus en plus. Il devait rester moins de deux cents mètres avant qu'on ne finisse écrasé au sol. Il n'y avait plus de temps à perdre. Motivée comme jamais, je repris de frapper l'air de mes pieds. Encore et encore.

- " Tu peux le faire... " M'encourais-je tout en regardant la terre ferme qui s'approchait de plus en plus.

Cent cinquante mètres. Il ne restait bientôt plus assez de temps pour éviter le pire.

- " ALLEEEEEEEEEEEEZ !!!!!!!!!!!! " M'écriais-je avec toute la rage du monde, tandis que je continuais de frapper et frapper.

Soudain, alors que j'avais fermé les yeux, je sentis une drôle de pression sous mes pieds. Surprise, j'ouvris de nouveau les yeux, comprenant ce qui se passait. Mon cœur failli faire un bond dans ma poitrine quand je vis que je marchais dans les airs. Sautillant sur place en propulsant assez de force dans chaque coup, je rebondissais dans les airs.

- " Je... Je... J'AI REUSSIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!! " Hurlais-je à plein poumon, les bras levés vers le ciel.

Quelle joie, mais quel bonheur ! J'avais réussi à maîtriser le Geppou. Enfin, je maîtrisais un des six arts du Sixième style. J'en étais tellement heureuse. Des larmes de joie se mirent à couler de mes yeux. J'avais tant de mal à y croire et pourtant. C'était un véritable miracle. Il n'y avait plus rien à craindre dorénavant. J'allais m'en sortir et je n'avais plus qu'à retrouver la terre ferme en douceur.

- " Mine de rien, je n'aurai jamais réussi sans l'intervention de cet abru... "

Ivre de joie, j'en avais complètement oublié ce pauvre Alegsis qui continuait de chuter vers une mort certaine. Baissant les yeux, je vis ce sombre crétin en train de brasser l'air à l'aide de ses bras et de ses jambes. Ce grand couillon semblait vouloir nager en direction de la montagne... Nager dans les airs. On aura tout vu. Mais bon, ce n'était pas le moment de le critiquer. Il avait largement dépassé la barre des cent mètres et se rapprochait dangereusement du sol. Il fallait agir avant qu'il ne soit trop tard.

D'un coup de pieds, je fusais dans sa direction, espérant l'attraper avant le drame. Malheureusement, pas encore tout à fait à l'aise avec cette technique, je ne me mouvais pas aussi vite que je l'aurai voulu. La distance entre nous ne se réduisait pas assez vite.

- " Plus vite ! Plus vite !! " Ordonnais-je à mes jambes qui faisaient déjà leur maximum pour s'y habituer.

Moins de cinquante mètres avant qu'il ne trépasse. Le temps était plus que compté. Puisant dans toutes mes forces et commençant à me faire à cette capacité, je m'approchais de plus en plus de lui, priant d'y arriver.

- " ALEEEEEEEEEEEEEG !!! " M'écriais-je, la peur au ventre de ne pas arriver à temps.

Il ne restait plus que quelques mètres au moment où j'attrapais enfin ce grand cornichon par la ceinture. Et encore quelques-uns avant que j'arrive à stopper sa chute en battant des jambes vers le bas.

- " Tiens, un bousier ! " S'exclama le Chasseur de Prime, le visage à un mètre du sol.

Il faut croire que cette mésaventure n'avait pas eu raison de sa stupidité. Enfin... Le pire était derrière nous.

- " Tu pèses une tonne... " Lui dis-je avant de le lâcher sans prévenir, le laissant s'écraser face la première contre une pierre.



Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:03, édité 2 fois
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À l'aube du septième jour, le soleil se leva à l'Ouest. C'était de coutume à West Blue. Et dans le reste du monde aussi par ailleurs. Ce jour, semblable à quelques millions d’autres ayant pu un jour s’écouler dans la quiétude verdoyante de l’Archipel, marquait néanmoins un terme ; celui du séjour d’une cadette du Cipher Pol.
Des mérites à s’être ainsi entraînée, elle en avait. Et à foison. Quoi que ses malheurs et déboires – tous induits par le même facteur – avaient incidemment concouru à la sublimer dans sa gloire ; celle d’avoir pu maîtriser deux des six facettes du Rokushiki en sept jours de temps. On ne triomphait effectivement que mieux dans l’adversité. Cela, à moins que celle-ci ait le dernier mot. Les lois de la nature, aussi implacables qu’elles étaient immuables, intimaient à quiconque qu’un prompt résultat suggérait une prise de risque particulièrement conséquente. De même que la flibuste prenait la mer sous la menace du gibet pour garantir en un an la fortune qu’un honnête homme accumulait en une vie, il avait fallu s’échauder à quelques dangers pour faire ressortir le meilleur de soi. À son corps défendant mais remuant, Alegsis avait ainsi contribué à renforcer l’arsenal martial de son amie. Une amie qui lui serait soutirée sous peu par ses instructeurs.

Cette amie, alors crasse de sept jours à avoir macéré dans sa sueur et l’humidité pluviale, avait trouvé un cours d’eau afin d’y commettre un brin de toilette. Il convenait en effet de s’en extraire plus reluisante et présentable que jamais lorsque sa hiérarchie viendrait l’extirper de l’Archipel. Dans ce semblant de rivière, peut-être bien creusé par des siècles de pluie battante, il y pataugeait d’innombrables brins d’herbe bien verts ainsi que des nénuphars. Des gros, dont l’un d’eux, bombé, cheminait le long du courant jusqu’à s’approcher de la petite demoiselle affairée à récurer la moindre parcelle de peau. De dessous ce nénuphar, à y regarder de plus près, on put apercevoir un chapeau et, de dessous ce chapeau, une créature aux yeux ronds et niaiseux qui, lentement, émergeait jusqu’à ce que ses naseaux surplombèrent la surface de l'eau. L’approche avait été furtive, silencieuse, mais un tantinet présomptueuse à considérer que l’animal, dans son insouciance, avait levé le museau à moins d’un mètre de là où s'était trouvée l’imprudente. Quand celle-ci se retourna – car pas un atome d’épiderme ne devait réchapper de sa toilette sans reluire – elle resta un instant interdite ; anormalement calme considérant la situation alors qu’une bien curieuse bestiole à chapeau la reluquai.

- Euh… je…, balbutia le bestiau en se grattant l’arrière du crâne tout en détournant le regard après qu’il se redressa, jeeeee, l’alibi fut alors laborieux à expectorer, je suis un hippopotame ! Oui, voilà. Zoink ! Concluait-il avec un petit air à la fois rogue et bouffon, s’imaginant sincèrement qu’il se trouva hors de cause pour avoir ainsi formulé le supposé cri de l’animal dont il prétendait ainsi usurper l’identité.

Elle lui logea aussitôt son index dans l’œil.

- AyyYYAaaAaYOuUuïEOuUÏetonShiganestnulaufaitAaaaaAAAaAyy, réagit alors la drôle de bête ainsi éconduite dans sa curiosité lubrique.

Bondissant hors de l’eau, naturellement trempé, on put alors constater, maintenant qu’Alegsis s’adonnait à une débandade aussi bruyante que frénétique, qu’il avait gardé son habituelle tunique le temps qu’il exécuta sa patrouille douteuse sous l'eau. Il ne s’était en effet pas dévêtu pour perpétrer cette nouvelle « séance d’entraînement ». C’est du moins en ces termes qu’il qualifierait la chose devant un tribunal.
Alors qu’il disparaissait dans les hautes herbes, Hayase put toutefois l’entendre crier au loin, une fois hors de vue :

- De toute façon, je m’en moque, y’avait rien à voir !

Il avait alors caleté dans la verdure – et il avait bien fait – jusqu’à ce qu’il aperçut le littoral. Ce ne fut qu’alors que la débâcle observa une halte. Se tenant debout, son pinceau toujours à la main, Alegsis trouva à cent mètres devant lui, fraîchement débarqués d’une petite caravelle laissée au bord de la côte, deux hommes qui, par leur seule présence, venaient rompre la monotonie champêtre cet Eden pluvieux.

- Des envahisseurs, s’alarma Alegsis avant même d’analyser le moindre élément en présence, main s’agrippant plus fermement autour du manche de son pinceau de combat, ils viennent me prendre Hayase et mon bousier !

Il n’aurait alors trop su dire duquel des deux il aurait été le plus chagriné de devoir se séparer.

Le premier de ces nouveaux explorateurs ; de ces intrus, avait les épaules larges et la mâchoire franche, dépassant de près de deux têtes un acolyte plus jeune et menu qui, quant à lui, arborait un costume cravate dont le finition du textile criait « Cipher Pol » d’un bout à l’autre de l’étoffe.
Tout deux, discourant de sujets sérieux, occupés qu’ils étaient à conjurer en tandem, s’interrompirent néanmoins quand un curieux olibrius surgit depuis les hautes herbes. Il avait en mains, celui-ci, un drôle de bâton à l’extrémité hirsute, que les deux agents interprétèrent comme étant un balai. Leur assaillant eut beau alors avoir pour lui l’effet de surprise et une arme brandie à deux mains par-dessus sa tête à deux, celui-ci se réceptionna mâchoire la première au bout d’un bras tendu bien haut après que le grand type ait proféré un « Tekkai » énoncé du bout des lèvres à peine. La perte de conscience, alors, fut immédiate.

Penchés ensuite l’un et l’autre au-dessus des restes inanimés de leur agresseur affalé sur le ventre, le mieux fagoté des deux, se grattant alors le sommet du crâne en se demandant bien ce qui avait pu se passer, fut interpelé par ce qui se présentait ostensiblement comme son supérieur hiérarchique.

- Contacte le Central, avertis-les qu’il existe encore des autochtones sur l’Archipel Vert. Dis-leur qu’ils sont appar’mment très primitifs et super moches.

Puis, portant sa main en visière sur ses arcades, le costaud plissa les yeux alors qu’il lui sembla apercevoir au loin une silhouette dans la verdure.

- Ah. La voilà. S’exclama-t-il mollement comme mâchant à travers sa gouaille. Semblerait qu’elle ait pas été bouffée pas les indigènes. Je suppose que c’est d’jà ça.

Allant à elle comme elle venait à eux, il enjamba sans effort le corps inerte de l’artiste-pitre venu s’échouer au bout de son poing, comme s’il ne l’eut jamais calculé.
Le Cipher Pol était alors allé retrouver une de ses recrues. Celle-là même qu’ils avaient abandonnée sur l’Archipel Vert, soi disant pour que l’environnement ambiant fut propice à son entraînement. À son comité d’accueil, elle aurait alors bien des choses à leur raconter.
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L'art du Cipher Pol
Il m'aura décidément tout fait celui-là. En plus des pires misères du monde, voilà qu'il jouait les gros pervers. La seule et unique fois que je décide de me laver depuis mon arrivé sur cette île, il faut que ce pervers me reluque. Heureusement qu'il s'agissait de notre dernier jour ensemble.

Tandis que je m'étais revêtu de mes vêtements qui étaient dans un piteux état, - Je ne vous parle même pas de l'odeur - j'étais parti à la poursuite de ce malotru pour lui faire ravaler ses paroles. Même s'il ne pouvait sans douter à cause de sa petite cervelle, la réflexion qu'il m'avait faite, m'avait beaucoup blessée. Étant la première concernée, je savais pertinemment que je n'étais pas logé à la même enseigne que de nombreuses femmes. Même si la nature n'avait pas été avare sur ce qui faisait ma beauté, elle en avait oublié un petit quelque chose. Un détail qui me complexait fortement et sur lequel Alegsis avait osé me piquer.

Loin de simples piqûres de moustiques, ma poitrine n'en était pas pour autant très développé. Celle-ci, dessinant de petites bosses sous ma chemise, n'était pas ce qui attirait le plus le regard. Et ce misérable n'était pas la première personne à m'en faire la remarque.

Blessée en mon for intérieur et folle de rage, je comptais bien lui faire regretter de telles paroles. Seulement, alors que je pensais avoir retrouvé sa trace au milieu de cette végétation, c'est sur une toute autre personne que je tombais.

- " Alors Bambi, on n'a pas été tué par un vilain chasseur à ce que je vois ! " S'exclama l'agent Strefe à mon approche.

Comme à son habitude, l'homme du Cipher Pol continuait de m'appeler par des petits noms complètement stupides. Il n'était peut-être pas du même acabit que le Chasseur de Primes, mais il savait m'énerver tout autant. À croire que la plupart des hommes de ce monde, s'étaient passé le message pour se payer ma tête.

Malheureusement pour lui, je n'étais pas d'humeur à supporter ses brimades, déjà bien assez échauffé par ce qu'avait fait l'autre idiot.

- " Hé, au fait, regarde qui c'est que j'ai là ? " Sortant de sous sa veste le petit fantôme en peluche qu'il m'avait subtiliser. " Pan Pan le lapin s'ennuyait sans toi... Mais j'en ai pris grand soin. " Déclara-t-il, un sourire moqueur aux lèvres tout en le câlinant.

En voyant qu'il osait me narguer avec ma précieuse peluche, mon sang se mit à bouillir dans mes veines. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il avait pu faire avec. Ce qui était sûr, c'est que je ne saurai pas la seule à prendre un bon bain une fois qu'on serait rentré. Il était hors de question que ce doudou porte encore l'odeur de ce sadique.

- " Tu n'as pas oublié ce que je t'ai dit, j'espère. " Repris l'agent de catégorie I qui reprit soudainement son sérieux après avoir dégagé la peluche de son affreux visage. " Si tu veux que je te rende ton lapin, il faut que... "

Cependant, il n'eut pas le temps de finir ce qui disait.Sans qu'il ne s'y attende, je disparus de sous ses yeux avant de réapparaître à quelques centimètres de lui. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait que, d'un salto arrière, je lui envoyais deux violents coups de pieds au niveau du menton.

- " Ce n'est pas un lapin !!! " M'écriais-je une fois mon dernier coup porté.

Toutefois, aucun de mes pieds n'atteignit leur cible. Expérimenté, l'agent Strefe les esquiva d'un simple mouvement de tête en arrière avant de pousser un long sifflement.

- " Hé ! Pas mal Pocahontas ! " Me félicita ce dernier, le plus sincèrement du monde. " Comme quoi, ce petit séjour sur cette île t'a été bénéfique. "

À ces mots, mon superviseur se mit me toiser de haut, un grand sourire dessiné sur ses lèvres. Tandis que moi, je lui jetais un regard assassin. J'étais tellement déçue de ne pas avoir réussi à le toucher ne serait-ce qu'une seule fois. Mais en même temps, cela n'était pas si surprenant que ça. Si j'étais parvenu à mes fins, il n'y aurait aucun intérêt à ce que cet homme soit celui à qui on avait confié mon entraînement. La différence de niveau était encore bien trop grande pour que je puisse espérer rêver de l'égaler.

- " Tiens. " Finit-il par me dire en m'envoyant ma peluche que j'attrapais de mes deux mains. " Chose promise, chose due. "

L'air surprise, je le regardais. Alors que je m'attendais à ce qu'il réplique à mon assaut, me punissant ainsi de mon insolence, il me rendit mon bien. A la place, celui-ci me regardait les mains sur les hanches, l'air fier de son élève.

- " Et mes... " Voulus-je lui demander avant de me faire couper la parole.

- " Ils t'attendant sur le navire. " Me confirma l'agent du Cipher Pol d'un simple geste de la tête dans la direction du navire.

Enfin, j'allais pouvoir récupérer également mes yo-yos qui m'avaient tant manqué. Avec eux, la vie sur cette île aurait été plus facile et en même temps... Si je les avais eus le jour où nous étions tombés de la montagne avec Aleg, jamais je n'aurais su utiliser le Geppou.

- " Strefe. " L'interpella son compère qui était toujours auprès d'Alegsis. " Qu'est-ce qu'on fait de cette horreur ? "

À la question de son collègue, l'agent en question poussa un long soupir, tout en se massant l'arrière de la tête.

- " On s'en fiche pas mal... Au pire, tu n'as qu'à le tuer. " Finit-il par lui dire, d'une voix monocorde.

Haussant un sourcil, je ne compris absolument pas de quoi ils étaient en train de parler. Cherchant à le savoir, je m'avançais pour contourner mon supérieur. Quand tout d'un coup, je me rendis compte qu'il s'agissait de ce grand cornichon d'Algesis qui était sur le point de se faire tuer d'un Shigan.

- " ATTENDEZ !!! " Me mis-je à hurler à son encontre, la main tendue vers lui.

Alors qu'il s'apprêtait à abattre son index au centre du cœur de mon ami, le collègue de Strife me regarda interloqué.

- " C'est..." Je n'osais pas croire ce que j'allais dire à ce moment, déglutissant avant de continuer. " C'est mon ami. "

- " De quoi tu parles, Blanche Neige ? " M'interrogea mon superviseur, surpris par mes propos. " Ce n'est qu'un sauvage. Hideux par-dessus le marché. "

Me mordant la lèvre inférieure, je me retournais vers mon interlocuteur pour plonger mon regard dans le sien.

- " Ce n'est pas un sauvage. Cet homme est un Chasseur de Primes. " Lui expliquais-je, l'estomac noué par ce que je disais avant de reporter mon attention sur ce dernier qui gisait au sol. " Il est mon ami... Si j'ai réussi à maîtriser en partie l'art du Sixième sens, c'est à lui que je le dois. "

Il ne servait à rien de le nier. Ce grand couillon avait été d'une grande aide durant mon apprentissage. Et pas que pour ça.

- " Il est l'être le plus ignoble que je connaisse. " Continuais-je sans lâcher mon ami du regard. " Dégoutant, sans la moindre éducation. Stupide comme ses pieds et jamais avare de propos blessant. J'ai même failli mourir par sa faute, il y a deux jours." Pendant que j'énumérais tous ses défauts, un sourire attendri étira mes fines lèvres roses. " Il est même un peu pervers à ses heures perdues. " Lâchais-je avec un petit rire amusé. "

Les deux agents du Cipher Pol me regardèrent complètement perdu par ce que je leur racontais. Pensant que je décrivais plus un être nuisible, qu'il fallait éliminer qu'un, ami comme je le qualifiais.

- " Mais il est aussi bien plus que ça. " Leur dis-je avec ferveur. " Il était là quand je doutais de moi. Il n'a jamais lâché, tandis que moi, je ne m'en croyais pas capable. "

Alors que je leur signifiais tout cela, je me mis à repenser à tous ses moments passés ensemble. Aux franches rigolades que nous avions partagées. Le plus souvent à ses dépens d'ailleurs. Je songeais également au fait que si j'avais pu me concentrer sur mon entraînement, c'était aussi grâce à lui. C'était Alegsis qui s'occupait d'aller chercher de la nourriture et de l'eau. Certes, il ne me laissait jamais grand-chose, mais... Rien ne l'obligeait à partager avec moi ce qu'il ramenait. Et je sais que dans le fond, ce stupide hippopotame avait un cœur.

- " Alors, je vous le demande. Laissez-lui la vie sauve. " Finis-je par leur demander, la voix légèrement enrouée par l'émotion que je ressentais à ce moment-là.

Sans un mot, les deux hommes se regardèrent, impassible. Puis d'un geste de la tête, l'agent Strife ordonna à son collègue de s'éloigner du Chasseur de Primes.

- " On te laisse dire au revoir à ton amoureux, Vanellope. " Me piqua mon superviseur avant de s'éloigner en compagnie de son confrère.

Pour une fois, sa raillerie ne m'atteignit pas. Je n'en avais que faire, pensant au fait qu'il s'agissait peut-être la dernière fois, que je voyais cet ami à qui je tenais. Laissant échapper un petit soupir de mélancolie, je m'approchais de lui avant de m'agenouiller.

- " Adieu grand débile. " Déclarais-je au chasseur encore assommé, avant de poser une main sur son torse.

Mes adieux faits, je me relevais après un court instant à regarder la vilaine trogne de celui-ci. Et tandis que je prenais le chemin du retour, je me mis à espérer que ce ne soit pas la dernière fois que nos routes se croisent.
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