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La Guilde des Orphelins



La Guilde des Orphelins ~ 1612 : Les Origines


Flashback 1612
✘ Solo ~ Boutique




Un nouveau réveil dans cet espace exigu, au sommet de ce clocher désaffecté, m’offrant tout de même un abri que je squattais depuis un peu plus d’un an déjà. Un quignon de pain pour seul petit déjeuner, j’observais la ville qui s’éveillait depuis le sommet du clocher. Plus personne ne fréquentait cette église depuis des années, mis à part quelques moines en bure en de très rares occasions. Ainsi, j’étais tranquille ici, personne pour venir m’ennuyer tant que l’endroit resterait secret.

Les habitants de la frange se réveillaient tôt, avant même le chant du coq aux premières lueurs du jour. Et je faisais de même, ma condition précaire m’obligeant à ‘travailler’ tôt le matin jusqu’à ce que la nuit tombe. Ce que je faisais ? Beaucoup de choses, même si la plupart de ces activités tournaient autour du vol à la tire, la choure, la fauche ou tout autre moyen illégal d’obtenir des biens appartenant à autrui.

Une fois prêt, ma casquette récemment obtenue vissée sur la tête, mon sweat-shirt noir noué à ma taille, un débardeur et un pantacourt de la même teinte pour le reste, je pouvais me mettre en route. Je gagnais le toit de l’église en passant par une ouverture dans le clocher, longeant la gouttière jusqu’à un mur recouvert par la végétation de la cour intérieure de la bâtisse religieuse. M’aidant de trous de briques manquantes ainsi que d’un lierre probablement plus vieux que moi, je descendais le mur avec agilité. Ce passage, je l’avais emprunté à plusieurs reprises chaque jour depuis que j’avais emménagé ici, et me déplacer tôt le matin et tard le soir me permettait de ne pas attirer l’attention des voisins ou d’éventuels ennemis.

Enfin, ennemi était peut-être un peu fort comme mot, adversaire ou concurrent serait sans doute plus juste. Celle qui régnait entre tous les orphelins qui, comme moi, se retrouvaient dans ces rues à déambuler, arnaquer, se battre, mendier ou voler. La mendicité par exemple, nécessitait de trouver l’endroit idéal où les badauds auraient suffisamment d’argent pour le partager avec de pauvres erres. Le port, la place de l’obélisque et la cité intérieure étaient mes endroits de prédilection, avec assez de passage de citoyens aisés pour récupérer une jolie somme, selon mes standards bien entendu. Je ne récupérais jamais de grosses sommes, juste assez pour vivoter et me payer le nécessaire vital, ayant parfois la chance de mettre une piécette ou deux de côté pour les jours difficiles.

Et, ce fut lors de mes premiers vols à la tire où je m’étais rendus compte des limites de la mendicité, décidant d’agrandir le cercle de mes activités. Toutefois, j’étais rarement le seul sur le coup, surtout quand la journée annonçait un nouvel arrivage de touristes et marchands. Ainsi, perché sur le toit d’une des tavernes les plus fréquentées du port, j’observais l’horizon à la recherche des nouveaux arrivants du jour. Une fois repérés, l’important était la préparation, déterminer à quel endroit ils souhaitaient s’amarrer pour se préparer et se placer au mieux.

De nouveau descendu dans les rues, je longeais le port, les mains dans les poches, la visière de ma casquette abaissée au-dessus de mes yeux, la capuche du sweat-shirt rabattue dessus. Ma dégaine n’attirait pas tant l’attention malgré toutes ces mesures, beaucoup d’autres gamins du coin déambulaient de la même manière. Et, pour une fois, mes vêtements étaient propres et neufs, pas de trous ou de déchirures. J’avais économisé longtemps pour me les payer, hormis pour ceux que j’avais volé et, grâce à ça, je pouvais passer un peu plus inaperçu.

Je passais à côté d’un marchand qui se laissait séduire par les atours d’une fille de joie qui avait abusé sur le maquillage. Il semblait hésiter à la suivre vers l’établissement un peu plus loin qui, comme les vieilles légendes de sirènes, attirait les hommes, le chant en moins. D’une main leste et discrète, je tirais sur le petit cordon de cuir qui dépassait de l’une de ses poches, amenant à moi la bourse dont le poids me rassura une fois dans ma main. Sans m’attarder sur les lieux du crime, je m’éloignais prestement en me dirigeant vers mon objectif. Un peu plus loin, un grand navire richement décoré jetait l’ancre, abaissant un joli pont de bois suivi par plusieurs gardes à l’air patibulaire. Enfin, vinrent les pigeons, magnifiques créatures tape à l’œil, du nobliau à n’en point douter vu comme ils étaient parés. Des bijoux, de l’or, du clinquant, autant de choses brillantes qui dénotaient avec l’allure sordide de la frange de Saint-Uréa. Du moins, quand on s’enfonçait dans les ruelles étroites et sombres. Ici, au port, la sécurité était renforcée et, je savais par expérience qu’être un gamin n’empêchait pas ce genre de gaillards de vous tabasser allègrement.

J’appelais ce genre d’évènement un ‘bateau-touriste’, des compagnies navales qui proposaient des croisières pour les bourgeois curieux et en quête d’aventure, tout en étant protégés. Les groupes de nobliaux, soit de jeunes adultes ou adolescents ou à l’opposé, des octogénaires ayant l’impression de ne pas avoir assez voyagé dans leur riche vie. Ils descendaient les uns après les autres, accompagnés de leurs gardes, pour se diriger vers les boutiques touristiques du port. Les commerçants les attendaient en trépignant d’impatience, ils avaient même retiré toutes les affichettes de prix pour vendre leurs produits à la tête du client. Et ça ne manqua pas, les riches touristes se précipitaient vers les étals et les magasins avec un empressement qui dénotait de la folie de la richesse. Se précipiter à consommer pour se sentir en vie.

Trop les approcher était dangereux, leurs gardes du corps veillant au grain, des mercenaires ou des soldats de différents royaumes, des suivants et même des esclaves pour répondre à leur moindre besoin. Ce genre de vision me dégoûtait, cela faisait deux ans que ma famille ainsi que l’entièreté de la troupe Mazino avaient été réduits en esclavage par un noble à la tête enfermée dans une bulle. Et, depuis ce jour, ma haine pour les privilégiés avait grandit d’autant que le gouffre qui nous séparait. La rue était mon foyer, les leurs étaient des palais. Je me considérais dans mon bon droit de les délester d’un petit peu de monnaie.

Observant les allers et venues, je finis par choisir ma proie. Seulement deux gardes, sans autre compagnie, un ventre assez rond pour qu’il ne voit plus ses pieds et des bijoux qui reflétaient le soleil à chaque brinquebalement. Ce n’était pas le plus paré, mais c’était le meilleur rapport qualité vol à ma disposition. Je le suivais ainsi discrètement, me mêlant à la foule de badauds tout en le gardant en vue. Accompagné de ses gardes, il disparut alors dans une boutique. Le genre d’établissement clinquant dans lequel j’aurais trop attiré l’attention. Gagnant alors une allée obscure juste en face, je me fondis dans les ombres derrière une benne à ordure.

Les minutes passèrent sans que rien ne se passe, mise à part la chaleur qui montait dans l’étroite ruelle à mesure que le  soleil grimpait dans le ciel. Puis, un bruit survint dans mon dos, de quelque chose qui tombe. Je me retournais pour me retrouver face à face avec un autre enfant de mon âge. Et, derrière lui apparaissaient plusieurs silhouettes de la même taille, certains se montrant pour m’intimider tandis que d’autres, plus prudents, restaient en retrait.

Bordel, vous êtes qui? m’exclamais-je un peu plus fort que je ne le voulais.

Des gamins qui ont la même cible que toi. répondit le rouquin à quelques centimètres de moi, maintenant mon regard un moment en ricanant, ses camarades reprenant ce rire en chœur pour me déstabiliser.

Et qu’est-ce que tu préconises? coupais-je alors sèchement, changeant l’ambiance en un instant.

Tu jactes bien l’albinos. Mais fais pas trop le malin, on est bien plus nombreux que tu le crois. fit-il alors en claquant des doigts, des silhouettes apparaissant au-dessus de nous sur les toits et d’autres un peu plus loin dans la ruelle, sortant de derrière des caisses et des coins de murs. Aboules les infos et fais pas chier !

Comme si j’allais partager ma proie. sifflais-je entre mes dents tel un chat acculé, levant mes poings pour protéger mon dû.

Après avoir perdu tout espoir le jour où ma famille m’avait été enlevée, faire confiance à des inconnus m’était impossible. Le risque était trop grand. Je comptais sur cet argent non seulement pour ma propre survie, mais également pour pouvoir quitter cette île et partir à la recherche de mes proches réduits à l’état d’esclaves.

Si tu te mets sur notre route, je vois pas d’autre solution. Théo!

Derrière-lui, sortant d’une ruelle adjacente, un grand gaillard à l’air nigaud s’approcha d’un pas lourd. On aurait dit un enfant, mais facilement trois fois plus grand. C’était donc ça qu’on appelait un géant ? Même enfant, son ombre suffit à me couvrir, m’observant en se curant le nez.

Coucou petit enfant, moi Théo, et toi tu dors! fit-il alors en approchant sa grande paluche de moi.

Bondir en arrière fut insuffisant, bloqué par la benne à ordure derrière moi, je ne pus qu’assister impuissant à la pichenette qu’il me colla. Projeté parmi les déchets, le monde se brouilla autour de moi, n’entendant que des voix.

J’espère que la prochaine fois qu’on se croisera, tu sera plus coopératif. Ciao!





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La Guilde des Orphelins ~ 1612 : Les Origines


Flashback 1612
✘ Solo ~ Boutique





Les semaines avaient passées depuis l’altercation avec Karon et sa bande d’orphelins. Karon, c’était le nom de ce petit chefaillon qui avait commencé à étendre son territoire sur les quais. Son groupe était composé de quelques dizaines d’enfants et adolescents des rues, laissés à eux mêmes et qui avaient décidés de se regrouper afin d’être plus fort.

Moi, à l’opposé, j’étais toujours seul. C’était là mon choix, trop craintif quant à d’hypothétiques trahison pour nouer des liens et des alliances. J’avais ainsi continué ma vie dans mon coin, trouvant de nouveaux territoires où faire jouer mes talents de pickpocket. Toutefois, les quais représentaient un endroit stratégique qui contenait toujours son lot de belles trouvailles, et je refusais de me laisser dicter mes lieux de chasse au pognon.

Mes habitudes étaient les mêmes, me réveillant aux premières lueurs de l’aube qui atteignaient mon clocher. Dévalant le toit de l’église, les gouttières et les murs pour gagner les rues. Je m’arrêtais souvent à une fontaine pour quelques ablutions sommaires, particulièrement ce jour là où la chaleur ne faisait que monter dans la Frange de Saint-Uréa. L’été était presque étouffant cette année là, surtout pour nous pauvres orphelins qui vivions dans les rues. Et le royaume n’en manquait pas, des abandonnés, des orphelins, tous ceux qui avaient été laissés pour compte au milieu de conflits qui ne les regardaient pas et dont la charge n’avait été donnée à personne.

À cette heure, les rues étaient calmes. Mais, en ces lieux, il y avait toujours des yeux pour vous épier. Du moins, c’est ce que je pensais alors que je descendais les rues en direction des quais. J’avais mémorisé les endroits où j’avais croisé les acolytes de Karon. Et, tant que je ne tombais pas à nouveau sur ce Théo, tout devrait bien se passer. Après tout, un enfant de plus de trois mètres ça devait se remarquer de loin.

Je gagnais les toits à portée du territoire de Karon, m’approchant des quais, posté derrière la pancarte d’un restaurant qui était érigée sur le toit pour attirer les touristes et badauds. La ville s’éveillait au rythme des touristes et marchands qui arrivaient au port, déversant ressources et richesse sur leur passage. Ici, l’important était de trouver une cible suffisamment facile à délester de ses biens. Un sac, une bourse qui pend à la ceinture, une cargaison laissée sans surveillance, les possibilités étaient multiples.

Finalement, je jetais mon dévolu sur un marchand, l’air pimpant et coquet dans de riches étoffes, accompagné par deux garçons aux alentours de mon âge, probablement ses fils qu’il emmenait avec lui pour apprendre le métier, ainsi qu’un garde qui ouvrait la marche. Cependant, ce dernier n’avait pas l’air commode, engoncé dans une armure rutilante, une grande épée à la ceinture. Cette protection m’arrangeait, dérangeant probablement les mouvements et la vision du chevalier sans monture. Il suffisait d’être discret et rapide.

Bondissant de toits en ruelles, et de nouveau en toits, je les suivis alors qu’ils empruntaient un des grands axes qui menait jusqu’à la place de l’obélisque où l’immense marché de la Frange prenait place. On pouvait y trouver de tout et les marchands devaient parfois jouer des coudes pour attirer le chaland tant ils abondaient dans les rues. Je profitais que la foule s’amasse pour me joindre au mouvement, me faufilant pour me rapprocher de ma cible.

Ils n’étaient pas très durs à repérer, leur garde du corps en particulier dont le casque dépassait parmi la foule. Les deux garçons restaient proches de leur père, ils n’étaient probablement pas habitués à tant de monde et regardaient de tous côtés, manquant à plusieurs reprises de trébucher sur un pavé. Toutefois, leur père veillait au grain, les tenant par la main par moments pour éviter qu’ils percutent un autre passant. Cela m’arrangeait, ses mains occupées, il serait ainsi plus facile pour moi de le délester de la bourse en cuir attachée à sa ceinture, cachée par un pan de sa veste mais que j’avais eus la chance d’apercevoir grâce à un courant d’air. Le garde était assez occupé à repousser ceux qui lui barraient la route, le torse bombé en jetant des regards mauvais. C’était le moment idéal pour agir.

À quelques mètres derrière eux, je m’approcha pas à pas, une petite lame cachée dans ma manche retomba dans ma main. Me cachant dans la foule, je me mis à les contourner, forçant un peu le pas afin de les dépasser. Ma petite taille avait des avantages dans ce genre de situation, parvenant à me faufiler entre les badauds, une souplesse héritée de mes années dans la troupe Mazino. Après plusieurs mètres parcourus, je fis finalement volte-face, abaissant la visière de ma casquette en voyant le groupe s’approcher. Je me décalais afin de laisser passer le colosse qui leur servait de garde du corps, trébuchant intentionnellement pour changer de cap et tomber droit sur le marchand qui, les mains occupées par celles de ses fils, ne pu m’empêcher de lui rentrer dedans.

Oulah ! Ça va mon garçon? sursauta le marchand en lâchant ses enfants pour poser ses grosses mains sur mes épaules et me repousser légèrement en arrière.

Oui...oui, toutes mes excuses monsieur. répondis-je brièvement en prenant soin à ce que la bourse de cuir ne dépasse pas de ma manche. Je leur adressais un sourire et m’empressais de partir, mais une voix tonna dans mon dos.

Eh toi ! Reviens là gamin!

Mais enfin Melchior, ce n’est qu’un enfant, nul besoin de te montrer si rude avec lui! s’étonna le marchand ventripotent qui n’avait pas l’air d’un mauvais bougre, un peu naïf peut-être.

Vérifiez vos affaires, Monsieur Salvadore. Je les connais très bien les gamins de ces rues, et ça grouille de voleurs. grogna le garde du corps en armure qui avait déjà porté la main à la poignée de son épée. Hey reviens là!

Mais je ne comptais pas lui obéir, ayant déjà accéléré mon pas en plongeant dans la foule afin de disparaître au plus vite. L’avantage était de pouvoir se cacher aisément, le désavantage était d’avoir du mal à se repérer. Et déjà, le lourd pas de Melchior se faisait entendre, se rapprochant en fendant la foule comme s’il nageait en faisant la brasse. J’avançais sans vraiment savoir où j’allais, évoluant en me baissant pour passer sous les bras, malgré l’odeur que dégageaient les aisselles en cette chaude journée. Et, finalement, j’atteignis les abords d’une ruelle. Je m’y précipitais, trébuchant en manquant de peu de m’étaler au sol avant de m’élancer en évitant les obstacles, bondissant sur des caisses pour tenter d’attraper un fil à linge tendu qui ne supporta pas mon poids. Je m’étalais finalement au sol, lançant un regard derrière moi en me relevant. Et ça ne manqua pas, le dénommé Melchior se tenait à l’entrée de la ruelle et dégainait son épée alors que les bottes de son armure tintaient à chaque pas.

Tous les mêmes ces vermines de la frange. Un autre client a eut le même genre de problème le mois dernier, tu veux savoir ce que je lui ai fais? hurla-t-il, sa voix se réverbérant d’un bout à l’autre de la rue.

Ce type semblait vraiment m’en vouloir, probablement qu’il en pâtirait dans son métier si un pauvre gamin de douze piges parvenait à passer sa sécurité. Je me remis à courir, entendant le colosse dans mon dos qui, malgré son armure, gagnait du terrain. Je pris un virage à quatre-vingt dix degrés, continuant ma course en faisant tomber tout obstacle qui pourrait ralentir la machine de muscles qui me poursuivait. Mais, aussi agile que je pouvais l’être, il m’était difficile de battre un adulte à la course. Ainsi, les pas de l’homme en armure se rapprochèrent dans mon dos. Les pauvres caisses que je jetais sur son chemin se faisaient piétiner sans même qu’il s’en soucie. Ma seule solution était d’atteindre les toits. Un coup d’œil en arrière me permit de voir venir la lame de l’épée qui fonçait droit sur moi. Je bondis de côté, l’arme tintant au sol. Si je voulais vivre, il fallait agir vite. Je repris ma course, sautant sur des caisses empilées contre un mur, visant un balcon à quelques mètres par lequel je pourrais aisément rejoindre les toits.

Toutefois, Melchior avait prévu le coup et frappa de son épée dans les caisses, projetant des bouts de bois dans tous les sens, y compris moi qui m’écrasais dans la ruelle un peu plus loin, mon épaule accusant le coup. Son ombre me recouvrit et son pied percuta mes côtes, me coupant la respiration en roulant sur les pavés de la ruelle. La douleur était si vive qu’elle me vrillait la tête, ma vision se brouillait et je sentis une main me soulever par le col et me jeter à nouveau. Mon dos percuta un mur et je retombais mollement au sol. Du sang me coulait du nez et de la bouche et j’avais l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de buffles. Ma vision revint, remarquant que j’avais été jeté dans une petite cour isolée, entourée de murs de tous côtés hormis par le seul passage, sous une arche, que le garde du corps empruntait.

Je vais me faire un plaisir de te réduire en bouillie et de ramener sa bourse à Monsieur Salvadore. ricana-t-il en s’approchant, son épée raclant le sol derrière lui dans un crissement insupportable.

Tâtonnant autour de moi, je me hissais sur un porche en cherchant de l’aide, mais ne trouvant qu’une porte fermée. L’épée soulevée au-dessus de sa tête, prête à s’abattre et à me fendre le crâne, ou plus si affinité.

C’est un service que je rends au monde en le débarrassant d’une vermine telle que toi!

Même les vermines sont utiles au cycle de la vie! s’écria alors une voix sortie de nulle part, une ombre recouvrant soudainement Melchior alors qu’un type pas plus grand que moi atterrissait sur ses épaules.

Avec une habileté remarquable, il lui enfila un sac en toile sur la tête avant de bondir au sol et de le frapper d’un coup juste derrière les pieds, l’envoyant rouler à se débattre avec le sac qui s’emmêlait avec son casque. Le gamin roux se releva pour me tendre la main. Je le reconnaissais à présent, une chevelure pareille il n’y en avait pas milles, ce satané Karon.

Allez dépêches-toi, ça va pas l’occuper longtemps.

Grommelant en acquiesçant, je pris sa main pour me relever et quittais la cour en sa compagnie, regagnant les ruelles. Derrière-nous, le guerrier rugissait, s’étant relevé mais toujours le sac sur la tête, il déboula dans la ruelle en frappant à l’aveuglette à l’aide de son épée. Il se cognait contre les murs et tambourinait sur son casque. Et, finalement, il parvint à le retirer, choisissant d’abandonner son casque au profit de notre poursuite. Son pas lourd résonna rapidement derrière nous.

Accélères ! On y est presque!

Mais où?

Il se contenta de m’adresse un grand sourire, prenant un nouveau virage alors que derrière-nous Melchior percutait le mur en gérant moins bien le virage, son armure tintant de bruits métalliques. Courir dans une telle armure devait être crevant, surtout sous ce soleil de plomb, et j’espérais vraiment qu’il finirait par lâcher l’affaire. Mais non, il fallait qu’il me donne tort cet enfoiré. Nous suivant à grandes enjambées équivalentes à cinq de nos pas, il nous rattrapait petit à petit.

Et soudain, la lumière jusque-là faiblement présente dans les ruelles, nous nimba de sa chaleur. Sortant de la rue, nous déboulions dans une petite place vide de monde, mis à part quelques présences qui se cachaient ci-et-là. Tous des enfants, tous des orphelins.

J’vais vous crever les chiaaarrrds!!! hurla l’armuré en arrivant juste derrière nous, bien décidé à nous écharper.

Théo dit non ! Paf le méchant! s’exclama l’enfant géant qui se tenait assit contre le mur adjacent à la ruelle, envoyant son gros poing percuter l’homme en armure qui le fit sonner comme une cloche alors qu’il était propulsé contre le mur opposé, s’y encastrant violemment.

Il devrait la fermer comme ça. ricana Karon en s’approchant du corps qui ne bougeait plus. Par prudence, on va quand même bouger. Allez tout le monde ! L’albinos, tu nous suis toi aussi faut qu’on cause.

Le petit chef ne semblait pas se soucier de mon avis, mais la présence de Théo dans mon dos m’obligea à accepter et à les suivre. Ils en avaient peut-être après mon butin après tout, mais ils m’avaient sauvés, en particulier Karon, et je leur devais bien ça.





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La Guilde des Orphelins ~ 1612 : Les Origines


Flashback 1612
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Les orphelins de la frange me guidèrent au travers des rues, passant par les toits puis par des souterrains, tout cela pour finir dans les quais dans une zone déserte et délabrée. Des épaves de petits navires de pêche jonchaient des pontons partiellement écroulés. D’anciens commerces affichaient toujours des pancartes rongées par la moisissure. Les corbeaux avaient remplacés les mouettes pour ajouter un je-ne-sais-quoi de lugubre à l’endroit. Karon et ses compagnons me menèrent jusqu’à une plage de galet sur laquelle l’épave d’un trois-mâts trônait. Enfin, ce qu’il en restait, car les bulots avaient tellement recouvert la carcasse qu’on aurait pu le confondre avec un énorme rocher.

C’est là votre base?

Ouais, mais t’as pas intérêt à nous balancer.

J’vois pas trop à qui j’en parlerais, je suis plutôt solitaire.

Les autres enfants me lançaient des regards par intermittences, la confiance n’ayant pas encore eut le temps de s’installer. Enfin, mis à part Théo qui se dirigea sur la plage en suçant son pouce avant d’attraper un galet et se mettre à faire des ricochets. Le reste d’entre nous entrions par une brèche dans la coque de l’épave. Nous arrivions dans une cale lugubre, penchée et enfoncée à même un parterre de galets, je n’osais imaginer le choc qui avait fait s’échouer ce navire. Les suivant en silence, nous montions un escalier qui se terminait par une grande porte en bois qui dénotait complètement avec le reste. Poncée, lasurée et débarassée de tous ses coquillages, on pouvait remarquer qu’elle était entretenue régulièrement. Karon sortit alors une clé et ouvrit la porte, la poussant pour nous laisser entrer dans la lumière.

La pièce était immense, occupant probablement l’intégralité de la cale en ayant abattu plusieurs murs pour créer une longue salle de la proue à la poupe. Des draps et des planches délimitaient plusieurs espaces, mais la plupart étaient ouverts. Un salon dans un coin où un groupe d’enfants alimentait un poêle à bois, dans un autre côté un bar qui devançait une cuisine dans laquelle s’activaient d’autres orphelins. Rien que dans cette grande salle, je pouvais compter une trentaine de personnes.

Je ne pensais pas que vous étiez si nombreux... soufflais-je admiratif.

T’as vus ça ? Impressionné, pas vrai? fit Karon qui retira son masque de sérieux et d’inquiétude pour arborer un grand sourire plein de fierté. Suis-nous on va manger un bout et discuter un peu.

Je le suivis en sentant des dizaines de regards suivre mes moindre mouvements. Ils étaient suspicieux, mais ça se comprenait, ils ne me connaissaient pas et j’aurais agi pareil à leur place. Ils me menèrent jusqu’au bar que Karon contourna pour aller farfouiller derrière. Un autre gars était assit là, des cheveux bruns et un masque en tissu noir qui lui couvrait la bouche, faisant passer son verre par le dessous sans jamais révéler ses lèvres.

J’te présente Dan, il gère toute la troupe quand j’suis pas là. Et d’ailleurs, toi c’est quoi ton p’tit nom? demanda-t-il en faisant glisser jusqu’à moi un verre de jus d’orange pressée.

Ren. répondis-je brièvement en attrapant le verre avant d’y tremper les lèvres et de me laisser porter un instant par le sucre contenu dans le jus, un goût réconfortant que je n’avais pas rencontré depuis longtemps.

Enchanté Ren, moi c’est Karon, et nous sommes les Dérivés. Un groupe d’orphelins et de laissés pour compte qui avons dérivés jusqu’ici au gré des rues comme des vagues. se présenta-t-il et ses compagnons en faisant de grands gestes théâtraux.

Vazy, tranquille Karon. le coupa le dénommé Dan d’un ton las, en faisant mollement quelques gestes de la main histoire de lui dire de se calmer. Et, malgré tes envolées lyriques, on s’était pas encore mis d’accord sur le nom.

C’est pas faux. Mais, que veux-tu, il nous en faut bien un ! Comment on fait la pub sinon?

Faire la pub pour quoi?

Vazy, ça va être long mon frère...l’a de grands projets le poto Karon.

Faut bien ! T’as vu tous ces gamins qui, comme nous, arpentent la Frange sans espoir ni avenir ? Pourquoi diable continuer de se battre individuellement quand on peut s’unir pour devenir plus forts et se protéger les uns les autres ? s’exclama-t-il en reprenant ses grands gestes, faisant voler un torchon au bout de sa main.

Et vous comptez loger tous les orphelins de la frange ? Ici?

Vazy, c’est c’que j’lui répète à c’te cave, mais il y bite quedal. ronchonna Dan de sa voix quelques peu nasillarde.

Faut voir grand les gars ! On se laisse marcher dessus par tout le monde dans cette ville sous prétexte qu’on est des gamins, et moi j’en ai marre. Tant pour moi que pour tous ceux qui vivent le même enfer.

Quel orateur ce rouquin. ricana Dan en me faisant cracher mon jus d’orange dans un pouffement.

Merde...quel gâchis.

Il y eut un instant de silence où nos regards se croisèrent avant que nous ne nous mettions à éclater de rire de concert. Malgré le fait que nous ne nous connaissions pas si ce n’était pour nos noms, je me laissais aller au rire et à la confiance. Deux mots que je m’étais interdit depuis trop longtemps.




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La Guilde des Orphelins ~ 1629


Présent 1629
✘ Solo ~ Boutique





La nuit était noire dans la frange, froide également et le vent était battant. Seules quelques mouettes endormies et des chats en chasse remarquèrent l’ombre humanoïde qui évoluait sur les quais. Il se faisait discret, emmitouflé de pied en cap par une cape noire qui se fondait parfaitement dans l’obscurité de la nuit. Dans cette partie de la Frange, il n’y avait plus d’éclairages nocturnes depuis bien longtemps.

Proche des pontons empruntés par l’inconnu, la mer allait et venait en déversant des gouttelettes qui tombaient en une fine pluie sur le capuchon de l’homme. Une mèche rousse tomba de la capuche. Ses pas le menèrent jusqu’à la plage de galet où l’épave était encore là, même après des années. Quartier général des orphelins de la Frange pendant près d’une décennie, l’endroit s’était délabré avec le temps et les réparations d’amateurs avaient atteints leur limite, obligeant alors les orphelins à migrer vers un autre foyer. Les enfants de l’époque avaient grandis, s’étaient trouvés des boulots plus ou moins légaux selon l’individu. Mais, ils se retrouvaient toujours à la taverne « Chez Karon » pour s’occuper des gamins des environs ou pour préparer des cambriolages et autres joyeusetés du même genre tout en se pintant allègrement la gueule. Toutefois, tous sentaient qu’ils pouvaient accomplir bien plus et contribuer à la société dans la Frange de Saint-Uréa.

Seuls quelques courageux avaient trouvés le courage de quitter l’île, promettant de contribuer à leur tour au renouveau de la Frange en leur envoyant des ressources et de l’argent. Ren avait tenu cette promesse et faisait parler de lui depuis son départ plus d’un an plus tôt. C’était grâce à l’argent qu’il avait envoyé à Karon que ce dernier avait pu devenir le propriétaire de son propre établissement. Et c’est également pour cette raison que le tenancier était venu jusqu’ici en ce jour. Il entra dans l’épave et retira son capuchon pour laisser tomber ses longs cheveux roux sur ses épaules. Il sortit une lampe à huile de sous sa cape et l’alluma pour éclairer la pièce. Il gagna la porte et l’ouvrit dans un grincement sinistre. La pièce qui se cachait derrière n’avait plus rien à voir avec les souvenirs que le rouquin pouvait en avoir.

Il n’y avait plus d’enfants courant dans tous les sens, de leurs rires emplissant la pièce. Plus de gamins perdus autour du feu à la joie retrouvée lorsqu’ils se racontaient des histoires. Son regard se posa sur le bar à moitié écroulé, là où ils s’étaient pris leur première cuite. Karon, Ren et Dan, eux qui tenaient les rennes de cette bande de joyeux lurons. Ils en avaient connus de bons moments en ces lieux, ainsi que des galères. C’était leur quartier général, leur maison.

Le tenancier passa derrière le comptoir, soulevant les planches rongées par la moisissure pour dévoiler une trappe dissimulée sous une épaisse couche de poussière. Il se releva et attrapa une poignée pour la tirer vers lui et ouvrir le volet, dévoilant un passage étroit. Retirant son lourd manteau et son pull, Karon se faufila dans l’ouverture pour descendre dans le niveau le plus profond de l’épave, la sous-pente l’obligeant à évoluer à quatre pattes en poussant sa lampe sur le sol. Il s’arrêta alors devant ce qui s’apparentait à un mur au premier abord. Mais, en attrapant les bords pour de nouveau tirer vers lui, le mur se révéla n’être qu’une lourde planche de bois habilement déposée dans un cadre afin de former une cache secrète où le gang d’orphelins cachait ses trésors à l’époque. Là, dans un espace exiguë et humide, trônait un coffre au trésor comme savaient si bien faire les pirates.

J’vois que ce p’tit con a totalement embrassé sa vocation de forban, j’me demande bien c’qu’il peut faire en ce moment. se demanda Karon alors qu’il tirait le coffre hors de la cache.

Après de grands efforts pour pouvoir le sortir par la trappe, le rouquin orphelin pu s’étirer au milieu de la salle principale, prêt à ouvrir ce colis volumineux envoyé par Ren et déposé là par un de ses sbires. Il se dirigea ensuite vers le poêle à bois rouillé et percé de tous côtés qui se trouvait toujours dans le coin où ils aimaient se retrouver le soir, à se raconter des histoires en se réchauffant. Il dévissa une partie circulaire qui se trouvait en-dessous de l’objet, destinée à recueillir la cendre, et y plongea la main pour fouiller au fond du réservoir et en sortir une clé. Ren et lui avaient leurs codes et leurs planques pour cacher leur butin. Clé en main, il était temps d’ouvrir le cadeau de l’albinos.

Le doux cliquètement de la serrure qu’on déverrouille lui fit chaud au cœur, madeleine de proust de ses années de cambrioleur. Mais, alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la lourde malle, des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers qui menaient jusque-là. Ni une ni deux, son revolver était déjà pointé vers la porte, son autre main trouvant le poing de fer* qui logeait dans sa poche.

Vazy tires pas l’rouquemoute. fit la voix nasillarde de Dan, reconnaissable entre milles.

Putain tu m’as fais peur enfoiré de masqué. Karon rangea doucement son revolver en le coinçant dans sa ceinture dans son dos, alors que Dan entrait dans la pièce. T’as aussi reçu du courrier?

Ouais. L’est connu maintenant l’albi mais il oublie pas les potos, ça c’est cool.

Et t’aurais pas pu débarquer quand j’ai dû me traîner ce bordel?

Vazy, t’sais bien que j’suis jamais à l’heure, réputation oblige mon frère.

Laisses tomber, aide moi à ouvrir ça au lieu de dire des conneries.

À deux, ils ouvrirent le coffre, dévoilant tous ses trésors. Un bon gros tas de pièces d’or, des berrys clinquants et trébuchants. Ainsi qu’un denden-mushi posé sur le dessus qui se réveilla en baillant et en clignant des yeux. Aussitôt, il se mit à sonner en répétant sa sonnerie caractéristique.


Puru puru puru puru ~ Puru puru puru puru
Puru puru puru puru ~ Katcha!


Yo les têtes de bite! s’exclama Ren à l’autre bout du fil alors que l’escargot se retrouvait affublé d’une casquette noire et d’yeux rouges. J’me disais qu’une lettre ça ferait trop impersonnel, et puis j’voulais entendre vos voix.

Oh, mais c’est que la piraterie t’a rendu sentimental dis moi. ricana Karon.

On sait bien que t’es illettré l’albi, fais pas genre!

Dixit celui à qui j’ai appris à lire. se moqua-t-il gentiment. Plus sérieusement, comment ça va dans la Frange en ce moment?

Ça chie mon pote, toujours la même merde.

J’voudrais pas faire l’avocat du diable, mais il a raison.

Eh!

C’est pas moi qui vole aux grands-mères.

Je vois, enfin, avec ce blé vous pourriez essayer d’arranger un peu les choses. Vous savez, comme on s’était dit à l’époque. fit Ren, imité par l’escargophone qui marqua une pause en soufflant d’un ton las avant de reprendre. Depuis que je suis partis, j’ai pu en voir du monde, des îles et des personnes différentes. Et on est loin d’être les seuls à avoir vécu cette vie de misère. J’ai envie de corriger cet état de fait, mais tout seul je ne ferai que me perdre dans ma propre vision des choses, à imposer tout comme beaucoup l’ont déjà fait dans nos vies. Je ne veux pas de couronne, je ne veux pas de titre, seulement un monde plus juste.

Le silence retomba dans la salle alors que les deux compères regardaient l’escargophone d’un ton très solennel.

Ça fait plaisir de t’entendre à nouveau après tout ce temps. Ça m’avait manqué, ton code moral et ta vision des choses.

Vazy, t’en fais pas frérot, on va les mettre bien les gamins. J’ai d’jà plein d’idées et y a même un bâtiment que j’zieute depuis un moment. Un lieu où ils pourront avoir ce qu’on a jamais vraiment eu : un foyer.

Ça c’est le Dan que je connais!

La conversation dura une bonne heure, et tourna principalement autour d’anecdotes et d’insultes bien senties. Même si Ren n’était pas là en personne, les trois compères furent renvoyés en enfance à l’époque où ils passaient leurs soirées dans cette épave à discuter. Les années étaient passées, et pourtant ils restaient fidèles à eux-mêmes.  



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*poing de fer : coup de poing américain, mais l’Amérique n’existant pas dans ce monde, le terme américain faisait un peu tâche. Fin, poing de fer je trouve qu’on visualise bien.





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