Avant de quitter l'île, après l'avoir placé sous ma protection, j'ai demandé à ce qu'on me trouve un endroit près de la ville. Un endroit spécial où je pourrais installer une boutique. On m'en a présenté plusieurs, aucun ne me convient. Désormais je ne me déplace plus, on me tourne des vidéos et je regarde le film. On finit enfin par trouver quelque chose qui me correspond. C'est décalé, personne ne veut le local, l'endroit est collé à la ville, assez spacieux avec ses plusieurs pièces.
Il s'agit d'une maison en bois, étrange sur l'île, n'est-il pas ? Elle a diverses pièces, sa forme n'est pas bien définie, construite en bois robuste provenant de l'île. Elle possède un coin pêche, un coin cuisine, un coin salle à manger, et un salon pour les affaires. Les clients n'auront accès qu'au salon, une grande pièce de 25 mètres carrés. Je vois d'ici la chose. Pas de fauteuils, mais des chaises relaxantes, parce que c'est mieux pour faire affaire. Un bureau contenant des données diverses et variées, des oiseaux rentrant à toute heure du jour pour déposer des messages ou en envoyer, des grandes armoires renfermant moult secrets. Une pièce bien éclairée par la lumière naturelle en dépit de la zone où elle est installée dans la ville. Voilà ma vision pour le futur. J'écris une liste de course et mes hommes s'occupent de remplir mes demandes. Ils savent qu'ils ont quelques jours pour préparer tout ça, mais ils s'y mettent tout de suite, au cas où. Ils savent bien que la patience n'est pas ma qualité première.
Maintenant que le local est trouvé, que les fournitures vont être récupérées, reste la question des employés. C'est à ce moment que Geney, un homme que j'ai récupéré du cimetière d'épaves pour l'amener à Rokade vient me voir. Il était venu avant mon départ de l'île rocher pour me dire qu'il voulait venir avec moi au cimetière car ce dernier lui manquait. Geney est plus grand que la moyenne, dans les deux mètres dix, assez baraqué pour qu'on ai plutôt envie de le laisser passer la porte avant nous. Ses cicatrices sur son visage sont dues à l'attaque de la marine en 1625 Ses longues oreilles allongées par je ne sais quel moyen sont autant de signes distinctifs. Il ne porte qu'une salopette en jean recouverte par un gilet, avec des chaussures de marche à ses pieds, aucun autre vêtement. Quand on le croise, on l'appelle monsieur. Quand on lui vole quelque chose, on lui rend, avec un mot d'excuse signée de la mère du voleur ainsi que des billets. Et pourtant, depuis sa jeunesse folle où les gens l'appelaient Beney, il s'est calmé, à force de tarter les gens qu'il tartinait sur le sol.
« Patron ?
Ouaip ?
Il paraît que vous cherchez du monde pour la boutique. Je pose ma candidature.
Hum. Pour quelles raisons ?
Je vous ai suivi sur Rokade en 1628. Mais j'ai vécu au cimetière depuis tellement longtemps que c'est mon île. Malgré les assauts répétés de la marine, malgré le monstre marin, malgré le temps, malgré les épaves qui menacent de s'effondrer à chaque instant … Malgré tout ça, c'est chez moi. Vivre ici me manque.
Tu me donnes des raisons de te laisser ici, pas de te confier la boutique.
Sur Rokade j'ai assisté la Fra Pika.
Qui c'est ce con-là ?
Le benjamin de la famille du cousin Pika. Il était en charge de la gestion des fonds du Chantier Naval de Rokade. Je l'ai suivit pendant des mois, j'ai étudié ce qu'il faisait, il m'a pris sous son aile et m'a expliqué la comptabilité.
Tu n'es pas le plus qualifié.
Je suis assez qualifié pour casser la gueule de ceux qui voudront voler.
Tu penses vraiment qu'avec l'île sous ma protection, des gens seraient assez cons pour venir dans la seule boutique de l'île, ma boutique, pour venir me voler moi ? Permets-moi d'en douter.
…
Pas d'autre argument ?
Je …
Écoute, tu me sembles être un bon gars, loyal. Mais la loyauté ne suffit pas. Il me faut quelqu'un qui sache jouer avec les chiffres si je lui demande.
Je peux apprendre.
Je n'ai ni les connaissances ni la patience pour ça. » Je lui tourne le dos et sors de la boutique. Il tente de m’interpeller, mais je lève un doigt en l'air et il s'arrête. Je suis pour donner leur chance aux gens, ça booste leur égo et ils se sentent redevables après, travaillant plus pour gagner moins. « C'est pourquoi un comptable de Rokade te rejoindra et restera pendant un mois, histoire de te former convenablement. Les magouilles, sauf mon accord précis, je n'en veux pas. C'est ce qui a valu que j'extermine la famille Pika. Je n'ai pas envie de faire un génocide chaque semaine. »
Oui, je sais, je n'étais pas obligé de tuer toute la famille. C'est par purs soucis logistique que je l'ai fait. C'est chiant d'avoir un survivant qui grandit et vient se venger plus tard. En tuant jusqu'aux nouveau-nés, j'élimine cette possibilité. Après tout, pourquoi prendre le risque ? Je suis partisan de la frappe préventive. Après tout, n'ai-je pas piégé un innocent pour piéger toute une famille ? N'ai-je pas manipulé les faits pour qu'ils correspondent à ma vérité ? Ici, c'est pareil. Les choses seront telles que je le souhaite et pas autrement. Je suis un tyran et j'assume. Mais je nourris les sdf, donc ça s'annule. Mon karma est, par conséquent, neutre. N'est-ce pas ? Oui, bon, ok j'ai peut-être tué quelques centaines de personnes, mais j'en ai sauvé plus d'un millier de l'esclavage. Oui, j'ai eu une boutique d'esclavagisme, mais je l'ai laissé se faire détruire. J'évite de tuer inutilement désormais, c'est déjà un bon point pour entrer en enfer, non ?
Quelques jours plus tard, les meubles sont arrivés avec le comptable. Ce dernier prend Geney à part et va lui expliquer quelques trucs pendant des heures, le temps que les fournitures soient mises à leur place. Le final rend super bien je trouve. Même si l'extérieur ne semble pas solide, tout a été construit en bois très robuste. Les pièces sont assez spacieuses pour ne pas être à l'étroit, bien garnies, agréable à être à l'intérieur. L'ambiance est professionnelle, mais également à la bonne franquette. Pas de pompon, pas de chichi, on sait pourquoi on vient. Durant les jours qui viennent de s'écouler, on a fait la promotion de la boutique avec mes hommes pour faire en sorte que toute l'île, et bien plus encore, sache qu'elle ouvre et ce qu'elle peut faire. Le bouche à oreille fonctionne très bien sur une île comme celle-ci. Avec mon réseau d'informateurs, je suis à même de découvrir les secrets de tout le monde et de les partager. Alors une entreprise basée dessus me paraît intelligent, je peux en faire mon fonds de commerce.
Il s'agit d'une maison en bois, étrange sur l'île, n'est-il pas ? Elle a diverses pièces, sa forme n'est pas bien définie, construite en bois robuste provenant de l'île. Elle possède un coin pêche, un coin cuisine, un coin salle à manger, et un salon pour les affaires. Les clients n'auront accès qu'au salon, une grande pièce de 25 mètres carrés. Je vois d'ici la chose. Pas de fauteuils, mais des chaises relaxantes, parce que c'est mieux pour faire affaire. Un bureau contenant des données diverses et variées, des oiseaux rentrant à toute heure du jour pour déposer des messages ou en envoyer, des grandes armoires renfermant moult secrets. Une pièce bien éclairée par la lumière naturelle en dépit de la zone où elle est installée dans la ville. Voilà ma vision pour le futur. J'écris une liste de course et mes hommes s'occupent de remplir mes demandes. Ils savent qu'ils ont quelques jours pour préparer tout ça, mais ils s'y mettent tout de suite, au cas où. Ils savent bien que la patience n'est pas ma qualité première.
Maintenant que le local est trouvé, que les fournitures vont être récupérées, reste la question des employés. C'est à ce moment que Geney, un homme que j'ai récupéré du cimetière d'épaves pour l'amener à Rokade vient me voir. Il était venu avant mon départ de l'île rocher pour me dire qu'il voulait venir avec moi au cimetière car ce dernier lui manquait. Geney est plus grand que la moyenne, dans les deux mètres dix, assez baraqué pour qu'on ai plutôt envie de le laisser passer la porte avant nous. Ses cicatrices sur son visage sont dues à l'attaque de la marine en 1625 Ses longues oreilles allongées par je ne sais quel moyen sont autant de signes distinctifs. Il ne porte qu'une salopette en jean recouverte par un gilet, avec des chaussures de marche à ses pieds, aucun autre vêtement. Quand on le croise, on l'appelle monsieur. Quand on lui vole quelque chose, on lui rend, avec un mot d'excuse signée de la mère du voleur ainsi que des billets. Et pourtant, depuis sa jeunesse folle où les gens l'appelaient Beney, il s'est calmé, à force de tarter les gens qu'il tartinait sur le sol.
« Patron ?
Ouaip ?
Il paraît que vous cherchez du monde pour la boutique. Je pose ma candidature.
Hum. Pour quelles raisons ?
Je vous ai suivi sur Rokade en 1628. Mais j'ai vécu au cimetière depuis tellement longtemps que c'est mon île. Malgré les assauts répétés de la marine, malgré le monstre marin, malgré le temps, malgré les épaves qui menacent de s'effondrer à chaque instant … Malgré tout ça, c'est chez moi. Vivre ici me manque.
Tu me donnes des raisons de te laisser ici, pas de te confier la boutique.
Sur Rokade j'ai assisté la Fra Pika.
Qui c'est ce con-là ?
Le benjamin de la famille du cousin Pika. Il était en charge de la gestion des fonds du Chantier Naval de Rokade. Je l'ai suivit pendant des mois, j'ai étudié ce qu'il faisait, il m'a pris sous son aile et m'a expliqué la comptabilité.
Tu n'es pas le plus qualifié.
Je suis assez qualifié pour casser la gueule de ceux qui voudront voler.
Tu penses vraiment qu'avec l'île sous ma protection, des gens seraient assez cons pour venir dans la seule boutique de l'île, ma boutique, pour venir me voler moi ? Permets-moi d'en douter.
…
Pas d'autre argument ?
Je …
Écoute, tu me sembles être un bon gars, loyal. Mais la loyauté ne suffit pas. Il me faut quelqu'un qui sache jouer avec les chiffres si je lui demande.
Je peux apprendre.
Je n'ai ni les connaissances ni la patience pour ça. » Je lui tourne le dos et sors de la boutique. Il tente de m’interpeller, mais je lève un doigt en l'air et il s'arrête. Je suis pour donner leur chance aux gens, ça booste leur égo et ils se sentent redevables après, travaillant plus pour gagner moins. « C'est pourquoi un comptable de Rokade te rejoindra et restera pendant un mois, histoire de te former convenablement. Les magouilles, sauf mon accord précis, je n'en veux pas. C'est ce qui a valu que j'extermine la famille Pika. Je n'ai pas envie de faire un génocide chaque semaine. »
Oui, je sais, je n'étais pas obligé de tuer toute la famille. C'est par purs soucis logistique que je l'ai fait. C'est chiant d'avoir un survivant qui grandit et vient se venger plus tard. En tuant jusqu'aux nouveau-nés, j'élimine cette possibilité. Après tout, pourquoi prendre le risque ? Je suis partisan de la frappe préventive. Après tout, n'ai-je pas piégé un innocent pour piéger toute une famille ? N'ai-je pas manipulé les faits pour qu'ils correspondent à ma vérité ? Ici, c'est pareil. Les choses seront telles que je le souhaite et pas autrement. Je suis un tyran et j'assume. Mais je nourris les sdf, donc ça s'annule. Mon karma est, par conséquent, neutre. N'est-ce pas ? Oui, bon, ok j'ai peut-être tué quelques centaines de personnes, mais j'en ai sauvé plus d'un millier de l'esclavage. Oui, j'ai eu une boutique d'esclavagisme, mais je l'ai laissé se faire détruire. J'évite de tuer inutilement désormais, c'est déjà un bon point pour entrer en enfer, non ?
Quelques jours plus tard, les meubles sont arrivés avec le comptable. Ce dernier prend Geney à part et va lui expliquer quelques trucs pendant des heures, le temps que les fournitures soient mises à leur place. Le final rend super bien je trouve. Même si l'extérieur ne semble pas solide, tout a été construit en bois très robuste. Les pièces sont assez spacieuses pour ne pas être à l'étroit, bien garnies, agréable à être à l'intérieur. L'ambiance est professionnelle, mais également à la bonne franquette. Pas de pompon, pas de chichi, on sait pourquoi on vient. Durant les jours qui viennent de s'écouler, on a fait la promotion de la boutique avec mes hommes pour faire en sorte que toute l'île, et bien plus encore, sache qu'elle ouvre et ce qu'elle peut faire. Le bouche à oreille fonctionne très bien sur une île comme celle-ci. Avec mon réseau d'informateurs, je suis à même de découvrir les secrets de tout le monde et de les partager. Alors une entreprise basée dessus me paraît intelligent, je peux en faire mon fonds de commerce.
