- « C’est grandiose non ?! »
- « Mh… »
- « Comment ça, hmmm ?! Sois un peu plus enthousiaste, abruti de grand frère… »
J’fis la tronche. Nessa était sacrément enjouée. Debout devant moi avec les mains sur ses hanches, elle était même à deux doigts de souffler comme un buffle et gonfler son buste de fierté. Devant sa bouille enjouée, Iris et moi échangeâmes un regard presque gêné, avant que je ne lâche un soupir amusé. Y’avait pas à dire, elle était vraiment faite pour gérer un endroit comme ça et pas qu’un peu. Je jetai alors une nouvelle fois un regard sur le gigantesque bâtiment ovale qui se tenait devant nous, avant de me dire qu’il était effectivement impressionnant. Et dire qu’il n’avait fallu aux architectes et ingénieurs qu’une seule année pour réaliser tout ça… Autant dire que c’était grandiose, vraiment. Quelque part, la frangine n’avait pas tort d’être excitée et emplie de fierté, d’autant plus qu’elle serait certainement dans son élément en tant que grande fashionista de son état devant l’éternel. Niveau vocation, autant dire qu’elle avait trouvé son filon et pas qu’un peu. Derrière nous, une voix pleine de douceur s’éleva alors :
- « Et si nous allions visiter l’endroit ? Salem, tu as bien encore un peu de temps avant de partir sur Shabondy non ? »
Pour l’occasion, notre mère s’était déplacée puisque le projet concernait toute la famille, même si ma gueule était celle qui était la plus mise en avant. Pour l’argent ? J’avais certes financé le plus gros, mais je m’en formalisais pas trop. Les bénéfices partiraient en grande partie dans d’autres projets, donc l’orphelinat que maman tenait. Caressant la tête d’un chat qu’elle tenait gentiment dans ses bras, elle m’adressa un sourire avant que je n’acquiesce en silence. Comment pouvais-je refuser une telle demande à ma mère de toute façon ? Et puis, je pouvais m’accorder quelques heures en leur compagnie. Seul papa manquait à l’appel, mais on ne pouvait pas lui en vouloir avec tout ce qui se passait à Goa. Je prévoyais même de lui rendre visite très rapidement une fois que tout ce qui se tramait sur Grand Line se tassait un peu. Bien longtemps que je ne l’avais plus vu lui aussi. A force de se coltiner tous les soucis de ce royaume, le pauvre Keegan avait dû prendre en cheveux blancs, tiens. J’me ferais un plaisir de l’asticoter dessus…
C’est sur cette pensée que nous entrâmes enfin dans les fameuses galeries Fenyang ; et force était de constater que l’endroit était merveilleusement... gigantesque et beau. Si l’on omettait tous les établissements officieux bâtis dans les recoins glauques de Grand Line et le Nouveau Monde, l’endroit était certainement le plus grand centre commercial du monde… Ou l’un des plus grands en tout cas. Va savoir. Plusieurs images à mon effigie avec différents produits pouvaient se voir çà et là, mais pas que. La séance shooting concernait aussi ma charmante petite sœur qui mettait non seulement sa joliesse et ses formes en avant, mais aussi notre mère, qui, en dépit de son âge avancé avait une beauté à en couper le souffle. C’était à se demander comment le vioque avait pu se marier avec elle ! Intérieurement, j’eus un petit rire : c’était bien la preuve qu’en amour, le physique pouvait certainement compter, mais pas que. De quoi déprimer le dandy que j’étais, qui, jusqu’à présent, n’avait pas encore trouvé la femme de sa vie. Des conquêtes d’un soir, j’en avais eu un paquet, mais pour ce qui était de l’amour vrai, zéro pointé…
Tu parles d’une vie…
- « Cet étage va accueillir les franchises les plus prestigieuses en cosmétique ! En plus, l’endroit donne une vue superbe sur le versant ouest de l’île ! Regardez un peu la baie vitrée et les terrasses qui vont avec… »
Si Nessa se perdait en explications enjouées, je me perdais moi en contemplation. Le lieu était vraiment beau. C’était la preuve qu’on avait pas misé autant d’argent dessus pour rien -même si le fric n’avait jamais été un sujet me concernant. J’étais aussi silencieux qu’Iris qui était toute aussi émerveillée de l’endroit, réalisant qu’elle serait la sous-directrice des lieux et le bras droit de ma sœur qui n’arrêtait pas de parler encore et encore ! C’était rigolo de la voir aussi impressionnée, quelque part. Compatissant, je passai une paluche sur l’une de ses épaules, avant de la tapoter doucement. Cette dernière leva les yeux vers moi et rougit légèrement, avant que je lui chuchote tranquillou : « T’en fais pas va. Tout va bien se passer. Et puis regarde, il vaut mieux que tu sois à ses côtés, parce que cette folasse va faire des bêtises, à n’en point douter… » Je pointai alors d’un doigt inquisiteur ma sœur, ce qui eut pour effet de faire redescendre la pression chez la jeune Iris qui eut un petit rire moqueur finalement. Ledit rire attira l’attention de Nessa qui gonfla alors ses joues pendant quelques secondes, avant de se perdre encore une fois en détails…
Seule maman l’écoutait religieusement en pouffant parfois de rire, certainement heureuse que sa fille ait trouvé quelque chose à faire qui lui tienne à cœur…
Dans ce centre commercial, il y avait un peu de tout : une salle de projections pour moments de détentes, une salle des congrès pour réunions voire même des ventes aux enchères, un parc aquatique qui trônait en plein milieu du centre commercial avec des toboggans et autres installations ludiques pour les enfants, des fontaines çà et là, des baies vitrées qui donnaient des vues magnifiques sur une bonne partie de l’île, des locaux flambants neufs et spacieux… Bref, de quoi faire de cet endroit un spot incontournable de Water Seven, ville touristique par excellence sur Grand Line. Certains locaux étaient déjà même occupés par quelques franchises qui finalisaient leurs installations. D’ailleurs, en passant devant ces locaux, nous fûmes salués par les nouveaux propriétaires qui ne manquaient pas de nous remercier et nous encenser sur le projet, ce qui faisait très plaisir à Nessa qui en récoltait presque tout le mérite. C’était tant mieux d’ailleurs. Il faut dire qu’elle avait pratiquement bossé toute seule dessus en grande partie. Pour ma part, je n’avais avancé que les fonds, trop occupé à panser mes blessures et à me vautrer dans le travail encore et encore…
Lorsque midi sonna, Nessa nous entraina alors vers l’un des restaurants qui était déjà fonctionnel et qui allait très rapidement ouvrir au grand public. Là bas, nous fûmes rejoints par Meilan notre cousine et ma bras droits ainsi que tous mes hommes de main pour un bon festin en groupe. C’est durant ledit festin que ma cousine me fit son rapport. Il y avait clairement des mouvements suspects à Shabondy. Heureusement d’ailleurs que Water Seven n’était pas loin. C’était une question d’heures pour rejoindre rapidement les grooves et pacifier un peu l’endroit le plus vite possible. En dépit de ce qui commençait à se dessiner comme une urgence, je pris plaisir à partager le repas avec ma famille en laissant Nessa continuer d’être prolixe sur le projet, ce qui avait pour effet d’arracher des rires ou des regards admiratifs de l’assistance. Le repas dura donc une bonne heure, puis la visite reprit en direction de l’hôtel qui y était intégré et qui comptait pas moins de 100 chambres et d’un grand spa. Pour être honnête d’ailleurs, le spa était clairement la seule chose qui me donna vraiment envie, mais sous les yeux réprobateurs de ma cousine, je dus me faire violence pour continuer la visite avec les autres en mimant la bouille d’un gamin pleurnichard…
Puis, trois heures passèrent, avant que l’escargophone de Meilan ne sonne. Cette fois, c’était sérieux…
- « Navré de vous interrompre, mais il faut qu’on y aille. De toute façon, on a vu le plus gros et je suis personnellement conquis par c’que t’as pu réaliser toute seule, sale gosse ! »
Sur cette phrase, je m’avançai vers une Nessa surprise, avant de me pencher vers elle et coller mon front au sien pour lui gratifier d’un sourire. Cette dernière rougit pendant un moment, surprise et émue et gonfla ses joues sans rien dire. Recevoir des félicitations de son « abruti de grand frère » ne la laissait clairement pas insensible. Je me redressai ensuite avant de passer une main sur sa chevelure pour l’ébouriffer gentiment, ce qui me valut bien entendu des râles de sa part, puis je me tournai vers ma mère que je pris dans mes bras pour un câlin. Cette dernière leva une main vers mon visage, caressa ma joue pendant un moment tout en me disant de faire attention à moi. Iris quant à elle reçut une bonne tape sur l’une de ses épaules, encore, avant que je ne m’éclipse enfin avec mes hommes de main. En sortant des Galeries Fenyang, j’me tournai une dernière fois vers le gigantesque édifice, avant d’avoir un sourire aux lèvres qui en disait long : le projet n’était finalement pas si mal que ça en fin de compte !
J’étais un peu désolé pour Nessa et maman qui auraient surement voulu que je reste pour l’ouverture officiel qui allait se faire le lendemain, mais boulot oblige…
- « Allez, jeunes gens… On fonce sur Shabondy à toute vitesse ! »
- « OUI, AMIRAL ! » Qu’ils répondirent tous en cœur.
Et sur ce, ma petite troupe et moi fonçâmes vers les docks pour rallier le plus rapidement possible notre flotte.