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Le Temple de la Plénitude

La tempête était maintenant passée depuis quelque temps. Les nuages noirs qui s’étaient trouvés au-dessus d’eux pendant des heures avaient dérivé autre part. Robina ne savait pas où exactement, le compact ne marchait pas sur la route de tous les périls. Toutefois, ils étaient en sécurité pour les prochaines heures. Les membres de l’équipage étaient exténués. Il avait fallu que tout le monde aide pour que les manœuvres d’accostage soient faites pour ne pas se retrouver à la dérive en plein océan.

Quelques hommes et femmes avaient été désignés volontaires pour monter la garde pendant quelques heures. Le temps que les manœuvres se reposent et soient de nouveau en pleine forme. Ceux qui n’avaient pas été sur le pont pendant la tempête faisaient leur part aussi. La cuisinière et capitaine était en train de se reposer dans sa cabine, elle avait donné ses ordres pendant toute la tempête, fait en sorte que tout se passe bien. Elle avait aussi participé aux actions pour garder le galion à l’eau pendant tous les événements passés. Quelques heures de repos n’étaient pas de trop et elle les prenait avec plaisir.

Se levant après quelques heures, elle fut accueillie par un mal de crâne. Le manque de sommeil sans doute. Elle avala une décoction d’herbes et de plantes médicinales que lui avait déjà préparé Apolo pour ces moments-là. Elle fit sa toilette rapidement et sortit, quelques mousses se trouvaient déjà sur le pont, ils vérifiaient les dégâts sur le navire de ligne.

Quelques tonneaux avaient été mal accrochés avec des cordes. Ils avaient perdu de l’eau douce et des provisions. Rien à signaler sur les mâts, les voiles avaient été repliées au début de la tempête, elles n’avaient pas eu le temps de forcer sur le bois. Aucun homme ne manquait à l’appel, chacun était en train de dormir dans ses appartements ou dans son hamac. Une bonne nouvelle, ils avaient failli perdre plusieurs personnes par-dessus bord pendant que les éléments se déchaînaient.

En regardant l’île sur laquelle l’Iceberg s’était arrêté, la Sanderrienne put voir que des bâtiments se trouvaient dans les hauteurs. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas voir ce qui s’y passait ni qui y vivait. Toutefois, elle avait besoin d’aide et son équipage aussi, elle n’avait pas de temps à perdre. Voyant un mousse passé proche d’elle, elle l’arrêta en l’appelant.

— Vous ! Oui, c’est à vous que je parle. Elle rajouta la dernière phrase en voyant l’homme se retourner pour voir si sa capitaine parlait à quelqu’un d’autre. Allez chercher mon second, Fang Shui. Il doit se trouver dans sa cabine ou en cuisine. Faites-le prévenir que nous partons tous les deux dans quelques instants, nous devons trouver de l’aide.

— Bien, capitaine. Il se releva légèrement, voulant poser une question, mais ne sachant pas comment aborder le sujet.

— Oui ? Elle leva un sourcil, curieuse de savoir ce que l’homme pouvait bien penser.

— Eh bien, capitaine… il se gratta l’arrière du crâne tout en cherchant ses mots. D’habitude c’est monsieur Jin qui vous accompagne à terre. Dois-je le faire réveiller lui aussi ?

Comprenant la question muette derrière celle que venait de poser le moussaillon, elle se mit à sourire. C’était vrai qu’elle s’était avant tout reposée sur Jin pendant longtemps. Pourtant, les choses changeaient peu à peu dans l’équipage. Son second de cuisine était aussi en train de devenir son second dans l’équipage, chacun avait pu s’en rendre compte depuis plusieurs semaines.

— Je remercie beaucoup monsieur Jin pour tout ce qu’il a fait pour moi jusqu’ici. Mais je ne dois pas trop lui en demander. Elle sourit légèrement, le bord de ses lèvres se relevant imperceptiblement. Il nous aide pour remonter la route de tous les périls, je ne peux pas lui demander d’être mon garde du corps à chaque instant. De plus, il doit être en train de dormir après la tempête, ne le dérangez pas, il mérite de dormir.

— Je comprends, capitaine. Il la salua rapidement. J’y vais tout de suite.

Alors que l’homme s’éclipsait pour réaliser la mission qu’on venait de lui confier, la Sanderrienne se tourna vers le seul roc qui était toujours inamovible sur le navire : le quartier-maître Lanch. Il avait aidé pendant le cataclysme, et pendant que tout le monde se reposait, il était le point d’ancrage de tout le monde ici.

— Monsieur Lanch. Je pensais que vous étiez en train de dormir.

En entendant son nom, l’ancien militaire se tourna vers sa commandante qu’il salua d’un bref signe de tête.

— J’aurai bien aimé, capitaine. Il tourna la tête vers le pont supérieur et vers l’équipage qui s’activait. Mais il y a trop à faire pour que je me repose. Vous avez géré la situation toute seule pendant la tempête, je peux bien le faire pendant que le temps est calme.

— Vous n’y êtes pas obligé. Elle posa sa main sur l’épaule de l’ancien sergent des givrelames. Je sais que vous faites de votre mieux, vous devez être exténué. Prenez un peu de repos, je suis certaine que les hommes pourront s’en sortir pendant quelques heures sans instructions.

— J’en suis sûr aussi. Il retira toutefois la main de sa supérieure lentement. Toutefois, je me dois de refuser, je dois encore finir mon bilan des dégâts et des pertes. Et il faut que cela soit fait le plus rapidement possible. Ne vous inquiétez pas, je finis ça et j’irai me reposer. Je vous laisse partir à l’aventure l’esprit tranquille.

— Comment ? Elle était surprise, elle venait de donner ses ordres et de prendre sa décision. Comment pouvait-il déjà être au courant ?

— Je suis au courant ? Il finit la phrase de sa supérieure, comme lisant dans ses pensées. Vous êtes armées, vous avez prévenu monsieur Shui pour partir avec vous. Je ne suis pas sourd, je vous ai entendu avec cet homme il y a quelques minutes. Il se mit à sourire plus largement en voyant l’expression sur le visage de Robina. Je vous connais depuis maintenant près d’un an, capitaine. Je sais déjà ce que vous allez faire avant que vous n’y pensiez.

Elle le remercia d’un sourire. Il ne manquait plus que Fang pour partir.

Une forêt qui s’étendait à perte de vue ainsi qu’une chaîne de montagnes. Voilà ce que laissait apparaître la partie visible de l’île depuis le navire des Glaciers. Un paysage qui rappelait quelque peu au samouraï son île natale.La Sanderrienne s’approcha de lui et lui posa la main sur son épaule, le faisant légèrement sursauter.

— Et bien monsieur Shui, vous comptez me faire attendre longtemps ? Rouspetta la jeune femme aux cheveux blancs. Allons-y, il nous faut trouver de l’aide sur cette île.

— Le reste de l’équipe est déjà prêt ? S’interrogea le navigateur de Robina.

— Il n’y a que nous deux, Fang. Lui répondit la chasseresse de primes alors qu’elle s’apprêtait à descendre du navire. Les autres sont occupés sur le navire ou en train de se reposer après avoir géré la tempête.

Il hocha de la tête pour accepter cette forme de confiance et partit avec sa supérieure à l'aventure.


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Robina resserra les sangles derrière elle pour bien attacher Libertalia et Coupe-Faim au creux de ses reins. Elle avait beaucoup utilisé Aube et Crépuscule ces derniers temps et elle ne voulait pas faire de jaloux, même si c’était des armes. Ils étaient avant tout ses outils de travail, elle en prenait soin et l’armurier du navire aussi. Libertalia et Coupe-Faim étaient ceux qu’elle avait depuis le plus longtemps, elle ne voulait pas les mettre de côté pour des sabres jumeaux qu’elle venait de récupérer. Elle posa sa main gauche sur le pommeau de son sabre d’abordage, elle aurait pu presque croire qu’il chauffait à son contact, comme heureux de la retrouver elle-aussi. Mais tout cela était dans son esprit. N’est-ce pas ?

Les deux aventuriers marchaient dans la forêt de bambous en face de là où le galion s’était arrimé. Un léger silence s’était installé entre eux, brisé régulièrement par le cri des oiseaux et des animaux qui vivaient là où ils se trouvaient. La cuisinière regardait vers le haut, cherchant à trouver la source de ces piaillements. Elle se sentait rassurée, pour une fois, pas de tempête, de pirates, de primes, de pressions à gérer. Juste du repos. Elle souffla et se mit à s’étirer pour se mettre à l’aise.

– Fang. Elle se tourna vers lui, un sourire sur les lèvres. Cela fait un bon moment que nous nous connaissons. Déjà ce sauvetage sur l'Archipel Vert. Ensuite, vous m’avez aidé sur Whiskey Peak. Et je vous remercie pour ça.

Elle se tourna vers la gauche, son navigateur se trouvait sur sa droite. Elle était gênée de s’ouvrir autant, pourtant, il avait gagné sa confiance, et il l’avait méritée plus d’une fois.

— Vous m’avez prouvé à plusieurs reprises que vous étiez un homme de confiance. Avec les Lizard Pirates, sur Hungeria avec Pakbo et dernièrement avec le combat contre les Mangemondes. Et c’est sans parler du fait que vous êtes un très bon navigateur.

— Vous me flattez, capitaine. Fang ne savait plus quoi dire. Il avait beau être plus grand que sa commandante, il ne savait plus quoi faire en ce moment.

— Je ne vous flatte pas, vous le savez. Elle se mit à sourire en réfléchissant à ses paroles. Je sais que je suis une femme de poigne, que je ne suis pas forcément la plus douce au monde. Mais je sais ce que je veux que tout se passe bien et pour cela il faut une cheffe forte et qui n’a pas peur de prendre les bonnes décisions. Elle releva la tête pour plonger son regard dans celui du cuisinier. Vous méritez ce que je vous dis en ce moment. Et si ça ne vous gêne pas, j’aimerais vous tutoyer à l’avenir.

— Eh ben, capitaine. Je ne sais pas… L’homme ne savait plus où se mettre. Il n’avait jamais entendu quelqu’un être tutoyé sur le navire jusque là. Je ne vous ai jamais entendu le faire avec qui que ce soit.

La Sanderrienne soupira à ces paroles, agacée par les souvenirs que cela faisait remonter.

— J’ai déjà dit des dizaines de fois au quartier-maître Lanch de le faire. Nous nous connaissons depuis maintenant presque un an et j’avoue avoir du mal à ce qu’il me tutoie encore. Surtout après tout ce que nous avons vécu. Elle fit un geste de la main en l’air pour écarter le sujet. Néanmoins, je respecte sa décision. Je ne vais pas leur imposer et à vous non plus.

Voilà une marque de respect et de confiance que celui qui était né et avait grandi sur lWano Kuni ne pensait pas mériter. Sur le navire, peu de personnes se tutoyaient. Et même le quartier-maitre Lanch n’osait pas tutoyer leur capitaine, qui leur avait pourtant demandé de le faire, comme avec lui.

— Je ne vous... Je ne te promets pas d’y arriver tout de suite. Répondit le jeune homme, fuyant le regard de la femme aux cheveux argentés alors que ses joues s’empourpraient.

— Merci Fang. Robina affichait un grand sourire sur son visage. Bien, continuons à avancer, il faut que l’on trouve quelqu’un pour nous aider avant la tombée de la nuit.

La discussion avait permis de briser le silence entre les deux jeunes gens, qui tout en continuant d’avancer dans cette immense forêt de bambous ils s’étaient mis à discuter de tout et de rien. De sabres principalement, leur grand point commun. Il cherchait tout de même à s’améliorer constamment et ne jamais rester sur ses acquis et la capitaine de l’Iceberg avait été une gigantesque source d’inspiration pour le brun, même s'il ne l'avouerait jamais à voix haute. Il avait déjà reconnu ses talents de guerrière depuis plusieurs mois.

La journée était bien entamée et ils avaient traversé la forêt sur plusieurs kilomètres déjà. La notion du temps échappait régulièrement au samouraï et il avait l’impression que cela faisait une éternité qu’ils étaient coincés dans cette forêt. Il fermait toujours la marche, laissant le soin à sa capitaine de les guider. Ils marchaient tout les deux à un rythme assez élevé et pourtant ils n’arrivaient pas à sortir de cette prison végétale.

— Combien de temps allons-nous encore marcher sans rien trouver... commençait à s’impatienter le jeune homme.

— Je crois que tu as ta réponse, JFang ! La jeune femme se mit à accélérer, comme si elle venait de découvrir quelque chose à travers les feuillages. Viens voir ça. Elle cria pour le faire avancer plus vite, heureuse comme tout.

Le guerrier se dépêcha de lui emboîter le pas, se frayant un chemin à travers les bambous. D’un coup, plus de bambous. Un chemin de terre traversait la forêt, la coupant en deux. Une route qui ne semblait pas naturelle et qui témoignait de la présence d’humains non loin d’ici. La grâce les avait touché, mais un problème subsistait.

— Bon, de quel coté faut-il aller maintenant ? La chasseresse grattait ses longs cheveux.


Dernière édition par Robina Erwolf le Lun 21 Aoû 2023 - 23:13, édité 3 fois
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Robina regarda à droite et à gauche. Le chemin était souvent utilisé, elle pouvait voir des traces de pas qui allaient dans les deux sens. Elle aurait voulu que cela soit autrement, au moins, elle aurait eu une direction à suivre. Toutefois, rien n’était perdu, loin de là, la faune semblait paisible, le temps était au beau fixe depuis la tempête. Les éléments étaient avec eux, autant prendre son temps. Elle se tourna vers son binôme légèrement derrière elle, elle lui fit un geste du bras pour qu’il la suive.

— Nous allons partir vers la gauche. Elle lui pointa une pente sinueuse qui grimpait dans les hauteurs de l’île. Nous allons croiser quelqu’un au bout d’un moment. Et puis de toute façon, on peut voir des empreintes de pas qui vont dans les deux sens. Il y a de la vie sur cette île et nous trouverons quelqu’un que nous allions dans les montagnes ou bien sur les plaines. Elle pointa le ciel de son index, montrant qu’elle avait eu une bonne idée selon elle. Néanmoins ! Si nous montons, nous aurons une meilleure vue sur là où nous nous trouvons et si nous ne croisons personne, nous pourrons avoir plus facilement des indices pour trouver des personnes qui pourraient nous aider.

Elle posa sa main sur la garde de Libertalia, elle se méfiait tout de même. Une île inconnue. Des traces d’activité humaine sans en croiser un seul. Un climat chaud. Cela lui rappelait étrangement l’Ilot Flottant et ça n’était pas pour plaire à la cuisinière. Elle restait à l’affût, elle n’avait pas vraiment envie de tomber sur une tribu cannibale qui allait la poursuivre sur toute l’île alors qu’elle était désarmée. Déjà, elle ne l’était plus depuis longtemps, secondement, elle avait un allié avec elle. Et pour finir, elle n’avait plus peur de cette situation. Avec tous les pirates qu’elle avait combattus sur la route de tous les périls, sa confiance en elle était adamante.

Elle invitait presque à ce que cela recommence, pour prouver au monde à quel point elle était changée. Mais rien ne vint. Le chemin resta paisible, le vent soufflait entre les blocs de roches. Des feuilles de bambous tapissaient le sol, crissant sous les pieds des deux Glaciers. La Sanderrienne passa ses cheveux derrière ses oreilles, les attachant pour se dégager le visage. En regardant plus haut, elle pouvait voir des marches sculptées dans la pierre, l’ascension allait être longue.

— Eh bien alors, Fang, je me demandais, pourquoi la navigation ? Elle se tourna vers son second qui marchait quelques pas en arrière. Je veux dire, tu sembles plus verser dans les arts martiaux. Est-ce que c’est une passion ? Un métier que tu as appris sur le tard ? Moi, j’ai voulu devenir cuisinière depuis toute petite. Je n’ai plus de souvenirs où je n’étais pas en train de vouloir cuisiner quelque chose pour mes parents.

La question déstabilisa un peu Fang Shui. Il n’avait pas l’habitude de se confier à propos de son passé. Les liens entre eux s’étaient resserrés et la Sanderrienne avait gagné sa confiance. Il scruta l’horizon d’un air pensif, marquant un temps de pause entre la question de la jeune femme et sa réponse.

— La navigation a été pour moi un échappatoire, un refuge lorsque j’étais enfant. Il avait été hésitant, dans un premier temps, dans le choix de ses mots. C’est une passion qui m’a été transmise par ma mère.

La chasseresse de primes glissa sur un paquet de feuilles et se retint à une arête rocheuse qui se trouvait sur la droite. Elle avait manqué de s’écraser plusieurs dizaines de mètres en contrebas.

— Ça n’est pas passé loin. Elle s’essuya le front en passant sa main dessus. On va devoir faire encore un peu attention. Les feuilles se font de plus en plus rares, mais le sentier est de plus en plus escarpé.

La capitaine des Glaciers posa sa main sur le mur à ses côtés et avança plus lentement. Elle n’avait pas spécialement envie de finir comme une crêpe aujourd’hui. Jamais d’ailleurs. Après plusieurs minutes, la végétation disparut pour ne laisser que les marches en pierre seules. La forêt s’étendait sur plusieurs centaines de mètres autour d’eux. Un océan vert émeraude s’offrait à eux, à l’horizon, la jeune femme aux longs cheveux blancs pouvait encore apercevoir les mâts de l’Iceberg. Une petite passerelle naturelle les attendait plus loin, il était temps de faire une pause. Robina suait à grosses gouttes avec ces efforts et le climat de l’île.

— Tu pourrais me passer une gourde d’eau s’il te plaît ? Elle tendit le bras pour que Fang Shui lui donne sa gourde. Merci. Elle avala longuement plusieurs gorgées avant de reprendre la conversation. Ah ! Ca fait un bien fou. Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais j’ai vécu la majorité de ma vie sur le Royaume-Archipel de Sanderr. Une île hivernale. De la neige toute l’année ou presque. Alors les îles un peu chaudes comme celle-ci, ça me casse en deux.

La cuisinière souffla un peu en appréciant le paysage qui s’offrait à elle. Elle n’avait que rarement l’occasion de souffler et de s’ouvrir à ce qui l’entourait, toujours à vouloir faire mille choses sans s’arrêter. Elle en loupait parfois le plus important.

— Et toi alors ? Elle se tourna vers le navigateur qui s’était lui aussi arrêté. Je suis désolé si tu me l’as déjà dit, pour une fois que nous avons un moment ensemble. Enfin, on ne doit pas se battre contre des pirates, des longs-bras ou que sais-je encore. De quelle île viens-tu ? Je ne me rappelle plus si tu me l’as déjà dit. C’était très différent, comme moi, de là où nous sommes ?

Elle attrapa sa gourde et but encore une gorgée en écoutant la réponse de son second.

— Je viens de Wano Kuni, une île plus loin sur la route de tous les périls.. Il peut y faire chaud et il y a quelques monts, mais rien de semblable à cet endroit.

— Wano Kuni, je vois. La femme aux longs cheveux blancs essuya la goutte d’eau qui perlait le long de son menton d’un revers de la manche. Pourquoi le sabre alors ?

— Nous y sommes initiés dès notre plus jeune âge. La voie du sabre y est plus importante que tout. Cette fois-ci, c’est à son maître qu’il songeait en scrutant l’océan de bambou qui se trouvait à leurs pieds.

Pendant que les deux Glaciers discutaient, un puissant son métallique retentit de par delà la montagne, résonnant jusque dans la forêt d’où des oiseaux s’envolèrent.

— Qu’est-ce que c’était ? s’interrogea Fang.

— On aurait dit un gong. Et ça venait de là. Robina pointa du doigt le versant de la montagne, de l’autre coté de la passerelle.

— Peut-être ont-ils repéré notre navire et donné l’alerte ? S’inquiéta le brun.

— Peut-être. Peut-être pas. La jeune femme se remit en route. Dans tous les cas, nous ne sommes pas loin et il doit y avoir un village. La cuisinière se réjouissait de trouver enfin âme qui vive sur cette île.


Dernière édition par Robina Erwolf le Lun 21 Aoû 2023 - 23:28, édité 6 fois
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Un gong. Et qui disait un bruit assourdissant comme celui-ci, voulait dire de la civilisation. Et donc des personnes qui pourraient les aider. Elle se releva pour reprendre son chemin, ils étaient proches du but. Redoublant d’énergie, elle prit appui sur la paroi rocheuse pour continuer son ascension. Les marches se faisaient plus lisses, ici, plus souvent utilisées par les habitants sûrement, plus nettoyer aussi. Plus facile d’accès vu qu’elles sont plus proches.

Malgré le fait que le bruit semblait proche, c’était loin d’être le cas. Voilà maintenant près d’une demi-heure que le duo marchait, croyant découvrir un village à chaque tournant. Pourtant, rien ne venait. Autant d’efforts pour un écho ? Ce qui devait être obligatoirement le cas, sinon ils seraient déjà tombés sur la source des notes. La cuisinière s’arrêta un instant, les pieds dans le vide en s’asseyant sur une marche plus profonde que les autres.

— Fang, je ne pensais pas que nous allions devoir faire encore autant de chemin pour trouver ce village. Elle regarda en contrebas, voyant une mer verte qui s’étala à l’infini sous ses pieds. Elle souffla, vidée de toute énergie. Je prendrais bien une petite pause, nous courrons depuis un petit bout de temps tout de même.

— Vous… Oui, c’est une excellente idée. Le navigateur prit la position du lotus pour s’installer, ses cheveux bruns volaient aux vents. Et vous alors, vous voulez devenir cuisinière depuis longtemps ? Curieux, le samouraï des Glaciers relança la conversation qui s’était arrêtée suite au son du gong. Il avala une gorgée en écoutant la réponse de sa supérieure.

— Depuis que je m’en souviens, oui. Elle leva les yeux vers le ciel, le soleil se trouvait encore sur sa gauche, midi allait bientôt sonner. Mon premier souvenir de cuisine était quand j’avais huit ans, j’étais en train de faire des crêpes pour mon père et ma mère qui était en permission à la maison. J’étais tellement fière de moi, j’avais appris la recette des semaines à l’avance pour faire plaisir à ma mère. Elle se stoppa, revivant le souvenir en même temps. Mais disons que j’ai un peu surdosé la farine, c’était de véritables pavés. Immangeable ! Brah brah brah brah brah … La Sanderrienne rigolait à gorge déployée.

— Mes parents les ont mangés avec une grimace sur le visage pour me faire plaisir. Mais même moi quand j’ai croqué dedans, j’ai su que ce n’était pas bon et que ça n’était pas la peine. Elle regarda de nouveau la forêt, vers le sol. J’ai été très déçu, et mes parents m’ont tout de même félicité. C’est pour ça que je veux devenir la meilleure cuisinière du monde. Pour les rendre fiers et mettre un sourire sur chacun des visages qui rentrent dans mon restaurant, tout simplement.

— Désolé pour vos… tes crêpes. Fang posa une main sur l’épaule de la chasseresse de primes à ses côtés.

— Ne le sois pas, elles étaient véritablement affreuses. C’était plus un enduit que véritablement de la pâtisserie ! Brah brah brah brah… La jeune femme aux longs cheveux blancs riait de nouveau. Allez ! Il est temps de reprendre notre grande exploration. Mais ne nous précipitons pas cette fois, nous ne savons pas encore pour combien de temps nous en avons.

— D’accord. Le Wano Kunien emboîta le pas à sa capitaine.

Dix minutes de marche plus tard, ils se retrouvèrent devant un temple. Celui de la Plénitude. Ici, quelques hommes méditaient sur une pierre, s’occupaient de faire quelques tâches ménagères ou s’entraînaient au combat. Un homme imposant s’approcha des Glaciers, ses pas donnaient l’impression qu’il glissait sur le sol. Il s’arrêta à quelques mètres et les salua en s’inclinant devant eux et en joignant les mains dans un salut martial.

— Bonjour. L’homme chauve se releva, sa voix était ronde, douce et rassurante. Je me nomme Guro Bidu, je suis un des trois maîtres du Temple de la Plénitude. Ici, vous pourrez vous reposer, prier, et vous ressourcer. Nous ne vous demanderons aucun argent, juste de respecter notre mode de vie et de vous plier à ce dernier si vous vivez avec nous, le temps que cela durera. Je vous en prie, suivez-moi. Je vais vous montrer vos chambres.

Ne sachant pas quoi répondre, Robina emboîta le pas de ce moine martial pour le moins imposant.
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Robina était exténuée par la montée des marches. Alors que l’un des maîtres du Temple les amenait à leur chambre, elle avait fait bonne figure. Le dos droit, une posture assurée, mais elle n’avait qu’une seule envie, boire jusqu’à plus soif. Il fallut plusieurs minutes au petit groupe pour arriver à destination. Gardant son sang-froid, la cuisinière devait tout de même s’occuper de son coéquipier.

— Fang, prends le temps de te reposer. Lui lança la jeune femme en se retournant. Retrouvons-nous tout à l’heure.

Elle repartit en voyant son second dire oui de la tête. Elle devait aussi assurer son rôle de cheffe, même si ça n’était pas facile. Guro Bidu devant elle, il ouvrit une porte alors qu’elle s’arrêtait.

— Voici vos appartements. Il s’inclina légèrement en avant. Prenez le temps dont vous aurez besoin pour vous reposer et boire. Il y a une gourde sur la commode pour vous rafraîchir.

— Je vous remercie. Elle sourit en entendant les paroles du gros moine. Vous me sauvez la vie, je n’étais pas certaine de réussir à tenir encore debout longtemps.

— Ne me remerciez pas, c’est normal. Je vous dis donc à tout à l’heure, mademoiselle. Il referma la porte en la faisant glisser sur le côté, laissant la Sanderrienne seule.

Se retrouvant enfin avec elle-même, la chasseresse de primes but tout son soûl. L’eau froide glissa dans sa gorge, la faisant revivre. Elle reprit sa respiration. Elle ne s’était pas arrêtée avant que sa gorge ne soit de nouveau pleinement opérationnelle. Elle pouvait maintenant se relaxer. Ses vêtements lui collaient à la peau, tant elle avait transpiré. Elle regarda à droite et à gauche, pas de douche. Elle allait devoir trouver une autre solution pour ne plus sentir aussi mauvais.
Elle trouva du linge propre, une robe de moine, que portaient tous ceux qu’elle avait vus en arrivant ici.

Enlevant ses vêtements sales, elle fit une toilette rapide avec un morceau de tissu qu’elle trempa dans l’eau. Ainsi elle put se frotter et faire une petite toilette. Remettant les vêtements du temple, elle sortit, plus légère. Le maître du temple qui les avait guidés jusqu’ici se trouvait là, en train de discuter avec quelqu’un qui dénotait par ses vêtements. En effet, sa robe était violette, il était même le seul avec un sabre à sa ceinture. Ce qui se fit demander si elle avait bien fait de prendre Libertalia et Coupe-Faim avec elle. Toutefois, la capitaine des Glaciers ne laisserait pas ses armes dans sa chambre, pas alors qu’elle ne connaissait pas ceux qui l’entouraient.

Se rapprochant du groupe qui semblait discuter, elle put entendre quelques paroles. Néanmoins, elle n’était pas une curieuse qui écoutait aux portes. Elle resta à bonne distance pour ne pas passer pour une indiscrète. Quelques minutes passèrent quand les deux hommes se retournèrent et lui firent des mouvements pour qu’elle se rapproche.

— Mademoiselle. L’homme en robe violette s’inclina pour la saluer. Je me présente, Luo Min. Je suis le maître du Monastère et du Temple de la Plénitude. J’espère que vous avez pu bien vous installer.

— Parfaitement. Elle le salua en retour en se penchant légèrement en avant. Je vous remercie pour votre hospitalité. Je me présente Robina Erwolf, capitaine et cuisinière des Glaciers. Elle se tourna vers le brasseur. Je m’excuse de ne pas m’être présentée avant, j’ai été prise de court par les événements.

Riant d’un rire rond et puissant, celui qui leur avait souhaité la bienvenue ne semblait pas s’en soucier.

— Il n’y a aucun problème. Il joignit ses mains devant lui pour lui montrer que tout était réglé. Je ne peux pas vous en vouloir alors que vous veniez de faire l’ascension jusqu’au Temple. Nous parlions justement de vous avec maître Min.

— Ah bon ? Elle se tourna vers celui qui semblait prendre les décisions. Y a-t-il un souci ?

— Absolument pas. Il eut un léger sourire en entendant cette remarque. C’est juste que normalement, les personnes qui viennent jusqu’au temple doivent participer aux tâches ménagères pour rester, ainsi que suivre nos entraînements. Toutefois, vu l’heure et l’état de fatigue où vous êtes, vous commencerez demain. Est-ce que cela vous ira ?

— Bien sûr. Elle s’inclina légèrement de nouveau. Nous étions à la recherche d’un village pour trouver de l’aide. Nous venons d’arriver sur l’île après avoir essuyé une tempête. Vous sauriez me dire où en trouver un ?

— Aucun problème. Guro vous montrera le chemin demain.

Se rendant compte que son navigateur se trouvait derrière elle, en train d’attendre, la jeune femme aux longs cheveux blancs lui fit un grand geste pour lui dire de venir.

— Fang, je te présente le maître Luo Min. C’est ça ? Le vieil homme hocha de la tête. Ils nous offrent le gîte et le couvert, du moment que nous participons aux tâches et aux entraînements. Je vais partir demain avec le maître Bidu pour un village un peu plus bas sur l’île. Je compte sur toi pour faire honneur aux Glaciers.

Affichant un grand sourire, le second s’inclina profondément devant les trois personnes lui faisant face. Il semblait très heureux de la décision de sa commandante. Robina sourit en voyant sa réaction. Ils avaient donc quelques heures de libres avant de manger et que demain ne commence.
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