Néo Marine et Trahison
Une histoire du Cipher Pol 5
Après la défaite de Caille Doux et de Rak Haa Yooh sur les Pythons Rocheux, l'équipe gouvernementale et la Marine, s'octroient une pause afin de faire plus amples connaissances, mais aussi de discuter des trafics d'armes qui sévissent sur le royaume Doscar. Mais la mission est annulée pour Farore qui se voit séparée de son équipe pour passer des mois sur Mariejoie. Après des mois d'attente, elle reçoit l'ordre de partir pour les Pythons Rocheux afin d'apprendre davantage sur sa mission.
La taverne s’ouvre sous les pas feutrés de l’agent gouvernemental. Depuis la remise en sécurité des lieux par la Marine et le Cipher Pol, l’endroit grouille de soldats, de marins et de civils. La brasserie du Mage Upichu est devenue un lieu de villégiature tout à fait agréable. Alors même qu’elle se dirige vers le comptoir, un homme l’interpelle et chuchote.
« Comment est votre blanquette ? »
« Elle est bonne. »
« On me dit le plus grand bien des harengs à l’huile. »
« Le patron vous en apportera un ramequin, vous vous ferez une idée. »
L’échange surréaliste se déroule très rapidement et le regard des deux interlocuteurs se croise pour ne jamais faillir. L’homme esquisse un large sourire, satisfait de voir qu’il a affaire à un agent qualifié qui connaît le nom de code de la mission. Ce genre de procédure est tout à fait courant au sein du Cipher Pol et les phrases codées sont changées quotidiennement permettant ainsi une lutte assidue du contre-espionnage. L’agent invité Farore à prendre place non loin, dans un endroit un peu plus excentré pour discuter de la mission qui l’attend.
« Je suis Amir Delarian, je suis ravi de voir que le Cipher Pol envoie la personne qui s’est occupée des pirates de l’île. »
Corsandre hoche la tête positivement, elle enchérir par politesse à son tour.
« Je vous remercie Agent Delarian, c’est un plaisir de pouvoir aider ici, briefez moi, je vous prie. »
Il sort un étui une cigarette avant d’en porter une à sa bouche pour laisser une fumée ocre s’échapper dans de longues volutes.
« C’est assez délicat en fait… Nous n’avons ici pas affaire à des pirates, ni des révolutionnaires, et encore moins à des hors-la-loi…. Nous avons un souci avec un… Contingent de la Marine. »
Le Mystère, autour de cette affaire s’épaissit, d’accoutumer, une telle mission aurait mobilisé plusieurs agents, mais il semble que les protocoles soient quelque peu bafoués depuis son départ. Elle arque un sourcil, seul élément qui trahit sa curiosité sur un visage impassible. Sans mot dire, elle fait un simple signe de la main pour intimer à l’agent de liaison de poursuivre.
« Il s’agit d’une unité spéciale, elle agit contre l’adversité de manière offensive contre la piraterie. Pas de pitié, pas de quartiers, tolérance zéro. Le problème, c’est que cette unité a outrepassé ces droits à plusieurs reprises et qu’elle s’en est prise directement à la hiérarchie. Bien que ce soit anodin, la virulence des gestes et des propos a entraîné une sanction qui a elle aussi enclenchée une nouvelle escalade de violence. Par la suite, après que ça se soit tassé, l’équipe a agi sans ordres sur une île voisine avec des agents renégats pour vaincre un groupuscule pirate d’envergure qui fournissait des armes à la Révolution. »
Farore attentive, ne peut s’empêcher de se faire l’avocat du diable afin de comprendre la situation dans son ensemble et elle se devait d’avoir un historique complet et un tableau brossé pour aller de l’avant.
« J’entends bien ce que vous me dites Agent Delarian, cependant, n’est-ce pas une bonne chose que d’avoir éradiqué ces pirates. Où est le problème avec ça ? »
La serveuse se présente à la table et sans même prendre la peine de demander à Farore, Amir commande deux cafés pour sa table et gratifie la jeune dame d’un simple sourire en guise de politesse. Il ne trahit lui aussi aucune expression devant les questions de Farore, rien qu’elle ne pourrait analyser ou interpréter dans son sens.
« C’est vrai. C’est une bonne chose, sauf quand une opération du Cipher Pol d’infiltration est mise en place pour remonter la cellule terroriste sur l’île de Doscar. Toute l’opération est fichue à cause d’un officier de la Marine qui ne veut pas écouter les ordres. Doscar étant une île difficile pour nous, on risque jusqu’à perdre le peu de contrôle dont y dispose. Voilà pour la raison. »
Farore avait déjà entendu parler de Doscar, lorsqu’elle avait mis au tapis Caille Doux et à ses pirates eux aussi affiliés au trafic d’armes de l’île, étrange coïncidence une fois de plus.
« Je comprends mieux. Vous avez peur qu’il récidive, une simple radiation des contrôles ne suffirait pas ? »
Les cafés arrivent et les deux agents se murent dans un silence de plomb, un silence lourd où chacun des espions essaie d’un simple regard de comprendre l’autre. La demoiselle et son tablier sale s’en vont, laissant ainsi le champ libre pour une nouvelle discussion.
« C’est vrai aussi. C’est ce qu’il s’est produit. Il a refusé de se soumettre à ce contrôle et ses hommes aussi, ainsi, il a d’ores et déjà prévu de porter atteinte au Gouvernement en volant son navire de fonction, son matériel et son équipage, ce n’est plus qu’un pirate qui tue des pirates. Mais qui songe aussi à sa vengeance personnelle vis-à-vis de ses supérieurs. Certains de ses membres d’équipages ont déjà été mis aux fers et il compte les libérer. Si vous êtes ici, c’est parce que j’ai pu remonter sa piste. Il est dans une baie plus au sud, il a tenté de maquiller son navire, mais certains signes ne trompent pas. La mission est simple, son assassinat pur et simple, de lui, de ses hommes, et de son navire. Ni plus, ni moins. »
Farore hoche la tête, elle n’aime pas cette histoire et encore moins le ton étrange de l’agent de liaison, mais elle a comprit que son histoire est solide et qu’elle peut difficilement lui tendre un piège verbal sans que cela ne soit trop voyant, en outre vu son niveau, il serait allègrement à l’aise de lui envoyer sa récente trahison en pleine figure.
« Parfait. Je vais me rendre à cette baie, indiquez là moi sur la carte, je ferai le reste sans trop de mal, je pense. Je dois trouver le navire, repérer l’ensemble de l’équipage et le capitaine. Puis j’annihile le tout. »
Delarian sort à son tour une carte qu’il déplie partiellement.
« On est ici, il faut aller là. »
La jeune femme observe les zones avec insistantes, la topographie, la distance, tout s’évalue. Après avoir soigneusement mémorisé la carte, ce qui est plus facile avec une mémoire photographique comme celle dont dispose Farore. Elle avale son café d’une seule et unique gorgée et laisse la note au bon soin d’Amir, avant de saluer ce dernier du chef.