Le grand départ !

Reverse Mountain, un lieu mythique et tumultueux, une montagne inhospitalière, parsemée de récifs abrupts et entourée d'un océan déchaîné. Les marins téméraires qui osent la traversée sont souvent secoués par les vagues brisantes et les courants violents. À la base de cette montagne redoutable se trouve un sombre avertissement : un gigantesque calamar à onze tentacules, figé dans la mort, ses yeux exorbités semblant raconter les horreurs des profondeurs.

Cependant, même dans ce décor sinistre, un rayon de soleil perce à travers les nuages d'incertitude. "Au Céphalopode Mort" est un restaurant insolite qui a établi ses quartiers à proximité du terrifiant récif. Son fondateur, un entrepreneur audacieux, a vu dans le calamar géant une opportunité unique. Les bras du monstre marin ont été transformés en toboggans, invitant les marins épuisés à descendre dans l'établissement en glissant.

Orion, jeune serveur, est une présence réconfortante dans cet endroit singulier. Sa chevelure ébouriffée rappelle les rayons du soleil perçant à travers les nuages sombres de Reverse Mountain. Vêtu d'une chemise bleu ciel, il accueille les clients avec un sourire éclatant, un contraste frappant avec le climat austère des mers agitées.

Le jeune homme est bien connu des habitués, et il sait comment égayer l'atmosphère même les jours les plus sombres. Sa façon de servir est à la fois enjouée et compétente. Il balance les plateaux comme s'ils étaient des paires de skis, descendant les pentes sinueuses de la salle jusqu'à atteindre chaque table avec agilité.

Des pirates épuisés aux explorateurs intrépides, tous trouvent refuge dans cet étrange établissement où le calamar terrifiant est devenu le gardien bienveillant de leurs aventures. Les rires et les récits de ces marins aguerris emplissent la salle alors qu'ils partagent des histoires de mers inexplorées et de trésors perdus. Dans l’immensité de cette foule brayarde, une jeune femme est tapie discrètement dans l’ombre. Drussila observe avec attention chacun des clients, essayant de déterminer avec précision celui dont la bourse sera la plus remplie.

Entre deux encornets pleins de ketchup, la jeune femme lève les yeux et découvre avec un sourire carnassier sa prochaine proie.

Tandis qu’Orion se précipite de table en table, son regard se porte sur un nouvel arrivant. Ce dernier arrive en glissant sur un tentacule en plastique avant de retomber lourdement sur un matelas poussiéreux posé au sol. Orion le rejoint rapidement et l’aide à se relever, lui tendant une paire de lunettes noires.

« - Je crois que vous avez perdu ceci Monsieur.
- Merci. »

Cordial et professionnel, Orion fait de son mieux afin d’accueillir correctement le client. Ce job de serveur, il le pratique depuis de longues semaines désormais. Le jeune homme sait pertinemment que les pourboires constituent une part importante de l’argent qu’il peut récolter ici. Or, s’il souhaite un jour quitter Reverse Mountain, il va lui en falloir de l’argent.

« - Vous aviez une réservation ?
- Oui au nom de Trans, Marc Trans. »

Orion marque un temps d’arrêt avant d’observer plus attentivement le trentenaire. Marc Trans ? LE Marc Trans ? Le fondateur de la plus grande compagnie de transport maritime au monde ?

« - Euh… par ici je vous prie. »

Garder la face, garder la face… Orion l’installe à la meilleure table, celle qui est la plus proche du cerveau du poulpe mort. Sans le savoir, en le disposant ainsi, le jeune homme venait de lui placer une cible dans le dos. Cible que Dressula avait bien remarquée.

« - En entrée je vous propose une farandole d’œufs d’octopus rouge, servie sur son lit d’algue. Le plat du jour est le Poulpe Pétillant en Pâte Croustillante : des morceaux de poulpe frits dans une pâte bien cuite, accompagnés de sauce piquante "Kraken". En dessert nous avons l’incontournable gâteau « Poulpe Surprise » qui est un gâteau moelleux en forme de poulpe avec une surprise cachée à l'intérieur.
- Parfait.
- Quelle cuisson pour le pour le poulpe pétillant ?
- Bien mort.
- Ça sera tout ?
- Une carafe d’eau s’il vous plaît.
- Plate ou gazeuse ?
- Salée.
- Très bien, j’arrive dans un instant. »

Orion n’en revenait pas. Il venait de prendre la commande de l’un des hommes les plus riches des Blues, et peut-être du monde. Son cœur battait à la chamade, le pourboire devrait lui permettre d’accélérer son départ !
Mais pour cela l’homme devait passer un moment parfaitement parfait.

Tandis qu’Orion comptait les berrys dans le cul du poulpe, Dressula avançait avec détermination jusqu’à la table de Marc. Plus la pirate approchait et plus elle réalisait que le poisson ferré était gros. Elle qui espérait détrousser un noble local n’en croyait pas ses yeux.

« - Marc Trans ?
- Je suis désolé mais je mange, si c’est pour parler affaire vous pouvez prendre rendez-vous au siège. »

Un rire mauvais s’échappa des lèvres gercées de la jeune femme. Cette dernière dégaina son épée rouillée qu’elle plaça sur la gorge du trentenaire.

« - J’ai déjà pris rendez-vous. »

Orion, découvrit la scène avec horreur. Son pourboire allait s’envoler !

« - Allez-vous en ! »

Le jeune homme tenta de s’interposer mais dans un geste maladroit, il poussa Marc Trans qui, déséquilibré, tomba à travers une vieille trappe au sol.

« - Mon argent ! »

Orion et Dressula se regardèrent dans un silence embarrassé tandis que les clients du restaurant restaient interdits devant cette scène. Dressula n’attendit pas plus longtemps avant de suivre Marc en sautant dans le vide.

Prenant son courage à deux mains, Orion ouvrit une seconde trappe dans laquelle il plongea. Après quelques secondes, les clients recommencèrent à manger, comme si rien ne c’était passé.

Ce qui se passa ensuite fut mémorable.

Alors que Dressula percutait Marc de plein fouet, Orion les rejoignit. Les trois jeunes gens formaient une étrange chaines, assis les uns derrière les autres. Et petit à petit, sans qu'ils ne puisse faire quoi que ce soit, ils glissèrent le long de la tentacules sur laquelle ils avaient atterris.

Les tentacules les enveloppaient tour à tour, comme s'ils étaient les acteurs involontaires d'un spectacle absurde. Ils glissèrent sur ces membres géants, projetant les trois malheureux dans des virages serrés, les élevant et les abaissant à une vitesse vertigineuse à travers les recoins labyrinthiques du restaurant.

" - Je crois que je vais vomir ! "

Marc, pourtant d'un calme olympien au début de la soirée, était maintenant complètement déboussolé. Il criait à pleins poumons, un mélange de terreur et d'hilarité, tandis que Dressula, désespérée de saisir son butin, se cramponnait à ses hanches comme une tigresse déterminée.

Sa mission initiale de garantir un bon pourboire s'était transformée en une course de bobsleigh pour la survie. Il tenta de coordonner leurs mouvements, de donner des ordres dans le fracas des tentacules, mais chaque secousse et chaque tournoiement semblaient n'être qu'un coup du sort.

La scène ressemblait à une séquence d'action tout droit sortie d'un film comique. Ils étaient tous trois ballotés de gauche à droite, s'élevant brusquement dans les airs avant de plonger dans les abîmes de tentacules tourbillonnants.

Marc, les cheveux en bataille et les yeux écarquillés d'horreur, semblait être le pilote malheureux d'un bobsleigh incontrôlable, traversant des virages en hurlant, emporté par la folie du moment.

Dressula, elle, ne pouvait que rire. Son rire hystérique se mêlait aux cris de Marc, créant un crescendo de chaos comique. À un moment donné, elle tenta de tendre la main vers Marc, essayant en vain de saisir le trésor qui lui échappait sans cesse, mais chaque tentative ne faisait que les propulser plus loin dans l'expérience surréaliste.

Orion, de son côté, avait du mal à garder son équilibre tout en cherchant désespérément à ramener un semblant d'ordre dans ce chaos imprévisible. Il ressemblait à un chef d'orchestre déterminé à diriger une symphonie folle de tentacules tourbillonnants.

Alors que la course folle continuait, les trois personnages semblaient s'être retrouvés dans une dimension parallèle de pur désordre. La lueur de la bougie éclairait leurs visages paniqués alors qu'ils se précipitaient à travers les tentacules du poulpe, tourbillonnant dans une aventure inattendue qui aurait pu sortir tout droit d'une farce de cirque.

Finalement, ils furent tous éjectés hors de la trémie de tentacules et retombèrent à l'arrière du restaurant, chancelants sous les indications contraires de leurs oreilles internes.

Le repos fut de courte durée Drussila profitant de l'occasion pour dégainer son épée en direction d'Orion.

" - Ne te mets pas en travers de ma route, serveur. "

Le jeune homme, dans une bouffée de courage, ramassa une barre métallique posée au sol et fit de même.

" - Et toi de la mienne. "

Marc pouvait accélérer son départ de Reverse Mountain et lui permettre de réaliser son rêve. Pour rien au monde le jeune homme n'aurait cédé face à l'appel du voyage. Le bout du monde il l'atteindrait, et l'horizon il le vaincrait. Mais pour cela, il lui fallait les fonds que son travail acharné dans le restaurant lui délivrait.

" - J'ai un rêve, et je compte bien le concrétiser. "

Malheureusement pour Orion, Dressula n'était pas une rookie ordinaire. La jeune femme maîtrisait la science du climat du bout de son épée, et elle comptait bien se servir de cette science mystique. Elle balança son épée avec grâce, créant des tourbillons de vent et des fins éclairs étincelants qui menaçaient de frapper Orion à tout moment. Chaque mouvement était calculé, chaque attaque précise, et Orion, malgré son air assuré, était loin d'être confiant.

" - Comment est-ce possible... "

C'était la première fois qu'il se retrouvait face à une femme pouvant contrôler le climat. C'était donc ce type de personne qu'il allait rencontrer sur la route des périls ? Était-il suffisamment préparé pour ce voyage ?
Cette fascination mêlée à de la crainte pour la science du climat de Dressula ralentissait ses mouvements. De son côté, la pirate avaient créé des bourrasques qui la protégeaient des assauts d'Orion.

Plusieurs fois, l'épée rouillée de la rookie faillit l'embrocher. Chaque coup de Dressula était rapide et précis, et il savait qu'une seule erreur pourrait être fatale.

Pendant ce temps, Marc, le client malheureux au cœur de cette mêlée, avait bien failli se faire grièvement blessé à plusieurs reprises. Les éclairs frôlaient dangereusement sa silhouette alors qu'il se cachait sous une table renversée, priant pour que le combat prenne fin.

Orion, bien qu'impressionné par la maîtrise de Dressula, ne perdait pas de vue son objectif : protéger Marc à tout prix. Il devait trouver un moyen de mettre un terme à ce duel dangereux avant qu'il ne tourne au drame.

Le combat se poursuivait, une danse complexe de lames, de vents et petits éclairs, chaque coup portant le poids de la détermination de Dressula à s'emparer de Marc et de la volonté farouche d'Orion de protéger son client. Dans le restaurant résonnait du bruit des éléments en furie et des coups d'épée, créant une atmosphère électrique et tendue.

Dressula, désireuse d'en finir rapidement avant l'arrivée des forces de l'ordre, décida de mettre un terme à la confrontation en utilisant sa maîtrise de la science du climat à un niveau encore jamais atteint. Elle leva son épée vers le ciel, ses yeux brillant d'une lueur déterminée. L'atmosphère sembla se tendre alors que les nuages s'amoncelaient au-dessus de leurs têtes.

Mais la rookie se laissa emporter par sa propre puissance. Les éclairs qui crépitaient autour d'elle devinrent de plus en plus violents, zébrant le ciel comme jamais. Les vents tourbillonnants devenaient incontrôlables, créant un tumulte chaotique. L'orage qu'elle avait déclenché venait d'échapper à son contrôle.

La situation devenait critique. L'orage rugissait avec une intensité grandissante, menaçant de tout détruire sur son passage. Les clients terrifiés se précipitaient pour quitter le restaurant, tandis que Marc se cachait, priant pour sa sécurité.

C'est alors qu'Orion, dont l'admiration pour la science du climat de Dressula était maintenant teintée d'effroi, eut un éclair de génie. Il prit sa barre métallique et, avec un geste audacieux, la planta dans l'un des tentacules du restaurant, espérant que le métal agirait comme un paratonnerre.

L'effet fut spectaculaire. Une décharge électrique massive s'abattit sur la barre métallique, cuisant instantanément la viande du tentacule et créant un éclair aveuglant qui sembla aspirer l'énergie de l'orage en furie.

Une odeur de poulpe grillé empli l'air, rapidement chassé par quelque chose de plus âcre. L'air sembla se tordre devant Orion qui discerna petit à petit le corps carbonisé de Dressula. Paniquée, elle s'était dissimulée derrière un mirage pour tenter de s'échapper de l'orage destructeur.

Le jeune homme, sans le savoir, avait planté la barre métallique dans le tentacule sous lequel la pirate s'était abritée. Sans le savoir, il venait de la tuer.

Orion resta figé, son regard se posant sur le point où Dressula se tenait autrefois. Elle avait payé le prix ultime pour son ambition démesurée.

La culpabilité s'abattit sur Orion comme le marteau de Thor. Il se rendit compte que c'était son geste, plantant la barre métallique dans le tentacule du restaurant, qui avait provoqué la décharge. Il n'avait jamais eu l'intention de causer la mort de quiconque, mais ses actions impulsives avaient eu des conséquences tragiques.

Orion s'agenouilla, tremblant d'émotion et de culpabilité. Il se demanda si son rêve de voyager et d'atteindre le bout du monde était bien raisonnable, pas trop dangereux pour lui comme pour les autres. Il se demanda si cela en valait vraiment la peine.

Il songea à Marc, le client malheureux qui s'était retrouvé pris au milieu de cette folie. Si Dressula avait réussi à s'emparer de lui, il aurait pu subir le même sort tragique. Orion se sentait responsable de la sécurité de ses clients, et il avait failli à cette responsabilité.

Des larmes d'émotion lui montèrent aux yeux. Il avait toujours eu un esprit aventureux, une soif de découverte qui l'avait poussé à travailler dans un restaurant aussi unique que le "Au Céphalopode Mort". Mais il commençait à se demander si sa quête de l'inconnu n'était pas seulement un rêve.

Orion resta un moment à genoux, méditant sur les erreurs du passé et les choix qu'il devrait faire à l'avenir. La culpabilité pesait sur lui comme un fardeau, mais il savait qu'il devait apprendre de cette tragédie et trouver un moyen de réparer ses actions.

C'était un tournant dans la vie d'Orion, un moment de remise en question profonde qui le forcerait à reconsidérer son rêve de voyager et à réfléchir à la responsabilité qu'il avait envers lui-même et envers les autres.

Après de longues minutes de remise en question et de culpabilité, Orion se releva lentement. Son esprit était en proie à une tempête d'émotions, mais au fond de lui, son rêve de voyager et d'atteindre le bout du monde brillait toujours comme une étoile lointaine.

Il se tourna vers Marc, qui était sorti de sa cachette sous la table, les yeux remplis de reconnaissance et de soulagement. Le trentenaire avait échappé de justesse à un destin tragique, et il semblait comprendre que les actions d'Orion, bien que maladroites, avaient finalement sauvé la situation.

L'homme s'approcha d'Orion, un sourire timide aux lèvres. "Je ne sais pas comment te remercier", dit-il d'une voix émue. "Tu as risqué ta vie pour me protéger".

Orion sentit un nœud se former dans sa gorge. Il ne s'était pas attendu à cette réaction de la part de Marc. "Je... je ne voulais pas que cela arrive", murmura-t-il, encore submergé par la culpabilité.

Marc posa une main réconfortante sur l'épaule d'Orion. "Nous avons tous nos rêves, n'est-ce pas ? Je t'ai entendu l'évoquer à cette femme." dit-il doucement. "Et je comprends que tu poursuives le tien. En signe de gratitude pour ce que tu as fait, je t'offre la gratuité de ma compagnie de transport maritime jusqu'à Shabondy. C'est la moins que je puisse faire pour te remercier."

Orion fut presque sans voix. L'offre de Marc était bien au-delà de ce à quoi il s'attendait. Il avait toujours rêvé de visiter Shabondy, une étape cruciale sur la route de Grand Line, et désormais, il avait l'opportunité de le faire.

Les larmes de gratitude brillèrent dans les yeux d'Orion alors qu'il acceptait l'offre de Marc avec un simple hochement de tête. "Je ne sais pas comment vous remercier".

Marc sourit de nouveau, cette fois-ci avec plus d'assurance. "Va au bout du tien. Cette pirate devait en avoir également, donc pour elle, réussi".

Le restaurant "Au Céphalopode Mort" avait été le théâtre de l'une des expériences les plus incroyables et inattendues de sa vie. Il avait failli renoncer à son rêve, mais grâce à la générosité de Marc, il était plus déterminé que jamais à explorer toutes les îles du monde et à découvrir les mystères de Grand Line.

Et ainsi, avec un sourire empreint de gratitude et de détermination, Orion se prépara à entreprendre un nouveau chapitre de son aventure. Pour lui, le bout du monde n'était plus un rêve lointain, mais une réalité à portée de main.

Sans qu'il s'en rende compte, l'aventure de sa vie avait commencée.