Les palabres ont commencé sur l'port. A peine l'pied posé sur le bois. Pour s'immerger, choper la couleur local. On avait eu aucun problème à s'poser. A arrimer les rafiots aux quais. Dans l'coin, on f'sait pas tache. Des sales gueules parmi d'autres. Dans une ville de sales gueules. On a pas fait d'grabuge. Y avait du taf à taper, l'genre qui d'mande un brin de communication. Alors les fantaisies allaient attendre.
Une fois les nœuds taper, rapide conciliabule. Tahar et Noah partaient en recrutement. Moi et Maya nous occupions des tours d'magie. D'abord, transformer d'la toile douce en billets. Ensuite faire d'nos deux cercueils d'bois des rafiots qu'envoient du paté. Mouais... J'ai allumé un sèche en entendant ça. Et j'me suis bouffé un bon nuage. Pas qu'j'considère être trop bien pour les courses. J'ai jamais eu un rond, alors en dépenser plusieurs millions, ça m'bote. Non, c'qui m'a fait tiquer, c'est "recrutement". Le mot. Dans la bouche-monde de Tahar, ça sonne grinçant. J'tais intrigué quoi. Et l'sourire de Noah qu'annonçait rien d'bon. Bas... Mieux vaut p't'être même pas savoir. Vrai, on s'en fout. J'ai craché un glaire au sol, choper une bouteille pleine. Restait plus rien, dans la réserve. C'était la dernière. J'en ai rien eu à foutre. A nouveau. Et j'ai bu.
Sont parti, l'Cap' et Noah. Et la borgne et moi, on a attendu. Y avait pas b'soin d'bouger. On nous avait d'jà r'péré. On était p't'être dans l'ton, mais on n'en restait des p'tits nouveaux. Et l'buziness local nous avait piffé. L'a donc pas fallu des plombes pour qu'des trafiquands d'tout poil viennent nous démarcher. Prudemment.
Parce qu'abord, la prudence est d'mise dans un bled de c'genre. Puis... Ben, faut voir notre dégaine. Un couple charmant. Prenez Maya. Même à moi, elle me fout les boules. Elle est flippante. Vraiment. Y a pas qu'son œil en vacances. C'est elle. Son attitude de gamine flinguée à la colle. Ses phrases bizarres. Y a une aura qu'émane de c'te fille. L'genre qu'fait froid à l'échine. L'genre qu'attire pas l'badaud. En addition, j'concoure aussi au titre. C'lui du meilleur "tire-toi". Singlet suant, les plaies encore fraiches. Plus les trois mousquets au ceinturon, fantaisie du jour. Clair, on est pas mignon.
C'est sans compter sur l'appât du Berry. Qui poussent l'trafiquant volontaire à la témérité. Et à l'aventure. Ainsi s'rapprochent les honnêtes contrebandiers et receleurs. On est p't'être en zone libre niveau loi, mais d'là à afficher la marchandise au grand jour... Y a un gouffre. Les types viennent plutôt voir à la source. Pour éviter tout court-circuit. C'est bonus pour nous.
Un gros moustachu apparait. D'nul part. L'avance d'puis l'bout du quai. Le pas conquérant. Mais sans chichi. Ils passent un à un tous les joyeux froussards qui nous mirent d'loin d'puis plusieurs minutes déjà, et pointe sur les rafiot. J'réajuste mon froc, tire une bouffarde. Et m'avance à sa rencontre. D'près, l'gros gus est mieux. Encore. L'vêtement discret. Mais propre. L'en fait pas trop, mais ça sent l'pro. J'tend gentiment la patte. Dressée en avant. Le type stoppe, sa poitrine contre ma paume.
Qu'je dis, poli comme un flingue sous l'pif.
Il sue quand il parle. De près, on voit à quel point l'est obèse.
L'gros sourit en caressant sa moustache.
Je tique. Soit l'type, et c'est l'plus probable, est bien renseigné. Soit c'est un putain d'traqu'nard. J'tente le bluff, en restant clame.
Il sourit, et m'jette, encore plus pèpère:
Il marque un temps d'arrêt, mais mon silence lui indique de continuer.
Joli plaidoyer. Le genre qui se résume part "gagnant-gagnant et m'fais pas chier".
J'l'invite d'un monvement d'bras à m'suivre, et fais signe à Maya, qu'est posée sur l'bastingage. La dingue m'fais un r'gard bizarre. J'lui fait:
Puis au mec, tout en écrasant ma clope dans ma paume:
Laissons les deux tour'reaux régler ça. Faut qu'quelqu'un veille. Puis j'aimerais pas qu'il sache. Pour les chiffres. Qu'j'suis pas champion. Ravalant mon incapacité à compter, j'pose mon dèrche cont'l'bastinguage. Et j'reprend l'tutage. Un p'tit verre patron. Pour les honnêtes hommes. Et leurs engeances. Santé!
Merde j'ai bavé.
Une fois les nœuds taper, rapide conciliabule. Tahar et Noah partaient en recrutement. Moi et Maya nous occupions des tours d'magie. D'abord, transformer d'la toile douce en billets. Ensuite faire d'nos deux cercueils d'bois des rafiots qu'envoient du paté. Mouais... J'ai allumé un sèche en entendant ça. Et j'me suis bouffé un bon nuage. Pas qu'j'considère être trop bien pour les courses. J'ai jamais eu un rond, alors en dépenser plusieurs millions, ça m'bote. Non, c'qui m'a fait tiquer, c'est "recrutement". Le mot. Dans la bouche-monde de Tahar, ça sonne grinçant. J'tais intrigué quoi. Et l'sourire de Noah qu'annonçait rien d'bon. Bas... Mieux vaut p't'être même pas savoir. Vrai, on s'en fout. J'ai craché un glaire au sol, choper une bouteille pleine. Restait plus rien, dans la réserve. C'était la dernière. J'en ai rien eu à foutre. A nouveau. Et j'ai bu.
Sont parti, l'Cap' et Noah. Et la borgne et moi, on a attendu. Y avait pas b'soin d'bouger. On nous avait d'jà r'péré. On était p't'être dans l'ton, mais on n'en restait des p'tits nouveaux. Et l'buziness local nous avait piffé. L'a donc pas fallu des plombes pour qu'des trafiquands d'tout poil viennent nous démarcher. Prudemment.
Parce qu'abord, la prudence est d'mise dans un bled de c'genre. Puis... Ben, faut voir notre dégaine. Un couple charmant. Prenez Maya. Même à moi, elle me fout les boules. Elle est flippante. Vraiment. Y a pas qu'son œil en vacances. C'est elle. Son attitude de gamine flinguée à la colle. Ses phrases bizarres. Y a une aura qu'émane de c'te fille. L'genre qu'fait froid à l'échine. L'genre qu'attire pas l'badaud. En addition, j'concoure aussi au titre. C'lui du meilleur "tire-toi". Singlet suant, les plaies encore fraiches. Plus les trois mousquets au ceinturon, fantaisie du jour. Clair, on est pas mignon.
C'est sans compter sur l'appât du Berry. Qui poussent l'trafiquant volontaire à la témérité. Et à l'aventure. Ainsi s'rapprochent les honnêtes contrebandiers et receleurs. On est p't'être en zone libre niveau loi, mais d'là à afficher la marchandise au grand jour... Y a un gouffre. Les types viennent plutôt voir à la source. Pour éviter tout court-circuit. C'est bonus pour nous.
Un gros moustachu apparait. D'nul part. L'avance d'puis l'bout du quai. Le pas conquérant. Mais sans chichi. Ils passent un à un tous les joyeux froussards qui nous mirent d'loin d'puis plusieurs minutes déjà, et pointe sur les rafiot. J'réajuste mon froc, tire une bouffarde. Et m'avance à sa rencontre. D'près, l'gros gus est mieux. Encore. L'vêtement discret. Mais propre. L'en fait pas trop, mais ça sent l'pro. J'tend gentiment la patte. Dressée en avant. Le type stoppe, sa poitrine contre ma paume.
J'peux t'aider?
Qu'je dis, poli comme un flingue sous l'pif.
Autant que moi, je peux t'aider l'Ami. Si ce bateau est bien celui qu'je crois, évidemment.
Il sue quand il parle. De près, on voit à quel point l'est obèse.
Ce rafiot, c'est l'mien. Des voiles aux cales. Des conserves à la cargaison.
L'gros sourit en caressant sa moustache.
Parfait alors! Et dis moi, cette cargaison, l'ami, elle ne contiendrait pas quelques tissus et étoffes? Comme de celles qu'on vend dans la belle Hinu Town? Je serais ton homme si c'était l'cas!
Je tique. Soit l'type, et c'est l'plus probable, est bien renseigné. Soit c'est un putain d'traqu'nard. J'tente le bluff, en restant clame.
Mec, tu plantes total. Y a pas une once d'tissu sur mon vieux rafiot. Des épices ouais. Des armes ouais. Du minerais ouais. Mais pas d'tissu.
Il sourit, et m'jette, encore plus pèpère:
Haha! Bien alors l'Ami, je vais faire demi-tour. Ce genre de babioles, c'est pas mon rayon. Plutôt celui de Karaya, le vieillard vicieux qui se cache derrière la caravelle, là-bas, ou encore Gando, que tu peux voir juste sur le plot, assis, à quelques mètres. Ils viendront surement vous parler. Et tenter de vous escroquer. Ce n'est pas une bonne idée, mais ils le tenteront.
Il marque un temps d'arrêt, mais mon silence lui indique de continuer.
Pour ma part, je sais reconnaître le fournisseur respectable. Celui qu'on ne peut pas gruger. C'est un instinct chez moi. C'est ce qui m'a permis de survivre et de m'enrichir dans ce métier. Car ces fournisseurs là méritent un salaire à la hauteur de leurs talents, et sont toujours de bons investissements à longs termes. Ils sont du genre à se diversifier, si tu veux mon avis.
Joli plaidoyer. Le genre qui se résume part "gagnant-gagnant et m'fais pas chier".
Arf! Ce serait bête d'passer à coté d'une occaz. Qui sait, y a p't'être un truc qui peut t'plaire dans c'qui a en bas!
J'l'invite d'un monvement d'bras à m'suivre, et fais signe à Maya, qu'est posée sur l'bastingage. La dingue m'fais un r'gard bizarre. J'lui fait:
La miss. T'sais montrer la cargaison au monsieur.
Puis au mec, tout en écrasant ma clope dans ma paume:
J'répond pas d'elle par contre. Soyez gentils. Tout les deux.
Laissons les deux tour'reaux régler ça. Faut qu'quelqu'un veille. Puis j'aimerais pas qu'il sache. Pour les chiffres. Qu'j'suis pas champion. Ravalant mon incapacité à compter, j'pose mon dèrche cont'l'bastinguage. Et j'reprend l'tutage. Un p'tit verre patron. Pour les honnêtes hommes. Et leurs engeances. Santé!
Merde j'ai bavé.