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Premières acquisitions

Les palabres ont commencé sur l'port. A peine l'pied posé sur le bois. Pour s'immerger, choper la couleur local. On avait eu aucun problème à s'poser. A arrimer les rafiots aux quais. Dans l'coin, on f'sait pas tache. Des sales gueules parmi d'autres. Dans une ville de sales gueules. On a pas fait d'grabuge. Y avait du taf à taper, l'genre qui d'mande un brin de communication. Alors les fantaisies allaient attendre.

Une fois les nœuds taper, rapide conciliabule. Tahar et Noah partaient en recrutement. Moi et Maya nous occupions des tours d'magie. D'abord, transformer d'la toile douce en billets. Ensuite faire d'nos deux cercueils d'bois des rafiots qu'envoient du paté. Mouais... J'ai allumé un sèche en entendant ça. Et j'me suis bouffé un bon nuage. Pas qu'j'considère être trop bien pour les courses. J'ai jamais eu un rond, alors en dépenser plusieurs millions, ça m'bote. Non, c'qui m'a fait tiquer, c'est "recrutement". Le mot. Dans la bouche-monde de Tahar, ça sonne grinçant. J'tais intrigué quoi. Et l'sourire de Noah qu'annonçait rien d'bon. Bas... Mieux vaut p't'être même pas savoir. Vrai, on s'en fout. J'ai craché un glaire au sol, choper une bouteille pleine. Restait plus rien, dans la réserve. C'était la dernière. J'en ai rien eu à foutre. A nouveau. Et j'ai bu.

Sont parti, l'Cap' et Noah. Et la borgne et moi, on a attendu. Y avait pas b'soin d'bouger. On nous avait d'jà r'péré. On était p't'être dans l'ton, mais on n'en restait des p'tits nouveaux. Et l'buziness local nous avait piffé. L'a donc pas fallu des plombes pour qu'des trafiquands d'tout poil viennent nous démarcher. Prudemment.

Parce qu'abord, la prudence est d'mise dans un bled de c'genre. Puis... Ben, faut voir notre dégaine. Un couple charmant. Prenez Maya. Même à moi, elle me fout les boules. Elle est flippante. Vraiment. Y a pas qu'son œil en vacances. C'est elle. Son attitude de gamine flinguée à la colle. Ses phrases bizarres. Y a une aura qu'émane de c'te fille. L'genre qu'fait froid à l'échine. L'genre qu'attire pas l'badaud. En addition, j'concoure aussi au titre. C'lui du meilleur "tire-toi". Singlet suant, les plaies encore fraiches. Plus les trois mousquets au ceinturon, fantaisie du jour. Clair, on est pas mignon.

C'est sans compter sur l'appât du Berry. Qui poussent l'trafiquant volontaire à la témérité. Et à l'aventure. Ainsi s'rapprochent les honnêtes contrebandiers et receleurs. On est p't'être en zone libre niveau loi, mais d'là à afficher la marchandise au grand jour... Y a un gouffre. Les types viennent plutôt voir à la source. Pour éviter tout court-circuit. C'est bonus pour nous.
Un gros moustachu apparait. D'nul part. L'avance d'puis l'bout du quai. Le pas conquérant. Mais sans chichi. Ils passent un à un tous les joyeux froussards qui nous mirent d'loin d'puis plusieurs minutes déjà, et pointe sur les rafiot. J'réajuste mon froc, tire une bouffarde. Et m'avance à sa rencontre. D'près, l'gros gus est mieux. Encore. L'vêtement discret. Mais propre. L'en fait pas trop, mais ça sent l'pro. J'tend gentiment la patte. Dressée en avant. Le type stoppe, sa poitrine contre ma paume.

J'peux t'aider?

Qu'je dis, poli comme un flingue sous l'pif.

Autant que moi, je peux t'aider l'Ami. Si ce bateau est bien celui qu'je crois, évidemment.

Il sue quand il parle. De près, on voit à quel point l'est obèse.

Ce rafiot, c'est l'mien. Des voiles aux cales. Des conserves à la cargaison.

L'gros sourit en caressant sa moustache.

Parfait alors! Et dis moi, cette cargaison, l'ami, elle ne contiendrait pas quelques tissus et étoffes? Comme de celles qu'on vend dans la belle Hinu Town? Je serais ton homme si c'était l'cas!

Je tique. Soit l'type, et c'est l'plus probable, est bien renseigné. Soit c'est un putain d'traqu'nard. J'tente le bluff, en restant clame.

Mec, tu plantes total. Y a pas une once d'tissu sur mon vieux rafiot. Des épices ouais. Des armes ouais. Du minerais ouais. Mais pas d'tissu.

Il sourit, et m'jette, encore plus pèpère:

Haha! Bien alors l'Ami, je vais faire demi-tour. Ce genre de babioles, c'est pas mon rayon. Plutôt celui de Karaya, le vieillard vicieux qui se cache derrière la caravelle, là-bas, ou encore Gando, que tu peux voir juste sur le plot, assis, à quelques mètres. Ils viendront surement vous parler. Et tenter de vous escroquer. Ce n'est pas une bonne idée, mais ils le tenteront.

Il marque un temps d'arrêt, mais mon silence lui indique de continuer.

Pour ma part, je sais reconnaître le fournisseur respectable. Celui qu'on ne peut pas gruger. C'est un instinct chez moi. C'est ce qui m'a permis de survivre et de m'enrichir dans ce métier. Car ces fournisseurs là méritent un salaire à la hauteur de leurs talents, et sont toujours de bons investissements à longs termes. Ils sont du genre à se diversifier, si tu veux mon avis.

Joli plaidoyer. Le genre qui se résume part "gagnant-gagnant et m'fais pas chier".

Arf! Ce serait bête d'passer à coté d'une occaz. Qui sait, y a p't'être un truc qui peut t'plaire dans c'qui a en bas!

J'l'invite d'un monvement d'bras à m'suivre, et fais signe à Maya, qu'est posée sur l'bastingage. La dingue m'fais un r'gard bizarre. J'lui fait:

La miss. T'sais montrer la cargaison au monsieur.

Puis au mec, tout en écrasant ma clope dans ma paume:

J'répond pas d'elle par contre. Soyez gentils. Tout les deux.


Laissons les deux tour'reaux régler ça. Faut qu'quelqu'un veille. Puis j'aimerais pas qu'il sache. Pour les chiffres. Qu'j'suis pas champion. Ravalant mon incapacité à compter, j'pose mon dèrche cont'l'bastinguage. Et j'reprend l'tutage. Un p'tit verre patron. Pour les honnêtes hommes. Et leurs engeances. Santé!

Merde j'ai bavé.
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Sa chemise à la main, Maya remonta de la cale et alla l'étendre sur le bastingage. Elle avait enfin pu s'changer et faire un brin d'toilette. elle ne portait plus la chemise toute tâchée de sang et un peu trouée aussi. Elle avait revêtu un bon p'tit débardeur, noir, à bretelles un peu large et au décolleté carré. C'est que ça fait vachement plus classe quand c'est propre hein... Elle avait toujours une gêne au niveau de l'épaule, mais d'après c'qu'elle avait vu, c'était pas infecté. D'jà ça d'pris. Elle n'a franchement pas b'soin d'avoir un bras inutilisable en plus de son œil absent. Faut pas abuser non plus.

Donc, à peu près propre. Du moins de nouveau blonde et non plus rousse/brune, la gouvernementale se pose près de la chemise qu'elle a mis à sécher au soleil. Elle observe le port pendant ce temps, surtout du côté du magasin d'chocolat. Elle sourit même un peu, agitant doucement la tablette de chocolat dans sa main droite. Elle en croqua un bout, son regard dérivant alors sur le gros bonhomme qui s'avançait pour parler à Jack. Cool ça, même pas b'soin d'arpenter le port à la recherche de marchands. Faut croire qu'le navire est r'connaissable. Ou qu'il sent le profit de loin. Et ça, c'est nickel pour les gens qu'ont du nez. La borgne sourit doucement, les jambes battant doucement contre le bois, profitant pour bronzer un peu tant qu'on l'appelle pas. Elle remarqua également quelques coupures et égratignures sur ses jambes, mais haussa les épaules. Elle avait dû les avoir lors de la petite échauffourée dans la cale. Ou bien ça datait de l'épisode Roland. Difficile à dire...

Quoiqu'il en soit, elle sauta sur ses pieds lorsque Jack eut besoin d'elle. Son regard d'émeraude aussi inexpressif qu'une gemme, mais son sourire flottant sur ses lèvres comme si ça l'amusait toute cette petite expérience. Ouais, c'est une expérience ça. L'infiltration -bien qu'elle ai déjà testé ça quelques heures, le temps d'remplir quelques missions, c'est drôle. D'ailleurs, en pensant à ça, faudrait qu'elle trouve de quoi écrire, ou bien un escargophone, 'stoire de prévenir le Cipher Pol quoi... Ouais, faudrait pas qu'elle soit déclarée déserteuse hé...

Tout en réfléchissant distraitement à cela, elle mima un salut militaire et fit signe au marchand de la suivre, sautillant légèrement jusqu'aux escaliers. Les caisses, auparavant remontées, avaient été redescendues. Au cas où, les intempéries, ce genre de trucs... Elle trébucha un peu, ayant zappé une marche, et se rattrapa au chambranle de la porte. Elle ne se retourna même pas pour adresser un regard noir au contrebandier au cas où il se moquerait d'elle et pénétra plus avant dans la cale. Elle s'en fichait un peu en fait, et se préoccupait plutôt de son short en jean où subsistait quelques traces de sang.


_ C'est par ici... Là, au fond.

Le marchand s'approcha des caisses, accompagné par la blondinette qui ouvrit diligemment la première d'entre elles, et se pencha pour examiner le tissu, comme s'il voulait vérifier que c'était bien c'qu'il pensait. Il se tenait par contre à distance prudente de la gouvernementale, comme si ce qu'avait dit Jack tout à l'heure restait tout de même dans son esprit. Il eut un regard songeur et marmonna des « Oui, oui... » en permanence, calculant mentalement la valeur de la cargaison. Il finit par se tourner vers Maya, et eut le fameux sourire de requin qu'on tous les marchands/contrebandiers/etc...

_ Il y en a pour pas loin de sept millions d'berrys ici mam'zelle. Voir même sept et demi. C'est le meilleur prix qu'j'puisse vous faire.
_ Sept et demi pour tout ça ?

Maya haussa les épaules et son regard erra un moment sur les caisse. Par précaution, le gros bonhomme en ouvrit trois autres, son regard brillant en voyant l'étoffe précieuse, et hocha la tête.

_ Oui oui... Pour tout ça. C'est de la bonne qualité, de la très bonne même. C'est l'genre de marchandise qui s'vend à prix d'or ouais. Et sept millions et demi, c'est la meilleure offre que vous pourrez avoir ma p'tite dame. Et c't'une honnête proposition. Je peux vous dire que les rapaces qui attendent sur le quai sont plus enclin à vous avoir, se faisant facilement une large de deux, voire trois millions de berrys. Surtout sachant d'où ça vient. D'autres moins scrupuleux pourraient appeler la Marine...
_ Elle vous croit. Elle était juste surprise.
_ Parfait parfait. Alors on a un deal ?
_ Sans doute. Faut juste voir avec Jack. Vous avez d'la main d’œuvre pour remonter les caisses où faudra le faire soi-même ?
_ Ce serait bien de la remonter directement, et de ne pas demander sur les quais. C'est le genre de chose qui pourrait vous nuire ça. Et j'travaille avec un associé, mais on a personne pour aider... Si vous pouviez remonter les caisses jusque sur le pont...
_ D'accord.

Elle indiqua toutefois qu'il fallait sans doute conclure officiellement l'échange avec Jack, avant de faire quoi que ce soit, et elle fit signe au marchand de la suivre en remontant.

_ D'après lui, y en a pour sept millions et demi. Est-ce que ça t'conviens ? Maya pense que c'est honnête.

Ouais, tout en finesse la Maya. A peine de retour sur le pont qu'elle a posé la question au second des Saigneurs, le contrebandier sortant des cales après elle.
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La p'tite descend dans les cales. L'gros sur ses talons. L'escalier les engloutit, et j'reste là. J'lache un 'tite prière, pour l'gros. En lui souhaitant d'pas s'faire découper. Une brise légère m'caresse la barbe naissante, et j'm'avance, là, sur l'pont. Mes globuleux captent l'masta bleu, qui s'étend, devant. Ca m'fait sentir minus. Alors j'roule une clope? Que j'allume. L'odeur du souffre m'emplit l'pif. J'aime.

Sur les quais, j'entends qu'ça s'agite. Cris, pleurs, toussa. J'me r'tourne, et la scène s'dévoile. Simple et efficace. Classique. Une rixe. Quatre types. Qui tapent sur un cinquième. Pas d'motif apparent. L'pauvre bougre s'mange mandale sur mandale. Y rend les armes. Les courageux cogneurs le r'lève, en l'soutenant par les bras. Arrive un dernier type. Déguisé. En pirate. L'a tout l'attirail. Cache-œil, foulard sur l'crane, perroquet. Et l'sabre, à la main. Il bave un truc que j'entend pas au pauv'bougre ceinturer. Et il l'abat. Une tête roule. On lache l'corps sans vie, et tout l'monde r'prend comme si d'rien était. Bienv'nu à Las Camp.

C'est l'moment qu'Maya trouve bon pour r'apparaitre. Suivie du gros. La borgne sait donc s'tenir.

D'après lui, y en a pour sept millions et demi. Est-ce que ça t'conviens ? Maya pense que c'est honnête.


Ca fait un tas d'pognon. Un tas d'bouteilles. Ou d'clopes. Et si la môme l'dit. Avec son trou dans l'crane, elle à l'cerveau au frais. J'jette l'oeil sur l'trafiquant. Y bronche pas. Calme comme un honnête homme. Sûr d'lui. J’acquiesce donc.

Parfait! Nous avons un accord, donc! J' passerai ici avec quelques bougres pour embarquer les marchandises. Il faudrait juste que les caisses soient sur le pont...

J'tire un trait sur la bouteille qu'je tiens, et l'envoie valser à la flotte. L'gros prend ça pour un oui. Et il part. Et j'sors les caisses. Voilà. Rien de passionnant.
----

L'gros r'vient. Avec lui, quatre gaillards sortis du caniveau. Ça s'passe rapide. Ils embarquent, et aussitôt dit aussitôt fait. Plus d'cargaison. L'gros m'file un sachet en papier. A l'intérieur, des biftons. J'range ça, alors qu'suant, il m'fait:

Tu ne recomptes pas?


Non.


Tu m'fais confiance donc!


Non. Mais parfois j'tue des gens.

Il ravale sa salive, et s'barre aussi sec. Puis il s'arrête. Et se r'tourne. Il m'hèle. Et m'fais signe. Alors j'approche. Arrivé à sa hauteur, l'gus tente l'impensable: y s'penche et m'susurre à l'oreille:

Vous êtes de sacrés cas, toi et ton équipage. Si l'envie t'en vient, passe donc dans ma "boutique" d'ici deux heures. J'aurais des cadeaux.

Dubitatif, j'lui bave, tout en m'grattant l'bide sous l'singlet:

L'est où l'piège?


Pas de piège. Juste un cadeau. Histoire de fidéliser le client. J'ai le pressentiment qu'on entendra encore parler de Tahar et ses gars.

Et il s'barre. Clin d’œil en coin. Etrange, c'type. Soit. J'capte Maya. Elle s'bouge, avec c'te façon bien à elle. tout freaky. Malsaine.'Fin l'est temps d'se mettre en ch'min. L'chantier naval est sur l'quai voisin. La borgne et moi, on s'bouge, après avoir filer 1000 berry à un gamin, pour qu'il garde un oeil sur les rafiots. On quitte le bois glissant. Vive la terre. J'tente maladroitement d'tailler bavette avec la miss. Maladroitement. Et il apparait. L'armateur, là, devant. Un p'tit coup d'coude à Maya, pour lui faire voir. Mais elle a déjà vu. L'armateur, le chantier et l'autre. L'pirate sappé pirate. Qu's'engueule avec un gus, qu'doit être le contremaître. ... Moi j'dis: s'tu croise deux fois l'même type sur la même journée, c'est qu'le destin s'en mêle. J'dis aussi qu'le destin peut parfois être funêtr.. finèst... une pute.




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Une fois remontée, la blondinette s'est tenue immobile, attendant le verdict de Jack. Étrangement calme. Elle garde son œil unique fixé sur le gros marchand. Imperturbable. Elle cille à peine. C'est marrant comment les gens sont mal à l'aise lorsqu'elle fait ceci. Et rendre les gens mal à l'aise, c'est le passe temps de Maya' par moment. Puis le marchand partit. Jack sortit les caisses de la cale, et le temps passa. La jeune femme s'était posée sur le bastingage. A bronzer un peu. En attendant le moment où le commerçant reviendrait avec ses gus.

Elle dut somnoler un peu d'ailleurs, parce que quand elle ouvrit l’œil, il n'y avait plus de caisses, et le marchand remettait une enveloppe au pirate qui l'accompagnait. la transaction venait donc de finir. Presque allongée sur le bastingage, les jambes croisées et en équilibre précaire pourtant, Maya' rechigna à bouger. Elle était si bien, avec les rayons de soleil qui la chauffaient agréablement. Et puis le bois, c'est pas si rude que ça. Surtout quand il n'y a pas d'éclats de bois qui ressortent. Elle reste donc dans son équilibre précaire, vacillant parfois d'un côté ou de l'autre du bastingage, observant de loin Jack et le trafiquant. Et soupira brièvement lorsqu'il fut temps de se lever.

Néanmoins, elle s'exécuta, descendant souplement sur le pont. Elle sautilla un peu au départ, chassant l'engourdissement de ses jambes. Vous savez, ces petits fourmillement lorsque vous êtes restés trop longtemps dans une position peu confortable... Elle sautilla deux ou trois fois, fronçant les sourcils. Puis elle se mit en route, rejoignant le pirate d'un pas léger, presque comme si elle gambadait. Son iris vert auscultant rapidement les personnages présents sur les quais. Elle dévisagea les quelques personnes, répondant de façon assez... Distraite aux tentatives de conversations de Jack. Pas qu'elle n'est pas bavarde. Mais la blondinette est pour l'instant plus curieuse de l'environnement.

Venue à Las Camp un peu avant pour une mission, elle n'avait guère eu le temps d'observer le paysage. Le coup de coude du brun la détourna de ses pensées, et son regard se fixa à nouveau sur les types qu'elle avait dévisagé peu avant. Sans doute les gens à voir pour la customisation des navires. La gouvernementale esquissa un sourire.


_ C'est eux qu'il faut voir, c'est ça ?

Et sans trop attendre la réponse, elle s'avance déjà pour les saluer. Joviale. Avenante. On ne vous a pas dit qu'elle était très amicale ? Bah voilà. La demoiselle débarque, comme ça, face au type qui doit être l'armateur, face à pirate en pleine dispute avec un autre type. Elle débarque comme ça,comme un ch'veux sur la soupe. Avec un grand sourire type colgate.

_ Bonjour messieurs. Belle journée ?

Elle cille un peu, et chassa une mèche de cheveux qui voletait devant son visage, révélant son orbite vide d'un geste négligent. Elle ne s'en rends pas compte la jeune femme, mais elle a des attitudes vraiment bizarre parfois. Et son œil unique n'arrangeait rien. P't'être même que a empirait l'effrayante première impression parfois.

_ Vous êtes dispo' là tout d'suite ?

Hé bam. Maya, faudrait qu't'apprennes le tact des fois... Elle se tourne vers Jack, tout sourire, et mime une révérence style "T'annonces le truc ?".
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Le pirate d'opérette à pas l'air d'être heureux qu'la môme le coupe en plein palabre. L'armateur par contre... Ce type d'vait lui casser les burnes sérieux, parce qu'il est ravi d'nous voir. Vraiment. Ça f'rait presque peur. Et Maya, toute flippante, au milieu d'ça.

Super Pirate fait mine d's'emporter, mais y stoppe net. P't'être qu'y vient d'mirer l'oeil absent d'la miss? Où juste il a capté son aura salace de tueuse psychotique. P't'être c'est moi qu'il a miré. J'suis impressionnant. Faut bien l'dire. P't'être pleins trucs donc. En tout cas y s'la ferme. Montrant ainsi sa vrai nature: c't'un nul. Un dégonflé d'nullos.

Je laisse passer pour cette fois l'idiot. Mais ton heure viendra. Tu peux me croire. Mouhihihihihi!

Et sur ce rire à double chromosome X, y s'barre... Un vrai baltringue. Du genre pas agréable faut croire. Y s'tire à grandes enjambées. J'alpague l'armateur. Tout en tirant sur ma tige. P'tit bruit d'crépit'ment. Le bout d'ma sèche rougeoie, en cramant. J'adore.

C'est quoi son problème à c'type?

L'armateur est un solide bonhomme. Charpenter comme un monstre marin. Barbe et moustache de rigueur. Il a la voix grav'leuse et chaude d'un buveur chanteur.

Un nul qui s'fait passer pour un lieutenant de Corsaire. J'en crois pas un mot, mais je dois être le seul. Il en profite pour raqueter pas mal de commerce sur l'île, soutenu par une bande de bras cassé bêtes et méchants.


Personne l'a jamais crashé?


Non, les gens veulent pas risquer de voir arriver un Corsaire sur l'île. Ils ont assez de problèmes comme ça j'imagine. Quant à moi, il est hors de question que je paie quoi que ce soit à ce cafard.

Il éclate d'un bon gros rire gras, en s'tenant la panse. C'est communicatif. J'me bidonne avec.

Bon, cela dit. Vous êtes là pourquoi?

J'explique tout le bazar au bonhomme. La peinte, le renforcement, l'aménagement, tout l'blabla. J'peux voir les chiffres qu's'additionnent dans la tête du gus. Commerçant avant tout faut croire. J'finis d'baver, en parlant des canons. Lui m'fait un grand sourire, et j'sers les dents.

C'est du boulot! J'estime les travaux à dix millions. Neuf limite.

Y doit voir sur ma tronche que c'que j'viens d'ouïr m'plait pas des masses. J'regarde Maya qu'reste là, impassible. Elle me r'marque pas. A quoi elle pense? Franchement, j'veux pas savoir.

Et si ça plait pas, pas la peine de menacer. Je suis le seul armateur de l'île. C'est moi ou rien.

Ça a le mérite d'être clair. Ca nous claque. Neuf millions, impossible. Et l'type rognera pas d'une brique. Arf! Va falloir trouver un ch'min d'traverse. C'est dans mes cordes.

J'vais être honnête. J'ai pas c'pognon. En tout cas pas assez. Mais j'suis sûr qu'on peut s'arranger.

Sa pupille brille. Y m'fait mine d'continuer. L'est intéressé.

T'es pas né d'la dernière pluie. Et on a pas des tronches de touristes. On sait tout les deux quel est not'spécialité. C'que j'te propose: Huit briques pour le bateau...

Sa bouche fait une moue genre: même pas dans tes rêves.

... Et la tête du crétin qu'essaye de te rançonner.

Au r'voir la moue. Bonjour chicots, sourire et bonheur. C'la dit, en bon commerçant, y prend son temps. Dans sa trogne, ça compte. Ca pèse l'pour, le contre.

On a un deal.

Pour. Bingo. J'lui file l'oseille. Il appelle son assistant. Y m'aid'ra à ram'ner les deux rafiots aux quais où on leur filera une deuxième jeunesse. Avant d'partir j'sors Maya d'sa rêverie.

Tahar t'définie comme une folle furieuse. J'imagine que j'peux compter sur toi pour cramer l'aut' zig? Ton meurtre, ton style, mais j'serais toi, j'le f'rais ... spectaculaire. Héhé.

J'me perds dans son oeil vide. Et ça m'fout un frisson. Elle part, sautillante. J'en prendrais presque sa future victime en pitié. Mais non. Direction l'port donc. D'ici deux jours on mettra les bouts.

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Interruption de la prise de tête. Moment de flottement. Puis le type se faisant passer pour un pirate lâche une phrase qui sonnerait faux, même aux oreilles d'un sourd. Une pseudo-bravade, genre "J'suis costaud, t'as vu !". Maya sourit. Puis Jack parla. La gouvernementale décrocha, n'écoutant que d'une oreille distraite, son regard psychopathe braqué sur le dos de l'homme qui s'en va. La voix des deux hommes reste un bourdonnement familier à ses oreilles, mais sans plus.

Elle semble d'ailleurs dormir les yeux ouvert car son regard est fixe, et elle ne cille que très peu. Son champ de vision, plus réduit qu'un humain normal, c'est encore réduit. Tout ce qui est autre que le point qu'elle fixe est flou. Elle pourrais lancer un couteau dessus et atteindre un infime détail. Elle finit par détourner le regard pourtant, et observe le quai. Elle a un léger sourire qui flotte sur ses lèvres. Le genre de sourire qui t'fous les foies et qui t'donnes envie de détaler sans demander ton reste. Heureusement que les compagnons de la gouvernementale ne sont pas des gens impressionnables. Pas trop.

Elle reposa son regard vers l'endroit où avait disparu l'autre pirate avec le rire étrange et énervant. Et c'est à ce moment là que Jack lui parla. A ses mots, son sourire s'agrandit. Joyeusement. Son œil unique pétilla d'une lueur d'amusement.


_ Tu peux compter sur elle ouais ! Héhé.. Spectaculaire, ça lui va. A tes ordres, donc.

Elle hocha la tête et sautilla joyeusement vers le lieu qu'elle fixait depuis tout à l'heure. Le coin de rue où avait disparu le pirate. Si elle ne se trompait pas, elle avait vu une taverne dans cette rue-là, la dernière fois qu'elle était venue. Encore quelques pas et.. Ouais. Bingo. Une taverne. Maya se posa à l'entrée, comme si elle attendait quelqu'un. En réalité, elle écoutait. Les bruits filtraient à l'extérieur. Elle cru reconnaître le rire de mauviette du type sapé comme un pirate. Du pseudo lieutenant de corsaire. Ouais, elle avait capté ça de la discussion. Entre autres choses.

Le rire retentit à nouveau. Plus de doutes. C'est lui. Maya se décolle de l'encadrement de porte en bois où elle s'était appuyée, et voilà qu'elle pousse cette même porte. Grincement. Léger toutefois. A son entrée, silence. Les buveurs boivent. Les joueurs jouent. Les serveuses/serveurs servent. Mais plus un bruit. Et tous les regards l'ont dévisagée, mine de rien, avant de se concentrer sur leurs activités. Maya a toujours son étrange sourire sur les lèvres. Elle parcours la petite salle du regard, passe sur les tables occupées, néglige les chopes de rhum renversées, traverse les employés sans y faire attention. Et enfin, son œil unique se pose sur le type. Il la regarde aussi. Il semble moins assuré qu'il ne l'était il y a quelques instants en racontant sans doute un exploit inventé à ses camarades. Elle sourit de plus belle. Lui, moins.


_ Mesdames et messieurs, bonjour.

Elle ferma la porte d'un coup de pied et bloqua la poignée avec une chaise. Personne ne pourrait rentrer. Et pour fuir, il faudrait s'attaquer à Maya. Qui enchaîna aussitôt.

_ Rassurez-vous, elle ne va pas vous tuer. Pas tous. Juste lui. Là-bas. Vous savez, celui qui se fait passer pour le lieutenant d'un corsaire ?

Silence toujours. Puis un petit gémissement. Couinement plutôt. Le-dit homme se recroqueville sur sa chaise. Les regards des clients de la taverne sont braqués sur lui. Il semble sur le point de se faire dessus. Puis il regarde Maya plus attentivement. Et il reprend du poil de la bête, comme rassurée par ce qu'il voit. Il se redresse, l'air important.

_ Vous n'allez tout de même pas croire cette fille mes amis, hein ? Vous savez tous que s'il m'arrive le moindre mal, un Corsaire arrivera sur l'île et vous fera payer. Mouhihihihihi.

Il se lève, et fait mine de vouloir s'en aller. Il avance. Jusqu'à être en face de Maya. La blonde sourit toujours. Pas ébranlée un poil par ses paroles.

_ On ne passe pas.
_ Peuh, c'est pas une fillette qui va m'en empêcher.


Elle sourit encore, et pose un doigt sur la poitrine du type. Elle n'utilisa pas sa technique, propre au Cipher Pol. Non. Ce serait trop rapide. Pas assez spectaculaire. Son ongle s'enfonça donc légèrement dans le tissus, et elle poussa un peu plus fort pour faire reculer le pirate.

_ Vas t'asseoir. Vous autres, elle n'a rien contre vous.
_ Hé, mais c'est la nana qui m'a volé du chocolat il y a quelques jours !


Maya tourna le regard vers l'homme qui venait de parler. Le chocolatier. Elle sourit joyeusement. Son regard brilla d'amusement.

_ Très bon d'ailleurs. Merci beaucoup m'sieur. Elle a adoré.

Puis elle se reconcentra sur le pirate.

_ Quant à toi... Maya va t'apprendre à gruger de pauvres et innocents habitants. Elle aime pas les menteurs/profiteurs comme toi. Elle est pas irréprochable. Mais elle aime pas ceux qui profitent de la naïveté des gens.
_ Pirate ! Tu es une pirate ! Et tu parles d'honnêteté ?


Elle sourit. Sans répondre. Il flippa. Et attrapa une chope en bois pour la lui balancer sur le coin de la figure. Maya s'écarta de justesse. Au lieu de la frappe en pleine tête, la chope heurta un coté, renversant son contenu de rhum sur ses cheveux blonds. La gouvernemental reprit un air sérieux. Elle se saisit d'un plateau que tenait toujours une serveuse, tétanisée, et bien qu'un peu sonnée, elle s'en servit pour l'abattre sur la tête de l'homme. Rapidement. Le plateau de bois éclate en morceau. Le pirate aussi est sonné. Et les gens qui s'étaient levés pour se liguer contre la gouvernementale se rasseyent. Le filet de sang qui coule et se mêle au rhum sur sa tempe sans qu'elle ne cille semble impressionner. Tout comme la violence avec laquelle le plateau s'est brisé sur le crâne du pirate. Pirate qui vacille d'ailleurs, et se rattrape à une table. Il sort un sabre de sa ceinture et tente de menacer Maya. Elle rit. Et lui balance une assiette trouvée sur une table. Avec des restes de ragoût. Dommage d'ailleurs. Il paraissait bon ce ragoût.

Elle esquive ensuite un coup de sabre donné de manière désordonnée, et trébuche contre une chaise. Chaise qui finit émiettée. Avec un des pieds du reste du mobilier, elle para un autre coup de sabre, et enchaîna en le lui plantant dans la cuisse. Hurlement. Fini, les rires débiles. Un autre pied de chaise trouva sa place dans l'autre cuisse. Pour immobiliser l'homme. Les sang coulait faiblement, tant qu'on enlevait pas les bouts de bois. Maya effleura du doigt le liquide vermeil, fascinée. Elle chercha le moyen d'en faire couler plus, d'un coup. Comme un geyser. Et alors que c'est la panique parmi les clients, elle plante un troisième pied de chaise dans la clavicule du pirate tombé sur le sol, hurlant sa souffrance, agitant son sabre de manière désordonnée.

Maya grogna quand le-dit sabre se trouva une place dans son flanc, tranchant le noir de son débardeur, faisant couler son sang sur son short en jean déjà sali par cette même substance. Pour couper court à ces vaines attaques de la part du pirate, elle lui brisa le bras qui tenait le sabre, d'un bon coup de talon sur l'articulation du coude. Ses bottines avaient quand même dix centimètres de talons. Ce coup devait avoir fait mal, au vu du hurlement perçant de l'homme. Aussi perçant et agaçant que son rire d'ailleurs. Les clients de la taverne hurlaient eux-aussi. Panique générale. Les gens se précipitent sur la porte, trébuchant, cherchant à enlever la chaise qui bloque la poignée. Mais Maya l'a coincée de telle façon que, surtout dans la panique les gens faisaient des mouvements désordonnés et la chaise résistait.

Pendant ce temps, Maya sourit. Ses dents blanches brillant au milieu de son visage qui avait été éclaboussé de sang. Elle se releva, soulevant du mieux qu'elle pouvait le pirate sans force qui perdait son sang et qui maintenant se tient le bras.


_ Votre attention messieurs dames !

Les gens ne se préoccupent pas d'elle, restant paniqués, brisant les fenêtre et la chaise pour libérer les sorties. Maya grimpe sur le comptoir et se saisit du pistolet à une balle à la ceinture du pseudo lieutenant de corsaire. Elle tira un coup en l'air brisant par inadvertance une des trois lampes à huile placées au-dessus d'elle qui éclairait la pièce la nuit. L'huile végétale se répandit sur le sol et arrosa quelques personnes. Le verre éclata et un éclat alla même se planter dans la pommette de Maya. Elle recommença.

_ Votre attention messieurs dames !

Cette fois-ci, elle avait capté leur attention. Elle aussi avait été arrosée d'huile. Elle sourit. Le sabre toujours planté dans son flanc, elle parla à nouveau.

_ Cet homme, cet imposteur, ne vous embêtera plus ! Voyez plutôt, et Remerciez Maya' !

Elle sourit, et retira le sabre de son flanc. L'homme lâché tomba allongé sur le comptoir. Elle abattit le sabre. La tête roula sur le sol. Une gerbe de sang en jaillit, arrosant les quatre personnes les plus proches. Sautant à bas du comptoir, elle ramassa la tête qui avait roulé aux pieds du tavernier en la prenant par les cheveux. Ceci fait, elle choppa une bougie qui était allumée et la jeta sur le cadavre. Immédiatement, le corps s'enflamma. Et Maya, fière d'elle, s'inclina.

_ Maintenant, elle vous prie de l'excuser. Elle doit rentrer. Bonne journée à vous ! Et merci de votre attention !

Elle se fraya un chemin à travers la foule tétanisée. Elle explosa la chaise d'un coup de pied, la tête à la main. Elle sortit de la taverne qui commençait à s'enfumer. Et la voilà qui marche d'un pas guilleret, quoique légèrement moins alerte. Elle repasse sur le quai, sous les yeux ébahis des hommes qui y travaillent, et laisse une traînée de sang là où elle passe. Autant de celui de la tête du pirate que du sien. Elle s'assit sur une bitte d'amarrage. L'air de rien. Son petit spectacle a dû prendre une demi-heure. Une heure peut-être. Sans plus. Elle pose la tête à côté d'elle. Et commence à s'occuper de ses blessures. C'est que ça picote mine de rien.


Dernière édition par Mayaku Miso le Dim 6 Nov 2011 - 23:47, édité 1 fois
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On a été chopé les rafiots, l'assistant et moi. Ça a pas pris longtemps. Mais c'tait pourtant suffisant pour qu'l'armateur nous r'garde bizarre. Au r'tour. Pas méchant. L'regard. Pas juge. Non, juste méfiant. Héhé. Faut l'comprendre le bougre. Sur l'temps qu'on était parti, la rumeur s'était répandue. A propos d'un meurtre. Une exécution plutôt. Une folle dingue qu'avait décapité l'Emmerdeur. Ouais lui, c'lui qui jouait au con. Ça s'était passé y a pas trente minutes. Au beau milieu d'une taverne.

J'ai capté ça d'une conv'. Deux ouvriers, ou dockers, qui bavaient l'turc. J'me suis tout d'suite dis

Vilaine petite Maya.


Et j'me suis bidonné. Alors donc notre bon armateur, l'était perplexe. Pas qu'y r'grettaient l'pirate d'opérette. Pas l'genre. Plutôt qu'y s'rendait compte maintenant. Y envisageait vraiment qui, nous, on était. C'était pas un truc pour l'mettre à l'aise. Apparemment.

L'a empoché les sept plaques et demi au lieu des huit sans broncher. L'avait perdu son sens commerçant. Faut croire. Tout l'monde s'est mis au travail. Deux jours, peut-être un et demi, qu'il a dit. Pressé d'nous voir partir, pépère? Deux heures plus tard, Maya rapportait la tête d'l'autre. L'avait l'air fin maint'nant. J'l'ai balancée loin. Loin dans la flotte. Ça a soulagé les ouvriers. Et j'en ai profité pour les laisser. J'suis passé sur l'port. Un gamin m'a bavé où était la boutique du trafiquant. Le receleur, qu'nous avait choppé l'tissu. C'tait pas loin.

Quand j'suis rentré, l'type suait. Il faisait genre:"J'suis content d'te voir!". Mais tout son corps, son attitude, tout criait:"Pourquoi je suis pas plutôt devenu fleuriste!". Héhé. Les rumeurs s'répandent vite sur Las Camp. Il m'a filé rapidos son "cadeau". C'tait des fringues. De tous les genres. Cinq uniformes, genre village people. Un marin, un pdg, un doc ... T'vois l'bazar. Des truc utiles aussi. D'tout les jours. Y avait un singlet d'la marque 'Axe Marin". Un faux 'videmment. j'l'ai choppé. C'tait classe.

J'suis r'venu au dock. Sur l'chemin, ça courrait d'partout. Les pompier avait à faire apparemment. Une histoire de taverne, d'décapitation... Que des rumeurs. Difficile d's'y fier, héhé. Mais y avait l'feu qq'part.
Ca s'était clair. Et ça m'arrangeait bien. B'soin d'repos avant d'repartir.

J'suis arrivé. Tahar était là avec toute une bande. Une drôle d'bande. Après... J'ai picolé. Avec eux. Y a des chants. D'la bouffe. D'la baguarre même. Arf. Dure de ce que j'm'en rappelle. Ça a du l'être ouais.
Parce que.
Là, j'me réveille avec la tronche qui cogne. La gueule pâteuse. Les dents du fond qui baignent aussi. L'tout en plein milieu du pont du Santa. A même l'sol. Qu'est tout beau tout rouge pour l'occaz. Tahar s'bidonne douc'ment en m'voyant émerger. J'regarde: les amarres sont lâchées. On quitte Las Camp.

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Ses blessures donc. Un coup sévère au flanc, mais qui guérira bien si c'est nettoyé. Et une bosse sur le coin de la tête suinte un peu de sang. En plus de sa blessure à l'épaule. Chouette hein ? Ses adversaires ont dû se dire « Jouons à qui fera le plus gros trou sur Maya' ». Autant dire que pour l'instant, l'ex-pirate et le type dans la cale sont a ex-æquo. La blondinette s'approche du bord du quai et découpe un bout de son débardeur -foutu de toutes manières- pour le tremper à la flotte. L'eau salée, ça picote un peu plus. Mais au moins, ça nettoie.

Et puis, quand c'est fini, elle passe une main dans ses cheveux. Sang et Rhum. Beau mélange. Elle décide donc de piquer une tête, lavant ses cheveux ainsi. Puis, au milieu de la panique qui règne sur les quai, v'là les gens qui accourent avec des seaux d'eaux et qui crient en tous sens, la jeune femme marche à contre-sens de la marée humaine, une tête à la main. Les navires sont arrivés sur le chantier, les hommes sont affairés. Elle brandit victorieusement la tête. L'armateur a l'air moins jouasse que tout à l'heure. Elle s'en fiche un peu en fait. Et tandis que la tête finit à la mer, elle salue les gens d'un signe de tête et va chercher son petit baluchon. Reste plus qu'à jeter le débardeur. Elle sort de son petit sac son ultime vêtement de rechange. Une veste cintrée, noire a rayures blanches, accompagnée d'un petit débardeur blanc, plus léger que le noir. Tant qu'elle y est, elle met aussi de côté le short tâché de sang et sors la jupe assortie à l'ensemble. Noire également, avec des rayures blanches également. Fines les rayures. Pas du genre zèbre. Le genre classe. Et ce qu'elle fait avec son débardeur noir fichu ? Des pansements improvisés. Bandes e tissus découpée et enroulée autour pour empêcher que sa saigne. Elle essore rapidement ses cheveux encore humides et retourne sur le pont. Elle voit que Tahar et les autres sont de retour. Génial. Elle s'en va faire la connaissances des nouveaux/elles. A sa manière. Et au moment de repartir, après deux bonnes journées où elle a put en profiter pour dormir, manger du chocolat et bronzer, elle monte à bord de l'Ecume. En route pour l'aventure.
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