L’aurore venait de pointer le bout de son nez et l’agent Fawkes s’était mise en route très tôt. Quelques minutes pour saluer son amie Myriam et elle entama sa petite marche vers le palais royal. Sa bienfaitrice habitée à l’étage du magasin de son père, et ce dernier se situait à trois rues de la résidence princière. Autant vous dire qu’il ne fallut pas longtemps à cette chère Isis pour se retrouver aux pieds des marches du palais. Tant de souvenirs se bousculaient dans sa tête. 

Ce lieu se situait qu’à une rue de l’école où l’agent Fawkes a appris les rudiments de l’écriture, la lecture et les chiffres. Dès que l’école terminait, les enfants se ruaient  sur la place devant le palais pour s’amuser encore un peu avant de rentrer chacun ses choix. Elle se souvint même qu’un des princes du palais été même avec eux. Comment se nommait il déjà ? Djeser ? Oui c’était un sacré garnement déjà à l’époque.

Il avait tellement à coeur de prouver qu’il était quelqu’un déjà à l’époque, il s’en prenait même aux gardes devant le palais et les faisait courir après lui quand il faisait une bêtise. C’était vraiment un jeu pour lui à l’époque de vouloir en permanence attirer l’attention de son père, mais en vain. Un sacré trublion déjà, avant même ses dix ans. Fawkes se demandait à quoi il ressemblait maintenant que la puberté avait dû en faire un homme. 

Mais l’agent du Cipher Pol avait d’autres raisons qui la motivait pour venir rendre visite au souverain local. Son objectif était des plus simples : Tisser des liens étroits avec la famille royale, et peut être même que Djeser pourrait être sa porte d’entrée. Mais comment allait elle bien pouvoir se présenter à lui. Les lieux sont bien gardés, et il serait trop dangereux d’utiliser le rokushiki ici tant que sa couverture d’agent du gouvernement mondial est intacte. 

D’après les rapports qu’elle avait pu lire, une rumeur circulait disant que le prince Ymdebekht II avait un peu de mal avec le gouvernement Mondial qu’il jugeait trop envahissant. SI tel était le cas, il allait falloir la jouer finement, surtout si elle part avec un tel désavantage. Mais l’improvisation, c’est le propre de l’agent Fawkes ! Quand aucun plan ne semble bon et que le risque est acceptable, pourquoi ne pas se lancer. 

Devant les marches des escaliers, deux gardes était en train de discuter avec une autre personne. Il s’agissait d’une femme au regard de faucon et à la peau hâlée typique d’Alabasta. Cette femme n’était pas inconnue, bien au contraire c’était une célébrité à Alubarna. Elle se nommait Serhani Azar, de son nom de code “Isis”. D’aussi loin qu’elle se souvienne, ses parents ont toujours noué de bonne relation avec cette gardienne d’Alabasta en particulier. A tel point que Sabek, en hommage à la force de cette dernière aurait appelé sa fille Isis.

Une aubaine pareille ça ne se loupe pas ! S’approchant d’un pas calme et serein des gardes qui se tournèrent vers elle, l’agent du Cipher Pol s’inclina légèrement.

Isis - « Bonjour Dame Azar, c’est un véritable plaisir de vous revoir depuis tout ce temps. »

Un silence s’installa avant que Serhani n’arrive à remettre un nom sur ce visage qui lui semblait pourtant si familier.

Serhani - « Tu es Isis Kephrenatis n’est ce pas ? »

Isis - « Vous m’avez reconnu après de si longues années ? Je suis surprise et honorée par tant d’égard ! »

Serhani - « Avec ton père qui n’arrêtait pas de me donner de tes nouvelles, j’ai eu l’impression que tu n’as jamais quitté notre belle contrée. »

Cela fit sourire sincèrement l’agent Fawkes. Serhani était vraiment une femme incroyable, une telle mémoire et cette capacité à cerner les gens et à retenir leurs noms et leurs habitudes, elle faisait toujours forte impression. Voulant à tout prix avoir l’air le plus naturel qui soit, elle sourit de toutes ses dents.

Isis - « J’ai été invité par Djeser Nefertary qui a souhaité me revoir avant mon départ, il est présent au palais ? »

S’attendant à voir un sourire ou une quelconque réaction de la part de ses interlocuteurs, Isis eut l’impression d’avoir touché une corde sensible. Le regard des deux gardes se figea tandis que la gardienne d’Alabasta se mordit les lèvres avant de soupirer.

Serhani - « Tu devais le voir tu dis … ? Entre … »

Il y avait quelque chose qui clochait dans cette histoire mais l’agent Fawkes ne savait pas quoi. S'était-elle rendue compte de ses intentions ? Non, aucun pouvoir ne permettrait ça en un regard. Aucune intention hostile n’émanait d’elle. Quelque chose clochait. Entrant dans le hall du palais, les portes se refermèrent derrière elle avant que la plus grande guerrière d’Alabasta décide d’emmener la demoiselle appart. Puis d’un ton grave, comme si elle cherchait ses mots, elle fini par avouer.

Serhani - « Cela va être difficile pour toi de le voir car … le prince a disparu … »

La situation devenait vraiment tendu. La disparition du prince était quelque chose d’habituelle,  ce dernier étant un petit prodige quand il s’agissait des fugues depuis très jeune.  D’ailleurs, cela apparaissait même dans les rapports du Cipher Pol que cette tendance était toujours d’actualité. Un véritable pro de l’évasion, surtout quand on voit comment le palais est surveillé nuit et jour par des soldats vigilants. Remarque, si le prince avait bel et bien disparu, c’était peut être un coup du gouvernement mondial.

En tant qu’agent en formation, elle n’était pas au courant de l’intégralité des opérations se déroulant à Alabasta. Mais elle se demandait vraiment l’utilité d’avoir capturé un membre de la famille royal ? Était-ce pour les faire plier à ses exigences ? Quel intérêt ? Sainte Adela détenait déjà trois personnes de la famille royale  Tiens peut être s’était il joint à la petite escapade de son cousin et ses cousines ? Après tout, s’il y a bien une chose qui n’a jamais effrayé Djeser, c’était bien de se mettre tout seul dans l'embarras. Il s’en sortait toujours comme un chat qui retombait sur ses pattes.

Pour l’heure, avant de faire des suppositions, il valait mieux montrer patte blanche. Et pour cela, rien de tel que de se dédouaner. Après tout, elle n’était pas coupable pour une fois, il serait facile d’expliquer la situation à la gardienne d’Alabasta.

Isis - “Comment ça disparu ? Quand est-ce survenu ?”

Serhani - “La dernière fois que l’on a eu de ses nouvelles c’était hier matin au moment du petit déjeuner. Que faisais-tu hier ? Désolée de te demander ça, mais je ne peux écarter aucune piste.”

Isis - “J’étais juste à côté de l’échoppe de mon père, j’ai offert mes soins aux plus nécessiteux. J’y suis restée toute la journée, les nombreuses personnes des bas quartiers qui sont venus se faire soigner et Myriam, l’employée de mon père pourront témoigner de ma présence là bas. Je ne pouvais donc pas organiser un enlèvement en étant là bas. Je n’ai pas de fruit du démon qui me le permet non plus, je peux  le prouver en touchant du granit marin si vous voulez la preuve.”

Isis connaissait les fruits du démon depuis toute jeune, depuis la nuit des temps les gardiens d’Alabasta en possédaient.  Elle savait aussi qu’il était possible de les neutraliser avec de l’eau de mer ou du granit marin, mais ça c’était grâce au gouvernement mondial. Nulle doute cependant qu’une grande guerrière comme Serhani était dors et déjà au courant de tout cela. Cette dernière planta ses grands yeux inquisiteurs qui lisaient en elles dans les siens. Et après quelques secondes elle soupira.

Serhani - “Je te crois. De toute façon, l'écriture d’après nos experts serait masculine et cela m’étonnerait que tu aies rejoint des groupuscules opposés à la famille royale.”

Elle sortit la lettre de sa poche et la déplia brièvement pour la montrer avant de la ranger aussitôt. C’était sans doute pour appuyer son propos, mais cela permit à l’agent Fawkes de la mémoriser grâce à sa mémoire eidétique. Une personne qui se vantait de détenir le prince de la famille Nefertari et que lui et son organisme entreront bientôt en contact avec eux pour négocier. D’expérience, Isis était étonnée de ne pas voir de demande de rançon. Peut être attendait il de faire monter la peur pour demander une somme plus conséquente ? Ou bien les motivations du ravisseur étaient tout autre ?

Isis - “Ma famille a toujours été loyale à la famille royale, et je considère Djeser comme un ami qu’il me tardait de retrouver. S’il y a quoi que ce soit que nous puissions faire pour aider son altesse à retrouver son petit fils, nous serions plus qu’heureux d’aider.”

Serhani - “ Je n’en doute pas un seul instant, cependant, c’est aux gardiens et à la garde royale de retrouver le jeune prince. De toute façon, en prévision de la venue de Sainte Adela nous avons renforcé la garde à nos portes, il est forcément à Alubarna. Si jamais tu vois ou entends quelque chose à son propos, n’hésite pas à venir m’en parler. Toute piste est bonne à prendre.”

Isis s’inclina et sortit de la résidence royale. Inutile d’essayer de se faufiler à travers le palais pour récolter des indices. Si les gardiens sont en pleine investigation, il serait suspect de retourner là bas comme une fleur. Qu’il en soit ainsi, si Djeser est dans la nature, il est de son devoir de le retrouver. Rien de telle qu’un peu de reconnaissance de la part de la famille royale d’Alabasta pour se placer dans leurs petits papiers.

Si Djeser était bel et bien à Alubarna, l’agent Fawkes le retrouverait. C’est ainsi qu’elle se mit en route vers le lieu de tous les savoirs : les tavernes populaires. 

La taverne du “Scarabée bleu” était une des plus anciennes tavernes des bas quartiers de la capitale. Elle devait sa pérennité à Sert, le vieux tenancier, un homme de poigne qui était très habile avec sa barre de fer cachée sous son bar. Un homme affable et avenant, mais qui avait une tendance à s’emporter facilement si on parlait mal de son commerce. Cela pouvait se comprendre, les magasins dans les bas quartiers avaient la fâcheuse tendance à vite fermer. En effet, les coups de pression de la part de diverses petites frappes locales motivaient les magasins soit à financer ses groupuscules, soit à voir leur commerce brûler.  Sert était respecté, il avait vécu toute sa vie ici et connaissait chaque famille habitant dans le coin.  

C’était l’informateur idéal pour la jeune femme qui découvrit ce dernier en train de balayer devant sa porte. Sans décrocher de son activité, ce dernier soupira et ajouta de sa voix de ténor.

Sert - “On est fermé et c’est trop tôt pour picoler.”

Isis - “Bonjour Sert, cela faisait longtemps.”

Levant les yeux de sa besogne, le tavernier mit quelques secondes avant de remettre le visage de l’agent Fawkes. La dernière fois qu’il l’a vue, elle devait n’avoir que dix ans. Dès qu’il l’a reconnu, il lui affiche un grand sourire et s’essuya les mains sur son vieux tablier avant de tendre la main vers elle.

Sert - “Parbleu ! Mais ça fait un bail ! T’es la fille de Sabek non ? Attend … Isis c’est ça ? Et ben, quel bon vent t’emmène ? J’ai pas fais de commande à ton père récemment tu sais.”

Isis - “Non ce n’est pas pour une commande effectivement, de toute façon je ne travaille pas pour mon père. Je suis devenue médecin. Dis moi, je cherche Djeser. Il a encore fugué. Tu ne l'aurais pas vu par hasard ?”

Sert - “Le petit prince fait encore des siennes ? Non tu te doutes bien que mon établissement n’est pas “assez bien” pour lui.”

Isis - “Je pense qu’il est accompagné et qu’il suit quelqu’un. Cela ne te dit rien ?”

Déjà quand Isis a mentionné le nom de Djeser, la mâchoire du tenancier s’était raidit. Un détail pour certains, mais quelque chose qui ne passait pas sous le radar de l’agent Fawkes. Elle était douée de mentalisme, ainsi chaque mouvement de son interlocuteur était soigneusement observé. Et quand elle mentionna le fait qu’il était accompagné, même sans compétence dans le domaine du “cold reading”, elle a senti que quelque chose clochait.

Le tavernier semblait hésiter, il était dans une position un peu délicate semble t’il. Qu’essayait-il de faire ? Connaissait-il le ravisseur de Djeser ? Beaucoup de questions qui turlupinaient la native d’Alubarna.  Alors qu’elle tentait d’établir un eye contact avec ce dernier, Sert reprit son activité de balayage avec une voix un peu plus craintive que d’habitude.

Sert - “Je ne l’ai pas vu, je ne sais pas de qui tu parles. Si tu veux bien m’excuser j’ai du travail.”

Il n’était pas dans son état normal. Quelque chose clochait, et elle allait bien vite le comprendre. Prenant un air compatissant, Isis joua le rôle de la femme naïve par excellence. Il ne fallait pas qu’il se doute de rien.

Isis - “Mon pauvre Sert, tu as l’air éreinté par le travail. Si jamais tu ne te sens pas bien, n’hésite pas à passer me voir, je soigne tout le monde surtout les amis de la famille.”

Affichant un grand sourire, elle plia bagage pour retourner dans la ruelle adjacente. Son comportement était des plus suspects. Peu importe qui il couvrait, il irait forcément le voir pour le prévenir que des gens le recherchent. C’est à ce moment-là que Fawkes frappera. Pour l’heure, il est temps de prendre en filature ce bon vieux Sert.

Evidemment, cela ne se fit pas attendre. En l’espace de quelques minutes, le restaurateur ferma boutique et une personne vêtue d’une grande cape repliée sur la tête vint sortir de l’arrière de la taverne. Suivant son instinct, Isis se mit à suivre cette dernière. Sert n’allait pas bien loin, il se mit en route vers une sorte de remise à côté. Il était difficile de voir ce qui allait se passer à l’intérieur, seules des fenêtres disposées cinq mètres au-dessus du sol permettaient de voir l’intérieur du silo. Il y avait beaucoup trop de monde pour qu’elle puisse se changer en toute discrétion. Tant pis, aux grands maux, les grands remèdes. Pas de masque ni de grande cape pour faire disparaître sa silhouette : Isis Kephrenatis entrait en action.

Après une inspection rapide des environs, elle utilisa le geppou pour monter jusqu’à la fenêtre. Tentant d’être le plus discrète possible, elle se faufila dans la grange. L’agent Fawkes était dans la charpente de l’édifice, il y avait bien quatre ou cinq mètres en dessous d’elle, une sorte d’étage plongée dans la pénombre. Parfait, l’obscurité est un manteau des plus appréciables quand il faut voir sans être vu. Elle entendait des voix discutant entre elles plus bas, elle reconnaissait la voix de Sert, et ne reconnut pas l’autre voix.

Sert - “Non vraiment ça craint, y a des gens qui sont venus dans ma taverne pour me poser des questions sur l’enlèvement du prince, tu m’as dis que ça allait être discret, que la nouvelle ne sortirait pas du palais !”

??? - “Relax camarade, tu as bien joué ton rôle, les gens ne se doutent de rien.”

Sert - “Rien à foutre, ce soir tu quittes la grange ! Je veux bien aider la cause mais y a des limites ! On envoie le message au prince et on le change d’endroit, c’est pas sûr ici !”

??? - “Camarade, ne te laisse pas stresser par cette situation, si les gardes du prince arrivent, je les abattrai un par un. Mais tu as raison sur un point, il est temps d’envoyer le message au prince de la part de l’armée révolutionnaire. Je vais chercher le matériel dans la taverne, reste ici et surveille Djeser ! J’en ai pas pour longtemps.”

Sert - “D’accord mais fait vite …”

La silhouette en question s’éloigna vers la porte d’entrée tandis que seul serte demeurer dans la pièce. Quelque chose s’agitait aussi pas loin, comme une sorte de vers qui tentait de se mouvoir avec des cris étouffés. Sans doute Djeser qui devait être saucissonner comme un petit vers. Et bien, maintenant que le chat est parti, il convient à la souris d’entrer en scène. Se laissant tomber délibérément sur Sert, ce dernier n’eut pas le temps de comprendre grand chose. En l’espace d’une micro seconde il se prit un genou dans la nuque qui le fit tomber inconscient. Un jeu d’enfant.

Se dirigeant vers la silhouette ligotée, les yeux de Fawkes s’accoutumèrent jusqu’à voir la tignasse du jeune prince. Il était saucissonné, condamné à regarder le mur. Tant mieux, il vaut mieux que ce soit ainsi pour le coup. Utilisant son poison pour anesthésier le prince, il ne tarda pas à tomber dans les pommes Elle avait dosé dans sa seringue l'équivalent d'une petite quantité de poison pour être sûre de ne pas le tuer par inadvertance. Pourquoi l'endormir ? Et bien, il ne pourrait pas attester de la présence de la médecin sur les lieux. Il n'aurait entendu qu'un râle d'une personne qui se prend un coup de genou dans la nuque. Il sera ainsi impossible au prince d'affirmer qu'elle était présente. Et puis Isis allait avoir beaucoup de difficulté à expliquer comment une frêle petite médecin avait pu se débarrasser de l'imposant Sert. Et puis, il y avait toujours le deuxième qui n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez.

Maintenant, il demeurait une inconnue dans l'équation. Qui était le deuxième homme ? Sachant qu'il allait revenir, elle prit le temps d'enfiler son masque de renard. Celui-là même qu'elle utilisait lorsqu'elle passait officiellement à l'action. Pour l'instant, ni Sert ni le jeune prince ne l'avaient vu sous son vrai visage, l’inconnu n’aurait pas cette chance également.. Le prince s'en tirerait avec une trace d’aiguille quasiment invisible dans la nuque. Quant à Sert, il disparaitra de la circulation. Mais chaque chose en son temps, des pas résonnèrent derrière Isis et une voix entendue plus tôt résonna

??? - “Intéressant, la petite taupe à trouver le repère du grand méchant loup.”

Faisant volte face, Fawkes remarqua un homme se tenant devant la porte, la lame au clair qui s’approchait de la jeune femme originaire d’Alabasta. Cet homme était un révolutionnaire, et il était du devoir de Fawkes de lui faire face. Il était également la raison de sa venue. L’armée révolutionnaire était l’ennemi du gouvernement, en tant qu’agent du Cipher pol, il était inconcevable de ne pas emprisonner le révolutionnaire. Le combat allait bientôt commencer. Elle allait affronter pour la première fois un ennemi déterminé servant les ennemis du gouvernement mondial.

Elle s’était montrait faible par le passé. Elle ne réitèrera pas la même erreur. La justice se doit d’être stricte, c’est ce que Pandore lui avait appris. Ce combat allait peut être permettre la sauvegarde de dizaines de vies côté gouvernement mondial. L’agent Fawkes entrait désormais en action.

Une fois ce dernier suffisamment proche, Isis reconnut la personne qui lui faisait face. Un homme primé à pas moins de 12 Millions de berries : Gueye Vara, un Valet de la révolution. L’avantage d’avoir une mémoire éidétique, c’est qu’elle se souvient de tous les visages qu’elle peut voir placarder sur les murs. Visiblement les informations à son sujet étaient erronées, le gouvernement mondial le pensait à Luvneel. Elle rajoutera ça sur le dossier qu’elle ramènera pour expliquer la capture de cet homme.  Maintenant y avait plus qu’à faire le nécessaire.

D’un coup, l’homme disparu et asséna un grand coup de sabre au niveau du ventre de la médecin. Cette dernière eut juste le temps d’esquiver, mais une belle entaille apparu sur son ventre, heureusement bien superficielle. Si elle n’avait pas esquivée, elle aurait probablement était coupée en deux sans autre forme de procès. Il était rapide ce révolutionnaire et cela corsait les choses pour l’agent Fawkes. Ce dernier jubilait à l’idée d’avoir infligé une blessure à la jeune femme. Il ricanait.

Gueye - “Une chance que tu ais esquivé, dans mon empressement j’ai oublié de te demander qui tu es.”

Fawkes - “Je n'ai aucune raison de te répondre …”

Gueye - C'est vrai, mais une simple citoyenne n’aurait pas pu esquiver ma technique de découpe suprême."

Fawkes - “Pas si suprême que ça, si je suis encore là pour en parler.”

Gueye - “Plus pour longtemps !”

L’énervement et l’orgueil, un des points faible de ce valet visiblement qui ne résista pas à la tentation d’effectuer une nouvelle fois sa technique. Sauf que cette fois, l’agent du Cipher Pol était préparée et elle put utiliser sa technique du Tekkai pour ne pas subir la moindre égratignure de la part de l’homme au sabre. Et ce qui devait se passer arriva, la lame de Gueye heurta le bras de l’agent et demeura bloquer comme s’il avait attaquer une barre de fer.  Le tekkai était quand même vraiment pratique se disait l’agent Fawkes. Reculant de quelques pas, il vociféra.

Gueye - “Je le savais, t’es un de ses chiens d’attaque du gouvernement ! J’ai déjà vu cette technique là ! Tu n’as pas honte d’être à la solde d’un regroupement d’états totalitaires et inégalitaires ?”

Fawkes - “Et toi tu es Gueye Vara, le valet de la révolution. Primé à 12 Millions de berries. Maintenant que les présentations sont faites, ça te dirait qu’on reprenne le combat ? J’ai mieux à faire que de traiter avec de la vermine de ton espèce.”


A peine le temps de se lancer quelques pics que le combat reprit de plus belle. Sur le coup précédent, Isis avait réussi à percer à jour la technique de son assaillant. C’était une technique qui ressemblait énormément au soru, mais en moins bien visiblement. Au lieu de frapper dix fois le sol, il ne frappait que cinq fois et se retrouvait donc plus lent pour frapper. C’était déjà fort pour lui d’avoir appris ce genre de technique par lui même. Heureusement, il n’aura jamais la possibilité de se perfectionner vu qu’il va bientôt finir derrière les barreaux. Ce dernier retenta quand même son attaque.

En tant qu’agent du Cipher Pol, elle ne pouvait pas se permettre de rester sur la défensive, il allait falloir contre-attaquer. Utilisant son Kami-E pour esquiver l’attaque, elle se retrouva dans le dos de l’attaquant. Ne lui laissant pas le temps de comprendre son geste, elle utilisa le Soru pour se déplacer à une vitesse grand V. Une fois au corps à corps le Shigan suivi dans le premier endroit disponible pour la médecin, ce fût les lombaires. Reprenant sa distance suite à cela le révolutionnaire ricana.

Gueye - “C’est tout ce que t’as en réserve ? Il faudra plus que ça pour me mettre hors combat … Reprenons.”

Fawkes - “Tu ne le sais pas encore, mais le combat est déjà fini …”

Gueye - “Qu’est ce que tu racontes je … oh la garce …”

Le poison commençait à faire effet, l’avantage de combiner le poison et la technique du Shigan c’est que peu de gens pensait à la suite. Il commençait déjà à ressentir  les premiers effets du poison. Un engourdissement des membres suivi d’une sensation de fatigue intense. Il comprit dès lors qu’il n’avait plus le choix. Il fallait passer à l’action avant de s’écrouler. Tentant une énième fois sa technique de découpe avec l’énergie du désespoir, Isis ne l’entendait pas de cette oreille et l’accueilli d’un Rankyaku bien senti qui lui fit une magnifique entaille sur le torse. Rien de trop profond pour pouvoir le garder en vie, mais assez pour le mettre définitivement hors combat.

S’approchant du corps sans énergie de Gueye, ce dernier la fusilla du regard en crachant un peu de sang. Il tenta de prononcer quelques injures et menaces à son égard, mais le poison avait déjà fait son office. Il se retrouvait incapable de parler, plantant juste son regard dans celui du vainqueur. Jubilant à l’idée d’avoir gagné face à un valet de la révolution, elle fini par ajouter.

Fawkes - “Souviens toi bien que c’est l’Agent Fawkes qui t’a vaincu aujourd’hui, allez bonne nuit !”

Pour l’aider à s’endormir, Isis abattit son pied sur son visage pour l’aider à tomber plus vite inconscient. Voilà, il sera plus sage désormais. Et voilà, désormais elle était la dernière personne debout. Sert était K.O, le prince et le valet endormi par son poison. Tout allait pour le mieux. Dans le doute, elle administra également une dose de poison au gros Sert qui reprendrait plus vite connaissance que les deux autres.  Maintenant, il ne lui restait plus qu'à élaborer un plan. Elle allait devoir récupérer le tavernier et le révolutionnaire pour être interroger. Mais en plein territoire neutre qui serait assez fou pour tenter une extraction aussi risqué ? Se faire prendre en temps que gouvernement mondial ici c'était risqué des conséquences diplomatiques terribles. Elle eut une idée, prenant son denden mushi, elle appelait son supérieur directe : Reese.

Le denden sonna et un bruit étrange vint retentir au dessus d'Isis. Levant le regard au plafond, l'agent Fawkes vit l'agent Pecte lui faire un signe de la main. Bien caché dans les combles, il avait assisté à toute la scène d'un air fier. Descendant tranquillement au sol, il admira le travail de sa jeune apprentie. Il avait eu confiance de la laisser se battre seule contre le valet de la révolution. Lui mettant une tape sur l'épaule, il annonça d'une voix calme et posé.

Reese - "J'ai eu raison de te suivre, qui va nettoyer ce joyeux bordel ? En tout cas belle prise. Une prime à 13 Millions toute seule ? Et bien, tu commences à entrer dans la cour des grands."

Fawkes - "Oui, il a failli m'avoir au début du combat. Sous-estimer ces révolutionnaires seraient une grave erreur. Merci en tout cas de m'avoir laisser me battre seule contre lui. Je voulais vraiment arriver à jauger ma force."

Reese - "C'est normal, c'était ton test final. Je pense que j'ai fini de t'observer. Tu as bien ta place au Cipher Pol, je vais demander en rentrant à ce que tu obtiennes le grade de catégorie 3. Je pense que tu l'as plus que mérité."

Fawkes - "Catégorie 3 ? Tu veux dire que j'aurais une promotion ?"

Reese - "Ouais mais t'emballe pas, c'est là que les choses sérieuses vont commencer. Je serais plus là derrière tes fesses à surveiller que tu te fasses pas étriper par le premier valet venu. Tu seras en solo donc reste concentré. Maintenant, je m'occupe des deux zouaves à ramener. Toi, tu as une réunion de famille à avoir entre le prince dauphin et son fils. Tâche de ne pas trop trainer. Ce pays ne m'inspire pas confiance."

Hochant la tête, la médecin libéra le jeune prince et le mit sur son dos pour le ramener à bon port jusqu'à chez lui. Prenant le temps de remercier son mentor et protecteur Reese, elle se mit en marche en direction du palais royal pour obtenir les remerciements de la famille royale.

Son plan était ficelé, il n’y avait plus qu’à attendre cinq minutes que Reese prenne de l’avance et à se refaire mentalement tout son plan. Cela allait être le rôle le plus compliqué de sa courte existence, en plus de cela, il fallait mentir et être convaincante. Elle se remémora ce qu’elle devait dire, le doute et l’hésitation ne devaient pas être de la partie. L'agent en formation l'habilla de sa cape, et pansa sa propre blessure au niveau du ventre pour effacer toute trace de combat. S’il était important de ramener le jeune Djeser auprès des siens, il était du devoir de l’agent Fawkes de ne pas compromettre la dignité et l’image des Nefertari.

Pour l’heure, il convenait de se mettre en marche, tenant le jeune prince sur le dos, bien dissimulé sous sa cape. Le palais n’était pas bien loin, et le palpitant d’Isis s’accéléra. Tant mieux, cela rendra son histoire encore plus crédible. Augmenter la fréquence de son souffle l’aidera à paraître davantage dans le rouge. Son entraînement au temple et au Cipher Pol lui avait donné un cardio à toute épreuve mais aux yeux des gardes, elle ne devait être qu’une simple médecin.

Arrivée au niveau du palais, la jeune femme pressa le pas jusqu’à se faire arrêter par les gardes dans un premier temps. Il devait y avoir eu un tour de garde entre temps car ceux de ce matin l'avaient clairement vu rentrer en même temps que l’une des gardiennes d’Alabasta. Bref, peu importe, un peu d’improvisation de plus ou de moins. Elle se tourna de profil pour montrer le visage du jeune prince aux gardes devant l’entrée et d’ajouter.

Isis - “C’est le prince Djeser, il s’est fait empoisonner. Faites le vite entrer au palais que l’on puisse stabiliser son état.”

Garde - “Oui, je vais chercher un médecin.”

Isis -” Je suis médecin !”

Les gardes s’agitèrent, c’était la panique comme jamais vu auparavant dans un lieu habituellement si calme. En route, elle croisa Serhani  qui lui indiqua une pièce où allonger le jeune prince qui était encore inconscient à cause du poison. La gardienne d’Alabasta remarqua directement que quelque chose n’allait pas. Elle essaya de secouer le prince mais en vain. Pestant, elle exulta.

Serhani- “Que s’est il passé ?”

Isis- “Je vous raconterais plus tard, il faut évacuer le poison dans son corps. Trouvez-moi une feuille d’eucalyptus et une feuille d’épinard sauvage ! Vite !”

Les gardes s’activèrent et la jeune femme sortit de son sac une fiole transparente ressemblant en tout point à de l’eau. A dire vrai, c’était un antidote qu’elle conservait au cas où elle viendrait à blesser quelqu’un accidentellement avec son venin. Serhani ne savait pas quoi faire et faisait les cents pas, devant une Isis bien trop concentrée pour s’en tracasser. Deux secondes plus tard, une feuille de chacun des végétaux demandés fût apporter. Elle mélangea le tout à la mixture en agitant le récipient.

L’eucalyptus et la feuille d’épinard étaient connus comme des anti-poisons naturels, mais en réalité, c'étaient les rares plantes qui n'altèraient pas l’antidote de Fawkes. Profitant que tous les regards soient rivées sur elle. Isis joua encore davantage la comédie en lui versant le breuvage directement dans le gosier en ajoutant l’air faussement inquiète

Isis -”Allez tiens le coup !”

Après avoir ingéré l’antidote, le jeune prince commença à ressentir les premiers effets. Il ouvrit les yeux et respira bruyamment. Il était revenu à lui mais la fatigue était toujours présente. C’est sans doute pas aujourd’hui qu’il fera son meilleur sprint. Surtout qu’il reprenait tout doucement ses esprits et passait la salle au crible. Se demandant probablement ce qu’il lui était arrivé. Compréhensible, les dernières paroles entendues étant que ses tortionnaires allaient faire passer un message à la famille royale.

Serhani trop heureuse de voir la personne sous sa protection être encore en vie lâcha un grand soupir de soulagement. Isis quant à elle en fit de même, mimant d’avoir sorti le jeune prince d’une mort certaine. C’était un double sauvetage, peut on faire vraiment mieux ? Certes, un avait été inventé par la demoiselle, mais personne parmi les gardes ne pouvait infirmer les dires de la médecin. Ci tôt son travail fini, des médecins viennent prendre le relais et s’assurer de l’état de santé du médecin. Pendant ce temps Serhani isola Fawkes pour avoir son témoignage

Serhani - “Que s’est il passé ? Comment le prince a t’il pu se retrouver dans cet état ?”

Isis - “Quand vous m’avez parlé de la disparition de Djeser et du fait qu’il n’a pas donné signe de vie, j’ai voulu voir dans les bas quartiers si quelqu’un avait vu ou entendu parler du prince récemment. J’ai voulu aller voir Sert pour essayer d’avoir des informations mais sa taverne était fermée. Et puis j’ai entendu un bruit au niveau de la grange à côté de la taverne. Je suis allé voir si je croisais le tavernier et j’ai entendu des supplications dans un drap au fond de la grange. Quand je me suis approché, j’ai reconnu Djeser et je l’ai ramené ici. Je l’ai recouvert pour ne pas vous mettre dans l’embarras, vu que vous avez dissimulé l’information.”

Serhani demeura silencieuse. Elle était du genre à réfléchir aux failles du scénario mais il n’y en avait aucune de visible pour le moment. S’apprêtant à continuer l’interrogatoire, cette dernière fût interrompu par un serviteur qui murmura quelque chose à l’oreille de la gardienne. Elle hocha la tête et fini par expliquer à Isis.

Serhani - “Le prince Ymdebekth deuxième du nom requiert ta présence, ne le faisons pas attendre.”

Le serviteur ouvrit la voie, suivi de près par Fawkes avec en fin de cortège la redoutable Serhani. Cela ne sentait pas bon pour la demoiselle. Pourquoi se faire escorter de la sorte ? Elle devait juste décamper après avoir ramené le jeune prince pour améliorer son image. En aucun cas il n’était prévu de voir le prince héritier. Tentant de garder son rôle au maximum, elle avançait mi-gênée mi-intimidée. C’était peut être ce qui allait la sauver. Il valait mieux mettre toutes les cartes de son côté.

Pénétrant dans une pièce et s’attendant à tomber dans la salle du trône, il n’en fut rien. C’était une simple pièce avec deux chaises et une table. On aurait dit une salle d’interrogatoire. Isis avait des nerfs d’acier mais cela la décontenança au possible. Qu'attendait-il d'elle ? Le prince se tenait assis sur une des chaises et inviter la demoiselle à prendre place face à lui en congédiant son garde et son serviteur. Ils n’étaient plus que tous les deux.

Ymdebekth - “Bonjour Isis, tu as bien grandi depuis tout ce temps. Je voudrais que l’on discute un peu toi et moi. Et vraiment, je ne te serai gré de rester le plus attentive possible à ce que je vais te dire…”

Isis était comme une prisonnière en attente de son jugement. Inutile de songer à s’enfuir, Serhani était sans doute devant la porte pour empêcher qu’ils soient dérangés de quelque manière. Prendre en otage le prince héritier ? Non, cet homme était réputé pour être un excellent combattant, elle n’en mènerait pas large face à lui. A moins de jouer sur l’effet de surprise. Mais Ymdebekht coupa court tout intérêt d’évasion.

Ymdebekht - “ Je tenais au nom de la famille royale d’Alabasta et plus particulièrement moi, Ymdebekht deuxième du nom, vous remercier d’avoir sauvé la vie de mon fils Djeser. Ces fugues à réputation me donnent bien du soucis. J’étais loin d’imaginer qu’il puisse lui arriver malheur au sein même d’Alurbana. Mais je t’en prie, raconte moi donc ce qu’il s’est passé.”

Isis raconta la même histoire qu’elle avait raconté au préalable à la gardienne d’Alabasta afin qu’il soit au courant de tout. Il avait écouté tout cela avec une écoute très paternaliste et bienveillante. Le prince héritier avait même pris la liberté de servir deux tasses de thé en écoutant le récit riche en rebondissements. Ce dernier souffla ensuite un coup sur la tasse de thé bien chaude avant de porter le breuvage à ses lèvres. Puis il fini par expliquer.

Ymdebekht - “Nous vivons une époque bien étrange. Je vais essayer de tirer cette affaire au clair, j’enverrais mes meilleurs éléments pour essayer de trouver des preuves dans cet entrepôt. En tout cas, Isis Kephrenatis, je te dois une fière chandelle de m’avoir ramené mon fils et de l’avoir soigné.”

Isis - “Vous ne me devez rien votre altesse, je n’ai fais que mon devoir de médecin itinérant.”

Ymdebekht - “Ta modestie t’honore, ton père m’avait raconté que tu as appris la médecine au temple de Karakuri. Les moines t’ont donc appris les valeurs de l’humilité et de la sagesse. Peut-être même un peu de politique ? ”

Isis - “Je ne connais que les grandes lignes je dois vous avouer,  Votre Altesse, cela ne m’a que trop peu passionné. Et si je puis parler franchement avec vous, je ne m’intéresse guère à l’art de diriger. La seule personne que je souhaite diriger, c’est moi-même.”

Cette phrase n’était pas d’elle bien entendu, cela venait de Luo Min dit “tête de héron” comme aimer l’appeler la jeune femme. Il était d’une très grande sagesse. De temps en temps, elle n’hésitait pas à le plagier allègrement pour faire ressortir la sagesse de ses mots dans sa propre bouche. L’avantage d’avoir une très bonne mémoire et d’être entouré de moine qui note tout ce que dit leur maître à penser, c’est qu’elle en avait encore plein en réserve des comme ça. Visiblement, cela fit son petit effet auprès de Ymdebekht.

Ymdebekht - “De bien sages paroles. En ce moment, chaque personne qui vient me voir me parle d’une façon pour moi d’aider l’autre à installer son entreprise et à faire grandir son influence. Je dois gérer une quantité énorme de demandes de la part de mes sujets. Comprends donc que je me trouve dans l’inconfort si je ne peux pas te donner ce que tu souhaites. Il n’y a rien que je puisse faire ? Des berries ? Une place au palais en tant que médecin ?”

Isis - “Je souffre de ne pouvoir accepter aucun de vos présents. J’ai fais voeux de pauvreté, et je suis certaine que vous saurez usez de vos berries d’une meilleure façon. Quant à la place au palais, je vous remercie pour votre offre, mais je préfère demeurer sur les routes pour apporter les soins aux plus nécessiteux. Je comprends votre situation, et à dire vrai, en y réfléchissant bien, il y a bien quelque chose que vous puissiez faire pour moi.”

Le roi posa sa tasse tandis que la jeune femme se mit à boire quelques gorgées de son thé, le but étant de donner l’illusion de l’hésitation à en parler. Prenant une posture des plus mal à l’aise, la jeune femme avait improvisé quelque chose grâce à ce gain de temps. Posant ses mains sur ses genoux et baissant la tête, la jeune femme fini par demander d’une voix peu sûre d’elle même. Le roi quant à lui se tenait prêt à entendre la requête de sa bienfaitrice.

Isis - “Avant que je ne formule ma demande, ai-je votre parole que cette conversation demeurera entre nous … ?”

Ymdebekht - “Tant que cela ne concerne ni l’intégrité d’Alabasta, ni la famille royale, je te le promet.”

Isis - “Je vous remercie Votre Altesse. Vous avez toujours été un roi bon et juste, c’est pour cela que j’ai du mal à formuler ma demande sans avoir l’air accusatrice car je n’ai aucune preuve. Mais … Je suis passée voir mon père il y a deux jours. Ma belle-mère était présente ainsi que mon adorable demi-sœur. Et le soir venu, la pauvre Hator s’est étranglée à cause de sa maladie, quelque chose l’empêchait de respirer. Grâce à la médecine, je suis arrivée à la sauver in extremis. Cependant, cela m’a rappelé également ma mère, qui est morte étouffée dans la nuit, elle aussi avec ce genre de symptôme. Je devrais me dire que ce n’est qu’une coïncidence mais …”

Isis fondit en larme, parler de sa mère l’aidait vraiment à simuler correctement un chagrin. Le bon roi d’Alabasta se leva de sa chaise et vint s’accroupir à côté de la jeune médecin. La prenant dans ses bras comme un père qui console sa fille, il lui murmura à l’oreille.

Ymdebekht - “Ne t’en fais pas Isis, je comprends ton inquiétude vis à vis de ta belle mère. Ne t’en fais pas, tout va bien.”

Mimant de sécher ses larmes et jouant son rôle de grande enfant blessée et encore nostalgique de sa mère à la perfection, elle renifla bruyamment avant de remercier gentiment l’attention de cet homme au cœur bon. Peut être un peu trop bon, c’est bien en usant de ce levier qu’elle obtiendra ce qu’elle désire. Mais pour l’heure, concentration pour aller jusqu’au bout de la manœuvre. Reprenant son récit, elle finit par dire.

Isis - “Je n’arrive pas à m’ôter de l’esprit qu’il y a probablement une corrélation, et puis il y a eu cette fois où j’ai surpris une conversation à l’escargophone où elle mentionnait qu’elle s’était loupée cette fois là mais qu’elle allait se rattraper. J’ai peur pour la vie de ma belle-soeur. Si cette femme est aussi cruelle que je le pense, même mon père n’est pas à l’abri. Je veux reprendre ma route sur les autres îles, mais je ne pourrais pas avoir le coeur léger tant que je ne sais pas ma belle-soeur et mon père hors de danger.”

Ymdebekht - “Je comprend tout à fait. Je peux toujours envoyer un garde ou deux surveiller les agissements de ta belle mère. Pour ce qui est de ta belle soeur, si elle est vraiment malade, je proposerais à ton père qu’elle soit suivie par les médecins du palais. Ainsi, ils détecteront si elle se fait empoisonner. Quant à ton père, je vais m’assurer de lui passer quelques commandes pour qu’il s’ouvre davantage à moi. Je tâcherais de tirer cette histoire au clair, tu as ma parole.”

Les larmes aux yeux de nouveau, Isis descendit de sa chaise pour se poser  à genou, arborant une position de gratitude propre aux moines. C’était une manière de rendre hommage à ce dernier qui l’aida à se relever.

Ymdebekht - “Ne sois pas tant cérémonieuse avec moi, cela me parait bien peu de chose comparé à ce que tu as fait pour moi. Je t’offre ce mimo denden, il est relié à mon escargophone personnel. Je te donnerais régulièrement des nouvelles de l’avancement de l’enquête. Et sois tranquille, ta famille est entre de bonnes mains durant ton absence.”

Isis - “Je suis votre éternelle débitrice Votre Altesse, merci pour votre bienveillance et votre bonté.”

Ymdebekht congédia ensuite la demoiselle, voulant retourner au plus vite au chevet de son fils qui ne devrait pas tarder à récupérer l’usage de la parole. Que pourrait-il dire de plus ? Il a sans doute reconnu Sert, peut-être pas la voix de l’autre révolutionnaire. Par contre, il a très bien entendu des phrases pro-révolution et cela jouerait sans doute pour le gouvernement cette histoire. Prenant congé du palais, la jeune femme sorti du palais avec un sourire de gratitude. 

Quelques ruelles plus tard, après s’être assurée de ne pas avoir été suivie. La jeune femme relâcha un rire nerveux digne des plus dingues qu’elle étouffait cependant pour ne pas ameuter tout le quartier. Cela avait fonctionné, elle n’y croyait pas elle-même, mais tout cela semblait avoir fonctionné. Il était temps pour elle de quitter l’île. Prévenant rapidement Reese de son départ, elle quitta Alubarna pour rejoindre le port le plus proche. Avait elle fait un carton plein ? Possiblement : Un révolutionnaire et son complice hors d’état de nuire, son ambition familiale qui avançait,  une possible promotion, et surtout un pied dans les petits papiers de Ymdebekht. C’est la sensation du devoir accompli que la jeune médecin disparue d’Alubarna.