La grande roue qui tourne va tourner

Le navire de la compagnie maritime Translinéenne fendait les eaux de Grand Line avec grâce, les vagues se brisant contre sa coque en bois massif. Orion se tenait sur le pont, ses cheveux châtains ondulant doucement au rythme de la brise marine. La lumière dorée du soleil couchant baignait l'horizon dans une splendeur irréelle, créant des reflets scintillants à la surface de la mer. Le jeune homme contemplait la vue avec une fascination palpable.

" - Enfin... "

Le jeune homme ne parvenait pas à réaliser ce qui lui arrivait. Il vivait enfin son rêve.

" - Bout du monde, me voilà. "

À ses côtés se tenait un membre de l'équipage, un marin au visage buriné par les années passées en mer. Ses yeux étaient aussi perçants que le regard d'un faucon, et une barbe broussailleuse encadrait son visage.

Ce dernier jeta un coup d'œil à Orion, l'air soucieux, et se racla la gorge avant de parler.

" - Hé, gamin, tu es sûr de vouloir débarquer sur Innocent Island ? C'est une île bien étrange, tu sais."

Orion tourna la tête vers le marin, ses yeux verts pétillant d'excitation.

" - Mon rêve, au-delà d'atteindre le bout du monde, est d'avoir visité chaque île de ce monde. Comment pourrais-je refuser de débarquer sur la première d'entre-elles ? J'ai entendu tellement d'histoires des marins qui s'arrêtaient par Reverse Mountain. Je suis impatient de les vivre. "

Le marin, visiblement préoccupé, secoua la tête et plongea son regard dans l'horizon incertain.

" - Les histoires que tu as entendues ne sont pas toutes des contes de fées, gamin. Innocent Island a un passé sombre, et il y a des choses qui hantent ces terres."

Orion, ne voulant pas laisser l'angoisse ternir son enthousiasme, se rapprocha du marin.

" - Quel genre d'histoire ? Je suis prêt à affronter ce qui se présentera. C'est ça, l'aventure."

Le vieil homme soupira et se mit à raconter d'une voix basse, presque chuchotante.

" - On dit qu'il y a des nuits où les vagues se transforment en créatures cauchemardesques, des monstres marins qui attendent les imprudents pour les engloutir. Et puis il y a les histoires sur la forêt, gamin, une forêt où des ombres hantent les arbres et où des murmures étranges se font entendre la nuit. Des étranges lumières seraient responsables de la disparition de nombreux innocent. Tu n'es plus sur les Blues gamin.
- Les Blues ? Je ne m'y suis jamais rendu. Je suis né et j'ai grandi sur Reverse Mountain. "

Orion sourit doucement.

" - Mais elles font évidement parti des étapes nécessaires pour réaliser mon rêve. En tout cas, merci pour les avertissements, monsieur. Je suis curieux de voir par moi-même ce que cette île a à offrir. Après tout, c'est l'inconnu qui rend le voyage passionnant, n'est-ce pas ?"

Le marin esquissa un sourire mélancolique et tendit la main pour serrer l'épaule d'Orion.

" - Tu as du cran, gamin, c'est certain, mais fais attention. Je te rappelle que Marc Trans nous a demandé de te déposer à Shabondy, et je ne tiens pas à ce que ton voyage s'arrête aussi tôt. "

Orion sourit une dernière fois au marin avant de retourner à ses contemplations de l'horizon. Le navire de la Translinéenne poursuivait sa route vers Innocent Island, et Orion se préparait mentalement à l'aventure qui l'attendait sur cette île mystérieuse.

Le navire de la Translinéenne jeta l'ancre au large d'Innocent Island en pleine nuit. La lueur argentée de la lune éclairait faiblement la plage de sable doré qui s'étendait devant Orion. Ses pieds touchèrent le sable doux avec une légère crispation d'excitation. C'était le moment où son grand voyage commençait réellement, l'instant où chaque nouvelle île devait être explorée et chaque aventure vécue. Quel souvenir allait-il ramener d'Innocent Island ?

Pourtant, malgré son enthousiasme, Orion ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'anxiété. L'avertissement lancé par le marin de l'équipage résonnait encore dans son esprit.

Il s'enfonça dans la forêt qui bordait la plage, ses sens en alerte. La nuit était d'une obscurité profonde, ponctuée seulement par le scintillement des étoiles dans le ciel. Les arbres s'élevaient majestueusement autour de lui, leurs feuilles bruissant doucement sous la brise nocturne. Les chants des insectes et des grenouilles créaient une symphonie mystérieuse dans l'obscurité.

Le jeune homme ne put s'empêcher de se demander si quelque chose, ou quelqu'un, se cachait dans cette forêt épaisse. Il se mordit la lèvre, repoussant ses craintes et se rappelant pourquoi il était ici. Il voulait vivre chaque instant de cette aventure, peu importe les défis qu'il rencontrerait.

Alors qu'il avançait plus profondément dans la forêt, il remarqua des lueurs étranges entre les arbres. Des lucioles, semblait-il, dansant dans la nuit. Leurs petites lumières scintillaient comme des étoiles tombées sur Terre, et elles éclairaient doucement le chemin d'Orion. Était-ce les étranges lueurs dont lui avait parlé le marin ?

Les arbres semblaient s'incliner pour lui offrir passage, créant un sentier naturel à travers la végétation dense. Les bruits de la forêt, au lieu de l'effrayer, l'invitaient à continuer. Il était entouré par la faune et la flore nocturnes, par un monde qui prenait vie sous le couvert de l'obscurité.

Orion s'était aventuré profondément dans la forêt des joies, ses pas silencieux résonnant sous le couvert des arbres. Les lueurs des lucioles dansaient toujours autour de lui, éclairant faiblement le sentier forestier. Cependant, quelque chose d'autre attira soudainement son attention.

Au loin, à travers les arbres, il aperçut des lumières scintillantes qui émanaient d'une direction précise. Les lumières formaient une mosaïque colorée dans la nuit, un arc-en-ciel électrique qui traversait l'obscurité. Une douce mélodie de fête flottait dans l'air, portée par la brise nocturne. Les notes musicales semblaient s'échapper de l'inconnu pour danser autour d'Orion.

Son cœur battait plus vite, son excitation grandissait à mesure qu'il se rapprochait de cette source mystérieuse. Cependant, les paroles du vieux marin de la Translinéenne résonnaient encore dans son esprit, l'avertissant des dangers potentiels de l'île. Des histoires de lumières qui enlevaient des innocents.

Orion hésita un instant, sa curiosité se disputant à sa prudence. Puis, il décida de suivre les lumières. Il voulait voir par lui-même ce qui se passait, même s'il devait faire preuve de la plus grande prudence.

Alors qu'il avançait, il commença à apercevoir des éclats de lumière à travers les branches des arbres. Ces lumières colorées semblaient danser et scintiller, créant des traînées lumineuses dans l'obscurité. L'excitation d'Orion monta d'un cran. Les lumières étaient de plus en plus proches, mais toujours dissimulées par la végétation dense.

Puis, la mélodie s'introduisit dans ses oreilles. Une mélodie joyeuse et enjouée, jouée par un orchestre invisible. Les notes musicales flottaient dans l'air comme des bulles de savon, tourbillonnant autour de lui. La musique était un mélange enivrant de rires d'enfants, de mélodies de carrousel et de fanfares de fête foraine. Elle avait le pouvoir de charmer l'âme et d'éveiller l'enfant qui sommeillait en chacun.

Orion continua son avancée, les lumières devenant de plus en plus éclatantes à mesure qu'il s'approchait. Les arbres se dissipèrent lentement pour révéler une scène extraordinaire. La fête foraine de la forêt des joies s'étalait devant lui comme un royaume enchanté.

Des manèges aux couleurs vives tournaient et montaient dans les airs, leurs lumières dansant en harmonie avec la musique. Les stands de jeux proposaient des défis et des prix éclatants. Une grande roue s'élevait majestueusement dans le ciel, illuminée de mille feux. Les lumières clignotaient et s'entrelaçaient dans une chorégraphie magique.

L'odeur de la fête l'envahit également. Le parfum sucré du coton de sucre flottait dans l'air, se mêlant à celui des pop-corn fraîchement éclatés. Les effluves sucrés et salés étaient irrésistibles, emplissant les narines d'Orion d'une douce tentation.

Orion était totalement captivé par cette vision. La fête foraine était une oasis de lumière et de joie au cœur de la forêt sombre. Le jeune homme sourit, dévoilant une série de dents blanches.

" - Des étranges lumières qu'il disait. "

Bien plus loin, sur le pont du navire de la Translinéenne, un vieillard se réjouissait de la blague faîte à un jeune homme.

" - Il faut les mériter les churros de cette fête foraine. "

Si Orion n'avait pas pris son courage à deux mains et avait fuit devant ces lumières, il n'aurait jamais pu profiter de cet instant.

Orion se laissa emporter par la magie de la fête foraine d'Innocent Island. Il commença son exploration en s'approchant d'un carrousel orné de chevaux en bois magnifiquement sculptés. Les chevaux montaient et descendaient en rythme, leurs yeux de verre étincelant sous les lumières colorées. Orion grimpa sur l'un des chevaux, agrippa la rambarde en fer forgé et se laissa tourbillonner au son de la musique entraînante. Les éclats de rire des enfants résonnaient tout autour de lui.

Après une série de tours de carrousel, Orion se dirigea vers un stand de tir à la carabine. Les cibles étaient des canards en plastique flottant sur un petit étang. Il prit une carabine en plastique et tira avec adresse, abattant les canards les uns après les autres. Le forain lui offrit un petit canard en plastique comme prix, et Orion le prit avec un sourire reconnaissant.

Sa prochaine aventure le conduisit vers une montagne russe miniature. Il s'installa dans le wagonnet et ressentit l'excitation monter en lui alors que le manège s'élançait dans une série de virages serrés et de loopings. Les lumières qui zébraient le parcours créaient un tableau de couleurs tourbillonnantes. À la fin de la course, Orion avait le souffle court mais le visage illuminé par le plaisir.

Puis, il découvrit un stand de pêche à la ligne, où les poissons en peluche attendaient d'être attrapés avec une canne à pêche. Orion s'efforça de remporter le plus de poissons possible, et le forain lui remit un sac rempli de peluches multicolores en récompense. Il était entouré d'enfants ravis qui se félicitaient mutuellement pour leurs prises.

La nuit avançait rapidement, mais Orion était déterminé à profiter au maximum de cette fête enchanteresse. Il essaya des attractions de toutes sortes, des auto-tamponneuses aux montagnes russes en passant par les stands de jeux d'adresse. Chaque attraction lui apportait une nouvelle dose d'excitation et de joie.

Alors que la nuit se transformait en aube, Orion savait qu'il devait bientôt partir pour rejoindre le bateau de la Translinéenne. Il se dirigea vers la grande roue, l'attraction la plus emblématique de la fête foraine. Les cabines montaient lentement vers le sommet, offrant une vue imprenable sur l'île endormie sous les étoiles.

Orion prit place dans l'une des cabines et s'installa confortablement. Alors que la grande roue s'élevait dans le ciel, il contempla l'île mystérieuse qui s'étendait sous lui. Les lumières de la fête foraine brillaient encore, mais la nuit laissait place à l'aube naissante.

Lorsque la grande roue atteignit son point culminant, Orion sortit de sa poche un petit jeton en laiton qu'il avait gagné à l'une des attractions. Il s'agissait d'une petite pièce métallique d'environ deux centimètres de diamètre. Il était légèrement épais, ce qui lui donnait un poids satisfaisant dans la main d'Orion. La surface du jeton était lisse et brillante, reflétant les lumières chatoyantes de la fête foraine.
Au recto, on pouvait voir une représentation minutieuse de la grande roue de la fête foraine. Chacune des cabines de la roue était soigneusement gravée dans le métal, avec des détails impressionnants pour une pièce si petite. Les lumières de la grande roue étaient délicatement peintes en jaune, rouge, bleu et vert, donnant l'impression que la roue était en train de tourner même lorsque le jeton était immobile.
Le verso portait le nom "Innocent Island" gravé en majuscules élégantes, entouré d'un motif circulaire de guirlandes colorées. Juste en dessous, une petite étoile était gravée.

Orion observa ce petit trésor avec admiration, avant de le glisser dans sa poche. Il avait trouvé le souvenir qu'il emporterait pour se souvenir de l'île.

Alors que la grande roue redescendait doucement vers la terre ferme, Orion observa l'île se dévoiler. Les lumières de la fête foraine s'estompaient peu à peu, laissant place à la beauté naturelle de l'île. C'était un spectacle enchanteur, mais quelque chose attira soudain son attention.

Au loin, près de la base de la grande roue, il distingua une scène étrange. Un enfant courait à toute vitesse et semblant fuir. Derrière lui, plusieurs adultes se précipitaient dans sa direction. L'enfant, à l'allure étrange, semblait paniquer. Sa trajectoire semblait indiquer une collision imminente avec ses poursuivants.

Orion sentit une montée d'adrénaline. Son instinct l'incita à se mêler de cette situation. Alors que la grande roue touchait enfin le sol, il se hâta de descendre et s'élança en direction de l'enfant en détresse.

Il se rapprocha rapidement de la scène, observant avec attention. L'enfant filait droit vers un cul-de-sac, une impasse qui semblait inévitable. Les adultes qui le poursuivaient étaient sur le point de le rattraper. Orion ne pouvait pas rester sans rien faire.

Sans réfléchir davantage, il cria à haute voix en direction des adultes : "Il est passé par là ! Il est passé par là !" En pointant dans une direction opposée à celle prise par l'enfant. Les adultes, désorientés par cette fausse information, se détournèrent et se précipitèrent dans la direction indiquée par Orion.

L'enfant, réalisant qu'il avait échappé de justesse à ses poursuivants, s'arrêta essoufflé devant Orion. Il avait les yeux grands ouverts de surprise et de gratitude.

Le jeune Méca Frankyky attrapa le bras d'Orion avec une énergie fébrile et l'entraîna dans l'ombre de la grande roue qui se dressait devant eux. Orion le suivit, curieux et intrigué par la scène qui se déroulait sous la grande attraction.

Une fois à l'abri des regards indiscrets, Frankyky se tourna vers Orion, un mélange d'excitation et de gratitude dans les yeux.

" - Merci de m'avoir aidé. "

Orion lui adressa un sourire chaleureux.

" - De rien. C'était la seule chose à faire. Je m’appelle Orion, et toi ? "

Le garçon sembla hésiter un instant, puis décida de se confier à son nouvel allié.

" - Méca Frankyky, suis-moi. "

Le jeune garçon agrippa le bras d'Orion avec une énergie fébrile, l'entraînant vers l'ombre imposante de la grande roue qui s'élevait majestueusement au-dessus d'eux. L'obscurité et le mystère qui planaient autour de cette attraction imposaient un sentiment d'excitation et de danger. Orion le suivit, curieux et intrigué par la scène qui se déroulait sous la grande structure en métal.

Alors qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans l'ombre, la musique de la fête foraine s'estompait, laissant place à un silence presque irréel. Les lumières clignotaient faiblement, créant des ombres mouvantes qui semblaient danser au rythme de leurs pas.

Soudain, le jeune s'arrêta devant un panneau métallique dissimulé dans l'obscurité. Il poussa un levier caché, et une porte secrète s'ouvrit devant eux, révélant un tunnel étroit qui s'enfonçait sous la grande roue. La base secrète des Mékanos était à portée de main.

Orion, émerveillé et intrigué le suivit à travers le tunnel obscur. Visiblement, il ne s'agissait pas d'un simple jeu d'enfant. Ils avancèrent silencieusement, leurs pas résonnant sur le sol de métal, jusqu'à ce qu'ils débouchent dans une grande caverne souterraine.

Cette base secrète était un véritable sanctuaire pour les Mékanos. Des écrans d'ordinateur clignotaient dans un coin, des outils éparpillés jonchaient le sol, et des enfants s'affairaient à des activités énigmatiques. Le lieu était à la fois chaotique et organisé, une véritable ruche d'activités.

Frankyky, avec un mélange d'orgueil et de modestie, se tourna vers Orion.

" - Bienvenue. "

Orion, bouche bée, observa les enfants s'activant autour de lui, certains réparant des appareils électroniques, d'autres modifiant leurs propres membres avec des composants mécaniques. L'atmosphère était électrique, chargée d'une énergie grave. Ce n'était pas simplement un groupe d'enfants.

" - Explique-moi ce qui se passe ici. Qui es-tu vraiment ? "

Frankyky hésita un instant, puis décida de se confier à son nouvel ami.

" - Je suis le chef des Mékanos, et ceci est notre base secrète. "

Orion fronça les sourcils, intrigué.

" - Mais pourquoi des adultes te poursuivaient ?"

Frankyky baissa la voix, comme s'il craignait d'être entendu.

" - Nous volons des composants électroniques de certaines attractions de la fête foraine. "

Orion le regarda, surpris.

" - Pourquoi fais-tu ça ? "

Le jeune chef des Mékanos soupira, ses épaules s'affaissant légèrement, comme s'il portait le poids d'un fardeau trop lourd pour son âge.

" - Nous avons besoin de ces composants pour accélérer notre cybernétisation. C'est notre seule chance de nous défendre contre... quelqu'un. "

Orion était perplexe. Était-ce un jeu d'enfant ?

" - Quelqu'un vous menace ? Vous devez en parler à vos parents, vous ne pouvez pas rester comme ça. "

Instantanément, tous s'arrêtèrent de travailler.

" - Nous 'avons plus de parents, et nous ne pouvons pas compter sur les adultes. Ils ont déjà abandonné, ce sont des lâches ! "

Ce cri du cœur fit frissonner Orion. Toutefois, il avait le pressentiment qu'il lui manquait une information capitale pour comprendre ce que Frankyky qui lui disait.

" - Mais qui chercherait à s'en prendre à des enfants ? "

Frankyky hésita avant de répondre, comme si le simple fait de prononcer le nom était dangereux.

" - C'est un homme puissant qui a jeté son dévolu sur notre île. Il souhaite la diriger, mais nous refusons ! Nous nous battrons et nous le ferrons dégager de notre île !
- Un homme puissant ? Un pirate ? "

Un silence de mort plana quelques instants avant que les lèvres de Frankyky ne s'ouvre pour enfin lui répondre.

Le corps d'Orion réagit bien avant que son cerveau n'intègre l'information. Une onde de surprise et de peur qui parcourut tout son corps. Son cœur sembla faire un bond dans sa poitrine, et une sensation de froid glacial lui traversa l'échine. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi, et il sentit son souffle se couper un instant. La simple mention de ce nom puissant avait suffi à ébranler sa confiance et à faire naître une angoisse profonde. Orion réalisa que son voyage prenait un tournant bien plus sombre et périlleux qu'il ne l'avait imaginé. Les paroles de Frankyky résonnèrent dans sa tête comme un écho menaçant.

Le Grand Corsaire Edward Minaro.

Orion se tenait là, au cœur de la base secrète des Mékanos, son esprit tourbillonnant d'émotions contradictoires. D'un côté, il ressentait une profonde empathie pour ces enfants qui se préparaient à défendre leur île contre le Grand Corsaire Edward Minaro. Leur détermination et leur courage l'inspiraient, et il avait le sentiment qu'il ne pouvait pas les abandonner.

D'un autre côté, la simple mention du nom d'Envy Minaro avait engendré en lui une peur viscérale. Il savait que s'opposer à un Grand Corsaire était une entreprise périlleuse, et qu'il risquait de se faire un ennemi puissant et impitoyable. Le dilemme était déchirant.

Méca Frankyky, qui avait observé les tourments d'Orion, s'approcha de lui.

" - Rassurez-vous, nous ne vous demandons rien. Si même les adultes de l'île ont baissé les bras, ce n'est pas un étranger qui va nous défendre. "

Orion se passa une main dans les cheveux châtains, laissant échapper un soupir profond. Il était déterminé à poursuivre son rêve de visiter chaque île, mais il ne pouvait pas ignorer l'appel de la solidarité envers ces enfants qui l'avaient accueilli avec tant de gentillesse. Il savait qu'il allait faire le bon choix.

Orion leva les yeux vers Frankyky et dit d'une voix résolue : "D'accord, je vais vous aider à récupérer les composants dont vous avez besoin. Mais je ne peux pas me permettre de me faire un ennemi du Grand Corsaire. Je partirai avant l'aube, pour rejoindre le bateau de la Translinéenne avant qu'il ne quitte cette île sans moi."

Frankyky, les yeux écarquillés de surprise, acquiesça avec gratitude.

Une vague de culpabilité submergea Orion. Ne pouvait-il pas les aider davantage ? Retarder son départ ? Il chassa ces idées de sa tête. Pour l'instant, il devait se concentrer sur sa mission.

Orion s'était embarqué dans l'une des attractions les plus imposantes de la fête foraine d'Innocent Island : le Grand Huit de la joie. Il avait accepté la mission de récupérer une carte électronique essentielle pour les Mékanos.

Le grand huit était une montagne russe titanesque, construite en métal lustré et éclairée par une multitude de lumières colorées qui se reflétaient dans la nuit. Les rails de l'attraction semblaient disparaître dans les cieux étoilés, créant une illusion de vertige infini. La musique assourdissante et les cris donnaient l'impression que l'ensemble de la forêt des joies était en ébullition.

Orion s'était assis dans l'un des premiers wagons, sa nervosité masquée par un sourire tendu. Il n'était jamais monté dans une telle attraction mais était déterminé à réussir cette mission. Cependant, la hauteur vertigineuse et la vitesse à laquelle le grand huit dévalait les rails le faisaient douter de sa propre témérité.

Le départ fut brutal, le wagon se lança en avant avec une violence inouïe. Orion ressentit un pic d'adrénaline tandis que les forces gravitationnelles l'écrasaient contre son siège. Les virages étaient serrés, et il avait l'impression que chaque secousse allait le projeter hors du wagon.

Son regard était rivé sur une petite boîte électronique qui se trouvait juste devant lui. C'était la précieuse carte électronique qu'il devait récupérer pour les Mékanos. Elle clignotait de lumières intermittentes, comme un phare dans l'obscurité.

Orion devait agir vite. Alors que le wagon entamait une série de boucles et de vrilles, il tendit le bras, essayant désespérément d'atteindre la boîte. Ses doigts effleurèrent le bord de l'objet, mais il était encore hors de portée. La vitesse et les secousses rendaient la tâche incroyablement difficile.

Il sentit une montée d'angoisse. Si jamais il ne parvenait pas à attraper la carte électronique, la mission échouerait, et les Mékanos resteraient vulnérables face à Edward Minaro. Leur destin reposait sur ses épaules.

Le grand huit enchaîna une série de descentes vertigineuses, faisant tournoyer Orion dans tous les sens. Il devait trouver un moyen de stabiliser sa position pour saisir la carte. Il se raidit, contractant chaque muscle de son corps pour lutter contre les forces centrifuges qui menaçaient de l'éjecter.

Finalement, alors que le wagon amorçait une lente montée, Orion saisit sa chance. Il tendit le bras de toutes ses forces, ses doigts se refermèrent sur la boîte électronique. Un cri de victoire intérieur résonna en lui alors qu'il maintenait fermement la carte dans sa main.

Toutefois, la mission n'était pas encore terminée. Orion devait conserver cette précieuse cargaison jusqu'à la fin de la course. Le grand huit semblait décidé à le défier à chaque tournant, à chaque descente vertigineuse. Il tint bon, serrant la carte avec une détermination farouche.

Finalement, la course atteignit son apogée, et le wagon ralentit alors qu'il revenait vers la plateforme de départ. Orion poussa un soupir de soulagement, réalisant qu'il avait réussi. Il avait la carte électronique des Mékanos.

" - Prochaine étape... la galerie des glaces. "

Orion était arrivé devant l'entrée de la Galerie des Glaces. Les Mékanos lui avaient indiqué que le composant en fer qu'il cherchait se trouvait au cœur de cette attraction. De grandes arches en forme de bonbons géants accueillaient les visiteurs. Ces bonbons étaient recouvertes de paillettes scintillantes qui reflétaient les lumières de la fête foraine. Des panneaux indiquaient l'entrée de l'attraction, ornés de motifs de miroirs déformants qui donnaient un avant-goût de ce qui attendait les visiteurs à l'intérieur. Des guirlandes lumineuses couraient le long des murs, ajoutant une touche de féerie à l'ensemble.

À l'entrée de la gallerie, Orion se regarda brièvement dans un miroir ordinaire. Son visage, éclairé par la lumière tamisée de la fête foraine, affichait un mélange de détermination et d'anticipation. Ses yeux verts brillaient d'une lueur curieuse, et sa cicatrice légèrement visible sous l'œil gauche ressortait.

Il pénétra plus profondément dans l'attraction, et c'est là que les choses devinrent vraiment étranges. Les miroirs déformants renvoyaient des images distordues de lui-même dans toutes les directions. Il pouvait voir son reflet s'étirer, s'aplatir, se tordre, et même se diviser en plusieurs versions de lui-même.

Orion avança avec prudence, sachant que l'objet qu'il cherchait se trouvait quelque part au centre de ce labyrinthe de glaces déformantes. Chaque étape qu'il faisait semblait le rapprocher de son objectif, mais les illusions optiques l'entouraient de plus en plus.

Il passa devant un miroir qui le fit apparaître extrêmement grand, comme s'il touchait le plafond, puis devant un autre qui le réduisit à la taille d'un enfant. Son propre corps se métamorphosait sous ses yeux, créant une étrange symphonie de formes et de dimensions.

Les miroirs ne se contentaient pas de déformer sa taille, ils déformaient aussi son apparence. Orion se regarda dans un miroir qui le fit paraître plus âgé, avec des rides profondes et des cheveux grisonnants. Un autre miroir le rendit soudainement chauve, tandis qu'un autre encore lui donna un énorme nez de clown.

Il secoua la tête pour chasser les illusions et se concentra sur sa mission. Au centre de la galerie, il repéra enfin le miroir qui contenait la carte électronique. Cependant, il était entouré de miroirs déformants qui le faisaient paraître obèse et difforme.

Avec précaution, il s'avança vers le miroir central, gardant son regard fixé sur la carte électronique. La déformation de son reflet dans les miroirs l'entourant ne le détourna pas de sa cible. Il tendit la main, frôlant le verre froid du miroir, et réussit enfin à saisir le composant.

L'instant d'après, il recula rapidement, sortant de la galerie. La mission était un succès, et Orion avait une nouvelle fois triomphé des illusions et des défis qui se dressaient sur son chemin.

Ses cheveux châtains ondulaient légèrement à la sortie de l'attraction, et son sourire, bien que déformé par les miroirs déformants, demeurait chaleureux et rayonnant.

" - Dernier arrêt, le train fantôme. "

Orion pénétra dans l'attraction du Train Fantôme, l'obscurité l'entourant comme une étreinte glaçante. Les seules lueurs venaient des effets spéciaux intermittents, créant une ambiance sinistre. Il savait que le composant électronique dont les Mékanos avaient besoin était caché quelque part à l'intérieur de cette attraction. Mais il n'était pas seul.

Une silhouette émaciée émergea de l'ombre, se dressant devant lui comme un spectre de la nuit. Orion eut à peine le temps de reculer avant que l'individu ne se jette sur lui avec une force surprenante.

"Qui... qui êtes-vous ?" demanda Orion, son cœur battant la chamade. Il pouvait à peine distinguer le visage de l'homme dans la pénombre, mais ses yeux étaient exorbités, comme s'il était possédé par une force invisible. Était-il l'employé de l'attraction ?

L'homme ne répondit pas, se contentant de grogner d'une voix rauque. Orion sentit une pointe d'appréhension le traverser. Frankyky lui avait parlé des McAddicts, des enfant tombés dans la dépendance d'une drogue qui leur était délivrée par un individus des plus malintentionnés. Toutefois, d'après Frankyky, ces derniers étaient censés être en cure de désintoxication. Se serait-il évader d'un centre ? Dans tous les cas, ils étaient imprévisibles et dangereux.

L'agresseur se rua sur Orion, ses mains maigres et caleuses tentant de l'agripper. Le jeune homme se décala de justesse, esquivant le coup. Il chercha frénétiquement quelque chose à utiliser comme arme improvisée. Ses mains saisirent une vieille chaîne rouillée qui traînait sur le sol, et il s'en servit pour se protéger.

"Restez éloigné de moi !" cria-t-il, espérant que l'enfant comprendrait. Mais il continuait d'avancer, sa démarche erratique le rendant imprévisible. Il semblait ne ressentir aucune douleur, poursuivant sa quête avec une détermination effrayante.

Orion tenta à nouveau de se défendre, utilisant la chaîne pour bloquer les assauts de son adversaire. Le McAddict émit un grondement sauvage, les yeux exorbités reflétant une folie insondable.

"Je ne veux pas vous faire de mal !" cria Orion, mais ses mots tombèrent dans le vide. L'enfant était complètement déconnecté de la réalité, ne répondant qu'à ses pulsions chaotiques.

Le combat se poursuivit dans l'obscurité oppressante du Train Fantôme. Les ombres et les apparitions effrayantes ajoutaient à la confusion. Orion se servit de tout ce qui lui tombait sous la main, utilisant des planches de bois et des débris pour se protéger des assauts de son adversaire.Toutefois ce n'était qu'un enfant. Orion ne parvenait pas à se résigner à le blesser.

Les grognements et les cris de remplissaient l'air, créant une cacophonie infernale. Orion se sentait à la fois terrifié et déterminé à survivre. Il savait que s'il ne se défendait pas, il risquait d'être submergé par cet être désespéré. Ce dernier continuait de l'attaquer de manière chaotique. Il semblait ne pas ressentir la douleur, ce qui rendait la tâche encore plus difficile. Chaque coup porté était comme un coup dans le vide.

Orion cherchait désespérément une opportunité. Il se rappela soudainement d'une technique de défense qu'il avait apprise grâce à de vieux marins sur Reverse Mountain : le cobra inversé flamboyant de la rosée. Il avait utilisé cette technique à de nombreuses reprises pour dégager des mauvais clients de son restaurant, au Céphalopode Mort.

Orion se précipita vers lui. Il avait besoin de neutraliser cet adversaire avant qu'il ne se relève. L'enfant, sonné mais toujours en mouvement, tenta de se relever. Orion lui donna un coup de pied dans le ventre, le maintenant au sol.

"Reste là !" ordonna Orion, sa voix tremblante d'émotion. "Je ne veux pas te faire de mal, mais ne t'approche pas de moi."

Le garçon grogna faiblement, encore sonné du coup qu'il avait reçu. Orion se retira lentement, gardant un œil sur lui, et se dirigea vers la sortie de l'attraction.

Une fois à l'extérieur, il prit une profonde inspiration, reprenant son souffle. Il regarda la carte électronique dans sa main, réalisant qu'il avait réussi à obtenir le dernier composant nécessaire pour les Mékanos.

Orion, tenant précieusement les composants électroniques volés, suivit Méca Frankyky à travers le dédale secret de la Grande Roue. Les couloirs sombres semblaient se refermer derrière eux alors qu'ils progressaient plus profondément dans la base secrète des Mékanos. Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de se sentir impressionné par la technologie ingénieuse qui sous-tendait leur repaire clandestin. D'autant plus venant de la part d'enfants.

Ils atteignirent enfin une salle où plusieurs jeunes Mékanos travaillaient sur diverses machines. Des écrans clignotaient, des étincelles volaient, et l'atmosphère était électrique. Lorsqu'ils apparurent, les visages des enfants s'illuminèrent d'un mélange d'excitation et de soulagement.

Méca Frankyky fit signe à Orion de s'approcher d'une table où ils déposèrent les composants électroniques. Les jeunes techniciens se mirent immédiatement au travail, assemblant les pièces avec habileté. Orion pouvait voir l'intensité de leur détermination à préparer leur cybernétisation, un moyen de défense contre le Grand Corsaire Edward Minaro, dont le nom seul suscitait la terreur dans son esprit.

Lorsque les Mékanos eurent terminé leur tâche, Méca Frankyky se tourna vers Orion avec un sourire de gratitude. "Orion, tu ne peux pas imaginer à quel point tu nous as aidés aujourd'hui. Ces composants seront essentiels dans notre lutte. Merci."

Orion, bien que satisfait de son aide, se sentait toujours coupable de ne pas pouvoir faire davantage. "Je voudrais pouvoir rester et vous aider plus, mais que si on découvre que je suis ici..."

Frankyky hocha la tête avec compréhension. "Tu as raison, Orion. C'est notre combat, et nous ne voulons pas que tu sois impliqué. Cependant, sache que tu es le bienvenu ici à tout moment. Les Mékanos te doivent une dette." Orion sourit timidement.

Soudain, un signal d'alarme retentit dans la base secrète, faisant sursauter tous les Mékanos présents. Méca Frankyky pâlit et échangea un regard inquiet avec les autres enfants.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Orion, son inquiétude grandissant.

Méca Frankyky lui expliqua rapidement la situation. "C'est l'alarme pour nous signaler la présence du Grand Corsaire à proximité de la fête foraine. C'est peut-être une coïncidence, nous ne sommes pas encore en conflit ouvert avec lui mais tout de même..."

Le cœur d'Orion s'emballa à l'annonce du Grand Corsaire. Ses pensées se mirent à tourbillonner, et il se rendit compte que s'il était vu en compagnie des Mékanos, il serait en grand danger. La simple idée de devenir une cible pour un Corsaire aussi redoutable le terrifiait.

Frankyky posa une main sur l'épaule d'Orion, le tirant de ses pensées. "Il faut que tu partes."

Orion acquiesça, se sentant vulnérable et exposé dans ce repaire. "Merci, Frankyky".

Avec un dernier regard, Orion se précipita hors de la base secrète des Mékanos, courant à travers les couloirs sombres de la Grande Roue. Il entendit les bruits de pas et les murmures préoccupés des enfants derrière lui, mais il ne s'arrêta pas. Sa seule préoccupation était de quitter l'île en toute sécurité.

Lorsqu'il émergea finalement à l'extérieur, la nuit s'était encore assombrie, le ciel parsemé d'étoiles brillantes. Orion se hâta vers la plage, ses pieds laissant des empreintes dans le sable. Les sons de la fête foraine au loin semblaient de plus en plus lointains, un rappel du danger qui rôdait près de là.

Arrivé sur la plage, Orion aperçut au loin les lumières de la Translinéenne, son moyen de quitter Innocent Island. Il accéléra le pas, sentant l'adrénaline dans ses veines, la peur du Grand Corsaire le poussant à avancer encore plus vite.

Il atteignit finalement le navire à temps, le cœur battant comme un tambour. L'équipage était en train de préparer le départ, ignorant tout de la menace qui rôdait. Orion monta à bord, sa respiration haletante, et se cacha dans un coin obscur, espérant échapper au regard perçant du Grand Corsaire.

Alors que le navire commençait à s'éloigner de l'île, Orion sentit en lui un mélange de soulagement d'avoir échappé au danger et de tristesse de devoir laisser derrière lui les Mékanos. Il serra dans ses mains le jeton souvenir de la fête foraine, un rappel tangible de l'île qu'il avait visitée et des amis qu'il avait laissés derrière lui.

Orion se sentait impuissant, pris au piège entre la culpabilité qui le poussait à rester et l'attraction de son rêve qui le tirait inexorablement vers l'avant. Il avait conscience de l'égoïsme de sa décision, de sa propre faiblesse face à la situation des Mékanos. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait encore besoin de grandir, de gagner en expérience et en force pour être un véritable allié pour eux. Il savait que son voyage n'était pas seulement un caprice égoïste, mais aussi une opportunité de se préparer à un avenir où il pourrait réellement faire la différence.