Sauvetage animal | Ft. Alaaric

- "On va jouer à la balle ? J'aime jouer à la balle."

Les mots d'America resonnaient dans la crevasse alors qu'Irène le guidait dans vers l'obscurité tapissant le fond. La lumière de la torche de l'humaine suffisait à éclairer leur trajet dans le sable, zigzagant soigneusement comme pour éviter des obstacles invisibles. Le chien, lui, était enjoué, sautillant avec exaltation, la queue en panache et les oreilles droites. L'humaine le tirait avec une corde qu'elle avait attaché autour de son cou. Le berger allemand l'avait suivit sans sourciller après une simple promesse de jeu. Il s'était même laissé attraper. Il n'avait pas l'habitude d'avoir de laisse, mais il savait que ce genre d'ornement rassurait les humains.

- "Vous voulez jouer ?"

America tourna la tête pour voir des hyènes commencer à l'encercler. Elles marchaient d'un seul pas, laissant leur rire se répercuter au travers de la grotte. Elle suivait Irène, laissant leur regard passait d'elle au chien, comme si elles attendaient un ordre de leur maitresse. De temps en temps, l'une d'elle venait claquer des dents non loin du museau du chien avant de s'éloigner dans un grognement.

- "Laisse-les les filles. On ne peut pas se permettre de l'abimer si on veut en tirer un bon prix."

Au mot prix, America pencha la tête. Son esprit était avant tout préoccupé par le jeu promis par l'humaine lorsqu'ils s'étaient croisé à l'Emporium Imperium. Alors son interrogation allait naturellement dans cette direction.

- "Je vais gagner le prix !"

Irène soupira, la stupidité d'America était avant tout dû à son cerveau de chien et son expérience inexistante du monde des humains. En dehors de déplacer des objets appelés bombes et de pister les uniformes blancs et bleus, on ne lui avait rien appris.

- "Il va pas la fermer."
- "Qui ça ?"

Une seconde voix féminine répondit à Irène alors qu'une nouvelle silhouette apparaissaient au fond de la grotte. Mais avant de la voir, America l'avait sentit. Une odeur de terre, de sable et transpiration mélangée. Il s'interrogeait sur la date de sa dernière toilette mais ça, il savait qu'il ne devait pas le laisser être retransmis par ses haut-parleurs encastrés dans sa poitrine. Les humains n'aimaient jamais parlé de toilettes. Il se contenta de tourner la tête vers une des hyènes lui tournant autour et alors qu'une fois de plus elle claqua des dents non loin de son museau, America eut un mouvement de recule. Il posa alors sa balle plein de bave au sol avant de renifler de plus prêt les animaux l'intrigant.

- "Tu l'as récupéré facilement ? Tu t'es pas fais suivre ?"
- "Je lui ai dit de me suivre et il l'a fait. Il est complétement stupide."

Le regard des deux femmes se dirigeaient vers America qui ne put s'empêcher de secouer la queue.

- "On joue ?"

Les deux femmes grimacèrent avant que l'inconnu rajoute :

- "Je vois ce que tu veux dire. Mais un chien qui parle, ça rapporte forcément. Stupide ou non."

Irène se baissa alors pour attacher la corde au pied de la table devant la quelle elle se tenait maintenant avant de d'ordonner.

- "Va monter la garde Ada. Je vais contacter mes amis pirates pour venir nous sortir de là. Ma trogne commence à être beaucoup trop connu dans le coin."

La nouvellement nommée acquiesça avant de disparaitre vers l'obscurité. Pendant ce temps, Irène s'assit plus loin, fouillant dans des tas de papiers couverts de sables.

- "Surveillez le les filles. Il ne faut pas qu'il bouge de là."

Puis une des hyènes vinrent à nouveau claquer des dents, emportant quelques poils par la même occasion. Il fallait vraiment qu'elles apprennent à retenir leur mâchoire. Ca devenait dangereux.

America s'était couché au pied de la table, les oreilles en arrière, la queue battante. Il soulevait le sable, creusant un sillon par des mouvements réguliers. Cependant, ce geste si caractéristique était loin de retranscrire de la joie, seulement de l'inconfort. Les Hyènes avaient pris place tout autour de la table. Certaines s'étaient couchés sur des rochers plus en hauteur, d'autres glissaient leur museau sous le coude d'Irène pour demander des caresse avant de se faire rabrouer par la femme. Mais il y en avait une, une qui ne lâchait pas le chien du regard. Elle le fixait comme si elle attendait l'ordre de le manger. America était gêné. Pire, angoissé par ce regard dévorant d'envie et la bave coulant des babines de l'animal. Il étirait son cou pour venir renifler le museau de la hyène mais lorsqu'il s'approcha à quelques centimètres d'elle, les babines de la bête se retroussèrent pour laisser entrevoir une ranger de dents pointues. Dans un grognement peu accueillant, elle plongeait encore plus profondément son regard dans celui du chien.

La queue du berger allemand battait plus fort. Il essayait tant bien que mal de dégager toute cette angoisse et tension que son corps et son esprit accumulé. Il reculait sa tête vivement au son du grognement, avant de donner quelques coups d'œil sur les côtés pour fuir le regard de la hyène. Pourtant, dans un mouvement extrêmement lent. Il la voyait se rapprocher. Dans un ultime essais, il poussa du bout du museau sa balle qu'il gardait entre les pattes.

- "Tu veux jouer ?"

La balle roula sur le sol, venant se stopper contre les membres de son agresseurs. Pourtant, elle n'y preta même pas un regard continuant ses mouvements lents et étranges d'un prédateur chassant sa proie. America tourna la tête à plusieurs reprises, cherchant de l'aide dans le regard d'un humain, mais il ne trouva que les yeux occupés d'Irène qui fouillaient frénétiquement ses papiers sans lui prêter aucune attention. Il se sentait seul. Seul et acculé. Il posa alors sa tête sur le sable, donnant quelques coups de langue dans le vide, non loin du museau de la hyène s'approchant dangereusement. Ses pattes trépignaient d'inconfort. Les crocs de la hyène étaient si proche qu'il essaya de reculer quelque peu avant de se retrouvait bloquer par le pied de la table et d'entendre venant d'Irène :

- "Stupide chien."

Puis le bruit d'un escargophone retentie dans la grotte. Il fut rapidement coupé par la main de l'humain venant se saisir de l'appareil et décrochant d'un ton agacé :

- "Quoi ?!"

-" On a de la visite."

Un silence de quelques secondes s'installa. Au bout du fil, c'était Ada. Son ton était froid et ne transmettait aucune inquiétude. Elle semblait très sûr d'elle.

- "Qui ça ? La marine ?"

-" Non. Surement un chasseur de prime."

Raccrochant, Irène réfléchissait quelques instants avant de se lever. Ses hyènes se regroupèrent autour d'elle, relâchant enfin la pression sur America qui continua de secouer la queue. Si un affrontement semblait se dessiner alors que l'humain passait en revue sa meute et son équipement, dans l'esprit du chien il n'y avait qu'une information qu'il avait retenu : un nouvel ami pour jouer allait arriver. Et il espérait sincèrement Qu'il serait plus gentil que les actuels habitants de la grotte.

Un coup de feu retentit, America bondit sur ses pattes, et tous se tournèrent vers la source du bruit. Puis Irène avança vers l'obscurité, suivit de sa meute infernale ricanant. Où allait donc tout le monde. Il ne voulait pas être seul. Tirant sur sa corde à son collier, ses hauts parleurs retranscrivaient ses paroles dans un ton monotone. Loin de son angoisse retrouvé.

- "Partez pas ! Je veux venir jouer aussi !"

America tirait avec force sur son collier de cuir mais rien ne semblait y faire. Il entendait au loin les gémissements de douleurs des hyènes et le fracas des coups. Ada ne semblait pas être encore en jeu et Irène non plus. Seule la meute était maltraitée à l’entrée de la grotte. Pourtant, tout cela inquiétait America d’autant plus. Une tension naissait, les oreilles en arrière il continuait de tirer sur la corde, traînant la table sur quelques centimètres. Les feuilles et l’escargophone des pirates finissaient par tomber dans le sable alors que le chien tractait le meuble, traçant des sillons sur le sol. Il ne voulait pas rester seul, jamais. Plus jamais. Où étaient les humains ? Il devait retrouver les humains.

Voyant que rien n’y faisait, la frustration débordante, America se mit à aboyer avec force. Ses plaintes rebondissaient en échos dans la grotte, venant se mêler au bruit du combat faisant rage. Il le savait, il le sentait. L’odeur du sang venait remplir ses narines et ses griffes se plantaient dans le sol. Il tirait avec plus de force sur cette corde avant de se tourner d’un coup et de mordre dedans. Il additionnait les coups de crocs, secouant la tête à chaque prise pour déchirer les fibres de la corde. Après plusieurs secondes, elle finit par céder, libérant le chien surpris. Si l’animal était quelque peu étonné que son idée ait marché, il ne prit pas le temps de s’en féliciter. Il courut en avant, fonçant vers la source des fracas.

Il avançait dans le noir, s’aidant de son odorat pour se repérer et des signaux que sa fourrure lui transmettait pour éviter de se rapper la peau contre les murs. Puis au bout d’un moment, une lumière pâle naissait au centre de l’obscurité. Une zone plus éclairée, par quelques torches alignées contre le mur se dessinait. C’était ici qu’avait lui les combats. Un homme, grand et au pelage noir se battait contre les hyènes. Des coups invisibles semblaient repousser les assauts des animaux enragés qui se jetaient avec force et détermination sur lui. Leur nombre était important, bien plus que ce qu’America avait vu jusqu’ici. Il regardait le combat, emplit d’incompréhension. Il sentait l’odeur de la peur, du sang, de la rage. Mais elles ne venaient pas de l’homme. Seulement des hyènes. Ces effluves environnantes galvanisaient le chien. Pourtant son corps en tremblait simplement. Il cherchait du regard un repère. Un humain qu’il savait fiable. Il n’en voyait aucun. Qu’un simple inconnu et des hordes infinies de hyènes. “Tom ! Tom !” Son regard faisait du sol au plafond, de la gauche à la droite. Les oreilles se plaquèrent en arrière au point de se fondre dans son pelage et la peur montait encore d’un cran. “Tom ! Tom … “ Ses pensées pour son maître se perdaient dans une angoisse terrifiant l’animal. Tom était parti depuis longtemps. Le laissant seul, à Alabasta. L’armée révolutionnaire ne lui avait toujours pas accordé de nouvelle directive. Surement par manque de temps et d'intérêt envers un simple chien.  

Des couinements vinrent rythmer le combat qui continuait sous les yeux du chien. Un hyène fut repoussé près de lui, alors qu’il se décalait de quelques pas pour l’éviter. Hargneuse, elle se redressa en montrant tous ses crocs. Et son regard, au lieu de se concentrer sur l’humain l’ayant blessé, se tournait vers America. Un regard de haine, de colère, de fureur. Il était là où il ne devait pas. Dans un premier réflexe instinctif, il recula alors de plusieurs pas. Doucement. Pourtant, la hyène ne le quittait pas des yeux. Ses crocs visibles, son grognement sévère. Elle avançait vers lui sans hésiter. Puis d’un coup, elle sauta sur America. Ses crocs se plantant dans son encolure arrachait un gémissement de douleur au chien.

- “Arrête ! Je ne veux pas me battre !”

Ca non, il avait trop peur, il ne savait pas quoi faire. Il avait perdu ses repères et attendait qu'un humain lui donne des directives qui n’arriverait jamais. Maintenant, il était maltraité, agressé, mordu. Il avait mal, il avait peur. Il devait réagir. La hyène le plaquait au sol avec force alors que les pattes d’America labouraient celles de son adversaire dans la panique. Se retrouvant sur le dos, la hyène relâcha la peau de sa nuque avant de menacer son cou. Alors qu’il voyait la mâchoire de l’animal s’avancer dangereusement, America glissait ses pattes sous le corps lourd de la hyène pour la propulser au-dessus de lui avec force. Il était certainement mal au point, mais il restait plus grand et puissant qu’elle. Puis dans un geste instinctif, il se redressa et vint saisir à la gorge son adversaire, serrant les crocs jusqu’à entendre la chair se déchirer. Il arracha un morceau de muscle et de peau, laissant l’animal se vider de son sang. Il sentait son souffle s’accélérer, son poult battre à tout rompre. C’était loin d’être la première fois qu’il s’en prenait à un autre être vivant, animal ou humain. Pourtant, cela faisait si longtemps qu’il en avait oublié les sensations. Celle de la peur et de l’exaltation se mélangeant. Un cri le sortit de sa torpeur.

- “Tu vas le payer sale clebs ! Et toi aussi !” S’égosillait Irène qui venait d’entrer dans la lumière en pointant l’inconnu du doigt.

Puis un coup de feu retentit. Ada était maintenant de la partie.

America avançait de quelques pas, le sang coulant de sa gueule. Ses yeux passaient d'un humain à l'autre, d'une hyène à sa consœur sans discontinuer. Haletant, il rabaissait ses oreilles une nouvelle fois. Puis, d'une impulsion, il cherchait à courir pour entrer à son tour dans la mêlée. Non pas par envie, mais par instinct. Les conflits entrainaient les conflits, et America était une éponge. La tension naissante, la rage et la peur. Ils les ressentaient comme si c'étaient les siennes. Et cela le devenait même. L'excitation comme l'énervement montaient en lui et il ne pouvait refreiner ce besoin de les évacuer. Seulement, il se heurta à un mur invisible, appuyant sur sa truffe avant de le faire trébucher dans le sable. Il ne voyait rien et pourtant, il ne pouvait avancer. Seulement, ses émotions continuaient de s'accumuler, de se mélanger, de déborder. Tout d'abord il donna des coups de pattes vers l'avant, laissant ses griffes glisser contre les fils du fruit d'Alaaric. Puis devant son impuissance, il se mit à aboyer. Il faisait des allers retours devant ces barreaux invisibles, comme un tigre en cage. Hurlant aussi fort que ses poumons pouvaient lui permettre, amplifiant le brouhaha du combat.

- "Arrête humain !"

Il ne savait plus qui était son ami de son ennemi. Il ne savait plus à qui se fier, ni à qui il s'adressait. Les paroles retranscrites par ses haut-parleurs étaient étouffés par ses propres aboiements. Puis frénétiquement, il se mis à gratter le sol. Comme cette fois où Tom l'avait enfermé dans une cabane dans les bois pour voir combien de temps il mettait pour trouver sa propre solution à son problème, il se mettait à creuser. Grattant le sable, soulevant des tas de grains voletant derrière lui, il avait le regard dirigé vers son entreprise. Lorsqu'il estima avoir terminé, il se jeta dans son trou avec force et empressement. Il glissa sous ce mur invisible qui venait lui râper la colonne vertébrale. Une grimace d'inconfort lui fut arraché mais bien vite elle disparut lorsqu'il se retrouva à nouveau dans la bataille. Irène venait de jeter deux couteaux vers l'humain entre l'attaque de plusieurs de ses hyènes. Si le premier fut facilement évité, le second fut repoussé à nouveau par cette force invisible. Pourtant, les attaque ne cesse pas. Alaaric était affublé de toute part, chaque angle mort, chaque erreur d'inattention était exploité par l'armée de hyènes colériques. Et c'était de ces animaux que Irène trouvait toute sa puissance. Ces animaux et ses poisons redoutables dont elle induisait chacune de ses armes. Alors même qu'un nouvelle assaut avait lui et que l'humain était occupé à se défendre contre les mammifères vengeurs, Irène dégaina son sabre, prête à frapper à le première erreur d'inattention ou bien même lorsqu'elle estimerait qu'une marge de manœuvre pour blesser le chasseur était possible. Une marge de manœuvre qu'elle sembla voir alors que son bras entamait une estoque qui, en plus de venir frapper l'humain au flanc, embrocherait surement au passage une de ses hyènes chéries.

- "Attention !"

Les haut-parleurs d'America étaient incapables de faire passer un ton, mais le message restait clair. Et si la force d'Alaaric était clairement suffisante pour éviter l'attaque, America sauta tout de même au bras d'Irène, plantant ses crocs dans sa chaire alors qu'il retombait sur le sable en grogant.

- "Putain mais lâche-moi !"

Folle de rage, Irène hurlait des insultes contre l'animal alors que la meute de hyène semblait changer de focus pour venir se concentrer sur celui qui venait de blesser leur maitresse. Cependant, quand bien même les coups de crocs des hyènes étaient douloureux et parsemés sont corps, le berger allemand ne lâchait pas prise. Parce que Tom l'avait dit plus d'une fois; on ne lâche prise que quand la cible est morte.

Un sursaut prenait l’animal. Il se réveillait dans une salle inconnue et son premier réflexe fut la méfiance. Il sentait une douleur s'évanouir, comme les restes de son rêve lorsqu’il était inconscient. Une douleur, un coup de bâton. Il savait qu’il ne devait pas lâcher. Se concentrant sur le réel, la peur et l’angoisse qui étaient nés pendant ce court instant disparurent. À la place, une main tendue. Il reconnaissait cette odeur, s’était celle de l’humain au pelage sombre. Celui qui avait combattu les hyènes. Approchant son museau doucement, il prenait de grande inspiration pour graver définitivement ces senteurs dans son esprit. Elles se voulaient rassurantes.

- “Je m’appelle America ! Je suis un chien !” s’exclamèrent ses haut-parleurs alors qu’il haletait, la langue pendue.

Sa queue se secouait de gauche à droite. Il n’avait pas le recul nécessaire pour ressasser le passé. Il était passé plus vite à autre chose qu'un éclair frappant le sol lors de gros soir d’orage. Il se présentait comme Tom lui avait appris. Car Tom disait toujours que paraitre stupide endormait la vigilance. Et une vigilance endormie est synonyme de défaite pour un marine comme victoire pour la révolution.

Le chien regardait autour de lui, se redressant. Il se mit à humer l’air avec entrain, puis à coller sa truffe au sol, cherchant quelque chose.

- “La balle !” Lâcha la voix électronique.

Sans plus de détail, America continuait de chercher dans la pièce cette balle en cuir. Elle était à lui, c'était un cadeau. Tom serait fâché qu’il l’ait perdu. Il devait la garder jusqu’à ce que Tom se réveille. Cela faisait maintenant quatre ans qu’il dormait. Il devait être très fatigué …

Après avoir passé la pièce au peigne fin, grâce à sa vue et son odorat. America n’avait rien trouvé. Alors son esprit simple et primaire se dirigea vers l’humain. Il se rapprocha, s'asseyant au pied de son nouvel ami en demandant :

- “Où est la balle ?”

La balle volait dans les airs avant de s'écraser dans le sol, roulant sur quelques mètres. America courrait après, essayant de l'attraper au vol sans y parvenir. Puis finalement, il la ramassait pour la rapporter à l'humain et espérer qu'une fois de plus, il la lance au loin. C'était une activité simpliste et ridiculement ennuyeuse pour les humains, pourtant America ne se lassait jamais de courir après cette balle.

On jouera quand on aura sauvé une nation de l'oppression du gouvernement mondial.

C'était les mots de Tom lorsqu'America lui rapportait la balle. Il se souvient encore de ce jour, à Goa, lorsque la révolution menait sa victoire sur le gouvernement actif de l'île et que le chien s'empressait de rapporter la balle à Tom. Ce dernier s'était allongé par terre et dormait, le sol autour teinté de rouge et une odeur cuivré s'en dégageait. America avait posé la balle sur le torse de son ami, attendant qu'il la lance. Pourtant, Tom avait préféré dormir.

- "Encore Alaaric !"

Ces paroles échappèrent à America alors qu'il trépignait devant l'humain pour qu'il lance à nouveau la balle. Aujourd'hui, il n'avait sauvé aucun peuple, aucune nation de l'oppression. Pourtant il jouait à la balle. Mais Tom n'en saurait rien. Tom dormait. La balle fillait à nouveau dans le ciel alors qu'Alaaric posait une drôle de question.

- "J'ai une niche ! C'est Cassandre qui me l'a construite !"

America s'était fait une ami depuis le repos de Tom. Cassandre était gentille. Elle lui donnait à manger à boire le matin à l'Emporium Imperium. Il devait attendre que Paul revienne. Paul aussi était gentil. Mais tout cela, America n'avait que faire de le raconter. Il voulait jouer. Jouer jusqu'à que l'humain se fatigue. Car lui, il pouvait courir dans le sable pendant des semaines. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas jouer. Si longtemps qu'il n'avait pas sauver de peuple de l'oppression du gouvernement mondial.

- "Encore ! Encore !"

Il n'avait plus que ce mot à la bouche. Et c'est sûr un lancer puissant et une course folle dans le sable que le soleil se couchait sur ces deux nouveaux amis. Scellant ainsi une amitié solide autour du jeu et de la joie.