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La Marine encore accusée d'avoir tiré

_ C'est une idée, ou ça couine aigü dans le fond ? je m'interroge en silence.

Ah, promis ! Je vous jure, ce n'est pas moi, pour une fois !

Je viens tout juste de sortir d'un magasin quelconque de la ville où je traine ces temps-ci... Rien de folichon à se mettre dans la poche, ne nous emballons pas... Que déjà, en jetant un regard à gauche et à droite, on peut remarquer qu'au bout de la rue, il y a une jeune femme qui est en train de courir dans ma direction, et de pousser des brefs cris.

Je reste devant la porte d'entrée de la boutique, et réfléchis vainement à la situation du moment. Mais je dois bien avouer qu'à part surveiller une folle au pas de course, je n'en apprends pas plus sur le pourquoi du comment à tout ça.
A part peut-être quand un petit groupe d'hommes apparaît bientôt ensuite, dans le décor, quelques mètres derrière elle ? Un brin en retard, certes, trois soldats de la Marine semblent être à sa poursuite, on dirait bien. Du moins, c'est ce que j'en déduis quand je tombe sur des hommes dans leur uniforme, en plein exercice.

J'attends encore un peu que la fugueuse se pointe plus près de ma position, puis discrètement, j'avance au milieu du passage pour servir d'obstacle, comme si de rien n'était. J'en profite même pour siffloter, faire style de regarder ailleurs... voire même, de pratiquement traverser toute la largeur du parcours.
En échange, je dois me farcir un ou deux de ses cris de panique.

_ Mais casse-toi, connard ! ajoute-t-elle plus clairement.

Ainsi, parce que tout a bien été calculé, il ne me reste alors plus qu'à exécuter un croche-patte sur la sportive assez essoufflée, dès qu'elle m'a dépassée.

_ Tiens, prends ça, chérie ! murmuré-je, peu fiérot de mon geste tout de même.

Dans le feu de l'action, la jeune femme s'emmêle donc les pinceaux, perd l'équilibre, et part faire une longue glissade sur le ventre. Le tout, en criant, cela va de soi... Accompagnée bien vite par d'autres passants curieux, pris par surprise, qui assistent à l'accident.

Je tire une dernière grimace rapide, le temps d'avouer à moi-même que je n'aimerais pas être à la place de la victime. Mais bon, d'un autre côté, c'était une personne en fuite... et moi, je viens de venir en aide à la Marine, qu'on se le dise ! Na !
A ce propos, les pas des soldats ne tardent pas à tambouriner dans mon dos, au plus près de mes oreilles. Ca me donne l'envie de me retourner pour commencer à tailler le bout de gras avec eux, histoire peut-être d'en savoir un peu plus sur leur petit marathon. Sinon, juste me présenter en tant que chasseur de primes, ça me va aussi.

Mais soudain, le truc le plus inconcevable m'accueille au niveau de la gorge ! Tandis que je pivote vers la petite bande de justiciers, un de leurs bras m'enroule illico le cou, et vas-y qu'on se la joue technique de catch ou de rugby. Et hop ! C'est à mon tour d'être emporté dans les airs, pendant quelques secondes... puis de m'écraser violemment au sol, lorsque mon agresseur lâche enfin prise. Sur le dos, pour ma part.
Pourquoi tant de haine ? Un petit maigrichon comme moi pourtant ! J'aide les gentils, et voilà que ça se retourne quand même contre moi ! Où va le monde ? En tout cas, je ne crois pas trop à de la coutume locale.
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Evidemment, je n'hésite pas à rugir comme euh... un coq, quand la douleur m'envahit. Tout le monde déguste alors de ma superbe voix de gonzesse. Principalement les soldats, les moins éloignés de ma pire imitation de la trompette. Pour la peine, ils sont obligés de sursauter, tout en se bouchant les oreilles.
Moi, ça me laisse le temps pour me relever rapidos. Mon redressement foudroyant les fait d'ailleurs sursauter de nouveau, mais cette fois-ci, c'est pour se mettre en garde, parés à dégainer une arme à la ceinture.

_ On se calme, les gars... fais-je en soupirant, les mains exprimant un stop. Je suis de la maison.

_ Mon cul ! répond aussitôt l'un d'eux, sur les nerfs.

_ Bon d'accord... je reprends sur un ton plus rassurant. Presque, j'voulais dire, j'avoue. C'est moi, Bobby Lapointe, chasseur de primes, si tu préfères.

_ Connais pas, arrête ton char !

Fais chier... Je vais alors pour baisser ma capuche, afin qu'ils puissent se faire une meilleure image du bonhomme, malgré une voix qui n'arrange rien. Et résultat, si c'est pour avoir affaire à de la race des Profondeurs, il y a de quoi les voir déglutir et froncer des sourcils.

_ Désolé de vous décevoir, les mecs... je finis par dire avec le sourire, car leur signe de dégoût persiste.

Bon, lot de consolation, les soldats se consultent du regard et décident de se calmer enfin, après une paire de secondes d'hésitation. Si j'ai au moins pu raffraichir la température, c'est déjà une bonne chose.

Ensuite de quoi, je me dépêche de glisser l'info comme quoi c'est bien moi qui ai mis la vilaine au tapis. Alors, si jamais il y a des sous à se faire, je ne refuse pas. Sauf que la blague a du mal à passer, donc je change de sujet sans taquiner plus. Pourquoi ne pas s'intéresser plutôt aux coulisses de l'affaire, après tout ?
Malheureusement, ces durs de la feuille ne sont vraiment pas du genre à faire ami-ami. En gros, j'apprends seulement que ce ne sont pas mes oignons, et que je n'ai plus qu'à tracer ma route.

J'avoue, j'allais partir... mais autre chose me turlupine également. Qu'on ne me dise pas merci pour l'aide, je commence à avoir l'habitude... Passe encore, donc ! Mais pourquoi on a été obligé de me faire valser par terre ? Que ça fasse partie des aléas du métier, mouais bof... Ou parce que je gênais tout simplement au beau milieu de tout ce boxon ? Bref, ça me reste encore un peu en travers de la gorge.

_ Euh... mais elle est où ? grogne le soldat, à ses potes.

J'ai juste eu le temps de m'écarter pour les laisser reprendre leur boulot. Mais au vu de la question, ça me donne envie de constater ce nouveau binz des plus étranges... Ah ouais, oups, il y a de quoi !

En effet, la meuf se serait apparemment déjà fait la malle, vers telle direction inconnue ! Non pas que je me sens fautif, car la discussion précédente n'avait vraiment pas duré longtemps. Qui plus est, les soldats n'avaient qu'à penser aussi à surveiller un peu mieux les environs, au lieu de n'avoir d'yeux que pour ma maigrichonne personne, j'en déduis, haha !
On ne va pas m'accuser d'avoir fait éclipse, merde ?

_ Bon bah... bon courage, les gars ! je lance avec une petite joie moqueuse. Et promis, si je la retrouve avant vous, je vous préviendrai. Pleurez pas.

Comme j'ai le pouce levé pour montrer que je ne déconne pas, le seul qui l'ouvre depuis tout à l'heure, revient à la charge et me chope fermement le bras, avant de l'amener vers lui d'un coup sec. Ca me fait tellement glisser vers lui, que j'ai l'impression qu'on va bientôt s'adonner à un gros calin.
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_ Si tu fais ça... me marmonne-t-il à l'oreille le plus sérieusement qui soit. Ne la tue pas, d'accord ?

Wouah, le délire ! C'est mimi tout plein !

J'avais pourtant prévu de me débattre, de me défendre, de riposter... mais en entendant ses mots doux, je reste figé sur le coup. Mes méninges essaient alors de tourner à fond les manettes pour déchiffrer ce qui se trame derrière tout ça, mais la seule conclusion qui me fait tilt dans l'instant, c'est que le coquinou de la Marine a un faible pour les nanas qui aiment les sprints et qui jouent à cache-cache en ville.

En tout cas, je reste sage un moment à cogiter, le temps de les voir rebrousser chemin. Et si ça tombe, la clé de bras précédente, ce serait tout bonnement parce que j'ai cherché à abimer le beau faciès de cette fugitive. Ceci expliquerait cela aussi, du coup.
Bon allez ! Bête querelle d'amoureux, je ne vais donc pas m'intéresser plus longtemps à cette petite histoire. Je reprends alors, moi aussi, mon chemin vers une autre rue, et je continue de slalommer vaguement dans les boutiques. Ca m'occupe, ça fait passer la journée.

Sur ce, lorsque j'estime que mon escale dans ce beau patelin a assez duré (j'ai oublié depuis combien de temps je squattais ici), la même rengaine revient à l'ordre du jour : penser à retourner au port tôt ou tard, afin d'amadouer le prochain taxi naval qui voudra bien me faire une place à son bord.
C'est comme ça que ça devait se terminer... ou en tout cas, c'est comme ça que j'ai imaginé que la fin de ma péripétie se déroulerait. Cependant, une fois les derniers détails réglés avec le taudis me servant d'hôtel, la dernière balade à parcourir jusqu'aux quais, on ne tarde pas à venir m'accoster d'une manière bizarre.

_ Je suis innocent, me plains-je aussitôt sur le ton de la plaisanterie.

Tandis que je lève mes bras par réflexe, il y a tout de même le canon d'un pistolet qui s'est installé fermement au milieu de mon dos.

Par chance pour les pauvres civils, ils n'auront pas besoin de prendre leurs jambes à leur cou, on dirait bien. L'invitée surprise et moi sommes dans un coin légèrement en retrait. Je suppose que j'ai dû trop longer les murs, pour en arriver là.

_ Je sais, connard ! me répond une voix qui me rappelle direct un souvenir assez proche. Et tu es chasseur de primes aussi.

_ Aaah ! C'est gentil, ça, plaisanté-je encore. Venir te rendre de toi-même, pour que je puisse ensuite aller te livrer à l'autre tourtereau sentimental, haha ! Ca va me donner du succès dans ma branche, je suis sûr.

Ouch ! A la place, elle me tape dans l'épaule avec son arme, en me disant de la fermer. Puis après un bruyant soupir, je devine qu'elle abandonne les menaces. Moi, d'un pas timide, j'entame mon lent demi-tour, avant de pouvoir regagner une allure plus normale, quand on est simplement face à quelqu'un sans mauvaises intentions. Si si, elle a rangé son flingue, ça aide.

Pour la suite des événements, ô mon dieu, je vais en apprendre une putain de bonne ! Mais avant de pouvoir l'écouter, il faut encore quelque peu jouer à cache-cache, selon elle. Nous décidons alors d'abord de nous éloigner de notre pauvre emplacement, et nous pénétrons dans le premier bar tranquille qui se présente sur le chemin, toujours non loin du port.
Sans doute qu'on est plus en sécurité entre quatre murs ?
Puis, une fois que chacun a son verre à portée de main, et les fesses posées bien comme il faut, la jeune femme me déballe ce qu'elle a sur le coeur. En gros, si elle a cherché à me retrouver, c'est justement à cause de mon job, et pas celui du banal touriste ou autochtone inoffensif ! De plus, comme elle a su, par je-ne-sais quel moyen, que je compte mettre les voiles bien assez tôt, elle veut profiter également de cette occasion pour se tailler rapidos avec moi !
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_ Euh... tu sais... je peux comprendre qu'après la balayette dans les jambes que je t'ai filée, le choc crânien que t'as subi ensuite, hein...

Même caché sous ma capuche, j'arrive à jouer le mec gêné. Enfin, qu'à cela ne tienne ! Mon interlocutrice n'est vraiment pas d'humeur pour rigoler ou draguer. Donc je range la blague foireuse au placard. Et j'ai bien fait... car ce qui suit, a de quoi me faire décrocher la mâchoire, d'ailleurs !

J'avais au moins raison sur un point. Si les deux zouaves se taquinent de la sorte, c'est bien à cause d'une petite dispute de couple... Enfin, on n'en est pas loin.
La célibataire me raconte que l'autre type de la Marine qui la pourchasse, n'a été son partenaire de chambre que pour une seule nuit. Soirée bien arrosée chez les soldats... avec, mélangé à ça, une belle armée de danseuses pour chauffer encore plus... et si l'abus d'alcool ne bouclait pas la fête, une petite partie de jambes en l'air avait le don de clôturer ce divertissement, en attendant ensuite le lever du soleil.
Malheureusement, même si pour la fille, ça devait s'arrêter bel et bien au classique coup d'un soir, ce n'était pas le cas pour le soldat. Au contraire, lui se voyait déjà construire un truc solide avec elle.

Plus tard, après cette brève aventure, les choses ont empiré ! Elle apprend être tombée enceinte (han ! Foutue capote trouée, moi j'dis). Rien que ça ! Alors, entre deux engueulades récurrentes, lorsqu'elle lui annonce la nouvelle, elle exprime aussi et surtout son désaccord d'avoir à aller jusqu'au bout, et de garder le bébé, par exemple. Sauf que le mâle refuse catégoriquement, et cherche ensuite à tout faire pour retrouver son ex-compagne... pour ne pas dire carrément, souhaiter l'emprisonner à sa façon !
Car la conclusion à tout ça, c'est que le soldat envisagerait de récupérer le bambin, rien que pour le dresser et l'entraîner, à son tour, comme un membre de la Marine.
Ainsi, avec des potes, la petite bande se permet depuis de faire des futiles rondes en ville... Mais comme l'idée y est, leurs supérieurs n'y voient que de la fumée.

_ Euh... j'en reste bouche bée, réussis-je à bégayer à voix haute, après m'être massé les joues et le menton légèrement coincés.

Et ça s'arrose aussi ! Bah oui, j'ai la gorge bien sèche, moi, avec toutes ces conneries. Donc je vide mon verre, d'un seul trait.

Ce gros bordel ne date pas d'hier, mais apparemment, ses dernières tentatives d'évasion ont échoué. Elle arrive encore à lui échapper de justesse à chaque fois, mais combien de temps ça va durer ? Qui plus est, d'ici là, ce ne sera plus avec la même énergie, avec un gros bidon, j'imagine.

_ Alors, c'est bon ? lance-t-elle, pendant que mes émotions me jouent toujours des tours. On peut se casser ensemble de cette île ?

_ T'inquiète, je réponds avec un sourire rassurant, tout en lui frottant un chouïa le poignet. Je vais aller dire deux mots à leurs chefs. Moi, ils m'écouteront. Alors respire un bon coup, joue à cache-cache encore un tout petit peu... et ce soir, apu !

D'abord réticente, elle a dû mal à y croire. Puis, elle doit se dire que c'est une méthode comme une autre, après tout. Bah quoi ? Un homme-poisson, avec une voix de brelle, mais chasseur de primes, ça reste convaincant, n'est-ce pas ?

Manque de bol déjà, lorsqu'il est l'heure de passer à autre chose, devinez qui c'est qu'on voit rentrer dans le bar ? Ouaip ! Un, deux, trois soldats de la Marine !
La nana et moi terminons de glisser nos chaises grinçantes sous la table, lorsque les mecs se lancent dans un petit tour d'horizon du lieu. Ils ignorent même les salutations du personnel et des autres clients bien élevés.

_ Princesse ! jubile le soldat, en nous visant de l'index. Yes, t'es là !

Tu penses bien, ça me donne l'occasion de m'en mêler ! En plus, le trio de la justice ne tarde pas à grogner, en devinant qu'un intrus à capuche... c'est louche.
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_ Eh ouais, ma gueule ! dis-je en jouant la comédie. Le chasseur de primes est dans la place, haha !

J'écarte les bras, comme pour montrer au public que j'attends qu'on m'acclame. Mais au lieu de ça, c'est tout le contraire. L'un des soldats chuchote au barman de s'éclipser. Quant aux autres clients, ils ne mettent pas longtemps à comprendre qu'ils sont de trop, et préfèrent disparaître, eux aussi.

Comme je fais un peu barrage, le soldat amoureux ignore mon numéro, et cherche plutôt à trouver un meilleur angle de vue, pour garder sa meuf dans sa ligne de mire. Un pas chassé par-ci, un pas chassé par-là... Mais bon, puisque je ne suis ni très grand, ni très large, il est vite satisfait.

_ Calme-toi, rhalala ! je relance, toujours en gardant ma zen attitude. Comme promis, la fugitive est bien tombée dans mes filets. Alors voilà, tiens ! Il ne te reste plus qu'à la récupérer, pour la caser derrière des barreaux.

Forcément, là, mon interlocuteur est le plus heureux des hommes. Il me montre son plus beau sourire. On sent bien aussi que son visage menaçant dégonfle un peu. Moins envie de mordre ou d'aboyer, quoi.

_ Je vais t'accompagner, de toute façon. Ca permettra de m'entretenir avec ton chef, pour mon rapport, laisser une trace de mon passage, parler de mon efficacité... ce genre de routine, tu vois ?

_ Nooon !!! rugit-il violemment, out of nowhere !

Encore un peu, et les murs auraient même pu trembler, je crois bien. En échange, c'est mes oreilles qui ont pris cher, pour une fois.

_ Tu t'es fait avoir comme un bleu, se plaint la meuf, derrière moi.

Bien qu'elle a l'air d'avoir un wagon d'avance, je ne pige évidemment pas où elle veut en venir... et encore moins, dès qu'elle se permet de me fouiller le corps, mais sans me faire précisément les poches. Au début, je crois même que c'est une technique pour se défendre, surtout après l'annonce bien traître que je venais de lâcher à son ex-partenaire d'un soir.

Résultat, dans la foulée, je me retourne aussitôt pour chercher à la bloquer, en lui susurrant des "hého ! Pas touche ! Panique pas ! Ca fait partie du plan !".
Heureusement, l'autre mec ne pige pas ce que je raconte. En revanche, à ses yeux, comme je suis un potentiel nouveau conjoint en train de la peloter, il redevient furax et m'engueule de la libérer, puis de me pousser de là sur-le-champ ! Le tout en sortant son épée... suivi de ses collègues, dans la seconde.

_ Elle ne t'appartient pas ! réplique-t-il, toujours gravement fâché.

Toutes ces lames sorties de leur fourreau qui résonnent, m'obligent en quelque sorte à abandonner mes mouvements. Je laisse alors la nana finir de me caresser où ça l'arrange... jusqu'à ce qu'elle finisse par en décoller un truc bizarre : un bout de scotch, apparemment ?

_ Qu'est-ce que...? demandé-je, la tête légèrement penchée sur le bidule tout fin et transparent.

Trop délire !

En gros, le mec m'explique que c'est grâce à ça qu'on nous a retrouvés. Soi-disant une technique qui sert à détecter les légers effets de lumière produits par le soleil ou la lune, quand on regarde d'une certaine façon, d'un certain endroit... Un peu comme un reflet dans un miroir, quoi.
En somme, je comprends mieux maintenant pourquoi le soldat avait cherché à se coller contre moi, la dernière fois dans la rue ! J'étais un témoin ou un coupable qui pouvait toujours servir, lors de ses prochaines rondes. La preuve !

_ Voilà, voilà, ça vient, conclus-je, une fois de retour dans les yeux de la Marine.

Je m'écarte de la jeune femme avec prudence, et je me dirige doucement vers la sortie. Si le scénario initial est toujours pareil, aucune chance pour qu'elle se fasse trancher... du moins, pas tant qu'elle devra porter un enfant. Donc je ne me fais pas de souci pour elle, pour le moment.
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_ Bon bah au revoir tout le monde, hein !

Bien sûr, une fois dehors, je m'empresse de fermer la porte. Et comme il fallait s'y attendre, les deux autres soldats, en guise de soutien, ne trainent pas plus longtemps pour essayer de la rouvrir directement derrière.
Ils sont alors surpris de ne pas réussir à sortir, car je fais exprès de garder la poignée entre mes mains, afin de tirer vers moi. Qui plus est, à deux dessus, mais toujours avec leurs armes, ils ont vraiment du mal à manoeuvrer.

Ils ne tardent pas à gueuler leur foirage, et enchaînent illico, en plantant tout bonnement leurs lames dans le bois. Pour ma part, je ne finis pas empalé pour autant, mais ça me fait comprendre qu'il ne vaut mieux vraiment pas rester planté là.
Ca tombe bien, parce que ma deuxième petite phase du plan n'a plus qu'à être lancée. Je profite de cette occasion pour ouvrir la porte d'un grand coup violent. Résultat, mes deux agresseurs n'ont pas eu le temps de récupérer leurs épées coincées... et moi, je fais un retour brutal dans le bar.

De surprise en surprise, tout le monde ne semble plus savoir où donner de la tête. Il n'y a alors plus qu'à compter sur ma vitesse de déplacement, pour assommer ces deux glandus en uniforme, avec une facilité déconcertante, en l'espace d'un instant.
Et l'amoureux dans tout ça ? Lorsqu'il assiste et découvre ce gros massacre expéditif, son esprit est visiblement bloqué entre la surprise et la peur. Par contre, je n'ai pas le temps de continuer sur ma lancée, parce qu'un coup de feu éclate soudain.

J'avoue, j'ai sursauté... mais pas tant que ça. Je me rappelle que la nana m'avait déjà menacé avec un revolver, donc je devine très vite qu'elle sait aussi s'en servir.
Le soldat n'a pas le temps de faire quoi que ce soit, à part peut-être s'aplatir au sol avec son épée, en criant de douleur. Il s'est mangé une balle dans les reins, on dirait. Ouf ! Il devrait survivre, c'est le principal, je suppose ?

_ Chut... je laisse flotter, pour détendre l'atmosphère.

D'un côté, ça laisse sous-entendre que la flingueuse n'a pas besoin de surenchérir. Et de l'autre, que la victime blessée n'a pas besoin de s'aventurer vers du quelconque exploit insensé.

Sur ce, pour la fin de cette histoire, tout est bien qui finit bien... si c'est comme ça qu'on peut dire ? En tout cas, je suis resté le temps nécessaire auprès de la femme enceinte, afin d'aller tout raconter notamment à l'officier qui commande ces trois crétins de sous-fifres. La petite bande devra alors répondre de ses actes, lorsque l'enquête va être menée.
De plus, parait-il que la meuf a pu stocker plusieurs preuves contre le groupe qui lui tournait un peu trop souvent autour, ces derniers jours.

Puis, dès que je n'ai plus eu besoin de prendre racine dans cette contrée, j'ai évidemment mis les voiles vers d'autres horizons. Pas besoin d'en faire des caisses plus longuement, quoi ! J'aurai sans doute d'autres chats à fouetter, un de ces quatre, de toute façon, ça tombe bien.
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