Hayato SUISOU, Asanagi
Sexe : Homme
Race : HumainMétier : Entrepreneur
Groupe : Civil, futur hors la loi.
But : Se hisser au sommet du monde des criminels pour honorer son bienfaiteur
Équipement : Un kimono élimé. Un Bokken. Un couteau orné. Une flutte en bois.Parrain : Google
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Description physique
Depuis son plus jeune age, Hayato brille par son aura apaisante. Il a beau toiser le quidam, du haut de son mètre quatre vingt deux, le badaud se sent en confiance. Nul ne semble prêter attention à ses muscles secs et noueux, ni même à son corps endurci par d'innombrables heures d'entrainement. Ses mains rugueuses et puissantes, à force de manier le métal, n'émeuvent pas au premier regard. Sa démarche fluide et maîtrisée évoque un fleuve tranquille, plutôt qu'un félin aux aguets. Un seul coup d'oeil à cette force de la nature vous rassure inexplicablement, là où le bon sens voudrait tenir un tout autre discours.
Ses traits burinés, par les intempéries et ses multiples voyages, ou sa barbe de trois jour mal taillée n'attisent pas la convoitise des hommes, et très peu celle des femmes. Si on ajoute la longue cicatrice qui lui barre le front, Hayato n'est décidément pas un modèle de beauté. Pourtant, lorsqu'il pose ses yeux d'un noir de jais sur vous, ou lorsqu'il vous parle de sa voix profonde, Hayato ne transperce pas votre ame, il la rassérénère. Son sourire franc lui fait plisser les yeux de manière naturelle et s'accompagne fréquemment d'un grattement de tête ou de barbe, lorsqu'il est embarrassé. Il ne cherche pas à séduire, mais plutôt à rassurer. Ses cheveux noir de jais, coiffés grossièrement en un catogan ou un chignon d'homme rudimentaire, s'éparpillent fréquemment sous la caresse de la moindre bourrasque ; autre preuve, s'il en fallait une, du peu de cas qu'il prête à son apparence physique.
En permanence attifé d'un kimono aux tons bleus et gris, son vêtement fétiche, Hayato ne s’embarrasse pas de coquetterie. Il veille à maintenir une hygiène exemplaire, mais ne s'émeut pas de se promener avec une tenue rapiécée, des sandales trouées, ou même d'arborer une ceinture élimée. En revanche, n'importe quel personne un tant soit peu observatrice, peut apprécier le soin apporté à son arme, qu'il s'agisse d'un simple bout de bois taillé minutieusement, ou d'un sabre impeccablement entretenu. Il est fréquent de le voir, un petit couteau orné à la main, sculptant religieusement des morceaux de bois pour leur donner des traits d'animaux.
Description psychologique
Patience est mère de toutes les vertus. Un précepte on ne peut plus important pour Hayato, car il lui a été transmis par son bienfaiteur. Minutieux, calme et observateur, cet homme sait faire preuve d'une retenue hors du commun. Parfaitement conscient de l'image qu'il renvoie, il sait user de ce don pour entrer dans les bonnes grâces de ses interlocuteurs, désamorcer les conflits ou, dans le pire des cas, faire baisser sa garde à ses adversaires. Néanmoins, comme tout à chacun, son apparente bonté connait ses limites et, si les occasions en demeurent rares, il lui arrive de sortir de ses gonds face à la lâcheté, la complaisance dans l'incompétence ou la cruauté à outrance.
Loin du cliché du malfrat cruel et perfide, Hayato se voit plutot comme un homme d'honneur, bon et généreux avec les civils et ses partenaires. Si le besoin s'en fait sentir, il sait se montrer sévère, ou bien louvoyer au sein des eaux troubles du monde criminel. Pour autant, il suit un code moral strict, édicté par son ancien tuteur. Par exemple, si les coups bas et les intrigues entre hors la loi sont monnaies courantes, la parole donnée, d'un homme d'honneur à un autre, est inviolable.
Il a beau ne pas être idiot, il sait qu'il ne brille pas par son intelligence : son bienfaiteur le lui a souvent rappelé. Il compense par sa discipline, son impassibilité et sa rigueur pour parvenir à ses fins. Depuis qu'il a été recueilli et formé par son ancien Oyabun, Hayato a appris à voir le monde tout en nuances. Loin de la dichotomie du bien et du mal, ou de la simplissime loi du plus fort, sa philosophie de vie s'est imprégnée des valeurs transmises par le monde de l'ombre. La vie est un jeu, il suffit d'en comprendre les règles... pour mieux les plier. Et quoi de mieux, pour ce faire, que de devenir un monstre gardé sous contrôle ?
Les chatiments corporels gratuits l'insupportent. Il les considère comme un aveu de faiblesse ou de paresse : il existe bien d'autres méthodes pour gagner le respect de ses semblables, ou motiver ses partenaires à se dépasser. Alors que le monde qui l'a recueilli est perclus de virilité surannée, de xénophobie et de sexisme, il croit en l'égalité de traitement, quelque soit la race ou le sexe de son vis à vis. Seules les qualités ou les tares d'une personne rentrent en ligne de compte. À ce titre, bon nombre de ses anciens frères d'armes le considéraient comme trop progressiste, comme s'il souhaitait renier des traditions séculaires. Mais, en son for intérieur, il est convaincu qu'il a survécu non seulement grâce à son ancien mentor, mais aussi car il a su s'adapter aux changements de ce monde, là où son clan a péri par trop grande fierté.
Grand gourmand, il est capable d'engouffrer des quantités astronomiques de nourriture si sa bourse le lui permet. Il raffole particulièrement des mets sucrés ! S'il sait se contenter d'un style de vie frugal, à l'image de son mentor, la nourriture est son péché mignon. Raison pour laquelle il s'essaye à la cuisine à ses heures perdues, et tente de s'améliorer en tant qu'amateur capable de brûler des pâtes.
Biographie
- T'fais chier, gamin ! lança l'ivrogne d'une voix dure. On sait jamais c'que tu penses, 'vec tes yeux de merlan frit... S'coue toi un peu !
- Oui, papa, répondit l'enfant d'un ton neutre.
L'adulte à la chevelure brune hirsute tiqua, laissant sa paupière droite tressaillir à de multiples reprises. Il crispa le poing, semblant prêt à frapper sa progéniture sans la moindre vergogne. Une main frêle se posa sur son épaule émaciée, puis une voix éraillée s'éleva :
- Hayato, va chercher à manger pour papa et maman.
Sans un mot de plus, le jeune garçon s'inclina et sortit du taudis qui leur servait de foyer. Il laissa les deux adultes se chamailler et plongea dans l'abîme. À neuf ans, Hayato était déjà habitué aux rues de Las Camp. Sa nature calme et effacée lui permettait de se faufiler sans se faire repérer ni prendre. À l'époque extrêmement menu, il rasait les murs sans un bruit, tel un spectre dans les coins d'ombre, à la recherche de quoi subsister. Dire que ses parents étaient pauvres relevait de l'euphémisme ! Dépourvu du moindre berry, sans aucune ambition ni une once de bonté, frappés d'addictions multiples, c'en était à se demander qui chaperonnait qui. L'enfant savait déjà que s'enfoncer au cœur de la crasse jusqu'à Last end et y mendier, ou voler un malfrat, relevait de l'inconscience, voire du suicide. Aussi, il s'aventurait toujours sur Last Joy, zone bien plus aisée de l'île et, donc, moins à risque de finir sa vie sur le trottoir.
Ce jour là, le petit était en veine. À peine avait-il franchit la limite des beaux quartiers, qu'il repéra un groupe d'hommes à l'allure fortunée. De beaux costumes les drapaient, leurs chaussures brillaient comme neuves et leurs mains étaient restées propres... pas de doute, c'étaient des riches. En prenant bien garde à n'en toucher aucun, Hayato s'approcha et demanda d'une voix posée :
- Excusez-moi, vous avez de quoi manger pour mes parents ?
À ces mots, les hommes se retournèrent avec des mines patibulaires. L'air renfrogné, le visage couturé de cicatrices, l'un d'eux se pencha en lâchant un « Heiiin ? » retentissant. Pas si en veine que ça, au final, le gamin venait de quémander auprès de criminels locaux ! Son estomac se serra, mais il tenta de garder contenance. Avec le temps, il avait appris à repérer les personnes les plus à même de céder à ses requêtes de mendiant : les riches qui voulaient polir leur image, les commerçants sympathiques qui lui donnaient quelques invendus, ou encore les soldats de la marine qui lui achetaient parfois un bout de pain. De la même manière, à force de les voir jour après jour, il reconnaissait normalement les criminels à la violence notoire, les pontes imbus de leur personne, les pingres et les indifférents. Comment avait-il pu se planter à ce point ? Son corps se glaça lorsqu'il repéra l'éclat mauvais dans l'oeil du criminel. Alors qu'un revers de main se préparait, une voix s'éleva à l'arrière du groupe :
- Assez, Okabe.
Un ton ferme mais dépourvu d'animosité, ne laissant aucun doute sur la nature de l'intervention : c'était un ordre incontestable. Immédiatement, le malfrat se radoucit et le groupe s'ouvrit pour laisser place à un homme en kimono bleu et blanc, drapé d'un long manteau gris. Son regard étonnamment doux se posa sur l'enfant pour le passer au crible, tandis que le soleil se reflétait sur son crane chauve. Ses yeux marrons en amande s'étrécirent lorsqu'il sourit d'un air gracieux, juste avant de lancer trois petites pommes rutilantes, qu'Hayato réussit à attraper avec précision. Il les rangea immédiatement dans un pli de son Yukata en mauvais état. Le sourire de l'homme s'étira, et il saisit alors son menton d'un air songeur. Malgré le sabre qui pointait de sa ceinture, Hayato n'éprouvait plus aucune crainte. La simple présence de cet homme apaisait tout son entourage.
- Je vous remercie, monsieur, déclara le gamin des rues d'une voix calme.
- Tu peux m'appeler Jinro. Dis-moi, petit, quel est ton nom ?
- Hayato, monsieur Jinro... il triturait à présent son vêtement sale, jetant des coups d'oeil éperdus aux autres hommes.
- Hayato... répéta-t-il d'un air pensif. Hayato, où sont tes parents ?
Mal à l'aise, l'enfant baissa les yeux et sembla trouver une nouvelle fascination pour ses pieds. Les joues pourpres et la gorge sèche, il finit par répondre d'un air penaud :
- On habite pas loin de Last End, monsieur Jinro.
À ces mots, la tension sembla monter d'un cran et plusieurs hommes jurèrent dans leurs barbes, avant que leur chef ne ramène le calme en se raclant la gorge. Les sourcils froncés, l'air grave, l'homme questionna une dernière fois l'enfant :
- Et tes parents te laissent sortir seul, Hayato ?
Voyant que l'enfant répondait par l'affirmative d'un hochement de tête, l'homme soupira d'un air embarrassé. Puis il émit un rire de nez, avant de s'approcher du gamin, malgré les objections multiples de ses hommes. Ils s'offusquaient à l'idée que quelqu'un de sa stature ne touche un déchet de Last End. Il plia un genou pour le mettre à terre, sous les cris atterrés de ses hommes qui s'empressèrent de placer un de leur manteau en dessous. Jinro, la main sur la tête du garçon, lui demanda en le regardant droit dans les yeux :
- Conduis-moi à tes parents, Hayato.
De l'eau glacée tira le jeune homme de ses souvenirs.
Les matelots de la navette maritime s'affairaient sous un soleil de plomb, les mouettes chantaient et le capitaine le fusillait d'un regard noir, un sceau vide à la main. Après tout, il avait été engagé comme garde du corps pour payer sa traversée, alors la vue de l'épéiste adossé au bastingage, les yeux dans le vague, n'était sans doute pas pour ravir le vieux loup de mer. Un sourire contrit et une vague excuse plus tard, Hayato retourna à sa ronde sur le pont du navire. Bien vite, la nostalgie le reprit.
Son bienfaiteur l'avait tiré des bas-fonds de Las Camp, par un miracle tout droit sorti d'une fable. Il n'avait appris que des années plus tard que Jinro-san avait payé le prix de sa nouvelle liberté, auprès de ses parents, en espèces sonnantes et trébuchantes. Petite fortune que ses parents biologiques s'étaient empressés de dépenser sans réfléchir, ni même éprouver le moindre remord à l'idée de vendre leur fils.
La vie avait pris un tournant décisif, pour le jeune garçon. L'abondance procurée par la richesse de son mentor, avait chamboulé toutes ses idées reçues sur ce que la vie avait à offrir. En échange, il devait tenir compagnie au fils de Jinro-san, participer à ses entraînements, goûter sa nourriture, le protéger, mais aussi recevoir une éducation complète, apprendre les bonnes manières et devenir un homme sur lequel on pouvait compter au sein de la famille.
Un pincement au cœur secoua Hayato, en se remémorant cette période si marquante de sa vie. S'il avait toujours été d'une lenteur incommensurable pour l'apprentissage de la musique, de l'art et de la cuisine, il avait démontré des talents bien plus pratiques. Il avait rapidement assimilé les bonnes manières et les codes basiques du clan. Le jeune homme avait tout de suite excellé dans l'art de désamorcer les conflits, d'apaiser ses semblables. Un talent inné qu'il avait affiné en prenant exemple sur ce mentor qu'il adulait. À force de discipline et grâce à un surplus de nourriture, son pic de croissance l'avait transformé en un athlète de haut niveau. Mais s'il s'était réellement démarqué, c'était sur le parquet du Dojo.
L'apprentissage de la voie du sable lui avait procuré des sensations inégalables. Sa vitesse de progression ahurissante, la facilité avec laquelle il apprenait toutes les positions, les styles, les passes d'armes, les astuces avec ou sans sabre, lui avaient permis de gagner le respect de ses ainés... mais aussi l'animosité du fils de Jinro. Yanagi et lui n'avaient jamais tissés de lien de camaraderie vraiment profond, sans doute à cause du mépris du jeune homme envers un déchet des bas fonds ; mépris qu'il n'avait jamais masqué. Malgré les remontrances de son père, jamais Yanagi n'avait accepté Hayato pour autre chose qu'un serviteur. Aussi, voir un rebut de Last End devenir meilleur épéiste que lui en un temps record finit de fracturer la fragile relation qui les unissait.
Malgré cette inimitié, au fur et à mesure des années le petit garçon était devenu un adolescent reconnaissant, puis un adulte consciencieux et serein, dévoué corps et âme à sa nouvelle famille. Il s'était imprégné de la sagesse de Jinro, de sa force et de son art de vivre. Telle une éponge, Hayato avait absorbé absolument tout ce que le vieil homme avait à lui enseigner, ne lui témoignant rien d'autre qu'une reconnaissance infinie. Il prouvait sa gratitude de maintes manières, aidant le clan au mieux de ses capacités dans un monde instable. L'arrivée du colonel Matheson fut, rétrospectivement, le signe annonciateur d'un grand changement de paradigme sur l'île. Peu de criminels l'avaient compris, mais la nature et les projets du marine signaient la fin d'une ère frivole pour les hors la loi de Las Camp.
Seulement, il était bien le seul à le voir ainsi.
Yanagi avait bien grandi et, en 1620, son influence sur le clan commençait à se faire sentir. Tant et si bien qu'une lutte intestine entre le père et le fils pour détenir les rênes du pouvoir fissura peu à peu le clan. Paradoxalement, le fils refusait de changer les traditions et la ligne de conduite du clan, là où le parti toujours plus clairsemé du père prônait un changement pour survivre. Tant et si bien, qu'en quelques mois, seul Hayato se tenait du coté de Jinro. L'ancien gamin de la rue aurait dû s'y attendre, mais il fut rapidement la cible d'une vile machination et se retrouva mêlé à un accident qui causa l'incarcération d'un homme haut placé du clan. Discrédité, harassé par la faction de Yanagi, on le somma de se donner la mort par Seppuku, comme la tradition l'exigeait. Il ne dût sa vie qu'à l'intervention salvatrice de son mentor qui, malgré tout, le bannit du clan.
En y repensant, Hayato sourit tristement. Cela aussi, il avait été trop long à le comprendre.
Humilié. Désavoué. Banni. Seul un vide gargantuesque creusait la poitrine d'Hayato, alors qu'il marchait, hagard, dans les rues de Last Joy. Ses pas le menèrent instinctivement à l'endroit où il avait rencontré son bienfaiteur, tant d'années auparavant. Que pouvait il faire, à présent ? Le vieil homme était tout ce qui lui importait, le centre de son existence depuis ce jour où il l'avait recueilli. Il s'assit lourdement sur un banc, contemplant les passants d'un air absent. Malgré tous les préceptes serinés par Jinro, son esprit demeurait coi : il ne savait pas comment attaquer le problème pour le résoudre. Comment en était il arrivé là ?
Il avait été victime d'un coup monté, cela, il en était certain. Yanagi avait sacrifié l'un de ses propres hommes pour l'évincer et priver son père de son dernier allié. Malgré tout, Hayato n'éprouvait aucune rancœur à l'encontre du fils prodigue. Il restait calme et tentait de diriger toutes ses pensées sur son mentor. Surtout, il souhaiter trouver un moyen de l'aider sans que la honte ne rejaillisse sur lui, en bravant son ordre d'exil. Car telle était sa punition pour un crime qu'il n'avait pas comis : il avait été écarté, au moment même où Jinro-san aurait eu besoin de lui.
Yanagi avait finit par faire céder son père et, dans les heures qui suivaient, une autre famille influente du monde de l'ombre de Las Camp allait rejoindre la demeure ancestrale pour discuter d'un problème devenu trop épineux : le colonel Matheson. Une tactique vieille comme le monde : il était incorruptible et commençait déjà à parler de nettoyer ses rangs, alors il devait mourir. Jinro-san l'avait questionné sur la question la semaine dernière et, sans surprise, ils étaient tombés d'accord : la famille entière allait droit dans le mur. En s'exposant ainsi ouvertement contre la marine, ils prenaient le risque de perdre la confiance non seulement des officiers qu'ils avaient dévoyés, mais aussi des civils et, possiblement, des autres familles du crime. Mais rien à faire, Yanagi avait tout de même invité aujourd'hui une crapule sans foi ni loi, à la tête d'un vaste réseau de canailles violentes à son image.
- Jinro-san ne cédera jamais, et la réunion va tourner au bain de sang... murmura pour lui Hayato.
Soudain, un bruit sourd suivi de pleurs le tira de ses réflexions. Un ballon lui percuta le pied et un petit garçon couru vers lui en pleurant. Il trébucha et manqua de s'affaler de tout son long. D'un mouvement vif, l'épéiste se leva pour le rattraper avec milles précautions. Le père de l'enfant accourut, son frère au nez ensanglanté dans les bras. Il remercia le jeune homme, avant de vivement réprimander ses fils. Apparemment, celui qu'Hayato avait sauvé s'était énervé et avait voulu voler le ballon de son frère en le frappant, mais le deuxième, de rage, avait tapé dans la balle pour que son frère ne l'ait pas. Le père confisqua l'objet de la dispute et réprimanda ses deux garçons :
- Je vous le prends, puisque vous ne savez pas jouer tranquillement avec ! C'est pour votre bien. Et à la maison, on vous séparera pour que vous évitiez de vous vous blesser !
Alors que le trio s'éloignait, Hayato soupira en pensant à ces paroles pleine de bon sens. Cela semblait exténuant d'être le père de deux garçons... Une pensée fulgurante lui traversa l'esprit. Il la refusa. Insistante, elle revint à la charge. Il eut beau retourner le problème dans tous les sens, cette idée finit par s'imposer. Le creux au sein de sa poitrine s'enfonça encore, et des larmes commencèrent à pointer de ses yeux devenus humides. Il serra son vêtement de sa main calleuse et, la gorge nouée, ne put lâcher qu'un seul mot :
- Oyabun... sanglota-t-il.
Bien vite il sécha ses larmes d'un revers de manche et se leva d'un bond. Au galop, il rejoignit la demeure familiale. Et si... Et si ce n'était pas Yanagi qui l'avait piégé ? Son cœur battait la chamade et sa tête lui tournait. Impossible ! Et pourtant, son mentor avait maintes fois prouvé qu'il était bien plus subtile et malin que lui. Il lui avait appris tout ce qu'il savait, au sabre comme aux affaires, mais le maître surpassait de loin l'élève. Pourquoi l'éloigner alors qu'une menace évidente s'approchait et qu'un schisme, mené par son propre fils, menaçait de détruire la famille ?
La réponse était pourtant évidente.
Il passa par dessus un muret, d'un coté dérobé de la propriété, et s'aventura le plus silencieusement possible jusqu'à la chambre des réunions. S'il s'était trompé et que son mentor l'avait bel et bien chassé, il risquait sa vie à revenir ainsi. Mais, en son for intérieur, il était certain de son fait : on l'avait écarté pour qu'il ait la vie sauve. Le souffle haletant, un tambour infâme lui battant aux tempes, Hayato arriva finalement au niveau de la fameuse pièce où se tenait la réunion. Les panneaux en bois et en tissus l'empêchaient de voir clairement l'intérieur mais il pouvait entendre plusieurs voix. Le ton montait déjà. Il se calma et chercha une solution. On l'avait banni et on lui avait retiré ses armes, sauf un petit couteau orné que lui avait offert Jinro-san pour ses 18 ans. C'était très clairement insuffisant pour se défendre. Une voix forte le fit tressaillir :
- Père ! Ralliez-vous à nous. Ensemble nous maintiendrons le statut-quo et empêcherons la marine de nous priver de notre droit le plus juste : vivre comme nous le faisons depuis des décennies !
Le cœur battant, Hayato attendit la réponse. Comme elle tardait, Yanagi reprit la parole pour insister, mais il fut rapidement coupé :
- Mes excuses, mon fils. J'ai cru sentir une petite brise, mais elle est partie ou, tout du moins, le devrait-elle.
Hayato écarquilla les yeux et se retint de pleurer de nouveau. Il avait vu juste ! Depuis qu'il l'avait recueilli, Jinro-san avait noté chez lui cette propension à rester calme en toutes circonstances. Il l'avait ainsi surnommé « Asanagi », qui pouvait grossièrement se traduire par brise calme du matin. *Oyabun...* pensa-t-il en se retenant de toutes ses forces de jaillir dans la salle.
- Pour ce qui est de votre... plan, j'ai bien peur que vous ne risquiez d'amener la ruine sur nos familles. Si je puis me...
- La ruine ?! le coupa grossièrement une voix rauque. Je vais te dire, vieil homme, ce qui va causer notre ruine : c'est de laisser la marine imposer ses règles ici. Non. Moi je dis qu'on leur ouvre le ventre et qu'on les jette à la mer pour nourrir les poissons, pendant qu'il en est encore temps. Pas qu'on leur tende la main, ou qu'on change notre façon de faire, comme des faibles !
Après une courte pause, Hayato entendit distinctement le soupir caractéristique de son mentor, avant qu'il ne reprenne la parole :
- Et, j'imagine que tu es d'accord avec lui, plutôt qu'avec ton père, Yanagi ?
- Nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve de faiblesse, père. Les autres familles risquent d'en profiter ! Imaginez...
- Roh, et puis merde ! Allez-y, les gars !
Un cri retentissant glaça le sang d'Hayato. Puis un bruit sourd et spongieux, bien trop connu, lui confirma que l'impensable avait été commis : un corps ensanglanté venait de tomber au sol. Instantanément, le calme apparent de ce début de soirée se transforma en une cacophonie de cris et de tintements de l'acier contre l'acier. Son sang ne fit qu'un tour et, même désarmé, il ouvrit en grand le panneau latéral pour tomber sur une scène horrifique. Son clan était aux prises avec la famille Renzo, l'une des plus vicieuses et violente du pays. Comment Yanagi avait-il pu penser que la réunion se finirait autrement ? La réalité le glaça alors, lorsqu'il découvrir le corps de ce dernier face contre terre, son meurtrier présumé en train de foncer vers la gauche de la salle : là où se trouvait Jinro-san.
Une vingtaines de mécréants se trouvaient entre lui et son mentor, tandis que seuls une demi douzaine de fidèles au clan étaient présents. Pourquoi si peu ? La réponse ne tarda pas à se faire entendre : des bruits de combat éclatèrent aux quatre coins de la demeure. Hayato serra les dents et se jeta dans la mêlée. Par derrière, il brisa la nuque du premier brigand qui croisa sa route et lui prit son sabre. Il se tailla un chemin sanglant vers son maître, ralliant autant que faire se pouvait ses frères d'armes. Mais la différence d'effectif se fit cruellement sentir. Un à un, ses amis tombèrent et, bientôt, il se retrouva seul contre huit hommes. Du coin de l'oeil il voyait son maître être peu à peu acculé par la sauvagerie de Renzo. Il se défendit au mieux, se rappelant de tous ses enseignements passés pour gérer plusieurs adversaires. Il para, esquiva, désarma, reçu des estafilades pour infliger des coups décisifs... jusqu'à ce que son dernier ennemi ne gise au sol, inanimé. Epuisé, il se tourna vers le combat de son maître et ses entrailles vrillèrent. Il avait été blessé et haletait, peinant à contenir les assauts de la canaille, qui se gaussait comme un forcené.
Il vit rouge.
Il hurla comme un chien fou lorsque Renzo transperça la poitrine de son maître, qui s'effondra. Jinro-san lui avait un jour dit qu'un homme qui ne sait pas s'énerver était un sot, mais qu'un homme qui ne souhaite pas s'énerver était un sage. Pour la première fois de sa vie, il ne fut même pas un homme. La colère tout entière le submergea, irradiant dans tout son corps, laissant son cœur pomper les flots de son ire incandescente. Il brûla de l'intérieur d'en découdre, et se rua telle une bête sauvage sur l'assassin. La surprise lui donna l'ascendant sur les premiers échanges rapides. Mais la différence d'expérience se fit rapidement sentir. La rage, sentiment parfaitement inconnu pour Hayato jusqu'à lors, l'aveugla et lui fit manquer une feinte qu'il aurait su remarquer en tant normal.
Un coup de pommeau à la tête l'étourdit.
Il réagit une fraction de seconde trop tard. Il se propulsa en arrière de son mieux. Trop tard. La morsure froide d'une lame lui tailla la jambe droite, puis le front, et des gerbes de sang explosèrent. Il tomba à terre, sonné par la douleur de sa jambe, aveuglé par le flot de sang sur ses yeux. Savourant sa victoire, son adversaire éclata d'un rire gras et vulgaire. Soudain, un cri retentit :
- Boss ! La marine est là !
- Ah ! Ces chiens galeux commencent déjà à tout gâcher ! Combien?!
- Trop nombreux, boss ! Faut se tirer !
Effectivement, on entendait déjà les clairons de la justice retentir. Renzo jura et se précipita vers Jinro-san, pour lui arracher son sabre, et lui administrer un dernier coup en traître. Un juron plus tard et les malfrats mettaient les voiles. Mais, en guise de cadeau d'adieu, ils mirent le feu à la demeure et laissèrent pour mort tous les membres du clan. Epongeant de son mieux le sang sur ses yeux, Hayato arracha un morceau de Yukata et s'en fit un bandage de fortune sur le front, pour libérer sa vision. Il se mit à quatre pattes et rampa vers son maître qu'il retrouva, agonisant, le souffle court et le regard dans le vide.
- Oyabun... commença-t-il en sanglotant.
- Hayato... Je... t'avais dit de partir.
- Je suis désolé, Jinro-san, c'était... je suis désolé d'avoir désobéi... je ne pouvais pas !
- La première fois de ta vie... où tu me désobéis, cela mérite... une punition.
Discipliné jusqu'à la fin, Hayato inclina la tête, les yeux fermés, attendant le verdict.
- Je vais te donner... deux ordres... les derniers.
- Attendez, Jinro-san ! Je vous amène vous faire soigner d'abord !
- J'ai le poumon droit perforé, je me vide... de mon sang et, je ne sens plus... mes jambes. Un homme doit savoir faire face à la fin... avec dignité, Hayato.
Interdit, le jeune homme regarda son bienfaiteur, interloqué, alors que les prunelles de ce dernier renvoyaient un éclat inflexible. Des années de conditionnement mental finirent par avoir raison de son élan de contestation. Comprenant qu'il avait obtenu gain de cause, le vieil homme condensa sa pensée en quelques mots, le souffle court :
- Premièrement. Vis. Et prospère... comme je te l'ai appris.
Hayato hocha la tête instinctivement.
- Deuxièmement. Aide moi... pour le seppuku.
Horrifié à cet idée, Hayato ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. Il avait toujours été lent à comprendre certaines subtilités, mais cette fois-ci la situation était limpide. Il lui avait été donné l'ordre de vivre, donc il devait s'enfuir pour ne pas finir brûlé vif. Il n'était pas en état de porter son maître, et Jinro-san n'était pas en état de marcher. Autour d'eux, la maison brûlait et les poutres menaçaient de s'effondrer. S'il n'accédait pas à cette requête, il le condamnait à une mort lente et douloureuse, dans la honte et la disgrâce.
Lentement, avec milles précautions, Hayato assit son maître contre une poutre et lui donna un poignard. Il se releva et tira au clair le sabre qu'il avait ramassé. La vision embrumé par les larmes, le cœur serré et la tête sur le point d'éclater, Hayato regarda une dernière fois son mentor qui, une dernière fois, lui sourit, le cœur léger. Comme une danse répétée mille fois, les deux hommes se synchronisèrent pour que le rituel se déroule avec le minimum de souffrance.
Comme dans un cauchemar, Hayato s'enfuit de son mieux avec sa jambe blessé. Hébété, ensanglanté, seul et démuni, il se dissimula des forces de l'ordre dans l'une des nombreuses cachettes de cette demeure qui l'avait vu grandir. Le gouffre béant dans sa poitrine menaçait de l'engloutir tout entier mais, il le savait, il ne pouvait pas aller à l'encontre des souhaits de son mentor sur son lit de mort. Il tint bon et ne sombra ni dans l'inconscience, ni dans le désespoir. Ce n'est que plusieurs heures plus tard, une fois la poussière retombée et les marines dispersés, qu'il finit par quitter définitivement les lieux.
Il avait beau ne pas être un génie, il savait suicidaire de chercher à se venger de Renzo dans son état actuel. Il devait voyager, s'endurcir, apprendre à se contrôler et devenir plus fort. Il laverait l'honneur de Jinro-san une fois qu'il aurait grandi, dans tous les sens du terme. Et, une fois cette épreuve relevée avec brio, il devrait suivre l'ordre le plus difficile de son maître : vivre et prospérer en lui faisant honneur, pour le restant de ses jours.
- Eh, gamin ! l'harranga le capitaine. On est arrivés ! Vu ta qualité de garde du corps, t'attends pas à c'que j'te paye.
Hayato sourit d'un air gêné :
- Nous n'avons essuyé aucune attaque, capitaine. Mais, surtout, nous avions convenu que ma paye était le transport jusqu'à cette île.
- Mouais... Bah c'est encore trop cher payé, même s'il s'est rien passé !
L'épéiste sourit derechef, en plissant ses yeux en amande, tandis qu'il se grattait l'arrière du crane d'un air embarrassé :
- Vous avez sans doute raison, capitaine. Mes excuses pour ma piètre performance. Je vous souhaite malgré tout une agréable journée.
Sur ces bonnes paroles, il s'inclina poliment, avant de passer son baluchon par dessus son épaule et de descendre sur la terre ferme. Quelle genre d'aventure allait il trouver sur cette nouvelle île ?
*Attendez juste encore un peu, Jinro-san, je vous rendrai fier.*, se promit-il en son for intérieur, avant de continuer son périple.
Informations IRL
- Votre prénom / pseudo : Thomas
- Êtes-vous majeur ? 35 ans
- Vous aimez / n'aimez pas : On verra ça ensemble ^^
- Votre personnage préféré (de One Piece) : Trafalgar Law, Ussop et Doflamingo
- Vous vous définiriez comme : Geek
- Vous faites du RP depuis : depuis mes 15 ans
- Vos disponibilités (approximatives) : trois soirs par semaine environ
- Comment avez-vous connu le forum ? Google
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