L'Envol du Dragon
Seconde partie de la quête Démarrage en douceur
Le soleil se couchait avec la majestuosité des grands astres sur la ville de Jing, la plèbe vaquait à ses occupations tandis que les premières tavernes et fumoirs allumaient doucement leurs lanternes. Aujourd’hui était un jour important pour Feng. Lui et son neveu allaient prendre leur toute première revanche sur l’Empire. Voilà bien longtemps que le patriarche des Han avait jeté son dévolu sur l’entrepôt impérial du quartier des lanternes. Il l’avait visité cinq ans auparavant et s’était fait surprendre par les merveilles qui y étaient entreposées. Espace de stockage affecté à la conservation d’artefacts impériaux, il était peu défendu et recelait de nombreux objets capables d’être revendus sans trop attirer l’attention. Le casse était facile. Ils n’avaient qu’à se faire passer pour des officiels impériaux de passage et, au détour d’une inspection, ils feraient disparaître une partie des marchandises. Cela servirait à financer leur départ de l’île. L’objectif était de tirer quelques millions de la revente pour ensuite pouvoir armer le Bai Laohu, son nouveau navire.
Bien qu’il ne se soit nullement attendu à toucher un héritage de son Sifu, Feng n’avait pas décidé de le refuser. Au contraire, même dans la mort, son maître avait trouvé le moyen de l’aider. Ce navire lui permettrait de partir de l’île. Libre. Et maître de son destin. Le coup de ce soir trancherait son lien avec l’Empire. Pour cela, il s’était vêtu d’un de ses habits d’officier impérial qu’il n’avait pas mis depuis son exil politique. Avoir l’habit requis était un premier pas vers la réussite de son plan. Il avait refilé des habits similaires à Haoyu et avait ensuite fait jouer ses contacts pour la suite de l’opération. Par le biais de son guanxi, ce fameux réseau propre aux kanokuniens, il avait réussi à obtenir des laissez-passer réglementaires et des papiers d’identité falsifiant leur qualité d’inspecteurs fiscaux impériaux.
Leur couverture était parfaite. Aussi étaient-ils désormais devant l’entrée de l’entrepôt impérial, accompagnés de quelques mules de bât et de deux chevaux empruntés pour l’occasion. Avec tout cet attelage, leur statut prenait une autre ampleur. Peaufinant sa mise en lissant sa moustache, Feng observa l’imposante porte qui se dressait devant eux et sourit en se rappelant à quel point l’Empire avait à coeur de montrer sa puissance en donnant à l’extérieur de ses bâtiments de nombreux rappels symboliques à la puissance de l’Empire. Les symboles de l’empereur étaient peints sur les drapeaux hissés à chacun des quatre sommets de l’immense entrepôt parallélépipédique. Les baraquements, installés sous les combles, étaient affublés de banderoles rappelant que ce lieu était propriété de l’Empereur, qu’il était le plus beau, le plus fort, le plus grand. Bref, de la propagande. Cela rappela à Feng ce pourquoi il se battait. Si tout se passait bien, un jour peut-être, il reviendrait renverser l’Empereur.
Faisant toquer Haoyu à la grande porte de l’entrepôt, il déclara, d’une voix puissante, les propos suivants :
« Par ordre du conseiller Pi Ming Ling, haut inspecteur fiscal de l’Empire, je vous ordonne de nous donner l’accès à cet entrepôt. Nous allons procéder à une évaluation des biens. »
La phrase avait le verbe et l’arrogance impériale nécessaire pour déclencher une réaction. Du haut de leur tour de guet qui surplombait la porte, les deux sentinelles, armées chacune d’un arc, dévisagèrent avec perplexité la troupe qui se présentait à eux et, au bout de quelques instants, l’une d’entre elles descendit dans les baraquements, sans doute pour aller chercher un responsable. Qui ne se fit pas prier pour donner l’ordre d’ouvrir les portes. Aussi, les deux vantaux de bois laissèrent la vue aux deux Han sur un officiel de l’Empire un peu gras, entouré de six soldats en armure. Celui-ci s'incline bien humblement devant les deux hommes et considéra un instant le jeton d'autorité que présentait distraitement Feng. Il usait de la morgue arrogante dont faisaient preuve nombre d'officiels une fois que leur autorité était bien assise. C'était détestable mais les subordonnés ne faisaient pas de caprices pour autant et se mettaient à les servir avec d'autant plus d'entrain. On ne plaisantait pas avec l'autorité administrative dans l'Empire. Si le haut inspecteur fiscal de l'Empire était impliqué, mieux valait obéir. Profitant de l'accès, Feng fit entrer le convoi dans la cour intérieure de l'entrepôt. Ils étaient saufs, la porte était franchie, une bonne chose de faite.
Dernière édition par Feng Han le Dim 18 Fév 2024 - 9:06, édité 2 fois