C'est parti !

[Suite directe de 'Don't even try to run for your life', http://onepiece-requiem.forums-actifs.net/t2642-don-t-even-try-to-run-for-your-life-tahar-alexander-walters-noah-pnjs]

"Content d'être avec vous les gars, on va bien s'marrer tous les trois ! Et bien l'merci Geese pour taleur."

"De rien camarade !"

"On fout quoi maintenant alors ?"

"On retourne chez moi pour prendre tout l'matos et puis on passe à la boutique pour renflouer les armoires."

On marche tous les trois, main dans la main, euh beh non, quand même pas ! On s'raconte nos récents exploits. Moi j'ai fait ci, moi j'ai fait ça, moi j'l'ai buté façon hardcore ainsi. A chaque petit récit, des 'oh' et des 'ah' sortent de manière inopiné. Les exploits racontés sont de plus en plus impressionnant, chacun voulant être le meilleur ! Bon, j'me surestime peut-être mais avouez quand même que j'ai été rudement infernal dans c'te Tanière. A chaque mort, je passais un niveau de cruauté. Au final, je suis le grand gagnant de notre petit concours. Logique en même temps : la seringue dans l'oeil, le vidage complet d'intestin, la torche humaine et aussi mon dernier meurtre qui était pas très sport je dois bien l'avouer. Tout ça pour dire que si je suis en vie actuellement c'est grâce à : un, mon intelligence ; deux, ma folie ; trois, le cocktail exta-morph ; quatre, Geese ptet ? Ahh ... Quand j'pense que l'Bishop va dev'nir un pirate, un vrai ! J'en ai le cœur qui palpite tiens, comme c'est excitant, vous pouvez pas vous imaginer ! Voguer sur les flots, partir en quête d'un trésor, affronter d'autres pirates et patati et patata. J'en frémis d'avance.

Cinq minutes qu'on marche et il reste encore un bon quart d'heure. Question très pertinente que j'viens d'me poser : comment on trimballe tout le bordel qu'a chez moi hein ? Comment ? Parce que si on doit faire des allers-retours maison-port bah demain matin on est cor là ! Qu'est-ce que vous croyez, j'ai pas qu'une simple éprouvette et un bidon d'acide à prendre, j'dois quasi emporter tout mon labo. Oh, mais que vois-je ? Trois charrettes attachées à des chevaux, eux même attachés a un poteau devant un bar. On est trois, y'a trois carrioles. Faites le calcul, ça fait une chacun. Parfaitement parfait ! On essaye de voler ces moyens de transport assez discrètement. Manquerez plus qu'un gang débarque tiens. On arriverait sans doute à leur péter la gueule mais évitons les ennuis, allons à l'essentiel et ne perdons pas de temps de manière inutile. On défait les cordes ... doucement ... Les chevaux ne hennissent pas, good point. Chacun grimpe et prend les rênes de son étalon.

"Bon les gars, le dernier arrivé chez moi paye un verre aux deux autres. A 5. Un .... Deux ... CINQ !"

Et c'est un départ canon de Bishop qui vient de prendre une terrible avance grâce à ce coup fourré. Et oui, il sait qu'il n'est pas un formidable pilote alors il utilise son intelligence et se sert de petite ruse. Assez prévisible tout de même. Nolan et Geese sont surpris mais c'est le bûcheron qui prend la deuxième position. Geese a du mal à se remettre, il n'était absolument pas prêt et le voila déjà à la traine. Voici venir le premier virage de ce circuit, un angle droit vers la droite. Alex le prend trop large et dégomme un étal de fruits et légumes. Quel gaspillage ! Nolan en profite et grâce à une trajectoire parfaite, reviens à hauteur du Doc. Geese est à nouveau surpris et perd du temps en évitant les pastèques et autres ananas. C'est un duel au coude-à-coude entre les deux compères au devant de la course. Le cheval de Nolan semble avoir une meilleure accélération. Les concurrents abordent à présent le deuxième virage. C'est encore un angle droit mais cette fois-ci, à gauche. La ruelle est petite et seule une charrette est en mesure de passer. Bishop est mieux mis que Nolan et ce dernier doit ralentir afin de ne pas partir dans le mur. Ce qui fait les bonnes affaires de Geese qui recolle à la tête de course. Il semble avoir compris le système de guidage. La fin de la ruelle est proche. Les trois pilotes vont à présent déboucher dans une allée principale avec pas mal de monde. Alex sort de la ruelle en premier, il n'est pas en mesure d'accélérer comme il le voudrait. Nolan en profite et déboite sur la droite. Olalala, un malheureux passant se dresse en travers de la route du bucheron et le cheval de ce dernier se cabre. Voila qui fait les affaires de Geese qui poursuit Alex. Le pauvre Nolan reprend la route tant bien que mal, je ne sais pas s'il sera en mesure de reprendre la première place, toujours tenue par le médecin du village. Page de pub !

Re le bonjour, nous sommes toujours à Las Camp, où se déroule une course formidable. Alex toujours aux commandes, suivi de Geese et Nolan qui clôt la marche. Il n'y a aucune fenêtre de dépassement pour le moment. Je pense que le titre se jouera sur une petite faute d'un des participants. Nous arrivons actuellement à l'endroit le plus critique du parcours. Un virage serré à gauche, suivi de suite par un virage à droite, une belle chicane en perspective. C'est Alex qui s'y engouffre le premier. La charrette bascule d'un coté, rebascule de l'autre et la force centrifuge propulse la carriole dans le mur de l'habitation, bien mal située je dois vous le confier. Une fenêtre éclate en mille morceaux, la porte, entre-ouverte, est brisée et la pauvre personne sur son paillasson d'entrée se fait rouler sur les orteils. Pauvre citoyenne. Les frottements ralentissent le chariot et Geese en profite pour remonter. Les trois pilotes arrivent à présent à la fontaine de Las Camp. Geese passe par la droite alors qu'Alex prend la gauche. Choix judicieux pour Bishop. En effet, la route à prendre se situe un peu sur la gauche et grâce à sa connaissance de l'endroit, c'est le doc qui prend les devants. Nolan a suivi son pote mais cela ne lui permet pas de passer deuxième. Je pense qu'il sera à présent très difficile pour lui de repasser en pôle. Oh mais non ! La route monte quelque peu et c'est bien l'étalon du barbu qui s'en sort le mieux. L'avance qu'avait Alex est en train de fondre. On dirait qu'il possède le cheval le moins bon du circuit. Il ne reste que quatre-cent mètres avant la ligne d'arrivée. Les trois animaux galopent aussi vite qu'ils le peuvent. On aperçoit à présent la maison de Bishop. Geese qui remonte, Nolan qui passe par la gauche. Bishop toujours en tête à quelques secondes de l'arrivée. Bishop encore. Ouh ça va être serré. Très serré. Cent mètres. Les trois chevaux sont sur la même ligne, les trois chevaux sont sur la même ligne. Nolan qui passe légèrement devant. Oh ! Le cheval semble avoir ripé sur un pavé et le bucheron se retrouve à la traine. Oh quel dommage ! Alors qu'il semblait partir pour l'emporter, c'est finalement Bishop et Geese qui termine ex-aequo. Quelle déception pour Nolan qui va donc devoir payer à boire à ses camarades. C'est tout pour aujourd'hui, à vous les studios.

"Uhuhuhu, belle bataille les gars !"

"Merci d'avance l'ami."

"Foutue route de merde."

On rigole tous les trois. Ouf, un peu plus et c'était moi qui payais l'addition. Et avec ces deux buveurs là, vaut mieux avoir un portefeuille bien rempli. Un jeunot approche, qu'est-ce qu'il veut ?

"Hé doc, comment allez-vous aujourd'hui ?"

"Oi ! C'est ti pas le p'tit Wil ! Comment vas-tu fiston ?"

"Je reviens de l'entrainement. J'srais bientôt au top !"

William Turner, un brave gosse. Il a dix-huit ans c'est vrai mais pour moi c't'un gamin. Je suis son 'sauveur' comme il aime m'appeler. Je rigole toujours et prend un air gêné quand il me dit ça mais il n'a pas tout à fait tort. Je vous explique les grandes lignes : un jour, et y'a pas si longtemps que ça, j'dirais deux ans max, le p'tit Wil fut amené chez moi. Il avait volé un objet de valeur à un chef de gang et celui-ci était pas aux anges apparemment. Le pauvre ado avait essayé de prendre la fuite mais les mafieux ont des ressources. Ils l'ont bloqué dans une ruelle, coup de sabre dans le cœur, laissé pour mort. Sauf que le coup était mal placé car le cœur de Wil est un peu plus haut que la normale, du coup, la lame est passée juste en dessous. Aucune artère ou veine principale cisaillée, le principal ! J'me suis saisi d'mon bistouri et j'ai fait mon job. Voila l'histoire en gros. Et depuis c'jour là, on s'voit chaque semaine. Au début, c'était pour surveiller sa blessure mais au fur et à mesure on a bien sympathisé tout les deux. I'm'considère un peu comme un oncle. Tonton Bishop, ça sonne pas mal hein. Il m'a souvent parler de son désir de devenir un grand pirate un de ces jours. Je sais qu'il souhaiterait partir une fois son arme totalement maitrisée mais faut savoir brusquer les choses ! J'espère que l'Capitaine sera pas trop réfractaire à l'idée d'emmener une personne supplémentaire sur le navire. En plus un archer c'est super utile. J'ai pas vu beaucoup de gusse avec arme à distance dans la taverne ! Bon allez, on lui fait une proposition.

"Ecoute un peu, faut absolument qu'j'te raconte c'qui vient d'se passer. C'était incroyable !"

Et j'me mets alors à déballer toute l'histoire : de la sortie des toilettes à maintenant ! Bien évidemment, y'a quelques détails qui se sont perdus en cours de route genre la prise de drogue. J'ai aussi exagéré sur la force de mes adversaires. A m'entendre, ils faisaient tous deux mètres pour cent vingt kilos. J'relate mes exploits tel un conteur. Nolan et Geese sourient à quasi chaque phrase que je prononce et quelques p'tits piques sont lancés. Tout cela dans la joie et la bonne humeur bien entendue. Une fois toute l'histoire révélée, il est temps d'annoncer la nouvelle à Wil.

"Je sais que t'as envie de vivre une terrible aventure alors j'te propose ceci : embarque avec nous trois !!"

Il semble avoir anticipé mes dires. Quand le mot 'proposition' est sorti de ma bouche, j'ai vu un grand sourire s'afficher sur le visage du jeune homme. La réponse est sans équivoque. Même pas besoin de mot, son expression suffit. J'lui dit qu'il faudra quand même voir avec charismatique-man bien que j'pense qu'il s'ra pas contre. Faudra p'tet qu'il prouve qu'il est un bon combattant mais je doute pas de ses capacités. J'l'ai déjà vu à l'entrainement et c't'un rude archer ! Il te chope une pomme à plus de cinquante mètres. Pour le moment, j'pense qu'il s'entraine à tirer à cheval. C'est plus difficile de tirer en étant en mouvement mais il va se perfectionner. En pleine mer, ça sera un peu tendu pour pratiquer son art mais une fois pied à terre, il passera tout son temps pour s'améliorer. J'lui réserve une place de luxe sur le navire, à coté de moi, assistant dans mon labo. L'Capitaine a rien à dire sur ce coup là ! Mah non, s'il m'dit que le gosse passera la serpillière, j'm'écraserai et le pauvre Wil sera qu'un larbin. J'compte pas faire ma loi dans c't'équipage mais j'vais pas m'laisser non plus. Parole de doyen ! Bon c'est pas tout, fini de discuter. Faudrait pas arriver à la bourre sur les docks.

"C'est pas tout mais va falloir s'mettre au travail messieurs. On charge tout dans deux charrettes. Nolan et Geese vous irez direct au port. Wil et moi on passera au magasin pour remplir les stocks et on vous rejoint."

C'est parti ! J'pense qu'il en faudra pour une bonne heure minimum. Pfff, j'en ai d'ja marre de c'déménagement !

Vin de dious ! C'est pas des charrettes qu'i nous faudrait mais un truc pour transporter ma piaule en entier. J'imaginais pas avoir autant de matériel. Des dizaines et des dizaines de cartons avec toute la verrerie du parfait chimiste : pipette, éprouvette, burette, bécher, erlen et j'en passe ; avec des appareils spéciaux : truc pour distiller, pour filtrer, pour chauffer, pour peser ... ; avec des autres tonnes d'accessoires : pissette, pince, spatule. C'est ça la chimie, une ribambelle d'objet nécessaire pour fabriquer toute sorte de médoc. Et encore, j'estime ne pas avoir à disposition la même quantité de matériel que la section scientifique de la Marine. Qu'est-ce que ça doit être là-bas ? Cent mètres carrés d'armoires ? Deux cents ? Mille ? A vrai dire j'en ai aucune idée, tout ce que je sais c'est que ça doit pas être des labos de pd. Toutes les caisses sont prêtes, il faut charger le tout dans deux des trois carrioles. Espérons que tout rentre. Sachant que là, on a fait que le labo. Après faudra passer dans la salle d'auscultation. Même si y'a moins de brol à prendre car ça se résume à une table, la valisette avec les stéthoscope, thermomètre et autre chose, et ... bah j'crois que ça doit être à peu près tout hein. Les médocs sont déjà emballés car j'les stockent dans les armoires de mon labo. Finalement, ça va rentrer !

C'est parti pour des allers-retours maison-charrette. Avec quatre paires de bras ça devrait d'aller vite. C'est pénible les déménagements. Tout foutre dans des cartons, amener ces cartons dans une charrette, faire le trajet, enlever les cartons de la charrette et refoutre tout le bordel dans le nouveau chez-soi. Heureusement qu'on forme une belle bande tout les quat'. Un truc chiant agrémenté de blagues, de p'tits délires bah ça devient tout de suite moins chiant. Et le temps passe beaucoup plus vite. 'Nous a fallu une demi-heure à peine pour tout charger et on a su tout caser, c'est ça qu'est beau ! Bon, y'a pu d'place pour une simple chaise car on a du se creuser un peu les méninges pour bien empiler tout correctement mais le principal, c'est que ça rentre.

"Un p'tit break accompagné de son verre de rhum et on dit adieu à c'te maison les gars."

Nolan, Geese et Wil s'assoient autour d'la table ronde et moi j'pars dans ce qui me sert de cuisine. On ouvre le placard. Deux bouteilles dont une à moitié vide. On empile quatre verres, on choppe les deux bottles à une main et on va rejoindre les trois aut' compères. On dépose les récipients sur la table et on verse l'alcool. On s'assit, chacun prend son verre de rhum de la main droite, on lève tous le bras et on trinque.

"A la mémoire des personnes décédées dans cette taverne."

"A la piraterie !"

"A nous quatre !"

"Aux Saigneurs !"

"SANTE"

Chacun y allant de sa p'tite phrase et de son p'tit à-fond. Après ce repos, de courte durée, certes, il faut s'remettre en route. Je vérifie une dernière fois que tout le matériel a bien été emporté. Tout est OK. Geese et Nolan sont montés sur leur charrette respective et se saisissent des rênes. Je ferme la porte d'entrée, un brin nostalgique tout de même. Pas évident de tout claquer du jour au lendemain comme cela. Si on m'avait dit que je serais un pirate à l'heure actuelle, ben j'aurais bien ri ! Mais voila, le destin frappe toujours au moment où l'on s'attend le moins. J'fais signe à Wil afin qu'il prenne les commandes du fabuleux carrosse. J'l'ai conduit en arrivant, j'peux bien laisser l'gamin s'amuser avec. Je monte dans le véhicule par l'arrière. Un dernier soupir, une dernière pensée, une page se tourne ...

"Adieu l'taudis !!"

Le p'tit Wil conduit le carrosse comme un pro. Faut dire que les chevaux, il commence à les connaitre un tcho peu. Pourquoi ? Ben c'est son entrainement du moment ! Il veut apprendre à tirer sur des cibles en mouvement, en étant lui même en mouvement et le cheval, c't'un bon moyen pour se déplacer. Donc il a appris à monter en selle y'a de ça quelques mois et maintenant il chevauche plutôt pas mal. J'pense qu'on en a encore pour cinq bonnes minutes de route. L'est pas tout près cette boutique hein.

On parle peu sur le temps du trajet. Faut dire que j'lui ai déjà dit tout ce qu'il s'était passé dans c'te taverne donc bon, y'a plus grand chose à rajouter sur le bazar. Va quand même falloir que j'lui touche deux mots concernant ce qu'on va devoir faire. Bin ouep, on est des pirates maintenant alors va falloir jouer les hors-la-loi ! Plus question de payer quoique ce soit, on a tout gratuit ! En fait, j'pense que ce qu'on va faire ça s'appelle du 'vol'. Disons juste que c'est un prêt à long terme, ni plus, ni moins. J'ai quand même un p'tit pincement au cœur. Ca fait plus de cinq ans que j'fais mes emplettes dans cette boutique. Le patron de l'établissement est un vieillard, il mérite pas qu'on lui pique tout son stock mais bon, c'est comme ça. Et puis t'façon j'ai pas de quoi payer donc ... J'explique la marche à suivre : on rentre, j'donne la liste des courses au boss, il va me chercher le matos qu'est dans l'arrière boutique. Pendant c'temps, si y'a des types en train de faire des achats, on les endort avec ma recette spéciale. On ferme la porte et on retourne l'écriteau 'Closed'. J'injecte une dose de sédatif en pleine gorge du vieux et l'affaire est classée. Simple comme bonjour. Plus qu'à espérer que l'endroit soit pas bondé mais généralement, y'a pas foule donc ca devrait passer. Bishop va voler une boutique, vraiment ! Je sais pas si c'est l'extasy qui fait ça ou si c'est un nouveau moi mais je découvre une nouvelle facette de ma personnalité. P'tet que charismatic-boy a déclenché un truc en moi. Wil est lui aussi très enjoué à l'idée de braquer un magasin. Ca m'étonne pas d'lui tiens, voleur dans l'âme le William.

"C'est le bâtiment là-bas sur la droite. Tu vois l'enseigne 'Chez Warren' ?"

"Yes."

Nous voila donc arrivé à destination. On range la charrette sur le coté d'la route et on attache la corde du cheval à un poteau prévu à cet effet. Diling diling, son d'la clochette prévenant que la porte s'ouvre. Rapide état des lieux : le patron derrière son comptoir qui sert une jeune femme. Pour l'instant, c'est nickel. J'fais déjà un tour dans le magasin, me saisit d'une caisse en bois et ramasse un peu tout ce qu'il y a. Bandage, pansement, fiole, bouteille, ... ça me parait bon. Il me semble que j'oublie rien. Pour les produits, faut s'adresser à Warren. J'achète pas les médocs tout fait, j'les fabrique et les substances que j'utilise sont pas accessible dans les rayons. Le voila qui a fini avec la gamine. Elle repart gentiment. Diling diling. Je donne ma liste, longue liste, très longue même.

"C'est le magasin qu'tu veux racheter ou quoi ?"

"Uhuh ! J'ai plus rien chez moi, faut bien remplir les armoires !"

Clin d'oeil amical. 'De fourbe' aurait été plus approprié. Il part dans la pièce de derrière. Je fais signe à Wil de fermer la porte et de mettre le panneau dans le bon sens. Malheureusement, le destin est pas avec nous. Un grand type vient de rentrer au mauvais moment. Damned ! On avait prévu le coup donc on a un plan de secours mais fin bon, un deuxième témoin c'est pas toujours cool. Et non ! J'ai pas prévu de le tuer. Le gars s'avance vers le comptoir. Regard furtif vers le gamin.

"Arghh"

Wil tombe par terre. Je prends un air étonné et m'en vais le 'secourir'. Le gaillard, bien sympathique, va lui aussi aux nouvelles. Il se penche en direction du blessé et commence à lui parler. J'arrive par derrière, seringue en main. Bam ! Pleine gorge plus injection du produit. Etorphine. Très très puissant ce truc. Un ... Deux ... boum. L'armoire à glace tombe à son tour. Deux secondes, c'est l'temps qu'a fallu à l'étor pour agir. J'l'avais dit que c'était pas d'la gnognotte. Heureusement, Wil le rattrape pour éviter de faire trop de bruit. On s'en va le foutre dans un coin d'la boutique et on peut, enfin, fermer l'établissement. Faut se dépêcher maintenant. J'go de suite à coté de la porte de l'arrière boutique. Nouvelle seringue en main, j'attends de pied ferme que le patron débarque. L'est long mais la liste est longue donc c'est normal. La porte s'ouvre

"J't'ai tout mis dans le coin à droite."

Il fait deux pas pour se diriger vers le comptoir. Bis repetita. Un ... Deux ... Fais dodo Warren mon p'tit frère. On essaie de charger les gros cartons au maximum pour éviter de faire trop d'allers-retours. C'est censé être fermé donc si on nous voit sortir/rentrer trop souvent, les gens vont surement se poser des questions. On décroche cette conne de clochette, Wil entrouvre la porte d'entrée, passe la tête, personne pour le moment. On l'ouvre entièrement, la porte, on la bloque avec une cale et on charge tout le brol. Come on come on, pas une seule seconde à perdre. Un mec qui passe, on lui fais signe de la main, ça passe sans soucis. C'est plus un seul gens mais une p'tite troupe qui marche. J'les reconnais, le gang à Yusuke. J'ai pas de soucis avec eux, d'ailleurs j'les ai aidés y'a de ça trois mois donc ils devraient pas chercher la merde. J'évite de croiser leur regard et ils tracent leur route. Ouf.

Ca y est, on a tout mis. On a également pris soin d'embarquer la caisse. Je sais, c'est vilain mais si j'ramène un p'tit butin à bord du bateau, j'passerai pour un vrai truand. Wil est assis dans la charrette, rêne en main. Un dernier truc à faire. Ma conscience me laissera pas dormir sinon. Je prend un papier qui traine dans ma poche et écris simplement Désolé dessus. N'allez pas raconter ça au Capitaine, il va prendre pour un nullard sinon. J'suis obligé de faire ça, histoire qu'on garde pas un si mauvais souvenir du bon vieux doc de Las Camp.

Je ressors. Un homme passe à coté de moi, il porte un uniforme. J'essaie de rester impassible mais mon visage est tellement expressif. On voit tout de suite ce que j'pense dans ma tête. MERDE !! Limite y'est écrit en plein sur mon front que j'viens de faire un truc pas cool. Je retiens la porte pour ce gentil monsieur. Histoire d'effacer les soupçons. Le bonhomme repousse l'accès de la main droite et rentre. Wil se trouve de l'autre coté de la rue. En effet, il a fait demi-tour car on doit repartir par la même route de laquelle on est arrivé. Je veux courir pour gagner du temps mais j'ai également remarquer qu'il est pas tout seul le gusse. Deux uniformes supplémentaires qui attendent sur ma gauche. Je marche droit devant, le cœur qui palpite. Wil a bien vu c'qu'il s'était passer et joue le mec 'serein' lui aussi. Il y arrive mieux que moi en tout cas, ça c'est sur. Me voila au trois-quarts de la distance qui me sépare de la charrette. Tu y es presque Bishop, plus que quelques pas.

"ARRÊTEZ-LES !! Ils viennent de voler ce commerce !"

Damned !

Dès que j'ai entendu le 'A', j'me suis mis à courir comme si ma vie en dépendait. J'ai de suite compris que le soldat avait vu le corps du patron de l'établissement. Et au vu de ce que contient le charriot, on peut, effectivement, supposer qu'il y a eu un vol. Wil a cru bon de donner un coup de rêne au cheval pour que celui-ci prenne un peu d'avance et qu'on puisse ainsi facilement semer les uniformes. C'eût été un bon plan si la personne devant embarquer n'était pas une tortue. J'exagère un peu mais j'suis pas un sprinteur moi. Alors j'vois la carriole qui s'éloigne un p'tit peu. J'donne tout ce que j'ai. C'est pas suffisant. Wil a compris qu'il manque quelqu'un à bord alors il fait ralentir l'étalon. La distance qui me sépare de mon objectif diminue rapidement.

"Arrêtez-vous immédiatement ou je tire !"

Et bien tire car je ne compte pas stopper ma course. J'suis plus qu'à deux pas, encore un effort. Je saute, les deux bras en avant. Et là, Pan ! L'officier a tenu parole et n'a pas hésité une seconde avant de m'abattre. Enfin, il a assez mal visé car la balle me traverse l'épaule droite. Ca pique un peu. Merci la morphine d'atténuer la douleur. J’atterris quand même à l'arrière de la charrette. Ouf. Wil remet le cheval en route et nous voila partis. Les quatre hommes ne perdent pas espoir et nous poursuivent. Dommage pour vous les gars mais on est bien plus rapide. Wil remet un p'tit coup sur les fesses de l'étalon grâce aux cordes et le voici qui accélère quelque peu. On est bien plus rapide. Mouais. Finalement, j'dois vraiment être très nul sur les courtes distances, comme les longues d'ailleurs, car eux, ils tiennent la route. L'entrainement sans doute, le fait que le charriot soit blindé de produits, ce qui augmente grave la charge aussi. Je gueule à Wil de faire un truc, faut pas qu'il nous choppe. Imagine un peu le tableau. De un, je pourrai pas vivre ma vie de nouveau pirate. De deux, on va d'voir faire de la taule et j'ai pas envie de ramasser la savonnette. De trois, j'pense que le capitaine va pas être content, j'suis sûr qu'il m'aime d'jà bien et il risque de mal prendre le fait que je sois pas au rendez-vous. Alors faut s'activer ! Je reste coucher au milieu de toutes les caisses, cartons, etc, car les militaires savent tirer en courant. Fait travailler tes méninges Bishop. J'pourrai bien dire à Wil de les tuer avec son arc et ses flèches mais plusieurs raisons me pousse à abandonner cette idée. Le gamin semble mieux gérer le charriot et le cheval que moi, tuer quatre hommes du gouvernement serait un trop gros crime pour le moment, faut que je reste un peu calme au début.

Trouvé ! Bishop, ta connaissance de la chimie te sauvera une fois de plus. Nitrate de potassium et bicarbonate de sodium ça donne quoi ? Bah ça donne de la fumée. Dense, la fumée. J'murmure, assez fortement quand même car sinon il captera quedal, à Wil de prendre la troisième à droite. On prend la bouteille avec le nitrate, on verse la moitié dans une bouteille vide. On se saisit du bicarbo, on verse une moitié dans la bouteille à moitié vide de nitrate et l'autre moitié dans la bouteille à moitié pleine de nitrate. Qui est quoi ou comment ? On s'en fout. Ca fait donc deux bouteilles avec un mélange 50-50. La réaction se fait et une poudre pâteuse se forme. J'enfonce une p'tite spatule de bois dans chacun des fumigènes maison et j'choppe un briquet qui traine dans ma poche. Que fait donc ce briquet dans une blouse de doc ? Bah j'avais prévu de fumer une clope une fois dans la carriole et j'ai pas pu car ... bah vous voyez bien pourquoi j'espère ! Que le feu soit et le feu fut. On allume les 'mèches'. J'jettes le premier fumigène. Dès que la bouteille touche le sol, le mélange s'étale et la poudre prend feu. Un mur de fumée. J'jette la deuxième, même effet. Wil prend le virage. J'lui dis de tourner encore une fois à droite. Puis après ça sera la prochaine à gauche. Grâce à ses p'tites manœuvres, impossible pour les uniformes de nous retrouver. A moins d'un coup de bol immense. Ouais bah finalement, on va attendre un peu avant de parler. Virage à gauche, cent mètres de ligne droite, virage à gauche, on peut soupirer maintenant. Les battements de cœur ralentissent peu à peu. Wil et moi même se prenons alors une barre de rire. Réaction post-stress ? Maybe.

Quelques minutes plus tard, le port est en vu. Y'a plusieurs bateaux qui sont amarrés mais y'en a qu'un seul qui m'dit un p'tit quelque chose. C'pas un bateau comme les autres. C't'un bateau charismatique, comme le Capitaine. Pas de doute la dessus, c'est dans ce navire que je vais embarquer. Y'a quelques gars qui sont en train de retaper la carcasse. J'aperçois ensuite Nolan et Geese, bouteille à la main, le cul assis sur une caisse, les deux charrettes à leur coté. L'bucheron me fait un signe de la main, j'lui renvoie l'ascenseur. On approche, Wil et moi, et il m'dit que c'est bien ce bateau là. Tonton Bibi est content, très content. J'ai bien envie de déjà prendre mes marques dans le rafiot. Nolan me dit alors qu'on peut charger tout le labo dans une cabine qui sera rien que pour moi. J'l'avais dit que le Capitaine avait flashé sur le Doc. J'pense que j'ai fait une terrible impression dans c'te taverne. T-e-r-r-i-b-l-e ! Mais j'me pose quand même une 'tite question. Comment ils savent que c'est c'bateau, comment ils savent qu'on peut déjà embarquer dedans. Tant de questions desquelles, finalement, je me fous totalement des réponses. On va leur faire confiance. Alors on prend les mêmes et on recommence. Dans l'autre sens. On prend une caisse, deux caisses si y'a moyen, on grimpe sur le pont, on s'immisce dans les cabines, on dépose la cargaison dans une pièce. J'ai la bonne, très bonne idée de déjà tout installé comme il faut. C'est-à-dire, on place déjà les armoires, les tables par-ci par-là et on remplit au fur et à mesure. Ca va permettre de gagner du temps et surtout, j'vais rester sur le bateau et organiser moi-même mon p'tit chez-moi. Tout le boulot de merde revient donc à Wil, Nolan et Geese qui enchainent les allers et retours. Les minutes passent et se ressemblent.

...

"Ahhh, enfin terminé ! Good job les gars. On a le temps d'se reposer vous pensez ?"

"On d'vrait partir demain. Du coup j'me suis dit qu'on pouvait aller au bar pas loin d'ici, car j'vous dois un verre de rhum les coco."

On continue d'parler deux minutes et on bouge. On s'dirige vers le bar. Ce sera probablement le dernier verre de rhum que j'prendrai sur cette île.

Las Camp : Ce sont bientôt nos adieux. Le Monde : J'arrive