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Tenir ou Mourir [ft Jakku]


Tenir ou Mourir


La tension était à son comble dans le fort de la Grue Cendrée. Depuis près de dix heures, trois divisions de troupes impériales rongeaient leur frein sous le commandement de Feng Han et du général Zhang. Situé sur un des promontoires rocheux non loin de Fort Levant, ce point retranché permettait de verrouiller une partie de la baie de Jing et de la Grande Muraille. Et étant donné que la situation entre l’Empire et le Gouvernement Mondial s’était plus que dégradée ces derniers jours, l’Empereur avait jugé bon de « nourrir les garnisons avec un bon renfort d’hommes ». Traduction pour les gueux, la guerre n’allait pas tarder.
En bon officiel de l’Empire avide de gloire, Feng s’était porté volontaire pour représenter le gouverneur Yan sur le front. Aussi avait-il été affecté sur le fort de la Grue Cendrée pour superviser les troupes, débarquant l’avant-veille avec une garnison d’élite de soldats impériaux et assez de poudre pour faire sauter la moitié de l’île. La garnison qui y résidait était un ramassis de feignasses qui prenait généralement l’air en regardant les flots devant eux. Sauf que là, ils allaient devoir se remuer le cul. Remettant en place l’autorité nécessaire à la tenue du fort, le général Zhang avait rapidement établi le périmètre à défendre et affecté des hommes à des positions spécifiques. Il craignait un assaut de la Marine. Le fort était suffisamment résistant pour résister à un bombardement soutenu mais le principal objectif serait de repousser les assauts sur le rivage. En effet, si le Gouvernement Mondial parvenait à prendre pied sur cet ilot, ils pourraient lancer un blocus sur Fort Levant et, pour l’heure, la flotte Chinjao avait d’autres chats à fouetter.

« Commandant Han, vous vous placerez ici avec une trentaine d’hommes. Je veux que vous soyez paré à intervenir avec une charge bien sentie pour appuyer le sergent Ming si besoin.
- Oui général. Je suis en train de faire préparer les chevaux. Les hommes sont prêts.
- Bien. Avons-nous autre chose à prévoir ?
»

La discussion dériva sur d’autres appréciations logistiques que le Han écouta avec attention. Appareillés en armure de combat, les seigneurs de guerre présents autour de la table avaient fière allure et un peintre aurait sans mal pu capter la ferveur qui se dégageait des échanges entre les hommes. Il se serait sans doute amusé des évènements qui suivirent. Au bout d’une dizaine de minutes d’échanges, un messager déboula d’une coursive du fort avec l’air fatigué et le teint cireux. Il avait visiblement couru et Feng reconnut sur son épaulette le ruban bleu désignant les troupes affectées à l’observation du flanc est, leur flanc le plus exposé. Entre deux halètements, le coureur délivra son message.

« Général, ils ont envoyé la 102ème. Navires en vue. »

Un froid glacial envahit la pièce tout aussi simplement que s’ils s’étaient téléportés dans les eaux de North Blue. Le général Zhang, réputé pour ses prouesses martiales, sembla tout de même marquer un temps d’arrêt avant de découvrir un sourire carnassier. Seul Feng semblait avoir perçu le scintillement d’humeur dans le masque de fer du vétéran. D’autres rusés également. Et leurs trognes se refermèrent tout aussi tôt pour se préparer à ce qui allait venir. Feng ne connaissait pas bien les troupes qu’ils allaient potentiellement affronter. La 102ème ne leur était cependant pas inconnue. Il s’agissait de la division qui avait exécuté Gol D. Roger le siècle précédent. Une sorte de faire-valoir des autorités qui l’employait pour des fonctions de représentation. Sur le papier, le niveau de cette troupe était potentiellement moins bon que celui des soldats que l’Empereur avait fait rajouter qui, eux, se coltinaient des joyeusetés de guerre civile et de conflits larvés depuis bien longtemps. Feng ne théorisa pas plus que cela. Il savait juste que quoi qu’il lui en coûterait ce jour, il repousserait l’ennemi. Empoignant sa guandao, il salua d’un signe de tête les officiers restants et se hâta de rejoindre ses hommes situés à environ deux cents mètres de là. Ils étaient tous à dos de cheval et Feng les imita. Son hongre, Oja, était une vieille carne d’une vingtaine d’années qui avait vu sa part de combats. Emmailloté dans une armure carapaçonnée noire, on aurait dit une bête de l’Apocalypse.

Que la Marine vienne. Ils sauraient les recevoir.




Dernière édition par Feng Han le Jeu 13 Juin 2024 - 14:57, édité 1 fois
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- L'amiral vient de nous communiquer nos ordres. Comme prévu, nous sommes chargés de protéger le flanc du débarquement du gros de nos troupes. Il s'agit de garder la baie de Jing libre de toute présence ennemi, et d'empêcher une attaque sur nos lignes logistique et le port provisoire que la brigade scientifique bâtira dés que le débarquement aura réussi. Notre rôle est de s'emparer et de tenir jusqu'à nouvel ordre le fort qui verrouille ce coté de la baie.
- Je crois qu'il s'agit du fort de la grue cendrée Colonel.
- Lieutenant, une journée de suspension de solde pour information non pertinente, de toute façon nous allons le prendre, alors le nom que les locaux lui donnent n'a strictement aucune importance...
Nous procéderons à une manœuvre en deux temps pour un assaut en tenaille par mer et par terre. Nous débarquerons la moitié de nos fusiliers sur les plages a l'est du fort, hors de portée de leurs canons. Ils se déploieront ensuite dans la plaine et ensuite mouvement vers les murailles pour les attaquer pendant que nous procéderons de même depuis la mer. Pris entre deux feux, les défenses du fort devraient être rapidement submergés.

- Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas fortifiés les plages pour nous empêcher d'y débarquer.
- C'est parce que vous n'avez pas saisi la philosophe de notre adversaire. Souvenez vous que nous attaquons des militaires qui s'enorgueillissent de traditions millénaires. Nos adversaires vivent encore au siècle dernier, et dans des valeurs parfaitement dépassées, et je suis prêt à parier qu'ils préfèrent une traditionnelle bataille de plaine qu'une défense de position fortifiée. Dites vous que notre devoir est de leur apprendre la valeur d'une salve de fusiliers ! Allez, vous avez vos ordres, a vos unités !
- OUI COLONEL !

Et moins d'un quart d'heures plus tard, depuis les navires mis en panne et dont les canons pointent sur la plage et la plaine au dela, une nuée de chaloupes remplis d'uniformes rouges s'élance vers les terrres de Kanokuni.
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Tenir ou Mourir


Le silence qui précédait les batailles était toujours assourdissant. Profitant des quelques instants de répit avant le chaos, Feng flatta l’encolure de son destrier. Beaucoup d’hommes et de femmes allaient mourir ce jour à cause de la bêtise du Gouvernement Mondial. S’ils espéraient vaincre l’Empire, ils se trompaient lourdement. Les troupes de la Marine eurent la bonne idée de débarquer sur la pointe Est comme l’avait prévu le général Zhang. L’attaque serait sans doute une tenaille avec de l’artillerie comme ils l’avaient envisagé. Et comme la flotte de la Happou était occupée, l’artillerie donnait un avantage certain aux navires ennemis. Pour autant, les kanokuniens n’étaient pas sans ressources et le fort n’était certainement pas le moins défendu de l’île.
Massés dans une trentaine de positions creusées dans la plaine, les soldats du sergent Ming puisaient dans leurs tripes pour ne pas se faire dessus. Dédiés à la défense initiale de la position Est, ils étaient de loin les plus exposés à l’arrivée des troupes de la 102ème. En plus de cela, la majorité des canons du fort seraient concentrés sur la défense contre le bombardement naval. Feng était donc leur seul salut.

Les troupes de la Marine posèrent pied sur le rivage, tirant leurs chaloupes hors des flots et se mettant en position de marche. Leur formation était impeccable et on y reconnaissait là l’expertise d’un régiment de fusiliers en bonne et due forme. Sans doute furent-ils donc surpris quand ils tombèrent nez à nez avec la première position fortifiée kanokunienne. Enfin, fortifiée était un grand mot. Il s’agissait d’un grand trou surmonté d’un filet lui-même parachevé par des mottes de terre. Toujours est-il que ce premier trou abritait trois individus bien résolus à repousser l’envahisseur et qui déchargèrent un barrage de plomb sur les fusiliers de la Marine sans sommation aucune. Le temps pour les fusiliers de comprendre d’où venaient les tirs, la seconde position reprenait les hostilités de concert avec l’appui de la troisième. Le stratagème était simple, surprendre l’ennemi pour ne pas lui faire prendre conscience de son écrasante supériorité numérique. Mousquets, carabines et pistolets claquaient à intervalles réguliers.

« Abattez-moi cette vermine gouvernementale, tonnait le sergent depuis le parapet derrière lequel il était situé. »

La situation sembla un instant tourner à leur avantage tandis que les fusiliers tombaient un à un. Feng rongeait son frein tandis que le combat s’équilibra au bout de quelques minutes. Le désavantage du nombre avait sans doute été mis à nu. Alors s’enclencha donc la seconde phase de leur plan. De la dizaine de positions retranchées tenues pas des trios bien déterminés s’élevèrent de denses nuages de fumigènes qui nappèrent la plaine d’un rideau blanchâtre. Pour les marines, le moindre fourré se mettait à parler kanokunien. Et s’ils tendaient l’oreille, sans doute entendraient-ils les sabots fouler le sol de la plaine dans un grondement de tonnerre.

En tête de la formation de cavaliers, Feng pénétra dans le nuage fumigène et trancha le premier habit costumé qu’il vit, comme sa troupe derrière lui. Le plan entrait dans sa phase deux. Le massacre de la première troupe de soldats était nécessaire à son bon déroulement. Au plus ils repousseraient d’hommes sur les chaloupes, au plus la prochaine vague d’infanterie serait gênée.



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- Ils avaient des positions fortifiées camouflées Colonel ! Nos vigies ne les avaient pas vu depuis la mer !
- Je constate oui...

Sur la plage maintenant noyée de fumée, les uniformes rouges sont en proie au plus profond désordre, et les troupes montées qu'on voit parfois surgir de la fumée n'augurent rien de bon. Entre les défenses proches de la plage et la fumée, il est clair que les troupes n'ont pas eu le temps de s'organiser assez vite pour offrir un mur de feu efficace au contre assaut subit. Et l'absence du bruit familier du feu dense et nourri de l'infanterie me le confirme sans risque d'erreur. Nous sommes tombés dans un piège, et pour débarquer il nous faut éloigner la menace.

- Faite patienter la seconde vague de chaloupes. Divisez le bombardement sur le fort, que la moitié des navires canonnent la plage. je veux un alignement précis, un tir de batterie sur les premières positions ennemis, puis avançant vers les terres...
- Mais nous allons toucher nos hommes !
- Certes, mais nous toucherons aussi les leurs. Et puis.. L’ennemi est stationné dans des trous non ? Ils n'ont qu'a les prendre pour se mettre à couvert !
- A vos ordres colonel !

Autour de nous les ordres sont transmis par den den, et dans ma longue vue je vois les chaloupes encore en mer arrêter leur avance, pendant que les tourelles autour de moi se réorientent de concert, et tirent. La plage a l'orée de la fumée disparait dans une trombe de fer et de feu, et j'ai la satisfaction de voir le corps d'un cheval lourdement caparaçonné propulsé dans les airs jusqu’à la mer..

Voila qui devrait calmer les ardeurs de nos ennemis..

Les tourelles se haussent et la salve suivante frappe un peu plus loin dans la brume, déplaçant la ligne de feu pour éloigner les ennemis et dégager sur la plage un espace assez grand pour y débarquer et y former des rang capable de repousser une charge.

- Reprenez le débarquement.
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Tenir ou Mourir


Le combat faisait rage dans les épais nuages de fumée et la cavalerie sabrait bon train sur le gros de la troupe de fusiliers. A la tête d’un groupe de trois cavaliers, Feng pourfendait tous les groupes de plus de cinq fusiliers qui essayaient de se mettre en position de tir pour lancer un feu nourri sur leurs positions. La situation était meilleure que prévu et certains hommes commençaient à avoir une mine réjouie, comme si la victoire était proche. Ils ne pouvaient pas avoir plus tort que cela. Après quelques minutes de combat intense, un grand bruit se fit entendre. Avant que le Han ne puisse comprendre ce qui était en train de se produire, une immense explosion frappa quelques mètres sur sa gauche, faisant s’envoler un cheval en armure et disparaître son cavalier dans une projection de chair immonde.

La Marine tirait donc sur ses propres hommes hein ? D’aucuns auraient trouvé cela lâche mais le choix était raisonné. Lors de leur conseil de guerre, les kanokuniens avait prévu cette éventualité et s’en étaient réjouis car ils savaient que c’était aussi la manière de maximiser les pertes chez l’ennemi. Leurs pertes étaient élevées aussi mais de toute façon ils n’avaient aucune autre possibilité. Il fallait tenir ou mourir. Tandis que les navires commençaient à les bombarder, Feng tenta d’appuyer ses hommes à se replier vers la position où tenait farouchement le sergent Ming. Le momentum semblait s'inverser et, pour permettre la suite de leur plan, le Han dut faire quelques sorties pour aller rapatrier des hommes et des cavaliers dans la position fortifiée. C’était la plus grande des vingt-huit positions creusées sur la plaine et de loin la mieux défendue. Aucun soldat n’avait pu y mettre le pied à moins de dix mètres. A la différence de toutes les autres, celle-ci abritait le poste de commandement avancé des troupes et permettait de lancer la phase suivante du plan. Une fois les premières positions tombées, le Han sut qu’il était temps de se replier.

« Sergent Ming, allez-y. Je me charge de couvrir la retraite. »

D’un air entendu, le sergent, un vétéran des récentes guerres, souleva dans le fond du trou une planche de bois qui masquait l’entrée d’un tunnel creusé à la hâte. Il n’était pas bien étoffé et sans doute ne tenait-il pas la comparaison avec ceux du palais impérial mais il avait le mérite de permettre le repli des hommes jusqu’au puits principal du fort. Aboyant quelques instructions à ses hommes pour leur dire d’emprunter cette issue, Feng regarda autour de lui les soldats de la Marine prendre position dans les positions les plus proches unes à une quand, soudain, l’une d’entre elles explosa. L’esprit d’un des kanokuniens avait jugé bon de faire sauter sa réserve de poudre avant de se faire éliminer, emportant sans doute plusieurs soldats de la Marine avec lui. A côté de Feng, deux archers d’élite impériaux abattaient avec une précision méthodique les soldats qui arrivaient en grand nombre vers eux tandis qu’il tirait une caisse de poudre jusqu’à l’entrée du tunnel. Quand le moment fatidique vint et qu’ils surent qu’ils ne pouvaient plus tenir la position, le Han s’engouffra dans le tunnel suivi de près par l’un des deux archers. Ce dernier ne manqua pas d’encocher une flèche, de l’allumer sur une torche et, une fois à bonne distance, de la décocher sur la caisse de poudre noire qui explosa dans un bruit sourd.

Ne laissant pas le temps à leurs acouphènes de se calmer, la troupe en plein repli détala de longues minutes dans le boyau jusqu’à arriver dans une cavité d’où perçait la lumière une trentaine de mètres plus haut. Pendaient de celle-ci une douzaine de cordes qu’ils empoignèrent à bout de bras pour remonter à la surface. La première partie de la bataille avait été meurtrière mais nul doute qu’ils avaient gagné du temps. Assez ? L’avenir le leur dirait.


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- Nos hommes ont repoussés l'ennemi Colonel. Nous tenons la plage !
- Parfait. établissez un rapport des pertes, répartissez les survivants de la première vague dans les compagnies de renforts, et reprenez les opérations, qu'ils avancent sur le fort et se préparent à un assaut en régle pour soutenir celui que nous mènerons depuis la mer.

Dans ma longue vue la fumée du bombardement se dissipe peu à peu, la bas, les uniformes rouges se regroupent en compagnie ordonnée, pendant que des équipes d'infirmiers commencent à trier les morts qui peuvent attendre et les blessés qui doivent repartir au plus vite vers les navires. Oui, la plage est a nous. Mais malgré la gène occasionnée par la fumée, je m'interroge, je n'ai pas l'impression d'avoir vu beaucoup de troupes ennemis se replier vers le château. Et je vois mal des miliciens locaux assurer la tenue jusqu'a la mort d'une position face à une attaque aussi nourrie. Alors quoi ? Est ce qu'on aurait tué tout le monde ?

Autour du navire c'est au tour d'une équipe de canonniers de rejoindre la plage sécurisée. Emportant avec eux quelques canons légers pour soutenir l'assaut sur le fort par la terre, et tenter d'emporter une des portes.

- Laissez un navire au large pour récupérer les blessés, le reste reprend le bombardement du fort. .

Et c'est maintenant vers les tours du fort que je tourne ma longue vue. Les tours et surtout l'épais mur d'enceinte bâti sur une falaise d'une dizaine de mètres qui en renforce encore les défenses; Rien qu'on ne puisse franchir avec de simples échelles, mais la marine ne manque pas de ressources que les locaux ne vont pas tarder à découvrir.

- Ou en sont les sapeurs ?
- Ils embarquent monsieur !
- Passez aux obus fumigènes.

le plan est simple, d'abord noyer les postes de tir du fort dans un nuage de fumée assez dense pour qu'ils ne puissent viser que l'éclair des canons des cuirassés, et sous ce couvert, envoyer au pied de la falaise une forte équipe de sapeurs, dont le rôle sera de miner toute la base de la murale donnant sur la mer. Faisant sauter le tout pour transformer un a pic et une muraille en un éboulis accessible à un assaut.
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Tenir ou Mourir


Le vent commençait doucement à se lever sur le fort de la Grue Cendrée et portait au loin les bruits tonnant des canons. Malgré leur repli tactique et les précieuses minutes de combat gagnées, les soldats impériaux continuaient à se faire damer le pion par la 102ème division de la Marine d'élite, les laissant désormais poser le pied sur les abords de l'ilot. Cantonnés à l'intérieur d'une tente à l'abri des tirs, les soldats d'élite de l'Empire sous les ordres de Feng pansaient leurs blessures tandis que des troupes plus fraiches couvraient de plomb la piétaille en approche. La position semblait tenir bon malgré l'afflux de soldats de la Marine en chemin. Bandant son bras légèrement entaillé par une balle dans la mêlée, Feng grommela sous le regard dur de sa troupe. Les hommes étaient nerveux et attendaient les ordres. Ils savaient que leur poste était celui de roue de secours et cela ne pouvait que les agacer. En effet, il s'agissait de la fameuse division des "Chargeurs d'Obsidienne", réputée pour sa capacité à ne jamais lâcher et aller au devant de l'ennemi peu importe le péril. D'habitude, tous ses membres étaient affectés à des missions quasiment suicides, allant au devant des armées ennemies et taillant loin dans les rangs comme avant-garde. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Ils devaient servir de roue de secours aujourd'hui. Un poste ingrat car il fallait préserver leur force, bien plus élevée que celle de la division lambda, pour servir là où c'était nécessaire de toute urgence. Ils sauvaient le bateau en train de couler en somme.

Malgré les circonstances graves, les regards des uns et des autres restaient durs et fiers. Ils iraient jusqu'au bout du chemin. Peut-être pas au bout de la journée pour autant. Il émanait donc de ces soldats de métier pour la plupart vétérans de nombreuses batailles une forme de sérénité au cœur même du chaos qui se déroulait autour d'eux. Jusqu'à ce que cela dégénère une nouvelle fois bien entendu.

« Obus fumigènes, ils nous couvrent de grisaille, tonna un homme depuis le rempart derrière lequel ils s'abritaient. »

L'intensité du bombardement de la Marine changea tandis que des remparts commençait à émaner une épaisse fumée. Sans doute cela avait-il pour but de permettre le débarquement plus sûr des troupes ? Le Han n'en était pas certain. Au vu de la propension à se foutre des pertes de ses propres troupes, le commandant d'en-face devait avoir autre chose en tête. Ce n'était pas de son ressort cela dit. Il n'était ici qu'en tant que renfort impérial. Le général Zhang commandait la place. Il prendrait donc les mesures qui s'imposent pour ne pas être surpris. A moins que... Feng vit arriver vers lui le général, sabre au clair.

« Commandant Han, préparez vos hommes. Vous vous doutez bien de ce qui va se passer non ? »

Malheureusement pour lui, il en avait en effet une petite idée. Soit la Marine allait escalader le rempart soit... Un fracas tonitruant lui parvint du rempart de l'autre côté du fort. Bordel, mais combien de poudre avaient-ils à bord de leurs foutus navires ? Un pan entier de rempart venait de s'effondrer sur lui-même pour aller choir plus bas dans la falaise. Le général semblait vert de colère mais il n'avait sans doute pas pu se résoudre à abandonner les murs des remparts. Il avait donc du les dégarnir certes mais pas assez pour que la perte soit minime. Et il ne fallait pas être devin pour deviner que le rempart ressemblait désormais à une grosse colline d'éboulis qui pouvait être gravie. Difficilement sans doute mais possiblement franchissable signifiait danger pour les soldats du fort. D'un air entendu, Feng expectora puis cracha. Foutu gouvernement mondial. Rien n'était trop cher à leurs yeux hein ?

« Chargeurs d'Obsidienne, hurla Feng. Je ne vais pas vous faire un dessin. Cet éboulis ne doit pas céder. Alors avec moi, il va falloir tenir ou mourir en essayant ! HOURRA ! »

D'un trot décidé, la division se déplaça dans un fier cliquètement d'acier jusqu'au sommet de l'éboulis. La Marine pouvait encore venir, l'Empire ne plierait pas.


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- Les sapeurs ont réussis Colonel !
- Parfait. Envoyez les troupes !

Au bord de mer pas de traces des courageux sapeurs responsable de l'explosion... Le nuage de fumée qui s'élève de la sape qui vient d'exploser est encore dense, mais pas au point de louper l'essentiel, les sapeurs ont réussi leur œuvre, et mis par terre tout le pan de muraille face à la flotte. Et a la place d'une falaise surmonté d'une fortification, nous n'avons plus a gravir qu'un éboulis de roches et de briques en pente douce. Un assaut qui promet d'être difficile et probablement couteux, mais qui a l'avantage d'être au moins réalisable la ou l'attaque n'était que suicidaire et absurde.

Et alors qu'on relaie mes ordres, face à la bande de terre choisie pour l'assaut, les rames des chaloupes se mettent à battre la mer aussi vite que possible pour atteindre la terre, et tenter de monter aussi vite que possible avant que l'ennemi ne revienne se positionner en défense au sommet.

- Une prime et dix jours permission à Marijoa pour la première escouade qui atteindra le sommet.

Une promesse motivante et qui ne devrait pas engager grand monde, contrairement aux médailles, on n'offre guère de permissions à titre posthume.

Les canons des tourelles montent leur hausse pour se mettre a bombarder la cour, ou en tout cas s'assurer de maintenir le feu tout en s’assurant de ne pas perdre un obus dans nos troupes. Au pied de l'éboulis, le premier homme a se jeter à terre drapeau brandi encaisse immédiatement une balle qui l'envoie au sol pendant qu'un second rattrape le drapeau et meurt aussi sec. L'ennemi s'est repris et réagit une fois de plus bien plus vite qu'attendu de la part de simples miliciens. Les troupes la haut sont aguerris, coriaces, ou menés par des généraux tout à fait impressionnant..

- Mon sabre. Je vais mener les hommes moi même. Une fois que j'aurais éliminé celui qui les dirige leur moral s'effondrera.

Je ne suis généralement pas favorable au commandement par l'exemple, mais il reste parfois nécessaire pour s'assurer que les hommes redoutent plus la défaite que l'ennemi.
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L'immense éboulis de muraille et de pierre promettait à la Marine un véritable bain de sang. Tandis que les premières chaloupes rencontraient le sable et la boue des berges maculées de sang et de poudre, Feng et ses hommes se mirent en position. Leurs mains étaient chargées d'armes et leurs mines fières. Un à un, ils abattirent les soldats débarqués sur la première vague de chaloupe de volées bien senties de fusils. La distance était de plus de cinquante mètres mais pas un Chargeur ne rata son tir. Si les volées suivantes furent moins impressionnantes, elles assurèrent cependant la mort ou la chute de plus des trois-quarts des soldats qui posèrent le pied à terre.

Au bout de quelques minutes néanmoins, assez d'hommes avaient posé pied à terre pour leur offrir une riposte poussive mais efficace. Le combat se déséquilibrait à vue d'oeil sur cette partie car une masse grossissante de soldats arrivait sur la prochaine vague de chaloupes. Un mauvais pressentiment s'empara de Feng quand il aperçut de l'oeil un costume différent de celui des troufions de la 102ème s'embarquer dans une chaloupe. Cela dit, il n'eut pas le temps de voir la suite car une vague d'individus en arme fondait sur eux au pas de course. Saisissant son jian d'une poigne ferme, Feng se prépara à l'impact, niché derrière un gros rocher.

« Longue vie à l'Empire, dit calmement Feng. Puisse la Voie être révélée à ses serviteurs comme à ses ennemis. »

La tête du premier homme qui s'approcha du rocher de Feng accueillit son sabre dans un crissement sec. A sa gauche et à sa droite, la première ligne de chargeur d'obsidienne para et tua dans un cri martial caractéristique des divisions d'élite. Ils ne cèderaient qu'en mourant tous. Déviant un coup de sabre vicieux, Feng attrapa un poignet et, en le tranchant d'un mouvement sec du bras, sortit de derrière son rocher, animé d'une colère sourde. Oser s'en prendre à son île, à son pays, à sa culture. Cela le mettait hors de lui. Toute cette colère, cette fureur contenue s'empara de lui graduellement tandis que les cinq adversaires qui se présentaient à lui dans une formation propre à la Marine tombèrent au sol dans une flaque de leur propre sang. La vision du Han se réduisit et il sombra alors dans une transe meurtrière comme rarement il en avait vécu. Ses mains allaient et venaient en direction de ses ennemis au même rythme que ses habits se maculaient d'un rouge carmin. Tout le bruit autour de lui sembla s'étouffer comme dans du coton malgré ses cris de rage et les coups de canon qui pleuvaient au-dessus d'eux. Pourtant, malgré l'énergie qui animait tous les kanokuniens en train de défendre cette île, le malheur s'abattit sur eux. Jakku Kattar qu'il s'appelait. En moins de cinq minutes, le dirigeant de la 102ème enfonça leur ligne à plus de dix mètres de l'endroit où se trouvait Feng.

Son but était de s'occuper de la tête dirigeante du fort. Le général Zhang. Aussi le rencontra-t-il avec une vitesse surprenante et, au bout d'une dizaine de minutes de combat, alors que l'épaule de Feng rencontrait la pointe d'une lance sournoisement venue de son dos, les vivats des rares kanokuniens encore en vie le ramenèrent à la raison.

- Le général est tombé ! Le général est tombé !

Genou à terre, Feng s'empara rageusement de la longe de bois qui lui donnait une allure de brochette et la cassa d'un coup de paume après l'avoir bloquée avec son bras blessé. Son monde allait-il s'écrouler ainsi ? Leur résistance avait-elle été vaine ? Le Han manqua de s'évanouir en y croyant mais un homme certainement plus éveillé que le reste des guerriers en présence hurla. Moins de dix mots. Dix petits mots mais qui firent rapidement toute la différence.

- A L'EST, REGARDEZ ! LE PAVILLON AU PHENIX DE SINOPLE ! LA FLOTTE ARRIVE ! HOURRA !


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Le débarquement s'avère couteux en hommes, mais dans l'enlèvement d'une place forte bien défendue par des ennemis qu'on ne peut corrompre, on ne peut choisir que d'être rapide ou d'épargner les hommes, pas les deux à la fois. Et si les hommes du rang se remplacent facilement, le temps perdu jamais.

Je débarque a mon tour au pied du remblai ou le sacrifice héroïque des premières vagues a su dégager une zone de débarquement décente, suffisante en tout cas pour que les officiers aient réussi a rétablir la discipline qui fait la force de la 102eme, et organisent une ligne de feu meurtrière qui rend coup pour coup au tir des défenseurs, et qui prend lentement l'avantage. Chaque homme qui tombe est immédiatement remplacé par un autre, et les rang serrés de la 102eme ne font que grossir pendant que ceux d'en face diminuent, et que les uniformes rouge entreprennent de gravir pas à pas l'éboulis qui nous mènera enfin au cœur du fort.

- Baïonnettes au canon !

Couvert par le tir des rang arrières, les hommes des premier rang s'accroupissent le temps de fixer les baïonnettes qui font de leurs fusils des armes de combat bien plus efficace que des sabres, en tout cas dans ce genre d'affrontement serré, ou aucun des groupes ne peut vraiment esquiver ou d'ployer de trop grand talents individuels, et ou l'allonge et l'inertie sont bien plus important pour triompher.

- CHARGEZ !
- POUR UNE DENT, TOUTE LA GUEULE !

Mes galons attirent leur lot de tirs, et mes garde du corps entreprennent de mourir avec panache pour m'éviter d'avoir à utiliser mon haki de l'armement. Un hurlement guerrier parcourt les troupes qui se ruent à l'assaut, et la haut sur la crête de l'éboulis, les défenseurs sont sauvagement bousculés par la magnifique bravoure suicidaire des soldats de la 102eme. Et en quelques instants d'un superbe carnage, le combat se décale dans la cour, ou les ilots les mieux dirigés de l'adversaire luttent pour ne pas se faire submerger, pendant que ceux qui n'ont pas su tenir sont massacrés pendant leur leur fuite.

C'est le moment d'entrer en jeu. D'un geste j'indique le groupe ou se dresse la bannière de celui qui doit être le commandant du fort, et mes gardes du corps s'empressent de me faire dégager la route vers la formation ennemie, une formation archaïque équipées de boucliers ronds et de sabres, et qui s'est refermé comme une tortue pour se protéger de l'attaque. Une bonne façon de contrer les baïonnettes, mais qui est tout a fait vulnérable aux tirs...

- Chien gouvernemental ! Je te défie !
- Défi accepté. Viens faire voir a tes hommes comment tu meurs !

Le mur de bouclier s'ouvre sur un homme en armure laquée qui se rue sur moi pendant que les hommes autour de nous s'écartent pour nous laisser du champ. Sous son casque a cimier l'officier à le regard dur et décidé de ceux qui ont fait leur dernier choix. Et pour cause, il ne fait que gagner du temps... En quelques coups nous prenons la mesure de l'autre, et l'espoir provoqué par le défi héroïque de leur commandant s'éteint chez les gardiens du fort. Sous la puissance de mon haki, l'arme du général se brise, mes coups le projettent au sol, martèlent son bouclier que je réduis à la portion congrue, savourant chaque instant, tranchant son cimier, lacérant son casque en lui balafrant le visage, faisant durer le plaisir jusqu'a ce qu'il ne lui reste plus assez de protections pour cacher sa haine et sa peur... Un homme lui jette une épée, et au moment ou il s'en saisit ma lame lui tranche net le poignet, le laissant s'effondrer au sol et se tortiller pour s'éloigner de moi, pour rester en vie une seconde de plus..

Mais la 102eme ne fait pas de quartier.

A mes cotés un de mes officiers me tend soudain un den den...

- Colonel ! L'amiral !
- Que dit'il ?
- Nous devons nous porter en mer pour contrer la flotte !
- Quelle flotte ?
- Celle de Fort Levant ! Ils vont prendre nos troupes à revers !

Au large se profile la ruine du plan de l'amiral. A moins évidemment que la seule unité disponible ne se jette en travers de la route de cette maudite flotte que personne n'avait trouvé dans le coin. Et bien sur, il n'y a que la 102eme en lice.

- Quelle pitié. Une heure de plus et nous étions en train d'installer les têtes de tous ceux la sur leurs murs...
- Quels sont vos ordres colonel ?
- On se replie vers les navires. Que les grenadiers couvrent le départ !
- Repli aux chaloupes !

A mes pieds des soldats ennemis viennent de se saisir du générale sanguinolent pour le trainer a nouveau sous la protection du mur de bouclier, et se replient vers les bastions du fort encore debout.

Au moins nous avons neutralisé les canons.

- Je rejoins le navire. Que la flotte se prépare a un combat naval !

Quand ce sera fini des têtes vont tomber. Un fiasco de renseignement pareil doit se payer !
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Tenir ou Mourir


L'énorme charivari causé par l'arrivée d'une partie de la flotte de la Happou Navy venait de forcer l'immonde 102ème à prendre la mer. Parmi les gravats, les nuages de poussière et les cadavres, Feng Han venait de survivre. Malgré l'opposition féroce de la 102ème et leur soutien naval dévastateur, ils avaient tenu. Et n'étaient pas morts. Pas tous en tout cas. La clameur montait dans les rangs des survivants, trop heureux d'être encore debout. Pas parmi les Chargeurs d'Obsidienne. Ceux-ci étaient en train de lécher leurs blessures comme les vieux vétérans qu'ils étaient. Ils n'étaient plus beaucoup bien sur. Mais parmi les survivants du fort qui appartenaient à la régulière, certains seraient sans doute assez impressionnés par ces soldats d'élite pour tenter de les rejoindre. C'était comme ça qu'ils recrutaient d'ailleurs, parmi les vétérans de leurs propres batailles.

Certains d'entre eux vinrent proposer à Feng une rasade d'alcool qu'il refusa prestement. Le regard de certains vétérans se porta pour lui et l'un d'entre eux hocha la tête. Il venait de gagner le respect de bon nombre de ses hommes avec ce qu'il venait de faire. Maculé de sang, son plastron était totalement massacré par endroits et on put presque l'entendre soulager de soupir quand le Han le laissa choir par terre. Inspectant rapidement ses plaies, il conclut rapidement qu'aucune d'entre elles ne nécessitait de traitement immédiat et il se rendit auprès du général Zhang.

Arrivé dans la tente de commandement où ses plus fidèles soldats l'avaient emmené, il put se positionner à son chevet. L'homme avait littéralement été massacré. Une entaille profonde avait transformé son visage en mare de sang et, couvert d'un suaire déjà repeint en rouge, il ressemblait plus à un mort qu'à un vivant. Le coeur serré, le Han ne put s'empêcher de penser au fait que l'Empire risquait de perdre dans les heures voire les jours qui suivaient un de ses plus fidèles serviteurs. Derrière lui, une longue ligne de soldats se tenait droite, poing fermé sur le thorax, et marquait son respect au général blessé. Ce fort disparaitrait peut-être un jour mais le général Zhang venait d'entre dans l'esprit de tous les témoins de cette bataille. De nombreuses prières gravées sur des étoffes de soldats morts étaient en train de brûler en son nom. Très bien. S'écartant de la foule de soldats en plein recueillement, Feng se glissa dans la seconde pièce de la tente, autour de la grande table de commandement. Une demi-douzaine d'officiers et de sous-officiers étaient encore là, en train de discuter silencieusement. Quand Feng entra, il fut reçu par la vive accolade d'un colonel dénommé Weng. Il ne se perdit pour autant pas en effusions affectives et rentra dans le vif du sujet quand il vit la mine fatiguée des hommes et femmes dans la pièce.

« Avons-nous reçu d'autres ordres de la capitale ? »

Feng n'avait pas de temps à perdre en palabres. Il était ici pour repousser l'ennemi. Quel qu'il soit. Il pleurerait les morts une fois la guerre finie.


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