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De chaire et d'os

Le ventre noué depuis des jours, Ada appréhendait ce moment. Droite sur le pas de la porte de la maison familiale, elle allait revoir sa mère pour la première fois depuis le décès de son père. Et si la rancune l’avait rempli pendant longtemps, elle ne s’attendait pas à ce que le bois sombre et la poignée en étain lui apporte autant de tristesse. Dans une grande inspiration, elle ouvrit la porte pour tomber sur un hall lumineux. La pierre claire qui habillait le sol, les murs et le plafond faisait contraste avec l’état d’esprit général des lieux. Rien n’était à la fête depuis longtemps ici. La famille Kindachi avait échappé aux horreurs de la révolution de Goa et le poste de Tetsuda avait toujours protégé leur rang de noble et leur habitation dans la ville haute de la cité. C’était lui qui avait construit tout ce que la famille possédait. Son départ ne pouvait que leur porter préjudice.

Ada avançait en suivant les murmures. Des gens échangeaient dans un nombreux salons inutiles mais que sa mère appréciait décorer pendant son temps libre. Et à chaque fois que la jeune fille rentrait à la maison après des mois d’absence et que sa génitrice lui présentait une nouvelle pièce habillée de fleurs et des coussins colorés, Ada ne pouvait s'empêcher d’envier cette vie simple, tranquille et surement rempli d’un ennuie qui était depuis longtemps un luxe que l’agent ne pouvait pas se permettre. Et si elle pensait cela, les paroles excitées de sa mère, lui demandant comment s'étaient passées ses dernières missions, lui laissaient penser que cette dernière devait tout de même être bien triste de passer son temps seule dans cette immense maison. Et la réponse automatique d’Ada ne devait jamais la contenter : “Je ne peux pas t’en parler.” Car non, jamais on ne donnait d'informations sur une mission. Même à ses proches.

Arrivant à une pièce cosy, mitoyenne à la salle à manger, Ada entra silencieusement en laissant finir les deux personnes présentes.

- “Je n’en peux plus ! Ces stupides roturiers laissent leur sale clebs hurler à la mort dans leur jardin et uriner sur mes rosiers ! Deux de mes pieds sont morts il y a peu, je suis sûr que cela en découle !”

Le calme légendaire de Lady Kindachi semblait bien entamé. Une tension palpable flottait dans l’air pendant qu’Ada s’épaulait à l’encadrure de l’arche donnant accès à la pièce. Devant la maîtresse des lieux, un homme ganté et au visage taché de terre se confondait en excuse.

- “Je sais bien que ce n’est pas de votre faute Rodrigue.” Finissait par ajouter la mère devant la pitié que lui infligeait son jardinier.

Après une dernière courbette s’ajoutant aux nouvelles excuses, l’homme quittait la pièce, la tête basse, en passant à côté de Ada. La fuite de l’homme détourna l’attention de la mère qui vit alors sa fille l’attendre calmement. La colère et la frustration sur son visage fut rapidement chassé par un sourire triste. Elle se rapprocha de son enfant, les mains vers l’avant pour venir saisir le visage de sa fille. Si l’intention était simplement de l’embrasser, ce réflexe de mère ne plu pas à l’agent du cipher pol qui se reculé d’un pas pour ne pas que les mains de sa maternelle ne se pose sur son masque noir. Elle avait quitté la combinaison épaisse et sombre pour s’affubler de vétement plus classique et avait relégué son masque à gaz pour un simple masque en tissus noir. Pour retourner à Goa, elle voulait éviter d’attirer l’attention avec une tenue trop extravagante.

- “Bonjour mère.” Dit doucement Ada.
- “Comment tu vas ma chérie ? Tu as fait un bon voyage ?”

Les mains de sa mère vinrent saisir celle de son enfant. Elle était rapidement passé à autre chose lorsque Ada avait évité le contact avec son visage. Elles avaient échangé des lettres bien avant l’arrivée de l’agent et cette dernière était donc attendue par la maîtresse des lieux. Un silence suivit un échange de regard aussi tendre que triste. Elles savaient tous les deux pourquoi Ada était rentrée à la maison.

- “Où l’on-t’il enterré ?”
- “La marine lui a construit un mémorial dans lequel repose sa tombe sur une place non loin. Je peux t’y accompagner demain. Seule la famille et les hautes instances du gouvernement ont le droit d'y entrer.”
- “On y va maintenant.”


Ada lâcha les mains de sa mère. Son ton strict suffisait à se faire obéir, même de sa génitrice. Elle savait pertinemment qu’avec le décès de son père, c’était à elle de reprendre les reines de la famille et de continuer de faire prospérer le nom des Kindachi. Une tâche ardue mais qu’elle n’avait plus de choix d’accomplir maintenant.
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Arrivant sur la place, les circonstances auraient sûrement voulu que le ciel s'assombrit et qu’une pluie froide et automnale s’abatte sur le duo mère fille. Pourtant, elles n’étaient accueillies que par un soleil chaud et lumineux, sans aucun nuage pour bloquer ses rayons. Relevant la tête, Ada fit face à l’immense structure de roche lisse et polie du mémorial. Une vingtaine de marches menait à un promontoire où se tenait le bâtiment. Uniquement de pierre taillée par des grands artisans, de nombreuses statues en faisaient le tour, retraçant les plus grands combats et exploits de l’amiral. Tout cela n’était que de la poudre au yeux pour le peuple mais il ne faisait jamais de mal d'embellir les actions des morts. Ces affrontements étaient tournés en victoire héroïque alors que le plus petit connaisseur de l’amiral savait que ses batailles étaient bien souvent sanglantes et meurtrières. Une histoire bien moins alléchante à raconter au peuple. Pourtant, Ada aimait beaucoup la structure. Elle souhaitait que les gens gardent en mémoire les exploits héroïques de son père et non son caractère intolérant et colérique. De nombreux bouquets couvraient encore les contours du mémorial. Des fleurs fraîches, les gens continuaient d’en apporter alors que l’enterrement avait eu lieu il eut plus d’un mois ? Ou bien cela était une illusion du gouvernement pour essayer de convaincre qu’il s’agissait d’un amiral aimé et apprécié du peuple ? Ada s’en moquait. Ces fleurs étaient belles. Simplement belles.

Montant les marches en soutenant le bras de sa mère pour l’aider dans cet exercice, elles se présentèrent devant une imposante porte de pierre décorée d’une ancre. Deux marines gardant l’entrée s’avancèrent pour les arrêter. Ada se faisait méfiante alors que l’un des deux, scrutant le visage des deux femmes, stoppait son camarade en lui disant :

- “Attend, il s’agit de Lady Kindachi.” Puis il se tourna vers la mère pour la saluer respectueusement.
- “Je viens avec ma fille. Nous souhaitons nous recueillir sur la tombe de mon défunt marie.”
- “Bien madame.”


Puis d’un signe de main, le marine qui l’avait reconnu les invitait à entrer alors que son camarade poussait avec difficulté la lourde porte de pierre, dégageant le passage. À l'intérieur, un escalier descendant vers un cercle de sable et de terre. Des braseros étaient disposés tout autour, éclairant l’endroit d’une lumière réconfortante. Les marines refermèrent la porte, laissant les femmes dans l'intimité du mémorial. Au centre de ce cercle se trouvait un tombeau de roche. En s’approchant doucement, Ada laissa ses doigts sur le couvercle de roche épais. Malgré le lieu où il était entreposé, il n’y avait aucune poussière, aucun grain de sable. La surprise de la jeune fille fut perceptible par sa mère car elle prit les devant pour lui annoncer :

- “Je viens ici tous les jours.”

Un silence suivit ses paroles. Ada ne répondit pas et continua de faire le tour de la tombe. Elle en inspectait chaque aspect. Elle était sobre, bien plus que l’extérieur du lieu. Elle était faite pour ses proches, pas pour diffuser une quelconque image du gouvernement. Elle était parfaite.

- “Je n’arrive pas à m’y faire. Chaque jour, quand la porte s’ouvre, j’y accoure pensant que c’est lui qui rentre enfin à la maison. La désillusion est toujours aussi grande, peu importe le temps qui passe.”

Une fois encore, Ada ne répond pas. Elle n’aime pas exprimer ses sentiments, ni ses émotions. Même à sa mère. Tetsuda n’aurait pas aimé la voir pleurer. Alors elle contenait les larmes avec force.

- “Je sais qu’il te manque à toi aussi.”

Ada relevait la tête pour croiser le regard larmoyant de sa mère. Non, elle ne devait pas pleurer. Pourtant son cœur se serait plus fort alors que sa génitrice s’approchait pour la serrer dans ses bras.

- “Je sais qu’il n’a pas été le plus facile, ni démonstratif des pères.”

Non, elle ne devait pas pleurer. Elle était forte.

- “Qu’il ne pourra plus te guider. Mais tu es aussi forte que lui maintenant.”

Ada tressaillait. La tristesse et les larmes se faisaient de plus en plus durs à contenir. Dans des frissons, elle serrait sa mère contre elle plus fort encore.

- “Il était fière de toi Ada.”

Les larmes commençaient à couler, traçant des sillons sur sa peau et imbibant le tissu couvrant sa bouche. Des reniflements la trahir rapidement alors que sa mère se reculait légèrement pour baisser son masque et dévoiler les cicatrices de l’agent du cipher pol.

- “Il vous aimait, toi et ton frère. Même s’il n’a jamais réussi à te le prouver.”

Facile à dire et si dure à prouver maintenant. Mais Ada se raccrochait à cette pensée bien plus qu’à ses souvenirs. Tetsuda était un homme dur et intransigeant mais comme tous les pères il devait aimer ses enfants. Sa mère essayait d’essuyer en vain les flots qui coulaient des yeux de l’agent. Sa sensibilité et sa vulnérabilité actuelle, elle ne pouvait les cacher aux yeux de sa génitrice. Alors Ada enfonça son visage entre les vêtements de sa mère, la serrant encore plus fort contre elle alors que ses pleures se transformaient en crie de rage et de haine.

- "Je le tuerai mère ! Armada prendra feu pour père !"

Et sans chercher à calmer son enfant, la femme posait une main sur l'arrière de la tête d'Ada en la serrant un peu plus fort contre elle.
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Deux heures s'étaient écoulés avant que le duo mère fille ne sortent du mémorial. Après avoir toqué contre la porte de pierre et demandé à sortir, les marines gardant l'entrée finirent par leur ouvrir l'accès. Après s'être calmé, l'agent du Cp s'était posé pour méditer. Être au près de son père l'avait toujours aidé à voir plus claire sur les objectifs qu'elle devait avoir. Charcuter du révolutionnaire, brûler du pirate, massacrer des familles de criminel en empoisonnant leur eau. Hommes, femmes et enfants. Que de sage décision prise en la présence de son père. Alors au près du tombeau, Ada avait pris le temps de réfléchir à après. Après qui était au final maintenant. Que devait-elle faire ? Car souhaiter la mort de quelqu'un ne menait pas à son décès et s'attaquer à Armada serait bien plus dur que de lancer un Buster Call sur Aeden.

- "Viens, on rentre."

Saisissant le bras de sa fille, Lady Kindachi la guidait jusqu'à leur demeure. Lorsqu'elles entrèrent l'une à la suite de l'autre, Ada ne pouvait que constater que l'endroit était devenu triste et presque lugubre. Il était étrange comme la mort d'un être pouvait tant changer une impression sur un lieu. Rejoignant le grand salon, Ada regardait sa mère se laisser tomber dans un des sofas. Elle était épuisé de sa journée. Le deuil était bien lourd, même quand il s'agissait d'un homme aussi froid que Tetsuda.

- "Ton frère m'a fait parvenir des lettres. Il m'a dit que vous n'aviez pas l'intention de vous rendre à la célébration en l'honneur du nouvel amiral."

Ada ne répondait pas. C'était bien le cas, mais comment devait-elle l'exprimer ? Ce vautour de Fenyang avait attendu sagement la mort d'un amiral pour venir faire son nid à sa place. Et c'était tombé sur son père. Alors elle ne pouvait cautionner. Engagé dans une guerre d'égo, elle fuyait la cérémonie car elle ne souhaitait pas laisser penser que la famille Kindachi approuvé le nouvel amiral. Il était trop tôt. Et il le serait surement toujours pour elle. Cependant, elle ne cachait pas sa surprise devant la réaction de son frère. Ses yeux se faisaient plus rond, sa curiosité était piqué. Lui qui aspirait pourtant à progresser au sein de la marine comme leur père avant lui était près à passer à côté d'une tel occasion pour se faire bien voir de l'état major ? Curieux. Il devait avoir une idée en tête.

- "Il m'a parlé de Armada. Il m'a dit que c'est à ça que tu t'attaquerais en premier."

Toujours aucune réponse d'Ada. Elle se mit à plisser des yeux, méfiante. Elle n'arrivait pas à savoir où sa mère voulait en venir. Si de nature elle n'était pas bavarde, elle l'était d'autant moins quand il s'agissait de discuter d'un objectif potentiellement mortel. Car loin d'être ignorante, Ada savait pertinemment que s'en prendre à cette base pirate représentait un terrible danger. Elle devait se préparer mais surtout, il lui fallait le soutient du Cipher Pol pour cette mission. Et cela, elle devait le gagner. En plus d'une foutue vive card.

- "Bien. Si tu souhaites rien me dire reste au moins reste un jour ou deux. Ca fait longtemps que je n'ai pas passé du temps avec ma fille."

Ca s'était vrai. Ada revenait si peu à la maison qu'elle n'avait surement jamais vu certaines pièces. La nuit était tombée et il aurait été raisonnable de rester dormir ici cette nuit. D'un geste de tête, Ada acquiesçait à la demande de sa mère. Puis des hurlements canins s'élevèrent dans l'obscurité de l'extérieur, attirant l'attention de l'agent du Cipher Pol.

- "Ce foutue chien ne me laissera donc jamais en paix." Dit-elle en se tenant le crâne. "Dolores !"
- "Oui madame ?" Fit une servante en entrant dans le salon avant de saluer la maîtresse des lieux puis sa fille.
- "Guidez ma fille à sa chambre."
- "Bien madame."


Puis d'un regard adressé à Ada, cet dernière comprit qu'elle devait suivre la servante. Elle monta alors à l'étage avant d'être guidé à une des nombreuses chambres de la maison. Était-ce vraiment la sienne ? Elle n'en avait aucun souvenir. Dolores ouvrit la porte pour dévoiler à Ada une pièce bien rangé et apprêté pour la recevoir. Sa venue était attendue alors il n'était pas bien surprenant de voir que sa mère avait pris les devants pour l'accueillir. La servante ne bougea pas avant de recevoir un regard méfiant de la jeune femme qui lui indiqua qu'il était temps de la laisser. S'éclipsant alors, elle laissait Ada dans cette pièce propre mais impersonnelle alors que les hurlements de l'animal voisin continuait de couper le silence de la nuit. L'agente se rapprocha de la fenêtre, l'ouvrit puis sauta pour atterrir deux mètres plus bas, l'impact de la chute amortie lourdement par le squelette entrainé d'Ada. Non, elle n'était pas prête à perdre plus de temps. Elle devait se mettre en route maintenant pour trouver une vive card d'Armada, son laissé passé pour entamer la destruction de l'empire de Red.

- "Aaahouuuuuuu." Hurlait encore le chien.

Mais avant, elle avait une chose à faire. Depuis que le gouverneur Fenyang, père de ce vautour de nouvel amiral, avait offert une place dans la ville haute à qui voulait la prendre, les roturiers n'avaient cessé de s'installer dans les maisons des nobles laissées à l'abandon, se prenant alors pour des gens distingués. Pourtant, leurs manières laissaient bien souvent à désirer.

Se glissant dans le jardin voisin, Ada aperçut l'animal assis dans l'herbe grâce à la lumière venant de la maison. Il était simplement attaché à un arbre par une corde. Ada approcha doucement, tendant la main vers l'animal qui calma ses hurlements en la voyant. Il la renifla, la queue battante avant de venir se frotter contre ses jambes. D'une main douce, Ada lui caressa le haut du crâne. Son poil était rêche et la corde autour de son coup avait fini par créer des lésions sur la peau du coup de l'animal. Le caressant doucement d'une main, elle s'accroupit pour attraper la gamelle en métal qui trainait près de l'arbre. Elle contenait un peu d'eau, surement de pluie. Ada sortie alors une fiole transparent contenant un liquide translucide. Elle vida le contenu dans la gamelle d'eau, la secouant légèrement pour que les liquides se mélangent bien. Puis elle la tendit au chien. Curieux, l'animal renifla l'eau avant de prendre quelques lapés. Son regard se tourna ensuite vers la jeune femme, l'air heureux et la queue battante. Puis rapidement, il se mit à tousser. Reculant d'un pas ou deux, il toussait de plus en plus fort, comme étouffé. Ada se redressa, regardant avec attention l'animal gesticuler avant de tomber sur le flanc. Des spasmes parcouraient son corps alors que de la bave mousseuse s'échappait de sa bouche. Puis au bout de plusieurs minutes, la vie le quitta et son corps resta inerte sur l'herbe.

- "Chuuuut." Siffla Ada, un doigt dressé à l'emplacement où serait sa bouche si elle n'était pas couverte par son masque noir en tissu. "Il ne faut pas réveiller les voisins."

Puis elle enjamba le corps de l'animal pour sortir du jardin et rejoindre le port. Il lui fallait rentrer à Marie-joie maintenant, elle n'avait pas plus de temps à perdre.
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