Je récapitule. J'ai réussi à acheter les terrains pour mes cinq boutiques. J'ai mes gérants qui sont formés par des professionnels. Ils sont et seront accompagnés les premiers mois. J'ai réussi à faire construire une boutique entièrement et l'ouvrir au public, une. Encore quatre et j'ai finit mes projets sur Armada. Pour l'instant du moins. Après tout, on ne sait jamais quelle lubie va bien pouvoir venir me piquer. Je suis tout autant excité d'ouvrir la seconde que je l'étais pour la première.
« Clotho?
Entre Paul. » Le vieil homme rentre dans mon bureau. Ce génie, à sa façon, est mon contractant, le chef de chantier de mes boutiques. C’est la première fois qu’il passe à mon bureau. Ce n’est pas bon signe. Il pose un plan devant moi.
« J’ai une mauvaise nouvelle. L’architecte qui a fait le plan de la seconde boutique a oubli un détail, le poids de retenue de cette poutre.
…Et donc ?
Si je construis ça comme ça, ça va s’effondrer. C’est une certitude.
Fais chier. Je l’appelle. »
Je compose le numéro devant lui, mais ça ne répond pas. Il n’y a même pas de tonalité. Étrange. Je quitte mon bureau pour aller jusqu’aux locaux de l’entreprise où il travaille. Arrivé sur place, qu'elle n’est pas ma surprise, la boutique est vide. Il n’y a pas de bureau, pas de vie, pas de chaise, rien, un endroit fantôme. Je vais voir en face et demande des renseignements. On me répond que l’entreprise a fermé du jour au lendemain il y a quelques jours. Curieusement, ça coïncide avec l’ouverture de ma première boutique. Est-ce que, par hasard, il se serait rendu compte de son erreur ? Est-ce que, étrangement, il savait à quel point ce projet comptait pour moi, que je ne voulais rien qui le gâche ? Aurait-il pris peur que je découvre son erreur et que je vienne réclamer des comptes à ma manière ? Non …Il n’aurait pas osé. Le stylo dans ma main se retrouve broyé et l’encre coule de ma main pour tomber sur le sol. Je serre tellement la victime collatérale qu'elle finit en minuscules morceaux.
Cours. Très vite et très loin. Cache-toi quelque part, dans un coin sans histoire. Et prie ton dieu que jamais je ne te retrouve. La torture sera bien trop clémente pour toi. Pour toi, je me dépasserai et inventerai de nouvelles façons de m’amuser. Pour toi, je ferais cet effort. Je retrouverai ce connard et lui ferai comprendre qu’on ne me trompe pas, ni qu’on me fuit. Un homme serait resté et aurait affronté les conséquences. Je ne l’aurais pas tu. J’aurais peut-être, éventuellement, égorgé sa femme devant ses yeux pour le motiver avant de faire de sa femme une femme de petite vertu. Et encore, ce n’est pas sûr. Sans m’en rendre compte, j’utilise mon haki sur ma main et les morceaux du pauvre stylo sont réduit en poussière. Paul préfère me laisser digérer la nouvelle et recule, de peur d’être le suivant. Je finis par me reprendre, après plusieurs minutes.
« Bon, appelle un de tes contacts. Tu dois bien avoir un architecte dedans, non ?
Oui, mais pas sûr qu’ils veuillent bosser pour toi.
Pourquoi ?
Ton caractère de merde pour commencer. Tout le monde sait que tu virevoltes, c’est très dur de savoir sur quel pied danser avec toi.
Toi tu réussis bien.
Parce que ça fait plusieurs fois qu’on bosse ensemble sans soucis. Mais la première fois, j’en ai tâché mon froc. » Je le regarde de haut en bas. Vraiment ? Un type aussi sûr de lui qu’il, ça me surprend. En réfléchissant, je reconnais je suis d’humeur changeante. Bref. Je lui dit de les convoquer dans ses bureaux pour discuter d’un nouveau chantier valant plusieurs centaines de millions de berries en urgence, sans préciser que le projet est pour moi.
Quelques heures plus tard, ils sont tous en train d’attendre. Je suis dans la maison d'en face. Une fois tous assis autour de la table de briefing, je change de local pour les rejoindre. Quand ils me voient, l’atmosphère change radicalement. Il n'y a plus un bruit dans la salle.
« Salut. Merci d’être venu, et désolé d’avoir dû ruser. On ne pensait pas que vous alliez venir si vous saviez que le chantier est pour moi.
Désolé, mais j’ai à faire sur un chantier, je ne peux pas être en retard.
Dis que tu es avec moi, ça devrait calmer ton boss. Je doute qu’il veuille être contre moi. Un de vos collègues m'a fait ce plan, mais il semble y avoir un défaut. Sachez que je tiens vraiment à ce projet, mais que Paul est libre sur le chantier. Je comprends que vous soyez réticents à travailler avec moi. C’est pour ça que vous travaillerez pour moi. J’aide sur le chantier, c’est tout, et c’est Paul qui dirige. Je cherche juste quelqu’un capable de réparer l’erreur, de suivre mes directives et qui ne foirera pas le projet. Vous savez que je paye bien. Le chef va vous expliquer maintenant ce qui ne va pas. »
Je vois bien que certains jettent un œil juste pour dire qu’ils l’ont fait et qu’ils puissent partir en disant qu’ils ne voient pas comment changer ce qui ne va pas. Je les laisse bien évidemment partir. Je ne vais pas les exploser contre le mur, c’est chiant à nettoyer pour les agents d’entretien. Ils s'en vont, les uns après les autres, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un, assis sur son siège. Un gamin d’à peine vingt ans. Il n’a même pas daigné regarder les schémas.