[+16] Le marine de Kiyori

Première fois qu’elle revenait à Marine Ford depuis … l’incident. Les traces des conflits n’avaient toujours pas fini d’être effacé et alors qu’elle se tenait au centre de l’esplanade centrale, elle s’était accroupie pour caresser les sillons tracés par le logia de l’acide de l’amiral Tetsuda. Tout ici lui rappelait le décès de cet homme qu’elle aimait autant qu’elle admirait. Et sa mort ne faisait qu’alimenter la rage naturelle de l’agent du Cipher Pol pour les pirates. Mais étrangement, elle avait fini par associer cet échec autant aux marines qu’aux hommes d’armada. Kenora avait échoué, Fenyang avait échoué, Shoga avait échoué. Des grande ponte de la marine, trop occupé avec de simples pirates pour défendre un des plus grands symboles du gouvernement. Deux fois Marine Ford avait été prise pour cible et deux fois elle était tombée. Comment ne pas remettre en question l’efficacité des bleus et blancs après tout cela ?

Se redressant d’une traite, elle avait fini de respirer l’air embrun de rancune. Aujourd’hui, elle avait été envoyée pour éclaircir un peu plus la situation qui avait mené à ce conflit armé et surtout comprendre qui le gouvernement devait-il éliminer maintenant que la poussière était retombée. Et un nom était ressorti : Colonel Ghetaldi. Un homme qui était chargé de veiller sur les prisonniers pendant leur captivité et de les guider à l'échafaud. Cependant, la loyauté de ce marine avait été remise en question par plusieurs autres, si bien qu’il était devenu nécessaire d’aller chercher un agent du Cipher Pol 4 pour mener l’enquête. Et si Ada était bien sur la mission, ce n’était pas d’elle qu’il s’agissait. Elle, elle s’était incrustée sans vergogne lorsqu’elle avait appris qu’un interrogatoire d’un potentiel traître avait lieu suite aux incidents de Marine Ford. Non, l’agent du Cipher Pol 4 envoyé, c’était l’un qui venait tout juste de revenir d’une mission d’infiltration du corsaire Fear et qui avait rapidement repris du service. Un des agents les plus détestés du Cipher Pol et surement, maintenant, aussi de l’équipage de Fear

- “Vous êtes prête Agent Tarentule ?” Demanda Ada alors que sans attendre de réponse, elle avait déjà commencé à progresser vers l’immense bâtisse de Marine Ford.

Le marine ne devait pas avoir été mis au courant, mais les rumeurs allaient vite chez les bleus et Ada n’avait pas envie d’expérimenter la vitesse avec laquelle une information pouvait circuler au sein d’une division de la marine. Alors le temps, bien qu’il ne le devait pas, semblait jouer contre elles.

L’agent Tarentule contemple l’étendu des dégâts avec une nouvelle clarté. Après la violence des affrontements, elle n’a jamais vraiment eu l’occasion de d’admirer cette désolation. Témoin de l’échec historique de la Marine, la blonde subissait déjà les contres coups de la défection du Corsaire. Certes, elle l’a infiltré pendant une longue période, mais cette fin n’est qu’une occasion manquée de briller. L’agent aurait sa promotion rêvée si elle avait pu exterminer le déserteur, là, elle n’a que le privilège de rester à son poste. Jouer les pirates à l’époque l’a rendu bien trop frontale et téméraire. Dire qu’un assaut aussi ambitieux à humilier les plus grandes forces du Gouvernement Mondiale. La blonde à la mallette noire est, à présent, certaine qu’il ne faut jamais faire confiance aux compétences de la Marine.

Une escargophone grimpe sur sa botte. S’agenouillant rapidement pour l’attraper par la coquille, elle le reluque au moment où l’agent qui l’accompagne l’interpelle.

“Faîtes attention où vous mettez les pieds, il semblerait qu’il y ait des échappés de l’élevage de la Pulu Pulu Corp. Les reconstructions et les déménagements des familles d’officiers doivent beaucoup perturber la logistique. Ne perdons pas plus de temps dans ce bazar, ma chère.”

Elle jette l’escargot hors de son chemin comme un moindre déchet. L’agent, à ses côtés, n’est autre que la fille du défunt Amiral Tetsuda, lui-même. Les coordinateurs jouent un jeu dangereux en mêlant l’histoire de familles au travail du Cipher Pol. Elle se méfie. L’émotion de l’Agent Viper pourrait bien déranger. L’agent Tarentule n’en a jamais entendu parlé jusqu’à que l’on lui colle cette femme sur cette mission. Traversant l’esplanade centrale, elle montre son badge au groupe de marines ne cachant pas leur surprise.

“Le CP4, ici, les rumeurs étaient donc vraies…
-Inspection surprise, messieurs. Et oui, les problèmes n’arrivent jamais seuls. Hihi ! Gagnons du temps, je ne souhaite pas déranger la Vice-Amiral Harnam. Connaissez-vous les affectations de vos officiers?
-À peu près, oui. Qu’est que vous nous voulez? On a pas déjà assez pris chère pour avoir le CP sur le dos.
-Ah cela pour une raclée, vous avez pris le plein tarif. Hihi ! Mais ne vous inquiétez pas, je ne serais pas longue. A moins que vous ne désirez réellement que l’on échange sur la manière donc les divisions les plus anciennes et prestigieuses de la Marine se sont faîtes humiliés en ce sombre jour.
-Tss. Accouche.
-Savez-vous où puis-je trouver le Colonel Elias Ghetaldi?
-Hum…
-Qu’y a-t-il?
-On attend ses ordres justement. On n'est pas aussi nombreux à garder les portes. En ce moment, on est saturé de travail le temps de renflouer nos rangs. Le Pulu Pulu Corp a subi des dégradations à cause d’engins de déblaiements. On devrait faire l’état des lieux avec le Colonel. Il ne devrait pas tarder.
-Oh oh ! Oui, vous avez l’air bien débordé en effet. Vous attendez depuis combien de temps?
-Elle casse les cou..arum. Euh… depuis combien de temps on attend les gars?
-Une bonne trentaine de minutes déjà, je dirais.”

Un échange de regard rapide entre les deux agents suffit à se faire comprendre sur la situation. D’un seul instant, les deux femmes disparaissent, ne laissant qu’un courant fouetté le visage des marines. Par le Soru, les agents du CP se déplacent en urgence vers la ligne logistique de Marineford.

Rapidement, les deux agents se déplaçaient au travers des ruines de la base de Marineford pour rejoindre l’imposant quai de la marine. Ada aurait dû se douter que l’homme n'attendait pas sagement l'arrivée du Cipher Pol. Les rumeurs étaient sûrement les pires ennemis des agents du CP4 lorsqu’il s’agissait d’intervenir rapidement auprès de marines corrompus. Cependant, si l’homme avait bien l’intention de fuir, il ne pouvait pas se permettre de trop attirer l’attention. Des bagages minimums, en uniforme réglementaire, et un discours bien rodé pour convaincre des hommes de le mener bien loin de Marine Ford. C’était à cela qu’elle devait s’attendre, et heureusement pour elle, une photo du colonel leur avait été transmise dans le dossier de la mission. Le reconnaître serait donc chose aisée.

Ralentissant l’allure, les deux femmes finirent par apparaître au milieu même du premier quai où s'affairait tout un groupe de marine au chargement d’un bateau. Un départ d’un équipage, sûrement pour une mission éloignée au vu de la quantité de vivres qu’ils transportaient à bord. Parfait pour le fuyard.

Ada usa du geppou pour grimper à bord alors qu’elle laissait l’agent Tarentule chercher sur le quai la présence de l’homme. D’un pas rapide et impatient, l’agent du CP saisit par l’épaule tous les hommes en uniformes se trouvant à bord pour vérifier qu’il ne s’agissait pas de leur cible. Si elle avait pris le temps de plus réfléchir, elle se serait surement attardé sur les grades indiqués sur les uniformes de tous ces hommes qui étaient malmenés par sa main, et qui lui aurait permis un premier tri. Cependant, Ada soufflait du nez et voyait ses mâchoires se serrer. Elle était stressée de perdre la trace de cet homme et ne souhaitait pas perdre une seconde en réflexion. Puis son regard, se perdant en contrebas, au milieu d’un regroupement de marines, elle distinguait la chevelure brune de la cible. Leur regard se croisa quelques secondes avant même que l’homme ne détourna les yeux.

- “Agent Tarentule !” Cria Ada en pointant la cible.

La discrétion n’était plus centrale. Seule l’interpellation comptait aux yeux de la Kindachi. L’agent du Cipher Pol disparaissait alors de sa position, pour arriver au plus proche de la cible. Une jambe horizontale, dans l’impulsion d’un saut, elle vint infliger un coup au niveau de la jugulaire de l’homme qui, ayant vu l’attaque arrivée, avait déjà sorti son épée de son fourreau pour contrer. Le cuire de la combinaison de l’agent fut découpé par le tranchant de la lame du colonel alors qu’elle abandonna rapidement sa manœuvre en sentant le froid se propager. Retombant de son saut, elle retirait sa jambe avant de faire deux bonds en arrière.

Les marines tout autour avaient commencé à s’écarter, dessinant un cercle humain autour des deux combattants.

A l’appel de l’agent Viper, l’agent Tarentule surgit au centre de toutes les attentions grâce au Soru. D’un jet regard en coin vers Ada puis l’officier, elle soupire. Ce qu’elle craignait de la part de la fille du défunt Amiral s’est confirmé. Si tous les CP4 agressent ainsi les marins suspects, il y a bien longtemps qu’une guerre ouverte aurait éclaté entre les deux institutions. La rigueur de son pôle n’est pas qu’un décorum pour se distancer des autres. Elle est nécessaire pour éviter des conflits diplomatiques importants. Les soldats de la marine ont l’esprit de corps qui peut transformer toute esclandre en rixe. Il va falloir qu’elle forme cet agent à ces usages. Quel plaie. Se postant à équidistance entre l’agent du CP5 et le marin, la blonde effectue une révérence devant cet homme. Sa voix porte loin comme si elle s'adressait aussi à la foule.

“Excusez les manières de ma collègue. Elle est peu au fait des usages et de la bienséance nécessaire au Cipher Pol numéro 4.”

Redressant la tête avec un mince sourire, sa voix baisse légèrement en octave.

“Agent Tarentule, nous aimerions vous posez quelques questions en tête à tête. Rassurez-vous, nous ne cherchons pas à vous nuire. L’enquête concerne la totalité de Marineford.”

Le torse bombé, la tête haute, Capulina brandit son bras imitant l’autorité des officiers de la Marine. Elle s’adresse à tous les marins présents. Préservant un soupçon de respect et de politesse dans son geste, il n’en camoufle pas moins un ordre.

“Marineford a besoin de toute votre attention. Vous pouvez circulez. Ce n’est qu’un malentendu, messieurs. Hihi !”

Malgré son petit rire, l’atmosphère reste pesante. Les marins commencent à reprendre leur tâche avec des yeux méfiants. Certains se regardent entre eux pour comprendre ce que fait le CP4, ici. D’autres se toisent et se suspectent. Quelques uns se félicitent d’avoir prévu leur venue par la rumeur.
.
“Au vu de la délicatesse de la situation, il serait plus adéquat de discuter de ce sujet en vas clos. Veuillez nous guidez à votre bureau, je vous prie, Colonel Ghetaldi. Ce ne sera pas long.”

Le bras de l’agent Tarentule invite donc le Colonel à les guider. Cependant, celui-ci ne semble pas réagir. Joignant les mains sur la hanse de sa mallette, la blonde s’incline avec un grand sourire.

“Y a t’il un problème, mon cher Colonel?”

Si l’homme avait fini par ranger sa lame, Ada restait plus que méfiante. Les mots de l’agent Tarentule se voulaient comme des ordres pourtant le marine ne semblait pas bouger. Le Cipher Pol 4 n’aurait donc pas autorité sur les marines ? Tiens, elle qui faisait la maline se retrouvait bien troublée face à cette déconvenue. Cependant, loin de jubiler longtemps de la pseudo provocation du marine, Ada restait sur ses gardes. Il était presque tremblotant, comme hésitant à mener une action qui pourrait tout changer à la situation. L’agent Viper espérait presque qu'il dégaine à nouveau son arme pour justifier un acte violent qu’elle retenait à son égard. Un sale traître qui avait participé à la mort de l’Amiral Tetsuda, c’est tout ce qu’elle voyait alors que ses yeux scrutaient chaque mouvement de l’homme.

Plusieurs secondes passèrent alors que la situation ne semblait pas évoluer. Et la patience de la Kindachi était mise à rude épreuve.

- “Avancez Colonel Ghetaldi.” Répéta Ada.

Pourtant, à nouveau, il ne fit rien. Et alors que la tension dans le groupe semblait monter d’un cran de plus devant le refus du marine. Ada avança son bras pour saisir celui de l’homme et le faire avancer de force. Cependant, alors même que sa main effleurait l’uniforme de l’homme, ce dernier dégaina avec rapidité, manquant de peu de couper en deux les doigts de l’agent du Cipher Pol 5. Puis, l’homme inclina son épée à l’horizontal pour venir trancher l’agent du Cipher Pol 4. D'abord surprise, puis énervée, Ada usa du soru pour s’interposer entre les deux membres du gouvernement, dressant une simple dague pour bloquer la lame du marine. La force mise dans l’attaque projet Ada contre l’agent Tarentule avant de les repousser tous les deux au sol.

Profitant que les deux femmes se retrouvaient à terre, le marine serra les doigts autour de sa mallette avant de courir à bord du bateau, poussant sur le passage de nombreuses marines qui chargeait l’embarcation.

- “La politesse ça ne stoppe pas les traîtres Agent Tarentule !” Cracha Ada en se relevant pour courir après le fugitif.

L’agent Tarentule se relève en dépoussiérant sa robe au passage. D’un Soru, elle fonce vers l’un des rebords du navire. Du tranchant de sa main, la blonde sectionne les cordages tenant les voiles. Sa main empoigne en un instant une des cordes. Grâce au Rope action, les cordes de la frégate semblent prendre vie. Les liens accrochés à la grand-voile se décrochent par des bruits métalliques répétés. Quelques cordes foncent ainsi vers le fugitif. L’une d’elle lui agrippe la cheville. De sa lame, Ghetaldi tranche rapidement l’entrave. L’agent du CP4 lâche sa petite mallette noire. De nouvelles cordes s’enroulent autour de ses bras. Comme si tous les cordages n’avaient qu’une seule cible, ils contraignent le colonel à se défendre. Capulina harcèle le sabreur jusqu’à l’acculer de l’autre côté du pont. Elle jette un regard vers sa partenaire.

“Il est toujours bon de suivre le protocole avant d’engager les hostilités, ma chère. Nous ne chassons pas de vulgaires pirates. Au Cipher Pol numéro 4, nous attendons la faute desserrant le carcan du respect indue aux officiers. A présent, nous avons toutes les largesses de malmener cette pourriture. Hihi !”

La blonde au grand sourire progresse de quelques pas vers la position où l’homme découpe tant bien que mal les cordes qui cherchent une ouverture pour l’immobiliser. Sa voix porte pour que la plupart des marins assistants à la scène comprennent la situation.

“Colonel Ghetaldi, votre refus d'obtempérer entraînera de lourdes conséquences. Vous êtes suspecté de haute trahison, nous ne retiendrons aucun de nos coups.”

Levant les bras vers le ciel, l’agent Tarentule tire ensuite violemment les cordes vers le bas. Ce mouvement s’associe à de l’air comprimé. Comme des fouets, le bout de ces liens claquent au vent. De puissantes lames d’air lacèrent les voiles et le pont du navire jusqu’à briser le bastingage derrière sa victime. Cette attaque confine un instant le traître à rester en place sous peine d’être coupé en tranches. Des conditions laissant un laps de temps pour sa collègue de remplir sa part du boulot.

L’agent Tarentule avait beau être désagréable, Ada ne pouvait pas nier que sa collègue montrait une certaine efficacité. Elle avait repoussé et cloitré le traître dans un coin du pont, l’obligeant à contrer les lames de vent de son sabre s’il ne voulait pas être tranché par leur impact. Parfait pour qu’elle puisse se glisser derrière elle d’un Soru alors que l’homme, sentant une présence se faufiler, se tourna vers l’Agent Viper pour lui trancher le ventre d’un coup bien placé. Cependant, fini de faire dans la subtilité, Ada s’abaissa rapidement, tendant une jambe droite pour tourner sur elle-même, fauchant les deux pieds de son adversaire le laissant s’écraser au sol. Le sabre du marine lui glissa des mains alors qu’Ada le repoussait au loin avant de venir saisir le bas du visage du traître. Elle couvrit ainsi son nez et sa bouche pour l'empêcher d’échapper au gaz soporifique qui s'échappait déjà entre ses doigts. La brume verdâtre vint recouvrir le pont doucement, tombant ensuite dans l’eau, alors que l’Agent Viper sentait les muscles de sa cible se détendre petit à petit. Et malgré quelques coups tentés à son encontre, la membre du Cipher Pol n’eut que peu de peine à les éviter tant le marine était déjà grandement handicapé.

Un fois parfaitement endormis, l’agente laissa le corps de l’homme tomber sur le sol avant de se relever et de dévisager la membre du CP4. Elle avait la haine de savoir que tout cela aurait pu leur échapper sous prétexte d’un protocole idiot. Pour Ada, le simple fait de savoir que cet homme pouvait être un traître avait suffit à le condamner. Et elle ne pouvait plus agir avec lui autrement que si cela en était un. La rancune, la peur, la rage des événements de MarineFord faisaient peut-être d’elle un mauvais agent à mettre sur cette mission au final.

- “Au Cipher Pol 4 vous blablatez donc beaucoup trop. C’est sûrement pour cela qu’il y a autant de marines entachant jours après jours l’honneur du Gouvernement Mondial et contre lesquels vous ne faites rien ?”

La pique était gratuite, méchante, désagréable et Ada ne comptait plus argumenter. Elle n’attendait même pas de réponse de son homologue. Elle se contenta de ramasser l’homme, de le hisser sur ses épaules pour le traîner hors du bateau et le ramener au geole de MarineFord où elles pourraient l’interroger sans problème. Elle Ada avait hâte de lui faire cracher tout ce qu’il savait.

Le ressentiment de cette collègue pousse à critiquer le pôle qui lui a permis d'assister cette intervention. L'agent Tarentule apprécie bien peu l'ingratitude. Elle a déjà une idée de comment lui faire regretter son attitude. La fille de l'amiral devant porter les attributs de son ennemi. N'est-ce pas une punition à la hauteur de l'offense. Contactant le service Analyse, l'inspectrice du CP4 informé l'arrestation du suspect et demande toute l'autorité nécessaire pour procéder à un interrogatoire sur le champs.

Kimono du festival de Kiyori:

Attendant dans un sombre couloir de la forteresse, l'agent Tarentule a drastiquement changé de style vestimentaire. Vêtu d'un kimono noir, des cheveux coiffés en chignon avec quelques rajouts blonds, son costume donne le ton de ses hypothèses autour de l'allegeance de ce traître. Lorsqu'un marin se radicalise, les premiers à le remarquer sont ses subordonnés. Quand la sagesse et la discipline dont il faisait s'affaisse brusquement, tout porte à croire que ce marin a subi une certaine détresse psychologique dans sa carrière. Une période morose que les marins les plus proches ont pu remarquer s'estomper après le grand festival de la Deesse-Enfant. Qu'il trouvait l'amour, exaucé un vœu ou profiter de la fête pour se ressourcer, si son rôle avant la tragédie de Marineford et les suspicions n'avait pas atteint les oreilles de l'agent. Elle n'aurait sans doute jamais fait le lien. Il se trouve que Capulina a aussi participé à ce festival et elle compte bien utiliser enfin tout ce qu'elle a obtenu là-bas. Tout aussi déguisé et de bien piètre humeur, sa comparse la rejoint enfin devant la porte de la sombre geôle qui servira à l'interrogatoire.

“Tous les préparatifs sont, enfin, en place. Vous êtes particulièrement tenace à mes injonctions, Agent Viper. Ne vous en faites pas, vous survivrez au ridicule. Hihi !”

La blonde fait un geste aux marins gardant cette porte. Ils commencent à ouvrir les verrous. L'agent du Cp4 en profite pour avertir cette furie bouillonnante de colère.

“L'interrogation est sous ma supervision, tâchez de ne pas gâcher cette occasion par vos excès… d'enthousiasme.”

Il ne faudrait pas qu'elle tue par colère ou rompt accidentellement la mâchoire de l'interrogé. Ce serait dommageable pour l'enquête et la carrière de l'agent Tarentule. Celle-ci garde donc un œil avisé sur le comportement de cette femme. Entrant dans la pièce, tout l'intérieur a été décoré à la façon d'un temple de la Déesse-Enfant avec divers objets piochés dans les effets personnels de Capulina ont été entreposés. Au milieu, menotté, enchaînés et à genou, le Colonel Ghetaldi s'y tient encore inconscient la tête baissé.

“Toujours pas réveiller. Votre calmant doit être le remède miracle pour tous les insomniaques.”

La blonde s'approche en agitant son éventail sur le visage du traître. De par son Haki sensitif, elle comprend bien vite que l'homme joue la comédie. On ne prend pas un agent du CP pour un idiot impunément.

“Hum. Cette situation critique trouvera sa solution dans les arcanes les plus sombres du Sixième Style. Une technique du Rokushiki que seuls ceux qui agissent dans l'ombre peuvent pratiquer. Je l'emprunte à mon formateur de l'époque. Ecartez-vous, je vous prie.”

Prenant un profonde inspiration, l'air concentré, la jeune femme joint ses mains avant d'effectuer des gestes préparant au combats. D'une brutalité sauvage, elle finit par claquer une gifle monumentale au marin dans les vagues.

“Rankyakudantagueule !”

Une bouffée d'air accompagne ce coup violent. Ghetaldi totalement secoué entrouvre les paupières avec difficultés. La joue en feu, le choc ne l'a pas laisser de marbre. Devant lui, l'agent Tarentule secoue l'une de ses mains, le sourire satisfait.

“Hihi ! Enfin, vous émergez. Oh. Ne paniquez pas. Nous avons retravaillé la décoration aux couleurs de votre allégeance. Je vois à votre tête que nous sommes tombés juste.
-...
-Il est vrai que Kiyori a su tirer son épingle du jeu, cette année. Son temple n'a jamais connu un tel rayonnement.
-...
-Qu'en pensez-vous, Agent Viper? Notre invité ne semble pas vouloir discuter gentiment. Il pense probablement pouvoir tester notre patience. Quelle impolitesse.”

L'agent Tarentule passe la balle à sa collègue. Elle préfère sous-traiter les violences qui tachent.

- "Je pense que vous tournez bien trop autour du pot Agent Tarentule."

Ada était d'une humeur massacrante. Notamment à cause de la mascarade organisée par la membre du Cipher Pol 4 mais aussi parce que fasse à cet homme, elle contenait une puissante rage. Il aurait été facile de le tuer mais d'abord, elle avait besoin d'informations. Et elle, elle n’était pas du tout  intéressée par les différentes raisons qui avaient poussé l’homme à changer de camp. Elle voulait seulement savoir ce qui avait amené Kiyori à se déplacer en personne pour sa lieutenant. La bonté d’âme chez les pirates, cela n’existait pas.

- “Pourquoi Kiyori est intervenue à Marineford ?”

Une question directe, précise. Ada n’aimait pas perdre son temps. Pas maintenant, pas après cet événement. Elle voulait une réponse claire mais elle n’eut que du silence. Sa consoeur était ignorée tout autant et si cette dernière se voulait la chef de l’interrogatoire, Ada n’était pas prête à laisser qui que ce soit se mettre entre elle et la raison de la mort de son père. Car elle en était persuadée, l’amiral Tetsuda avait été visé dans ce conflit.

- “Répondez !”

Un nouveau silence. Ada venait poser ses mains sur les épaules du suspect, rapprochant leur regard comme pour lui mettre la pression mais alors que ses yeux se plantèrent dans ceux du Colonel, un froid mordant lui transis les doigts en la forçant à reculer dans une grimace de douleur. Une brume glaciale s’échappa un instant, démontrant l’utilisation de l’ice heart du Colonel Ghetaldi. Un début de sourire satisfait naissait sur le visage du captif alors qu’Ada sortait de son dos, anciennement attaché à une ceinture, une dague aiguisée. Si le marine ne parlait pas lorsqu’on lui demandait, alors la torture s’imposait.

- “Agent Tarentule, apportez-moi de quoi poser la main de notre invité. J’ai quelque découpe à faire et je m’en voudrais de ne pas être précise.”

Ada n’avait aucune patience, et elle se moquait bien des paroles de l’agent sur qui devait diriger cet interrogatoire. Elle était motivée par la rage et aveuglé par sa volonté à avoir des réponses. Réponses qu’elle aurait, même si pour cela, elle devrait découper les membres du Colonel un à un.

“J'émets des réserves à commencer directement par les moyens les plus salissants, ma chère. ”

Capulina range son éventail à sa taille. Étalant sur la table sa mallette noire, elle l'ouvre pour en sortir une bouteille avec un liquide bleuâtre et un entonnoir. La blonde présente ce liquide inquiétant avec la trivialité d'une vendeuse de yaourt.

“Je vous propose un breuvage que j'ai eu le malheur de subir lors d'une de mes missions à Myriapolis. Le peuple arachniforme l'utilise pour ses indications ou ses punitions rituelles. Aaah. Leur sadisme est si exacerbé…”

Son soupire accompagne un doux sourire en retraçant ses souvenirs de cette île sauvage et brutale.

“Elles ne m'ont pas épargnés, non plus. Une fois assimilé, la victime est prise d'hallucinations puissantes destinée à rencontrer leur pire cauchemar. La dernière fois que j'y ai goûté, je me suis vu dans le corps de ma mère. Brrr… horrible. J'aurais pu en devenir folle. Heureusement, je le suis déjà. Hihi !”

L'agent du CP4 en kimono pose ensuite le breuvage sur la table. Continuant à chercher des objets dans sa malette, elle laisse ainsi l'agent Viper y réfléchir.

“Probablement, serait-il plus bavard face à ses plus grandes peurs?”

Elle prend ensuite plusieurs types de pince pour les exposer sur la table. La jeune femme finit par poser une tige en métal avec deux pics aux extrémités accroché à une ceinture, destinée à s'accrocher au cou de la victime.

“Ensuite, nous pouvons tester toutes ces pinces pour arracher quelques ongles. Ou pourquoi ne pas utiliser la fourchette de l'hérétique pour rester dans le thème? Hihi !”

Salissante elle-même !

Ada restait pantoise quant au commentaire de l’agent Tarentule. La folie ? L’idiotie ? Un mélange des deux ? Mais les commentaires sur la génitrice de l’araignée ne firent que mettre mal à l’aise l’Agent Viper en plus de lui faire s’interroger sur les capacités mentales de sa collègue. Tout du moins, si la réponse ne lui avait pas été donnée par la concernée : La drogue donc. Les enfants, c’était bien une preuve que les stupéfiants, c’était mal. Aucun ne voudrait finir comme l’Agent Tarentule …

- “Au final, les pinces, les ongles, tout cela salit aussi.” ajouta sceptique, l’Agent Viper. “Mais soit, faisons à votre façon.”

Puis sans attendre un instant de plus, Ada se saisit du breuvage avant d’attraper la mâchoire du colonel. Elle poussa son crâne en arrière, le bloquant avec son coude tenant la drogue, pour tirer sur sa mâchoire de l’autre main et la forcer à s’ouvrir. Dans une lutte de force, le Colonel essayait du mieux qu’il pouvait de refermer sa bouche alors que l’agent venait déverser le liquide directement dans la gorge de l’interrogé. Ce dernier se débattit, cherchant à se redresser sans réussir à défaire ses liens avant de régurgiter de qui pouvait. L’Agent Viper se dépêcha alors de lui maintenir la bouche fermée et la tête en arrière, pour le contraindre à avaler, ou à s'étouffer.

Après une longue minute, l’Agent relâcha la tête du Colonel. Ce dernier toussa longuement mais ne recracha pas le liquide qu’il avait bien fini par boire. En reculant d’un pas pour se mettre au niveau de sa collègue, Ada lui glissa alors :

- “Ne vous en faites pas, s’il s’avère innocent, je lui effacerai la mémoire des dernières heures. Combien de temps fait effet votre saloperie ?”

L’homme commençait déjà à avoir les yeux révulsés. Ses pupilles se dilataient et il ressentait des tremblements dans tout son corps. C’était sûrement le moment de poser les questions.  

- “Pourquoi Kiyori est venu à Marine Ford ?”

“Ne pensez-vous pas que s'il s'avérait innocent, il n'aurait émis moins de réticence à l'interrogatoire. Il vaut mieux qu'il se souvienne que résister au Cipher Pol n'est pas sans conséquences. Hihi !”

L'agent Tarentule prend assez mal l'irrespect de certains marins contre son Institution. Elle est toujours très enjoué de leur faire payer lorsque le cadre légal lui autorise.

“Hum… pour être totalement honnête, je n'en ai qu'une vague idée. J'avais perdu la notion du temps en la buvant. Seule la comptabilisation des coups de fouet raisonnant sur mon dos était un repère. J'estimerais à quelques heures.”

Les effets du breuvage délie vite la langue du colonel. Marqué par le choc, des sueurs froides et le regard dans le vide, Ghetaldi subit l'expérience la plus troublante possible.

“Pitié… ce ne sont que des enfants. Arrêtez… je ne veux pas… je ne suis pas complice… où est la Justice bordel !”

Cette terreur se mélange au dégoût et à la colère. Sa respiration haletante, l'interrogé gigote comme un fou. La question directe de l'agent Viper est complètement ignoré.

“Oh oh. Il semblerait que son état ne facilite pas la communication. De mon expérience, il faut forcer son attention par des suggestions ancrées en lui. Comme ce genre de son ?”

Un instrument rituel du culte de Kiyori est brandit par l'agent Tarentule. Un bruit raisonne dans la salle et fait réagir Ghetaldi.

“Ô DÉESSE ENFANT ! Je suis qu'un pêcheur… ayez pitié de moi…j'ai tué des innocents…”

Il semble prendre l'agent Viper en kimono pour quelqu'un d'autre. Ce qui amuse bien l'agent Tarentule qui ne peut retenir ses rires.

“Intriguant. Il est temps de jouer le jeu, ma chère Kiyori. Hihi !”

Il ne manquait plus que ça, voilà que le traître était pris d’hallucination et en venait à imaginer qu’Ada n’était autre que Kiyori ? Elle aurait dû bien plus se méfier des breuvages étranges de l’araignée et d’un regard grognant, elle fit comprendre à sa collègue son mécontentement.

Cependant, maintenant que la chose était faite, il allait falloir qu’elle agisse avec. Elle retint un pas en arrière lorsque le Colonel Ghetaldi pencha sa tête vers elle pour venir pleurer dans son kimono. Bien que l’agent grimaça devant les reniflements agaçants du traître, elle posa une main délicate sur le haut de son crâne en lui caressant doucement les cheveux.

- “Ce n’est rien.”

Elle n’avait aucune idée de ce que ferait Kiyori dans cette situation. Mais la déesse intemporelle était reconnue pour sa fermeté comme sa bonté. Au combien était-elle proche de ses hommes ? Devant le geste d’Ada, le colonel redressa la tête doucement et elle put lire dans son regard une surprise visible. De toute évidence, Kiyori n’était pas aussi proche que ça avec ses hommes.

Se redressant, reculant d’un pas, elle se racla la gorge pour couper le silence gênant qui s’intallait avant de dire :

- “Colonel Ghetaldi, je peux vous accorder le pardon si vous avez bien sauvé les vies que je vous ai demandé. Avez-vous offert des vivres et une protection à ma chère Elizabeth Marsh pendant Marine Ford ? Je ne pourrais me remettre d’une blessure à son encontre.”

Elle la jouait peut-être de manière trop exagérée. Ada était loin d’être la meilleure dans la comédie, et ce même à l’époque des classes du Cipher Pol. Mais malgré les traits un peu méfiants du colonel, la drogue semblait pallier aux erreurs de l’agent.

- “Bien sûr. Il ne lui est rien arrivé Impératrice. J’y ai personnellement veillé.”

Ses larmes commençaient à sécher et rapidement, il se calmait. Si jamais la traîtrise de l’homme aurait pu être débattu, maintenant, plus du tout. Il venait d’annoncer devant les deux agents son implication dans la fuite de Elizabeth Marsh. Et c’était déjà un bon premier pas.

Les deux femmes tiennent enfin le bon bout. L’agent Tarentule s’incline exagérément devant l’Agent Viper. Elle essaie de renforcer le conditionnement du traître.

“Gloire à la Déesse Enfant !
-Gloire à la Deesse-Enfant !”

Observant une bonne réaction, la blonde narquoise ajoute, tout en témoignant d’une grande déférence devant son homologue, quelques remarques pour pousser le colonel à parler.

“Impératrice des mers, ne serait-il pas clément de rappeler cette ouaille auprés de vous? Il a accompli sa mission avec brio. À moins que vous en soyez insatisfaite?
-Non, je vous en prie… Erk… non, non, non ! Arrêtez ça !”

Ce n’est pas le genre de réponse que Capulina attendait. Redressant la tête perplexe, elle remarque que sa victime est en train de vomir et gigote dans tous les sens, la tête baissée. Ce changement brutal d’attitude l’inquiète pour la suite de l’interrogatoire. Suspectant une overdose, la peste du Cipher Pol s'approche et tire les cheveux du pauvre homme. Elle observe son visage en lui tapotant la joue avec son éventail.

“Oh, Ghetaldi. Restez avec nous.
-Tant de vie innocente…pitié.”

Elle soupire avant de laisser tomber la tête du traître. Au moins, ce n’est pas une surdose mais simplement une faiblesse d’esprit le rendant malade. Si elle se souvient bien, la fois où l’agent Tarentule a ingéré cette substance, ses hallucinations ne tournaient pas autour d’un traumatisme. Chacun a des faiblesses différentes et une force mentale variable. Pour ce qui est de Ghetaldi, il semble condamner à tourner en boucle.

“Je crois que l’on est en train de le perdre.”

Posant sa main sur son menton, la blonde réfléchit en contemplant le malheureux s’agiter comme un fou.

“Ce n'est pas un sérum de vérité après tout. Difficile de maintenir le contact avec un semblant de réalité lorsque l'on est aspirer aux tréfonds d'une nébuleuse de cauchemars. Il doit tourner en boucle sur un de ces traumatismes.”

Son regard croise celui de sa partenaire avec un sourire complice.

“De souvenirs, il est possible que la douleur physique remettre les idées en place quelques instants. Enfin, la torture, vous savez ma chère, ce n’est pas une science exacte. Hihi !”

- “Colonel Gethaldi, savez où comment me rejoindre ?” essayait tout de même Ada

Elle avait espoir qu’entre les gerbes vomis et les complaintes il arriverait à leur donner des indications exploitables. Mais il n’en fit rien. Il se contentait de secouer la tête de manière frénétique, leur demandant d’arrêter tant bien même les deux agents regardaient le bougre sans bouger. Et en regardant l’homme aux yeux révulsés, Ada se doutait bien qu’il n’y avait plus vraiment rien d’exploitable dans la comédie à laquelle elles s’étaient toutes les deux livrées. Tant mieux pour elle, elle détestait ça.

D’une main, elle vint attraper une dague accrochée à l’arrière de sa tenue en la laissant tourner dans sa main alors qu’elle la ramenait devant elle. Il était temps de passer à l’étape par laquelle elle aurait préféré commencer. Car dans sa famille on avait tendance à dire que la douleur déliait les langues bien mieux que tous les autres artifices. Et si elles avaient appliqué la méthode de l’agent Tarentule, alors maintenant ils appliqueront celui de l’agent Viper.

- “Dites moi quand vous avez commencé à suivre la déesse enfant.”

Des ordres strictes camouflées en demande impérieuse. Elle n’avait plus envie de tourner autour du pot. Et devant l’absence de réponse du Colonel, l’agent vint planter sa lame sous l’ongle d’un doigt de la main droite avant d’enfoncer la pointe dans la chaire du malheureux.

Dans un hurlement de douleur, le marine releva la tête avant de crier :

- “Pourquoi faites vous ça ! Je vous suis fidèle depuis votre festival à Kanokuni !”

Une nouvelle preuve que cet accord avait coûté cher au gouvernement mondial si cela avait pu retourner certains membres à la loyauté limite. Ada grimaçait. Elle n’avait pas d’empathie pour l’homme souffrance et c’est pourquoi malgré la réponse elle enfonça un peu plus sa dague. Elle le voyait comme un sale traître, un traître qui avait planté un clou dans le cercueil de son père. Comme tous ceux qui avaient participé à la défaite du gouvernement mondial à Marine Ford. Un nouvel hurlement du marine motiva Ada à poser une nouvelle question.

- “ Comment rentrez-vous en contact avec les agents de Kiyori !”

Mais si la première fois, il avait donné une réponse claire, ici il ne se contentait que de hurler en retombant dans ses hallucinations visuelles et auditives qui avaient fini par plus déranger l'interrogatoire qu’autre chose.

- “Votre merde nous cause bien des soucis Agent Tarentule.” pesta Ada alors qu’elle retirait sa lame pour reculer au niveau de sa collègue du Cipher Pol 4.

“J'aurais dû être plus regardante sur la dose que vous lui avez infligée. N'êtes vous pas celle qui apprécie le plus les substances toxiques de toutes sortes?”

L’agent Tarentule lance un regard plein de jugement à sa collègue. Elle voit bien l'intéressé plongé dangereusement vers l’overdose. Il est trop tard pour le faire vomir, autant tenter le tout pour le tout. Finissant de toiser l’agent Viper de haut en bas, la blonde en kimono range son éventail.

“Soit. Si la duperie et la violence ne fonctionnent plus, il reste plus qu'observer d'autres stratégies.”

Armée d’un simple mouchoir en tissu, elle approche Ghetaldi avec une certaine tendresse, changeant complètement d’attitude. Plus tactile, l’agent Tarentule essuie la bave, le reste de vomi et les larmes du traître avec délicatesse, tout en lui enlaçant gentiment sa tête.

“Tout doux mon beau. Maman est là, ne t'en fait pas. Laisse-moi te débarbouiller.
-Ils tuent des innocents…
-Je sais. Ils sont abjectes, tu n'es pas comme eux. Ne les écoute pas. Concentre toi sur ma voix. Je serais toujours auprès de toi..
-Je… je les vois encore…
-Ce n'est rien. Ce sont des êtres immondes. Tu es différent. Ton cœur est bon. Tu as toujours fait les choses bien.”

Peut-être est ce que cela tombe vers une phase plus apaisée, moins puissante, mais le sujet du terrible hallucinogène semble réceptif à la douce voix de l’agente, l’ayant modulé à dessein. Celle-ci a su profiter d'une confusion déjà totale.

“Bien. Penses à la chose la plus apaisante qu'il soit.
-Je… je peux pas… je n'en peux plus, pitié.
-Parles-moi. Raconte-moi tes réjouissances, mon fils.
-J'ai accompli ma mission… et Tetsuda est mort…
-La mort d'un Amiral te réjouis?
-Oh oui. Il… il est impitoyable. Un monstre dur et implacable. Nous le craignons tous, mais il est mort... la Déesse-Enfant l'a prévu…c'est sur... elle est omnisciente
-Cela s'est calmé ?
-Non… ils reviennent… encore et encore…
-Reste avec moi, Elias.
-...j'essaie…
-Alors cet abject Amiral est mort, c'est impressionnant…
-Et son fruit n'est plus aux mains du Gouvernement… une offrande à la Déesse…
-Quelle réussite ! Tu n'as plus à être hanté par ces vieux démons. Tu es une nouvelle personne à présent. Tu as rejeté l'impureté de ce Gouvernement. La Déesse que tu aimes tant viendra te sauver de ses vilaines filles.
-Mère… j’ai froid…
-Ne t’en fais pas, je suis là. Mais promets moi de me rendre visite quand tout sera fini. Ton visage me manque.
-Désolé… je n’ai pas déposé de fleurs ce mois-ci…
-Ce n’est pas grave. Repose-toi, tu en as besoin.
-...Merci…je vous aime tellement…
-Je sais, mon fils.”

Une dernière larme coule le long du visage apaisé de Ghetaldi. La vie vient de le quitter dans les bras d’une femme qu’il a pris pour sa défunte mère. Laissant retomber le crâne inerte du lieutenant, l’agent Tarentule s’éloigne ensuite de quelques pas, avant de soupirer.

“Nous ne pourrons plus rien en tirer, malheureusement.”

Elle remarque, ensuite, la relative perplexité de sa collègue et s’en amuse.

“Ne faîtes pas l’étonner. Derrière un homme discipliné et modèle, il se cache toujours un fils à maman. Une mère dont le décès n’est pas si éloigné de la date du fameux festival. Si ce n’est pas pour l’argent, les changements drastiques d’allégeance ont souvent des causes plus profondes que l’on ne l’imagine. Si vous voulez savoir comment me retourner, il suffit probablement de comprendre ce qui m’a convaincu de fuguer de chez moi dans mon adolescence? Hihi !”

L’agent Tarentule n’y croit qu’à moitié. Elle adore ce qu’elle fait, qui pourrait lui en dégoûter au point de déserter? Attrapant de quoi noter, elle écrit les quelques déclarations saillantes de cette interrogatoire tout en statuant sur la situation.

“L’ampleur de la trahison aurait mérité l'exécution même dans le cadre d’un jugement. Pff. C'est quand-même dommage que ma collègue ait eu la main lourde. Il est temps de faire intervenir l’équipe de nettoyage. Néanmoins, nous avons ses effets personnels. J’ai amplement de quoi conclure le dossier. Vous pouvez donc les traiter comme bon vous semble, ma chère Vivi.”

Comme tous ceux qui ont eu à collaborer avec l’agent Tarentule, l’agent Viper n’échappe pas à un surnom ridicule. D’une simple révérence, elle détourne ainsi son attention sur sa valise pour y ranger son calepin et quelques éléments de décoration qui sont de son fait. En effet, l’équipe de nettoyage ne s’occupera que du corps, le reste n’est que le fruit du zèle de Capulina qui s’exprime dans chacune de ses missions.

L'amiral était impitoyable, oui. Mais sa mémoire méritait d'être respecté. Et si l'agent Tarentule n'avait pas usurpé son titre de d'agent le plus désagréable du Cipher Pol, elle s'était montré redoutablement efficace pour cet interrogatoire. C'était bien pour cela qu'Ada s'était contentée de grogner en son fort intérieur, n'exprimant sa contrariété qu'au travers un visage tiré par la frustration. Au moins, elle n'aurait pas des tonnes de paperasse à remplir et elle ne s'inquiétera pas que l'exécution du traitre se fasse en bonne et due forme.

Préférant être prévoyante, elle vint placer deux doigts dans la nuque du Colonel pour constater elle même la mort de ce dernier. Même si elle ne cherchait pas à remettre en question le sérieux de sa collègue, elle ne permettrait aucune erreur sur cette mission. Quand cela touchait à l'Amiral, elle s'assurait de tout. Deux fois. Puis sous la remarque de sa collègue, l'agent Viper commença à fouiller les poches du mort. Surement aura-t-elle du commencer par là, mais la colère et l'impatience l'avaient convaincu du contraire.

Tâtant la veste de l'uniforme taché de vomis et de sang, Ada ne cherchait rien en particulier, mais elle espérait trouver beaucoup. Quelques bouts de papier, les clés de ses bagages ... et le regard de l'agent se fit plus interrogatif en arrivant sur un autre objet. En le dévoilant à sa vue, elle ne pu contenir un sourire satisfait. Un nouvel élément de l'attache du Colonel Ghetaldi à Kiyori mais également, un moyen de la rejoindre.

- "Agent Tarentule." interrompu alors Ada.

Sa collègue se tourna vers elle, observant avec attention l'instrument de navigation que l'Agent Viper lui montrait. Puis la CP4 plaça une manche de son kimono devant sa bouche, appuyant son ricanement.

- "Il semblerait que vous soyez en bonne route pour votre vengeance. Hihi. Vous savez quoi en faire."

Puis sans plus de discours, l'agent Tarentule sortie pour partir faire son rapport, laissant seule Ada et le corps du marine. La jeune femme resserra ses doigts autour de l'objet trouvé, consciente qu'il s'agissait là d'une porte grande ouverte pour retrouver le fruit de son défunt père.