“On y va vraiment maintenant ?”
“Il faut bien prendre une décision, on ne va pas pourrir ici jusqu’à la fin de nos jours.”
“Mais il fait si noir dehors, on pourrait tomber sur un ours ou pire, des lapins géants…”
“Fermez là.” décidai-je sèchement. “On part ce soir. J’en ai décidé ainsi alors vous allez accepter ma décision et la boucler bien gentiment. Il faut que je me concentre pour ne pas me faire surprendre par un prédateur.” tranchai-je dans mon esprit.
“T’as conscience qu’on est dans ta tête, et qu'on ne perturbe pas vraiment ton ouïe ?”
Je ne pris même pas la peine de répondre. Leur donner du grain à moudre était la seule chose que ces satanées voix attendaient de moi. Sans attendre davantage, je rassemblais mes affaires discrètement, armes, tenues de rechange et fortifiant naturels, médicaux comme psychotropes, tout semblait prêt. Fort heureusement, j’étais celui de garde cette nuit, faibles étaient les chances pour qu’on remarque mon départ avant l’aube. De plus, cela faisait plusieurs mois qu’aucune attaque d’animal avait eu lieu, ils pourraient très bien s’en sortir une nuit sans ma présence. Mon armure sur le dos et une lance en main, je partis à l’encontre du blizzard et les épines des conifères me fouettaient le visage. L’obscurité de la nuit était omniprésente, cependant je n’étais pas en terre inconnue. Cette route, je l’avais empruntée maintes et maintes fois.
Cette souche au sol, ainsi que ce tronc barrant le passage, si je parvins à les éviter, ce n’était non pas grâce à ma vue mais à mes souvenirs. Ces souvenirs qui me hantaient pour certains, me motivaient pour d’autres, qu’importe leur influence, ils me guidaient vers une nouvelle vie. Après presque une heure de route, les oreilles emmitouflées dans ma cape mais tout de même gelées, j’aperçus à l’horizon les premiers signes de civilisation, à commencer par les feux de cheminées qui interrompaient le défilé d’étoiles peuplant le ciel. En parlant d’interruption, une douleur aiguë au-dessus de la cheville me sortit de ma contemplation. Une paire de crocs acérés venait d’y élire domicile et l’affreux locataire n’était rien d’autre qu’un des fameux lapins géants, bien qu’à en juger par sa médiocre taille, celui-ci était à peine prépubère. Comment avais-je pu le rater ? La raison était probablement qu’il était endormi au bord de la route et que l’absence de mouvement ne m’avait donc pas alerté. Ces bestioles n’étaient bonnes qu’à une chose, servir de couverture et de petit-déjeuner. De ma lance je piquai à plusieurs répétitions la nuque du mammifère toujours accroché, creusant de plus en plus la surface. Il n’y avait aucun temps à perdre, ces satanées rongeurs traînaient en meute et les cris d’agonie de mon agresseur allaient sans aucun doute réveiller ceux sommeillant dans les fourrés.
Le mollet en sang, je fis au mieux pour courir, entendant les branches craquer et la neige se creuser sous des pattes bien plus lourdes que celles de mon ancien ennemi désormais séparé de sa boîte crânienne. Je boitais légèrement mais je devrais rapidement atteindre la ville portuaire, les rongeurs géants ne devraient pas me poursuivre là-bas, n’est-ce pas ?
“Et s’ils le font ?”
“Ils le feront c’est certain, on aurait jamais dû partir…”
“Oh mais ils ont l’air trop doux !”
“BATS TOI COMME UN HOMME !”
“Vous êtes ridicules, je vais pas me fatiguer à leur péter la gueule pour rien, et puis j’ai pas envie d’être couvert de sang pour ensuite embarquer en pleine mer, c’est débile. Et ces trucs font la taille d’un ours, j’ai aucune chance tout seul. A moins que vous puissiez faire autre chose que piailler dans mon crâne et que vous me filiez un coup de main ?”
“Mauviette…”
A bout de souffle, j'atteignais la rangée de huttes éclairées par le soleil qui s’élevait depuis peu à l’horizon. Des officiers de la marine firent de grands gestes avec leurs armes, décourageant les prédateurs de poursuivre leurs chasses dans la ville. Adossé à un muret et assis par terre, j’inspectai ma blessure encore fraîche et j’enlevai les quelques feuilles et saletés s’y étant infiltré lors de ma fuite. Je me saisis d’un morceau de tissu dans mon sac que je recouvris avec de la poudre de plantes aux propriétés antiseptiques et avec lequel je serrai fortement mon mollet. Cela n’enlevait rien à la douleur, mais la blessure ne devrait pas s’aggraver.
“Il faut bien prendre une décision, on ne va pas pourrir ici jusqu’à la fin de nos jours.”
“Mais il fait si noir dehors, on pourrait tomber sur un ours ou pire, des lapins géants…”
“Fermez là.” décidai-je sèchement. “On part ce soir. J’en ai décidé ainsi alors vous allez accepter ma décision et la boucler bien gentiment. Il faut que je me concentre pour ne pas me faire surprendre par un prédateur.” tranchai-je dans mon esprit.
“T’as conscience qu’on est dans ta tête, et qu'on ne perturbe pas vraiment ton ouïe ?”
Je ne pris même pas la peine de répondre. Leur donner du grain à moudre était la seule chose que ces satanées voix attendaient de moi. Sans attendre davantage, je rassemblais mes affaires discrètement, armes, tenues de rechange et fortifiant naturels, médicaux comme psychotropes, tout semblait prêt. Fort heureusement, j’étais celui de garde cette nuit, faibles étaient les chances pour qu’on remarque mon départ avant l’aube. De plus, cela faisait plusieurs mois qu’aucune attaque d’animal avait eu lieu, ils pourraient très bien s’en sortir une nuit sans ma présence. Mon armure sur le dos et une lance en main, je partis à l’encontre du blizzard et les épines des conifères me fouettaient le visage. L’obscurité de la nuit était omniprésente, cependant je n’étais pas en terre inconnue. Cette route, je l’avais empruntée maintes et maintes fois.
Cette souche au sol, ainsi que ce tronc barrant le passage, si je parvins à les éviter, ce n’était non pas grâce à ma vue mais à mes souvenirs. Ces souvenirs qui me hantaient pour certains, me motivaient pour d’autres, qu’importe leur influence, ils me guidaient vers une nouvelle vie. Après presque une heure de route, les oreilles emmitouflées dans ma cape mais tout de même gelées, j’aperçus à l’horizon les premiers signes de civilisation, à commencer par les feux de cheminées qui interrompaient le défilé d’étoiles peuplant le ciel. En parlant d’interruption, une douleur aiguë au-dessus de la cheville me sortit de ma contemplation. Une paire de crocs acérés venait d’y élire domicile et l’affreux locataire n’était rien d’autre qu’un des fameux lapins géants, bien qu’à en juger par sa médiocre taille, celui-ci était à peine prépubère. Comment avais-je pu le rater ? La raison était probablement qu’il était endormi au bord de la route et que l’absence de mouvement ne m’avait donc pas alerté. Ces bestioles n’étaient bonnes qu’à une chose, servir de couverture et de petit-déjeuner. De ma lance je piquai à plusieurs répétitions la nuque du mammifère toujours accroché, creusant de plus en plus la surface. Il n’y avait aucun temps à perdre, ces satanées rongeurs traînaient en meute et les cris d’agonie de mon agresseur allaient sans aucun doute réveiller ceux sommeillant dans les fourrés.
Le mollet en sang, je fis au mieux pour courir, entendant les branches craquer et la neige se creuser sous des pattes bien plus lourdes que celles de mon ancien ennemi désormais séparé de sa boîte crânienne. Je boitais légèrement mais je devrais rapidement atteindre la ville portuaire, les rongeurs géants ne devraient pas me poursuivre là-bas, n’est-ce pas ?
“Et s’ils le font ?”
“Ils le feront c’est certain, on aurait jamais dû partir…”
“Oh mais ils ont l’air trop doux !”
“BATS TOI COMME UN HOMME !”
“Vous êtes ridicules, je vais pas me fatiguer à leur péter la gueule pour rien, et puis j’ai pas envie d’être couvert de sang pour ensuite embarquer en pleine mer, c’est débile. Et ces trucs font la taille d’un ours, j’ai aucune chance tout seul. A moins que vous puissiez faire autre chose que piailler dans mon crâne et que vous me filiez un coup de main ?”
“Mauviette…”
A bout de souffle, j'atteignais la rangée de huttes éclairées par le soleil qui s’élevait depuis peu à l’horizon. Des officiers de la marine firent de grands gestes avec leurs armes, décourageant les prédateurs de poursuivre leurs chasses dans la ville. Adossé à un muret et assis par terre, j’inspectai ma blessure encore fraîche et j’enlevai les quelques feuilles et saletés s’y étant infiltré lors de ma fuite. Je me saisis d’un morceau de tissu dans mon sac que je recouvris avec de la poudre de plantes aux propriétés antiseptiques et avec lequel je serrai fortement mon mollet. Cela n’enlevait rien à la douleur, mais la blessure ne devrait pas s’aggraver.
Dernière édition par Bjorn le Dim 31 Mar 2024 - 19:12, édité 2 fois