La Folie des Dés

Le capitaine des trois Grâces fait une fois par an des concours de dés en pariant des choses hallucinantes, gros risques, mais grosses récompenses, mais évidemment, il triche et gagne à coup sûr. Il fait son concours au même saloon là à toutes les années, parce que le propriétaire l'aide et récupère en même temps de l'argent à la fin. Pour ça, il poste une affiche sur le tableau des annonces donnant rendez-vous à tous les fanas de hasard de se rendre à un certain saloon. L’endroit, un des saloons très miteux du port.

Après plusieurs jours d'aventure dans le désert, Davinia revient à Exact Town. L'auberge du Crâne Brisé l'accueille avec une familiarité chaleureuse. L'homme à l'accueil hoche simplement la tête en reconnaissant Davinia, témoignant ainsi de son habituelle discrétion. Mais cette fois, Davinia demande une chambre à deux pour être avec Bjorn. L'homme acquiesce et leur attribue une nouvelle chambre, plus spacieuse. Une fois installée, Davinia libère ses deux sphinx qui s'aventurent joyeusement dans la pièce, découvrant chaque recoin avec curiosité. Pendant ce temps, elle laisse Bjorn libre de ses activités pour la soirée, mais lui rappelle simplement de revenir dormir dans leur chambre. Après une journée éreintante, Davinia se délecte d'un bain revigorant, laissant l'eau chaude apaiser ses muscles fatigués. Elle prend soin d'elle, se lavant et se relaxant, avant de s'envelopper dans une serviette douce et de rejoindre son lit. Les deux sphinx, fidèles compagnons, la suivent et se blottissent sous les couvertures avec elle, formant un tableau de quiétude et de réconfort.


Au réveil, Davinia se sentait revigorée, comme si une nouvelle énergie circulait en elle. Après une nuit sans rêves agités, mais profondément reposante, elle retrouve le confort de vêtements propres qui avaient séché durant la nuit, suspendus dans un coin de la chambre. La lumière du jour, douce et dorée, inondait la pièce, apportant une ambiance paisible et sereine. Les deux sphinx, fidèles compagnons de Davinia, semblaient eux aussi ressentir cette énergie renouvelée. Intrigués par la présence de Bjorn, ils décident d'aller explorer la silhouette endormie. D'abord prudents, ils observent de loin l'homme allongé, mais leur curiosité l'emporte rapidement. Ils se rapprochent, sautillant avec agilité, et finissent par bondir sur la forme en mouvement pour susciter une réaction. Bjorn, surpris par cette attaque féline matinale, émerge lentement de son sommeil, se débattant légèrement sous les assauts ludiques des sphinx. Un sourire amusé se dessine sur le visage de Davinia alors qu'elle observe la scène, appréciant le jeu innocent de ses compagnons. Davinia adresse un sourire désolé à Bjorn, assurée qu'il ne représenterait pas de danger pour les chats curieux qui l'entourent. Après un bref regard vers les félins, elle se tourne vers le bout de papier qui repose négligemment sur la petite table. Ses yeux scrutent attentivement l'encre qui tâche le parchemin de qualité médiocre.

''La Chance Fugitive,'' murmure-t-elle doucement.

L'idée d'une taverne où le jeu est roi semble enchanter la plupart des gens, mais Davinia ne peut s'empêcher de ressentir une certaine méfiance. Elle a l'impression que derrière cette apparente simplicité se cache quelque chose de plus sombre, comme une anguille sous roche, comme le dirait son mentor, Nirle. Ses pensées vagabondent tandis qu'elle fixe la silhouette musclée de son compagnon, se demandant quelles pourraient être les implications d'une telle visite au Saloon de la Chance Fugitive.

"Rassure-moi, tu n'es pas accro aux jeux de hasard ?" Lui demande-t-elle d'une voix pensée. "Plutôt, tu as vu une opportunité intéressante ?" Le questionne-t-elle doucement. "Habille-toi, je vais m'occuper de notre déjeuner. Retrouve-moi en bas dans quelques minutes. Fais attention à ce qu'ils ne sortent pas de la chambre. Ils ont déjà de la nourriture et de l'eau, mais si tu veux qu'ils t'apprécient, il serait bien de mettre un peu de glace dans leurs bols... S'il te plaît," termine-t-elle avec un marmonnement presque timide.

Sur ce dernier échange, elle saisit le chapeau de cowboy qui attendait sagement, l'enfonce sur sa tête et quitte la chambre sans un regard en arrière. Elle retrouve bien vite le brouhaha de la salle à manger. Silencieuse, elle s'installe au comptoir, commandant un repas pour deux avant de déposer des billets et l'annonce devant elle. Arnold, le patron, l'observe un instant, attrapant les liasses qu'il fait disparaître rapidement. Il envoie la commande et installe deux tasses avec un café aussi noir que les cheveux de Davinia, l'odeur amère de la caféine se dégageant des liquides chauds. Elle saisit sa tasse, buvant une petite gorgée en s'attendant à ce que le breuvage soit infect, mais à sa grande surprise, il semblait de bonne qualité.

‘’Intéresser au tournoi ?’’ Demande Arnold.
‘’Peut-être, moi et Bjorn, on cherche une manière de quitter l’île…’’
‘’Transport en commun ?’’
‘’Non, plutôt transport personnel.’’
‘’Du long terme. C’est possible de parier son bateau, mais il faudra un échange en équivalence.’’
‘’Des nouvelles recrutées et des années de travail gratuit ?’’
‘’Exactement ce qu'il désire, alors ça va attirer son attention.’’
‘’Tu as des infos pertinentes pour moi ?’’
‘’Hmm, y a des rumeurs que le Capitaine et le proprio du saloon son de mèche. En six ans de tournois, le Capitaine à presque jamais perdu de partie importante. Alors il se pourrait qu’il triche…’’ Marmonne plus faiblement l’homme.
‘’Clairement… Il gagne quoi en général ?’’
‘’Ça varie selon la personne, mais en général plus la demande de récompense est haute, plus sa contrepartie est haute aussi et si ça tombe dans ce qu’il désire, il ne perd jamais. C’est comme ça qu’il a fait les trois-quarts de son équipage.’’
‘’Intéressant, un tricheur arrogant, le plus facile à manipuler… Merci Arnold. Si je peux faire quelque chose…’’
‘’Si tu t’intéresses vraiment au tournoi fait moi une faveur. Si l’opportunité se montre, mets moi le feu à cet établissement…’’ Marmonne dans sa barbe l’homme.
‘’Je sens de l’amertume dans ta voix.’’
‘’Le salaud a piqué mon établissement et ma femme… Il a fallu que je me refasse tout.’’
‘’La Chance Fugitive t’appartenait avant ?’’
‘’Oui,’’ grogne-t-il. ‘’Il a réussi à convaincre ma femme de lui donner les papiers de propriété de l’établissement. Une fois les papiers en main, il a fait changer le nom et cette salope m'a quitter pour lui… Ils ont même volé mon chien !’’
‘’Ah oui, même le chien…’’
‘’Oui… Le chien, c’était de trop. Alors si tu as la chance…’’
‘’Promis Arnold, on quittera l’établissement dans un feu d’artifice époustouflant.’’

Au même moment, son compagnon arrive, prenant place à côté d'elle. Arnold en profite pour offrir un hochement de tête poli à Bjorn avant de s'éloigner vers les cuisines où le ding classique résonne, annonçant des repas prêts. Davinia échange un léger sourire avec Bjorn, le visage à moitié caché derrière la tasse. Le propriétaire revient ensuite, déposant les assiettes devant eux. Il refait le plein de café à Davinia et reprend son activité plus loin, laissant le duo en tête-à-tête.

‘’Tu as… Réussi à bien dormir ?’’ Commence Davinia en attaquant son repas. ‘’Profitons du moment pour faire plus connaissance… Surtout si on doit rester un moment ensemble,’’ continue-t-elle. ‘’Davinia Valthane, rejetée de ma famille à cause de ma gêne de trois yeux… J’ai foutu le feu au manoir et essayé de tuer ma famille parce qu'ils voulaient me trahir pour leur profit. Alors, gare à toi Bjorn, sois loyal avec moi et je le serai aussi… Hmm… Sur une corde plus sensible… J’ai un pouvoir… De Divination qui m’oblige parfois à tomber en transe, alors si tu vois mon troisième œil s’ouvrir, ne panique pas, c’est normal.’’ Lui révèle-t-elle finalement. ‘’Et toi ? Quelque chose de pertinent à partager ?’’

Davinia dégustait son déjeuner avec une attention particulière, écoutant attentivement Bjorn tout en observant chaque geste, chaque inflexion de sa voix. Ses yeux scrutèrent chaque détail de son visage, notant chaque cicatrice, chaque trait de caractère. Elle remarqua l'hésitation dans ses paroles, l'absence de contact visuel, comme s'il gardait une part de lui-même enfouie. Elle acquiesça légèrement, absorbant chaque mot dans le silence de la salle à manger, commençant à décoder le mystère derrière les trois yeux. Une fois le repas terminé, Bjorn se leva après quelques étirements, et elle l'observe faire quelques secondes, terminant de déguster son café comme le faisait ses yeux qui parcourant le visage de l'homme en quête de réponses. Bjorn était un mystère qu'elle voulait découvrir, et son silence sur certains éléments ne faisait que renforcer son envie de percer le secret de l'homme. Toutefois, elle savait qu'il y avait un temps pour tout, un moment pour pousser et un moment pour attendre. En cet instant, ce n'était pas le moment de bousculer, et elle était prête à respecter son non-dit, à faire preuve d'un peu de patience, comme il l'avait fait avec elle. Davinia esquissa un sourire subtil, appréciant tout de même la franchise de Bjorn. Elle finit par se lever à son tour, répondant d'une voix assurée :

"Oui, je sais où chercher. Merci de m'accompagner à nouveau. Allons-y," lui glisse-t-elle en ouvrant la marche vers l’extérieur. ‘’Le but est simple, récupérer le bateau du Capitaine. Il semblerait que monsieur aime parier des grosses récompenses en échange de main d’œuvre et je me suis dit que nous allons nous parier son bateau contre des années de nos services. Le tavernier m'a appris que monsieur trichait toujours et l’aubergiste de la Chance Furtive l’aidait dans la manœuvre, d’où la raison que le tournoi se produise toujours là-bas,’’ explique Davi en réajustant son chapeau et cacher son visage du shérif qui passait non loin. ‘’Alors évite de manger ou de boire, je soupçonne qu’il doit mettre des substances hallucinogènes qui poussent les gens à faire des choses stupides… Et on espère que ce soit pas dans l’air sous forme d’encens.’’ Termine-t-elle pensive, son cerveau réfléchissant à toutes les possibilités.

Les bottes de Davinia résonnaient sur les planches usées du trottoir en bois, produisant un son sec qui se mêlait au grincement des chariots et aux éclats de voix animés. Les façades des bâtiments de style western, autrefois fières et vibrantes de couleur, étaient maintenant délavées par le soleil implacable du désert et le passage du temps. Les enseignes en bois donc beaucoup étaient craquelés balançaient mollement au gré du vent chaud, témoins silencieux de jours meilleurs révolus. Des rideaux de poussière flottaient paresseusement dans l'air, portés par une brise légère qui semblait murmurer des histoires oublier.

‘’Oh, avant que je n'oublie, à la fin de cette histoire, quand on aura le bateau. On m’a fait une petite demande personnelle, le bâtiment doit partir en flamme…’’ Termine-t-elle d’un ton aussi suave que le miel, comme si la simple idée était un mets du plus alléchant.

Elle s'était arrêtée, faisant face à Bjorn. Levant son menton vers lui, elle repositionna légèrement ses vêtements avant de glisser ses paumes sur son torse. Ce simple contact était une technique d'intimité subtile entre deux personnes, et Davinia ne voulait surtout pas perdre l'emprise sur cet homme qui semblait prêt à la suivre docilement. Elle appuya lentement sur l'emplacement du cœur de son compagnon, sentant sous ses doigts les battements de son cœur. Elle leva doucement les yeux pour les plonger dans les siens, offrant une expression plus douce.

‘’J’ai une mission pour toi. Il nous faudrait de la poudre noire, du gaz ou toute substance très inflammable… Du tissu pour des mèches et peut-être même des contenants en verre, bouteilles de préférence,’’ précisa-t-elle en passant ses yeux sombres de l'œil unique aux lèvres de Bjorn. ‘’Tu crois que tu pourrais faire ça pour moi ?’’ Demanda-t-elle en sortant une liasse de berries pour la glisser dans l’une des poches de son interlocuteur. ‘’Si tu as d’autres idées, je suis ouverte aussi.’’

Derrière elle, au coin de la rue non loin du port, le saloon se dressait, autrefois le joyau du village, un lieu de rencontre pour les cow-boys et les voyageurs en quête de répit après de longues journées de labeur. Mais maintenant, ses murs étaient écaillés, ses fenêtres poussiéreuses et ses portes branlantes. Le toit, autrefois fier et solide, montrait des signes de dégradation, laissant échapper des morceaux de tuiles de temps à autre. Pourtant, malgré son état délabré, le saloon conservait une faible aura de nostalgie, attirant toujours quelques âmes errantes en quête d'un dernier verre ou d'un soupçon de réconfort dans ce désert aride de désespoir. Elle pouvait presque entendre les échos des rires et des chansons qui résonnaient autrefois dans ces murs, même si maintenant seuls les murmures du vent et le cliquetis des portes délabrées constituaient la nouvelle musique.

‘’Je vais aller faire un tour pour récolter des informations. Je suppose qu'il fera ses paris le soir et nous allons utiliser ceci à notre avantage. En arrivant assez tard, beaucoup de la populace présente, voyageurs désespérés et autres seront sûrement alcoolisés, alors si quelque chose dérape, nous pourrons l’utiliser à notre avantage,’’ expliqua-t-elle en caressant distraitement la surface de son palpitant, écoutant toujours son cœur avec attention. ‘’On pourra se retrouver à la taverne du Crâne Brisé quand nous aurons tout notre matériel et nos informations.’’

Une fois seule sur le coin de la rue, Davinia observe Bjorn s'éloigner, espérant avoir placé sa confiance entre les mains de la bonne personne. Elle prend une profonde inspiration, sentant le poids de la mission qui repose sur ses épaules. Ce n'est qu'une fois que son compagnon est hors de sa vue qu'elle se détourne brusquement. Elle sait qu'elle doit agir vite et efficacement. Elle opte pour une approche astucieuse en altérant son apparence avec des objets et des vêtements trouvés dans les environs d'Exact Town. Elle improvise avec ce qu'elle trouve à sa disposition. Tout en se faufilant dans la ruelle étroite la plus près, elle vient retirer son manteau, pantalon, chapeau et sa blouse, gardant qu’un boxer, ses bottes et une camisole. Elle roule en boule le manteau qui cache tout autre chose qui lui appartient, trouvant une cachette loin des yeux dans une caisse. Elle vient ensuite repérer des vêtements laissés sans surveillance sur un fils à linge. Tout en se déplaçant pour s’éloigner, elle attrape une robe usée par le temps et un corset féminin. Elle les enfile habilement, s’aidant subtilement de ses cheveux pour terminer la chose rapidement. Elle terminait de resserre le corset quand elle bifurqua dans une autre ruelle. Ici, il y avait plusieurs chapeaux usés dans l’une des poubelles et elle en attrape un. Elle ébouriffait ses cheveux, utilisant son retour à la vie pour leur donner du volume à la fibre sauvage et nonchalante avant d’enfoncer sur sa tête son ‘nouveau’ chapeau.

Elle se dirige ensuite vers le petit marché qu’elle avait aperçu, des morceaux de tissu lui serait utile. Elle échange de la money rapide contre un châle sombre, une ceinture, du maquillage, un fourre-tout tout et un collier. Avec une dextérité et une rapidité étonnantes, elle termina sa transformation pour offrir l’image d’une demoiselle de plaisir épuisée par le boulot, mais toujours assez jolie pour le faire. Elle s’arrête, se penchant dans un coin pour utiliser le maquillage et son retour à la vie pour altérer un peu son visage, offrant des traits plus féminin, jeune avec un maquillage lourd et des crins de beautés supplémentaires. Elle ne laisse rien au hasard, ajustant chaque détail de sa nouvelle apparence pour qu'elle soit le moins méconnaissable. Les regards curieux des passants observent son dos, mais ne la dérangent pas, elle est trop concentrée sur sa métamorphose pour se soucier des pensées de ceux qui la trouvent bizarre et puis n’était-elle pas une simple fille de joie qui se préparait pour son boulot ? Après quelques minutes de travail minutieux, elle se redresse, méconnaissable même pour elle-même. Elle se fond à nouveau dans la foule, ses mouvements empreints de l'assurance de celle qui a maîtrisé l'art du déguisement, mais le pas féminin de la femme fatale. Avec son ‘nouveau’ visage et sa nouvelle identité, elle se dirige vers le saloon, prête à jouer le rôle qu'elle s'est assigné pour le moment.

L'intérieur de la Chance Furtive est plongé dans une semi-obscurité, les rayons de soleil pénétrant à travers les fenêtres poussiéreuses offrant seulement une lumière tamisée qui peine à éclairer l'endroit. L'air est lourd de tabac et d'alcool, imprégné des souvenirs passés de nombreuses soirées arrosées. Le mobilier est usé, marqué par les années d'utilisation et de négligence. Les tables ébréchées et les chaises vacillantes témoignent du passage du temps et de l'absence d'entretien. Des toiles d'araignée pendent aux coins des poutres, ajoutant une atmosphère sinistre à l'ensemble. En cette heure de la journée, l’endroit est presque désert, à l'exception de quelques rares clients attablés çà et là, semblant perdus dans leurs pensées ou absorbés par leur verre. Les filles de joie, maquillées et vêtues de façon provocante, errent avec ennui à l'étage, attendant patiemment l'arrivée des clients qui tardent à venir. Leurs regards las et leurs gestes lents témoignent de l'ennui qui règne dans cet endroit décrépit. Au comptoir, quelques serveuses s'activent pour préparer le tournoi de ce soir. Elles échangent des murmures étouffés entre elles, ajustant les tables et les chaises, disposant les cartes et les jetons avec une précision méthodique. Malgré l'atmosphère lugubre qui règne, elles semblent déterminées à faire de cette soirée un succès, prêtes à accueillir les joueurs qui afflueront dès que la nuit tombera.

Dès qu'elle franchit le seuil du saloon, Davinia sent les regards pesants qui se posent sure elle, scrutant chaque trait de son visage, chaque mouvement de son corps. Les expressions sur les visages des habitués passent de la malveillance à la jalousie, tandis que certains affichent une curiosité évidente face à cette nouvelle venue au visage exotique. Le propriétaire, alerté par l'arrivée de cette étrangère, l'observe avec méfiance alors qu'elle s'approche de lui d'un pas confiant. Davinia roule des hanches avec assurance, exécutant une démarche assurée et séduisante qui ne manque pas d'attirer l'attention. Son sourire enjôleur, teinté d'une lueur de mystère, semble capable de charmer même les cœurs les plus endurcis. Le propriétaire, un homme robuste aux traits durs et au regard scrutateur, la fixe intensément alors qu'elle se rapproche de lui. L’Énigmatique, arborant un sourire charmeur, se penche légèrement en avant pour entamer la conversation avec le propriétaire.

‘’Bonjour ! Je suis nouvelle dans le coin et j'ai entendu parler de votre tournoi ce soir. Ça a l'air d'être un événement excitant !’’ Souffle-t-elle d’une voix enjoué et moelleuse.
‘’Salut. Oui, notre tournoi est assez populaire par ici. Qu'est-ce qui vous intéresse à ce sujet ?’’
‘’Eh bien, j'aimerais en savoir un peu plus sur les détails. Qui organise le tournoi et quel genre d'épreuves sont prévues ? Je suis curieuse de connaître le capitaine de ce navire, si vous voyez ce que je veux dire.’’

Elle laisse planer un léger sous-entendu dans sa dernière phrase, espérant susciter l'intérêt du propriétaire et obtenir des informations supplémentaires. Le propriétaire, un peu surpris reste silencieux, mais il semble aussi intrigué par son charme, répond avec un sourire en coin.

‘’Ah, je vois ce que vous voulez dire. Eh bien, le tournoi est organisé par un certain Capitaine Morgan. C'est un personnage plutôt mystérieux, mais il est bien connu dans ces contrées pour ses compétences dans les jeux de hasard et pour son navire, les "Trois Grâces".

Davinia feint un intérêt accru, penchant légèrement la tête comme pour écouter attentivement, lui offrant toujours un doux sourire.

‘’Le Capitaine Morgan, dites-vous ? Un nom plutôt évocateur, n'est-ce pas ? Et les épreuves du tournoi, quelles sont-elles ? Des jeux de cartes, des dés, peut-être même des duels ?’’
‘’Exactement. Les épreuves varient d'une à l'autre, au choix du joueur, mais on peut s'attendre à des jeux de cartes, des jeux de dés, et même des duels de dards. C’est comme un petit casino. Les enjeux sont souvent élevés, alors mieux vaut être bien préparé si vous comptez y participer. Cependant avec un corps tel que le tiens, les billets doivent couler à flots…’’ Termine-t-il avec un murmure, ses yeux dévorant la peau à nue, la tête remplit d’idées sur ses courbes mises en valeurs.
‘’Merci pour ces précieuses informations. Je pense que je vais prendre part au tournoi ce soir. Vous avez une idée de l'heure à laquelle ça commence ? Peut-être que j’aurais la chance du débutant…’’

Le propriétaire lui indique l'horaire et Davinia le remercie avant de s'éloigner, son esprit déjà en train de concocter ses prochains mouvements. Alors que Davinia s'éloigne pour explorer davantage le saloon, elle remarque quelques regards insistants qui la suivent dans la salle. Elle envoie des sourires énigmatiques et des regards suggestifs à ceux qui osent la fixer un peu trop longtemps, semant ainsi une aura de séduction autour d'elle. Elle se dirige vers le comptoir, où quelques clients solitaires sirotent leur boisson, et engage la conversation avec le barman. Elle se commande un verre et puis à ceux présents, offrant une distraction. Avec un mélange de charme et de subtilité, elle lui pose des questions sur les habitudes des participants au tournoi, leurs préférences en matière de boissons, et même sur le Capitaine Morgan lui-même. Le barman, visiblement flatté par l'attention de Davinia, répond avec enthousiasme à ses questions, lui fournissant des détails sur les clients réguliers du tournoi, les rumeurs qui circulent sur le capitaine ou même quelque conseil sur les meilleures boissons offertes. Davinia écoute attentivement, notant mentalement chaque information pertinente. Elle joue de son charme, inclinant légèrement la tête, laissant quelques mèches de cheveux glisser négligemment sur son visage. Son regard est pénétrant, captivant l'attention de son interlocuteur. Une fois qu'elle a recueilli suffisamment d'informations, elle remercie le barman d'un sourire éblouissant et se dirige vers l'escalier menant à l'étage où se trouvent les chambres et, probablement, les filles de joie.

Lorsque Davinia atteint l'étage, elle est accueillie par une atmosphère encore plus sombre et pesante que celle du rez-de-chaussée. L'air est chargé d'une sorte de désespoir palpable, et elle sent le regard scrutateur des filles de joie qui la regardent avec un mélange de curiosité et de méfiance. Elle s'approche d'elles avec assurance, adressant un sourire chaleureux, mais néanmoins calculateur. Les filles, habituées aux visages familiers et aux clients réguliers, la regardent d'un air interrogateur. Davinia engage la conversation d'une voix douce, mais assurée, sort même les billets, cherchant à gagner leur confiance tout en récoltant des informations. Elle pose des questions sur les clients du saloon, les habitudes de ces derniers, et même sur les rumeurs qui circulent dans le milieu. Certaines filles se montrent réticentes au début, mais la nature charismatique de Davinia et son habileté à naviguer dans des eaux troubles lui permettent rapidement de briser la glace. Elle leur offre des sourires compatissants, écoutant attentivement leurs histoires et leurs préoccupations. Peu à peu, les filles se détendent, partageant des détails sur les clients réguliers, les personnalités notables qui fréquentent le lieu, et même quelques ragots sur le capitaine Morgan et ses étranges affaires.

‘’Oh, tiens-toi loin de Marcus, il devient violent avec trop d’alcool dans le corps. Tu ne peux pas le manquer, c’est un gros bourrin roux.’’ S’exprime une jolie rouquine.
‘’Valkas est une figure assez loyale à Morgan, et il surveille tout d’un regard. Il s’occupe toujours de la sécurité des tournois… Il est borne, avec des cheveux poivre et sel.’’ Continue une brunette.
‘’Oui, mais la dernière fois qu’il a visité, il semblait plus tendu, moi, je crois qu’il y a eu un désaccord entre Valkas et Morgan.’’ Renchéris une blondinette aux traits trop jeune.
‘’Jeffrey est un accro des jeux de hasard, il dépense toujours toute sa fortune…’’ Reprends la rousse.
‘’Oh, mais à chaque tournoi, on se retrouve avec les hommes les poches vides, ils se font toujours plumée par Morgan…’’
‘’En parlant de Morgan, qui se sacrifie cette année ? Moi, je peux plus le sentir, le mec à des goûts trop étrange pour moi…’’ Souffle avec peine la brunette.
‘’L’autre jour, j’ai surpris une conversation entre deux serveuses, il semblerait que le patron ait testé leur mouvement de main et rapidité pour tricher… Il ne va prendre que les meilleures… Si ça intéresse certaines filles, il reste des places.’’ Glisse sur un ton de confidence la petite blonde.

Davinia prend note de tout ce qu'elle entend, gardant un œil attentif sur les réactions des filles et cherchant à lire entre les lignes. Elle sait que dans ce monde d'ombres et de secrets, chaque petit détail peut être précieux. Dans cette discussion, elle en vient à découvrir quel homme seraient le plus susceptible à devenir problématique, ou encore le plus facile à provoquer. Qui était le plus loyal, qui le plus manipulable, tout ces informations en échange de billets et de mots compatissent. Après un moment de discussion, elle remercie les filles pour leur compagnie et leur souhaite une bonne après-midi. Après avoir terminé sa mission de reconnaissance, Davinia quitte l'établissement avec l'assurance de quelqu'un qui a accompli ce qu'elle était venue faire. Elle jette un dernier regard autour d'elle, notant mentalement les détails qui pourraient s'avérer utiles à l'avenir, puis elle se dirige d'un pas décidé vers la sortie.

L'air frais de l'extérieur, lui fouette le visage alors qu'elle retrouve la lumière du jour, contrastant avec l'atmosphère sombre et étouffante du saloon. Elle respire profondément, prenant une grande bouffée d'air pour chasser les sensations désagréables qui persistent après sa visite. Une fois à l'extérieur, elle se met en quête de l'endroit où elle a caché ses vêtements et récupère ses affaires avec un sentiment de soulagement. Enfilant ses vêtements habituels, elle se sent à nouveau elle-même, prête à retourner à l'auberge du Crâne Brisé. Sur le chemin, elle repasse mentalement en revue les informations qu'elle a recueillies, réfléchissant à la manière dont elle pourrait les utiliser pour progresser dans son plan. Arrivée à l'auberge, elle cherche du regard Bjorn, espérant le trouver là où ils se sont fixé rendez-vous. Elle le repère finalement dans un coin de la salle commune, attendant apparemment son retour. Elle fait signe au barman de leur apporter de nouvelles consommations. Avec un sourire satisfait, elle s'approche de lui et s'installe à ses côtés, prête à partager ce qu'elle a découvert. Elle attrape sa bière, prend une longue gorgée qui lui rafraîchit le gosier et plonge ses billes brillantes dans la sienne.

‘’Alors, laisse-moi te raconter ce que j’ai eu…’’

Davinia pousse la lourde porte du saloon avec confiance, abandonnant la froideur de l’air extérieur pour pénétrer dans l'atmosphère saturée de fumée de tabac et imprégnée de l'odeur forte de l'alcool et de la sueur. La musique tonitruante des instruments résonne dans ses oreilles alors qu'elle avance à travers la foule bruyante et animée. Scrutant déjà les visages de ceux qui se trouvaient ici. Davinia scrute attentivement la foule, à la recherche de visages familiers parmi les habitués du saloon. Ses yeux balayent la pièce enfumée, cherchant les caractéristiques distinctives de chacun des hommes qu'on lui avait parlé.

Tout d'abord, elle repère Marcus, le gros bourrin roux, assis à une table près de la porte. Il est facile à repérer avec sa carrure imposante et sa barbe broussailleuse qui lui donne un air robuste et intimidant. À côté de lui, se trouve Varkas, reconnaissable à sa chevelure poivre et sel et à son regard perçant. Il est penché sur une table de jeu, concentré sur ses cartes, mais ses yeux scrutent constamment la pièce, à l'affût de la moindre opportunité. Un peu plus loin, près du bar, Davinia repère Jeffrey, le blond accro au jeu du hasard. Il est en train de discuter vivement avec un groupe d'amis, un verre à la main, le regard brillant d'excitation. Son air insouciant et son sourire charmeur le rendent facile à remarquer au milieu de la foule. Enfin, elle repère le Capitaine Morgan, le maître des paris, installé à une table près du fond. Il est entouré de plusieurs hommes, tous pendus à ses paroles alors qu'il distribue les cartes et annonce les mises. Son allure distinguée et son regard calculateur en font une figure imposante dans la taverne.

Davinia prend mentalement note de l'emplacement de chacun de ces hommes, consciente que leur présence pourrait être cruciale pour sa mission. Elle a revêtu les mêmes vêtements aguicheurs qu'elle portait lors de sa première visite, adoptant l'apparence d'une fille de joie pour mieux se fondre dans l'ambiance du saloon. Son large jupon dissimule habilement ses dagues attachées à ses cuisses. Les regards curieux se tournent vers elle alors qu'elle se fraye un chemin à travers la foule en compagnie de Bjorn, mais elle les ignore avec grâce, se concentrant sur le devant. Elle se faufile habilement entre les clients, esquivant les danseurs et évitant les chaises renversées, jusqu'à ce qu'elle atteigne le bar bondé. Elle s'installe au comptoir, attirant l'attention du barman d'un geste de la main. Avec un sourire charmeur, elle commande une boisson et engage la conversation avec le propriétaire comme le ferait n’importe quel nouvel arrivant. Bjorn l’encadre derrière elle, la dépassant d’une bonne tête et demie ce qui coupe net la discussion avec le barman. Elle lui fait finalement face, lui attirant son visage vers le sien pour s’exprimer.

‘’Bjorn, soit un amour et va nous trouver une table de disponible, de préférence du même côté que le Capitaine. Je ramène les boissons.’’ Souffle Davinia, avant de le relâcher et de lui pointer subtilement l’homme en question.

Une fois l'action accomplie, elle retourne vers le barman, lui offrant un large sourire tout en s'excusant pour son ami. Il peut sembler intimidant, mais en réalité, il est d'une douceur inattendue. Après un échange de plaisanteries, elle demande au barman d'envoyer une bouteille de son meilleur alcool à Marcus. Elle paie la bouteille et offre un généreux pourboire au barman ainsi qu'à la serveuse qui la livrera. Une fois la bouteille envoyée à la table, elle échange un long regard langoureux avec Marcus, lui offrant un délicieux sourire avant de se détourner poliment, saisissant les deux bières et se dirigeant vers Bjorn. Elle prend un léger détour, calculant à la perfection la collision avec Jeffrey, avant de s'excuser en inclinant la tête. Elle observe à leurs pieds et annonce à Jeffrey qu'il a échappé une liasse de berries durant l'accrochage. Cependant, cette même liasse d'une dizaine de billets n'était nulle autre qu'une manipulation de la part de l'espionne pour inciter l'homme à dépenser davantage. Ce que ce dernier fait immédiatement en attrapant l'argent et en mentant sur son appartenance à celui-ci.

Après cet échange frugal, elle retrouve enfin Bjorn, prenant place à ses côtés et lui tendant une bière. Elle garde le silence, continuant d’observer les gens, mais surtout Morgan. Après de longues minutes d'études et d'observation, elle finit par se mordre la lèvre inférieure d'excitation. Elle venait de le percer à jour. Déjà, elle avait remarqué que ses dés ou ses cartes étaient tous d’un design particulier, maintenant elle avait compris pourquoi. Lorsqu'il trichait, il avait tendance à tapoter discrètement du bout des doigts sur la table, comme s'il marquait un rythme invisible. Ce tic lui permettait de manipuler les cartes ou les dés tout en donnant l'impression qu'il ne faisait que s'amuser avec son environnement. Durant son entraînement avec Nirle, cette dernière lui avait parlé de différents pouvoirs, dont l'un avait particulièrement marqué la jeune femme : la lithomancie, ou l'art de contrôler la pierre. Il fallait juste qu’elle confirme que ses dés étaient bien en pierre. Cachant ses lèvres derrière sa bière, elle avale une gorgée avant de tourner ses yeux brillants d’excitation vers Bjorn.

‘’Je crois que j’ai trouvé comment il triche. Une capacité plutôt spéciale, comme ta capacité à faire de la glace, mais lui, il manipule la pierre. Je crois que ses dés sont en roche, ce qui explique pourquoi il ne prend que ses objets à lui et comment il a pu tricher sans trop de difficulté’’ commence-t-elle lentement avant qu’une idée brillante ne traverse son esprit. ‘’Tu crois que tu pourrais me trouver des petits couteaux en pierre ? Où simplement briser des roches et me ramener les morceaux les plus aiguisés ?’’

Davinia était submergée par un mélange d'euphorie et de satisfaction lorsque sa théorie sur les dés de Morgan s'est avérée vraie. La confirmation de Bjorn avait amplifié son sentiment de jubilation, mais c'était le son distinctif des dés qui avait déclenché une vague d'extase en elle. Chaque fois que Morgan manipulait les dés, elle percevait maintenant la différence subtile dans le son, un son qui lui était devenu familier. Cette réalisation la remplissait d'une satisfaction profonde, confirmant son instinct et son intelligence. Mais ce n'était pas seulement cela qui la remplissait de joie. C'était aussi la révélation de la manipulation subtile de Morgan. Elle se souvenait de ses gestes, de la façon dont il caressait toujours les dés avant de les lancer, prétendant que c'était pour porter chance. Elle avait toujours trouvé cette habitude suspecte, mais maintenant, elle comprenait la véritable raison derrière ces gestes. C'était une manipulation habile, une démonstration de sa maîtrise de la lithomancie, et cette compréhension lui procurait une satisfaction immense. Dans cet instant, alors que les événements se déroulaient autour d'elle, Davinia se sentait plus confiante que jamais dans ses capacités et dans sa capacité à percer les mystères qui se présentaient à elle.

‘’Oh, mais avant toute chose, je veux voir le papier de propriété du bateau.’’
‘’Pardon ? Tu crois que le traîne avec moi ?’’ Feint le Capitaine.
‘’Pourquoi pas ? Tu dois bien, vu que ce n’est pas la première fois que ce genre de parie arrive.’’
‘’C’est vrai, c’est vrai… Tiens le voilà’’ annonce Morgan en le déposant sur la table.

Davinia vient l’étudier un peu, s’assurant qu’il était bien authentique et hoche la tête avant de le remette sur la table.


Le résultat final ne fut pas étonnant, la perte du match. Toutefois, le sourire de Davinia ne fit que grandir sur ses traits satisfaits, ce qui fit fonça les sourcils à son partenaire de jeu. Les billes dans les siennes, il comprit rapidement qu’on s’était joué de lui, mais avant même qu’il ne puisse réagir, l’Énigmatique attrapait les dés rouges et les manipulait doucement sous les murmures de surprises. Le brouhaha de la fête autour de la table semble se calmer brusquement, attirant l’attention d'autres clients face au silence brusque. Elle vient manipuler les dés, utilisant son sens du toucher habitué aux manipulations matériel. Certains côtés des angles des dés étaient légèrement arrondis, pas assez pour que la différence soit visible à l’œil nue, mais assez pour le sentir au toucher. Ceci expliquait toujours pourquoi il manipulait les dés et pourquoi personne d’autres ne les utilisait.

‘’Que fais-tu !’’ Clame la voix de Morgan.
‘’Je confirme ma théorie. Tu as triché et tu triches probablement depuis bien longtemps. Tes dés ne sont pas légaux. Ils sont en pierre et certains coins sont plus arrondis que d'autres.’’
‘’Comment ?! Tu oses m’accuser moi ! Tu n’as aucune preuve de ce que tu annonces !’’
‘’Hmm, tu crois ? Même si tu es un bon manipulateur, tu as des tics, comme celui de toucher tes dés à chaque fois’’ elle leva brusquement la main, son regard noir le faisant taire avant qu’elle ne soit coupée. ‘’Tu as en ta possession un savoir rare, que d’ordinaire, on ne trouve que dans le désert. Tu as appris l’art de la lithomancie, ou simplement la manipulation de la pierre au toucher. C’est pour ça que tes dés sont en pierre… Tu peux donc altérer leur forme et contrôler les chiffres. Je suis sûre que ton second, Valkas, pourra confirmer s'il inspecte les dés. J’ai vu qu'il avait une lunette grossissante quand il a surveillé le sac de joyaux qui a été envoyé à sa table.’’

Au même moment, le concerné s’approcha, tendant la main vers Davinia pour voir l'un des dés. De son autre main, il sortit une petite lunette unique. Il fit signe à l'un de ses hommes d'approcher une torche et il se pencha ensuite sur le dé pour l'étudier. Sur ce coup, Davinia espérait réellement que Valkas soit avec eux, que sa rancune sous-entendue par les filles de joie soit réelle. Toutefois, le silence s’étira et l’expression ne changea pas. Morgan semblait à son tour extatique et un large sourire commença à se dessiner sur ses lèvres. Cependant, l’espionne sortit de ses jupons les morceaux de pierre tranchants, les lançant en direction de Morgan qui les attrapa avec ses mains. Sous les sons de surprise, l’homme ferma les yeux, réalisant son erreur immédiatement et entre ses mains une épaisse poussière de roche s’échappa entre ses phalanges.

‘’Elle a raison…’’ Annonça finalement Valkas, qui leva des yeux injectés de sang sur son ‘Capitaine’.
‘’En plus de tricher, il était de concert avec le propriétaire du bar qui forçait ces filles à tricher aussi, sinon elles étaient sévèrement punies. Alors chaque personne qui a participé à ce ‘tournoi’ ne faisait que se faire vider les poches pour enrichir Morgan et son ami…’’ Continua Davinia, offrant une expression outrée. ‘’J’ai surpris les filles en parler, elles avaient l’air terrifié.’’
‘’C’est vrai !’’ S’exclama une fille en panique.
‘’Il nous a obligées, on ne voulait pas… Mais si on refusait…’’ Rajouta une seconde avant d’éclater en sanglots.

Au même moment Marcus qui s’était frayé un chemin, pose la main sur l’épaule de Davinia, la reposant derrière lui et en dévisageant le Capitaine d’un air mauvais. Il craque ses jointures et finalement sa nuque avant de laisser échapper un cri de rage, son haleine dégageant une odeur d’alcool bien présente. Il n’en fallait pas plus pour qu’une bagarre générale éclate. Sans perdre de temps, l’espionne attrape le papier de propriété du bateau sur la table et rejoint Bjorn.

‘’Amuse-toi, je vais m’occuper du reste, rejoint moi dans quelques minutes sur le port et ne te fait pas tuer.’’

Sur ces dernières paroles, elle se faufile en évitant les combats pour retrouver leur table ou attendait le sac et les bouteilles. Une fois son ‘butin’ en main, elle retraversa la salle, trouvant refuge derrière le comptoir du bar où se terraient plusieurs filles.

‘’Est-ce qu’il y a une porte de sortie dans la cuisine ?’’
‘’Oui…’’
‘’Alors, qu’attendez-vous, sortez d’ici !’’
‘’Mais, si on quitte le patron.’’
‘’On s’en fiche du patron, on sort maintenant, c’est un combat d’homme, pas de femme.’’ Cri Davinia en poussant les femmes.

Ces dernières ne se firent pas prier pour ouvrir la marche avant de s’introduire dans la cuisine maintenant vide. Elles se faufilèrent ensuite vers une porte du fond, dévoilant à l’agitatrice où se trouvait sa porte de sortie. Une fois seule dans la cuisine, elle attrapa le silex qui traînait près du four et descendit au sous-sol. La cave à alcool était un véritable labyrinthe de vieilles caisses de bois empilées les unes sur les autres, créant un dédale obscur et poussiéreux. Les murs de pierre défraîchis semblaient absorber la lumière, laissant l'obscurité régner en maître dans cet espace négligé depuis trop longtemps. Des toiles d'araignée pendaient des poutres du plafond, donnant à l'endroit une atmosphère lugubre et désolée. Les caisses elles-mêmes étaient couvertes de moisissure et d'humidité, certaines montrant des signes évidents de dégradation avancée. Des bouteilles brisées gisaient sur le sol, témoignant de l’inattention qui régnait dans ce lieu oublié. L'air était imprégné d'une odeur moisi et rance, mélange de vieux bois sèche et d'alcool fermenté. À certains endroits, des flaques d'un liquide ambré jonchaient le sol, résultat de fuites provenant des barils de vieil alcool entreposés dans les coins sombres de la cave. Ces barils, eux-mêmes dans un état de décrépitude avancée, semblaient prêts à se désintégrer au moindre choc. Dans cet environnement, chaque étincelle était un danger potentiel. Les matériaux inflammables et l'accumulation de poussière en faisaient un véritable piège mortel, prêt à s'embraser à la moindre imprudence et sous cette idée un large sourire s’étire sur les lèvres.

Elle saisit deux bouteilles, en alluma les mèches et les lança dans les coins opposés de la cave. Répétant le processus avec une troisième bouteille au centre de la pièce, elle resta là un moment, les yeux hypnotisés par les flammes naissantes. Elle voulait s'assurer que le feu prenne bien dans ce nid de poussière. Une fois satisfaite, elle tourna les talons pour remonter à la cuisine. Ignorant les bruits de combat, elle referma la porte menant à la salle principale, la bloquant avec un balai, une serpillière et un meuble. Ensuite, elle saisit de l'huile et d'autres matériaux inflammables de la cuisine, alluma le four et disposa les éléments comme si l'incendie était accidentel. Elle plaça deux bouteilles d'alcool sur le four. Les flammes, renforcées par l'huile et autres substances, chaufferaient les bouteilles, allumant les mèches. En quelques minutes à peine, le verre exploserait, répandant son contenu et alimentant les flammes. Pour la dernière bouteille, elle alluma la mèche, s'éloigna vers la porte de sortie et la lança finalement sur le four, augmentant les flammes déjà présentes. Elle sortit ensuite, feignant d'être une fille de joie en retard. Une fois son travail accompli, elle s'éloigna en direction du port, repérant le bateau sans trop de difficulté. Peu de navires se trouvaient dans le port à cette heure, et celui-ci était le seul encore éclairé. Satisfaite, elle attendit patiemment Bjorn.

Davinia s'approche du bateau, ses yeux brillants d'une lueur de joie lorsqu'elle aperçoit Bjorn à ses côtés. Elle se hâte vers lui, incapable de cacher son soulagement de le voir en vie. Après un échange rapide pour s'assurer que tout va bien, ils se dirigent ensemble vers le bateau Les Trois Grâces.

"Là on va récupérer notre bateau." Souffle-t-elle à Bjorn, tirant de son décolleté le bout de papier qui les rend officiellement propriétaires. "Ensuite, on croise les doigts pour qu’on puisse récupérer mon matériel laissé à l’auberge et quitter cette satanée île sans trop de problèmes…" Termine-t-elle en attrapant Bjorn par le poignet pour le tirer vers le bateau. "Si je ne me trompe pas, ce bateau doit être le nôtre… Regarde comme il est magnifique…" Termine-t-elle dans un dernier souffle.

La caravelle asiatique se dresse devant eux, majestueuse malgré l'obscurité. Les voiles rouges et usées semblent imprégnées d'histoires oubliées. Mais ce qui attire le regard le plus frappant, c'est la proue sculptée dans le bois pour ressembler à une tête de dragon. Ses yeux semblent percer l'obscurité environnante, et au centre de la voile principale, un grand œil noir semble observer l'horizon avec une vigilance hypnotique. Après quelques instants d'admiration silencieuse, Davinia secoue la tête pour chasser sa fascination et interpelle les membres de l'équipage qui devraient normalement se trouver sur le pont pour surveiller le bateau.

"Hého ! J'ai besoin de parler avec la navigatrice du bateau."
"Nous ne sommes pas disponibles, revenez demain pour parler avec le patron." Marmonne calmement une voix masculine dans l'air.
"C’est justement à ce propos que je viens, en fait, je suis la nouvelle propriétaire du bateau." Annonce-t-elle en brandissant le bout de papier.

Trois silhouettes masculines finissent par se présenter. Élancées et gracieuses, elles se tiennent côte à côte sur le pont du navire, vêtu de tenues sombres ornées de broderies argentées qui scintillent faiblement à la lueur des lampions. Leurs vêtements, bien que similaires, sont marqués par des détails distinctifs, révélant une origine commune. Leurs peaux pâles, presque translucides, semblent presque célestes, donnant l'impression qu'elles pourraient virer au bleu à tout moment. Parmi eux, celui aux cheveux blancs comme la neige porte un tatouage sur son front. À ses côtés, un autre homme, aux cheveux aussi sombres que l'encre de Chine, arbore un tatouage similaire, soulignant son regard perçant. Le troisième, qui s'éloigne vers la cabine du capitaine, a le crâne rasé, laissant apparaître un tatouage différent qui semble marquer plus largement sa peau pâle. Leurs apparitions inhabituelles ne manquent pas d'attirer l'attention de Davinia, qui les observe avec fascination, ses yeux sombres scrutant chaque détail de leur présence mystérieuse.

‘’Si je peux me permettre, vous êtes des jumeaux pas vrai ? Pas identique, mais presque. D’où venez vous ? Votre apparence est si inhabituelle.’’ Souffle-t-elle comme si elle avait peur de les faire fuir.
‘’Nous sommes originaires de l’île du Silence sur Grande Ligne.’’ Explique la mèche blanche.
‘’Nous avons rejoint l’équipage de Morgan il y a peu de temps après avoir perdu au dés.’’ Glisse celui au cheveux noir.
‘’Je vois… Et vos noms ?’’
‘’Moi c’est Artor, M’am,’’ répond celui au cheveux blanc. ‘’Mon frère c’est Loyset,’’ continu-t-il en pointant la mèche noir, ‘’et le chauve c’est Serrell. Il parle le moins.’’
‘’Je vois...’’

Ils sont finalement interrompus par le retour du dénommé Serrell et de la navigatrice. Cette dernière, mécontente de leur présence, dévisage Davinia et Bjorn. Elle tend la main vers le bout de papier que Davinia lui offre.

"Morgan a perdu aux dés son bateau. Malheureusement, l’homme est tombé sur plus malin que lui." Explique-t-elle.
"Malin, tu dis ? C’est presque impossible qu’il soit perdu…" Marmonne la navigatrice.
"Pourquoi ? Parce qu’il triche toujours ? Comme j’ai dit, plus malin que lui…" Répond Davinia.
"Il a l’air authentique…" Murmure-t-elle.
"Oh, il l’est. Je m’en suis assurée avant de récupérer mon gage." Assure Davinia.
"Où est Morgan ?" Demande l'interlocutrice en lui rendant le papier.

Plus Davinia étudiait cette femme et cette partie de l’équipage, plus elle comprenait qu'ils ne semblaient pas particulièrement attachés à l’homme.

"La dernière fois que je l’ai vu, il se faisait défoncer la gueule par Valkas."
"Parfait, et vous, que comptez-vous faire du bateau ?" Reprend-elle, curieuse, mais sur ses gardes.

Les bras croisés sur sa poitrine, la navigatrice affichait une posture résolue, clairement sur ses gardes. Son visage, habituellement arborant la neutralité, était maintenant marqué par une expression mêlant agacement et curiosité, signe de son inquiétude quant à sa situation actuelle. En tant que navigatrice des Trois Grâces, elle ne voulait sûrement pas perdre son statut, et cela se lisait dans ses traits hardis.

"Hmm… Rien de fou, juste un moyen de transport personnel, pour nous amener du point A au B sans problème. Écoute, quel est ton nom ?"
"Arondel."
"Alors, Arondel, enchantée, moi, c’est Davinia et lui, c’est Bjorn. Tout ce qu’on veut, c’est quitter cette île, naviguer sur les mers et découvrir de nouveaux horizons. S’enrichir au passage, éprouver du plaisir et vivre plutôt que de survivre. Vous êtes les bienvenus à vous joindre ou à partir, je ne vais pas vous contraindre à rester si vous ne voulez pas, comme l’a fait Morgan. Mais si vous choisissez de rester, vous deviendrez indispensables au bateau. Je suis même prête à payer pour mes employés. Demande à Bjorn, je suis quelqu’un de généreuse tant qu’on m’offre sa loyauté."
"Rien de bien fou comme demande…"
"Je suis une femme plutôt raisonnable."
"Hey, ce sont des flammes qu’on voit ?" S'exclame soudainement Artor en pointant en direction du bar où une luminosité plus apparente se fait maintenant remarquer.
"Hmm… Il semblerait que la bagarre ait dégénéré…" Glisse Davinia. "Quand je suis partie du bar, il n’y avait que des éclats de voix et des hommes saouls qui se tapaient allègrement sur la gueule." Termine-t-elle, sa voix emplie de surprise et d’inquiétude.

Se tournant dans la direction du bar, bien qu'elle connaisse parfaitement l'origine des flammes, le timbre de sa voix déborde de sincérité, une qualité forgée au fil des années grâce à son mentor chez les Énigmatiques. Au loin, dans l'air frais de la nuit, la sirène retentit enfin, déclenchant un concert de voix paniquées, révélant l'agitation croissante face au drame qui se déroule. Au loin, ils peuvent voir le feu dévorer le vieux bâtiment, ses flammes goulues se hissant vers le ciel obscur de la nuit. Comme au manoir, Davinia peut entendre chaque crépitement, chaque danse infernale des flammes, illuminant le firmament d'une lueur sinistre et rougeoyante. Les éclats de brasier jaillissent, peignant le paysage nocturne d'une teinte rougeâtre, contrastant avec l'obscurité environnante. Silencieuse, elle imagine la silhouette du bâtiment devenir un cadre dantesque, encadré par les flammes voraces qui le dévorent sans relâche. Au fur et à mesure que le feu se propage, les lueurs dansantes éclairent la nuit, projetant des ombres mouvantes et inquiétantes sur les murs environnants. La fumée s'élève en tourbillonnant, obscurcissant la clarté des étoiles et créant une atmosphère étouffante, empreinte de chaos et de désolation. Davinia se tient là, sur le quai, prenant une grande inspiration pour remplir ses poumons d'air. Malgré la distance qui la sépare du bâtiment en feu, elle peut sentir l'odeur âcre et âpre des flammes qui se mêle à l'air marin. Le parfum du vieux bois brûlé s'infiltre dans ses narines, mêlées à l'odeur saline de l'océan qui flotte dans l'air. Une brise fraîche du désert transporte également ses effluves, apportant avec elle une sensation de froid qui contraste avec la chaleur intense du brasier. Cependant, elle est tirée de sa contemplation par la voix d’Arondel qui pointe dans une direction.

"J’accepte et je crois que les garçons aussi, mais il va falloir s’occuper de Valkas d’abord. Ça fait un moment qu’il veut le bateau."
"Deal." Marmonne Davinia en attrapant Bjorn. "Une dernière chose et le bateau est à nous… Je dirais bien qu’on essaierait de négocier, mais à voir sa tronche, il n’a pas l’air d’être le genre. Je te laisse le gros et je prends les deux plus petits." Annonce-t-elle avant de se fondre derrière lui et finalement dans les ombres plus opaques du pont.