Luvneel, un royaume renommé, dernier point de transition important avant la traversée de Reverse Montain. Avec la Banshee enfin en votre possession, et Valkia quasiment sur pied après un passage à vide et une consommation excessive d’opium, que tu prenais grand soin de régulariser pour éviter une trop forte dépendance ou un sevrage trop stressant pour son corps.
En ce moment, le bateau était en cale sèche dans le chantier naval dans les docks, il avait besoin d’un nombre conséquent de réparations après le carnage que vous aviez causé lors de votre évasion. Surtout Jaina et son explosion. Ainsi, aucun de vous trois n’habitait entre ses murs.
Ça ne t’empêchait pas pour autant d’aller voir de temps à autre les charpentiers exercer leur art. Pendant ta période dans la Marine, la navigation et tout ce qui y touchait de près ou de loin. C’est comme ça que tu avais suivis des cours de timonerie et plus jamais personne ne prendrait la barre en ta présence. Même pas le capitaine.
Tu écoutais avec solennité les menuisiers couper et marteler le bois pour la réfaction des cabines et du second pont. Tu regardais avec attention les gréeurs s’adonner à la maintenance des cordages en place et donner des ordres quant à la voilure qui devait être intégralement changée.
Au revoir le drapeau immonde de Dranzegul et bonjour l’emblème des Ravengeuse. Un corbeau surmontant un crâne et parsemé de rose, symbole de la capitaine. Mais vous vous étiez toutes mises d’accord sur le corvidé qui vous rassemblait toutes.
Tous ces corps de métier qui s’organisaient et ne formaient plus qu’une seule entité, telle une fourmilière, cela avaient de quoi impressionner. Et bien que tu possédais un cœur aussi froid que l’après-vie, tu n’en restais pas moins admirative.
Une bourrasque se leva et vit volter le col de ton manteau et tes cheveux sur son passage que tu retins d’une main. Après un soupir, tu regardas la montre à gousset placée dans une de tes poches. Elle affichait la fin de la matinée. Une fois rangée, tu te décidas enfin à rentrer en ville. Les composants de l’infirmerie du navire étaient presque épuisés après cette semaine éprouvante en mer et tu désirais refaire un stock avant votre départ.
Tu n'étais pas sûr que les pharmacologues détenaient tout ce dont tu avais besoin, il faudra certainement pousser jusqu’à Union John, voire plus loin sur la troisième voie pour compléter les manques.
Le chantier se situait à l’opposé du port où vous aviez accosté et le centre économique se trouvait entre les deux. La bonne affaire pour toi. T’y rendre ne demanda qu’une petite demi-heure. Sur le chemin, tu te retins pour ne pas laisser s’échapper ton envie pressante d’ôter la vie. Il valait mieux faire profil bas dans votre conjoncture.
D’ailleurs, tu n’avais pas apporté tes armes iconiques. Ils seraient incongrus d’effrayer le tout-venant. Seules tes ailes cybernétiques, indéfectible extension de ton être, t’accompagnaient. Et chaque jour, elles entraînaient leurs lots d’œillade et de regards interloqués. Évidemment, tu les gardais repliées pour pouvoir progresser dans la foule sans heurt.
Dans la rue commerçante, tu tombas bien rapidement sur une échoppe arborant le caducée et le serpent. Tu y pénétras et une voix chaleureuse et masculine t’aborda.
— Bonjour madame !
Tu lui répondis d’une ton égale, dénotant complètement avec son enthousiasme, ce quoi ne manqua pas de le désarçonner un instant. Mais comme tout bon tenancier, il reprit vite contenance et enchaîna.
— Que puis-je pour vous ?
— Bien sûr, dites-moi ce qui vous manque.
Il sortit un profond sac en papier pour y placer ta commande et se retourna vers ses nombreux tiroirs.
— Et ben ! Vous voulez me dévaliser ou quoi ? plaisanta-t-il d’une voix enjouée, ravi de faire une telle vente. Par contre, je n’ai plus de Diclofénac et d’acide acétylsalicylique, je suis en rupture depuis des semaines. Vous aurez sûrement plus de chance sur la prochaine île où vous vous rendez.
Il ressortit un deuxième sachet et les remplit minutieusement avant de te les tendre et d’encaisser l’argent que tu avais déposé devant lui. Après une salutation des plus impersonnelle, tu quittas l’établissement pour enfin rentrer à l’auberge dans laquelle vous séjourniez avec tes comparses.
C’était un bouge des plus sommaire, c’était tout ce que vous permettait le reste de vos finances fondues après avoir payé les artisans. Tu filas dans ta chambre et rangea tes courses sur l’étagère près de l’entrée et enlevas tes bottes à talon pour t’effondrer sur ton lit. Après quelque instant à t’étirer, tu saisis le roman, le second tome des aventures de Mia Corvere, paru récemment, et l’ouvrir.
Tu n'eus pas l’occasion de faire plus de cinq pages quand un bruit à la porte retentit. On frappait. Tu soupiras d'agacement et refermas ton bien.
Le narrateur est la faucheuse, elle fait partie intégrante à l'histoire, quand elle intervient, le texte est en italique (sauf dans les dialogues)
- Moissonneuse et Désespoir/poussière:
Désespoir et Poussière
La Moissonneuse
Dernière édition par Jessica Hellhound le Lun 3 Juin 2024 - 20:48, édité 3 fois