Balade entre les Mondes
Feat
Ada
Deux jours plus tard...
Rapatrié d'urgence au sein de la base du G-5, la 888ème était en pleine cohue interne. Le Charybde, fierté d'une partie de la marine était souffrant au même titre que les membres de l'équipage le constituant. Ayant perdu sa Colonelle et sa seconde, il ne restait plus que des lieutenants, pas assez formé pour gérer une situation de crise de cette ampleur. Le Nouveau Monde était une terre cruelle, impitoyable. Elle dévorait les plus faibles, et parfois même les plus forts. Il n'y avait personne pouvant se prémunir durablement de sa tragédie, et l'équipage d'élite en avait payé les frais.
Ce n'était pas la première fois que la marine subissait des pertes aussi importantes de manière aussi spontanée. Le protocole était clair, il fallait à tout prit faire un état complet de la situation, en détails, jusqu'à ce qu'un nouveau haut gradé reprenne la situation bien en main. Les rapports de ta mort avaient déjà été envoyés aux plus hautes pontes de la Marine et il ne restait déjà plus grand chose de ton héritage. Tu n'étais devenue qu'un nom, une erreur sur la longue liste du Gouvernement Mondial.
Ton corps avait d'ailleurs été disposé dans une salle d'opération. Un marin qui meurt, on en voyait tout les jours, un Colonelle d’Élite, beaucoup moins. S'il y avait des indices sur ton cadavre quant à la manière dont tu étais morte, il fallait prendre la peine de l'ouvrir. Les informations étaient des denrées précieuses, et pour le Gouvernement Mondial, tu n'avais plus que ça à offrir.
- Quel dommage. Elle était si jeune pour une Colonelle d'Elite. Sans doute trop arrogante comme tout les autres.
- Ferme-la. Un peu de respect quand même.
- C'est pas comme si cela allait la gêner.
Il se marrait. Sans doute pour accepter plus facilement la situation. L'autre scientifique n'était cependant pas amusé par celle-ci et naturellement il vint à s'équiper de son scalpel pour commencer à inciser au niveau de la blessure à l'abdomen. Il avait fait cela des milliers de fois, il en avait vu des horreurs. C'est un vieux de la vieille, qui avait exercé son métier depuis bien trop d'années pour un esprit humain. Mais ce qu'il vint à se passer à la première entaille, ça, il ne l'avait jamais vu.
Soudain, sans s'annoncer, la pièce vint à prendre un air pesant. Beaucoup trop. Les murs se mirent à frémir, les ustensiles à voler dans tout les sens. Même les deux médecins sur place pouvaient sentir leurs corps s'écraser contre eux même, leur indiquant de fuir à toute vitesse. Malheureusement pour eux, la porte s'était bloquée et refusée de s'ouvrir alors qu'ils cherchaient désespérément à se sortir de cette salle changée en prison mortelle.
Pour autant tout ceci n'était qu'une violence psychologique rien de plus. Dans leur panique, l'un des docteurs vint à bousculer une armoire rompant au passage une canalisation, recouvrant l'ensemble de la pièce d'un épais nuage de fumées diverses.
L'alerte ayant été sonnée au sein de la base, des soldats commençaient déjà à converger vers les lieux. Difficile de savoir ce qui était entrain de passer et pendant plusieurs minutes le silence fut imposé. Les médecins avaient fini par s'évanouir et se perdre en mutisme morbide tandis que seul des bruits de craquement organique se faisaient véritablement entendre.
Puis, d'un mouvement simple, la porta coincée vint à se faire promptement enfoncé et envoyé valser, manquant de percuter au passage un malheureux soldat. Sortant de là, toi, Pandore, totalement nue, tandis que tu craquais la nuque avec un air dérangeant sur le visage. L'air perplexe tu regardais tout autour de toi pour te rattraper à la réalité, comme si tu revenais d'un très très long voyage.
- Vous allez vous décider à me donner des vêtements ou vous préférez continuer à me regarder.
Ta manière de parler paraissait un poil différente. Impossible pour ceux n'ayant pas officié avec toi de le savoir, mais pour les autres... Etait-ce vraiment toi, Pandore, qui était revenue d'entre les morts sans une once d'explication sur comment...?