L'iule, où es-tu ?

La suite des visites des pôles un, trois, quatre et huit s'était faite sans encombre. Si au début, les organisateurs avaient voulu directement sauter au Pol 2, sûrement hâtif d’exposer les ressources du gouvernement mondial, l’un d’eux leur avait demandé plus de temps pour finir de s’organiser. Il fallait dire qu’il s’agissait d’un des pôles les plus sécurisés à cause de leur coffre renfermant de précieux trésors. Des fruits du Démon et des Meitous, réquisitionnés à travers le monde à des pirates, des révolutionnaires ou de vulgaires criminels, et qui attendaient sagement de trouver un propriétaire dans le camp des bleus. Alors naturellement, bien plus d’agents avaient été dépêchés lors de la visite pour encadrer l’exposition.

Mais après une longue attente, le groupe de visiteurs s’était retrouvé dans l’immense pièce donnant sur le coffre fort de l’endroit. Et tout le monde avait été incité à rentrer dans la pièce en se plaçant en son centre, c’était sûrement pour éviter que l’un d’eux n’appuie par erreur sur les boutons de sécurité, déclenchant le système de protection des objets et enfermant tout le monde dans l’endroit pour une durée indéterminée. Et qui voulait gérer un exercice de tentative de vol d’un des biens du gouvernement mondial aujourd’hui ? Personne.

Disciplinée, Ada s’était rangée en bordure de groupe. Etrangement, l’agent Ibis s’était posté à l’opposé d’elle tout en gardant son regard assassin planté. Dans un long soupire, Ada attendait qu’enfin l’exposition commence pour être, elle l'espérait, débarrasser de ces yeux furieux.

- “Merci d’avoir été patient ! Nous ne pouvons pas vous ouvrir le coffre fort. On a pas eu les autorisations … Mais nous avons la possibilité de vous exposer quelques-unes des armes récupérées récemment par certains de nos agents compétents !” annonçait alors le guide du CP2 en posant sa main sur une vitrine de verre couverte d'un drap rouge.

Des étoiles dans les yeux, surement plus heureux de montre que les visiteurs de découvrir, l’agent soulevait le drap dans un “tadam !” enfantin. De toute évidence, tous les pôles étaient heureux d’exposer aux yeux des autres les “avantages” dont ils avaient accès. Si lustrer des meitous était un avantage …

La vitrine lumineuse mettait en avant quelques lames, armes d’exceptions rangées sur la droite alors que des Fruits du Démon aux aspects étranges pronaient sur la gauche. Tous déposés sur des jolies coussins rouges. Tous sauf un, absent de son support.

- “Il en manque un je crois.” déclamait une voix dans le fond du groupe d’agent.

Les yeux angoissés de l’orateur se tournaient alors vers sa vitrine avant de s'écarquiller de panique. Son collègue à côté de lui penchait la tête pour observer à son tour ce constat terrifiant tout en répondant d’un ton blasé :

- “Ah oui, il en manque un.”

Et c’était la panique. Il était évident que des commentaires de la sorte ne suffiraient pas à garder le calme dans l’esprit déjà sous tension des organisateurs du Cipher Pol 2. Ils devaient déjà être bien tendu à l’idée d’exposer des denrées rares du gouvernement mondial alors la perte de l’une d’entre elles les avait poussé à partir dans tous les sens. Tous les sens, mais des sens bizarrement dirigés pour terminer chacun sur un des boutons de sécurité de l’endroit.

*Wioou Wioou*

Et rapidement, des rideaux d’acier s’abaissent au niveau de toutes les portes et fenêtres de la salle. Si cela surprit tout le monde, le regard calme et passif d’Ada se mettait à scruter les réactions de chacun. Elle avait déjà commencé à se demander qui avait pu faire le coup, et surtout quand.

- “Personne ne panique !” criait surement le plus paniqué de l’assistance “Nous allons contacter les agents extérieurs et ouvrir une enquête. En attendant, restez calme.”
- “Les communications par Den Den ne passent pas quand les rideaux de fer sont baissés.” venait lui murmurer un de ses collaborateurs.
- “Comment ça les communications ne passent pas !”

Le cris de surprise de l’organisateur faisait tourner la tête de tout le monde alors que tous commençaient à répandre des murmures inquiets. Ada, fronçant les sourcils, se décidait à intervenir avant que les choses ne se gâtent d’avantage. Elle saisit par le bras l’orateur principal avant de le traîner vers l’imposante porte de la chambre forte.

- “Ouvrez.”
- “Mais on a pas les autorisations. On …”
- “Je sais, j’en prends l’entière responsabilité. Maintenant ouvrez, il nous faut un coin au calme pour réfléchir.”

Et surtout se détendre. Parce qu’au moment où les rideaux s’étaient abaissés, Ada avait senti son corps devenir plus lourd. Il était clair que du Granit Marin avait dû être glissé dans l’acier lorsqu’ils avaient fait forger ces rideaux. Sûrement une manière d’enfermer efficacement les possesseurs de fruit du démon. Ceux qui auraient le plus de facilité à passer les diverses autres défenses.

Le regard sévère d’Ada finissait de convaincre l’agent du Cipher Pol 2. Surtout que comme elle avait dit en prendre la responsabilité, il ne se gênerait pas pour lui coller sur le dos tout ce qui risquait de lui être reproché à la suite. Solidaire mais pas trop non plus. D’un signe de la tête, il ordonnait à ses collègues d'ouvrir l’imposante porte métallique qui grinça en attirant l’attention de toute l’assistance. Puis, une fois grande ouverte, Ada y poussa l’organisateur avant d’entrer. Et lorsque les autres agents souhaitèrent les suivre, l’agent Viper leur refusa en tirant la porte de la chambre forte derrière elle. Elle avait besoin de s’entretenir avec et surtout, elle voulait se tenir loin de ces rideaux des enfers pour essayer quelque chose.

- “Je ne sais pas à quoi vous jouez mais …”

Posant une main sur le bras de l’homme, Ada venait copier son apparence. Puis elle recula d’un pas pour se changer en un renard noirs aux neufs queues battant l'air. L’une d’elle vit son extrémité se teinter de blanc. Puis rapidement, le renard redevint humain. Mais loin de reprendre son apparence d’origine, Ada se redressait sous les traits de l’agent organisateur qui était complètement perdu devant ce spectacle étrange.

Les yeux d’Ada devinrent alors canins lorsqu’elle se mit à fouiller dans les souvenirs de l’agent à une vitesse folle. Elle savait l’information qu’elle voulait et n’avait pas besoin de s’attarder sur des moments de vies banales et tristes. Puis le constat tombait :

- “Ce n’est pas vous.”
- “Bien Sûr que ce n’est pas moi ! D’ailleurs, à quoi vous jouez ?”

Avant même de répondre, Ada se retransforma en renard pour revenir à sa forme d’origine. puis elle lui dit :

- “Je cherche qui a pu faire cela. Il me semblerait bien étrange qu’un criminel ait eu vent de ce que préparait le Cipher Pol 2 comme présentation. Vous me confirmez ?”
- “Bien sûr, nous sommes sérieux. Personne n’était au courant, à par les organisateurs eux mêmes.”
- “En dehors de vous, ceux qui ont eux accès au Fruit du Démon sont l’Agent Fresia, l’Agent Epimedium et l’Agent Orzo n’est-ce pas ?”
- “C’est cela … mais si vous avez déjà les réponses, pourquoi poser les questions ?!”
- “Je cherche à comprendre Agent Reseda. Et surtout à vous aider. Vous êtes innocent, je l’ai vu. Mais quelqu’un ne l’est pas. Que l’information ait fuité par l’intermédiaire de vos collègues ou non, vous ne voulez pas savoir où se trouve ce fruit ?”
- “Si bien sûr mais …”
- “Alors laissez moi faire, et assistez moi sans poser de questions.”
- “Bien.”

Le ton autoritaire d’Ada avait tendance à faire ranger les esprits les moins combatifs sous ses ordres. Après tout, quand quelqu’un se proposait de prendre les rênes d’une situation compliquée, nombreux étaient ceux à se retirer pour simplement laisser faire. Un avantage pour la Kindachi.

- “Dans ce cas, faites venir le premier agent ici et fermez la porte.”

- “Agent Epimedium, nous avons quelques questions à vous poser. Asseyez-vous.”
- “Où ?”
- “Où vous voulez. Peu importe.” ajoutait Ada sur un ton agacé par l’intervention cassante de l’interrogé.

Elle le regardait s'asseoir au sol, dans un des coins de la chambre forte. Car non, dans cette interrogatoire improvisée, personne n’avait pris le temps de rapporter une table et des chaises pour cadrer et rendre le tout un peu plus sérieux. Et Ada détestait déjà devoir travailler dans de telles conditions. Mais pour elle, cela s'inscrivait dans la longue lignée de cette journée ridicule, alors autant continuer ainsi.

Elle était contente que le premier bras qui fut saisi par l’Agent Reseda ait été celui de l’Agent Epimedium car il s’agissait bien de celui sur lesquels ses premiers doutes s’étaient portés. D’instinct, elle voulut lui toucher le bras pour copier son apparence et lire se souvenir, mais rapidement, la présence environnante de Granite marin lui rappela qu’elle ne pouvait pas se permettre d’abuser de son fruit. Alors elle garderait cela pour sceller les doutes lorsqu’elle serait à peu près sûre d’elle. Mais avant, elle allait poser des questions :

- “Quelle était votre fonction dans le déplacement des denrées du gouvernement dans les nouveaux locaux ?”
- “Je tenais la porte à mes camarades.”
- “Comment ça ? Vous n’avez pas fait que ça ?”
- “Bah je leur ai aussi tenu leur bouteille d’eau à un moment. L’agent Orzo ne faisait que boire.”
- “Mais … c’est tout ?”
- “Ah oui oui, depuis un incident y’a de ça piiiiouf, près de 5 ans, on ne me laisse plus toucher aux meitous ou au fruit du démon.”
- “Quel incident ?”
- “Bah on m’a parié que je pouvais pas mettre un Fruit dans le nez et …”
- “Taisez-vous, j’en ai assez entendu. Vous êtes juste stupide.”
- “Alors je vous permets pas. Je suis simplement différent.”
- “Sortez de là idiot !”

Ada s’agaçait passablement. Son ton avait monté d’un cran et la colère dans ses yeux avaient chassé le jeune agent plus vite d’un prédateur sautant sur une proie. Et alors que le crétin sortait de la chambre forte, L’agent Viper se tournait vers son collègue et organisateur du Cipher Pol 2 pour lui demander :

- “Pourquoi vous ne m’avez pas prévenu qu’il était stupide ?”
- “Vous ne m’avez rien demandé et puis, vous m’avez dit de vous laisser faire.”
- “Comment se fait-il que ce garçon soit encore du Cipher Pol.”
- “Son père connaitrait quelqu’un qui connaitrait une étoile. SI vous voulez mon avis, il y a du piston dans l’air.”

Ada soupirait longuement. Elle était confrontée à tout ce qui n’allait pas dans leur institution au pire moment. Mais heureusement pour elle, elle savait bien que l’Agent Epimedium n’était pas coupable. Il était trop stupide pour avoir récupéré le fruit sans se faire voir, trop aisé pour le vouloir pour de l’argent et surement trop conditionné dans son poste actuel pour aller chercher l’herbe plus verte des pirates.

- “Bon, faites venir l’Agent Fresia. Et pitié, dites- moi qu’elle n’a pas aussi essayé de se mettre un fruit dans le nez pour un défi.”
- “Ah non, c’est justement elle qui a lancé ce défi.”

Et dans une main à plat venant claquer son front, Ada commençait à se maudire d’avoir voulu prendre cette affaire. Il fallait qu’elle tombe sur les deux rebuts du Cipher Pol 2, le même jour. Intérieurement, elle priait presque pour rejoindre son père au ciel.

- “Agent Fresia, épargnez-moi vos idioties habituelles et …”
- “Ah tout de suite, on a même pas commencé, j’ai encore rien dit et je suis déjà bête. Bravo le jugement de valeur.”

La coupure de parole crispa l’Agent Viper au plus haut point. Ses yeux s’équarquillait devant l’irrespect de la jeune fille pour une supérieure. Ou bien n’était-elle même pas au courant de à qui elle s’adressait ?

- “Fermez là agent !”

D’un ton sec, Ada rappelait à l’ordre la jeune fille assise à même le sol, dans le coin opposé où s’était placé l’agent Epimedium. L'interrogée leva les yeux au ciel mais ne dit plus mot. Un soulagement pour la Kindachi qui regrettait de s'être emmêlée.

- “Vous avez participez au déplacement des denrées du gouvernement mondial. Mais quel était votre fonction ?”

Un grand silence accueillait la question d’Ada. Ses yeux se plantèrent dans ceux de l’Agent Fresia sans qu’elle ne réponde. Elle se contentait seulement de faire des expressions plus incompréhensibles les unes que les autres. Ce qui faisait gronder la Kindachi.

- “Vous allez me répondre ?!”
- “Je croyais que je devais me taire.”

Devant cette réponse plus que insolente, le regard de l’agent Viper se tournait vers l’Agent Reseda qui haussait les épaules comme pour se dédouaner de la réaction de la jeune fille. Décidément, il y avait des éléments à mater dans le CP2. Des éléments qu’elle se félicitait de ne pas avoir à gérer lorsqu’elle faisait partie du CP5, même si ce pôle avait lui aussi son lot de cas …

- “Ne jouez pas sur les mots, Agent Fresia.” répondait Ada en se massant l’arrête du nez.
- “Si vous voulez savoir si c’est moi qui ait pris le Fruit, c’est non. Je n’y ai pas touché. C’est un fruit tout dégueu, qui en voudrait ?”

Et là, l’Agent Fresia soulevait un point intéressant. Ada ne s’était pas attardée une seule seconde sur la nature du fruit. Et en fonction de ce dernier, la volonté de son voleur pouvait bien être différente. L’agent Viper se tournait alors vers l’Agent Reseda avant de demander :

- “De quel fruit il s’agit ?”
- “Le Zoan du Iule.”
- “Le quoi ?”
- “Le Zoan du Iule. C’est une sorte de mille-pattes noirs qui mange des feuilles.”
- “Mais c’est nul.”
- “Ca peut être très dangereux un mille-patte noir de deux mètres.”
- “Dangereux pour qui ? Y’a surement que le possesseur du Logia de la forêt qui devrait le craindre.”
- “Non parce qu’il mange des feuilles … mais mortes …”
- “C’est pire.”

Ada ne prenait pas le temps de relever cet échange lunaire. Elle tournait le regard vers l'interrogée avant de lui demander :

- “Que faisiez-vous alors ?”
- “Moi j’étais chargé des meitous. Mais j’ai laissé l’Agent Orzo et l’Agent Epimedium seul pendant un moment avec les Fruits du Démon. Faut leur demander plutôt à eux.”
- “Nous comptons bien le faire. Merci de votre collaboration.”

Et d’une main affligée, Ada guidait l’Agent Fresia vers la sortie de la chambre forte. Puis, une fois à deux, elle se tourna vers l’Agent Reseda pour demander :

- “Mais pour ce projet, vous aviez que des incapables ?”
- “Vous savez, tous les agents du Cipher Pol 2 étaient soit en mission, soit “trop occupés”. Alors j’ai fait avec qui j’avais. L’Agent Epimedium et l’Agent Fresia sont presque toujours en train de traîner dans les locaux. Trop empotés pour faire de vraies missions, trop influents pour être simplement renvoyé et leur réputation les précède, aucun pôle ne veut d’eux. Pire que l’Agent Tarentule. Mais ils font du bon café et ils ne sont pas méchants. Juste encore un peu immature. Il n’y a que l’Agent Orzo qui s’est proposé pour le déplacement.”
- “L’Agent Orzo ? Dites m’en plus …”
- “C’est un bon gars, mais il ferait n’importe quoi pour quelques heures supplémentaires depuis la naissance de ses jumelles. Le pauvre homme est complètement dépassé.”
- “Intéressant. Allez me le chercher.”

- “Agent Orzo, j’ai déjà échangé longuement avec vos deux autres collègues. Ils nous ont assuré que c’était vous qui avait assuré le déplacement des Fruits du Démon.”
- “Sauf votre respect, Agent Viper, mais mes collègues ne sont pas les personnes les plus sensés à écouter.”

Il marquait bien un point. L’Agent Orzo, une quarantaine d'années, s’était installé au centre de la pièce. Bien droit, il se contenta de suivre des yeux les mouvements d’Ada, lui aussi au aguet. Et si cela aurait pu paraître étrange, c’était plus que ordinaire pour un agent du Cipher Pol entraîné, vif, et compétent. Tout ce que n'étaient pas les deux agents qu’elle avait interrogés avant. Le simple fait qu’il connaissait l’identité de l’enquêtrice la confortait dans le sérieux de l’homme.

- “Je ne peux pas vous contredire sur ce point là …” Puis le regard de la femme se baissait sur un bras bandé de l’homme. “Que vous est-il arrivé ?”
- “Je me suis coupée avec une lame de Meitou. L’agent Fresia râlait de porter “les fruits dégueux” comme elle les nomme. Elle a absolument voulu échanger avec moi mais je n’étais pas à l’aise à l’idée de laisser cet enfant manier ces lames d’exceptions. Alors, dans un début de colère, elle m’a entaillé le bras avec un sabre.”

Un sérieux clair, une version linéaire, pas d’hésitation, ni de détournement du regard. Soit c’était la vérité, soit l’Agent Orzo était particulièrement doué pour mentir. Et Ada n’était pas assez entraînée pour reconnaître ce genre de chose, alors fermant les yeux, elle usa de son haki pour essayer de l’aiguiller davantage. Brouillé par le granit marin environnant, le fluide ne lui apporta aucune réponse claire au travers d'auras branlantes et incertaines. L’agent Viper grognait alors. La sécurité du lieu devenait son ennemi.

- “Agent Viper, je comprends votre volonté de vous affirmer. Vous venez de passer dans le Cipher Pol 9, vous avez besoin de prouver votre place et votre valeur à des pairs qui vous ont toujours vu comme “aidé par le destin”. Mais cette histoire ne vous concerne pas. Laissez le travail aux enquêteurs du Cipher Pol 5 lorsque nous pourrons enfin sortir d’ici.”

Il était malin, intelligent et surtout bien renseigné. Était-ce l'âge ? Les années de services ? l’expérience qui l’avait mené à ces conclusions ? Et si Ada ne le reconnaîtrait jamais, elle savait qu’au fond, il avait raison sur toute la ligne.

- “Bien agent Orzo, nous avons terminé.”

De nombreuses questions restaient encore sans réponse mais Ada avait un plan, une idée. Et parfois, on avait besoin des plus stupides pour démasquer les plus malins. Et la vérité sur des faits vécus, avec le fruit qu’elle possédait, était rapide à révéler. Elle se tournait vers l’Agent Reseda qui n’avait rien dit jusqu’ici.

- “Allez me chercher l’Agent Fresia et l’Agent Epimedium. Je pense avoir compris le fond de l’affaire.”

Surpris du regard satisfait dont l’Agent Viper faisait preuve, l’organisateur se redressait avant d'opiner du chef et de disparaître chercher les deux autres inculpés.

Elle avait regroupé les trois concernés dans le même coffre où elle avait trouvé la tranquillité de réflexion jusqu’ici. Et s’il lui était complexe de résoudre ce problème, elle s’en était saisi à bras le corps si bien que maintenant, elle se devait d’aller au bout. Les agents étaient alignés dans la pièce et Ada tournait autour en les observant. Sûrement que cela crédibilisait son poste d'enquêteur mais en vérité, elle gagnait du temps pour réfléchir plus en détails aux informations qu’on lui avait fourni.

- “Bien. Je pense avoir dénoué les nœuds de cette affaire.” disait-elle en s’arrêtant devant l’agent Fresia en tendant la main pour que cette dernière lui donne la sienne.
- “Hein ? Mais j’ai rien fais !”
- “Alors vous n’avez rien à craindre.”

Le calme d’Ada avait pour but de convaincre la jeune femme et si cette dernière restait tout de même méfiante, elle confia son bras à l’Agent Viper. Copiant alors son apparence, son regard ne quittait pas la jeune femme et ses oreilles faisaient attention au moindre bruit environnant. Mais devant l’absence de réaction de tous, elle continuait alors son entreprise. Se tranformant en renard noir devant le regard surprit des agents. Un bout d’une queue supplémentaire se teintait de blanc. Puis elle prit l’apparence de l’Agent Fresia, presque choquée de se retrouver face à elle-même.

- “Mais qu’est-ce que …”
- “Chuut. Laissez la faire.” coupait l’Agent Reseda.

Les iris d’Ada se fendaient comme celle du renard et elle commença à fouiller les souvenirs de sa cible. Mais sans vraiment chercher quelque chose de précis. Tout ce qu’elle attendait, c’était la réaction d’un autre agent. Et le son d’une arme à feu enclenchée la tirait de sa lecture mémorielle.

- “Les masques tombent, Agent Orzo.”
- “Vous le saviez déjà non ?”
- “Non, je ne suis pas assez patiente pour prendre le temps de relier les points. Disons que j’avais des doutes. Et un fruit du démon qui aide beaucoup. Mais vous le saviez non, qu’on m’avait remis ce fruit ?”

Elle tournait la tête vers l’homme qui avait saisi l’agent Epimedium, glissant son bras gauche sous son coup et le plaquant contre lui, avant de pointer une arme à feu sur la tempe du garçon. Si devant ce spectacle, l’Agent Fresia ne pouvait contenir un cri de peur en voyant son camarade menacé de la sorte. Et l’Agent Reseda poussait du bout du pied la porte entrouverte de la chambre froide pour exposer à tous la scène qui se jouait.

- “Une chose que j’ai du mal à comprendre, c’est pourquoi ce fruit ?”
- “Ca aurait pu être n’importe lequel. Leur vente se fait à, minimum, 80 000 000 de Berries. C’est huit fois ce que je fais en un an de salaire !”
- “Alors tout n’est qu’une question d’argent …”
- “C’est bien plus qu’une question d’argent. C’est la sécurité et la tranquillité de ma famille qui était en jeu.”
- “Cela n’est en rien une raison. Vous avez trahi la confiance du gouvernement en volant ce fruit.”

Les agents à l'extérieur observant la scène restaient tous surpris, choqués ou déçus. L’Agent Orzo était quelqu’un de respecté au sein du Cipher Pol 2. Un droiture, un investissement, une loyauté qui l’avait hissé bien haut. Tout était remis en question pour quelques berries de plus. Cela faisait soupirer Ada intérieurement.

- “Et après, vous mettez une balle dans la tête de l’agent Epimedium, puis vous vous faites arrêter par les vingtaines d’agents entraînés qui vous attendent à la sortie de cette pièce fortifiée. Ne soyez pas stupide. N’ajoutez pas “meurtrier” à vos accusations déjà bien lourdes.”

Son regard pénétrait dans celui de l’agent Orzo mais elle était bien loin d’avoir l’air compréhensive. Pour elle, tout ce cinéma ne rimait à rien. Et si le Cipher Pol 2 venait à perdre deux agents au lieu d’un, cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Mais c’était le genre d’incident que personne ne voulait voir inscrit dans son dossier personnel. Alors elle cherchait à sauver le crétin d’Epimedium. L’agent Orzo savait pertinemment que la bataille était terminée. Il ne lui restait plus qu’à être capturé ou …

Il poussa l’agent Epimédium vers Ada avant de faire bifurquer son poignet, pointant l’arme sur lui. Réactive et au aguet, l’Agent Viper esquiva le jeune garçon qui vient s’étaler de tout son long avant de coller un coup de paume vers le ciel grâce à un Soru rapide, frappant l’arme pour détourner la trajectoire vers le plafond de la chambre forte. Le tir partait se loger dans le revêtement de métal de la pièce. D’un regard furieux, l’Agent Orzo dressa une main mais, plus rapide et déterminé, l’Agent Viper continua son mouvement pour venir coller un coup de coude puissant dans la mâchoire de l’attaquant. Le crâne de l’Agent Orzo se cogna contre un des nombreux rangements de la chambre forte, l'assomment sur le coup et le laissant tomber au sol lourdement.

Plusieurs heures plus tard, dans les nouveaux locaux du Cipher Pol 2,

Heureusement que le Cipher Pol 2 avait eu la bonne idée de reporter leur alarme dans leur vieux bureaux où traînaient encore nombre de leurs administrateurs. Alors, désactivant le système de sécurité, des agents venaient terminer ces heures d’attente et d’angoisse pour beaucoup. L’Agent Orzo avait été menotté pendant qu’il était inconscient et Ada avait laissé les Agents du Cipher Pol 5 récupérer le dossier. Avec tant de témoins et des aveux publics, il allait devenir compliqué de réfuter les faits.

Elle regardait les gens soulagés alors que l’Agent Ibis profitait de l’instant pour venir se glisser près d’elle.

- “Bien joué.”
- “Hum ?” restait interrogative Ada devant ce compliment presque surréaliste.
- “Pour ta promotion dans le CP9. Je vois que Papa a encore été plus que généreux. Même mort.”

Ada se tournait rapidement vers l’Agent Ibis, dégainant une dague ornée qu’elle gardait toujours sur elle pour ce genre d’occasion. Elle plaqua l’agent contre le mur, à l'abri des regards trop occupés à évacuer les lieux. Elle colla sa lame froide contre le coup de l’oiseau en lui murmurant à l’oreille.

- “Un avantage du Cipher Pol 9, c’est que peut tuer qui je veux. Et puis, dans le pire des cas, j’ai une connaissance au Cipher Pol 3 qui serait sûrement ravie de falsifier un ou deux dossiers pour moi. Quelques choses comme : ivre de vengeance, l’Agent Ibis versa dans la criminalité en s’attaquant à l’Agent Viper, cette dernière la tua dans un cadre de légitime défense. Ton dossier sera alors classé au près des nombreux traîtres de l’institution comme une histoire plus que banal de nos jours.”

L’agent Ibis déglutit alors que l’Agent Viper appuyait un peu plus sur son arme, entaillant légèrement la blanche peau du volatile.

- “Alors cesses de parler de mon père, ou n’importe quel autre membre de ma famille. Sinon, c’est la tienne que tu ne verras plus jamais.”

Gesticulant un bref “oui” de la tête, l’Agent Ibis avait habillé son visage d’un regard plus que terrifié. Ada se recula alors, laissant sa collègue respirer avant de lui tapoter l’épaule, feignant une discussion simplement mouvementée en remerciement.

- “Merci Agent Ibis pour ces félicitations. Mais je n’étais pas seul. Tout le mérite revient à la réactivité du Cipher Pol 2.”

Puis elle se tournait pour adresser un sourir hypocrite à l’Agent Reseda qui les regardait de loin avant de leur faire un coucou de la main, un peu gêné. Ada laissait alors sa rancunière adversaire réfléchir seule dans son coin et quitta l’établissement.

Suite aux événements, la visite était momentanément suspendue et le fruit finira par être retrouvé dans les appartements de l'Agent Orzo.