Sous un soleil digne du doux climat de South Blue, une femme vêtu de noir vient de sortir de l'hôtel du quais. Elle porte une ombrelle et un voile aux couleurs sombres dissimulant son apparence. Son pas est lent et son regard erre au fil des diverses distractions sur son passage. Un mendiant tend le bras, elle lui donne quelques pièces. Des enfants jouent devant elle, cette mystérieuse bourgeoise sourit avant de les laisser passer. Des pochtrons sont virés violemment du bar, la blonde aux bottines de satins les esquive de justesse avant de les enjamber naturellement. Traversant la grande place de l'obélisque, elle s'arrête un instant pour contempler le monument, puis reprend son chemin. On ne douterait pas qu'elle vient d'ailleurs, tellement elle semble connaître les coutumes et la ville dans laquelle son chemin la mène. Saluant d'une révérence les marins locaux, la jeune femme continue son périple dans la seconde enceinte de la Capitale uréanne, celle des notables et des bourgeois. Repérant les devantures des divers commerces, la blonde s'arrête en souriant devant une grande bijouterie. Un homme, à peine plus âgé, la chevelure mi-longue bien coiffée, vêtu d'un costume de noble noire, était en train de piloter des subalternes pour installer une pancarte quand il la repère en train de fixer la devanture.
“Je m'excuse Madame, nous sommes exceptionnellement fermés aujourd'hui. Nous rouvrons demain pour satisfaire la moindre commande.
-Quelle dommage, on m'en a dit beaucoup de bien. À qui ai-je l'honneur ?”
Il s'incline poliment avec un sourire. En ce jour, ce monsieur semble d'humeur maussade retenant toute extravagance caractéristique de la culture uréanne.
“Bastien Dubal, je gère cette boutique avec mon père. Pour être honnête, notre famille est en proie à un drame récent. La totalité du personnel se prépare à assister à un enterrement. Ainsi, nous avons pris la décision de fermer.
-Navrée de l'entendre. Il faut croire que ces temps sont bien sombres, car, moi aussi, je viens ici assister à un enterrement. Peut-être pourriez-vous me renseigner sur la position du Cimetière des Patriotes, monsieur Dubal.
-Oh, c'est surprenant. Qui donc?
-Laurie Nelseen. Je suis… une vieille amie.
-Une coïncidence fortuite, nous pleurons la mort de mon jeune frère, Alexandre, qui était son ami proche. Nous assisterons au même enterrement. Les deux familles se sont entendues pour joindre l'événement. Nous pourrions vous escorter si vous le souhaitez. Il suffit d'attendre ma femme. Nous rejoindrons, en premier lieu, la Chapelle Nelseen pour les plus proches. Le déroulé nous fera escorter les cercueils jusqu'au cimetière des Patriotes. La procession est ouverte au public. Mais en tant que charmante connaissance, je peux vous permettre de nous accompagner dans la Chapelle.
-Quel gentil homme, vous faites. Que la Miséricorde soulage nos âmes meurtries.
-Je l'espère, aussi.”
Bastien réajuste son costume avant de congédier ses employés ayant fini leur tâche. Il fixe ensuite cette dame en noir dont la robe, bien que subissant quelques innovations, lui fait penser à la mode locale.
“Êtes vous originaire de ces lieux ?
-Oh. Il y a bien longtemps que je n'ai pas foulé le pied sur cette île. Néanmoins, j'y ai bel et bien vécu une partie de mon enfance. Tout est resté comme dans mes souvenirs. Saint-Uréa semble insensible au temps qui passe.
-En effet, nous avons préservé une stabilité. Nous remercions la Dame de Fer pour ne pas finir comme la tristement célèbre Goa.”
Pendant cet échange succinct, deux femmes vêtu de sombres vêtements et d'une voile noir chacune, une en fin d'adolescence, une autre plus mâture, s'approchent du bijoutier. Celui-ci les regarde de haut en bas quelque peu agacé.
“Vous en avez mis du temps. Mère et Père sont déjà sur les lieux avec Alice, et nos employés vont arriver avant nous.
-Désolé, Grand frère. La faute me revient pleinement. Ne vous fâchez pas à cause de mes indécisions.
-Laisse-le donc, Diane. Si Monsieur Dubal a des reproches à faire, je suis toute ouïe. Même aujourd'hui, il ne semble pas capable de comprendre la détresse de sa famille.
-Qu'est ce que vous insinuez? Vous voulez encore humilier votre mari?
-Je vous en prie…”
La mystérieuse dame à l'ombrelle observe la scène avec un amusement à peine voilé. La plus jeune regarde avec une certaine curiosité cette inconnue dont l'élégance sobre crée une certaine admiration. Elle, qui a mis tant de temps à se préparer pour être à la hauteur des attentes de sa mère, se sent bien petite face à elle. Quand à la femme du bijoutier, elle fait la moue à son homme dont les rapports semblent tendus en ce moment. Bastien soupire un instant avant de reprendre son masque social devant la dite proche de Laurie.
“Madame, excusez nos manières. Je vous présente ma femme, Clitorine, et ma plus jeune sœur Diane.
-Vous êtes ravissantes, Madame. Enchanté.
-J'avoue que je suis, de même, curieuse d'avoir l'adresse de votre styliste.
-C'est une vieille amie de Laurie.
-Toutes mes condoléances, nous savons ô combien ces deux jeunes hommes étaient inséparables. Partageons nos peines pour combler le vide qui laissent derrière eux. Comment doit-on vous appeler, ma chère ?”
L'avenante Clitorine prend le bras comme une pure noble de Saint-Uréa. Elle a déjà choisi de se faire ami avec cette femme… ou plutôt de capter l'aura qu'elle dégage. Tels sont les règles du milieu mondain. Le groupe se met ainsi en marche, tandis qu'un large sourire transparaît à travers le voile de l'inconnue.
“Je suis charmé par votre accueil. Vous êtes d'une amabilité touchante. Je ne pensais pas en mériter autant. Vous pouvez m'appeler Capulina. Hihi !”
À l'écoute de ce prénom, Bastien s'arrête net. Les yeux écarquillés, le fils Dubal ressent des frissons aux sons de ses rires. Pris par des sueurs froides, il fixe le sourire de cette femme, le regard marqué par la stupeur. La petite Diane remarque, d'abord, le malaise de son frère. Il ne lui faut que peu de temps pour comprendre à qui ce nom fait référence. Bien qu'elle en est aucun souvenir, ce nom tabou représente une séquelle profonde dans la famille. Elle se rapproche de son frère avec une main attentionnée et un regard méfiant envers cette parvenue. Clitorine n'a aucune idée de l'identité de sa nouvelle compagnie et ne fait pas le lien avec les rumeurs qu'elle a pu entendre dans les cercles mondains.
“Oh, ce prénom vous va à ravir.
-Vous êtes la première à me le dire, ma chère Clitorine.”
Remarquant que les deux autres ne suivent plus la marche, la femme du bijoutier se retourne peu inclinte à prendre plus de retard qu'il n'en faut.
“Voyons, que vous arrive-t-il à vous deux?
-Ne soyez pas si dure. Ils sont simplement surpris de revoir leur détestable sœur réapparaître. Le temps passe bien vite. La petite Diane est devenue pratiquement une jeune femme.
-Vous voulez dire que… diantre !”
Clitorine reste bouche bée. Une légère brise soulève subrepticement le voile de cette sœur disparue, les traits caractéristiques de la famille Dubal se révèlent au grand jour, autant qu'un sourire poli. Capulina Dubal. Celle dont la fugue a soulagé tout autant qu'elle a traumatisé. La dernière personne que sa fratrie aurait voulu voir à ce jour de recueillement pour leur frère décédé au combat.
“Ne sommes nous pas pressé par le temps, mes très chers?”
“Je m'excuse Madame, nous sommes exceptionnellement fermés aujourd'hui. Nous rouvrons demain pour satisfaire la moindre commande.
-Quelle dommage, on m'en a dit beaucoup de bien. À qui ai-je l'honneur ?”
Il s'incline poliment avec un sourire. En ce jour, ce monsieur semble d'humeur maussade retenant toute extravagance caractéristique de la culture uréanne.
“Bastien Dubal, je gère cette boutique avec mon père. Pour être honnête, notre famille est en proie à un drame récent. La totalité du personnel se prépare à assister à un enterrement. Ainsi, nous avons pris la décision de fermer.
-Navrée de l'entendre. Il faut croire que ces temps sont bien sombres, car, moi aussi, je viens ici assister à un enterrement. Peut-être pourriez-vous me renseigner sur la position du Cimetière des Patriotes, monsieur Dubal.
-Oh, c'est surprenant. Qui donc?
-Laurie Nelseen. Je suis… une vieille amie.
-Une coïncidence fortuite, nous pleurons la mort de mon jeune frère, Alexandre, qui était son ami proche. Nous assisterons au même enterrement. Les deux familles se sont entendues pour joindre l'événement. Nous pourrions vous escorter si vous le souhaitez. Il suffit d'attendre ma femme. Nous rejoindrons, en premier lieu, la Chapelle Nelseen pour les plus proches. Le déroulé nous fera escorter les cercueils jusqu'au cimetière des Patriotes. La procession est ouverte au public. Mais en tant que charmante connaissance, je peux vous permettre de nous accompagner dans la Chapelle.
-Quel gentil homme, vous faites. Que la Miséricorde soulage nos âmes meurtries.
-Je l'espère, aussi.”
Bastien réajuste son costume avant de congédier ses employés ayant fini leur tâche. Il fixe ensuite cette dame en noir dont la robe, bien que subissant quelques innovations, lui fait penser à la mode locale.
“Êtes vous originaire de ces lieux ?
-Oh. Il y a bien longtemps que je n'ai pas foulé le pied sur cette île. Néanmoins, j'y ai bel et bien vécu une partie de mon enfance. Tout est resté comme dans mes souvenirs. Saint-Uréa semble insensible au temps qui passe.
-En effet, nous avons préservé une stabilité. Nous remercions la Dame de Fer pour ne pas finir comme la tristement célèbre Goa.”
Pendant cet échange succinct, deux femmes vêtu de sombres vêtements et d'une voile noir chacune, une en fin d'adolescence, une autre plus mâture, s'approchent du bijoutier. Celui-ci les regarde de haut en bas quelque peu agacé.
“Vous en avez mis du temps. Mère et Père sont déjà sur les lieux avec Alice, et nos employés vont arriver avant nous.
-Désolé, Grand frère. La faute me revient pleinement. Ne vous fâchez pas à cause de mes indécisions.
-Laisse-le donc, Diane. Si Monsieur Dubal a des reproches à faire, je suis toute ouïe. Même aujourd'hui, il ne semble pas capable de comprendre la détresse de sa famille.
-Qu'est ce que vous insinuez? Vous voulez encore humilier votre mari?
-Je vous en prie…”
La mystérieuse dame à l'ombrelle observe la scène avec un amusement à peine voilé. La plus jeune regarde avec une certaine curiosité cette inconnue dont l'élégance sobre crée une certaine admiration. Elle, qui a mis tant de temps à se préparer pour être à la hauteur des attentes de sa mère, se sent bien petite face à elle. Quand à la femme du bijoutier, elle fait la moue à son homme dont les rapports semblent tendus en ce moment. Bastien soupire un instant avant de reprendre son masque social devant la dite proche de Laurie.
“Madame, excusez nos manières. Je vous présente ma femme, Clitorine, et ma plus jeune sœur Diane.
-Vous êtes ravissantes, Madame. Enchanté.
-J'avoue que je suis, de même, curieuse d'avoir l'adresse de votre styliste.
-C'est une vieille amie de Laurie.
-Toutes mes condoléances, nous savons ô combien ces deux jeunes hommes étaient inséparables. Partageons nos peines pour combler le vide qui laissent derrière eux. Comment doit-on vous appeler, ma chère ?”
L'avenante Clitorine prend le bras comme une pure noble de Saint-Uréa. Elle a déjà choisi de se faire ami avec cette femme… ou plutôt de capter l'aura qu'elle dégage. Tels sont les règles du milieu mondain. Le groupe se met ainsi en marche, tandis qu'un large sourire transparaît à travers le voile de l'inconnue.
“Je suis charmé par votre accueil. Vous êtes d'une amabilité touchante. Je ne pensais pas en mériter autant. Vous pouvez m'appeler Capulina. Hihi !”
À l'écoute de ce prénom, Bastien s'arrête net. Les yeux écarquillés, le fils Dubal ressent des frissons aux sons de ses rires. Pris par des sueurs froides, il fixe le sourire de cette femme, le regard marqué par la stupeur. La petite Diane remarque, d'abord, le malaise de son frère. Il ne lui faut que peu de temps pour comprendre à qui ce nom fait référence. Bien qu'elle en est aucun souvenir, ce nom tabou représente une séquelle profonde dans la famille. Elle se rapproche de son frère avec une main attentionnée et un regard méfiant envers cette parvenue. Clitorine n'a aucune idée de l'identité de sa nouvelle compagnie et ne fait pas le lien avec les rumeurs qu'elle a pu entendre dans les cercles mondains.
“Oh, ce prénom vous va à ravir.
-Vous êtes la première à me le dire, ma chère Clitorine.”
Remarquant que les deux autres ne suivent plus la marche, la femme du bijoutier se retourne peu inclinte à prendre plus de retard qu'il n'en faut.
“Voyons, que vous arrive-t-il à vous deux?
-Ne soyez pas si dure. Ils sont simplement surpris de revoir leur détestable sœur réapparaître. Le temps passe bien vite. La petite Diane est devenue pratiquement une jeune femme.
-Vous voulez dire que… diantre !”
Clitorine reste bouche bée. Une légère brise soulève subrepticement le voile de cette sœur disparue, les traits caractéristiques de la famille Dubal se révèlent au grand jour, autant qu'un sourire poli. Capulina Dubal. Celle dont la fugue a soulagé tout autant qu'elle a traumatisé. La dernière personne que sa fratrie aurait voulu voir à ce jour de recueillement pour leur frère décédé au combat.
“Ne sommes nous pas pressé par le temps, mes très chers?”