Deux pirates plein d'avenir

Bien mal acquis ne profite qu'à ceux qui sont assez malins pour ne pas se faire épingler...

Après avoir apprécié le confort d'une des suites de la Reine Iguane, j'avais constaté au réveil, qu'au delà des chambres, le service de l'établissement laissait un peu à désirer. Pas vraiment conçu pour que le client s'attarde jusqu'au matin, on y trouvait des cuisines que pour le personnel, et avec la crise qui avait frappé Ana, de sévères restrictions budgétaires avait sévèrement frappés l'intendance. Au point qu'après avoir jeté un œil rapide, j'avais plutôt opté pour une commande extérieure, attrapant un môme faisant la réclame dehors et lui filant quelques billets pour qu'il ramène un vrai repas pour tout le monde.

Et c'est enfin posé devant un repas décent que je finis par provoquer enfin le réveil de John, surement attiré par l'odeur du lard fris qu'on venait de me livrer.

- T'as meilleur mine qu'hier. Encore un jour ou deux et on aura plus du tout l'impression que tu es passé sous le train des mers.

La veille, John avait conquis de haute lutte le poste de chef local de la Guilde des Videurs, et son visage portait encore les stigmates de ce dur combat. Entre ça et la cuite prise dans la soirée pour fêter ça, il devait avoir encore l'impression  qu'un singe juché sur son épaule lui martelait le crane avec une grosse brique. Heureusement, j'avais ce qu'il faut pour soigner ça.

- Je t'ai préparé une recette de chez moi pour guérir des lendemains de beuverie. Bois ça cul sec et la migraine disparait d'un seul coup...

Bon, j'avais du improviser avec les ingrédients que j'avais trouvé dans le coin. Tabasco, piment, poivre, gingembre, cinq blanc d'œuf cru pour lier tout ça, et le mélange d'épice que je trimballais toujours avec moi et qui servait le plus souvent a jeter dans les yeux des ennemis pour les faire suffoquer et leur bruler les yeux. D'après la plupart des gens qui l'avaient testé, le motif de disparition de la migraine était surement du à l'horrible sensation de brulure provoquée par la mixture. Mais il fallait bien reconnaitre que c'était efficace, et une fois que le pire était passé on avait tendance a oublier rapidement le gout atroce.

Et vu la journée qui nous attendait, il nous fallait un John en pleine possession de ses moyens. Maintenant aux commandes du club des videurs, nous avions rendez vous avec la patronne de l'union des commerçants pour lui vendre nos services.

La gueule est carrée.

Visage boursoufflé depuis la veille, semblerait que le repos suite au combat face à Achille porte ses fruits. John dégonfle un peu et en arrivant dans la salle commune de l'hôtel de la Reine Iguane, le Wagner est observé par tous, déjà attablés pour un petit déj bien copieux. Kato fidèle à lui-même fait preuve d'une touche d'humour en voyant la tronche du nouveau chef des videurs tout en lui tendant un breuvage à la couleur douteuse. D'après lui, ça fait disparaitre la migraine instantanément. Se posant aucune question, John boit cul sec. Il est prêt à tout pour arrêter ce boom-boom dans sa tête qui accompagne des sifflements incessants.

Et comme par magie, après une grimace témoignant du goût atroce du remède de Kato, tous ses maux disparaissent. Sacrée sorcellerie que nous sort le Flibustier en même temps d'un bonheur indescriptible pour le mercenaire.

- Merci ... dit Johnny la gueule encore défigurée. Ouais ça ne soigne pas les maux physiques malheureusement. Bon, allons y directement. Fait-il signe à son homologue pour se rendre dans le bureau de la reine. Ne pas perdre de temps pour le business car le temps c'est bien évidemment de l'argent.

Poussant les portes en chênes des quartiers de la belle Ana, John peut alors observer cette dernière de dos, face à l'immense baie vitrée donnant sur les rues peuplées de Kikai. Portant une légère nuisette en satin comme pour témoigner de son réveil tardif, elle accueille les deux hommes dans son intimité. Bizarre, mais John n'y fait pas attention. Il est simplement là pour les affaires.

- Mlle Grande.
- Appelle moi Ana, John ...
- Non c'est bon. Merci.

Elle tire la gueule, tout en rougissant. Sûrement un comportement de femme qu'il ne comprend pas.

- On revient vers toi pour te confirmer, même si tu l'as sûrement déjà appris mais on a réussi. J'ai le contrôle de la guilde des Videurs et j'ai donc tout ce beau monde sous mes ordres. Sache que pour ton bon compte, je te donne une garde exclusive gratuite. Pour ton hôtel, tu auras 50% de remises sur les prix. C'est le minimum que je puisse t'offrir après tout.
- Quel gentleman ...
- On se rend chez la patronne de l'union des commerçants maintenant. Je t'appelle dès qu'on a terminé.

Et d'une manière non-challante, alors que la belle tente de lui arracher un baiser, John se décale et quitte ses appartements avant de prendre la route pour sa prochaine cible.

Comme quoi, la gueule ne fait pas tout. Le pognon et la puissance ça aide aussi.

Satisfaisant aux coutumes locales, et à une discrétion toujours utile, c'est en fiacre que nous nous rendons au marché couvert. Un fiacre récupéré dans l’arrière cour de la Reine Iguane, hâtivement remis en état, et sur lequel la peinture du symbole de la guilde des videurs est encore fraiche. Représentativité et négociation oblige, après tout, nous sommes maintenant des nantis et des entrepreneurs locaux, et il est important d'en afficher les signes distinctifs et les manières. Même si ces efforts d'afficher une apparence bourgeoise sont un poil gâchés par la gueule cassé de mon associé dans l'affaire.

Cela dit, cela fait de nous un duo gentil méchant tout à fait fonctionnel. Avec son allure de gros dur sortie d'une bagarre a mains nues avec des fauves, je présume qu'il suffira a John d'émettre de temps en temps un grognement menaçant pour faire pencher tout accord en notre faveur. Aprés tout, nous n'avons affaire qu'a de vulgaires marchands, qui ne connaissent de la violence que des opa hostiles et des guerres contractuelles par larbins et avocats interposés..

Le marché couvert est fidèle à nos attentes, comme les casinos de l'avenue principale, l'endroit pue le fric, et si nous n'étions pas en voie d'y investir lourdement j'adorerais le visiter avec cinq cent pirates, en ravager chacune de ses vitrines clinquantes, éventrer les portes, défoncer les caisses, et engloutir des malles entières de bon et beau butin. Une autre fois peut être. Une autre fois.

Le fiacre nous dépose devant un bâtiment central, a la jonction du Y que forment les artères principales du marché couvert. Un immeuble presque discret par rapport aux enseignes des boutiques, et dont la porte lourdement blindé ne porte qu'une plaque doré indiquant L'Union des Commerçants. Une paire de gros bras en costard nous fouille, puis nous guide jusqu'au bureau du dernier étage, nous laissant savourer le luxe d'un ascenseur revêtu de cuir rouge dans un bâtiment qui ne compte que cinq étages. Et nous débarquant directement dans le bureau de la première secrétaire. Assez vaste pour loger deux familles, revêtu d'une moquette assez épaisse pour boire le sang d'un homme, et dont les murs sont une vaste verrerie offrant une vue tout à fait impressionnante et permettant d'embrasse d'un regard tout le marché couvert.

Et derrière un bureau plus massif qu'un canon de 24 livres. Jade la Hyéne.

- Que signifie ce bordel ? Qui êtes vous et ou est Achille ?

J'ai bien fait d'amener les papiers de cession du club je crois.

- Achille est mort. C'est moi le chef maintenant.

Arrivant en bombe dans le bureau de la Hyène, John ne manque pas d'air en témoignant de la mort de l'ex propriétaire de la Guildes des videurs.

- En fait il est encore vivant, mais je l'ai battu et donc désormais il bosse pour moi.
- Son défi stupide l'a donc mené à sa perte ... Quel crétin.
- Oh faut pas lui en vouloir, j'ai bien ramassé aussi héhé. Mais bref ! On est pas là pour ça.
- Ouais vous êtes qui d'abord ?!
- John Wagner. Et lui là, c'est Kato. Vous inquiétez pas il tire toujours la gueule.

Kato salue d'un simple signe de tête. Bien aimable à lui.

- Et qu'est-ce que vous me voulez ?
- Alors de base on est venu secourir Ana Grande de son misérable hôtel tenu par un dénommé Proctor j'sais pas quoi. Mais en fait, on a tellement soif de gloire et de pouvoir, qu'on ou je - lui ai proposé une protection et un train de vie de reine jusqu'à la fin de ses jours en échange des noms qu'il faut dépouiller pour être roi de cette ville. Et bingo ! Achille était le premier sur la liste !

De son ton sarcastique et agaçant, John ayant sorti sa liste de nom pointe du doigt celui passant après le Lion d'Or.

- Et si j'en crois la liste ... Hum ... Jade la Hyène c'est bien vous ?
- ?
- Félicitation ! Vous êtes la suivante !

Un vent de panique souffle soudainement au sein du bureau de Jade, voyant son visage crispé d'un stress sans précédent. Empoignant son bureau tout en le faisant voler sur les deux hommes, la tonne de papier présent dessus volant dans tous les sens, la Hyène profite du bordel pour foutre le camp par la petite porte. Et arrivant en plein cœur du marché, pointant du doigt son bureau à la grande baie vitrée visualisant le Wagner et Kato, la reine du commerce hurle dans la foule.

- Attention tout le monde ! Ces deux hommes sont venus pour me voler ! Pour VOUS voler ! Arrêtez les si vous ne voulez pas finir au bout d'une corde !

...

- Bah ... Qu'est-ce que j'ai dit de mal ? réagit Johnny, encore sur le cul de la scène s'étant passée sous ses yeux et tout en commençant à observer les divers commerçants dans le hall se préparer à les arrêter.

- Oh t'a rien dit de mal, a mon avis c'est ta tête qui lui a fait peur. Elle a du transposer sur la sienne et ça a lui as plu...

Il va falloir qu'on peaufine notre entrée gentil méchant avec plus de tact, la on a même pas eu le temps de jouer le numéro en duo... Tant pis pour l'effort et les costards !

Nous débarrassant de la pluie de papiers que nous a balancé la Hyéne au visage, nous mettons quelques secondes à renoncer à utiliser la porte dérobée qui nous a claqué à la gueule. John finit par défoncer le faux mur a coups de latte pendant que de mon coté, j'appelle l'ascenseur. Le  Ding de la sonnerie de la cabine tout autant que l'irruption des quatre vigiles qui en surgissent interrompent le ravalement de façade, et après une brève scène de violence, nous faisons le choix de la cabine pour rallier le rez de chaussée.

- Les voila ! Démolissez les !

Sans surprises, Jade a mis à profit le temps de la descente de l'appareil pour réunir dans le hall tout ce qu'elle a pu rassembler de gros durs, toute une équipe qui forment épaules contre épaules un véritable rempart devant la secrétaire de l'union des commerçants.

- Après toi.

Dépassant John, les cordes que je garde enroulées autour de mes bras et de mon corps se déploient comme une nuée de serpents dans le hall, le sol devient grouillant de lianes qui saisissent et enserrent les chevilles et les mollets des gardes, provoquant cris de surprises, regards qui se baissent, et offrant un champ idéal pour accueillir la férocité de John, qui bondit de l'ascenseur, fondant sur les gardes immobilisés comme le lion affamé sur un quartier de viande qu'on vient de lui servir.

C'est comme voir un chien traverser un jeu de quilles, malgré des efforts louables pour tenter de les saisir, les gardes volent à tout va, défoncent un des lustres du plafond qui s'écrase sur le reste de l'équipe, traversent les magnifiques baies vitrées pour aller s'écraser sur les pavés du marché couvert, s'amoncellent contre les bureaux et les murs en décrochant les cadres des employés du mois. Tel un raz de marée dont je garde soigneusement le dos en achevant à coup de pieds et en les ligotant, John marche droit sur Jade en démolissant à mains nues tout ce qui dresse sur son passage. C'est un spectacle tout a fait magnifique.

- Mais faites quelque chose il est tout seul !

Magnifique, et peut être un peu trop terrifiant pour Jade qui comprend soudain qu'aucun tas de vigile n'empêchera John de lui mettre la main dessus. Alors la voila qui saisit un sorte de pochon de papier, la balance sur le John, et dans la foulée tourne les talons pour filer hors de la boutique à travers le marché. Très certainement tout droit vers la caserne la plus proche.

Le pochon de papier, de son coté, explose façon nuage de confettis, aspergeant John d'un nuage de poussière orange.

- Il faut la rattraper avant qu'elle quitte le marché couvert !

Parce qu'au delà de cette limite il sera facile à jade de se jeter dans les pieds d'une patrouille de la marine, ce qui, même si on peut les démolir, nous compliquerait lourdement la tache de s'implanter tranquillement ici.

- John ?

A coté de moi John se frotte des yeux déjà rouge vifs, visiblement en proie a une douleur suffisante pour lui arracher des larmes Tendant la main, je passe un doigt sur son costume, attrapant quelques grains de poussière pour les porter à mon nez, ce qui m'arrache aussitôt un terrible éternuement.  

- Une bombe au poivre ! Il faut pas te frotter les yeux !
- Trop tard ! Je vais lui faire payer ça !

- Aaaaaaaaaah la saaalo- !!!!

D'un hurlement de douleur, d'énervement et d'envie meurtrière, John fait face à la bombe au poivre qui lui ruine actuellement les rétines. Cette saleté de Hyène sait y faire dans la fuite et les diversions et cette fois-ci, contrairement à sa première fuite, elle est montée d'un cran. Du spray urticant ? On aura tout vu mais là, c'est le pompom sur Calm Belt.

- Ah ... Ah ... Ah ...

Les yeux à moitié ouverts, tirant une gueule pas possible, John tente de voir à travers sa vision amoindri où se dirige Jade. Mais rien à faire, il y voit comme dans le cul d'une poule. Même si par moment il aperçoit de bribes de réalité tout en se dirigeant grâce à la voix criarde de la Hyène. Alors d'un coup de poker, il se téléporte au plus proche de cette voix, attrapant le visage d'une personne avant de l'éclater contre le sol.

- Oh putain ! Mais il est complétement fou ! A l'aiiiiide !

Manquer. Mais pas loin. Alors prenant le temps, John attrape son mouchoir de poche pour s'essuyer les paupières et les cils. Récupérant une partie de sa vision. C'est alors qu'il aperçue Jade faisant une pause pour reprendre son souffle et se remettre de ce qu'elle venait de voir. Bingo. D'une nouvelle téléportation, il l'attrape sans trop lui faire de mal après avoir retrouvé un semblant de sang froid. Mais sa poigne lui serrant le haut du bras témoigne tout de même d'une envie de le lui arracher à la moindre seconde. Et ça, Jade le sent bien.

- Kaatooo ! Viens la tenir tu veux bien ? Le temps que je me lave la tronche !

- Je m'en occupe !

Y'a pas à dire, la capacité de se déplacer instantanément d'un endroit à un autre, ça simplifie vachement les courses poursuites... Anticipant les problèmes que nous avons à rester dans la rue du marché couvert, j'avise une porte qui ouvre sur une cour intérieure, l'ouvre d'un coup de pied, et traine Jade dans ce qui doit être une zone de stockage ou de déchargement de la boutique d'a coté. Au bout de mon bras, Jade peste, se débat, tente de plonger sa main dans ses poches à la recherche d'un nouveau poison, mais je ne laisse pas faire. Mandale sur la joue, et l'instant d’après mes cordes la ligotent façon saucisson de foire.

- Lâchez moi !
- En fait j'ai l'impression que tu n'as pas bien compris la situation... Tu crois encore qu'on est des types avec qui tu peux négocier sans te faire saigner ?  

Attrapant la miss par le cou, je la plaque contre un mur avant de lui coller la lame de mon poignard contre la gorge.

- Oh, pardon, j’espère que ça t’embête pas que je tutoie hein ?
- Vous êtes complétement fous !
- C'est l'idée, et toi tu vas être complétement morte...
- Attendez ! Attendez ! On peut s'arranger ! J'avais pas le choix !
- Oh, arrête de bouger, j'ai pas envie de devoir expliquer pourquoi j'ai du sang partout...
- C'est la faute de Proctor ! C'est lui qui m'a forcé à refuser et à vous attaquer !
- Proctor hein ? Développe.
- Vous le connaissez hein ? Il est venu pour me prévenir que vous alliez venir, et que je devais appeler la marine. Mais je pensais pouvoir me débarrasser de vous sans les mêler a mes affaires. Je voulais accepter votre proposition, mais il tient mon fils ! Je suis obligé de lui obéir.
- Tu crois vraiment qu'on va croire ça ?
- C'est la vérité ! S'il vous plait ! Je suis vraiment désolé ! Ne me tuez pas ! Ne me tuez pas et aider moi à récupérer mon fils et je ferais tout ce que vous voudrez, l'Union des commerçants fera tout ce que vous voudrez...
- John ?
- Tss... Il est ou ton fils ? Tu sais ?
- Proctor le garde dans une villa sur la cote ! Il a un gardien homme poisson requin absolument terrifiant qui doit le dévorer si je fais quoi que ce soit !
- Allons voir ça.

Face à un manoir bien imposant, le duo se retrouve donc à chercher le fils de Jade car soit disant, ce dernier est retenu en otage par un homme poisson sous les ordres de Proctor. Ca paraît bien étrange pour John mais l'option d'avoir l'union des commerçants grâce à ce sauvetage n'est pas à minimiser. Et si la Hyène s'est jouée d'eux, alors le Wagner fera ce qu'il sait faire de mieux; traquer, trouver et tuer.

C'est devant un portail en acier massif que le mercenaire se retrouve donc à chercher le gosse en espérant que le Requin qui le garde ne lui arrache pas la jugulaire en les voyants. Sauf que malheureusement, le portail est fermer par un cadenas encore plus gros que les barreaux du mur d'acier leur faisant face. Alors, noircissant sa main, Johnny empoigne le scellage avant de l'exploser à l'intérieur de sa paume. Libérant la chaine qui entrouvre l'entrée. Bingo.  

Marchant le long de l'allée pavée, menant au manoir, John guette les environs de son œil vif afin d'observer si personne ne les a repérer ou se cache dans les buissons autour d'eux pour leur sauter dessus à tout moment. Mais pas un chat. Donnant alors deux coups vif sur le bois de la porte, les deux hommes patientes. L'attente se fait quelque peu attendre sans que personne ne réponde. Ce qui veut dire deux choses; soit Jade s'est bien foutu de leurs gueules soit ils font mine basse pour éveiller le moins possible les regards extérieurs. Venant d'un homme comme Proctor - maître du business sombre - cela ne semble pas déconnant. Si la populace apprend qu'il kidnappe des petits garçons alors qu'en public, il fait bonne figure avec le gouvernement et la marine, ça le fait moyen.

C'est alors que regardant les fenêtres de l'étage, John voit un rideau se refermer, comme si quelqu'un avait terminé de les observer. Sans plus attendre, il se téléporte à la fenêtre en question tout en l'explosant de par sa réapparition avant d'atterrir dans la pièce. Face à lui ? Le requin tenant dans ses bras visqueux le gamin, apeuré, un flingue pointer sur sa tempe.

Réflexe instantané de John, dégainer à son tour ses deux gros calibres, les pointant sur la face de squale.

- Petit, t'es bien le fils de Jade ? Jade la Hyène ?
- Ou..Oui ..
- FERME LA !

C'est alors qu'après tout ce temps, déjà une minute, Kato arrive par l'intérieur après avoir enfin défoncer la porte. L'observant derrière l'épaule du requin, il lui fait signe d'user de ses lianes pour ligoter le prédateur. Au même moment, avant qu'il ne puisse appuyer sur la détente, John fait feu. Une belle balle hakifiée vient lui exploser la main, libérant le môme de son emprise avant d'être récupérer par le Wagner.

- C'est bon Kato, maintenant ligote le encore plus fort pour qu'il arrête de bouger !
- C'est ... c'que ... J'essaaayye de faiiire !! dit-il avec difficulté tentant tant bien que mal de ligoter la bête bien trop forte et dense musculairement. Quand soudain, les liens du Flibustier lâchent.
- Ah bah là ... On est dans la merde.

- On se le fait !

Le môme disparaît en même temps que  John, sûrement maintenant en sécurité sur le toit ou dans les jardin. Et visiblement ça défrise salement l’homme poisson qui ne doit pas piger du tout le tour de passe passe.  Mais bon. On a affaire à un homme qui ne s’embarrasse pas des détails qu’il ne comprend pas, et laissant tomber le gamin il s’attaque directement à la racine du problème qu’il peut comprendre, c’est à dire l’adversaire qui ne s’est pas teleporté en sécurité quelque part, c’est à dire moi.

S’arrachant des débris de mes cordes, le requin se jette sur moi, mains tendues, mâchoire grande ouverte sur une triple rangée de dents tout à fait inquiétante et qui vise ma gorge. Heureusement ses intentions sont parfaitement limpides et je vois venir son assaut brutal. Frappant l’air de mes paumes j’envoie une détonation de vent flageller sèchement son oreille gauche, perturbant son équilibre juste à temps pour réaliser un pivot qui m’efface soudain de sa trajectoire. Tel un taureau furieux loupant le matador, le requin s’emplafonne dans une armoire pendant que je profite de son passage à mes côtés pour le gratifier d’une coup de couteau qui lui balafre le dos.

- J’vas te crever salopard !
- Pour ça il faudrait me toucher !
- RAHHH !

Mais voilà que la bête s’arrache soudain les dents. Plongeant les mains dans sa bouche, l’homme poisson les ressort munies chacune d’une double rangée de mâchoires cliquetantes, n’ayant rien a envier aux plus dangereux des poing Marijoens que j’ai jamais croisés. Et c’est seulement une fois muni de ces trois armes qu’il charge à nouveau. Mais cette fois je suis prêt pour l’estocade.

Mon épée se dresse pour un coup d’estoc impeccable au moment où l’idiot d’homme poisson se jette à nouveau sur moi tête baissée. D’un saut d’acrobate je bondis  par dessus la charge en frappant un coup décisif au passage. Ma lame vise le front puis dévie soudain au dernier moment, pointant non pas l’os renforcé du crâne, mais le triangle offert entre le cou et l’épaule qui offre un chemin tout tracé vers le cœur.  

L’estocade. Une conclusion mortelle que dix milles générations de taureaux de combat n’ont toujours pas compris.

Si je n’étais pas un infâme pirate j’aurais presque de la peine pour ce pauvre requin.

CLING !

Ma lame se brise soudain sur la peau noire de mon adversaire, et soudainement, la situation bascule. Une des mâchoires que le requin brandit à la main se referme sur ma jambe en m’offrant une balafre digne d’un vulgaire surfeur, et sous le choc mon élégante culbute au dessus d’un ennemi déjà mort se transforme en chute maladroite à travers le décor du salon…

Merde !  J’espère que John va pas tarder…

Voyageant à travers l'espace et le temps après avoir mit en sécurité l'enfant, John réapparaît face au monstre s'apprêtant à frapper de ses mâchoires d'acier Katobolonga. Cependant, le poing noirci et le regard froid tout en surprenant la poiscaille, le Wagner frappe de toutes ses forces dans l'abdomen de la bête. Si après une petite seconde sans bouger le moindre centimètre, le squale ne montre aucun signe de souffrance, c'est d'un coup d'un seul qu'il se fait propulser à travers la maison pour finir à l'extérieur, le toit et l'entièreté de l'étage venant avec lui.

- Ca va t'as rien ? s'assure Johnny auprès du Flibustier, s'allumant une clope pour décompresser un coup.

Enlevant son long manteau noir, d'un tour de bras, le faisant voler sur le côté, John se relève les manches tout en traversant le premier étage désormais nu de toiture d'un pas impassible. Voyant le requin se relever de l'impact, le chasseur n'a qu'une envie à cet instant ...

- Dis moi Kato, t'as déjà mangé du requin ? Je me demande bien ça a quel goût ...

En une fraction de seconde, alors qu'il termine de relever sa seconde et dernière manche, John se téléporte sous les trois mètres de la bestiole avant de lui coller une nouvelle beigne dans le bide. Et ça fait encore mouche. Se téléportant durant sa récupération de gerbe intra-intestinale, le Wagner atterrit dans son dos avant de lui redonner un coup de pied bien placer dans le colonne pour l'expulser au loin avant de lui tirer une balle au niveau de la tête. Mais les réflexes du requin restants encore bien rapide, se dernier esquive de peu, venant frôler son nez pour seulement l'égratigner.

- Tss ... Vous allez payer pour ça ... Dit-il se touchant le nez en sang.
- C'pas moi c'est lui. rétorque John, pointant du doigt Kato arrivant par derrière.

- Je me demandais, plutôt que de te déplacer toi, pourquoi tu ne te contentes pas de l'envoyer lui très très haut pour qu'on n'ai plus qu'a le regarder tomber et s'écraser a nos pieds comme un gros fruit mur ?  

A deux, tout devient plus facile. Le requin se tourne vers moi et une de mes cordes lui flagelle le visage, lui ouvrant l'arcade et lui pognant un œil qui lui manque immédiatement quand John apparait juste dans l'angle mort que lui cause le sang coulant de sa paupière tombante pour lui coller un direct vicieux au foie.

Mais c'est comme taper dans un bloc de caoutchouc, y'a un impact mais guère de marque et ça se remet en place aussi vite que ça se déforme. Maudit homme poisson, c'est clairement au couteau qu'il faut se le faire, mais il y a ce maudit Haki !

D'ailleurs en parlant de Haki, les mâchoires se teintent de noire quand les deux poings se jettent sur John toute dents dehors, une occasion que j'attendais justement... Jaillissant du sol en entourant sa cheville, mes cordes s'enroulent autour d'un des bras pour en modifier la frappe, et pendant qu'une des mains claque dans le vide dans l'espace que John vient de quitter, la mâchoire qui s'agite au bout du bras que j'ai attrapé vient se refermer sur le flanc de l'homme poisson. Et cette fois c'est lui qui subit la balafre du surfeur.

- C'est pas du jeu !
- Si tu voulais jouer, fallait choisir un ring, pas de défier des pirates ! Vas y John !

Suivant immédiatement mon regard le requin fait un bond pour attraper John qu'il croit derrière lui, mais c'est évidemment devant que John apparait le temps de lui planter une lame dans le dos..

Cette fois la béte pisse le sang et se fatigue. Incapable de suivre les mouvements de John il recule vers la maison, se débarrassant de mes cordes a coup de dents avant de se coller dos au mur pour nous faire face. Ou plutôt, me faire face et chercher John. Mais c'est un mauvais choix. Descendant de l'étage supérieur, mes cordes s'enroulent autour de son cou et l'étranglent en le soulevant du sol, et pendant qu'il lutte pour s'en débarrasser, John surgit devant lui pour le poignarder sauvagement au niveau des reins.

L'homme poisson se libère, John le touche, et pouf, le poisson disparait.

- Attention, tu es juste sur la croix.
- La croix ?
- A tes pieds.

Le temps de me décaler de la croix tracé à coups de bottes sur la pelouse, et quatre cent kilos d'hommes poissons viennent s'y écraser dans un bruit écœurant.

Il en avait envoyé des mecs en l'air mais à chaque fois, soit il atterrissait à l'autre bout de là où John souhaitait les voir atterrir ou alors bien trop à côté. Cette fois-ci, quand le squale vient s'exploser sur le sol après une chute de plusieurs centaines de mètres venant des airs, sa jambe se décrochant de son corps en miette glisse sur la pelouse pour atteindre la croix que le mercenaire avait dessiner au sol. Comme pour se donner un repaire visuel rien qu'une fois.

- Il faut que je travaille ma précision, il est trop à gauche.

Et après avoir fixer l'homme-poisson agonisant dans ses derniers réflexes nerveux, John se retourne pour aller en direction d'un bosquet, là où il avait mit le jeune en sécurité. Retrouvant le garçon apeuré, les bras au dessus de la tête comme pour se protéger de potentiels débris venant du ciel, il lève alors la tête avant d'apercevoir l'homme en noir. Ce dernier lui tend la main et le rassure. Plus personne ne lui fera de mal désormais.

[...]

- Oh Jimmy !

Débarquant dans le bureau de la Hyène, l'enfant à ses côtés, John rentre en compagnie de Kato épuisé par le combat. Non pas qu'ils avaient combattu une armée entière mais presque. Ce genre de bestiaux totalement dopés à la testostérone c'est épuisant nerveusement et physiquement à combattre. Mais bon, désormais le danger est loin. Pour le moment.

Tendant les bras en direction de son fils courant vers elle, Jade lâche quelques larmes de joies voyant que son fils était sain et sauf et désormais à ses côtés.

- Merci ... Merci messieurs !

Laissant un moment de silence, John en vient au fait. A ce qui les intéresse depuis le départ. Après tout, il ne faut pas perdre l'objectif de base.

- Avec plaisir. Mais cela veut dire que désormais, vous travaillez pour nous. N'est-ce pas.
- Ou..Oui bien évidemment. L'union des commerçants est à vous.
Le soucis, c'est que maintenant on va avoir Proctor sur le dos. Encore plus qu'avant. Pas que ça nous dérange mais il va falloir être prudent désormais. On va assigner la guilde des videurs a la protection du marché couvert, comme nous venions vous le proposer au départ, ils vous offriront une garde plus que bienvenue. M'étonnerait pas que Proctor décide de s'en prendre à ces commerces pour se venger. Mais on va tout faire pour que cela n'arrive pas.
- Tant qu'a rédiger des contrats, la guilde des Usuriers désire depuis longtemps intégrer l'union des commerçants, mais sans les frais afférents à l'adhésion. Mais maintenant que nous sommes de bons amis, vous allez faire un effort n'est ce pas ?
Je vais m'en occuper. Ils n'auront rien à verser. Proctor, vous pensez qu'il va revenir nous voir ?!
J'en doute. Il commence à avoir de plus en plus de monde contre lui. La Reine Iguane, la Guilde des Videurs, des Usuriers et désormais, l'Union des commerçants. S'il s'en prend à nouveau à vous, soit il est complétement fou, soit il possède des capacités qui le mettent vraiment en confiance. Et j'avoue que la deuxième option ne me plait pas trop. M'enfin ... On y est pas. Repose toi et profite de ton fils. On en reparle demain.
- Attends. Les contrats c'est une chose, mais je crois que notre sauvetage mérite quelque chose en plus non ? Je suis sur qu'une association aussi prospère que l'union des commerçants à une caisse noire bien remplie pour ce genre de faux frais.. Je me trompe ?
Derrière la bibliothèque. Il y a une chambre forte dissimulée qui s'ouvre en tirant à vous un livre qui s'appelle "tribulation d'un Luvnelien sur Grand line.
- Bon choix, je l'ai lu...
Suivant les indications de Jade, Kato dévoile une chambre forte de bonne taille plus garnie de sacs de berrys qu'un coffre de banque. Il attrape deux sacs qu'il me jette, en entasse deux autres en travers de ses épaules, hésite, puis décide visiblement qu'on ne dépouille pas trop sévèrement un nouvel associé.

- Et bien merci pour tout, ce fut un plaisir...

Tournant les talons, John et Kato quittent le cercle des commerçants, afin de retourner à leur QG, retrouvant Miss grande et Oscar. La suite des hostilités ne devrait pas tarder à arriver.