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Sleepy Hollow, la légende de l'amiral sans tête [FB 1615]

Coloneeel !

Le colonel ouvre un œil. Torve.

Coloneeeeeeel !!!

Le colonel ouvre un œil. Ca fait deux, l’compte y est, la conscience peut s’réveiller aussi, façon gneuhukoikeskyakitékestumveupourkoitumdéranjàcteurtotivekomça.

Colonel, la cérémonie va commencer !

Craeuh. Haleine de rhum en barre. La cérémonie.

Ca y est, ça s’agite sous le scalp, les synapses s’ébrouent, les neurones peuvent communiquer, s’en donnent à cœur joie en gueulant comme des putois leurs souvenirs. Jenv, morte avant-hier, crématée today. Aïe ça résonne. Vivi, ça va, arrête de crier la p’tite, y t’a entendue l’colonel. Mes fringues, où t’as mis mes fringues gamine ? Non, la douche d’abord ? Okay la douche, si tu veux. Plouf.

Ah, traîtresse, t’as mis que d’l’eau froide !

Lieutenant… ?!

Viens là, j’ai un problème. Mais vous êtes sûr qu- C’est bon, viens. Allez fais pas ta mijaurée, t’en rêves depuis que j’t’ai fait nommer Lieutenant-Colonel. Allez, quoi. Ploufcracboumhu.

...

Oh Colonel…

Lieutenant ?

Ouais jsais. C’est l’heure.

...

‘fait un temps de merde comme pour célébrer l’événement bien comme il faut. Parmi l’joyeux cortège d’officiers qui s’montrent en s’touchant la nouille autour du bûcher, pas un n’a pour une fois fait l’économie du manteau qui va bien, mais c’est à s’demander si c’est par hommage pour leur supérieure ou pour braver la météo. Autour d’la tête de la femme allongée, un groupe de pingouins en noir et noir, les officiels du gouvernement, d’Water, d’Marie-Joa, et d’une flopée d’autres îles qu’ont fait l’déplacement pour l’occaz. Civils à la noix qui s’sentent pas trop à leur place au milieu d’tous ces miloufs. Y paraît qu’y avait même un saint-machin qu’avait prévu d’bouger mais manifestement ‘l’a annulé. A droite en tout cas, côté cœur puisqu’elle est sur le dos, un, deux, trois amiraux. En face d’eux, le mari éploré, Vice-Amiral Vlat Flermet pour te servir. Fumier. Dans le reste du cercle ascendant œuf mal lissé, du gratin de mouettes. Vice-amiraux, contre-amiraux, colonels, et sous-fifres suivants dans la liste. Un certain Tahar Tahgel aussi, habillé comme y faut par les bons soins du Lieutenant-Colonel Ela Inboshassee qui vient d’ailleurs d’réajuster son nœud d’cravate pour la dernière fois mais ça personne le sait encore.

Au total mine de rien, y a bien cinq cents pelés qu’ont fait le déplacement sur ce roc paumé au milieu de nulle part dans Calm Belt, choisi par l’autre enflure pour l’dernier voyage d’la femme qui lui a fait pousser par deux fois au moins des cornes d’la taille de celles d’un vachoratops. Limite on s’rait juste en espace vital, tassés comme on est. Pas mal de gonzesses aussi, en fait. Faut dire qu’c’tout un symbole d’la cause féminine qu’a fait l’grand saut sur cet esquif curieusement placé. Accident d’navigation, mon cul oui. T’en connais beaucoup des amiraux qui savent pas que la zone des Cormorans Noirs c’est un nid à emmerdes et qu’vaut mieux contourner à droite quitte à s’rallonger d’une journée en mer ? D’ailleurs y r’garde pas la macchabée, l’Colonel. Il l’a assez bien parcourue pour savoir à quoi elle ressemblait, et son teint d’cadavre est pas forcément l’souv’nir qu’y veut en garder. Non, y fixe plutôt l’endeuillé marital, fixtement jusqu’à c’qu’y craque packe y a toutes les raisons qu’ce soit lui qu’ait fait l’coup. Mais c’t’empaffé a compris la tactique et r’garde ses pieds ou la défunctée en geignant comme une larve. Ben ouais mais fallait réfléchir avant d’la trépasser la mignonne. Non seulement elle était bien gaulée mais en plus elle était loin d’être conne. Voire de bonne compagnie. Tu m’diras, c’est plutôt souhaitable pour une amirale mais bon, y en a à c’poste, c’est pas des lumières. J’nommerai personne.

Ah tiens, le v’la qui r’lève le menton… R’garde bien Tahar, c’est l’mec qu’a buté ta conquête.

Eh mais. Il a souri ce con.

Lieutenant Inbo…

Colonel ?

Shclong.

Personne a entendu autour, mais ça c’était l’bruit d’un plomb qui fondait dans un crâne. Fonte façon subite, v’voyez ? Façon brutale, sang qui bout et envies d’meurtre.

A l’autre bout d’la morte, les oraisons s’finissent, l’cornu r’nifle encore, avance sa main une dernière fois, et va pour saisir la torche qu’on lui tend. La flamme approche du bois saturé d’huile. Ca grésille malgré la flotte qui tombe dru. Ca prend. Ca fait froucht et ça flambe comme dans les livres.

Inconvénient d’faire une flambée avec un temps aussi humide qu’aujourd’hui : les fumées montent pas. Chouette hommage pour une beauté pareille, ça sent l’porc grillé.

...

Et d’un coup y a un malade qui fait l’grand saut.

Colonel !

Mais la ptite horrifiée a réagi trop tard, le Colonel a déjà sauté par-d’ssus les flammes.

C’est la Poulie qu’atterrit la première dans la face du Vice-Amiral, propulsée par un poing aussi cinétiquement chargé qu’une masse de forgeron qui tombe sur une enclume. Autant dire que l’corps reste sur place et qu’la tête va toute seule comme une grande jouer aux quilles dans les ripatons des spectateurs. C’est un strike, y en a quinze qui tombent de la falaise au fond. Dommage collatéral, fallait pas choisir un îlot aussi ptit pour réunir autant d’peuple.

Ca s’agite du côté des puissants. On cherche on grogne on grommelle pendant qu’la Jenv s’envole dans la grisaille sans qu’personne en ait plus quoi qu’ce soit à foutre. Pauvrette.

Mais si l’Tahar a salement grillé un fusible, ça l’empêche pas d’pas être con et d’avoir des réflexes de survivaliste. Y a longtemps qu’y s’est fait la malle au milieu des défenestrés. Tu l’vois pas ? Il est d’jà là-bas au bord de la frégate machin. Hop, a pu.


Sleepy Hollow, la légende de l'amiral sans tête [FB 1615] 661875SignTahar


Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 19 Oct 2011 - 23:57, édité 2 fois
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Il y a des jours qu’on ne sent pas. L’instinct ou une autre de ces conneries de sixième sens ou de prémonition, va savoir, ça ne s’explique pas. Il y a juste des jours qu’on ne sent pas. On se lève. Ou plutôt on se réveille, on s’extirpe du coltard et des bras de Morphée. Et au moment où on va sortir du pieu on s’aperçoit que quelque chose cloche, on ne peut pas mettre le doigt dessus précisément, ce n’est qu’une vague impression, un pressentiment désagréable… La conviction profonde que la journée qui s’annonce sera une journée de merde…
C’est à ce moment la qu’il faudrait choisir de se recoucher.

Manque de bol on ne peut pas toujours. L’être humain à le chic pour se créer tout un tas d’obligations qui le pousse à se lever. Travail, famille…Alors on reste un instant le pied en l’air à chercher ce qui ne va pas et bon gré ma gré on se lève. Y’a même une expression juste pour ça. Levé du pied gauche qu’on dit.

Ce matin la, Red ne le sentait pas. Pas du tout. Il y avait cette impression confuse qu’un sale truc n’attendait que le moment propice pour lui sauter dessus par surprise. Il y avait cette pensée parachutée dans un coin de son crane et qui lui disait qu’il ferait mieux de ne pas bouger du lit aujourd’hui. Mais comme beaucoup de gens l’agent Red a des obligations, plus même que beaucoup de gens. Des obligations qui lui interdisent hélas de passer sa journée au lit. Alors il fait une croix sur ses sales impressions et essaye de positiver. Et comme tous les matins depuis une semaine il pense à la journée qui l’attend et échoue lamentablement à la trouver attractive…

Parce que depuis une semaine Red fait le pire boulot que le Cypher Pol 5 puisse offrir. Depuis une semaine Red travaille au Service archive. Depuis une semaine il se lève tout les matins pour pointer à six heures au boulot, puis il passe douze heures à trier des tonnes et des tonnes de papier. Classer, déplacer, tamponner, remettre de l’encre sur le tampon, remplir des fiches, relier des rapports en trois exemplaires, les classer, déplacer d’autres dossiers, les tamponner, aller chercher de l’encre pour le tampon. Une routine éreintante, abrutissante, horrible, inhumaine ? A peine entrecoupée de deux fois cinq minutes de pause et d’un arrêt de trente minutes pour manger. Et pire que tout, le voisinage de ces tonnes de papiers entassées lui interdit d’allumer la moindre clope pendant les douze heures que dure le service.
C’est à se flinguer…

Mais Red est un dur à cuir qui en vu d’autres. Alors il assume sa punition et enchaine les journées de boulot sans faiblir, bouffant de l’encre et de la poussière toute la journée en espérant qu’on va finir par lui pardonner et le sortir de la ...

-Pulu pulu pulu.

L’unique escargophone des archives vient de crier. Il est la, juste en face de Red, et il le regarde avec ses grands yeux accusateur qui lui ordonnent de décrocher. Et il continue à gueuler.

-Pulu Pulu pulu. PULU PULU PULU !


Red pose le papier qu’il a en main et se rapproche de la bête. Cruel dilemme, décrocher en espérant qu’on l’appelle pour lui signifier que sa peine est terminé et qu’on l’affecte ailleurs ? Ou faire confiance à cette impression matinale qui lui dit que ce qu’il y a bout de l’escargot pourrait bien se révéler pire que ce qu’il subit actuellement.
Il tend la main, hésite au dessus de l’escargot puis la laisse retomber avant de se détourner pour fuir le regard noir du gastéropode.

-Pulu Pulu Pulu !

C’est sur cette dernière sonnerie que Mélissa arrive. Une gamine de quinze ans tout ce qu’il y a d’adorable et de naïf qui bosse dans l’unique restaurant du coin. Une gamine suffisamment intéressé par la seule touche de nouveauté de l’ile qu’elle lui porte en personne son panier repas chaque midi… Une gamine qui débarque tout sourire et décroche naturellement l’escargophone pour le tendre à Red…

-Tenez m’sieur Red, vous l’aviez pas entendu ?

C’est le principe du destin, quand il vous tend la main il faut la saisir ou se la manger dans la gueule.
Red hausse mentalement les épaules et se décide à prendre le combiné.

-Ici l’agent Red. Au rapport ?

-Agent Red, vous êtes devenus sourd. Ça fait six minutes que l’escargophone est en train de gueuler.
-Désolé monsieur je…
-Aucune importance. Vous avez du bol j’ai une bonne nouvelle pour vous. Votre séjour aux archives est terminé. Une semaine seulement vous tenez surement le record du séjour au trou le plus rapide du service. Félicitations…Je vous laisse trois secondes pour vous réjouir, savourez les… Bien, maintenant le boulot. Vous n’avez pas encore reçu les journaux mais ici c’est la merde. Votre petit copain Tahar a complètement perdu les pédales et il a buté le vice amiral Flermet. En plein cérémonie funéraire devant la moitié de l’état major. Et en plus il a réussi à foutre le camp…
**Alors entre eux c’était à ce point la. Ça change tout. C’était pas la révolution qu’il traquait a Marijoa, il cherchait à protéger Jenv. C’est pour ça qu’il a flingué Belladone et Saint Just, pour la couvrir. Et il a failli réussir, il ne lui manquait qu’un petit détail pour qu’elle s’en tire, juste un détail nommé Flermet… **
-Comment il s’en est sorti ?
-Il avait préparé son coup. On l’aurait eu quand même mais son aide de camp à protégé sa fuite.
-Ela Inboshassee ?
-C’est ça. Quelle conne ! Pour l’instant elle est aux arrêts de rigueur. Elle s’en tirera vivante mais elle peut faire une croix sur l’armée. Mais ce n’est pas le sujet. Je n’apprécie pas du tout que vous n’ayez pas mentionné la présence de Tahar dans l’affaire de la quatorzième, et je ne suis pas le seul. Du coup c’est vous qui écopez du sale boulot.
-Le sale boulot ?
-Ne jouez pas les crétins avec moi agent Red, vous m’avez très bien compris. Tout ce bordel est en partie de votre faute alors à vous de faire le ménage. Vous revenez dare dare au QG, vous m’embarquez sa copine, vous me retrouvez Tahar et vous me le descendez. Et pas de mort ou vif, c’est un cadavre que je veux. Clair ?
-Très clair monsieur. J’entends et j’obéis.
-Vous avez vos ordres… Fin de transmission.

**Retrouver Tahar pour le descendre. Putain de boulot. Je suis sur qu’on aurait pu devenir potes. Mais bon le boulot c’est le boulot. D’ailleurs, je me demande si il sait que c’est moi qui ait balancé Jenv au colonel. Voyons voir…**

Red additionne rapidement quelques chiffres, comptant les jours écoulés depuis la mort de Flermet. Puis le temps de trajet depuis le lieu de la crémation jusqu'à son ile. Non ça ne colle pas. Si Tahar voulait le buter il aurait pu arriver il y a trois jours… Donc il ne sait pas. C’est toujours ça de pris.
Au moins, Red à l’effet de surprise de son coté…