Brousaille, Pagaille et Retrouvaille

"Lucia, occupe-toi de panser les blessures de Marisa, j'me charge de Wil."

Pfiouu, on l'a échappé belle. Comment ça tu vois pas d'quoi j'parle ? Le Géant, la vague géante, l'île qui se rapproche de plus en plus, l'Noah qui a perdu sa voix à l'heure où j'te parle, l'atterrissage tout en douceur au milieu d'la jungle. Bon j'vais pas tout t'refaire le scénar mais j't'ai remis les idées en place au moins. Le bateau est encore en un seul morceau, y'a pas de blessé grave, voila le principal. Enfin j'dis ça mais aucune nouvelle de la Santa. J'ai bien peur que les talents d'navigateur de Jacky ont pas suffi face aux attaques - involontaires ? - du monstre. Pauvre de nous, qu'allons nous faire sans Capitaine, sans navigateur et pis encore, sans quelqu'un pour creuser leur tombe à ces malheureux ? Qu'on s'le dise, j'ai pas vraiment envie d'être 'commandé' par Noah ou Linus car i'zont pas la carrure du Tahar. Car le Tahar, y'a personne qui peut le remplacer. Fin si, y'a bien quelqu'un qui pourrait prendre le relais. Tu vois de qui j'parle hein ? De Bibi ! Ca m'fait toujours sourire quand j'dis ça. Bibi, synonyme de 'moi', diminutif de Bishop euuuhh. Bibi quoi ! Ouais, j'me vois bien à l'avant du navire, cheveux dans le vent, 'Jacky, à babord, Micha, apporte moi un cocktail, Walt, fait nous rire, Lucia, un massage'. J'f'rai un Capitaine du tonnerre ! Mais si on y réfléchit un peu plus, c'est pas sûr que j'fasse l'unanimité. Y'en a d'autres qui revendiqueraient le poste !

"Arghh."

Arf, j'm'égare et voila que j'laisse en plan le pauvre Wil. Allez gamin, prend cette concoction du Bishop et tu vas faire un bon dodo. J'regarde aux alentours et c'est pas jojo. Que des arbres, d'la pluie, du trente degré, peu d'lumière. LA situation d'merde en somme. On a pas eu l'choix, y'a fallu improvisé un campement à coté du bateau. Car oui, le bateau est en pleine jungle. Tu vois les côtes ? T'avances de cent mètres, encore de cent mètres, et encore, et encore ... Bingo, t'as trouvé l'endroit ! Une voile déchirée en deux qui nous sert maintenant de parapluie géa... Ne plus jamais employer ce mot. Larme à l'œil. Que la chance fusse avec eux. Reprenons. ... Demi-voile qui nous sert de toit, c'est toujours mieux que d'être trempé. Nolan a repris son activité favorite qui est de couper du bois pour qu'on puisse se réchauffer un peu. On a chié des bulles pour faire un feu mais on y est arrivé. On a regroupé les blessés dans un coin. Lucia et moi s'occupons d'eux. Coup d'bol, y'a pas de blessure grave. Répète un peu ? Coup de chance ? S'écraser au beau milieu d'une f**cking jungle c'est d'l'aubaine ? Bin mon gars, t'es bien bizarre ! Et donc, voila le topo. Noah et Linus ont pris les choses en main et dirigent l'équipe. Les autres suivent les ordres et ainsi va la vie.

Juste après le crash, j'suis parti dans mon labo. Et c'est quand j'ai vu l'bordel, les produits par terre, armoire renversée que j'me suis dit que la situation aurait pu être bien pire. J'me demande bien ce qu'il se passerait si on mélangeait tous ces produits avec les p'tites images de tête de mort. Feu d'artifice tu dis ? Qui sait, p'tet qu'un jour on aura la réponse. J'ai récupéré le peu de truc qu'était encore opérationnel et j'suis descendu. C'était d'jà pas une partie de plaisir de tout ranger dans les armoires mais là, c'est bien plus pire. Le plus est là afin de dire que ça relève vraiment du hardcore. Rien qu'la vision de l'endroit me donne des haut-le-cœur. C't'à c'moment là qu'j'me suis dit qu'on allait galéré pour tout remettre en ordre. Et puis, la partie immergé d'l'iceberg est apparue. Remettre le bateau en état, c'est bien, mais remettre le bateau dans l'eau, c'est ... Blocage. Impossible ? Pour nous, pauvres humains, c'est certain. Si y'en a bien un qui pourrait tout arranger c'est ce ... Dis-le ... Ce ... Argh ... Monstre ! Grincement des dents. J'm'assieds au pied du feu, à coté d'la jolie Micha. J'aimerai bien lui dire d'faire un truc à grailler mais mon cerveau - ou du moins ce qu'il en reste - me dit que c'est pas le moment. BOUM. La terre tremble. Gné ? Re-boum. Tout l'monde se lève.

"Naan ..."

CE 'méchant monsieur' - l'histoire ne retiendra pas ce que j'ai vraiment pensé à cet instant précis. La liste étant trop longue, mais surtout trop vulgaire - ose se pointer et nous défier de cette manière. Wait ! Quoi ? quoi ? quoi ? Encore une fois ? Quoi ? Oh les chenapans ! J'aime ce mot ! Tahar, mon couillon, tu t'es fait un nouveau pote ? J'en reviens pas ! Quelle force de persuasion, quel charisme, quel modèle, quel Homme !

"OOOOÏÏÏÏÏÏÏ !!!!! GIVE ME FIVEEE MAANN !!!"

C'est c'qui s'appelle gueuler comme un putois. Allez mon nouveau pote, tape m'en cinq ! L'émotion m'envahi. Jacky et Walt sont là eux aussi. Quel soulagement. Une pensée étrange me frappe, Maya s'ra plus la bizarre dans la troupe à présent. Parenthèse fermée. T'peux pas savoir comment j'suis heureux. Un peu déçu quand même car j'deviendrai pas Capitaine mais bon. Ouahhh, ça doit être trop cool la vue d'là haut. Allez buddy, fais moi voir ! J'suis comme un gosse devant son nouveau joujou. A mon tour, à mon tour ! J'suis sûr qu'y'a un tas d'truc à raconter ce ... monstre. Allons Bishop, ce n'est pas le bon mot ! ... ce compagnon ! J'en ferais pas un peu trop ? Uhuh. Que d'aventure !

Quoi ? Qui a dit que j'étais lunatique ?
    Fait jour-nuit-nuit quand on arrive sur la playa. Enfin… D’abord on arrive près du rivage, tranquille sous l’absence de lune. Fait frisquet j’ai l’impression. Ou alors c’packe jsuis pas encore bien essoré du bain qu’nous a fait prendre, à moi et à Walt, la bêêête Oz pour manifester sa joie à l’idée d’nous suivre. Le ptit con. Héhé. Ambiance de soirée sombre mais calme, donc. La Roja qui glisse sans bruit sur l’onde. Sans bruit sauf les pas du monstros à côté, s’entend. Des pas qui font jaillir des trombes de flotte à chaque fois. Bref. Le Jack aux commandes avec une teille, le reste du peuple pour réduire la voilure. Moi pour présider. On mouille l’ancre, et après on prend l’masta-transport jusqu’au sable. Tous ensemble sur Géant-man. Pratique la chaloupe, y a pas à s’emmerder à ramer. Un peu rugueux et faut garder l’équilibre, mais on va pas gueuler non plus, hein.

    L’sable, c’est un grand mot. Y a vingt toises carrées à tout péter d’granuleux et après c’est direct le couvert des arbres. Des mastas arbres, genre arbres de jungle. Même not’ nouveau pote leur arrive pas beaucoup plus haut qu’au garrot. J’réalise pas encore bien, mais ça veut dire qu’on est pas du côté de la mine et que va falloir jouer à Man versus Wild pour arriver jusque là-bas. Ca va prendre du temps, ça. Chier. Jungle égale moustiques. Et j’aime pas les moustiques. Dans l’genre suce-la moi y s’posent là. Mais pas dans l’genre suce-la moi agréable. C’pas fin comme remarque ? Non.

    Là où j’gueule vraiment par contre, c’est quand on s’pose et allume des torches artisanales, et qu’j’avise la piste de cross qu’a dégagée l’Ecume, mon Ecume, sur un quart de lieues vers l’intérieur des terres. Noah et Linus vont m’entendre putain ! C’est un beau bordel, on croirait au passage d’un ouragan. Ou une tornade. Un truc du genre. Un truc cataclysmique.

    Les gars m’entendent qu’à moitié en fait. Quand on arrive à proximité du rafiot j’me rends compte que ça pourrait être pire. Qu’même le safran est pas pété. On s’demande comment. Qu’à part les voiles tout à l’air en état d’marche. L’problème bien sûr ça va être de r’mettre ça à la baille, mais j’ai comme dans l’idée qu’on a l’bœuf nécessaire pour ça. Suis mon r’gard. Ouais c’est à toi que jpense, Oz Reef Junior, fils d’Oz Junior, petit-fils d’Oz Senior. Non seulement ça, donc, mais en plus le camp est monté. Camp d’pégreleux, mais camp quand même. Avec un feu et un toit. Sous les hallebardes qui s’mettent à chuter bruyamment du ciel pas clair, c’est bienv’nu. Les deux zigues capitaines par intérim, j’les engueule qu’à moitié, donc. Manière d’faire mon boulot d’engueuleur en chef et d’proprio du navire sinistré. Pis après jpasse à la prise de nouvelles. Des cannés ? Des blessés ?

    La réponse, c’est l’Doc qui devrait la fournir. En toute logique. Seul’ment l’Doc, comme la Lucia, il est occupé. Comme un môme d’vant Oz. Oz l’attraction d’la soirée. Jfais les présas. Oz : Doc. Doc : Oz. Pareil avec les autres. Et au passage j’les compte. Un, deux, quatre, huit… C’est bon on a tout l’monde. C’est good, ça veut dire qu’ma bonne étoile s’étend à tout l’équipage. Jsouris. Connement. Tiens, Sonja, tu viens ? Non, t'es intéressée par le bonhomme aussi ? Meh.

    Pis après j’me cale sur un roc près du feu. Et d’la caisse à tafia qu’a été descendue du galion. Et j’ouvre les hostilités : santé ma ptite barque, t’mérites bien qu’on trinque à ta gloire pour avoir survécu à cet atterrissage de barbare. Et tournée pour tous les buveurs, les aquaphiles ont qu’à faire des trucs utiles s’y veulent pas nous t’nir la jambe. Et c’est pendant que j’les r’garde tous, là, ma famille d’gentils psychos avec l’grand averell au milieu et au-d’ssus, qu’ça m’revient. Que j’m’oublie dans mes pensées d’mec classe qui s’oublie dans ses pensées l’soir au coin d’l’âtre.

    Putain…

    Jsais pas bien si c’est l’feu et l’camp d’ce soir qui m’rappellent d’autres feux et d’autres camps du passé, qui à leur tour m’rappellent des souv’nirs d’y a longtemps longtemps, quand c’était avec un uniforme que j’jouais à l’homme de la jungle. Jsais pas bien si c’est ça ou si c’est la carcasse de vachoratops des forêts que j’distingue là-bas dans l’ombre, ou la mort que jsens m’souffler dans l’dos d’puis l’couvert des feuillus. Non jsais pas bien. Mais j’me souviens. 1604, année chaotique. Mezzrahý, saigneur d’West à l’époque. Ses projets, son envie d’venir ici s’faire les mines. L’histoire s’répète.

    Mais c’est pas ça l’important. J’le sens. L’important c’est qu’il avait pas prévu d’y aller seul sur cette île. Et pourquoi ça ? Pourquoi y voulait pas v’nir avec moins d’trois cents pelés ici ? Pourquoi ?

    L’monstre…

    L’monstre de l’Archipel Vert. L’vrai. Pas Oz. Le Monstre. C’ui qui bouffe les mineurs la nuit et qui s’fait des colliers d’crânes pour se distraire. Putain, comment j’ai pu oublier ça ? Dans quel verre elle s’est cachée toutes ces années, cette souv’nance ? Dans quelle bouteille trop vite vidée ? … J’m’en rends pas compte parce que si t’as suivi jsuis oublié dans mes pensées, là. Mais. Mais j’ricane. J’ricane tout seul. Au coin du feu. Dans la d’mi-lumière d’un soir humide. Final’ment, on d’vrait pouvoir survivre dans cette jungle. Survivre aux moustiques.


    Brousaille, Pagaille et Retrouvaille 661875SignTahar


    Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 12 Déc 2011 - 14:42, édité 1 fois
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    La belle 'tite famille qu'voilà. On débarque. On sort d'l'enfer. Qu'était plutôt marrant. Pour tomber sur la clique qui pique-nique tranquillou. Héhé. Sont tranquilles les Saigneurs. Parfois. J'vais pas aller à contre-courant. Après c'qu'on vient d'vivre, m'la couler un peu douce, suis pour. M'la coller dur aussi. D'ailleurs. J'descends donc parmi les mortels. M'pose au coin du feu. Et mate la compagnie. Tout l'monde en a pris un coup. Tout l'monde profite.

    Une 'teille traine. J'la chope. Sort une garrot. Allumage. Tisage. M'voila mieux. Mais pas encore. J'ai b'soin d'un truc plus fort. Mais y a pas. L'Cap' s'pose près du foyer. Les yeux dans l'lointain. Comme s'y mirait des souvenirs sur projo... Projo... D'où j'sors ça? C'est quoi un projo? Parfois j'ai l'impression d'connaitre des trucs que j'devrais pas. ... Soit. Les mystères d'la vie.

    La soirée avance. L'ambiance est bonne. Walt' bave des histoires bizarres. Sonja s'fait courtiser par tout c'qui a une queue. Hope nous fait un exposé sur les droits d'la femme. Linus la ferme. Bishop... Bishop. Ou un truc dans l'genre. Moi j'vide des gnôles. L'en reste d'moins en moins. J'en mire une d'pas encore vide. J'tend la patte. Mais l'graal est intercepté par Noah. J'râle. Lui aussi. On s'met sur la tronche. Puis on la vide à deux, en s'marrant. Une bonne soirée quoi.
    A part que j'suis toujours pas rassasié. Grosses émotions, grosse envie d'torche. L'désir m'taraude. Et la solution apparait. Elle s'appelle Alexander. Et j'l'alpague.

    Mecton. J'ai b'soin d'médecine. L'genre qui f'ra passer la boisson pour du lait maternel.

    L'gus m'fait ces sourires freaky qu'y fait souvent. Disparait deux minutes. Et m'sert c'qui m'décrit comme étant une 'tite expérience. J'avale. L' gout est ...particulier. Et j'repose mon cul près du feu. Tahar, qu'a vu la transaction, s'marre gentiment en me matant. J'lui exprime mon amour en lui adressant un majeur tendu. Ouais c't'une bonne soirée. Mais par contre, la potion marche pas. Aucun effet. Arf! Fais chier. Charlatan d'Bishop.

    Ravalant ma hargne, j'm'étend. Mains derrière la tête. Dans les cimes, au-d'ssus, j'crois voir du mouvement. Une concentracture occulaire plus tard, j'mire qu'c'est juste un bête singe. Genre petit. Y m'mire, j'le mire. Y s'barre. C'est ça. Dégage sale bête, avant qu'j'te bouffe. Et j'me r'dresse. La fatigue m'quitte. J'me sens plutôt en forme en fait. La vie est plutôt belle. Quand on y pense. Belle comme c'te forêt. Qui brille d'mille feux. Genre. J'avais pas mirer qu'c'était si vert ici. Pleins d'nuances! J'avais jamais vu ça. La couleur. C't'une richesse, j'me dit. Certains en ont, certains pas. Enfin... non. Tout l'monde en a! Tout l'monde en a une. Une seule couleur. Qu'nous définit. Chacun. Qu'nous construit, en même temps. J'les r'garde, un à un.

    Et j'les vois. Leur couleur. Tahar est rouge. C'est sa marque. Rouge. Couleur des vifs. Couleur sans condition. Noah est brun. Couleur de l'âge qui survit. Bishop est orange. Comme un mandaline. La fraicheur d'l'innocence. Le jus. Walter est noir. Comme un trou. Comme l'oubli des bienséances. Ouais. Hope est rose. Parce que les roses ont des épines. Et Hope aussi. Au figuré. Mais tout est là. C'est la figuration qui fait la figure. Maya est grise. On ne sait pas dire ce qu'est le gris. Mais on sait dire ce qui est gris. Trop fort Jack. T'es un Fil au of'. Et moi je suis... Je suis.. Mes mains. Je les regarde. Elles sont comme d'habitude. Mais je vois leur vrai nature. Non, ça peut pas! Pas moyen. Mes bras! J'mire mes bras! Idem! Idem pour ça et tout l'reste! Tout! J'ai tout regardé! Mais j'dois m'l'avouer!

    Putain! J'ai pas d'couleur! ! ! !


    Dernière édition par Jack Sans Honneur le Lun 5 Mar 2012 - 16:17, édité 1 fois
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    Bon dieu d’bordel. Soit on avait un bol gigantesque, soit l’power de la coupe afro avait fait effet : atterrissage en urgence, vol sur plusieurs mètres, bref la totale dans le vol plané. Et l’fait qu’il n’y ait pas de morts, ou seulement quelques blessés, relevés purement et simplement du miracle. J’avais mis du temps à me détacher de ma rambarde après l’arrêt brutal et total du navire, faut dire qu’en voyant approcher la terre et en imaginant qu’on allait d’voir s’arrêter là-dedans, ça donnait pas envie. Mais on l’avait fait et il n’y avait visiblement rien de cassé. Enfin, pour moi. La coque du navire n’avait pas pris trop cher, mais le bestiau trônait fièrement au milieu de nulle part, largement enfoncé sur l’île, après avoir traversé plusieurs mètres d’arbres. Sur l’île, peu de lumière, des arbres haut jusqu’à plus les voir et surtout, des putains d’moustiques. J’crois bien qu’c’est la première chose qu’j’avais remarqué en arrivant, ça m’horripilait c’genre de trucs.
    Bref, pas vraiment le temps d’attendre quoiqu’ce soit, fallait monter un camp et attendre le retour des survivants. A ce niveau, on n’avait plus grand-chose à faire, puisqu’on avait été mis complètement hors-jeu. Une p’tite pensée pour les autres sur le Santa, qui d’vait se charger du géant mal luné. Nous, il nous débrouillait pour ne pas trop pâtir de notre mésaventure. C’était pas gagné, surtout lorsqu’on voyait à quel point l’écume s’était enfoncé dans les terres, dézinguant au passage tout ce qui s’y trouvait. Au moins, les autres pourraient pas se perdre s’ils venaient à nous chercher. Noah et Bishop prirent rapidement les choses en main, moi, j’me concentrai pour voir c’qui avait survécu dans la cuisine. Le bateau n’étant pas droit, tout était bousculé dans la pièce, mais y’avait pas trop de casse, si ce n’est la vaisselle.
    Haussant les épaules, m’attelant à sortir des vivres pour la soirée à venir, j’descendis rapidement du bateau avec un gros sac sur mon épaule. Si on d’vait monter un camp, ça serait pas sans une bonne bouffe. C’vrai qu’on avait pas eu d’bol, mais on allait pas s’laisser crever de faim pour si peu. Et puis, fallait dire qu’préparer un bon repas, ça remontait facilement l’moral des troupes. Simplement, les fourneaux ne marchaient pas (pas dans c’te situation), et préparer quelque chose avec le temps qu’il fait dehors, c’était peine perdu. L’temps qu’notre bucheron nous fasse un feu (avec le bois trempé, entendez bien), il fallut bien une heure. Et beaucoup voulait profiter de la chaleur pour se remettre d’aplomb. L’repas attendrait le soir, ça f’sait un moment qu’j’avais pas fait un truc à la mode « camping-au-milieu-de-nul-part-après-s’être-reçu-une-foutue-raclée ».

    Mais bon, on était installé d’puis pas longtemps et voilà qu’le géant ramène sa tronche, bousculant un peu plus les arbres autour, suivant la trace du navire. Arquant un sourcil, j’étais en train d’me dire qu’il était certainement venu finir sa tâche, et on était foutrement mal barré si c’était le cas. Prenant une mine dépitée, pas franchement d’humeur me faire aplatir tout de suite. Mais c’était sans compter sur notre super Bichon, l’capitaine ultra cool, qui avait réussi à s’faire un copain. C’était grave top !

    Pour la suite, pas la peine d’étaler l’histoire : Tahar revint et engueula c’qu’il fallait engueuler, moi, j’m’attelai à nourrir toute la fine équipe en prenant bien soin d’faire un truc garnit, bon, la totale quoi. Les bouteilles d’alcools furent sorties très vite, et vidées aussi vite. Après la préparation, j’posai la grosse casserole sur le feu, ravivé régulièrement par les quelques courageux. Moi, j’prenais mon travail à cœur, surveillant la cuisson, et tout. Y’avait une bonne odeur, s’mêlant à celle de la terre mouillée. J’étais en pleine discussion avec Lucia, qu’avait l’air intéressé parce que j’faisais. Bref, de quoi m’occuper pendant qu’les autres s’torchaient la tronche. J’étais jalouse, j’voulais aussi profiter mais avec un truc sur l’feu, c’était pas possible. Mais voilà, pendant que Lucia me racontait sa vie de long en large, retraçant son histoire avec la même vivacité qu’à l’époque (des histoires de fille, qu’j’vous dis !), mes yeux se posèrent sur le géant à côté de nous. J’le regardai fixement, attendant une bonne idée, une illumination. Pour l’coup, c’était plutôt une grosse angoisse de la vie.

    « Putain les gars… Comment on nourrit un géant ? »

    C’était peut-être à demander au premier concerné. Mais j’me voyais mal le faire. C’pourquoi j’tournai mon regard vers le capitaine, un regard noir et assassin : il voulait me tuer à la tâche ? Me mettre à l’épreuve ? Me voir m’échiner à faire à bouffer à cet estomac sur pattes ? J’allai y laisser la vie, si c’était l’cas. Quoiqu’on puisse en dire, ça craignait un max. Et puis, ça mangeait quoi un géant ? à c’train, il me viderait probablement toutes mes caisses de vivre en une seule journée. C’était pas jouable. Vraiment pas. Putain, putain, putain.
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    C'est assez dingue l'effet que certaines substances peuvent avoir sur l'organisme et les capacités sociales d'un individu. Pour certain, cela les rends violents et désagréables, d'autres deviennent aussi calmes que des moutons. Cela peut varier d'un individu à l'autre mais également suivant quelle substance est absorbée. Ce soir là, le mélange des différentes drogues proposées par Bishop et de la piquette sur laquelle il était tombé eut sur Walters Scott un effet des plus acidifiant. Les odeurs que son corps dégageait étaient si insupportables qu'il fut rapidement rejeté par ses coéquipiers et dut aller chercher de la compagnie en dehors du campement, sous la pluie. Il arriva à la lisière de la trace laissée par le passage de l'Écume. Là, il sentit un appel de la nature auquel il ne pouvait en aucun cas se soustraire. Sans plus attendre, le borgne se choisit un arbre et fit ses besoins.
    Un membre d'équipage au regard voyageant vers l'endroit où son bosco se tenait aurait vu ce dernier crier sur ledit arbre. Rien de plus normal que de ne pas se laisser marcher sur les pieds par un végétal vous traitant de "gros porc mal éduqué et puant comme un rat mort laissé dans une boite de camembert périmé" après tout. Même si l'insulte est légitime, vous seriez heureux, vous, de voir un poivrot torse nu venir vous pisser dessus en plein milieux de la nuit ? Je ne pense pas. Il s'en suivit un duel entre l'homme et la nature. Sans autre forme de procès, Walt' commença de boxer le palmier avec férocité. L'arbre répliqua à l'attaque en larguant un fruit sur le crâne de son agresseur. Une belle grosse poire jaunâtre avec des cercles noirs s'entrecroisant sur la surface tomba sur le sol. C'en était trop, le fossoyeur ramassa une poignée de sable et la lança là où il pensait que se trouvaient les yeux de son adversaire. Il se jeta ensuite sur lui pour le ceinturer et tira de toute ses force. Le pauvre palmier fut finalement déraciné et plaqué sur le sol. Voilà qui devrait suffire pour le mettre K.O.
    Soudainement pris d'une petite faim, Walters ramassa le fruit qui était tombé à terre. Bouchée après bouchée, il dégusta la poire sans plus se poser de question en retournant au campement. Repassant sous la voile servant d'abris, il croisa Haar. L'autre borgne lorgna sur le casse croute de son comparse et n'en cru pas son œil. Ce n'était pas possible, il devait halluciner. Sans plus de parole, il parti se coucher, le bosco en fit de même après avoir terminé son petit gueuleton.

    Le lendemain, réveillé par les cris incessant de Colm Down. Il était visiblement temps de se lever. Walters alla voir le capitaine. Il n'avait pas passé une très bonne nuit. Il avait rêvé d'une grande porte devant laquelle il avait passé son temps à attendre. Il avait pu lire l'inscription gravée sur la pierre une bonne trentaine de fois si bien qu'il la connaissait comme un onzième orteil maintenant: « Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate ». Mais il avait beau tourner cette phrase dans tous les sens il n'arrivait pas à en tirer la moindre signification. Tahar lui passa rapidement un savon avant de passer au menu de la journée. L'équipage allait se diviser en deux: une partie allait faire le tour de l'archipel avec les navires une fois que l'Écume serait remise à flot alors qu'une équipe de choc s'occuperait de l'exploration de la jungle. Les deux groupes se rejoindraient de l'autre côté. Au final, le choix fut laissé au bosco. L'estomac de se dernier fit quelques contorsions et son propriétaire se décida pour l'exploration. Les commandes allaient être laissées à Legault pour jusqu'à ce que l'équipage se rassemble à nouveau.