Tout est en place, mon Commandant.
Bon boulot Lieutenant. Faites-moi sortir ces chiens, qu’on en finisse.
A vos ordres, mon Commandant.
Les huit charges partent au même moment. Trois fumigènes, cinq incendiaires. Je regarde. La troupe regarde. Les mousquets regardent. Le bâtiment devient une énorme torchère. La fumée noire du bois s’élève. La fumée blanche du gaz reste au sol. Sort par les fenêtres, la porte, le toit éventré. Mais reste en surface. C’est sa raison d’être. Rester là, faire pleurer. Et puis rien. Rien qui se passe. Rien du tout. Pas un bruit.
Putain d’impression d’avoir foiré mon coup. Encore. Comme la semaine dernière. Derrière mes hommes, je sens peser les regards des civils qu’on a évacués pour mener l’opé. Pourtant, aucune raison qu’on ait foiré cette fois. L’opération a été décidée cette nuit même entre mes supérieurs et moi. Aucun risque de fuite. Alors quoi ? Quoi bordel ?! Cette fois j’en réchapperai pas. Je soupire.
J’aurais pas dû. Mon soupir, c’est une permission de rompre pour le lieutenant Poteur. La balle l’atteint en plein milieu du front. Brave Hari, c’était la dernière fois que tu te relâchais. D’autres plombs claquent. A l’intérieur ils ne tiennent plus. Enfin ils réagissent. Enfin. Enfin on va les avoir. L’odeur du sang me prend. Difficile de me retenir d’aller moi-même les cueillir dans leur nasse en feu.
Mais non. Stratégique. Attendre qu’ils sortent. Et les cueillir. Vivants.
Ils sortent. On les cueille. Une quinzaine se fait abattre et s’effondre. Vive la Révolution. Ou pas. Les suivants tiennent plus à la vie. Encore deux pour la route. Des brûlés dont on achève les souffrances. Et dix qu’on parvient à garder en vie. Des pas brûlés dont on va prolonger les souffrances.
Un mort à déplorer pour une cellule démantelée. Succès. C’est un succès. Le bâtiment s’effondre.
…
Sortir des cachots. Vomir un peu. Passer à la réserve siffler une bouteille. S’entendre interpellé.
Ca va mon Commandant ? Vous êtes couvert de sang !
Oui oui, Sergent, c’est pas le mien.
Oublier un peu. Remonter auprès des hautes instances. Rapporter.
Cinq des rebelles ont craché le même morceau, Monsieur. Les mêmes coordonnées, oui. Un îlot isolé.
On peut s’y fier ?
Non Monsieur. Mais à tout hasard, on devrait y aller.
Tahgel.
Oui Monsieur ?
Prenez qui vous voulez. Mais réussissez.
Oui Mons-
J’irai.
Tous regardons celui qui m’a interrompu. Nouveau visage pour moi. Quarante ans en approche, cicatrices, cheveux courts, air borné. Marin d’élite à tous les coups. Sur un dossier comme ça, ça me pendait au nez. C’est pendu. Commandant Jemthro Tasseur, gagné. J’ai lu des trucs sur lui. Un gros bœuf qui vient de Grand Line. Rien à dire pour m’opposer à sa venue, sinon vendre mon pain.
J’ai juridiction, je connais l’affaire, c’est la mienne depuis que j’ai obtenu ces infos inespérées sur les révos de South. Pas la sienne. J’argumente. On m’écoute. On m’entend. Il argumente. On l’écoute. On l’entend. Il ira. Moi aussi. Et on bosse main dans la main pour la réussite de la mission. Qui sait, deux commandants ensemble, peut-être même qu’on finira par s’aimer les uns les autres bordel de merde. Z’avez entendu ? Rompez soldats.
’kay
Oui Monsieur.
Cause toujours Monsieur. Que j’ai dit. Qu’il a dit. Il me fixe. Je le fixe. On se fixe. Et on s’en va.
…
Chacun de notre côté. Aux quais, j’avise son équipage. Des tueurs. A priori j’ai rien contre les tueurs. J’en suis un aussi. Mais eux je les aime pas. Suis pas le seul. Mon nouveau lieutenant me chuchote nos infos à l’oreille. Trois cents hommes. Deux corvettes. Plus le Tambour Battant. Mon Tambour Battant. Plus les hommes et le petit navire de Tasseur. On peut prendre le large. On le prend. Sans les prévenir. Mais ils nous suivent. Facile.
Et le surlendemain à l'aube, on est en vue.
Bon boulot Lieutenant. Faites-moi sortir ces chiens, qu’on en finisse.
A vos ordres, mon Commandant.
Les huit charges partent au même moment. Trois fumigènes, cinq incendiaires. Je regarde. La troupe regarde. Les mousquets regardent. Le bâtiment devient une énorme torchère. La fumée noire du bois s’élève. La fumée blanche du gaz reste au sol. Sort par les fenêtres, la porte, le toit éventré. Mais reste en surface. C’est sa raison d’être. Rester là, faire pleurer. Et puis rien. Rien qui se passe. Rien du tout. Pas un bruit.
Putain d’impression d’avoir foiré mon coup. Encore. Comme la semaine dernière. Derrière mes hommes, je sens peser les regards des civils qu’on a évacués pour mener l’opé. Pourtant, aucune raison qu’on ait foiré cette fois. L’opération a été décidée cette nuit même entre mes supérieurs et moi. Aucun risque de fuite. Alors quoi ? Quoi bordel ?! Cette fois j’en réchapperai pas. Je soupire.
J’aurais pas dû. Mon soupir, c’est une permission de rompre pour le lieutenant Poteur. La balle l’atteint en plein milieu du front. Brave Hari, c’était la dernière fois que tu te relâchais. D’autres plombs claquent. A l’intérieur ils ne tiennent plus. Enfin ils réagissent. Enfin. Enfin on va les avoir. L’odeur du sang me prend. Difficile de me retenir d’aller moi-même les cueillir dans leur nasse en feu.
Mais non. Stratégique. Attendre qu’ils sortent. Et les cueillir. Vivants.
Ils sortent. On les cueille. Une quinzaine se fait abattre et s’effondre. Vive la Révolution. Ou pas. Les suivants tiennent plus à la vie. Encore deux pour la route. Des brûlés dont on achève les souffrances. Et dix qu’on parvient à garder en vie. Des pas brûlés dont on va prolonger les souffrances.
Un mort à déplorer pour une cellule démantelée. Succès. C’est un succès. Le bâtiment s’effondre.
…
Sortir des cachots. Vomir un peu. Passer à la réserve siffler une bouteille. S’entendre interpellé.
Ca va mon Commandant ? Vous êtes couvert de sang !
Oui oui, Sergent, c’est pas le mien.
Oublier un peu. Remonter auprès des hautes instances. Rapporter.
Cinq des rebelles ont craché le même morceau, Monsieur. Les mêmes coordonnées, oui. Un îlot isolé.
On peut s’y fier ?
Non Monsieur. Mais à tout hasard, on devrait y aller.
Tahgel.
Oui Monsieur ?
Prenez qui vous voulez. Mais réussissez.
Oui Mons-
J’irai.
Tous regardons celui qui m’a interrompu. Nouveau visage pour moi. Quarante ans en approche, cicatrices, cheveux courts, air borné. Marin d’élite à tous les coups. Sur un dossier comme ça, ça me pendait au nez. C’est pendu. Commandant Jemthro Tasseur, gagné. J’ai lu des trucs sur lui. Un gros bœuf qui vient de Grand Line. Rien à dire pour m’opposer à sa venue, sinon vendre mon pain.
J’ai juridiction, je connais l’affaire, c’est la mienne depuis que j’ai obtenu ces infos inespérées sur les révos de South. Pas la sienne. J’argumente. On m’écoute. On m’entend. Il argumente. On l’écoute. On l’entend. Il ira. Moi aussi. Et on bosse main dans la main pour la réussite de la mission. Qui sait, deux commandants ensemble, peut-être même qu’on finira par s’aimer les uns les autres bordel de merde. Z’avez entendu ? Rompez soldats.
’kay
Oui Monsieur.
Cause toujours Monsieur. Que j’ai dit. Qu’il a dit. Il me fixe. Je le fixe. On se fixe. Et on s’en va.
…
Chacun de notre côté. Aux quais, j’avise son équipage. Des tueurs. A priori j’ai rien contre les tueurs. J’en suis un aussi. Mais eux je les aime pas. Suis pas le seul. Mon nouveau lieutenant me chuchote nos infos à l’oreille. Trois cents hommes. Deux corvettes. Plus le Tambour Battant. Mon Tambour Battant. Plus les hommes et le petit navire de Tasseur. On peut prendre le large. On le prend. Sans les prévenir. Mais ils nous suivent. Facile.
Et le surlendemain à l'aube, on est en vue.
Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 12 Déc 2011 - 19:55, édité 1 fois